Troisième race de Cinowen

Le sommeil avait été court pour Bastien.
Il avait passé toute la nuit a penser à ses parents. Comment allaient-t-ils réagir quand ils se rendraient que leur fils à disparu ? Et son père parviendrait-t-il à le retrouver avant qu'il ne puisse quitter les égouts ?
Mais, pour l'instant, ils n'étaient pas la seul préoccupation de l'adolescent. Les mots qu'avait prononcé Alphys la veille résonnaient encore dans sa tête. Ils allaient devoir faire passer sa disparition pour un enlèvement et c'est son corps qui allait devoir en faire les frais.
Le Mutant avait le sommeil agité et en dormant son corps s'était transformé tout seul, permettant à Bastien de déterminer son côté Pokémon. Une fourrure violette était apparut et avait poussé sur le corps d' Alphys tandis que ses cheveux avaient viré au rouge avec de très légères pointes violettes.

« - Un Zoroark...Quand il parlait de griffures, j'espère qu’il ne parlait pas de lui. »

Après quelques heures Bastien vit de la lumière apparaître sous la porte. Il se leva de son matelas et sortit de la chambre. Il tomba nez à nez avec Lena qui allumait un à un les néons accrochés au plafond.
Le système électrique ne pouvait pas être très développé et les circuits électriques n'étaient surement pas très long sous terre. La jeune fille utilisait une perche pour atteindre les interrupteurs collés juste sous les sources de lumières. Ces ampoules étaient ici le seul moyen d'éclairage car il n'y avait aucune faille qui permettait à la lumière du soleil d'atteindre le complexe.

« - Tiens, t'es réveillé ? Lâcha Lena.
- J'ai pas vraiment dormi.... Il est quelle heure ? Il n'y a pas de pendules ici ?
- Il n'y a que deux horloges dans ce bâtiment, une dans ma chambre et une dans le réfectoire. A cause du manque de courant on a pas vraiment les moyens d'avoir beaucoup d'appareils. Il est quatre heures du matin. 
- Quatre heures ? Wouah, tu te lèves tôt.
- Alphys est confiné dans sa chambre pour te surveiller. Mais en temps normal, à nous cinq, on fait des rondes toutes les nuits. 
- Hum... C'est déjà l'heure... Lança une voix très faible depuis la chambre où Bastien avait veillé.
- Ouais ! Debout fainéant ! Répondit un jeune homme en arrivant dans le couloir. »

Celui-ci devait avoir dans les dix-neuf ans. Il portait une chemise bleu aux carreaux blancs et un pantalon beige. Il portait un sac à dos bleu et une étrange paire de lunettes se dressait sur ses cheveux bruns.

« - Bon, Thibault est là. Alphys et toi vous êtes réveillés. Prime est déjà dehors en train de faire le tour de la ville. Il ne reste plus que Mike et Héléna. Allons les chercher. Thibault, amène-moi le sac de provisions que j'ai préparé dans le réfectoire ; et amène Bastien. Qu'on lui serve à manger avant qu'on commence... J'ai peur qu'on soit obligé d'être un peu violent. »

Rien que cette phrase remit Bastien dans un état d'angoisse. Il suivit le jeune garçon dans le couloir du complexe est arriva dans les cuisines. Mais au moment où il poussa la porte, les deux adolescents tombèrent nez à nez avec deux anciennes connaissances.
Le grand frère Pikachu était avec sa petite sœur. Celui-ci fouillait dans tous les placards et cherchait quelque chose. 

« - Qu'est-ce que vous faîtes ici vous deux ?! » Cria Thibault d'une voix grave et presque menaçante.

Les deux enfants avaient leurs côtés Pokémons d'exposés. Lorsqu'ils furent surpris par Thibault ils reculèrent instantanément et plièrent leurs longues oreilles, comme effrayés.

« - Répondez à ma question. Que faîtes-vous ici ? Les cuisines vous sont interdites.
- Désolé...C'est ma sœur.... Quand on est rentré hier on n'avait rien mangé... Et elle a vraiment faim là. Excusez-la. Elle n'y est pour rien. »

Le regard dur et froid du jeune homme changea instantanément suite à ses propos.

« - Il est vrai qu'il y a des règles a respecter ici. Le moindre faux pas d'un pensionnaire peut mettre tous les autres en danger... Mais la raison est valable et puis vous êtes nouveaux ici. Je pense que je peux vous pardonner.  »

Bastien attrapa un paquet de biscuits posé en haut d'une étagère et le posa entre les mains jaunes du garçon-Pikachu. 
A la vue du paquet, la jeune garçon ne fut pas réjouit et semblait grimacé.

« - Quelque chose ne va pas petit ?
- Euh... Je suis désolé mais ma sœur est allergique aux œufs. Es-ce que... vous auriez autre chose, s'il vous plaît ?
- Oui, bien sur. »

Thibault récupéra une pomme dans une panière de fruits et la posa dans les mains de la fille.

« - Me...Merci, dit-elle.
- Allez au lit maintenant ! Et évitez de croiser la route d'une fille rousse. Vous risquez de passer un mauvais quart d'heure si elle vous attrape. »

Le frère et la sœur passèrent devant l'adolescent mais s’arrêtèrent devant Bastien. Ils tendirent tous les deux leurs bras et Bastien se baissa et embrassa les deux enfants. La sensation que ressentit le dresseur fût indescriptible. Sans un mot et dans le silence le plus total, ce geste pourtant, sans réel signification, en disait plus qu'un long discours. Le câlin dura peut-être quelques secondes mais il semblait s'étendre sur plusieurs minutes.
Une fois l'embrassade terminée les deux Mutants quittèrent la pièce, laissant un Bastien troublé, la larme à l’œil. Le moment qu'il venait de vivre était d'une intensité impressionnante. Et cette fois, il venait vraiment de prendre conscience de ce qu'il avait fait. Bastien, dix-sept ans, dresseur amateur de Pokémons, avait sauvé la vie de deux êtres. 

« - Ça va aller ? Demanda doucement le Mutant. »

Bastien ne répondit pas.

« - Lena m'a dit que si tu t'étais retrouvé avec nous c'est a cause de ta curiosité. Tu voulais savoir à quoi on ressemblait et voir également de quoi on était capable. Pour te remercier d'avoir sauvé ces deux là et j'aimerais te remercier à ma manière. Ce n'est pas grand chose mais j'espère que ça contentera ta soif de connaissance. »

L'adolescent ouvrit le robinet d'un évier dont il boucha le trou avec un bouchon et laissa l'eau couler. 
Thibault mit la paume de sa main au dessus de l'évier. D'un seul coup ses cheveux commencèrent à se bleuter et l'eau contenu dans la robinet commença à se soulever et se mit à léviter autour du Mutant. L'eau se tordit dans l'air et semblait obéir aux étranges gestes que faisaient Thibault. 

« - Wouah ! »
Des sphères d'eau se formèrent autour de lui et se mirent à flotter autour de sa main. 

« - T'es moitié quoi ? Demanda Bastien avec un ton de voix encore un peu bouleversé.
- Je suis le Mutant d'un Carabaffe. Répondit t-il en continuant de jouer avec les sphères aqueuses.
- Un Carabaffe ? Alors je ne m'y connais pas du tout sur vous mais les Carabaffes normaux ne peuvent pas faire voler de l'eau. C'est quand même sacrément surprenant.
- En faîtes, contrairement aux Pokémons, nous pouvons être les enfants de deux "races" différentes à condition que les parents soit du même type. En gros, pour mon cas, ma mère était une Mutante-Tortank et mon père un Mutant-Akwakwak. »

Bastien ne releva pas quand son camarade employa les mots "était". Il était possible qu'il soit arrivé quelque chose a ses parents mais le jeune dresseur n'osait pas demander.

« - Deux Pokémons eau. Je crois comprendre... et du coup t'as les pouvoirs des deux ?
- Comme tu peux le voir.
- Et tous les "enfants-croisés", excuse moi du terme, ont les pouvoirs de deux parents ?
- Non, "les croisés" comme tu viens de dire, n'ont normalement que les capacités de leurs mères mais dans certains cas un "surdéveloppé" né.
- Un surdéveloppé ? Donc tu en es un.
- Exact. Un surdéveloppé ne peut naître que de parents de race différente. On a les pouvoirs des deux MAIS en contre-partie, et comme tu peux le voir sur ma tête, une partie de notre corps se transforme instantanément dès qu'on commence à s'en servir. Pour ma part ce sont mes cheveux mais il arrive des fois que ce soit les yeux ou la peau.
- Je vois et, je parle dans le cas général, vous pouvez vous transformer entièrement en Pokémon ?
- Oui et non. Les surdéveloppés peuvent le faire naturellement mais pour les autres c'est soit impossible, soit extrêmement dur.
- Ça à quand même l'air génial de pouvoir se transformer en Pokémon. Continua Bastien en s'approchant des boules d'eau que Thibault s'amusait a bouger dans toute la pièce.
- C'est surtout très pratique qu'on on veut être discret. Après il y à d'autres façons pour nous d'améliorer nos talents, hormis avec de l’entraînement. En faîtes... »

D'un coup la porte de la cuisine, qui avait été fermée par les deux enfants s'ouvrit violemment et Lena entra à l’intérieur. Derrière elle, Alphys qui était vêtu d'habit propre et de couleur noir, se tenait debout contre le mur et détournait le regard de Bastien.

« - Ah, vous êtes là tous les deux ! On vous attend je vous signal ! Cria une voie féminine en rentrant dans la pièce.
- Oups, désolé Lena. Je donnais un petit cours à ton ami avant son départ.
- Merci Thibault. Lâcha-t-elle simplement. Allez Bastien, j'espère qu'on t'a expliqué ce qui t'attend. J'aime pas faire ça, mais malheureusement on a pas vraiment le choix. Alphys, comme d'habitude tu commences. Je veux des griffures sur tout le visage et quelques-unes sur le torse. Et tant pis si ça saigne. Désolé Bastien, mais c'est le seul moyen de te rendre ta liberté.

La main d'Alphys changea de forme et prit la forme d'une griffe rouge et une fourrure violette poussa le long de son bras.

« - Bon commençons. Serre les dents Humain ! »

L'adolescent s'avançait avec son bras "mutanifié" sous les yeux d'un dresseur terrifié.

- Non... Non... Attends.. Dit-t-il en reculant jusqu'à arriver dos à un mur.
- Allez arrête de faire l'enfant. On a pas le temps !
« - Je...Je...Je veux venir avec vous ! Cria Bastien en fermant les yeux. »

Le cri imposa un silence dans la pièce. Héléna, qui avait accompagné les deux autres gérants, se mit entre Alphys et Bastien et s'adressa à lui avec une voix très calme.

« - Bastien, regarde-nous et regarde toi. Tu as tous pour réussir dans la vie. Alors que nous, il suffirait de mettre un pied dehors en nous montrant sous notre vrai jour pour finir derrière des barreaux. Alors s'il te plaît laisse les partir. Ils font ça pour ces enfants, pour leur offrir enfin un moyen de vivre une vie normal et peut-être pour certain de retrouver leurs parents. Un humain comme toi ne peut pas les accompagner.
- Mais je peux vous être utile. Vous l'avez vu ! Je sais me battre et je sais comment fonctionne le S.A.M et...
- Bastien... Arrête s'il te plaît.
- Mais... »

Le dresseur regarda les yeux de la fille-Xatu et comprit qu'il ne pourrait pas les faire changer d'avis. Il se résolut alors à subir le traitement d'Alphys pour préserver le secret du complexe.

« - Je suis désolé...Tu peux y aller. Dit-il en fermant les yeux.
- ATTEND ! Cria Lena.
- Quoi encore ?! S'exclama le Mutant énervé d'être constamment interrompu
- Bastien n’a peut être pas tort.
- Comment ça ?
- Tu veux qu'il nous accompagne ? Ça serait bien trop dangereux ! Je te rappel que beaucoup de gens pourraient reconnaître son visage.
- Je suis d'accord. Mais réfléchissez-y. Il n'y a pas que des inconvénients à le faire voyager avec nous. Premièrement, il sait se battre et peut nous être utile en cas de conflit et secondement, il peut être un moyen de négocier assez utile en cas d'escarmouche.
- Explique-toi.
- Nous savons tous ici que la famille de Bastien travaille pour le S.A.M et que, peut importe ce qui va se passer, ils vont, du coup, mettre des spécialistes sur l’enquête. Du coup des enquêteurs vont vraiment fouiller la ville. Si on arrive à donner une preuve qu'il est encore en vie depuis une autre ville on pourra sécuriser le complexe. En plus s'ils remettent la main sur Bastien j'ai peur qu'ils utilisent de lourds moyens pour obtenir des informations.
- Dans ce cas, on fait quoi ? Demanda Thibault.
- Je n'arrive pas à savoir si oui ou non c'est un bonne idée de l'amener. Nous sommes quatre. Si deux d'entre nous s'opposent à cette décision, il ne viendra pas. Pour ma part ce sera oui, même si on ne se parlait beaucoup au lycée, je ne peux pas laisser une personne que je connais depuis autant de temps dans le danger...
- Je vote oui aussi. Reprit Héléna. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle là. Je suis d'accord pour éloigner ton ami le plus loin possible du complexe.
- Alphys ?
- Non, je m'oppose à cette décision. La route va être longue et le fait de transporter un humain qui va vraiment être recherché est trop dangereux. Et puis je peux le surveiller si vous avez vraiment peur qu'il parle. Donc c'est non.

Le caractère froid du Semi-Zoroark surprit un peu Bastien mais il le comprenait. Ce qui se décidait maintenant était assez important.

« - Bon, la décision te reviens Thibault. »