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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 11/08/2016 à 18:47
» Dernière mise à jour le 31/08/2020 à 17:39

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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046. 3x20 - Désunion
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Durant leur voyage, la Team Magma s’impose afin de recruter Sofian par le biais de sa sœur, membre de l’organisation criminelle. Plus tard, Flora participe à son premier concours de coordination qui se déroule très mal pour elle alors qu’elle fait la rencontre d’Annick, qui a grandi dans le même village que Timmy, avec qui elle se lie très vite d’amitié. Alors que Miaouss quitte la Team Rocket, Jessie et James passent une alliance avec la Team Magma afin d’obtenir de l’aide dans le vol de Galifeu. Mais la Team Magma prend les devants et leur impose de voler Galifeu pour eux. Durant le concours d’Autéquia, Jessie et James retrouvent Miaouss qui leur explique sa rupture avec sa Miaouss femelle à cause de sa maîtresse qui participe à la compétition. De retour dans le trio, Miaouss prend les choses en main et élabore un plan pour doubler la Team Magma. Annick, Jessie — sous sa couverture d’Isobella —, la maîtresse de la Miaouss femelle et Flora se qualifient à la seconde phase de la compétition pendant laquelle la Team Rocket passe enfin à l’action. James prévient Sofian que la Team Magma va l’attaquer pour qu’il s’enfuie du bâtiment avec lui et tombe dans son piège, Jessie retient Flora sur scène alors que la Team Magma attaque le public, et Miaouss est démasqué par Timmy à qui il révèle son plan avant d’être immobilisé par Annick, venue à la rescousse.

Autéquia


Pokémon #201c
Le silence le plus pesant que Flora eut connu au cours de ces deux derniers mois de voyage s’était installé dans la petite chambre d’hôpital. Aucun des quatre patients ne se sentait la force de parler, ni même de changer de place. Il fallait dire que les évènements de la nuit dernière avaient été particulièrement violents et choquants. Sofian était assis dans un coin et regardait le lever du soleil à travers la fenêtre, les yeux dans le vide, son t-shirt rouge écarlate troué de part et d’autre sous son gilet recouvert par une fine couche de cendres. Annick, loin d’avoir gardé son calme olympien qui la caractérisait tant, semblait fascinée par la veste de son costume dont la manche droite avait été déchirée en lambeau. De l’autre côté de la pièce, couchée sur un lit, se trouvait Jessie dans une chemise de nuit d’hôpital, le chignon en pagaille, un bandage autour du poignet gauche. Quelque part à l’étage inférieur, un coucou indiquait qu’il était six heures de matin.
La porte de la chambre d’hôpital s’ouvrit à la volée et Flora se redressa difficilement dans son lit alors que deux policiers faisaient leur entrée, encadrant une agent Jenny fatiguée. Il brûlait dans ses yeux une flamme qui lui donnait une expression de sévérité qu’on n’aurait voulu défier pour rien au monde.
— Je veux savoir exactement ce qu’il s’est passé, ordonna-t-elle en claquant la porte derrière elle. Je veux savoir où chacun de vous étiez durant ce concours, où vous êtes allés, avec qui vous avez parlé, ce que vous vous êtes dits, ce que vous avez mangé, les vêtements que vous portiez,… Je veux que vous me disiez absolument tout ce qu’il s’est passé durant cette nuit, à partir de la minute à laquelle ce concours a commencé !
L’agent Jenny sortit un calepin d’une poche, actionna son stylo bille et attendit, leur lançant un regard inquisiteur. Le silence perdura quelques secondes. Personne ne semblait vouloir engager le récit : Sofian restait immobile face à la fenêtre, Flora lançait des regards paniqués à Jessie, qui s’était recroquevillée sous ses draps, et Annick s’était plongée plus profondément dans l’observation du carrelage.
— Et si nous commencions par la jeune fille qui nous a appelés ? proposa faussement l’agent Jenny en se tournant vers Annick.
Annick ouvrit la bouche, prise au dépourvu par cette décision, et tenta de capter l’attention de Sofian, mais celui-ci refusait obstinément de quitter son monde de réflexion silencieuse.
— Vous savez,… je… je ne sais pas trop… en tout cas, pas dans les détails… hésita Annick.
— Eh bien raconte-nous toujours ce dont tu te souviens.
Annick se racla la gorge et réfléchit.
— À vrai dire, ce fut une très longue nuit et… j’ai peur de ne pas me souvenir de tout ce qu’il s’est…
— JE VEUX DES RÉPONSES ! rugit l’agent Jenny.
Flora sursauta dans son lit, tandis que Jessie se cacha sous ses draps. Sofian, quant à lui, resta immobile et sans vie. Annick prit une bouffée d’oxygène et commença :
— On s’est rendu au dôme du concours vers dix-huit heures, mes amis et moi. La compétition a commencé tout naturellement et sans problème. Il y a eu la première manche durant laquelle on a tous réalisé nos Prestations — je veux dire, tous les coordinateurs, pas tous mes amis —, et on a très vite accédé à la seconde manche. C’est durant la pause qu’on s’est réuni pour la dernière fois avant de se perdre de vue durant… les évènements qui ont suivi, jusqu’à ce que… jusqu’à ce qu’ils…
Annick se tourna à nouveau vers Sofian, comme pour s’assurer qu’elle faisait bien de raconter tout ce qu’elle savait, mais l’adolescent était toujours aussi absent.
— Poursuivons, poursuivons, indiqua l’agent Jenny qui notait tout dans son calepin.
— Ce n’est que pendant les combats que j’ai commencé à remarquer qu’il se passait des choses plutôt louches, reprit Annick en jetant un coup d’œil à Jessie.
Car la suite de son récit allait l’impliquer, et la jeune fille n’avait aucune idée de la manière dont elle devait raconter cette partie de l’histoire. Mais lorsqu’Annick s’apprêta à poursuivre la narration des évènements, le talkie-walkie de l’agent Jenny s’alluma :
On demande du renfort du côté de la Grand Place ! dit une voix dans l’appareil. On a retrouvé des traces de luttes dans une clairière, à l’est d’Autéquia ! indiqua une seconde voix. On a des précisions sur l’identité des terroristes, un témoin a précisé que…
L’agent Jenny interrompit son troisième appel et fourra son calepin dans sa poche.
— Je vais devoir vous laisser, annonça-t-elle de mauvaise humeur. Je reviendrai dans une heure pour continuer les dépositions. D’ici là, il vous est interdit de bouger. Vous feriez mieux de remettre tous vos souvenirs en ordre, car je veux tout savoir ! Il y a deux, trois choses que j’aimerais qu’on éclaircisse, alors vous feriez mieux d’être réveillés et alertes quand je serai revenue !
L’agent Jenny s’était adressée particulièrement à Sofian, qui semblait battre un record de mutisme. Les policiers quittèrent la chambre précipitamment.
— Sauvée par le gong, soupira Annick après s’être assurée qu’ils étaient loin. Je ne savais pas si on devait aussi les impliquer dans l’histoire.
Elle fit un signe de tête vers le lit de Jessie et Flora se mordit les lèvres, tandis que Jessie restait cachée sous ses draps. C’est alors que Sofian bougea enfin. Il ouvrit son sac à dos d’un coup et y fourra son Pokédex et ses trois pokéballs qui trainaient sur une table de nuit. Jessie sortit la tête de ses draps, curieuse.
— Qu’est-ce que tu fais ? interrogea Flora.
Mais l’adolescent ne répondit pas. Il ferma violemment la tirette de son gilet, plaça son bonnet rouge et blanc sur ses cheveux sales, et se leva d’un bond.
— Ne me dis pas que tu comptes aller les sauver tout seul ! s’affola Flora. Tu as entendu ce que l’agent Jenny nous a dit ? On doit rester ici pour…
— Je ne vais pas rester assis sur ce lit sans rien faire, répondit Sofian d’un ton sec en se dirigeant vers la porte.
— Et tu comptes faire quoi, seul ? Tu crois que tu vas pouvoir arrêter toute une bande de terroristes qui attaquent Hoenn depuis des années ? Après l’attentat qu’ils viennent de commettre, après avoir failli littéralement y passer, tu penses toujours que tu es capable d’affronter ces terroristes ?
Sofian ouvrit la porte, mais n’avança pas car Flora venait de crier :
— Ne leur donne pas l’occasion dont ils rêvent tant de prouver que tu es stupide et de t’éliminer ! Ne fonce pas dans leur piège, une nouvelle fois. Sofian, laisse la police s’en occuper et on pourra t’aider à…
— Cette histoire ne te regarde pas, interrompit Sofian d’une voix glaciale, sans se tourner. Tu n’étais pas là. Tu n’as aucune idée de qui ils sont ou de quels sont leurs pouvoirs. C’est entre elle et moi, pas toi. Reste ici si tu veux, moi, je ne la laisserai pas faire.
— Sofian, je t’en supplie… marmonna Flora dans une plainte douloureuse, au bord des larmes. Tu fonces tête baissée vers la mort assu…
— Si je dois mourir pour les sauver, ainsi soit-il.
Et Sofian quitta la chambre en clapant la porte derrière lui. Flora fondit en larmes.
— Ne t’en fais pas, je vais aller lui parler, rassura Annick. Je vais le convaincre de ne pas agir en garçon immature, pour une fois…
Annick quitta la chambre à son tour. Sur le lit d’à côté, Jessie poussa un soupire d’un air dédaigneux.
— Vous, la ferme ! s’emporta Flora. Rien de tout cela ne serait arrivé si vous n’aviez pas été là ! Vous n’avez pas un mot à dire. Dès que la police revient nous interroger, je leur raconte tout, tout dans les moindres détails !

Pokémon #201
Quelques heures plus tôt…

Tout était flou autour d’elle. À mesure que sa vision revenait, son ouïe s’améliorait elle aussi et les cris paniqués des spectateurs piégés retentissaient douloureusement dans ses tympans endoloris. Un coup de vent ébouriffa ses cheveux et elle évita de justesse l’attaque d’un Nosferapti en roulant sur le côté. Se trébuchant dans sa robe jaune pâle, Flora se releva difficilement et fit face à un spectacle d’horreur.
Du milieu de la scène, elle pouvait voir dans les gradins des dizaines de spectateurs couchés au sol, certains se cachant avec terreur des attaques de pokémons enragés, d’autres évanouis. Aux pieds du podium se trouvaient Monsieur Lang et Cassandre, la présentatrice, tous deux inconscients. Un enfant pleurait à chaude larme au sommet des gradins alors que son père tombait au combat contre un Limagma et qu’il dégringolait violemment les escaliers. Un homme tout vêtu de rouge ordonna à son pokémon d’attaquer l’enfant, mais un Mélodelfe apparut de nulle part et le mit au tapis, sauvant de justesse l’enfant d’une attaque enflammée. Au pied de la scène, la seule juge qui avait repris ses esprits, Elizabeth, s’était lancée dans le combat contre les terroristes.
Comme un flash qui venait de lui traverser l’esprit, Flora sortit de son état de choc et se souvint alors de l’attaque de la Team Magma.
— Charmillon ! appela-t-elle, paniquée.
Le grand papillon était couché au sol, piégé dans une toile, et blessé comme jamais. Il avait perdu de ses couleurs flamboyantes et gisait simplement au sol. Flora tenta de fourrer sa main dans sa poche avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas de poche et qu’elle était en robe de concours. Le reste de ses pokéballs se trouvaient donc dans son sac à dos, dans les loges dont le seul accès se faisait à travers le rideau au fond de la scène par lequel s’enfuyait justement la demi-douzaine de sbires qui avait pu s’échapper des contrattaques dans le public. Jessie, toujours sous sa couverture d’Isobella, fermait la marche avec son Papinox.
— Ils s’enfuient ! s’écria Flora, paniquée.
Le Mélodelfe d’Elizabeth vint à la rescousse et envoya un rayon lumineux en direction du dernier sbire à passer le rideau rouge, un tout petit homme qui devait être aussi grand que Timmy. Mais l’attaque d’un Nosferapti contre Mélodelfe lui fit rater sa cible et le rayon lumineux explosa contre la vitrine en verre qui contenait le ruban du concours d’Autéquia. Jessie se cacha le visage alors que les débris retombaient au sol et que Mélodelfe luttait contre son nouvel adversaire. La criminelle se tourna alors vers Flora et lui fit un sourire narquois, avant de quitter la scène vers les loges.
— TEAM ROCKET !! hurla Flora.

*
Après avoir récupéré le sac à dos de Flora, Jessie se jeta sur la porte de sortie des loges à présent vides mais celle-ci refusa de s’ouvrir.
— Miaouss ! appela-t-elle dans son oreillette. Ouvre la porte des loges, on est poursuivis !
Mais la porte resta calée sur ses gonds. Un des membres de la Team Magma fonça épaule la première contre la porte qui ne céda pas, alors qu’un cri dans les coulisses annonçait la poursuite de ceux qui avaient pu se sauver parmi les victimes.
— Team Rocket, vous avez intérêt à ce que tout ceci se termine bien pour nous ! menaça le sbire qui était plus petit qu’elle. Parce que vous pourrez être sûr que notre Patron saura qui punir en cas d’échec !
Il fit sortir son propre Limagma de sa pokéball et lui ordonna de détruire la porte. D’énormes boules de feu fusèrent hors de sa bouche et brûlèrent la porte en bois qui céda enfin. Les six sbires de la Team Magma s’enfuirent dans le couloir des coulisses tandis que Jessie appelait à nouveau après Miaouss qui ne lui répondait pas dans son oreille. Quelque chose avait dû lui arriver.
Elle se lança dans le couloir à son tour, mais la Team Magma semblait remonter vers le hall d’entrée du dôme.
— Je dois aller en régie, un de mes hommes ne me répond pas ! cria Jessie.
— Un homme tombé est un homme inutile ! rétorqua le petit sbire sans s’arrêter de courir.
— Hors de question que je l’abandonne !
Et Jessie bifurqua dans un couloir à l’opposé de celui qu’avait emprunté la Team Magma. Papinox s’arrêta devant l’entrée de la régie alors que sa maîtresse découvrait une salle sens dessus-dessous. Au fond à droite, plusieurs hommes étaient ligotés, évanouis au sol, tandis que près des écrans se trouvaient…
— Seviper ! Miaouss !
Jessie courut aux pieds de ses pokémons sans vie et prit Miaouss dans ses bras.
— Miaouss, réponds-moi !
Malgré les violentes secousses que lui infligeait Jessie, Miaouss resta inconscient. Jessie jeta des coups d’œil affolés dans la salle, à la recherche d’un quelconque indice qui lui indiquerait ce qu’il s’était passé. Tout avait fonctionné dans leur plan, alors pourquoi Miaouss avait-il été attaqué ? Et surtout, par qui ?
Elle découvrit alors sous le talon de sa chaussure plusieurs feuilles colorées bien taillées. Une attaque de type plante.
— Les sales gosses… murmura Jessie, hors d’elle.
— Team Rocket !
Jessie sursauta. Au bout du couloir qui menait à la régie se trouvait une Flora en sueur qui tenait son Charmillon dans ses bras. Ni une, ni deux, Jessie fit rentrer son Seviper évanoui dans sa pokéball et prit la fuite avec Miaouss dans ses bras, et le sac à dos de Flora au dos.
— Rendez-moi mes pokémons ! cria Flora alors que Jessie disparaissait dans un autre couloir.
Charmillon bougea dans ses bras et battit des ailes pour s’en dégager, prêt à en découdre à nouveau.
— Tu es sûr que tu peux toujours te battre ? s’inquiéta Flora.
Charmillon poussa un cri de guerre, faible, mais assuré, et voleta en direction de Jessie. Flora courut à sa poursuite pour découvrir une chaussure à talon disparaître par une fenêtre brisée qui donnait sur l’extérieur. Charmillon s’en échappa aisément, mais la robe de Flora resta coincée dans les débris de verres toujours accrochés au châssis de la fenêtre. Lorsqu’elle se relevait enfin, le côté gauche de sa robe troué, la Team Magma et Jessie s’enfonçaient dans les ténèbres de la nuit vers la forêt de la Route 113.
Un vent glacial lui gifla la figure. Il s’était remis à pleuvoir des cendres alors qu’elle reprenait sa respiration, et elle fut très vite recouverte d’un voile gris. Flora reprit une bouffée d’air frais et reprit sa course alors que les premières sirènes de la police retentissaient.

Pokémon #201p
Les rues d’Autéquia défilaient de part et d’autre dans la nuit glaciale, toutes plus vides les unes que les autres. Un point de côté lui transperçait les côtes. Il fallait qu’il s’arrête avant que ses jambes endolories ne l’empêchent de poursuivre. Sofian laissa son essoufflement prendre le dessus sur sa peur et stoppa sa course en se tenant les côtes ; Galifeu l’imita.
— Qu’est-ce que tu fais, il faut fuir ! urgea James qui rebroussait chemin pour le rattraper.
— Je n’en peux plus ! On devrait plutôt prendre le temps de prévenir la police !
— Le temps, on ne l’a pas ! On doit fuir avant qu’ils nous rattrapent !
Et James reprit sa course.
— À quoi bon fuir vu que la Team Magma s’est enfermée elle-même dans le dôme en attaquant le public ? fit remarquer Sofian en le suivant à la trace.
James ne répondit pas et perdit de la vitesse, lui aussi fatigué par cette course effrénée.
— D’ailleurs, c’est quand même bizarre ! S’ils voulaient Galifeu, et qu’en plus ils nous ont vus quitter la salle de spectacle, pourquoi est-ce qu’ils se sont enfermés dans la salle ? James ! Stop !
Sofian avait rattrapé James et l’obligea à s’arrêter. Ils étaient arrivés au centre de la Grand Place d’Autéquia, aussi vide et peu lumineuse que le reste du village. James soupira, le regard fuyant celui de Sofian.
— Si la Team Magma voulait Galifeu, pourquoi aucun d’entre eux ne se trouvait à l’extérieur à attendre qu’on sorte pour nous attaquer ? demanda Sofian.
James ne répondit pas et regarda du coin de l’œil le singe orangé qu’il ne perdit pas de vue.
— À moins que… réfléchit Sofian à voix haute. À moins que ce ne soit quelqu’un d’autre qui les ait enfermés… Quelqu’un qui ne fasse pas partie de la Team Magma… et qui aurait voulu les piéger… pour… pour… MIAOUSS !
Sofian fit un bond en arrière en comprenant enfin le plan démoniaque de la Team Rocket, et en se rendant compte qu’il venait de plonger les deux pieds joints dans leur piège. James ne quittait pas des yeux Galifeu qui se postait en position d’attaque.
— Team Rocket ! s’exclama Sofian. Vous avez intérêt à avoir une explication claire et logique à tous ces évènements !
— Bon, ben… soupira James. Je n’ai plus d’excuses à te fournir, je pense que tu as bien compris dans quoi tu viens de t’engager.
James brandit sa pokéball en fit sortir son Cacnéa.
— Fils de… ! s’écria Sofian. Je n’en reviens pas ! Vous faire confiance une deuxième fois, et tomber à nouveau dans votre piège ! Quand je pense qu’on avait commencé à ressentir de la peine pour vous quand Miaouss vous a quittés ! Mais en fait, ça faisait partie d’un plan bien plus large, pas vrai ?
— Pas vraiment… Mais bon, de toute façon, tu ne me croiras pas, quoi que je te dise.
— Vous n’êtes qu’une bande de criminels, pourris jusqu’à la moelle ! On vous a trop longtemps sous-estimés, voire protégés de la police parce qu’on pensait que vous étiez tout simplement stupides et sans dangers pour nous ! Mais vous êtes une véritable erreur de la nature !
— Du calme avec les mots, tu vas te finir par t’étouffer dans tes insultes, s’amusa James.
— Je vais vous faire perdre ce sourire narquois, vous allez voir ! Et nous seulement je vais vous combattre, je vais vous écraser et vous faire regretter de vous en être pris à moi, mais en plus, je vais vous faire arrêter, vous faire emprisonner et vous pourrirez en tôle, vous et tous vos petits copains ! Galifeu,…
— Ça m’étonnerait que tu y arrives, vu la supériorité numérique de mon camp, fit remarquer James.
Mais Sofian ne comprit pas. Ils étaient deux, l’un contre l’autre. Le sourire de James s’élargit de plus belle, et il lui montra le ciel à l’aide de son index. C’est alors que le son d’un bruissement de vent s’éleva depuis le sud, devenant de plus en plus intense, jusqu’à véritablement créer une rafale de vent qui provenait depuis le ciel ténébreux. Un hélicoptère rouge apparut depuis les épais nuages de cendres et descendit vers le sol de la Grand Place. Sofian se protégea le visage du vent projeté par les hélices et recula de quelques pas, protégeant de son corps son Galifeu de James et de l’hélicoptère qui venait de se poser.
De l’énorme hélicoptère rouge au symbole « M » peint sur la coque s’extirpèrent neuf personnes dont deux que Sofian avait déjà rencontrées : John, le grand et mince administrateur de la Team Magma à l’âge avancé, et une jolie jeune femme à la longue chevelure rousse et à la peau pâle des gens du nord.
— Coucou, petit frère, dit-elle sombrement.

Pokémon #201i
Le groupe de malfrats disparaissait dans la nuit plus vite que ce qu’elle n’arrivait à les rattraper. Pour cause : sa longue robe qui l’empêchait de réaliser de grandes enjambées. Flora s’arrêta quelques instants et considéra la traîne de sa robe d’un regard triste. Difficilement résolue, elle glissa son doigt dans un des trous et déchira le tissu de toute sa longueur de manière à se débarrasser de sa longue traîne.
— Oh ! Vous allez me le payer, Team Rocket ! Voler mes pokémons et me faire faire ça à ma robe ? Vous allez le regretter, vous m’entendez !!
Précédée de son Charmillon, elle reprit sa course beaucoup plus rapidement une fois ses jambes libérées. Sans s’en rendre compte, elle venait de quitter le village d’Autéquia et avait pénétré la forêt grise qui faisait frontière. Elle rattrapa alors les sept criminels dans une immense clairière où deux hélicoptères rouges au symbole « M » les attendaient, ainsi qu’une dizaine d’autres sbires de la Team Magma.
— Vous n’êtes que sept ? s’étonna un sbire en les aidant à monter dans l’hélicoptère. Où sont les autres ?
— Piégés dans le dôme ! répondit le petit sbire qui disparut à l’intérieur de l’engin.
— ARRÊTEZ-VOUS ! hurla Flora.
Jessie bondit sur place et fit volte-face. Tous les autres sbires de la Team Magma étaient entrés dans les hélicoptères. Il ne restait plus que les deux coordinatrices dont les papillons se faisaient face pour la seconde fois de la nuit.
— Rendez-moi mes pokémons ! ordonna Flora.
Jessie resserra le sac à dos de Flora sur son dos en tenant toujours Miaouss dans ses bras.
— Désolée, j’ai un vol qui m’attend !
Et Jessie se tourna vers l’hélicoptère dans lequel elle entra une jambe. Sans réfléchir, Flora fonça vers elle et le tira violemment en arrière par son propre sac à dos. Jessie tomba à la renverse et le corps inerte de Miaouss vola hors de ses bras avant de s’écraser dans un tas de cendres. Jessie se releva et lui lança un regard meurtrier.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?! demanda un sbire en sortant sa tête de l’hélicoptère.
— Juste un contretemps ! répondit Jessie.
— Tu as intérêt à nous en débarrasser tout de suite, de ton contretemps, si tu ne veux pas que la mission soit un échec et que le Patron…
— …me tombe dessus, oui, je sais !
Jessie ramassa Miaouss et le déposa dans l’hélicoptère ; elle fit de même avec le sac à dos de Flora. Derrière elle, l’autre hélicoptère s’était élevé dans le ciel et avait disparu dans les nuages.
— Terminons donc notre combat, si tu le souhaites tant, proposa Jessie. Papinox, choc mental !
Poussé par une force invisible, Charmillon fut propulsé contre un arbre, avant de s’élever comme par magie dans le ciel, et de retomber avec fracas au sol.
— Depuis quand il connait cette attaque, lui ?!

*
Une rafale de cendres leur frappa le visage et Timmy se protégea la bouche et le nez ; il ne fallait pas en plus de tous ces évènements dramatiques qu’il souffre d’une nouvelle crise d’asthme. Annick, elle, s’épousseta son costume de la poussière qui s’accumulait sur ses manches déchirées. Timmy lui lança un regard jugeur.
— Quoi ? La classe n’a pas de conditions, qu’on soit en état d’alerte ou non, se défendit Annick.
— Tu n’as pas l’air de comprendre à quel point…
— Je sais à quel point la situation est dramatique, corrigea Annick, calmement. Je sais qu’il faut retrouver Sofian et le sauver des griffes de James. Je sais qu’il faut aider Flora à sortir de ce bâtiment où grouillent des dizaines de terroristes. Je sais que c’est la merde, Timmy.
— Eh ben, qu’est-ce qu’on fait à attendre bêtement ici ?! On doit retrouver Sofian ! James doit être en train de le dépouiller de ses pokémons en ce moment !
— Ne t’en fais pas, il peut gérer James tout seul le temps qu’on arrive, rassura Annick. Pour l’instant, on doit prévenir la police de ce qu’il se passe pour qu’ils sauvent tous ces gens.
Timmy accepta et se tut à nouveau. La fraîcheur de la nuit le fit trembler de tous ses membres et Annick lui proposa de marcher pour se réchauffer. Ils se dirigèrent vers une rue plus large d’où arriveraient probablement les renforts, alors qu’une explosion retentissait dans le bâtiment.
— Qu’est-ce qu’ils foutent, bon sang ?! s’impatienta Timmy.
C’est alors que les sirènes des dizaines de voiture de police et des ambulances parvinrent à leurs oreilles. En quelques secondes, une véritable armée militaire accompagnée de nombreux Caninos prit possession des lieux, entourant le bâtiment pris en otage.
— Vous ! appela l’agent Jenny. Qui ? Où ? Combien ?!
Timmy et Annick coururent vers l’agent Jenny, protégée par une combinaison anti-attaque et par un énorme Caninos prêt à en découdre.
— La Team Magma a attaqué…
— …pleins de gens coincés dans la salle…
— …apparemment des combats qui auraient éclatés…
— …d’autres ont fui…
— Agent Jenny ! appela un policier.
Les deux adolescents furent poussés à l’écart après avoir donné toutes les indications pour préparer la libération du bâtiment et les policiers se regroupèrent près de leurs camions blindés. Timmy n’avait aucune idée de combien de temps cela allait prendre pour libérer Flora et les autres victimes de l’attentat, mais il savait que la course contre la montre avait démarré pour Sofian, perdu quelque part dans le village avec James.
— Écoute, on ne va pas attendre que la police libère le bâtiment, chuchota Annick pour éviter d’être entendue par les policiers. Une prise d’otage peut durer des heures et…
— TEAM MAGMA, VOUS ÊTES CERNÉS ! retentit la voix de l’agent Jenny, dont la force était décuplée par son parlophone. RENDEZ-VOUS SI VOUS…
Une explosion fit trembler les rues d’Autéquia alors que chaque sortie du bâtiment s’embrasait dans des déflagrations fulgurantes. Les quelques policiers proches des portes se jetèrent au sol pour éviter les flammes tandis que les portes volaient dans les airs, l’une d’entre elles s’écrasant à quelques centimètres de Timmy. C’est alors qu’une centaine de personnes s’extirpa hors du bâtiment, bras et jambes liés, et la tête masquée par des cagoules appartenant à la Team Magma.
— Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! s’écria l’agent Jenny en plaquant une personne au sol.
L’agent Jenny lui arracha la cagoule et révéla le visage tremblant de terreur du Professeur Kosmo, une des victimes de la prise d’otage.
— N’attaquez pas, je… je… je suis innocent ! s’exclama-t-il.
— Agent Jenny !
De nombreux policiers avaient imité leur supérieur hiérarchique et s’étaient retrouvés face à face avec les visages terrorisés des otages.
— Arrêtez-les tous, victimes ou pas victimes de cette prise d’otage !! ordonna l’agent Jenny, révoltée. Que personne ne bouge !
Son Caninos cracha de gigantesques flammes pour empêcher d’autres personnes ligotées à s’enfuir.
— La Team Magma se trouve parmi eux ! comprit Timmy.
— Ingénieux ! s’émerveilla Annick. Ces gens sont beaucoup plus dangereux que ce que je ne pensais…
Dans le brouhaha et les cris affolés des policiers et des victimes, le tumulte d’un hélicoptère qui survolait les environs passa inaperçu ; mais pas par les deux adolescents.
— La Team Magma ! reconnut Timmy, qui avait déjà vu un engin pareil dans le Bois Clémenti.
— Il se dirige vers le nord d’Autéquia !
— Ils doivent surement chercher Sofian et voler Galifeu avant James !
— Mais pourquoi tout le monde veut ce Galifeu ?
— Pas le temps de réfléchir !
Timmy se lança à la poursuite de l’hélicoptère, suivi de près par Annick, et les deux jeunes adolescents quittèrent la scène de chaos qui se déroulait devant le dôme du concours.

Pokémon #201t
Les dernières bourrasques de vent provoquées par les hélices de l’hélicoptère soulevèrent les longs cheveux roux de Sarah qui peinait à libérer son visage ovale, ses pommettes roses, et ses yeux marrons qui ressemblaient tant à ceux de Sofian. Frère et sœur étaient à nouveau réunis ; frère et sœur s’affrontaient du regard.
— Alors comme ça, les traîtres s’allient avec les traîtres ! piqua Sofian, l’estomac brûlant par la rage qui l’envahissait progressivement depuis l’arrivée de sa criminelle de sœur.
Celle-ci soupira.
— Je suis désolée que tout ceci se déroule de cette manière, dit-elle d’une voix douce et convaincante.
— J’imagine que tu aurais préféré que le sang coule aussi ! répliqua Sofian.
— Non, répondit Sarah, comme choquée. Je ne veux pas te faire de mal, après tout, tu es mon…
— Ne t’avise surtout pas de terminer cette phrase ! Tu n’es rien d’autre qu’une truande, et ça fait bien longtemps que tu as perdu toute légitimité et honneur de porter le nom de Match !
Sarah baissa les yeux, visiblement chagrinée par les paroles de Sofian.
— Oh ! Oh ! s’amusa John, appuyé contre l’hélicoptère. C’est qu’il a appris à parler, le petit. Allez, finissons-en enfin.
— Donne-nous Galifeu sans faire d’histoire, dit simplement Sarah en obéissant aux ordres de John.
— Plutôt crever que de te laisser toucher mon pokémon avec tes mains de traîtres, se défendit Sofian en bloquant le singe par son corps.
— Sofian, s’il te plait, ne fais pas d’histoire. Il sera avec moi, ne t’en fais pas.
Sofian poussa un petit rictus nerveux.
— Vous le voulez ? demanda Sofian en s’adressant à l’ensemble des sbires, cette fois-ci. Venez donc le chercher !
L’adolescent lança ses trois autres pokéballs dans les airs et Nirondelle, Écrapince et Balignon firent leur apparition. Comme par réflexe, sept sbires de la Team Magma — le huitième étant resté aux commandes de l’appareil aérien — dégainèrent leurs pokémons : des Nosferapti, des Limagma,… trop de pokémons apparurent d’un coup pour les yeux de Sofian.
— Nirondelle, « tornade » ! Balignon, « para-spore » ! Écrapince, « bulles d’eau » ! Galifeu, « flammèches » ! ordonna Sofian.
Une poudre dorée s’éleva dans les airs hors du bulbe de Balignon et fut projetée par le vent puissant qui se dégagea des ailes de Nirondelle. La poudre dorée retomba sur quelques Nosferapti qui furent paralysés dans les airs. Un seul Limagma parvint à éviter la rafale de bulles d’eau qui frappa le camp ennemi, tandis que tous les autres reçurent de plein fouet les boules de feu de Galifeu, mais sans effet.
C’est alors que la situation s’envenima. À sept contre quatre, Sofian ne tint pas moins d’une minute. Balignon fut violemment brûlé par un jet de puissantes flammes, Écrapince s’écroula sous les ultrasons de deux chauvesouris, et Nirondelle eut bien du mal à combattre deux Nosferapti d’un coup dans les airs. Quant à Galifeu, il arrivait à tenir les Limagma à distance grâce aux ordres que Sofian lui indiquait. Mais trop occupé à sauver son pokémon en forme de singe, Sofian se rendit compte trop tard que ses trois autres pokémons venaient de tomber au sol, grièvement blessés.
— Allons Sofian, ne sois pas têtu et déraisonnable, intervint Sarah. Nous sommes onze en tout, et tu es seul. Tu ne tiendras pas longtemps face à nous. Ne sacrifie pas la santé de tes pokémons alors que toi et moi savons très bien comment cette nuit va se terminer.
— Tu as entendu ta sœur, rugit John. Donne-nous ce Galifeu !
— Je préfère me battre jusqu’à la mort plutôt que de capituler ! rétorqua Sofian. Galifeu, « pic-pic » !
Sofian leva les yeux au ciel, déçue, mais aussi pleine de remontrance dans son regard. Galifeu se lança le bec en avant et écrasa les deux Nosferapti qui combattaient contre Nirondelle. Mais un Limagma passa dans le coin et vengea son allié d’une attaque enflammée. Galifeu ne fut pas en reste, car il frappa de ses pattes-arrières trois Limagma d’un coup. Les trois autres Nosferapti se regroupèrent autour de lui. À coups d’ultrasons et de coups d’aile, ils firent chuter Galifeu au sol.
— NON ! s’écria Sofian qui courut vers son pokémon.
Il se jeta complètement dans le combat et frappa de ses poings tous les pokémons qu’il pouvait atteindre. Deux Nosferapti furent propulsés contre l’hélicoptère, tandis que les deux autres reprirent l’avantage.
— Galifeu, envoie… !
Mais un coup de poing le frappa dans les côtes et Sofian sentit des dards lui rentrer dans la peau à travers son t-shirt. Le Cacnéa de James venait d’entrer dans le combat.
Galifeu rugit de rage en voyant son maître tomber à quatre pattes au sol, haletant. Il lança d’énormes boules de feu contre Cacnéa qui tomba au pied de James. Mais les autres pokémons profitèrent de ce moment d’inattention pour attaquer à nouveau. Deux Limagma et trois Nosferapti s’en prirent à Galifeu qui se recroquevilla au sol pour éviter les coups de bec et les boules de feu.
— Laissez… mon… Galifeu… TRANQUILLE !!
Sofian se leva d’un bond et sauta dans les airs sur les pokémons qui affaiblissaient son Galifeu. Un Nosferapti fut écrasé sous son poids, mais un autre en profita pour le mordre au cou, tandis qu’un troisième lui becquetait le crâne et qu’un quatrième lui lacérait le dos avec ses ailes.
— ASSEZ ! ordonna John.
Tous les pokémons reculèrent vers leurs maîtres ; Sarah tourna la tête pour éviter le spectacle désolant qui se déroulait devant elle. Haletant, suffoquant de douleur, Sofian était étalé de tout son long à côté d’un Galifeu épuisé et grièvement blessé, bêtement assis au sol, incapable de bouger. Derrière eux, à quelques mètres, se trouvaient Nirondelle, Balignon et Écrapince, tous trois tremblants de douleur.
— Je t’avais dit que ça ne servait à rien, toutes ces blessures… marmonna Sarah, déplorée.
John sortit un talkie-walkie de sa poche et annonça :
— À toutes les unités : nous avons Galifeu.
Il fit un signe de la tête à James, mais celui-ci ne bougea pas, apparemment effrayé aussi par la tournure dramatique des évènements.
— Team Rocket, allez chercher ce pokémon ! ordonna plus sévèrement John.
James sursauta sur place et s’empressa de rejoindre Sofian. Celui-ci lui lança un regard de son seul œil ouvert, un regard de pitié, un regard qui signifiait que malgré tous les méfaits que la Team Rocket avait commis, Sofian était capable de le leur pardonner s’il lui laissait son pokémon. James hésita, apparemment peu disposé à commettre lui-même le vol qui l’empêcherait d’obtenir Galifeu.
— Team Rocket ! répéta John, dont l’intonation de la voix devenait plus dangereuse.
Mais à cet instant précis, une nuée de feuilles volantes frappa James qui se protégea le visage des lames aiguisées de l’attaque. Sofian tourna la tête au sol de sorte à distinguer dans l’obscurité quatre jambes accourir. Derrière eux, un Rosélia, un Arcko et un Tarsal. Timmy et Annick étaient arrivés à la rescousse.

Pokémon #201u
Papinox évita un jet de sécrétion et envoya un « dard venin » qui, avec la fatigue de Charmillon, fut bien placé. Le papillon majestueux tomba mollement au sol, soulevant un nuage de cendres, avant de se relever difficilement.
— Ce n’est pas très gracieux, tout ça ! se moqua Jessie.
Flora grogna.
— Si on avait été sur scène, je vous aurais écrasée !
— Dommage qu’on ait dû la quitter, la scène. Oh ! Et merci pour tes pokémons !
— Si vous voulez Galifeu, pourquoi voler aussi mes pokémons ?!
— Pour t’empêcher justement de courir à la rescousse de ton petit prince, tiens ! avoua Jessie.
— Team Rocket, appela un sbire dans l’hélicoptère. Ils ont Galifeu ! Il est temps de partir !
— Je conclus et j’arrive !
— J’aimerais bien voir ça ! répliqua Flora. Charmillon, « tornade » !
Le papillon battit difficilement des airs, et une petite bourrasque s’en échappa, heureusement assez violente pour déstabiliser Papinox qui recula et entra en collision avec sa maîtresse. Flora profita de cet instant d’inattention pour courir vers l’hélicoptère et arracher des mains du sbire de petite taille son sac à dos.
— Aaah ! s’exclama-t-elle, victorieuse. Ne t’en fais pas, Charmillon, avec un Super Bonbon, tu vas vite reprendre des forces et l’écraser !
Flora fouilla dans son sac à dos mais ce fut déjà trop tard. Charmillon était tombée, et cette fois définitivement.
— Parfait ! lança Jessie.
Elle fit disparaître son Papinox dans sa pokéball, bouscula violemment Flora et grimpa dans l’hélicoptère dont les hélices se lancèrent lentement dans leur ronde.
— NON !!! s’écria Flora à s’en déchirer la voix.
Couchée au sol, elle ne trouva aucune autre méthode pour les empêcher de s’enfuir et chercha dans son sac à dos les pokéballs de Gobou et de Skitty. Mais les sphères étaient introuvables. L’hélicoptère décolla lorsque Flora croisa le regard de Jessie qui lui montrait ses deux pokéballs dans sa poche.
— VOUS NE PARTIREZ PAS AVEC MES POKÉMONS !!!
Flora se leva d’un bond, courut aussi rapidement que possible et sauta de toutes ses forces dans les airs. Faute de s’accrocher à l’hélicoptère, elle attrapa la jambe droite de Jessie qui poussa un cri d’effroi en glissant hors de l’hélicoptère. Mais la voleuse arriva à agripper un des pieds métalliques de l’hélicoptère. L’engin tanga sur le côté sous le poids des deux filles qui s’envolaient avec lui.
— Remonte ! Remonte ! ordonna le sbire de petite taille au pilote.
— Impossible, elles sont trop lourdes !
— Faites-la tomber !!
Jessie remua difficilement sa jambe dans le but de faire lâcher prise Flora, mais la jeune fille tint bon alors que l’hélicoptère prenait difficilement de l’altitude. Flora lâcha sa main gauche et la remonta vers la poche de Jessie à la recherche de ses pokéballs. Jessie remua à nouveau et Flora faillit lâcher prise, avant de s’agripper à nouveau des deux mains autour de sa jambe. Pour plus de sécurité, Jessie sortit de sa poche gauche la pokéball de son Seviper qu’elle tendit à un sbire. Ensuite, elle porta sa main vers l’autre poche, celle qui contenait les pokéballs de Flora, mais avant de l’atteindre, l’hélicoptère piqua du nez et les deux filles poussèrent un cri de terreur strident en manquant de lâcher prise.
— On va s’écraser si on ne se débarrasse pas d’elles ! cria le pilote, sous le bruit assourdissant des hélices.
— Faites-la tomber ! ordonna le sbire de petite taille.
Mais Jessie ne parvint pas à faire lâcher prise Flora. L’adolescente vit du coin de l’œil le sbire pousser un cri de rage et lever le pied. Une seconde plus tard, Jessie hurlait de douleur, la main écrasée par le pied du sbire, et elle lâcha prise.
— AAAAAAAAAAAAAARGH !!
Flora hurla de toutes ses forces en sentant la force de la gravité la tirer toujours plus vite, toujours plus fort vers le sol. Son dos heurta une branche d’arbre, puis une autre, elle roula dans les airs, son visage fouetta des feuillages, et elle retomba durement dans une épaisse couche de cendres chaudes. Un son sourd derrière elle indiqua que Jessie s’était écrasée elle aussi.
Choquée et dans les vapes suite à la violence de la chute, Flora eut du mal à retrouver ses esprits, les cris de douleur de Jessie explosant dans son crâne endolori. Des sirènes retentirent, tout était flou, mais elle parvenait tout de même à voir les flashs lumineux des voitures de police.
Flora prit une grande inspiration, prête à appeler à l’aide, mais une main s’écrasa contre sa bouche.
— Je sais exactement où se trouve leur repère, indiqua une Jessie au visage rempli de sueur et le chignon plein de cendres, donc où ils vont séquestrer le Galifeu de ton Prince Charmant. Si tu tiens à sauver le pokémon de ton petit-copain, tu as intérêt à me couvrir, parce que je ne dirai rien à la police. Capisci ?
Le corps tremblant, le cœur battant dans sa poitrine, les larmes de douleur aux yeux, Flora lui lança un regard meurtrier et Jessie fit une légère pression de sa main contre sa bouche, se fichant de la douleur qui l’accablait au poignet. Flora acquiesça enfin.
— Personne ne bouge !
Jessie eut tout juste le temps de se jeter au sol loin de Flora avant que des policiers ne débarquent dans les bois où elles avaient toutes deux atterri.
— N’attaquez pas ! supplia Jessie. Nous sommes des victimes de l’attentat ! On a essayé de s’échapper par les bois !
Un petit Caninos vint renifler Jessie, puis Flora. Un policier se tourna vers Flora pour confirmation, et la jeune adolescente acquiesça à nouveau.

Pokémon #201l
Une main salvatrice se tendit vers Sofian. L’adolescent se laissa tirer par le jeune garçon qui était venu le secourir, et il tomba dans ses bras, le corps endolori par les attaques des pokémons ennemis.
— On a fait aussi vite que prévu, dit Timmy, un petit sourire optimiste aux lèvres.
— Tu aurais pu nous attendre, nous aussi on veut dégommer du sbire Team Magma ! s’amusa Annick. Rosélia, « feuillemagik » !
La ribambelle de feuilles enchantées frappa de plein fouet les quatre Nosferapti qui tombèrent au sol. Tandis qu’Arcko attaquait à l’aide de sa queue dans une « vive-attaque », les pouvoirs psychiques de Tarsal combinés aux attaques empoisonnées de Rosélia eurent finalement raison des Limagma.
— C’est ça, la puissance de la Team Magma ? nargua Annick.
— An… nick… haleta Sofian pour la prévenir du danger.
John grinça des dents, avant de pousser un cri sauvage de guerrier. Il lança de toutes ses forces sa pokéball qui éclata dans le ciel et libéra un loup menaçant. De son crâne robuste, il frappa violemment Tarsal ; de sa queue touffue, il fouetta avec force Arcko ; et de ses crocs lacérés, il mâchouilla puissamment Rosélia. En trois secondes, les trois pokémons tombèrent au pied de leurs maîtres.
— Non ! s’exclamèrent en chœur les deux enfants qui soutenaient toujours Sofian.
John fit un signe de tête à Sarah qui resta immobile, le regard impassible. Elle regardait Sofian de ses yeux marron humides. Si Sofian avait pu garder ses yeux bouffis ouverts, il aurait soutenu le regard. Mais perdant continuellement de ses forces, il se contentait de rester affalé contre ses deux amis.
— Sarah ! Galifeu ! Tout de suite ! aboya John.
Sarah avança de quelques pas et s’agenouilla auprès de Galifeu, trop blessé et épuisé que pour se défendre. Sofian trouva les dernières ressources d’énergie éparpillées ci-et-là dans ses membres fatigués, leva la tête, ouvrit un œil, et plongea son regard dans les yeux identiques de sa sœur.
— Sa… rah… Non… Pitié… arriva-t-il à murmurer.
Sarah soutint le regard, puis, froide et impassible, prit Galifeu dans ses bras. Sofian distingua une petite cicatrice discrète sur son avant-bras droit, que Sarah cacha rapidement. Puis, elle se releva, tourna les talons, marcha d’un pied ferme vers son groupe, et entra dans l’hélicoptère.
— Mission réussie, Team Magma ! annonça John d’une voix claire et retentissante.
Sofian se laissa tomber au sol, et Annick se plia en quatre pour essayer de le rattraper.
— Pour un continent plus large, Team Magma ! scandèrent en chœur les huit autres sbires.
Paralysés par la peur, Annick et Timmy assistèrent à la fuite de la Team Magma sans oser bouger. James fit disparaître son Cacnéa et pénétra en dernier dans l’hélicoptère qui se referma sur lui et démarra. À peine soutenu par Annick, Sofian, couché au sol, pleurait à chaudes larmes.
Le cœur brisé devant la vision déchirante d’un adolescent perdant son meilleur ami, Timmy ne pouvait supporter la défaite. Après tout ce qu’ils avaient vécus, toutes ces semaines de voyage, toutes ces mauvaises rencontres, toutes les catastrophes évitées, les noyades, les éboulements, les étouffements, les vols à répétition ; après avoir déjoués les plans des Team Rocket et Aqua, avoir échappé à la mort dans plusieurs attentats terroristes, réussi à se sauver d’une prise d’otage, il était hors de question de tomber au combat face à la Team Magma. Il était impossible de se laisser faire, contre-nature d’échouer.
Timmy fit disparaître ses pokémons dans ses pokéballs. Résolu, déterminé, prêt à tout pour sécher les larmes de son meilleur ami, Timmy rassembla son courage, le prit à deux mains, et s’élança à toute vitesse vers l’hélicoptère qui prenait déjà de l’altitude. Il sauta d’un bond, d’un très long et haut bon, et s’agrippa à un pied de l’hélicoptère qui prit son envol.
— TIMMYYYYYYY !!! hurla Annick.
Mais il était trop tard. L’hélicoptère avait disparu dans la couche épaisse de nuages de cendres, le ciel était redevenu silencieux et la Grand Place n’était plus que jonchée de pokémons évanouis, allongés dans le froid automnal d’Autéquia. La Team Magma était partie, emportant avec elle Galifeu et Timmy.

Pokémon #201e
L’agent Jenny termina sa prise de notes sur son calepin alors que Flora terminait son récit sous les larmes. Gobou et Skitty se serrèrent contre elle sur le lit afin de la réconforter et de sécher ses larmes.
— Et vous, rappelez-moi votre prénom, demanda Jenny en se tournant vers Jessie.
Celle-ci sursauta sous ses draps. Flora avait évité de mentionner son nom, sa présence ou même son utilité dans la nuit d’effroi qu’ils venaient de vivre, et l’agent Jenny l’avait bien remarqué.
— Je… je m’appelle… bégaya Jessie.
— …Isobella, mentit Flora. Elle était avec moi. Sur scène. On jouait notre demi-finale quand on a été attaquées.
L’agent Jenny plissa les yeux et nota l’information.
— Je vais avoir besoin de la déposition du jeune homme aussi, ajouta-t-elle en se levant. Où est-il ?
— Oh ! Il est…
— Parti se débarbouiller, termina Annick précipitamment.
— Je vous avais sommés de ne pas bouger de cette ch…
— Sauf votre respect, agent Jenny, l’interrompit Annick, nous sommes les victimes, pas les criminels. Vous feriez mieux de vous recentrer sur votre boulot et aller arrêter ces terroristes, et nous laisser nous reposer.
L’agent Jenny mordit sa langue, et s’avoua vaincue. Elle rappela qu’elle reviendrait pour parler avec Sofian lorsqu’il reviendrait de la salle de bain, et quitta la chambre.
— Et en vrai, il est où ? demanda Flora, inquiète.
Annick soupira.
— J’ai essayé de le résonner, mais pas moyen qu’il m’écoute. Je ne vous connais pas depuis très longtemps, mais je suis sûre que tu sais mieux que moi que personne n’arrivera à le convaincre de ne pas courir dans la gueule du loup.
— Oui, quand il s’agit de ses pokémons, il peut se révéler très stupide, soupira Flora, épuisée.
Le silence retomba, très vite brisé par une Annick mal-à-l’aise.
— Je vais aller avec lui.
— QUOI ?!
Cette fois, même Jessie avait l’air inquiet.
— Je ne peux pas me résoudre à attendre que la police retrouve Timmy, s’expliqua Annick en rangeant des affaires dans son sac à dos. D’autant plus qu’ils n’ont aucune piste et que Sofian est en train de partir seul. Autant être deux dans cette aventure. On sera plus discrets j’imagine qu’une ribambelle de flics mal organisés comme on a pu le voir cette nuit.
Au bord des larmes, la voix de Flora se perdit dans sa gorge alors qu’elle serait fort son amie coordinatrice dans ses bras.
— Ne t’en fais pas, je suis dresseuse depuis longtemps, j’ai survécu à bien plus risqué.
— Si tu vois quoi que ce soit de dangereux… tenta de prévenir Flora.
— …je plonge dedans les yeux fermés, promis.
Flora pouffa difficilement de rire et Annick relâcha l’étreinte. Elle croisa le regard de Jessie sans la moindre émotion et quitta la chambre.
Jessie soupira à nouveau.
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous n’avez pas encore fini de nous causer des problèmes ?
— Ce n’est pas moi qui vous cause des problèmes, en l’occurrence, se défendit Jessie. Tes amis aggravent la situation tout seuls. Courir vers la mort, ce n’est pas non plus la plus brillante des idées qu’ils aient eue jusqu’à présent. Et crois-moi, les idées stupides, ça me connait. Ils n’auraient jamais dû partir seuls à leur recherche sans savoir où se trouve leur planque.
— J’aurais bien voulu leur dire que vous saviez où se trouve la Team Magma, mais j’étais un peu menacée par vos pokémons que vous avez promis de lâcher sur moi si je lâchais le morceau ! Je ne sais même pas pourquoi je vous ai couverts, vous et vos deux acolytes.
— Parce que vous êtes aussi tétanisée par la peur que moi ! révéla Jessie. Moi aussi, j’ai été séparée de mes amis : Seviper, James, Miaouss. Et vu qu’on a essayé de doubler la Team Magma, je ne donne pas cher de leurs peaux quand leur patron comprendra ce qu’il s’est réellement passé.
— Vous l’avez bien cherché… marmonna Flora.
— On est dans le même camp, toi et moi. Et tu aurais dû convaincre tes amis de me faire confiance avant que tout ne parte en sucette et qu’ils partent seuls.
— C’est une blague ?! Vous êtes sérieuse ou complètement dérangée ? Vous faire confiance ! Après tout ce que vous nous avez fait ?! Après nous avoir manipulés à l’Auberge et cette nuit ?!
Jessie soupira et pouffa d’un rire nerveux.
— Aujourd’hui, vous avez vécu la pire journée de votre vie. Et ils n’étaient que trente. Imagine ce qu’il va se passer quand tes deux amis vont débarquer seuls dans leur base où tous l’attendent bras ouverts.
Flora retint son souffle.
— La Team Magma va n’en faire qu’une bouchée, révéla Jessie. Car si la Team Magma étend si bien sa terreur, c’est qu’elle parvient toujours à le faire dans la désunion.

Pokémon #201r