Bleuet fané de M@xime1086

Gary s'approcha furtivement, laissant derrière lui Ondine. Psykokwak poussait des hurlements à fendre la pierre. Il se débattait sans parvenir à s'extirper du piège dans lequel il était tombé.

« C'est un Octillery... ? demanda Ondine avec inquiétude.
- Tu as emporté tes autres Pokémon avec toi ? coupa le jeune homme en jetant un œil aux sacs laissés sur l'herbe. »

A la mine embarrassée que lui renvoya Ondine, il se douta de la réponse. Lui avait emmené son Hyporoi mais le temps de nager jusqu'à son sac, Psykokwak serait déjà noyé.

« Dans mon sac j'ai la Pokéball d'Hyporoi. Peux-tu aller la chercher ? Je vais tâcher d'occuper le poulpe pendant ce temps. »

Ondine fit aussi vite qu'elle le pouvait pour rejoindre le ponton et aller chercher la Pokéball de Gary. La peur de retrouver le cadavre de son petit canard rendait ses gestes hésitants, elle d'habitude si à l'aise dans l'eau. Elle n'avait fait que quelques mètres mais était déjà essoufflée.
Une fois arrivée devant les sacs, elle n'osa se retourner vers le lac pour constater comment se débrouillait Gary avec le Pokémon sauvage.

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Il s'avança prudemment vers le canard jaune qui se démenait comme un Tauros qu'on aurait attaché de force. Il poussait des plaintes à faire naître des scrupules au Pokémon qui l'agressait. Mais ce dernier, sous l'eau, n'entendait aucun son provenant de la surface.

Quand Gary arriva au niveau de Psykokwak, il le tira de l'étreinte dans laquelle il était empêtré. Le poulpe qui ne s'attendait pas à recevoir la visite inopportune d'un gêneur, lâcha prise dans un instant de stupeur.

« N'aie pas peur, je suis là. »

Psykokwak s'agrippa férocement au cou de son protecteur et sanglota. Le nouveau traumatisme qu'il venait de vivre risquerait de le marquer un moment. Serait-il capable de nager après cette frayeur ?

Gary déposa le Pokémon eau sur sa tête. Le canard, hors de l'eau, pût enfin souffler. Cependant Octillery n'avait pas l'intention de laisser s'échapper sa proie aussi facilement.

Ses tentacules s'accrochèrent aux jambes du nageur. Aucun moyen pour lui de s'enfuir. Conscient que le poulpe allait le tirer d'un instant à l'autre sous l'eau, il se mit à nager vers le ponton à la force de ses bras. Le poids d'Octillery l'empêchait d'aller plus loin. Son emprise était quasi-totale. Les autres tentacules se mettaient à l'agripper aux cuisses et même au ventre. Octillery n'avait plus qu'à se laisser couler comme un boulet. Gary serait alors entraîné au fond du lac.

Malgré son endurance, il dût admettre que s'en sortir face à un Pokémon aussi rusé et perfide que l'était Octillery relèverait du miracle. Il jeta un regard anxieux dans la direction d'Ondine mais le poids de Psykokwak sur le sommet de sa tête lui faisait boire la tasse.

Ondine vint à son secours en rappelant son Pokémon dans sa capsule. Libéré du poids qui pouvait l'alourdir, Gary réussit à émerger la figure hors de l'eau. Malgré ce soulagement de courte durée, Ondine n'avait toujours pas mis la main sur la Pokéball. Et si il l'avait oublié chez lui... ? Il ne s'en souvenait plus. Les doutes lui faisaient perdre la tête. Si il n'avait pas emporté Hyporoi, aucune chance pour lui de survivre.

L'eau commençait à s'infiltrer dans sa bouche. L'étau qui lui enserrait les jambes lui coupait la circulation du sang. Ses forces diminuèrent jusqu'à ne plus pouvoir lui permettre de bouger. Il se laissa embarquer par les tentacules d'Octillery. Dans un dernier sursaut qu'ont les hommes qui ne veulent pas renoncer aussi facilement à la vie, il cria si fort que même sous l'eau, Ondine pût ressentir une secousse, comme un appel.

A ce moment, elle découvrit au milieu de l'herbe la Pokéball qu'avait dût faire tomber Gary quand il avait jeté son sac. Elle s'en empara, croisant les doigts pour qu'il ne soit pas trop tard. Tout son corps tremblait. Des frissons la secouaient.
Elle libéra le Pokémon. Un simple regard mit au courant Hyporoi de la situation.

Ondine fut incapable d'aller le rejoindre dans l'eau. Sa tête lui tournait, son corps tout entier ne lui obéissait plus. Elle ne pouvait que regarder droit devant.

La surface où se trouvait encore Gary était lisse comme si aucune bataille n'avait eu lieu. Était-il déjà trop tard ? Octillery avait-il réussit à lui enlever l'homme pour lequel elle éprouvait des désirs qu'elle n'avait jamais ressenti avant ?
Fatiguée, elle s'écroula sur l'herbe sans réussir à détacher du regard le point qui avançait, inlassablement, vers Gary.

Elle n'aurait jamais soupçonné l'existence de Pokémon dans ce lac. Ils auraient dût se méfier. Il n'y a plus aucun endroit sur Terre qui ne soit habité par des Pokémon. De plus ce lieu bucolique était sauvage donc la présence de ces créatures étaient plus que probable. Ils avaient été insouciants. Au milieu de leurs jeux, la menace dormait. Elle les avait surpris dans un moment intime qu'il n'était pas bon de se souvenir maintenant.

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Hyporoi avait plongé, suivant les mouvements cadencés de l'eau. Le Pokémon dragon découvrit une scène qui l'épouvanta. Gary était ligoté tout entier entre les tentacules du poulpe. Il ne bougeait plus tandis qu'Octillery le poussait vers son antre, au plus profond du lac. Le dragon lança un rayon gelé dans le dos du poulpe qui resta figé dans la glace.

Mais des flammes s'échappèrent de son museau rouge. Il se libéra. Le Pokémon, visiblement agacé qu'on vienne une nouvelle fois le déranger pendant sa chasse, prit la décision de poursuivre Hyporoi. Ce dernier s'effaça derrière un rideau de Brouillard.

Il réussit à retrouver son dresseur dans l'épais nuage sombre. Il remonta à la surface, Gary sur son dos. Commença alors une course contre-la-montre. Le dragon fila aussi vite que le lui permettait son passager. Ce dernier, dans les secousses du trajet, avait recraché une certaine quantité d'eau. Il reprit peu à peu connaissance.

Un boulet de canon vint percuter Hyporoi. Sonné par l'attaque Octazooka, le Pokémon dragon prit la décision de ne pas riposter. Le corps de son maître ne supporterait pas un combat dans les eaux de ce lac... Si il venait à prendre une attaque d'Octillery par mégarde parce qu'il avait voulu engager le combat, il ne se le pardonnerait pas.

Il fila droit vers le ponton de bois. Ondine vint le sortir de l'eau. Gary pouvait à peine marcher. Ils chancelèrent jusqu'à leur sac à dos. Là, le jeune homme s'allongea, essoufflé.

« J'ai eu tellement peur ! s'écria la championne, les yeux humides, le prenant dans ses bras. »

Des quintes de toux le secouaient et l'empêchaient de répondre. Sa respiration avait du mal à retrouver un rythme normal. Sa poitrine se soulevait sans s'arrêter. Ses bras lui faisaient mal. On pouvait voir des marques de strangulation sur ses jambes.

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Néanmoins, Octillery ne vint pas lâcher prise. Le poulpe, une fois Hyporoi hors du lac, avait lui aussi sauté sur le ponton. Il les avait suivit lentement, savourant la victime déjà fatiguée qui allait s'offrir à lui sans batailler.

Hyporoi donna l'alerte. Gary se redressa en sursaut.

« Qu'est-ce que tu fais ?
- Je... ne peux pas laisser Hyporoi seul. Cette pieuvre est trop forte. »

Ondine le retint à terre. Il se débattit mais son état le laissait cloué au sol.
On entendit un bruit confus d'attaques puis le corps d'Hyporoi fut projeté à côté de leur sac. Octillery, que rien n'arrêtait désormais, s'approcha d'Ondine qu'il trouvait bien à son goût.

« Ne t'approche pas d'elle ! »

Sa voix était cassée par la toux. Il réussit à se mettre debout mais tomba aussitôt, incapable de tenir sur ses jambes.

« Pars, ne reste pas là ! »

Ondine se mit à courir mais Octillery, d'une Onde Boréale, figea sa cheville dans la glace. Gary qui assistait impuissant à toute la scène, ferma les paupières dans une grimace.

En rouvrant les yeux il repéra une branche d'arbre qui pouvait très bien servir de matraque. Il se redressa doucement, sans éveiller l'attention qu'Octillery portait à la jeune femme prisonnière de la glace. Il attrapa le gourdin de bois, se leva. Il faillit retomber au sol mais se maintint droit.
Ondine qui le regardait d'un air terrifié, poussa un cri quand il abattit le gourdin sur le crâne du Pokémon. L'arme en bois se brisa en plusieurs morceaux. Octillery était connu pour son crâne dur comme la pierre. Ses attaques Coup D'Boule n'étaient pas déméritées.

Le poulpe riposta avec une attaque eau que Gary pût esquiver en roulant sur le sol. Mais quand une attaque Lance-Flamme le frôla, il s'estima heureux de ne pas finir en barbecue. A cet instant une idée lui traversa l'esprit. Il ramassa un des morceaux de bois et s'approcha d'Ondine.

Octillery tira une nouvelle flambée en direction de la jeune femme. Gary réussit à détourner l'attaque vers lui. Il récupéra le bout de bois à ses pieds qui se consumait. Sans porter la moindre attention au poulpe, il fit fondre le piège qui retenait Ondine. Toujours à ses pieds, il attendit que la glace disparaisse. Elle était solide et prenait de longues secondes à fondre.

Octillery leur envoya un jet de flamme brûlant. Gary eut le réflexe de s'interposer entre l'attaque et sa destinataire Ondine. Il la fit basculer sur le sol et tout deux tombèrent sur l'herbe.
Quelques secondes s'écoulèrent, après quoi, Gary poussa un cri de douleur. Ondine, sous lui, regardait son visage crispé. Ses traits laissaient deviner une réelle souffrance.

Elle se dégagea avec délicatesse pour constater l'état dans lequel il se trouvait. Son dos était rouge carmin. On pouvait voir des plaies d'où s'écoulait du sang. Une main devant la bouche, elle réprima un cri.
Ses poings se crispèrent. Elle se tint droite, incapable de bouger. Elle n'avait plus peur ; c'était la colère qui la rendait immobile. Des larmes de rancœur, de culpabilité, d'inquiétude se mélangeaient à son expression courroucé.

Elle se retourna vers le Pokémon coupable de tout ces maux, les muscles tendus, prête à en découdre. La rage dans ses yeux la rendait terrible. Octillery, devant ce monstre de fureur, ne fut pas longtemps à prendre un parti. Hyporoi les avait rejoint, bien décidé à donner une leçon à ce poulpe rouge. Ce dernier rebroussa chemin en direction du lac, redoutant ce qu'était capable de lui faire subir la jeune femme. Hyporoi voulut le poursuivre.

« N'y va pas. Gary n'a pas besoin de ça. Il faut le soigner. »

Tout en séchant ses yeux humides, Ondine apporta son sac à dos où se trouvait toujours une poche destinée aux premiers secours. Elle examina le jeune homme, ses plaies et ses brûlures, avant de les désinfecter. Elle appliqua des compresses à plusieurs endroits de son dos.
Pendant ces soins, Gary resta muet. Il se laissa faire sans exprimer la moindre douleur quand l'alcool fut au contact des plaies ouvertes.

Une fois les soins terminés, il se redressa. Ils se considérèrent un long moment avant que Gary ne lâche la phrase qui fit présager à Ondine qu'il allait mieux.

« Et si on déjeunait ? »