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Freeze de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 07/07/2016 à 13:42
» Dernière mise à jour le 07/07/2016 à 20:11

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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029 - The true face of a Joker
Le groupe quitta l'hôtel tôt le matin, aux alentours de sept heures et demie, pour pouvoir aller le plus loin possible avant la tombée de la nuit. Dans la voiture conduite par Will, l'atmosphère était glaciale. Walter tentait tant bien que mal de s'occuper en analysant la carte routière fournie avec la voiture ; Linda, fuyant le regard de l'assassin assis à sa droite, observait nerveusement le paysage composé d'immeubles noirs qui défilait ; Ethan, l'air plus fatigué que jamais, somnolait, tandis que Liz et Edward tentaient tant bien que mal de faire une partie de cartes, n'ayant rien de mieux à faire.

Si la pirate informatique se méfiait, à juste titre, du rouquin, elle commençait à le trouver plutôt sympathique et acceptait volontiers de discuter avec lui dans l'espoir de lui extorquer des informations au sujet de son patron. Néanmoins, il se montrait très prudent et n'avait pas encore commis d'erreur, au grand désespoir de la jeune femme aux cheveux teints en bleu, qui ne baissait cependant pas les bras pour si peu.

"J'espère qu'on pourra arriver jusqu'au Pont du Hameau ce soir, au moins... en plus, j'ai toujours rêvé de goûter leurs fameux sandwiches aux baies ! soupira-t-elle. Quelqu'un ici en a déjà mangés ?
- C'est tellement bon que j'en ai mangés une quinzaine en une soirée... je te raconte pas, j'ai eu l'indigestion la plus douloureuse de ma vie, marmonna Walter.
- Alors ils sont aussi bons qu'on le dit ! Génial, ça ne me donne que plus envie de les goûter ! Will, accélère un peu, tu veux ? Je commence à avoir faim !
- On est en train de fuir pour arriver là où la police ne sert à rien, je te rappelle qu'il se peut qu'on soit recherchés d'ici quelques temps suite à la mort d'Esther, alors je préfère ne pas risquer de me faire arrêter pour excès de vitesse !" grommela l'homme blond, sans écouter la suggestion de Liz.

Elle soupira et se concentra de nouveau sur la partie de cartes qu'elle disputait avec le rouquin. Qu'allaient-ils pouvoir faire de lui, de toute façon ? Lui extorquer des informations semblait bien compliqué, et cet énigmatique assassin n'était pas du genre bavard et cinglé comme avait pu l'être sa collègue aux cheveux violets menant une double vie. D'ailleurs, est-ce que les autorités, les sous-fifres du ministre Asher, avaient trouvé quoi que ce soit pouvant les incriminer, Ethan et elle ? Elle n'en savait rien du tout, et ce n'était pas pour lui plaire. Elle pouvait imaginer n'importe quoi, maintenant, et sans doute ses nuits seraient-elles hantées par d'obscures élucubrations.

Tandis que le jeu tournait en sa faveur, elle songea brusquement à la visite bien matinale d'Ethan. Elle avait été réveillée par des coups à sa porte, et fut surprise de voir le médecin, qui avait apparemment quelque chose de très important à lui dire ; il s'agissait de la raison pour laquelle il cherchait tant à obtenir la formule de Freeze. Son épouse - Victoria, si sa mémoire était bonne - souffrait d'une maladie très grave et encore incurable. Le fait de la congeler pourrait peut-être éliminer le mal rongeant son corps, et elle se décongèlerait ensuite pour enfin mener une vie normale, sans avoir à rester alitée avec une infirmière toute la journée. Liz comprenait les intentions du médecin ; elle-même ne tenait pas en place et ne supporterait pas de rester constamment couchée dans son lit, sous surveillance, à ne rien pouvoir faire d'autre que regarder la télé ou lire des livres. Aussi prierait-elle de son mieux pour que cela fonctionne et puisse redonner à sa femme le goût de vivre.

Aux alentours de dix-sept heures, après avoir dépassé Vaguelone, la voiture s'arrêta pour faire le plein, à Entrelasque, une charmante ville très calme et sans histoires. Cela changeait par rapport à Volucité, sans cesse en effervescence, avec ses habitants toujours pressés et sa circulation souvent ralentie par des embouteillages. Le soleil amorçait sa descente, dissimulé par les innombrables nuages qui peuplaient la voûte céleste. Quelques enfants jouaient encore dans les rues, avec leurs ballons, mais bientôt, ils rentreraient chez eux et plus personne ne traînerait dehors. Car Entrelasque était une ville au fonctionnement particulier ; une fois le soleil couché, tout le monde devait être rentré chez soi, ou bien le monstre de la Grotte Cyclopéenne, non loin de là, décimerait toute âme ayant eu l'audace de sortir. Les touristes ne croyaient pas vraiment à cette superstition, mais la plupart, par souci de politesse et de respect des coutumes, se pliaient au couvre-feu local.

"C'est... silencieux, soupira enfin Walter, impressionné.
- Puisque tu as envie de parler, profites-en pour nous éclairer au sujet de ton Oniglali ; tu discutais avec lui comme avec un humain, hier. Comment ça se fait, tu peux le comprendre ? questionna Liz.
- Je serais curieux de savoir aussi..." admit Ethan.

Voyant que tout le monde semblait vouloir en savoir davantage, le voleur soupira. De toute façon, autant leur expliquer ce qu'il savait, autrement dit pas grand chose.

"Depuis le fâcheux incident d'Ondes-sur-Mer, je suis capable de comprendre ce qu'il dit, comme s'il parlait en langage humain. J'ai aucune explication là-dessus, c'est arrivé d'un coup... peut-être que ça ne se limite pas qu'à lui, et que je peux comprendre les autres Pokémon de son espèce ou de son type aussi, mais ça m'étonnerait.
- Très intéressant... souffla Linda, intriguée.
- J'imagine que tu peux comprendre Oniglali car tu as un lien spécial avec lui, en tant que dresseur... supposa Will.
- C'est pas idiot comme raisonnement", approuva Walter.

Il soupira. Il n'aimait plus trop sortir Oniglali, depuis qu'il pouvait comprendre ses paroles, mais s'en voulait aussi de lui infliger des séjours prolongés dans sa Pokéball, alors qu'il détestait cela. Malheureusement, après leur petite pause à Entrelasque, ils devaient repartir pour le Pont du Hameau, et le trajet durerait au moins une bonne heure, alors Oniglali devrait attendre encore un peu pour espérer prendre l'air. Il se promit, une fois qu'ils seraient arrivés, de le laisser sortir un peu et de s'excuser pour son comportement.

Une fois que le réservoir d'essence fut de nouveau rempli, tout le monde retourna dans la voiture. Ils avaient tous passé leur journée assis dans le véhicule, et leurs jambes étaient toutes engourdies, mais autant aller le plus loin possible avant la tombée de la nuit. Ce fut Linda qui prit le volant, car elle était la plus en forme. Elle démarra, et la voiture s'engagea sur le chemin qui menait hors de la ville et conduisait à la route 12, elle-même menant au tant convoité Pont du Hameau.


x x x

Devant les portes d'un immense manoir, aux abords d'Ogoesse, deux silhouettes féminines se découpaient dans la lumière du crépuscule. La maison, au moins haute de trois étages, était entourée d'un somptueux jardin bordant une allée centrale où se trouvaient garées plusieurs voitures de luxe. L'œuvre des jardiniers impressionnait, sans exception, tous les visiteurs qui venaient dans les environs. La façade de brique rouge, où grimpait un lierre abondant, contribuait à donner un aspect ancien à la bâtisse. Les hautes fenêtres étaient presque toutes fermées, hormis celles du plus haut étage.

Les bottes de cuir de la première femme et les chaussures de toile de la seconde battaient l'allée pavée, tandis que, les mains dans les poches, flânant au gré du vent, elles se délectaient de la fraîcheur ambiante. Le sud d'Unys était particulièrement agréable, car très calme, au contraire des grandes villes du centre comme Volucité, Méanville ou encore Port Yoneuve. Ici, pas d'odeurs nauséabondes d'essence et de pollution, non, juste le parfum suave et délicat des innombrables fleurs du jardin. Les Passerouge cessaient de piailler au-delà des arbres, laissant leur place aux Hoothoot ou aux Brindibou qui chanteraient à leur tour de douces mélodies.

Riley Black leva ses yeux couleur or au ciel pour observer une nuée de Nirondelle s'envolant à tire d'aile vers une destination inconnue. La jeune femme à la peau sombre qui l'accompagnait s'en amusa.

"Je ne savais pas que tu appréciais les Pokémon oiseaux.
- Je les adore, répondit simplement son aînée.
- Pourquoi n'en captures-tu pas un ?" s'étonna Jennifer Jones.

L'autre ne répondit pas toute suite, et s'assit en tailleur au beau milieu de l'allée pavée, non loin de l'une des voitures noires classieuses et impeccablement propres garées là. La plus jeune, après un haussement de sourcils circonspect, l'imita. Elles restèrent quelques longues minutes à observer le ciel orangé, tandis que le soleil descendait toujours plus bas, caché derrière d'épais nuages.

"Les Pokémon oiseaux sont le symbole de la liberté. Ils volent, ils tranchent les cieux de leurs ailes... ils peuvent explorer les confins du monde à leur guise, tandis que nous, les humains, devons compter sur la technologie. Les oiseaux ne devraient pas être enfermés dans des Pokéballs. Ils sont faits pour parcourir le ciel, souffla simplement Riley", dans un murmure.

L'Empoisonneuse médita ces paroles, tout en regardant avec toute l'attention dont elle était capable un adorable Passerouge niché entre deux branches d'arbres, somnolant tranquillement à l'ombre des feuilles. Peut-être bien que sa collègue et amie avait raison, et qu'il valait mieux laisser les Pokémon oiseaux à la nature. Jamais elle n'avait vu une créature si paisible que cet oisillon de gris et de rouge, et sa seule vision lui réchauffait le cœur.

"Tu as raison, finit-elle par concéder en détachant ses yeux noisette du petit Pokémon.
- N'est-ce pas, sourit la plus âgée. Je savais que tu comprendrais mon point de vue. Tu es ouverte d'esprit.
- Peut-être... peut-être que je ne suis pas juste bonne à mélanger des substances pour en faire des poisons, après tout.
- Notre utilité ne se limite pas qu'à un seul domaine ; tu fais des poisons, tu es gracieuse, tu danses incroyablement bien, tu es agile... je sais me battre, je suis plutôt douée en combat Pokémon, et rapide. Tu vois, on sait tous faire plein de choses.
- Mais ce que l'on fait de mieux reste le meurtre, après tout..."

Riley haussa les épaules et se redressa sur ses jambes, puis tendit sa main à Jennifer, qui l'attrapa pour s'aider à se lever. Les deux femmes entreprirent de traverser le grand jardin, se délectant des douces senteurs des fleurs au fil de leur marche. Le silence ne plaisait guère à l'Empoisonneuse, aussi décida-t-elle de le briser une nouvelle fois.

"Dis... Esther est morte, mais tu crois qu'il est où, Ed ? On ne l'a pas revu...
- Il doit être mort aussi, souffla l'autre avec un léger haussement de sourcils. Pourquoi ?
- Je ne sais pas, il me manque en quelque sorte. On a pu nouer des liens, il est gentil, et puis amusant... je ne pense pas qu'il soit mort."

Dubitative, la femme en noir secoua la tête et sortit de sa poche une boîte de bonbons à la menthe. Elle en ingurgita quatre ou cinq, puis en proposa à son amie, qui refusa poliment.

"Ecoute, je sais qu'il y a de grandes chances qu'il soit mort, comme on ne l'a pas revu, mais peut-être qu'il se cache quelque part, ou qu'il a infiltré le groupe de ce voleur... j'ai pas envie de croire que j'ai perdu un ami. Tu comprends ce que je ressens, non ?
- Je comprends, mais tu dois te faire une raison. Il y a une chance sur deux qu'on ne le revoie jamais, et je ne me fais pas trop d'illusions. Il a beau être très doué et ingénieux, il est le moins ancien d'entre nous chez les Quatre actuels. Tu te souviens, il n'est là que pour remplacer notre ancien coéquipier.
- ...Danny a connu une mort tellement atroce. Je ne veux pas que ça arrive encore."

La femme aux yeux d'or hocha la tête et manqua de sursauter en entendant la sonnerie stridente de son téléphone portable. En voyant le nom de l'appelant, elle se radoucit, et décrocha de bonne grâce.

"Il y a un problème, chéri ?
- C'est Edward, répondit une voix masculine au bout du fil. Il vient de m'envoyer un message grâce au téléphone de l'un des membres du groupe, qu'il a volé. Il s'est infiltré parmi eux, et est leur prisonnier."

Riley, étonnée, se contenta de répondre que c'était une bonne nouvelle, puis raccrocha, le sourire aux lèvres. Jennifer ne tarda pas à l'interroger sur cette conversation.

"C'était le chef. Il a reçu un message d'Edward. Apparemment, il se serait infiltré parmi le groupe de Freeze. T'avais raison. Je suppose qu'il sait ce qu'il fait, alors nous n'avons plus qu'à nous en remettre à lui..."

La jeune femme à la peau sombre sembla ravie par la nouvelle, puisqu'elle se jeta au cou de sa collègue, qui peina à réprimer un sourire. Décidément, elle la préférait heureuse plutôt que mélancolique.


x x x


First Aid Kit - My Silver Lining

Linda grommela. Après avoir retourné toute la chambre qu'elle occupait à l'auberge du Pont du Hameau, pas moyen de remettre la main sur son téléphone portable, la seule source de musique qu'elle avait à disposition. Ecouter des morceaux l'aidait à s'endormir, et elle y était tellement habituée qu'elle peinait à trouver le sommeil sans, maintenant. Tout le monde devait déjà être en train de faire de beaux rêves, et elle n'irait pas réveiller qui que ce soit pour avoir de la musique. Sans prendre la peine de saisir sa veste, elle sortit du bâtiment et se promena un peu sur le pont.

De là haut, elle avait une vue imprenable sur la rivière qui passait juste en-dessous, éclairée par la lumière de la lune et les quelques réverbères disposés çà et là de manière régulière. Elle frissonna. Maintenant qu'elle y songeait, elle avait froid, là, dehors, en pleine nuit, avec un simple chemisier sans manches. Mais elle s'en fichait, au fond ; elle resta accoudée sur le pont, à regarder la nature et toute la beauté qu'elle avait à offrir. Cela changeait de la ville. Pollution, bruit omniprésent, circulation affreusement compliquée...

Elle manqua de crier en sentant quelque chose au niveau de ses épaules, et comprit qu'on les lui recouvrait d'un vêtement. Une veste de costume bleue, précisément. Trop grande pour elle. Elle soupira et la saisit, lasse.

"Quand est-ce que vous allez me laisser tranquille, au juste ? Je ne vous connais pas, et je ne vous apprécie pas ! grommela-t-elle en tendant la veste au rouquin qui venait d'arriver. Reprenez ça.
- Vous allez attraper froid. Mettez-là, ça ne vous coûte rien."

Son ton était calme, tranquille. Il ne semblait pas vouloir lui forcer la main, mais elle se sentait oppressée. Elle commençait toutefois à avoir vraiment froid, alors elle accepta de porter la veste, quand bien même cela lui déplaisait.

"Vous ne m'appréciez pas ? Pourtant, je vous aime bien... souffla-t-il, comme déçu.
- Que me voulez-vous ?
- J'ai pensé que peut-être, il était temps d'accorder ma confiance à quelqu'un. Ma mission me demande énormément de prudence, mais... vous semblez être quelqu'un de fiable en qui je peux placer ma confiance."

Linda plissa les yeux, ses mèches blondes s'agitant au gré du vent, perplexe.

"De quoi parlez-vous ?
- Savez-vous qui je suis, Linda ?"

Elle haussa un sourcil. Bien sûr qu'elle le savait.

"Edward Stark, assassin professionnel faisant partie des Quatre, sous les ordres directs du Juge, un chef mafieux... et alors, à quoi rime cette question ? grommela-t-elle, de plus en plus irritée.
- Vous ne m'avez dit que ce que vous savez de moi ; autrement dit, ce que j'ai bien voulu vous dire. Mais il est peut-être temps que le masque tombe et que je trouve des alliés de confiance.
- M-mais enfin... qu'est-ce que vous essayez de me dire, au juste ?"

La trentenaire commençait vraiment à avoir très peur. Elle resserra son emprise sur la veste de costume bleue, tandis que le rouquin mit sa main dans sa poche de pantalon. Qu'allait-il en sortir ? Un couteau pour l'égorger ? En constatant qu'il s'agissait juste d'un objet de la forme d'un portefeuille - elle n'en était pas vraiment certaine -, elle fut quelque peu soulagée, mais ne baissa pas sa garde. Il lui montra ce qu'il tenait en main, et elle en eut le souffle coupé ; cela ressemblait en tous points à une insigne de la police internationale.

"J'essaie de vous dire qu'il faut aller au-delà des apparences pour vraiment voir quelqu'un."