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No Human's Land : Vers un Avenir Meilleur de Serian Norua



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» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 09/08/2016 à 23:53
» Dernière mise à jour le 09/08/2016 à 23:53

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Humour   Science fiction

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Ch. 10 : Le but d'une vie

Cette journée restera dans ma mémoire comme une journée catastrophique. J'étais loin d'imaginer ce qui se passerait durant les heures qui suivirent, pourtant celles-ci allaient clairement changer notre vie.


Nous avions eu, enfin, la possibilité de nous reposer. La conquête était finie, et c'était désormais de nouveaux travaux qui nous attendaient. Comme l'avait bien dit Lufasa, nous étions les « présidents » du conseil. Je ne savais pas vraiment en quoi ça consistait, mais une chose était certaine : je ne pourrais tuer personne. Et en fait, il n'y avait plus personne à tuer, sachant que toute la ville était sous Volta. Enfin... l'état d'Irlvirne.

Ce nom aussi improbable qu'imprononçable désignait la nouvelle faction résultant de la fusion de Volta et Spectrae-Un. Cela ne voulait dire qu'une chose. Après avoir éclaté le Luxray, nous irions exploser ce Tyfon, pour ensuite nous attaquer aux Frères d'Argent. C'était ainsi que le monde fonctionnait, après tout.

Bref, comme à l'usuelle, le Voltorbe dont je ne connaissais pas le nom vint nous réveiller en toute douceur.

— Debout là-dedans !

Savait-il que nous venions d'être nommés à un haut poste ? Non ? Bon et bien c'était l'occasion de lui apprendre.

— Silence, microbe ! m'écriai-je.

Il me regarda avec étonnement, puis s'énerva.

— TU SAIS A QUI TU PARLES ?! beugla-t-il.

Finalement, être président du conseil avait un intérêt, et je comptais bien en profiter.

— C'est toi qui ne sais pas qui nous sommes ! Maintenant déguerpis avant que je le président du conseil (pour ne pas le répéter) ne te tue.

Pour illustrer mes dires, je lançai quelques feuilles tranchantes vers lui, qui l'éraflèrent avant de se planter dans le mur. Il semblait commencer à avoir peur, et je n'allais pas m'en plaindre. Finalement, grommelant quelques mots incompréhensibles, il sortit de notre chambre, nous laissant tranquille.

Cela mis à part, Lufasa souhaitait certainement nous voir. Cette pensée en tête, nous nous dirigeâmes dans la salle de combat, premier endroit dans lequel nous pourrions trouver le chef de la faction.

Sans savoir pourquoi, j'avais un très mauvais pressentiment. Je n'avais pas beaucoup dormi, cette nuit, étant trop occupé à songer à tout ce que nous avait dit le Luxray. Certes, ça m'était bien égal de savoir que lui et ses amis avaient décidé d'unir leurs forces, mais... Mais c'était ce que je pensais au début. Plus j'y réfléchissait et plus j'en venais à penser que c'était là une horrible nouvelle.

Si nous n'arrivions pas à détruire Volta rapidement, les forces de l'état d'Irlvirne seraient trop grandes pour que nous puissions les vaincre. J'étais un peu perdu dans tout ça, et je regrettais une chose : ne pas être plus fort.

La porte s'ouvrit devant nous, et comme je m'y attendais, Lufasa nous attendait là. Avec lui se trouvait un petit groupe de Pokémon, composé d'un Elecsprint, d'un Elektek, de deux Dynavolt, et de deux Magnéti.

— Vous voilà enfin, nous fit le chef. Approchez vite, nous n'avons pas beaucoup de temps.

Nous nous avançâmes, et à notre grande surprise, le groupe s'inclina. Voyant notre étonnement, le Luxray reprit la parole.

— Vous êtes présidents du conseil, ne l'oubliez pas. Ainsi, tous les habitants de la forteresse se doivent de vous obéir et de vous respecter.

— Ah... soufflai-je. C'est... c'est top.

— Quoi qu'il en soit, ne perdons pas plus de temps. Vous vous souvenez que hier, je vous ai dis que vous iriez rendre visite aux vagabonds ?

Nous acquiesçâmes, et il reprit.

— Nous n'avons pas grand chose à faire de quelques vagabonds inutiles, alors ça va être très simple. De la même manière que pour les factions, soit ils acceptent de se joindre à nous, soit ils refusent et vous les tuez. Compris ?

Une nouvelle fois, nous hochâmes la tête.

— Cependant, poursuivit-il, j'aimerais confier cette mission à ces soldats. Ce sont eux qui agiront, et quelle que soit leur décision ou leur façon d'agir, n'intervenez pas. Vous serez juste là pour les observer et me faire un rapport. C'est aussi compris ?

Je n'appréciais guère ce changement de situation. Premièrement, je n'aimais pas jouer les plantes vertes. Alors certes, j'étais vert et de type plante, mais cela importait peu. Maintenant que j'avais le pouvoir de faire changer les choses, je tenais bien à le faire. Deuxièmement, ces « soldats » avaient vraiment l'air stupides et impitoyables. J'imaginais bien que s'ils devaient user de la violence, ils le feraient. Au moins, je pouvais espérer que les vagabonds acceptent rapidement de se joindre à Volta.

— Oui, que nous répondîmes en chœur.

— Bien. Le groupe se trouve dans le centre commercial, au troisième étage. Le bâtiment ainsi que la zone sont bien gardés, il est impossible qu'ils puissent s'être échappés. Avez-vous une quelconque question avant d'y aller ?

Je levai la main.

— Oui. Maintenant que j'y réfléchis, pourquoi on doit superviser des soldats ? A ma connaissance si on devait examiner quelqu'un ce serait plutôt les membres du conseil, non ? Et même, si vous voulez que le travail soit bien fait et rapidement, il vous suffit de nous envoyer, Kishki et moi. En quoi est-ce que c'est nécessaire d'y envoyer des sbires ? Leur rôle n'est-il pas de servir de chair à canon pour les batailles ?

J'insistai bien sur ce fait, n'utilisant aucun mot réducteur. J'espérais ainsi semer le doute chez les Pokémon, tout comme provoquer Lufasa. Pourtant, aucun des sept ne bougea, comme imperturbables.

— Il est important, me répondit Foudrélec, de s'adapter à toutes les situations, pour un soldat. Certes, vous avez conquis la quasi-intégralité de la ville à vous deux, mais vous ne pourrez pas le faire éternellement. Lorsque nous prendrons d'autres cités, ce sera à tous nos soldats d'effectuer ce genre de tâches. Ensuite, tu me parles de chair à canon ? Pour moi, les seuls à remplir ce rôle sont ceux qui ne sont pas capables de se défendre correctement. Rien de plus.

Je soupirai, exaspéré. Ce Luxray savait vraiment quoi dire pour se défendre, c'en était rageant. Enfin qu'importe, du moment que je pouvais le tuer, au final.

— J'en ai une moi aussi ! s'exclama Kishki.

Surpris, je me retournai vers lui, et remarquai le sérieux installé sur son visage. Il était rarement dans cet état, et le connaissant, je me doutai qu'il allait lui poser la plus importante de toutes les questions, si ce n'était pas pour sortir un discours philosophique.

— Oui ? fit Lufasa.

— En tant que présidents, nous avons le droit de réclamer quelque chose au chef, n'est-ce pas ?

L'autre acquiesça.

— Dans ce cas-là, poursuivit le Pichu, je demande une chose : des pieds. Je veux pleins de pieds, en échange de cette mission.

Moi-même, j'en fus sidéré. Je tournai la tête vers le chef, pour le voir avec des yeux ronds. Wow. Sérieusement, la Minisouris venait de faire très très très fort, avec cette demande.

— Et... je suis censé les trouver où ? demanda Lufasa.

— Je veux ceux de Golcab ! Ahh... Pouvoir les avoir avec moi... Me frotter contre eux... Ils doivent tout de même être plus agréables que Michel !

— Mi...Michel ? osai-je.

— Oui ! Mon doudou actuel, le pied de Férosinge !

Par Arceus je n'en revenais pas. Il avait vraiment donné un nom à son pied ? Et puis...

— Pourquoi Michel ?! m'exclamai-je de surprise.

— C'était le nom de ma sœur, me répondit Kishki tout souriant. Du coup, je lui rends hommage.

Que dire à ça ? A vrai dire, j'aurais presque été moins surpris si Lufasa et Golcab avaient twerké tous les deux pour fêter la formation de l'état d'Irlvirne. Une sœur qui s'appelle Michel ? Un pied pour lui rendre hommage ? Grands dieux, tuez-moi, vite.

— Et... Les pieds de Golcab, tu les appelleras comment ?

— Flip et Flop ! Comme ça, ça fait Flip Flop !

Puis il se mit à rire, tout fier de ce qu'il venait de dire. Je regardai le Luxray, pour voir qu'il se mettait à suer. Je me serais bien prosterné devant mon ami, si ça avait pu le tuer, mais non.

— Bon bref ! fit sèchement Lufasa. Nous n'avons pas le temps pour ces idioties. Dépêchez-vous de vous rendre sur les lieux, je n'ai pas que ça à faire. Et n'oubliez pas, vous êtes là tous deux pour observer le groupe, pas pour agir.

Nous acquiesçâmes, et suivîmes les six Pokémon. Une fois dehors, je regardai autour de moi. C'était à la fois magnifique et terrifiant. En tous sens avaient été bâtis des passerelles, des portes, des tours de guets, etc. . La construction du grand mur se poursuivait au loin, et je pouvais voir que certains immeubles gagnaient encore en hauteur.

J'avais entendu dire que Volta souhaitait créer des zeppelins, véhicules volants humains dont les plans avaient été retrouvés. Ils étaient moins difficiles à faire que d'autres, appelés avions, et permettraient de relier les différentes villes de la région plus rapidement, tout en transportant des soldats et des marchandises.

Si cette ville n'avait pas été construite pour la conquête d'Hoenn, j'aurais trouvé ça incroyable. Enfin bon, je ne pouvais rien faire contre ce monde, c'était ainsi. Je tournai la tête vers Kishki, et remarquai son air attristé. Sans doute cela devait être à cause des pieds. Tout cela m'intriguait, il était temps pour moi d'en savoir plus.

— Euh Kishki ?

— ... Oui ? fit-il d'une toute petite voix.

— Tu le tiens d'où, cet amour des pieds ?

Le mot amour devait être bien choisi, mais j'avais tout de même hésité avec « adoration ».

— Je sais pas trop... Mais j'ai le sentiment que maintenant, les pieds me donnent de la force.

De la force ? Était-ce possible que cela puisse être à l'origine d'une émotion forte ? L'amour [des pieds] pouvait-il être le moyen pour Kishki de déclencher son flux spirituel ? Ce n'était qu'une hypothèse, il faudrait que je lui en reparle plus tard.

Le centre commercial n'était qu'à quelques rues de l'arène, c'était un grand bâtiment fait de verre, d'acier, et de béton – ce qui était habituel. Il devait comporter une dizaine d'étages, tous très hauts. Ainsi, même s'il ne surplombait pas toute la ville, il dominait une bonne partie des immeubles alentours.

Je m'étais demandé au début pourquoi Lufasa ne voulait pas déplacer le QG de Volta ici, mais selon lui, l'arène était un symbole. En plus de cela, il avait déjà prévu de la rénover, et ainsi de l'agrandir. A cela s'ajoutait le fait qu'il comptait également transformer le centre commercial en un camp d'entraînement, où tous les soldats pourraient taper dans des frigos jusqu'à s'en faire péter les os. C'était noble, comme intention.

Il souhaitait que l'arène devienne une tour, plus haute que n'importe quel bâtiment de la région. Je pouvais comprendre cette intention, après tout, comme ex-Lavandia serait la capitale de son royaume.

J'éprouvais parfois l'envie de m'accaparer cette ville, et d'y créer ma propre société. Tout était parfaitement fait, c'était un véritable bastion, la plus sûre de toutes les forteresses. Mais qu'en ferais-je ? Je n'en avais aucune idée, mieux valait arrêter d'y penser.

— Dis, tu penses qu'on a une chance de gagner ?

Sa question m'extirpa de mes pensées, et je le regardai, réfléchissant. Pouvions-nous gagner ? Je venais à en douter, après le désastreux combat contre Golcab. Certes j'avais été seul, mais mon adversaire aussi, nous étions donc à égalité.

— Je n'en ai aucune idée, lui répondis-je. Mais nous le devons.

Je m'arrêtai, et une seconde après, Kishki le réalisa et se stoppa à son tour, se tournant vers moi.

— Qu'est-ce qui se passe ? me demanda-t-il.

— Je me demande... Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il ne comprit pas où je voulais en venir. Je poursuivis donc.

— Si par miracle on se débarrasse de Volta, que va-t-on faire ? Toi peut-être que tu veux collectionner tous les pieds du monde, et moi tuer tous les Pokémon présents afin de les libérer de leur destin, mais ça ne nous mène à rien. Si nous gagnons, et prenons le contrôle d'ex-Lavandia, qu'est-ce qui va changer ? Au fond, nous ne ferons que prendre part au système pris en place par Altar...

Il soupira, et me regarda droit dans les yeux.

— Zalen... Est-ce que je peux dire ce que je pense ? Je veux dire, à propos de toi, de tes idées, et tout ?

Mon sang se glaça dans mes veines, et doucement, je hochai la tête. Si c'était l'heure des révélations, je pouvais m'attendre au pire.

— Bon, je vais te dire mon avis, fit-il. Déjà, nous sommes amis et partenaires, c'est indéniable. Tu m'as « sauvé », nous nous sommes entraînés ensemble, nous avons affronté les FéroGuerriers, et conquis ex-Lavandia. Mais malgré tout, tu m'énerves. Beaucoup trop.

J'écarquillai les yeux. Jamais je n'ai pensé que le gentil Pichu, toujours souriant, puisse un jour me dire cela. Il continua cependant.

— Tu m'as demandé pourquoi j'aimais les pieds, et je vais te le dire. La première raison, c'est parce que les pieds, c'est toute ma vie. J'ai grandi dans les pieds, été bercé par les pieds, ait mangé du pâté de pieds, ait fait des guirlandes de pieds, ait pris des bains de pieds, ait joué avec des pieds, et j'en passe. La deuxième, c'est parce que ça me permet de m'écarter de la réalité de ce monde. Oui, il est cruel, empreint de sang et de terreur. Me concernant, j'ai deux possibilités : ou me lamenter dans mon coin et rager contre tous les autres, ou penser aux pieds, qui sont ma source de bonheur. Moi aussi, j'ai perdu les membres de ma famille, mais pourtant, je ne me la joue pas « héros torturé qui ne sait plus où il est et nourrit une haine profonde contre tous les Pokémon ». Ça, c'est ce que tu es. Un coup tu veux te venger, un coup tu veux libérer les autres de leur destin. T'appelles ça une ambition ? Tu essaies juste de donner un sens à ta vie, et de te rendre fort ! J'en ai ma claque que tu passes ton temps à vouloir te venger ou tuer. Es-tu différent de Lufasa ? Oui, tu penses ? Bah je vais te le dire clairement : tu es encore pire. Lui, au moins, il assume qu'il veut conquérir tout Hoenn et tuer sur son passage, alors que toi, tu te caches derrière des intentions pseudo-nobles ou indiscutables. Et aussi, tuer pour tuer, ce n'est PAS noble ! C'est ridicule, plutôt ! Alors arrête de te prendre pour ce que tu n'es pas, arrête de penser à ta stupide vengeance alors que ton père est encore vivant, et va de l'avant ! Ah et aussi, oui toi tu as sûrement quelqu'un que tu aimes d'encore vivant. Moi, ce n'est pas le cas. J'ai tout perdu. Et je m'en plains, pourtant ? Non ! Alors qu'est-ce que tu veux, dans la vie ? Conquérir des régions ? Sauver le monde ? Vivre tranquillement ? Ouvrir une boulangerie ? Les deux derniers dépendent des deux premiers, alors le choix est vite fait. Et si tu veux sauver le monde, tu auras besoin de posséder chaque parcelle de terre, afin que des factions ne s'y forment pas ! Tu veux te débarrasser des Cardinaux ? Alors je t'aiderais volontiers ! Mais ne redis jamais que tu veux éliminer des Pokémon innocents parce qu'ils ont fait l'erreur de naître en ce monde. Si tu penses ça, tu n'as qu'à te suicider.

Son discours me fit un choc, comme si je m'étais pris un coup de massue sur la tête. Celle-ci me tournait, je ne savais quoi penser.

— M...Moi, sauver le monde ? C'est impossible ! Personne ne peut battre Altar, ou même Mei, Baron ou encore Vincede !

— Personne ne les a battus, en effet, mais ce n'est pas pour ça que personne a essayé ! Ce n'est pas comme si tu allais te transformer en mi-démon mi-Pokémon, par exemple, et les pulvériser en une semaine ! Ce genre de choses, ce n'est pas possible ! Alors, même si ça prends des mois, des années, tu pourras le faire ! S'il te faut vaincre chaque faction, conquérir chaque ville, et obtenir des pouvoirs terribles, tu n'auras qu'à le faire ! Et s'il te faut même créer ta propre faction qui aura la puissance de défier les Cardinaux, alors fais-le ! Je vois comme tu es ébloui par la forteresse de Volta, ça saute aux yeux ! Alors oublie tes soi-disant valeurs ridicules, et bats-toi ! Exauce tes rêves, même les plus fous !

Là encore, j'étais totalement perdu. Il me disait de renoncer à ce pourquoi je m'étais donné à fond jusque là, pour me trouver un nouvel objectif, encore plus fou ? Comment pouvais-je créer une faction, alors que je les détestais ?

Ou plutôt, la question, c'était : est-ce que je les haïssais vraiment ? Au fond de moi je n'en étais pas sûr. Kishki avait raison ; si mon père était toujours en vie, alors tout n'était pas perdu. Qui plus est, j'avais trouvé un nouvel ami, qui me comprenait, et avait eu un passé encore plus difficile. Songeant à cela, l'image de Colossaps me revint en tête. J'avais presque eu la vie la moins rude. C'était triste à dire, mais dans ce monde, c'était ainsi.

Néanmoins, en me fixant l'un de ces buts idylliques, j'avais une raison d'exister. Je saurais quoi faire après la défaite de Volta, et je pourrais le faire sans regret.

— Et tu n'es pas tout seul, continua Kishki. Nous sommes tous les deux dans la même merde, et nous sommes amis. Une fois que nous serons plus forts, le monde s'offrira à nous.

Pour la première fois de ma vie, je me sentis libre. Je levai la tête, observant le ciel bleu azur. C'était beau. Ce sentiment de liberté, il me redonnait des forces. Il me redonnait la force de réfléchir et d'agir.

— Bon... Et maintenant, fit le Pichu, qu'est ce que tu peux me faire comme reproches, toi ? Il faut bien qu'on soit quitte.

Je souris, et baissant la tête, le regardai.

— Je n'en ai qu'un seul à t'en faire, répondis-je. En fait, je te reprocherais de ne pas t'être rendu compte de ce qu'était ton sentiment fort. Tu l'as remarqué, ou pas ?

Il afficha des yeux ronds, soudain pris d'un intérêt pour ce que je venais de lui dire.

— Non ! fit-il en souriant. C'est quoi, alors ?

— Je dirais ton amour pour les pieds. La satisfaction qu'ils te procurent, c'est ça qui te regonfle à bloc. Certes, tu ne t'en es pas encore rendu compte, et tu n'y as jamais pensé en combat, mais je suis sûr que si l'occasion se présentait, tu le comprendrais.

Il hocha rapidement la tête, à plusieurs reprises. En fait, si ce que je pensais était vrai, je n'en serais pas étonné. Ce Pokémon, il avait un don pour la maîtrise des flux. Je m'en retrouvais embêté, mais j'étais content de l'avoir à mes côtés.

— Merci, dis-je. Merci de me considérer comme ton ami malgré tous mes défauts flagrants, et de m'aider à progresser, à aller plus loin.

— Ahah mais derien ! fit-il tout gêné. C'est normal, après tout ! Puis c'était plus un problème pour toi que pour moi, à vrai dire ! Mais du coup... Tu as trouvé un but ?

— Oui. Je vais tous les éclater, et protéger les créatures innocentes dans ma forteresse. Une fois que l'on aura vaincu Volta, on ira se débarrasser de Spectrae-Un et des Frères d'Argent, afin que Hoenn devienne notre île sans danger. Je sais que ça peut paraître niais, mais je suis bien décidé à faire bouger les choses. Si comme tu le dis d'autres ont essayé avant nous, alors nous n'avons qu'à les surpasser, et nous hisser au sommet !

— Et concernant l'idée de création de notre faction ?

— Euh... ça je vais y réfléchir, on verra plus tard !

En effet, il fallait que j'y songe. Ce n'était pas une décision à prendre à la légère, mais ça pourrait nous être utile. Je me tournai vers le centre commercial, pour voir que le groupe des six soldats était déjà entré.

Qu'est-ce qu'un être mal intentionné peut faire à des personnes sans défense ? J'imaginai toutes les possibilités, puis soudain...

— Il faut qu'on y aille ! m'écriai-je. Comme tu m'as dit j'arrête avec mon idée de sauver les Pokémon de leur destin, mais je garde en tête de tuer tous les enfoirés sur notre route ! Et qui sait ce qu'ils pourraient faire aux vagabonds !

Il hocha la tête, reprenant son sérieux. Nous nous élançâmes alors à la poursuite des soldats, afin de les empêcher de nuire. Devions-nous les éliminer ? J'en avais envie, mais stratégiquement, c'était une mauvaise idée. Nous n'étions pas encore prêts à affronter Volta, je le savais.

Nous passâmes les portes, et entendîmes des cris provenir de l'étage supérieur. Il y avait deux moyens de s'y rendre : emprunter les escalators en panne, ou sauter. Par manque de temps, nous choisîmes la seconde option, et nous propulsâmes vers le palier supérieur, où se trouvaient les six Pokémon électriques, faisant face à un groupe d'une trentaine de vagabonds. Il y avait là des Evoli, des Azurill, des Melo, des Pichu, des Ptiravi, des Psystigrix, et en tête un Pyroli. Nous nous posâmes entre les deux camps, et tournant les yeux, j'aperçus que tous les petits Pokémon tremblaient. Il en allait de même pour l'évolition, qui semblait prise de spasmes, malgré l'envie de protéger ses amis.

Et j'avais vraiment envie de tuer ça ? Des créatures inoffensives, ne désirant que vivre. A vrai dire, je l'avais déjà fait, avec le Ouisticram. Je serrai les poings, repensant à cet épisode. Je savais que je le regretterai à vie.

— Hé, écartez-vous ! s'exclama l'Elektek. C'est à nous de faire le boulot, vous êtes juste là pour nous observer !

Je l'ignorai et m'approchai doucement du Pyroli, qui pris de peur, recula. Mais ils étaient collés contre un mur, et ne pouvaient rien faire. Me baissant, je lui tendis ma main.

— N'aie pas peur, lui dis-je. Nous sommes là pour vous aider, nous ne vous voulons aucun mal.

L'Elecsprint s'approcha, suivi des deux Magnéti.

— Hé, to...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que mon poing chargé s'écrasa contre son crâne, le brisant en morceaux. Le choc provoqua un petit cratère dans le sol, suivi d'un deuxième largement plus grand, et des fissures en tous sens. La rage bouillonnait dans mon corps, c'était très étrange. J'avais l'impression de prendre feu, un feu qui me donnait de la force. Cela pouvait-il être... ma spiritualité ?

Je sentis ma peau se craqueler, et me touchant le bras, je remarquai qu'il était brûlant. La colère emplissait mon regard, je pouvais le deviner. Je me relevai, tournant le dos aux vagabonds. Je leur adressai toutefois un dernier message.

— Écoutez moi bien, fis-je. Si jamais quelqu'un vient vous dire de rejoindre une faction nommée Volta, faites-le sans hésiter. Autrement, vous risquez de mourir. Si nous ne parvenons pas à gagner notre combat, c'est ce qui vous attend. Mais dans ce cas-là, n'ayez crainte ; nous reviendrons, et vous libérerons.

Ma rage grandit encore d'un cran. Je me tournai vers mon partenaire.

— Hé, Kishki ! T'en as envie, des pieds de Golcab, hein ? Tu sais que si tu le tue, tu les auras tout pour toi ! Et si on gagne, t'auras même ceux de Lufasa, en prime ! Non, t'auras ceux de tous nos ennemis de la ville !

Il y eut un moment de flottement, puis je sentis une grande pression émaner du Pichu. Des étincelles bleues jaillissaient de son pelage, et il provoquait un souffle incroyable.

— LES PIEEEEEEDS !! s'exclama-t-il.

Une véritable colonne de foudre blanche l'entoura, s'élevant jusqu'au ciel. J'avais raison, il venait d'activer son flux spirituel.

— Alors allons éliminer ces deux enfoirés ! m'écriai-je.

Nous nous propulsâmes alors, catapultant à toute vitesse les soldats vers le mur, les transformant ainsi en de simples flaques de sang, puis nous détruisîmes cette même paroi, filant à travers les airs vers l'arène. Kishki était enveloppé dans sa colonne électrique, et pour ma part, je sentais toujours ce brasier brûler en moi. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Je n'en avais aucune idée, mais j'allais vite le découvrir.

En une fraction de seconde, nous percutâmes le toit de l'arène, le détruisant ainsi dans un nuage de fumée, avant d'atterrir dans la salle de combat, transformant le sol jaune en un cratère rocailleux. Devant nous se tenaient Lufasa et Golcab.

— Eh bien, fit le premier, quelle entrée spectaculaire. Votre mission est-elle terminée ?

— Kishki, observe bien les pieds de l'autre grizzli, et imagine-toi les câliner ! Ne l'oublie en aucun cas !

— Ouiiiiiii !! Des pieeeeeeds !!

Je m'adressai alors au Pokémon Brilloeil.

— C'est fini, Lufasa ! Nous arrêtons de jouer la comédie, il est temps pour nous de te tuer !

— Oh ? Me tuer ? Comme c'est touchant. Moi qui vous avait pourtant nommés présidents du conseil...

Je me redressai, et contemplai ma peau devenue rouge. Ma queue, quant à elle, ressemblait à une braise ardente. Je levai ma main, paume vers moi, et j'y fis apparaître une Green Tornado. Le vent vert avait laissé place à du magma tourbillonnant, et les feuilles à des roches tranchantes.

Et soudain, je laissai exploser toute la colère contenue en moi, pour que des flammes vertes et rouges apparaissent autour de moi. Pour une raison que j'ignorais, je maîtrisais l'élément feu. Enfin si, je savais à quoi c'était dû. Je venais d'activer mon flux de spiritualité.