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Freeze de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 02/07/2016 à 15:18
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:18

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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028 - Madame Sterling
Ils étaient tous là, entassés dans une voiture de location à sept places, bercés par les soubresauts de la voiture sur la route sablonneuse et irrégulière. Au volant, Liz faisait du mieux qu'elle pouvait pour respecter le code de la route, mais cela se voyait, elle se retenait de forcer sur la pédale d'accélérateur et d'atteindre les cent kilomètres par heure, pour foncer jusqu'à Méanville en très peu de temps. Depuis le discours télévisé du ministre de la Justice, la veille, le groupe se sentait particulièrement à cran, et surtout elle, car elle savait que le politicien en avait après Ethan, celui-ci ayant abattu froidement Esther d'une balle dans la tête. Elle ne savait pas si la police scientifique trouverait quoi que ce soit pouvant les incriminer là-bas, car elle avait tout de même nettoyé consciencieusement les empreintes sur la scène de crime, mais on ne sait jamais. Un cheveu qui conduirait le médecin à sa perte pouvait lui avoir échappé.

Elle secoua la tête et décida de se concentrer davantage sur le volant et sur la route s'étendant devant elle. Il serait fâcheux d'avoir un accident maintenant. Sur le siège passager, Walter dormait comme un bébé. Il devait beaucoup manquer de sommeil ces temps-ci. Tous les autres, y compris Edward, non ligoté pour ne pas attirer les soupçons au niveau du péage, se trouvaient à l'arrière, discutant activement de la suite des événements. Même le rouquin semblait enclin à trouver des idées pour leur venir en aide, ce que la jeune femme aux cheveux teints ne manqua pas de remarquer, surprise.

"Si on s'arrête à Méanville, ça n'aura servi à rien de se lever aussi tôt pour aller le plus loin possible... soupira Will.
- Oui, mais réfléchis, si on parcourt une trop grande distance d'un coup, on pourra être fichés comme suspects, non ? grimaça Linda.
- Bien sûr que non, et puis de toute façon, si on fuit comme ça, c'est surtout pour retarder notre arrestation. Tu as entendu Asher, à la télé, hier. Ce type ne lâchera pas l'affaire de sitôt, ça se voit. Comme Walter l'a dit, les flics de Janusia sont des incapables impotents, alors plus vite on y sera arrivés, plus vite on pourra souffler. Ethan, dites quelque chose !"

Le médecin leva les yeux de son livre et regarda tour à tour les deux jumeaux, qui ne semblaient pas d'accord l'un avec l'autre. Maintenant qu'il y songeait, il ne les avait jamais vus se disputer auparavant.

"Eh bien... je pense qu'il serait déjà bien d'arriver à la Ville Noire aujourd'hui. En se dépêchant, il est possible de l'atteindre vers dix-huit heures au plus tôt. Votre frère a raison, Linda, en n'allant que jusqu'à Méanville, on ne fait que perdre du temps.
- Moui... bon, très bien, de toute façon, la fuite criminelle ce n'est pas mon domaine, soupira la trentenaire. Je me sens tellement inutile...
- Vous voulez simplement bien faire, il n'y a pas de mal, Linda. Tous les efforts sont récompensés", intervint Edward.

La blonde plissa les yeux et se tourna vers le rouquin encore agonisant deux jours plus tôt, intriguée.

"N'essayez pas de me réconforter, je n'ai pas besoin de vous... et cessez de m'appeler par mon prénom, nous ne sommes pas amis ! grommela-t-elle, irritée.
- Vous le faites bien avec moi, pourquoi n'y aurais-je pas droit aussi ?
- C'est pas la même chose, vous êtes notre prisonnier, vous n'avez pas à contester...
- ...très bien", concéda l'assassin, dubitatif.

La jeune femme soupira et fit bien attention de ne pas croiser le regard bleu clair du rouquin. Elle ne s'expliquait pas pourquoi il ne cessait de lui adresser la parole, à elle en particulier. Et puis de toute façon, il était un assassin. Elle n'avait pas à discuter de tout et de rien avec ce genre de personnes, surtout en compagnie de tous les autres.

"Donc, si on résume correctement, notre trajet va nous mener jusqu'à la Ville Noire ce soir. On repartira demain matin sur les routes en passant par Vaguelone et Entrelasque, voire le Pont du Hameau si on a le temps d'y arriver, et on arrivera donc à Janusia après-demain. C'est bien ça ? demanda Liz, tout en restant bien focalisée sur la route.
- Si on n'a pas affaire à des embouteillages, tu as bien résumé, admit Will.
- Je n'avais pas pensé à ça... grommela Linda. J'espère qu'on n'aura pas à affronter un raz-de-marée d'automobilistes enragés."

Tous hochèrent la tête, d'accord avec elle. Normalement, cela ne devait pas arriver, étant donné que la période où les habitants de la ville partaient en vacances dans des lieux de villégiature comme Vaguelone avait déjà commencé depuis une semaine, mais après tout, on ne pouvait pas prédire les mouvements de foule. Ils se turent, se laissant doucement bercer au rythme de l'avancée du véhicule sur le chemin terreux de la route 4.


x x x

Walter, en sortant de la voiture, étira longuement ses membres engourdis, et fit sortir son Oniglali, trop longtemps enfermé dans sa prison métallique. Il faisait déjà nuit sur la Ville Noire, et le Pokémon n'hésita pas à reprocher à son dresseur de ne pas l'avoir laissé prendre l'air plus tôt.

"Espèce d'ingrat, tu pourrais me remercier, j'ai au moins consenti à t'emmener avec moi ! grommela le voleur.
- Eh bien ça n'excuse pas les heures d'enfermement que tu m'as fait subir ! Je devrais me syndiquer !
- N'essaie pas d'utiliser des termes purement humains quand tu ne sais pas ce que ça signifie, tu veux..."

Les autres observaient, intrigués, cet échange houleux entre dresseur et Pokémon. Naturellement, eux ne comprenaient rien aux couinements de colère de l'Oniglali, et n'étaient absolument pas au courant que Walter disposait de cette faculté pour le moins étonnante. Décidément, cet incident l'ayant transformé avait aussi contribué à lui octroyer des pouvoirs intrigants, comme résister à des températures très basses et faire la causette à son Pokémon.

"Je rêve ou il est en train de parler à son Pokémon ? s'étonna Edward, perplexe.
- Dans ce cas je crois qu'on est tous en train de rêver... admit Liz, effarée.
- Jamais je n'aurais cru ça possible", renchérit Linda.

Le voleur soupira et rappela son Pokémon dans sa Pokéball, las de devoir subir ces remontrances à chaque fois. Depuis qu'il pouvait comprendre Oniglali, il ne le faisait presque plus sortir, alors qu'il passait rarement son temps dans sa prison sphérique auparavant. Avoir un Pokémon qui lui ressemblait autant du point de vue de la personnalité l'effrayait un peu, dans un sens, et il préférait le savoir enfermé dans sa Pokéball qu'à ses côtés pour un temps.

"Allons chercher un hôtel", souffla-t-il, exténué, en se dirigeant dans une direction complètement aléatoire, sa main pâle serrée sur la sphère rouge et blanche.

Les autres, un peu sonnés par cette altercation entre Walter et son Pokémon, se contentèrent de le suivre sans dire mot, jusqu'à trouver un hôtel assez confortable et calme pour passer la nuit. Linda, ne parvenant pas à dormir, quitta le bâtiment aux alentours de minuit, pour une marche nocturne. Elle aurait préféré que la ville soit tranquille, mais même la nuit, la Ville Noire connaissait une effervescence incroyable qui la distinguait des autres grandes cités de la région et qui contribuait à son charme mystérieux et unique.

Elle manqua de sursauter lorsqu'elle remarqua une présence à ses côtés, qu'elle n'avait absolument pas vue arriver. La blonde comprit, en le voyant, qu'il s'agissait d'Edward. Même s'ils le laissaient libre de ses mouvements, il n'avait aucune chance de s'enfuir ; Ethan gardait tous les médicaments dont il avait besoin en permanence, le dissuadant ainsi de s'éloigner d'eux. De toute façon - même si personne ne l'aurait cru -, il ne manifestait pour le moment ni l'envie ni le besoin de s'éloigner du groupe. Linda plissa les yeux et s'éloigna de lui, mais il la suivit, en restant à une distance respectable. Evidemment, il se doutait qu'elle n'accepterait pas une conversation avec lui aussi facilement.

"Cessez de me suivre. Je n'ai pas envie que vous tentiez de me tuer.
- Je ne dispose d'aucune arme, et je suis un bien piètre combattant avec mes poings. J'aurais plus à craindre de vous que l'inverse, sans la moindre arme.
- Oh, je n'en suis pas si sûre. Vous avez fait preuve d'une discrétion incroyable. Je ne vous avais pas remarqué, au départ...
- Mon intention n'était pas de vous faire peur", lui assura-t-il.

Elle ne répondit pas et fit sortir son Grodoudou de sa Pokéball. Elle lui fit un signe de la main, et tous deux commencèrent à courir à un rythme relativement lent. Depuis qu'elle avait capturé son dernier Pokémon, elle tentait de le rendre plus endurant en l'emmenant courir avec elle quelques temps. Ce que, contre toute attente, le Pokémon rose pelucheux avait fini par apprécier. Le rouquin les regarda s'éloigner, perplexe, et entreprit de les suivre en marchant, les mains dans les poches, parfaitement calme.

La jeune femme et son Pokémon s'étaient arrêtés sur un banc, aux abords d'un grand parc assez éloigné de l'hôtel. Linda observa les alentours et soupira.

"Je suppose qu'il ne nous suit pas. Sa santé est trop fragile pour qu'il puisse se permettre de courir trop longtemps, j'imagine...
- Dou, approuva le Pokémon, avec des gestes de mains peu éloquents.
- Parfois, je me demande ce que ça donnerait, si je pouvais te comprendre aussi bien que Walter comprend son Oniglali. Il a l'air de beaucoup moins s'entendre avec lui, maintenant, soupira-t-elle en regardant son Grodoudou.
- Doudou."

Linda sourit et caressa la tête de la peluche rose aux grands yeux bleus-verts. Depuis le combat mené avec Liz contre Riley Black, l'une des Quatre, elle était beaucoup moins sûre d'elle en matière de combat de Pokémon, et s'était promis de s'entraîner d'arrache-pied pour pouvoir se rendre plus utile au groupe. Elle avait déjà fait un grand pas en avant en acceptant Ethan et en lui faisant confiance, et elle ne le regrettait pas. A présent, il lui fallait faire progresser ses Pokémon, et avant tout entraîner son mental. Plus jamais elle ne se montrerait inutile. Elle avait beau ne rien connaître du monde du crime, elle ne supportait pas de devoir constamment s'en remettre aux autres.

"Vous allez attraper froid, à rester habillée comme ça. Vous devriez rentrer."

En entendant cette voix masculine qu'elle ne connaissait que trop bien, la blonde sursauta. C'était quoi, cette tendance à se faufiler silencieusement derrière les gens, comme ça, pour leur causer une peur bleue ? Elle se retourna vers le rouquin, qui la regardait avec un sourire aux lèvres.

"Occupez-vous de vos affaires. Pourquoi vous me suivez partout, comme ça ?
- Je vous aime bien, admit-il. Franche, directe, et pourtant perspicace... ça me change d'Esther, cette manipulatrice à la voix enjôleuse et aux manières nobles cachant une profonde perversion.
- Puisqu'on parle de manipulation et de perversion, je crois que vous rentrez aussi dans ces catégories, en tant qu'assassin professionnel. Je me trompe ?"

Edward soupira et prit place à côté d'elle sur le banc. Contre toute attente, elle ne se leva pas pour partir.

"Une fois que l'on connaît quelqu'un en tant que criminel, on lui colle cette étiquette sur le front et on ne voit plus qu'elle. Je suis un assassin, certes, mais je ne suis pas que cela. Apprenez à voir au-delà des apparences, à lire entre les lignes. Vous faites une erreur de jugement en me cataloguant comme un vulgaire tueur. Je suis l'un des meilleurs de la région, après tout."

Le regard intense qu'il lui lança ne manqua pas d'effrayer un peu Linda, qui peinait à trouver la réaction adéquate. Elle se leva, prétextant un coup de fatigue.

"...excusez-moi."

Le rouquin la regarda partir, intrigué, son Grodoudou traînant un peu à sa suite.


x x x


The Pierces - Secret

Il avisa le cendrier. Rempli de mégots en à peine une nuit. Le paquet de cigarettes gisait à côté, sur la table, vide, tandis que le médecin, assis sur le lit, terminait la dernière qui lui restait. Les yeux cernés, encore tout habillé car n'ayant pas eu envie de dormir, il faisait peine à voir. Son visage pâle le ferait presque passer pour un mort. Il inhala une dernière bouffée, écrasa le mégot fumant avec ses congénères, et se leva, manquant de tomber à cause du lacet défait de sa chaussure de ville noire.

Ethan soupira, se remit debout et parvint tant bien que mal à oublier la fatigue pour quitter sa chambre d'hôtel. Se tenant là, au milieu du couloir, il avisa la porte d'en face. Oui, c'était celle-ci, la chambre de Liz. Il frappa quelques coups à la porte, et la jeune femme aux cheveux bleus finit par lui ouvrir, non sans étouffer un bâillement, les yeux encore à moitié clos, émergeant tout juste du sommeil.

"L'est cinq heures du matin... tu veux quoi, Ethan ?
- Juste, euh... te parler un peu. Il y a un truc que je dois te dire. C'est... ça me pèse depuis quelques temps et il faut que je le dise à quelqu'un de confiance."

Au vu de l'air sérieux de son ami, la pirate informatique se concentra davantage pour l'écouter, et le fit entrer dans sa chambre.

"Tu sens la clope, c'est pas possible. T'as vidé un paquet ou quoi ?
- Je suis désolé. J'avais pas envie de dormir, et c'était trop tentant... ça m'apaise.
- Je comprends. J'étais accro, il y a quelques années, mais j'ai préféré arrêter. Je t'en aurais bien demandé une, mais t'es à sec, apparemment... bon, qu'est-ce qui ne va pas ? Tu peux tout me dire. Si tu veux pas que je le répète aux autres, t'as ma parole, je dirai rien. Je serai muette comme une tombe. C'est en rapport avec Esther ? Tu disais avoir surmonté ça pourtant."

Le médecin hocha la tête.

"La mort d'Esther est derrière moi. Will m'a aidé à me sentir moins coupable et déprimé par ça.
- Will ? J'ignorais qu'il avait un don pour rassurer les gens... enfin bref, raconte-moi. Si ça peut te libérer d'un poids, je te pardonnerai de m'avoir réveillée en sursaut.
- Encore désolé pour ça... je voulais te parler de la raison pour laquelle j'ai besoin de la formule de Walter."

Liz écarquilla les yeux, surprise. Jamais elle n'aurait pensé qu'il vienne lui-même, de son plein gré, lui expliquer cela. Elle était sidérée, mais aussi émue qu'il lui accorde sa confiance au point de bien vouloir lui raconter. Elle acquiesça, silencieuse, et l'encouragea à parler. Il retira son alliance et la lui montra.

"Mon épouse... Victoria est très malade, elle peut à peine se lever et est en permanence sous la garde d'une infirmière à domicile. J'ai fait énormément de recherches pour tenter de créer un médicament pouvant la soigner, mais je n'ai rien trouvé. En parallèle, comme tu le sais, j'ai élaboré une stratégie pour soutirer sa formule à Walter. En congelant et en décongelant son corps, il y a des chances que la glace élimine le mal qui la ronge, pour qu'elle puisse enfin vivre normalement. Etant donné que la formule n'est pas mortelle, ça ne coûte rien d'essayer... Je suis désolé, j'aurais dû vous le dire plus tôt, à toi et aux autres. Vous avez le droit de savoir."

La jeune femme ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne vint. Les mots lui manquaient. Elle n'aurait jamais soupçonné une motivation pareille venant d'Ethan. Elle le comprenait beaucoup mieux à présent. Faute de pouvoir dire quoi que ce soit, elle le serra contre elle, dans une étreinte amicale, appréciant l'odeur de son parfum mélangé aux relents de tabac. Quoi qu'on en dise, le médecin était un homme bien. Elle ne pouvait plus en douter à présent.