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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 28/06/2016 à 14:55
» Dernière mise à jour le 09/07/2016 à 17:43

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes   Sinnoh

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Chapitre 10 : Les cinq Généraux
Une semaine de plus s'était écoulée depuis que Chloé et Hoenn avaient décidé de s'adresser à la Brigade d'Intervention Désastre, dernier recours pour retrouver le neveu de la jeune femme. Si habituellement, la brigade n'agissait que dans les cas extrêmes, son père y travaillait, et était un haut gradé. Ainsi, il était plus aisé de demander de l'aide.

Il était à peine treize heures quand les deux colocataires sortirent de l'immeuble. Les températures redescendaient, malgré le mois de juillet. Toutefois, ce n'était pas suffisant pour refroidir leur détermination, qui était alors à son point le plus haut. C'était leur unique chance de retrouver Sinnoh, il ne fallait en aucun cas la louper. Comme le commissariat était situé en centre-ville, il fallait tout juste une vingtaine de minutes pour y aller à pieds, et en marchant d'un bon rythme, c'était encore plus rapide. En présence de Chloé, le Gobou du garçon restait dans sa Pokéball, de sorte que la jeune femme ne puisse savoir qu'il existait. Pourquoi ? Certainement parce que selon lui, ce n'était pas particulièrement nécessaire. Du moins pour le moment.

Bon, nous avons encore devant nous vingt minutes avant que les deux personnages n'arrivent à leur destination. Vingt minutes pendant lesquelles il serait possible de faire une description complète de chaque humain qu'ils croisaient, de chaque building qu'ils dépassaient, du chant des Nirondelles à peine perceptible, mais dont les quelques notes s'infiltraient à travers le bruit de la foule. Nous pouvons aussi parler de la modernisation des routes et des véhicules mais c'est un sujet qui a déjà été traité auparavant. Alors pourquoi revenir dessus ? En effet, ça ne présenterait pas énormément d'intérêt. Alors, pendant que Chloé et Hoenn marchent en direction du commissariat, penchons-nous sur Sinnoh.

Le jeune garçon, arrivé au GEP depuis un mois, avait pu faire la connaissance du chef tout puissant, alias Sire Alexandre, de son supérieur, le Capitaine Osvald Grimm, ainsi que de ses trois Officiers, Teddy, Danny et Damien. Vous vous en souvenez ? Les trois psychopathes bien clichés, représentatifs de l'organisation. Et aujourd'hui, quelle rencontre allait-il faire ? Aujourd'hui, il allait enfin voir les cinq Généraux. Cela, il l'avait désiré, mais maintenant, le trac montait. Ces cinq là étaient, sous Alexandre, les chefs du groupe, donc quasiment les plus puissants membres. Qui plus est, ils avaient été présentés par le Directeur comme étant des psychopathes, également. La nuit, Sinnoh y réfléchissait, et certainement ses Officiers n'avaient pas été choisis au hasard. Il lui fallait rentrer dans le moule, lui aussi, c'était évident. Au fond de lui, cependant, il était incapable de commettre de tels actes de barbarie. Il voulait tuer les Pokémon, c'était certain, mais pas les torturer. Sinon, qu'est ce qui le différencierait de ces Kabutops, qui avaient, un mois plus tôt, assassiné sa famille. Un mois. Tout juste trente jours s'étaient écoulés depuis ce soir fatidique mais pour lui, c'était une éternité. Se rappelant de sa vie passée, les larmes lui vinrent. Sa mère, ses frères et soeurs, le village... Tout lui manquait. Un soir, une fille, traînant des Pokémon, était venue les tuer. Spécialement eux. Il se repassait cette idée en tête de nombreuses fois, et un élément se détachait du reste, comme pour s'affirmer dans son esprit. Une fille. Oui, quelqu'un tenait les Kabutops et les Insecateurs en laisse. Mais qui ? Et puis, en quoi une petite fille pouvait bien avoir de l'autorité sur de telles créatures ? C'était impossible. Il aurait donné n'importe quoi pour les revoir, pour revenir à Laim, et vivre de nouveau comme avant, mais ça aussi c'était impossible. Ils étaient morts, sa sœur s'était sacrifiée pour lui, il le savait. Il ne devait rien regretter, et se battre, pour les venger.

Aujourd'hui, il allait donc rencontrer les Généraux. Comme il ne connaissait pas encore tout le GEP, Alexandre lui avait donné rendez-vous dans la salle de réunion où auparavant, il avait fait la connaissance d'Osvald. Il marchait donc dans le dernier couloir le menant à la pièce, tremblant. Non, il lui fallait être assuré et faire bonne impression, il ne pouvait pas se permettre de montrer sa peur. Il bomba le torse, et entra. A quelques mètres, debout, se tenait le Directeur, qui lui sourit et le salua. Derrière, assis au bout de table opposé, le plus loin possible, cinq personnes étaient plus ou moins retournés.

"Bonjour, Sinnoh.

- Bonjour monsieur, lui répondit celui-ci.

- Comme c'était convenu, tu vas pouvoir faire la rencontre des Généraux. Première chose, n'aie pas peur, car ce sont comme des animaux, ils le sentent. De plus, tu n'es pas leur ennemi, et je suis avec toi, donc tu n'as rien à craindre. Deuxième chose, salue-les simplement. Ils aiment l'autorité, et si tu ne montres pas, malgré ta proximité avec moi, que tu es inférieur à eux, ils pourraient mal le prendre.

- Compris, fit Sinnoh.

- Bien, allons-y alors, dit Alexandre en souriant.

Ce dernier se retourna, et le garçon le suivant, ils se dirigèrent vers les cinq inconnus.

- Mes chers Généraux, j'ai l'honneur de vous présenter Sinnoh, Lieutenant, dit-il lorsqu'ils furent à deux mètres.

- E...Enchanté, fit l'intéressé en s'inclinant respectueusement.

- C'est donc lui, l'enfant qui souhaitait nous rencontrer ? demanda l'une des voix.

Une femme. Un ton assez sec, tranchant, et une question bourrée de mépris. Alexandre sourit.

- En effet, répondit-il simplement.

- Qu'est ce que c'est que cette histoire ? fit une autre voix, d'homme cette fois. Si nous devions faire la connaissance de chaque Lieutenant de cette organisation, nous n'en aurions jamais fini ! Il ne faut pas oublier qui nous sommes !

Encore une fois, du mépris et de la condescendance.

- Oh, mais ce n'est pas n'importe quel Lieutenant, vous vous doutez bien. Il s'agit de mon protégé. Il a intégré le GEP il y a tout juste un mois, mais je décèle en lui beaucoup de talent et de potentiel. Peut-être vos sens affûtés peuvent le remarquer ?

- Il y a beaucoup de talents, dit encore une autre voix. Nous-mêmes, par exemple. Et les Capitaines sont tous talentueux. Alors quoi ? Il a du potentiel, donc a gagné le droit de nous connaître ? Foutaises.

C'était un homme, encore, mais dont la voix était bien plus rauque, caverneuse. Certainement quelqu'un de plus âgé.

- Vous ne voyez toujours pas où je veux en venir ? Il me fait penser à vous, lorsque vous êtes devenus Généraux. Oui, ce petit représente la prochaine génération, il est un oisillon doré.

- La prochaine génération, dis-tu ? reprit la voix précédente. Il va falloir nous le prouver.

- C'est inutile, répondit Alexandre qui reprenait son sérieux. Je l'ai choisi, vous n'avez donc qu'à approuver cette décision. Si j'ai souhaité que vous le rencontriez, ce n'est pas pour émettre des critiques, mais pour l'observer, mémoriser son visage et son nom.

- Comment t'appelles-tu, jeune homme ? demanda la femme.

- Sinnoh, répondit celui-ci.

Il faisait tout son possible pour garder sa confiance, mais inévitablement, c'était difficile face à de telles personnes.

- Maintenant, poursuivit-elle, dis-nous d'où tu viens, et pourquoi tu comptes rester au GEP.

- Je suis originaire du village de Laim, dans les montagnes. Là-bas, je vivais avec ma mère, et mes frères et sœurs. Il y a un mois, une fillette, il me semble, est arrivée avec une petite armée de Pokémon et les a tous massacrés. Mon désir est de tuer les Pokémon pour me venger.

- Comment se fait-il que tu sois le seul survivant ? Est-ce parce que tu es "particulier" ?

- Juste avant de mourir, dit le garçon, ma sœur m'a jeté par la fenêtre pour que je leur échappe. C'est tout.

Ces questions commençaient à l'énerver, mais il faisait tout son possible pour se contenir, par respect pour Alexandre et pour éviter la mort, certainement.

- C'est fâcheux. Cependant, je ne vois pas en quoi quelques pertes humaines peuvent te dicter un idéal de vengeance, c'est bien naïf. Ta sœur t'a sûrement sauvé parce qu'elle n'avait que toi sous la main, mais certainement qu'aujourd'hui, en enfer, elle s'en mord les doigts et te maudis.

C'en était trop. Comment pouvait-il se contenir face à de telles provocations ? Non, il ne pouvait pas.

- Nous avons tous un idéal, criait-il presque. Vous, peut-être, c'est de torturer ces bêtes pendant le petit-déjeuner, mais moi pas. Peut-être votre appartenance au GEP vous fait croire que c'est un principe essentiel, la souffrance ? N'importe quoi ! Et peut-être que votre soi-disant grade de Général vous permet de juger les humains comme de la merde ? N'importe quoi ! Vous aussi, vous n'êtes que des pions, alors n'allez pas prendre la grosse tête ! Le jour où je serai Général, vous pourrez vous rendre compte que vous n'êtes rien !

Il y eut des rires.

- Peut-être faible, mais hargneux, fit la voix rauque. Intéressant.

La femme se leva, et Sinnoh discerna clairement son visage : cheveux bruns assez longs, visage creusé, petites lèvres, yeux en amandes, un vrai serpent. Elle aussi semblait hargneuse et méprisante.

- Insinuerais-tu qu'un jour, nous serions à tes pieds ? demanda-telle.

Le garçon hésita, et se tourna vers Alexandre, qui regardait droit devant lui, en souriant. Il jugea que l'homme ne lui offrirait aucune aide et qu'il lui fallait donc se débrouiller seul. Au point où il en était, au pire, autant jouer le tout pour le tout et compter sur la chance.

- Oui, un jour, vous serez tous à genoux devant moi.

- Voilà qui est bien présomptueux, fit un quatrième homme, se levant à son tour. Mais j'aime ça. J'ai une idée : nous te laissons cinq ans pour nous dépasser. Une fois ce temps écoulé, il te faudra survivre d'une manière où d'une autre. Cela vous convient, Sire ?

- Bien entendu, du moment que vous ne le jetez pas du haut de la falaise sans prévenir. Et toi Sinnoh, alors ?

Il avait cinq ans, donc ? C'était peu, mais également une raison pour ne pas traîner. Cependant, la difficulté était que ces années ne lui permettaient pas seulement de devenir Général, mais plus exactement de surpasser tous les autres. Un vrai défi.

- C'est d'accord, dit-il."

Les trois autres personnages se levèrent, et se tournèrent vers le garçon, lui permettant de clairement les observer. Le premier à avoir prit la parole avait les cheveux blonds, mi-longs, et des lunettes, et était très grand, ce qui lui donnait un style intellectuel. Celui à la voix rauque était bien plus vieux que les quatre autres, avait une longue barbe et faisait peur, clairement. Le dernier à s'être exprimé avait des cheveux courts, moins grand que le premier, et passait certainement pour le beau gosse de la bande. Quant au dernier... Il portait une capuche suffisamment longue pour lui masquer totalement le visage. Il n'avait pas parlé une seule fois, durant la conversation, et visiblement était le plus introverti.

Alexandre lui avait parlé de Généraux clichés, psychopathes sur les bords, mais hormis l'aspect cliché, il ne retrouvait là rien de cela. Au contraire même, deux des cinq – à savoir l'intello et l'apollon – souriaient et semblaient même amicaux. Des trois autres, l'un était vieux, l'autre méprisante, et le dernier introverti. Bien loin des terribles Teddy, Danny, et Damien, vraiment psychopathes.

S'étant donc tous levés, ils saluèrent leur chef, et prirent la direction de la sortie, prenant bien soin, évidemment, de ne pas saluer Sinnoh, étant inférieur. Lorsqu'ils furent hors de la pièce, le Directeur expira bruyamment.

"Pfiou ! s'exclama-t-il. J'ai bien cru que cette discussion n'allait jamais finir !

- Excusez-moi... J'ai peut-être abusé...

- Qu'importe, les dés sont jetés ! Mais si ça peut te rassurer, tu as fais assez bonne impression, si le terme convient. Je t'avais dis de ne pas avoir peur, ils t'ont provoqué expressément, et tu as su leur répondre. A l'inverse, je ne t'avais jamais dis d'être respectueux envers eux, simplement de les saluer. Maintenant, tu as cinq ans pour les dépasser. Je te l'accorde, c'est court, mais comme je l'ai dis, tu es un oisillon doré."

Un oisillon doré. Tout juste sorti de l’œuf, mais déjà brillant comme de l'or. Tout ce qu'il lui fallait, maintenant, c'était grandir.