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Freeze de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 19/08/2016 à 14:27
» Dernière mise à jour le 19/08/2016 à 22:35

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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036 - Anarchy
OneRepublic - Wherever I Go
Ses paupières lourdes se soulevèrent soudainement, et ses yeux exorbités contemplèrent le plafond étrangement bas de la pièce dans laquelle il se trouvait. Pas plus haut qu'un mètre cinquante, à vue de nez. Will tenta de se redresser contre le mur, et se leva péniblement, retombant plusieurs fois durement contre le plancher moisi et fragile. Il prit appui sur ses mains et tenta de se lever, doucement, jusqu'à sentir le plafond bas contre sa tête ; ce qui ne vint pas. Il parvint à se redresser complètement, et constata que, finalement, le plafond était bien haut de deux mètres et demi.

Intrigué, il contempla ses mains, qui semblaient saigner abondamment. Pourtant, il ne sentait pas de liquide écarlate chaud couler le long de ses paumes et entre ses doigts. Comme si ce qu'il voyait ne correspondait pas à la réalité ; comme s'il hallucinait complètement ; comme s'il était dans un affreux trip causé par une drogue quelconque. Ce qui devait être le cas, car les murs paraissaient bouger légèrement autour de lui, et il sentait une douleur atroce dans sa tête, un genre de vrombissement mêlé à autre chose qu'il ne parvenait pas à identifier. La porte de la pièce était entrebâillée ; il fit quelques pas, difficilement, en gardant sa main contre le mur pour avoir un appui, et finit par atteindre le battant de bois, qu'il poussa rageusement, pour sortir de l'obscure salle.

Will se retrouva dans un couloir tout aussi sombre que la pièce, et se frotta vigoureusement les yeux de sorte à les maintenir ouverts ; cela fonctionna plus ou moins. Après avoir marché un peu et atteint le hall principal, il entendit un atroce sifflement dans ses oreilles, et tout autour de lui commença à devenir flou et imprécis. Lorsqu'il rouvrit ses yeux injectés de sang, les murs, le plancher, tout ce qui constituait la vieille bâtisse avait disparu ; il ne restait plus que de l'obscurité. Etait-il seulement debout sur un sol ? Il l'ignorait.

Une fumée blanchâtre commença à se former tout autour de lui, et bientôt, il reconnut des silhouettes familières. D'abord celle de Walter, vaporeuse et peu précise, en train de se faire attaquer par ce qui semblait être un Lippoutou. Ensuite, celle de Liz s'écroulant au sol ; il se souvenait de cette scène, pour l'avoir vécue un peu plus tôt. Ce qui suivit fut plus difficile à supporter pour le blond. Il vit Linda, attachée à une chaise par de solides cordes, et cet homme, ce Sander, qui lui parlait, avec d'étranges instruments dans les mains. Il crut voir un pic à glace. Evidemment, ce n'étaient que des hallucinations, mais il se doutait que cela avait un but précis ; Sander voulait qu'il cède à la panique, ce ne pouvait être que ça.

"Non... non, non, non..."

La fumée et les illusions disparurent, laissant de nouveau le trentenaire dans un noir complet. Il soupira, ferma les yeux, et lorsqu'il les rouvrit, il se trouvait dans une ruelle. Il mit un temps à la reconnaître. Il s'agissait de Port Yoneuve. Sept ans plus tôt. Il contempla le couteau qu'il tenait fermement à la main ; il n'était pas là, avant. Encore une hallucination. Le type qui comptait agresser la jeune fille se rua sur lui, et il n'eut d'autre choix que de planter la lame dans son corps pour se défendre, et accessoirement, pour protéger l'adolescente tétanisée. Il venait de revivre la pire épreuve de sa vie. C'était trop.

"Pourquoi... pourquoi je vois ça ?!"

L'homme blond s'écroula au sol, haletant, appuyé sur ses mains tremblantes, son front dégoulinant de sueur. Tout autour de lui était redevenu normal ; les murs, le plancher de bois pourri, les rais de lumière, et la poussière, tout allait pour le mieux. Tout, à part lui, qui fixait un point invisible de ses yeux exorbités. Il ne put que se prostrer davantage, allongé sur le vieux bois sale, un sentiment d'impuissance le rongeant jusque dans ses entrailles.


x x x

La pièce était toujours aussi sombre ; la lumière extérieure n'aidait pas, étant donné qu'une épaisse couche de cendre volcanique obscurcissait le soleil. Linda, tétanisée, regardait Sander s'approcher d'elle, avec ses instruments de torture médicale en main ; il ne comptait pas sérieusement lui faire subir une lobotomie transorbitale, quand même ? Planter cette tige métallique pointue dans son lobe orbitaire pour ensuite l'enfoncer et atteindre ce qui faisait d'elle ce qu'elle était... son libre-arbitre et sa créativité s'en iraient. Toute sa témérité tomberait dans l'oubli, et elle serait bien docile.

Malgré tout, la blonde se raccrochait à un espoir. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'une histoire sordide à dormir debout pour qu'elle cède à sa peur et fasse ce qu'il demande. Elle ne le ferait pas ; trahir Walter ? Jamais. Il ne plaçait peut-être pas toute sa confiance en elle, mais s'il était venu jusqu'à ce manoir pour la sauver, il devait forcément tenir à elle. Et jamais la blonde ne se retournerait contre son vieil ami. Elle entendit Sander soupirer, et se tourna vers lui.

L'homme au smoking avait rangé ses effrayants instruments médicaux, et l'étincelle de folie qui allumait son regard noisette depuis qu'il avait commencé ses explications effrayantes avait complètement disparu ; il avait retrouvé son air sympathique.

"Non, vous savez quoi, mademoiselle ? Je refuse d'abîmer votre joli minois avec de telles tortures. Ce n'est pas comme si j'avais vraiment besoin de ça pour acculer vos amis et pousser Freeze dans ses derniers retranchements. J'ai plus d'un tour dans mon sac. Vous devez vous en douter.
- Vous n'êtes qu'un timbré pathétique qui a un besoin compulsif d'attention, c'est tout. Vous ne valez rien, salaud !
- La grossièreté ne vous sied pas, mademoiselle Linda... et ce que vous dites n'est pas proche de la vérité. Vous ne savez pas qui je suis ; et je crois que vous n'aimeriez pas le découvrir."

La trentenaire allait répliquer, mais un cri la fit sursauter — si on pouvait appeler ça comme ça, au vu des liens qui l'empêchaient de bouger.

"Pourquoi... pourquoi je vois ça ?!"

Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour reconnaître la voix de son frère jumeau. Un frisson parcourut sa colonne vértébrale. Elle fusilla Sander du regard.

"Qu'avez-vous fait à Will ? Parlez !
- Du calme, mademoiselle, du calme... cela ne sert à rien de me blâmer. La toxine a des effets certes étonnants, mais ne laisse aucune séquelle au système nerveux ; votre frère ira bien, sauf si j'en viens à nécessiter sa mort. Ce qui n'est absolument pas le cas, alors je vous en conjure, détendez-vous.
- Vous êtes... vous êtes abject..." grommela-t-elle entre ses dents.

Le jeune homme laissa échapper un soupir et prit une mèche des cheveux de Linda, la faisant tourner entre ses doigts pâles. La blonde ne réagit pas.

"Pendant que votre frère est sujet à quelques troubles liés à l'absorption de psychotropes, vous permettez, que je vous raconte une histoire, pour vous détendre un peu ?"

Elle ne répondit rien. Son regard vide fixait le sol, tandis qu'elle entendait son frère jumeau, en proie à un supplice psychologique sans nom. Pourquoi lui infliger cela ? Elle aurait préféré qu'ils ne viennent pas la sauver, finalement. Ce type était un sadique, il se délectait de la souffrance d'autrui.

"Eh bien, je vais prendre ça pour un oui. J'avais un ami, il y a quelques années... il avait un prénom assez atypique, mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus... Horatio peut-être... ou était-ce Carlito ? Je n'en sais rien, quoi que je fasse, je ne m'en souviens pas. Donc. J'avais un ami, et cet ami, comment dire, il n'en était pas vraiment un, mais il aimait à s'appeler comme ça. Je l'aurais plus qualifié de "patron". Car je travaillais pour lui, et plutôt bien, sans poser de questions. Ils n'aiment pas ça, les patrons, lorsqu'on est trop curieux. Vint un jour où il me demanda de le rejoindre dans l'entrepôt qu'il appelait sa planque. Nous étions seuls. Il me tendit un couteau à la lame acérée, et là, il me dit... "Vas-y, Sand', vas-y. Finis ce que t'as commencé. T'as vendu mes hommes à la police pour sauver ta peau. C'est que tu devais vouloir me tuer, hein ?" Il est vrai que j'ai été confus quelques secondes face à son attitude, mais le couteau serré dans ma main, cette sensation de puissance... L'idiot croyait que je n'en étais pas capable, mais j'ai vu toute la haine dans son regard, quand la lame s'est retrouvée en travers de sa gorge... c'était grisant et effrayant. Je l'ai maintes fois remercié d'avoir fait de moi ce que je suis maintenant. Un tueur qui aime son travail..."

Linda avait écouté attentivement le récit intrigant de l'homme en smoking. Au moins, cela lui avait permis de se focaliser sur autre chose que la souffrance de son frère, en bas, dans le hall principal. A mesure qu'il parlait, elle avait revu cette étincelle de folie dans son regard ; qui était ce type, et que diable allait-il lui faire ? La peur au ventre, elle ne pouvait qu'attendre et espérer que Walter fasse quelque chose.


x x x

Walter explorait, sans grand succès, l'aile gauche du vieux manoir. Il n'avait rien trouvé d'intéressant pouvant le mener à Linda, et il doutait d'y parvenir. Revenant sur ses pas afin de retourner dans le hall, il entendit, à mi-chemin, comme des plaintes sourdes étouffées. Intrigué, il ralentit et se mit à marcher plus prudemment, à pas de loup, rasant les murs. Il se méfiait particulièrement, après avoir été surpris par une Lippoutou agressive un peu plus tôt. Précautionneusement, il saisit le pistolet glaçant qu'il portait à la ceinture et le tint bien fermement dans sa main, visant un point imprécis en face de lui.

Plus il avançait, plus les sons étaient audibles. Cela venait donc certainement du hall. Alors qu'il était presque arrivé, il reconnut la voix de Will.

"Putain, s'il est en danger... on aurait peut-être pas dû se jeter dans la gueule du loup..." marmonna-t-il pour lui-même.

Le voleur passa la porte menant au hall principal, et vit effectivement son ami, à moitié prostré sur le plancher. Il s'approcha de lui, et constata son teint horriblement blafard et son regard absent. Quelque chose n'allait pas ; il était peut-être victime d'une attaque Pokémon ou d'une substance aux effets étranges. Walter s'accroupit et le saisit par les épaules, de sorte à ce qu'il le regarde. Le blond sembla sortir un instant de sa torpeur.

"Walt... qu'est-ce...
- Je crois que tu viens de goûter aux joies de la drogue, mon vieux, et..."

Il s'interrompit ; Will fut pris d'une violente quinte de toux, crachant même un peu de sang. L'inquiétude se lisait dans le regard bleu glacé du brun, qui, paniqué, ne savait pas quoi faire. La seule solution qu'il trouva ne lui plaisait pas, mais il n'avait nullement le choix.

"Désolé, mais c'est la seule chose que j'ai trouvé pour que tu ne souffres pas..."

Sans hésiter, il lui donna un coup sur le crâne à l'aide de la crosse de son pistolet, afin que le blond sombre dans l'inconscience. Il passa son bras autour de son épaule, et entreprit de traîner le corps inerte de son ami en sûreté, de sorte à ce qu'il puisse aller chercher sa sœur sans craindre pour lui.

"Faudrait que je songe à prendre des vacances, un jour..." soupira-t-il.


x x x

Dans l'une des innombrables pièces de la bâtisse, Liz se tira durement de son inconscience. Les paupières encore papillonnantes, elle leva la tête, et fit un bond d'un mètre en croisant le regard d'une Lippoutou qui se tenait juste devant elle. La créature intelligente pencha sa tête sur le côté et émit quelques sons.

"Putain, tu parles d'un réveil !"

La jeune femme se dirigea précipitamment vers la porte, mais, comble du malheur, celle-ci était verrouillée solidement. Elle se laissa glisser au sol, dos contre le battant de bois, avec une moue dégoûtée.

"J'peux pas faire grand chose dans ma situation..." pesta-t-elle, se sentant affreusement inutile.

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine et resta dans cette position, en quête d'une solution pour échapper à la Lippoutou de Sander. Mais son esprit était surtout préoccupé par cet homme, retrouvé après treize ans. Elle ne pouvait se résoudre à croire qu'il n'y avait plus rien de bon en lui.


x x x

A des kilomètres de là, dans les beaux quartiers de la ville de Janusia, située tout au nord de la région, une femme, la trentaine, rousse et portant des lunettes, observait, assise sur un banc et dissimulée derrière un journal, une maison en particulier. Elle savait que l'homme qui y vivait, Ethan Sterling, avait un temps fait partie du groupe du célèbre voleur Freeze, connu pour ses méthodes atypiques, et que maintenant, il était rentré chez lui auprès de sa femme malade. Le chef leur avait expressément demandé, à son collègue et à elle, de lui soutirer des informations. Katia Hopkins avait bien l'intention d'y parvenir.

Elle rajusta son oreillette et prononça quelques mots dans le micro accroché au col de son chemisier blanc.

"Ryan, tu es prêt ?
- Tout est okay. C'est quand tu veux, répondit une voix masculine.
- Trouve la meilleure fenêtre de tir possible et vise la tête, c'est à toi de voir. C'est toi, l'expert.
- Reçu."

Sur le toit d'un bâtiment assez éloigné, son collègue brun se tenait en position de tir, avec un fusil de précision particulièrement performant. Dans son viseur se trouvait une employée de maison qui travaillait pour les Sterling, sans doute une femme de chambre ou quelque chose du genre. Ryan Lawrence attendit d'avoir l'angle parfait pour tirer ; la balle fusa à toute allure à travers la fenêtre ouverte ; une éclaboussure de sang sur les meubles ; morte.

"Et maintenant, Katia ?
- Les choses sérieuses commencent", souffla la rouquine à lunettes.