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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 23/07/2016 à 21:16
» Dernière mise à jour le 14/12/2017 à 17:54

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre -24 : Troubles
« Alors ça y est ? T'as réussi à lui dégoter un rendez-vous ? » lança Lina en croisant les bras.

Elle faisait face à son père adoptif dans son bureau. Dans un coin de la pièce, le Grahyena du Rex, Loki, dévorait la carcasse d'un petit Pokémon. Pour entretenir l'agressivité de son compagnon, le Rex ne lui donnait que de la viande sanguinolente à manger.

L'homme le plus puissant de la surface était assis à son fauteuil, un verre de whisky à la main. Il semblait préoccupé.

« Oui. Ça n'a pas été simple. J'espère que tu es consciente des efforts que j'ai dû faire.
- Merci de t'être donné tant de mal pour sauver ta fille malade, papa, rétorqua Lina.
- Épargne-moi ton ironie, jeune fille. Je ne suis pas sûr que même eux trouvent quoi que ce soit.
- Comment est-ce que ça se passe ? Comment est-ce que tu vas nous faire monter là-haut ?
- Nous ? répéta le Rex en fronçant les sourcils.
- Tu crois peut-être que Stasie acceptera d'être accompagnée par quelqu'un d'autre ? Si c'est le cas, tu la connais bien mal. Elle panique si je la laisse seule avec des inconnus. »

Le quarantenaire fit tourner sa boisson d'un air pensif, avant d'acquiescer.

« Très bien. Tu as vingt ans, après tout, il va être temps que tu apprennes à participer à des opérations plus ambitieuses. Je pourrai te faire monter aussi, si tu sais te tenir.
- Si je sais… me tenir ?
- J'ai fait admettre Stasie dans une clinique privée. Les gens qui vont se faire soigner là-dedans font preuve d'un certain… standing.
- Ah.
- Ça n'a pas été facile, tu sais. Il a fallu que je graisse la patte à un employé du service des archives pour qu'il change le dossier de médical d'Anastasia afin de lui donner un faux nom et de prétendre qu'elle vient de la ville haute. Ensuite, il a fallu que je donne un pot-de-vin au médecin de la clinique pour qu'il accepte le dossier et la fasse passer devant ses autres patients. Les délais d'attentes des centres thérapeutiques de la ville haute sont normalement de plusieurs mois. J'ai pris de gros risques, et il est hors de question que tout tombe à l'eau si tu ne sais pas te comporter convenablement.
- Comment est-ce que tu comptes nous faire monter ?
- J'ai trouvé un hacker, l'un de ceux qui travaillaient pour la Résistance. Il les a quitté quand les Elitiens ont coffré ses collègues, mais il est encore actif. Et foutrement cher. Il est capable de pirater les détecteurs rétiniens du point de passage. Il pourra vous faire passer.
- Et donc comment ça va s'organiser ?
- Anastasia est admise dans la clinique d'Amplizen, sous le nom d'Anna Rozon. Je vais envoyer quelqu'un qui connaît bien la ville haute avec elle.
- Pourquoi pas Edge ? Stasie le connaît un peu.
- Edge est trop voyant. Il sait se servir d'une arme, mais il faut quelqu'un de discret capable de jouer le jeu, et non pas un chauve tatoué dont la moitié des Elitiens connaît le visage.
- Qui, alors ?
- Moi. » fit une voix légèrement familière.

Lina se retourna et reconnut la femme qui venait d'entrer dans le bureau. C'était la trentenaire au visage austère et aux cheveux noir corbeau qui les avait accueillies quelques jours plus tôt, lorsqu'elles étaient arrivées dans la planque temporaire.

Edge version fille, pensa la jeune fille.

« Je te présente Elizabeth Rozon, la mère d'Anna pendant tout la durée de l'opération, lança le Rex.
- Ok. Et c'est quoi, votre vrai nom ? questionna Lina.
- Elizabeth Rozon, répéta la femme d'un air impassible.
- Ah.
- Son vrai nom n'a aucune importance. Si tu l'ignores, tu ne risques pas de le divulguer par erreur, reprit le Rex. Elle connaît la ville haute, elle vous aidera à traverser le point de passage et vous guidera jusqu'à la clinique. Tu la laisseras parler, et tu feras ce qu'elle dit. Toi, tu es là pour t'occuper de Stasie. Si elle panique, elle risque de tout faire foirer.
- Et moi, je joue qui, dans l'histoire ?
- La grande sœur d'Anna. Trouve-toi un nom, ça n'a pas grande importance. Ils n'iront pas fouiller dans les archives pour vérifier si vous existez ou pas. Les cliniques privées comme Amplizen sont très appréciées pour ne pas poser de questions.
- Pourquoi la grande sœur, et pas simplement la jumelle ?
- Pour que personne ne puisse vous identifier comme les deux jumelles que le Rex a adoptées, rétorqua le quarantenaire. Il est hors de question de laisser mes ennemis se servir de vous pour remonter jusqu'à moi. Tu t'habilleras correctement et tu te vieilliras un peu avec du maquillage, ça devrait suffire.
- Et si on doit y retourner ? On ferait bien d'avoir une histoire qui tient debout, non ? demanda Lina.
- Pour l'instant, elle va juste passer une batterie d'examens pour voir ce qu'elle a. Si jamais un traitement régulier doit se mettre en place, on révisera le plan. En l'état actuel des choses, vous l'emmenez là-haut, vous passez la journée à la clinique, vous écoutez le diagnostic et vous redescendez. C'est tout. Pas de zèle. »

Lina grommela, mais s'abstint de tout commentaire. La menace du Rex à la fin de leur dernier entretien résonnait encore dans sa tête.

La prochaine fois que tu me parles encore sur ce ton, je te tue.

« Le rendez-vous est fixé à demain, 9h30. Je compte sur toi pour te trouver des fringues dignes de la ville haute, et aussi expliquer à Stasie ce qui va se passer, ordonna le Rex. Des questions ?
- Non.
- Bien. Je vous laisse voir les détails entre vous. Ce sera tout. »

~*~
Lina marchait d'un pas rapide dans la rue, essayant d'ignorer les regards méfiants, voire jaloux, qu'elle s'attirait.

Comme le Rex lui avait demandé -et avec l'aide de "Elizabeth", qui lui avait fourni ce dont elle avait besoin- elle s'était habillée à la manière des gens d'en-haut. Elle portait un tailleur sobre mais classieux, qui valait plus que le salaire moyen à la surface. La jupe dont elle était vêtue la mettait profondément mal à l'aise ; elle gênait ses mouvements, et Lina avait horreur de ça. Sans parler du maquillage.

Anastasia marchait à ses côtés, vêtue d'un jean et d'un chemisier chic mais moins voyants. Sa jumelle avait eu beaucoup de mal à comprendre où elles allaient, et pourquoi il fallait s'habiller ainsi. Mais quand Lina lui avait promis que les médecins trouveraient enfin un remède, la jeune fille s'était laissée faire. Elle avait cependant insisté pour donner son ruban noir à sa sœur.

« Il te va bien ! » avait-elle expliqué avant de le nouer dans les cheveux d'une Lina exaspérée.

Après quelques minutes de marche dans le centre-ville, les deux jumelles parvinrent au point de passage. Prenant la main de sa sœur, qui commençait à paniquer au milieu de tant de gens, Lina franchit la porte à tourniquet et se retrouva dans le hall.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds ici. Elle sentit aussitôt son cœur rater un battement en voyant que l'endroit était bondé d'Elitiens, de portiques de détection et de drones de combat. La pièce était un gigantesque labyrinthe de barrières servant à endiguer la marée de gens qui s'entassaient près des guichets, tentant vainement d'accéder aux portes d'embarquement.

On ne va jamais passer, se dit Lina avec effroi. Qu'est-ce qu'on est en train de faire ? On va se faire arrêter.

« Vous êtes en retard. » murmura soudain une voix derrière elles.

Lina se retourna brusquement et se retrouva face à la femme qui était censée jouer le rôle de leur mère. La chose avait été incroyablement difficile à expliquer à Stasie, mais Lina avait finalement réussi à convaincre sa sœur que "Elizabeth" était une amie et qu'elle n'avait pas à se méfier d'elle.

« Dites-ça à la Résistance. Les métros circulaient tous les quarts d'heure. Merci les grévistes, rétorqua Lina.
- Dépêchons-nous, répondit simplement l'agent du Rex en avançant vers une file d'attente.
- Vous êtes sûre que ça va marcher ? s'enquit la jeune fille en entraînant Stasie à leur suite.
- Mais oui. »

Le hacker que le Rex avait dégoté était censé avoir rentré leurs iris dans la base de données du point de passage, sous de faux noms bien sûr. Pourvu qu'il soit aussi bon que le Rex le prétendait. Lina avait rarement été aussi stressée.

Que feraient-elle si le détecteur ne marchait pas ? Si Stasie les trahissait ? Elles seraient arrêtées, jugées pour tentative de fraude, condamnées à une amende qu'elles n'avaient pas les moyens de payer. Si elles étaient jugées tout court. Avec le nombre de Résistants qui s'infiltraient dans la ville haute dernièrement, les Elitiens devaient être à cran. Ils n'allaient certainement pas faire dans le détail.

La file d'attente choisie par Edge version fille ne menait pas à un guichet, mais directement à un scanner rétinien, encadré par de nombreux Elitiens. Ce couloir était réservé, comme le comprit Lina en étudiant ceux qui l'empruntaient, aux habitants de la ville haute qui faisaient le trajet régulièrement et ne souhaitaient pas être importunés par l'attente.

En effet, la file avançait vite, et bientôt, elles se retrouvèrent près du détecteur rétinien. Lina, mal à l'aise, n'osait pas regarder directement les Elitiens. Comme la plupart des habitants de la surface, elle associait ces derniers aux multiples altercations musclées et abus de pouvoirs qui avaient lieu lors des descentes, et ressentait instinctivement une animosité toute particulière à leur égard.

Stasie, elle, les regardait béatement, impressionnée par ces hommes et ces femmes en armure matelassée, arme au côté. L'un d'entre eux la regarda en fronçant les sourcils, et elle lui fit un petit coucou de la main, comme l'enfant qu'elle était intérieurement. Voyant la scène, Lina tira doucement sur le chemisier de son handicapée de sœur et lui marmonna entre ses dents de rester discrète.

Comme l'Elitien les regardait toujours d'un air suspicieux, Lina lui décocha son plus beau sourire, s'efforçant de paraître naturelle.

Trop suspecte. Trop bizarre. Il va te griller. Il t'a grillée. se dit-elle, paniquant intérieurement.

L'agent du Rex passa sous le portique de sécurité, et se plaça face au détecteur rétinien – un poteau à hauteur d'homme, d'où jaillit un faisceau lumineux.

« Elizabeth Rozon. Accréditation valide. » dit une voix robotisée.

L'Elitien posté derrière le détecteur, qui regardait un écran de contrôle où s'affichaient les informations de chaque individu scanné, acquiesça sèchement, signe qu'elle pouvait passer. La femme avança donc, et se retourna vers les deux jumelles. Lina, rassurée à l'idée que leur "mère" soit passée sans encombres, poussa doucement sa sœur vers le détecteur.

« Mets ton œil devant le poteau, ma chérie, d'accord ? Ça ne fait pas mal. » murmura-t-elle

Stasie, hésitante, obtempéra finalement et s'avança. Devant son hésitation, l'Elitien qui les suivait déjà du regard murmura quelque chose à leur voisin. Du coin de l’œil, Lina crut en voir un porter la main à son arme. Elle retint son souffle.

« Anna Rozon. Accréditation valide. »

Anastasia ne réagit pas, et se retourna vers sa sœur, interloquée.

« Vous pouvez y aller, mademoiselle, dit un Elitien d'un ton sec.
- Mais Anna Rozon, c'est pas mo… commença Stasie.
- Viens, ma chérie, intervint soudain "Elizabeth" en la prenant par la main. Laisse ta sœur passer. »

Stasie se figea au contact de sa prétendue mère. Lina retint une grimace. Sa sœur détestait qu'on la touche, surtout quand il s'agissait d'étrangers. Par miracle, Anastasia ne se braqua pas et se laissa éloigner du détecteur, jetant un regard inquiet à sa sœur.

Lina s'empressa elle aussi de passer son œil devant le scanner, s'efforçant de ne pas cligner des paupières.

« Emilie Rozon. Accréditation valide. »

L'Elitien lui fit également un signe de tête, et Lina s'empressa de rejoindre les deux autres. Elle attrapa la main de sa sœur et la tira pour avancer, sous les regards méfiants des Elitiens.

Ils se doutent de quelque chose.

Et pourtant, personne ne les arrêta. Le cœur de Lina battait la chamade. Serrant toujours le poignet d'Anastasia, elle l'entraîna vers les portes d'embarquement, qu'elles franchirent en sentant la méfiance des Elitiens dans leur dos.

Elles marchèrent dans un tunnel aux parois sales, au bout duquel se trouvait une capsule pneumatique. Ce n'est que lorsque les portes transparentes se refermèrent derrière elles que Lina souffla. Elles étaient passées.

~*~
A travers les parois transparentes de son ascenseur, Will assistait à la fin du monde.

Tout autour de lui, les gigantesques immeubles de verre et d'acier s'effondraient au ralenti. Voir ces monstres d'architecture tomber ainsi, tandis que les passerelles rompaient et que les gens étaient projetés dans le vide abyssal, conférait à la scène un aspect surnaturel.

Le ciel était en feu.

Une partie de son esprit comprit qu'il s'agissait encore du même rêve, et Will s'arracha à la contemplation de l'apocalypse pour reporter son attention sur les portes. Bientôt, elles allaient l'ouvrir, il le savait.

Elles allaient s'ouvrir sur un couloir froid où coulait le sang, et il fallait absolument qu'il découvre ce qu'il y avait derrière la porte au fond de ce corridor…

Avec une sonnerie caractéristique, l'ascenseur s'arrêta. Dans un éclair de lucidité, Will pensa à regarder le numéro de l'étage. 62ème sous-sol.

Il ne se demanda pas comment il pouvait se retrouver en sous-sol alors qu'il était au-dessus de la mer de nuages deux secondes plus tôt.

Le long des parois froides et opaques, un sang poisseux coulait, lui arrivant jusqu'aux chevilles. A nouveau, Will essaya d'avancer vers la porte du fond, luttant encore et toujours contre le courant qui essayait de le repousser vers la cabine d'ascenseur.

« Diane ? » appela-t-il.

Il entendit quelqu'un l'appeler – une voix féminine qui provenait de derrière les portes. Ressentant soudain une impression de panique qu'il ne s'expliquait pas, Will se mit à courir.

Au moment où il ouvrit les portes, un flash de lumière l'aveugla, et tout disparut.


~*~
Will se réveilla en sueur. Encore ce rêve ?

Il jeta un œil à son réveil. Neuf heures passées. Au pied de son lit, Fenrir dormait paisiblement. Le détective était passé au Centre Pokémon dès que les médecins lui avaient assuré que ses poumons étaient intacts et qu'il pouvait quitter la clinique. Il s'était inquiété pour son compagnon de toujours, mais l'Arcanin n'avait quasiment rien.

Le détective avait essayé d'obtenir des nouvelles de Tia, mais elle avait été transférée dans une clinique d'Amplizen et mise sous surveillance intensive. D'après les médecins, les jours de la jeune femme n'étaient pas en danger, mais elle allait devoir passer quelques temps alitée. Le Chancelier lui-même s'était déplacé pour rendre visite à sa fille en urgence. Will n'avait pas voulu déranger, et s'était abstenu de rendre visite à sa protégée. Il avait préféré rentrer chez lui, et pour la première fois depuis qu'il avait commencé son travail de garde du corps, il s'était vraiment reposé.

En grommelant, Will se leva et se dirigea vers la salle de bains. Il n'était pas étonnant qu'il ait du mal à dormir. Après tout, il avait survécu de justesse à un attentat terroriste.

A la clinique, on lui avait proposé de mettre un place un suivi post-traumatique, comme c'était la coutume pour les victimes d'attentat. Will avait refusé. Il avait passé suffisamment d'examens psychologiques ces derniers temps.

Peut-être qu'il aurait dû accepter. Le psy aurait probablement été en mesure de lui expliquer cet étrange rêve qu'il faisait.

Après s'être passé de l'eau sur le visage pour se réveiller, le détective versa des croquettes à Fenrir, se prépara un café et s'installa dans son canapé avec sa tasse fumante, pensif. Depuis sa discussion avec Garvin, Will n'avait cessé de se repasser en boucle les événements de la veille, persuadé que quelque chose clochait avec cet attentat.

A l'époque où il était Elitien, Will avait appris à faire confiance à son instinct. Son intuition l'avait souvent tiré de mauvais pas, et il s'était découvert un talent pour résoudre les affaires complexes, un talent qui aurait dû le promettre à une carrière éclatante. Même une fois devenu détective privé, Will avait continué à faire montre d'une perspicacité qui lui avait valu le respect du Rex, qui faisait souvent appel à lui pour les enquêtes nébuleuses.

Là encore, son instinct lui soufflait que cet attentat n'était pas le fait de la Résistance. Mais qui, alors ? Qui pouvait vouloir causer du tort à la ville haute et au régime de Taylor, sinon les rebelles de la surface ?

Avec un grommellement, Will frappa dans ses mains, réveillant l'assistant personnel de son appartement.

« Bonjour, monsieur Stelmar. Il est actuellement 09h17. Que puis-je pour vous ?
- Donne moi les dernières nouvelles, ordonna l'ex-Elitien. Filtre et ne garde que ce qui concerne l'attentat d'hier.
- Connexion à Omnews. D'après les premiers éléments de l'enquête, le terroriste, qui a fait 27 morts et 45 blessés, était originaire de la surface, annonça la voix robotisée. L'Officier Frank Riviera a, dans une déclaration de ce matin, annoncé que les Elitiens avaient reçu une vidéo de la Résistance revendiquant l'attentat.  »

Will tiqua. Vraiment ? S'était-il donc trompé ?

« Trouve-moi cette vidéo.
- Erreur. Aucune vidéo correspondante trouvée. Pour éviter la propagation d'images choquantes, le Commissariat ne l'a pas rendue publique.
- Évidemment, pesta Will. Continue.
- Le Chancelier Taylor a d'ores et déjà annoncé la prolongation de l'état d'urgence voté par les sénateurs il y a quelques mois. Face aux accusations des conservateurs lui reprochant de ne pas avoir déployé toutes les mesures de sécurité nécessaires pour faire face au terrorisme, le Chancelier a rappelé que le gouvernement devait rester uni dans cette période de crise. Il a déclaré qu'il serait intransigeant envers la Résistance et ses revendications, et qu'il avait déjà ordonné de doubler les effectifs d'Elitiens aux points de passage. Les sénateurs sont actuellement en train de débattre d'un projet de loi permettant d'instaurer un certain nombre de mesures de sécurité destinées à protéger la population. Le texte est encore en discussion mais certains points, comme l'instauration d'un couvre-feu, le renforcement des contrôles d'identité et la possibilité pour les autorités d'interdire certains regroupements de population jugés à risque font déjà consensus, tant auprès des représentants que de la population. »

La voix continua quelques secondes sur les retombées politiques de l'attentat, avant que Will, qui ne s'intéressait guère à ce genre de sujets, ne lui ordonne de se recentrer.

« Assez avec l'attentat. Parle-moi du reste.
- Les grèves à la surface s'intensifient. De nombreuses usines de la périphérie ont cessé de tourner, et plusieurs syndicats bloquent les raffineries du bassin pétrolier. Ces collectifs exigent que le gouvernement rehausse le salaire minimal de la surface, et bien qu'ils démentent tout lien avec la Résistance, plusieurs de leurs leaders sont suspectés d'être des sympathisants de la cause rebelle. Des perturbations dans le domaine des transports sont également à prévoir. Plusieurs actes de vandalisme ainsi que des agressions contre des Elitiens ont été enregistrées, et une manifestation hier matin a dégénéré en affrontement avec les forces de l'ordre. Un groupe de Dresseurs encagoulés ont enfreint la loi en utilisant leurs Pokémon contre des Elitiens, causant un mort et seize blessés. Une enquête est ouverte pour savoir si ces malfaiteurs étaient des membres de la Résistance.
- Combien de personnes dans la rue ? interrogea Will.
- Cinquante mille d'après le Commissariat, près d'un million selon les chiffres du syndicat. »

Des chiffres aussi absurdes l'un que l'autre, pensa le détective. Comme d'habitude, la vérité devait se situer quelque part au milieu. Peu importe le montant exact, il ne ferait que croître.

Las, il termina son café et ordonna à l'assistant domestique de se mettre en veille. Il se leva de son canapé en s'étirant, jeta un nouveau coup d’œil à sa montre, puis soupira. Ne sachant trop que faire, il s'habilla et déjeuna, pendant que Fenrir s'éveillait lentement.

Will mit un certain temps à se rendre compte qu'il s'ennuyait. Il était censé protéger Tia, mais maintenant que la jeune femme était dans une chambre d'hôpital, il n'avait plus rien à faire, à part attendre. Pourquoi est-ce que cela l'impactait autant ? D'habitude, il n'aurait pas dit non à une ou deux journées de congé payés. Pourquoi son boulot de garde du corps lui manquait-il ?

Ou alors, était-ce plutôt celle qu'il était censé protéger qui lui manquait ? A cette pensée, il grimaça. Certainement pas. Elle incarnait un monde de privilégiés et d'ingrats, un monde qu'il avait fréquenté jadis, et qu'il détestait aujourd'hui.

Et pourtant…

Et pourtant, il y avait quelque chose d'intrigant chez Tia. Derrière cette façade de sourires enjôleurs, il y avait une intelligence que Will appréciait. La jeune femme avait de la conversation, et plusieurs fois, elle avait fait preuve de traits d'esprits qui avaient arraché un sourire au détective, ce que peu de personnes avaient réussi à faire depuis la mort de Diane. Il n'avait même pas passé une petite semaine en sa compagnie, et pourtant, il s'était déjà habitué à sa répartie, à ses piques pleines d'humour et de malice.

Il s'était habitué à sa présence, tout simplement.

A cette pensée, Will grimaça. Il était en train de s'attacher. Et ce n'était jamais bon.