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» Auteur : Goldenheart - Voir le profil
» Créé le 15/06/2016 à 14:49
» Dernière mise à jour le 15/06/2016 à 14:49

» Mots-clés :   Drame   Kalos   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Suspense

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Chapitre 11 - Adieux
Personne n’aime les adieux. Mais qui de ceux qui partent et de ceux qui restent ressent la plus grande peine ?


~*~


La patrouille de police manœuvra un temps entre les arbres, avant de déboucher sur un chemin de terre qui traversait la forêt. A cause du terrain quelque peu accidenté, l’agent Jenny et ses deux subordonnés modérèrent leur allure. Malgré tout, j’étais quand même brinquebalé dans tous les sens ; et à présent que l’euphorie d’avoir retrouvé Pikachu était retombée, mes douleurs se réveillaient, m’élançant à chaque aspérité traversée par les roues du side-car.

- Nous y sommes presque, m’informa Jenny. La ville est juste de l’autre côté de la forêt.
- Vous avez dit que mes amis m’attendaient à l’hôpital…, m’enquis-je. Est-ce qu’ils vont bien ?
- Oui, ne t’en fais pas, me rassura-t-elle. Ils n’ont que des blessures légères. En revanche, leurs Pokémon ont été plus gravement blessés. Lorsque nous sommes partis, ils venaient d’être hospitalisés.

« Luxray et Roussil. » Je me mordis la lèvre ; les pauvres avaient lutté courageusement pour m’aider, et voilà le résultat… Je priai silencieusement pour qu’ils s’en sortent indemnes.

Pikachu, en entendant les tristes nouvelles au sujet de ses amis, afficha un air peiné. Je lui caressai doucement le sommet du crâne pour le consoler, quand soudain la moto freina brusquement, manquant de nous éjecter.

- Qu’est-ce qui se passe ? cria Jenny à l’intention des deux autres policiers.
- La route est bloquée ! répondit l’un d’eux. On ne peut pas aller plus loin !

Je me redressai péniblement, Pikachu toujours contre moi, et constatai que l’agent avait raison. Devant nous, plusieurs d’arbres s’étaient couchés sur la route, empêchant tout passage pour un véhicule motorisé.

La panique me gagna. Était-ce un coup de l’Homme Masqué ? Ou autre chose ? Ces arbres au milieu du chemin étaient-ils là par accident, ou…

- Déblayez le passage, ordonna Jenny. Ça ne devrait pas poser de problème, avec nos Pokémon.

Sa voix autoritaire me ramena à la réalité. Les deux policiers firent sortir autant de Machopeur, tandis que leur chef appela son Elecsprint. Les trois Pokémon se mirent aussitôt à la tâche, et entreprirent de soulever ou déplacer les imposants troncs déracinés.
L’agent Jenny me rejoignit, laissant ses subordonnés aider les Pokémon.

- Profites-en pour te reposer un peu, mon garçon. (Elle dut remarquer mon air affolé, car elle ajouta d’une voix plus douce :) Ne t’en fais pas, tu ne crains rien ici. Sitôt que la route sera dégagée, nous repartirons.

Je hochai la tête, pas complètement rassuré. Je descendis du side-car en tenant Pikachu tout contre moi, comme si une ombre pouvait sortir de la forêt à tout moment pour me l’arracher. J’avais conscience d’être devenu complètement paranoïaque, mais après les deux expériences vécues avec l’Homme Masqué et ses Pokémon, j’avais de quoi me méfier…

Je m’assis dos à un arbre, près d’un petit ruisseau, et lâchai enfin Pikachu afin de le laisser se désaltérer. J’avais encore le cœur qui battait la chamade, mais petit à petit, à mesure qu’aucun danger ne se manifestait, je finis par me détendre légèrement. L’adrénaline de mon coup de stress laissa alors place à un début de migraine. J’avais l'impression qu’un essaim d’Apireine avait élu domicile sous mon crâne.

- Puisque nous avons un peu de temps, fit Jenny en se plaçant face à moi, tu pourrais peut-être commencer à me donner quelques éléments sur ce qui est arrivé ?

Je la regardai sans comprendre.

- Des éléments sur quoi ?
- Sur l’incident du Centre Pokémon.

De nouveau, un élan de panique me serra le cœur. Je pressentais le pire, et mes craintes se confirmèrent à mesure que la policière m’exposait les faits :

- L’infirmière Joëlle en charge de ce Centre Pokémon forestier nous a appelés suite à l’attaque de l’Arcanin. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, tout avait été ravagé. Nous avons retrouvé tes trois amis, et les avons conduits à Fessheim. En quadrillant la zone, nous avons également retrouvé leurs Pokémon, au centre d’une clairière carbonisée de la même manière que le Centre. Mais toi, tu étais toujours introuvable. Même avec son flair, Elecsprint n’arrivait pas à te localiser. Ce n’est finalement que par chance que nous avons pu te découvrir.

Évidemment… Voilà pourquoi le Pokémon de l’Homme Masqué n’avait pas pu me retrouver. Mon odeur avait dû être brouillée. Et si Arcanin n’avait pas pu me flairer, il n’y avait aucune chance qu’Elecsprint ait pu le faire…

- Tes amis m’ont déjà donné leur déposition, mais d’après tous ces témoignages, il semblerait que tu sois l’élément-clé de cette enquête.
- Vous avez ouvert une enquête ? fis-je avec un étonnement sincère.
- La situation est grave, Sacha Ketchum. Nous avons affaire à un meurtre.

Le mot résonna comme un coup de gong dans ma tête.

- Un…un meurtre… ? répétai-je.
- Oui. Ou devrais-je dire, plusieurs. Le personnel médical chargé de ton transfert et celui de tes Pokémon au même hôpital de Fessheim, à savoir trois hommes et deux femmes… Tous sont morts dans l’incident.

Je n’en crus pas mes oreilles. Des gens étaient... morts ?! Pikachu nous rejoignit, les yeux aussi écarquillés que devaient l’être les miens à ce moment-là. Devant notre réaction, l’agent Jenny secoua la tête d’un air navré.

- Je sais que c’est dur d’entendre ça, mais c’est la vérité. Nous sommes malheureusement arrivés trop tard. Morsures mortelles, intoxication et brûlures au troisième degré… Aucun des médecins n’a survécu. L’infirmière Joëlle et son Grodoudou étaient à l’arrière du bâtiment lors de l’incident, et il n’y avait personne d’autre sur les lieux. Autrement dit, cela fait de toi et de tes amis les seuls témoins survivants de cette attaque.

Mon sang se glaça dans mes veines à ces mots. « Les seuls survivants. » Je serrai inconsciemment les doigts sur le sol, en proie à un soudain vertige.

Mes amis auraient pu mourir dans cet incident. A cause de moi.

- Je comprends que tu sois un peu choqué, s’empressa d’ajouter Jenny. Ne t’en fais pas ; prends le temps de te remettre, ensuite tu me raconteras ta version des faits.
- Agent Jenny ! fit l’un des policiers. Ça y est, nous avons fini de dégager la route !
- Ah ! Parfait. Nous allons pouvoir repartir.

Je les vis rappeler leurs Pokémon, et préparer leurs motos pour le départ. Mais tout cela semblait si distant… Comme si j’étais enfermé dans un autre monde. Mon cerveau carburait à cent à l’heure, tentant d’assimiler tout ce qui s’était passé depuis mon réveil au Centre, et aussi ce que je venais d’apprendre. Mais quoi que je fasse, la même phrase repassait en boucle dans ma tête : « Tes amis auraient pu mourir par ta faute. Par ta faute. »

- Allez, debout ! m’invectiva Jenny. On a encore de la route devant nous !

Tout à coup, la tempête sous mon crâne se dissipa. Un calme parfait m’envahit. Une sensation de sérénité comme je n’en avais jamais connue.

Je savais ce que je devais faire.

- Allez, tu montes ?
- Attendez, je… Je me sens mal… Je peux boire un coup avant de partir ? demandai-je en désignant le ruisseau.
- Oh ? Oui bien sûr… Mais dépêche-toi.

J’acquiesçai, et me dirigeai vers le cours d’eau, où je pus passer un peu d’eau fraîche sur mon visage. J’avais les idées claires, à présent.

- Pikapi ?

Pikachu me regarda d’un air circonspect. Lui mieux que personne avait remarqué mon brusque changement de comportement. Je plongeai mes yeux dans les siens, et murmurai :

- Tu me fais confiance, mon vieux copain ?

Pikachu battit des paupières, avant d’opiner avec vigueur. La moue qu’il faisait était à elle seule un reproche d’avoir posé une question si évidente. Contre toute attente, je souris.
Rejetant la tête en arrière, je contemplai un moment notre environnement. La forêt autour de nous était si calme… J’aperçus même un groupe de Trompignon qui sommeillait paisiblement entre les racines noueuses d’un vieil arbre. Le calme avant la tempête…

- On peut y aller ? questionna Jenny.

Je me levai lentement, sans me retourner. A mes pieds, Pikachu tremblait avec nervosité. Moi, au contraire, je me sentais incroyablement bien. Toute trace de doute et d’appréhension avaient disparu. Ne restait plus qu’une froide et implacable détermination.

- Pikachu…

Je me retournai. Lentement. Les trois agents se figèrent. Une lueur de surprise passa dans leur regard.

- Attaque Tonnerre.


~*~

- Je préconise à tous les deux au moins deux semaines de repos complet. D’ici là, ils devraient s’être complètement rétablis. Mais surtout, ménagez-les, compris ?
- Compris. Merci, docteur.

L’infirmier en blouse blanche s’inclina légèrement, et quitta la pièce, conscient que ses patients et leurs dresseurs avaient besoin d’intimité.

Assise à côté du lit, Serena caressait distraitement la fourrure de Roussil, veillant à ce que ses mouvements réguliers aillent dans le sens du poil, ainsi que le Pokémon Feu adorait. Cette dernière somnolait doucement sous les caresses de sa dresseuse, son bras plâtré replié contre elle.

- Quel soulagement, soupira Clem en rejoignant Serena au chevet de Roussil. Au moins, ses blessures ne l’empêcheront pas de faire des spectacles. Lorsqu’elle sera guérie, vous pourrez danser de nouveau !

Serena ne répondit pas. Clem s’en étonna et nota que son amie avait le regard dans le vague. Inquiète, elle lui toucha gentiment le bras :

- Serena… ?
- Hein ? fit brusquement l’intéressée, sortie de sa torpeur. Oh, désolée, tu disais ?
- … Tu penses à Sacha, pas vrai ?

En temps normal, la jeune fille aurait très certainement rougi, et baissé les yeux d’un air gêné. Mais cette fois, elle se contenta de pousser un long soupir, empreint de peine :

- J’espère seulement qu’il n’a rien…
- Sacha va bien, j’en suis sûr.

Les filles se retournèrent pour voir Lem. Le jeune inventeur était lui aussi assis au chevet de son Luxray, qui dormait tranquillement tandis que son dresseur passait ses doigts dans la fourrure de jais du félin, plaquée çà et là par de nombreux bandages.

- Sacha s’en sort toujours, dans ce genre de situations, poursuivit-il. Il faut avoir confiance en lui. Pour le moment, on ne peut rien faire de plus que nous en remettre à l’agent Jenny pour le ramener.
- Tu as sans doute raison, concéda Serena. Mais…

Elle ne put finir sa phrase, incapable de mettre des mots sur cette angoisse sourde qui lui nouait les entrailles. Alors qu’elle continuait de caresser machinalement la douce fourrure rousse de son Pokémon, Serena sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle les chassa d’un battement de cils. Surtout ne pas pleurer. Elle devait croire au retour de Sacha, quoiqu’il arrive.

Dire qu'ils venaient à peine de se retrouver… et voilà que Sacha disparaissait à nouveau. Le souvenir du jeune garçon aux yeux hagards, débraillé et en sang, qu’elle et la fratrie avaient retrouvé au pied de la montagne dansait encore dans son esprit. Serena avait peur de revivre cette expérience une seconde fois. Et peut-être en pire.

Dedenne perché sur sa tête, Clem observait son aînée avec un air compatissant. Des trois compagnons, la jeune Artiste était certainement celle qui devait le plus s’inquiéter pour Sacha, du fait de ses sentiments particuliers pour le jeune garçon. De son côté, Clem avait également peur de ne jamais voir revenir celui qu’elle considérait comme un deuxième grand-frère. Elle n’aurait su dire pourquoi, mais en son absence, elle sentait que quelque chose manquait dans le groupe. Quelque chose d’essentiel.

Soudain, la porte s’ouvrit, et un agent de police apparut à l’embrasure de la porte.

- Excusez-moi, vous êtes bien Serena, Lem et Clem ?

Les trois amis se regardèrent, interloqués.

- Oui, c’est bien nous, répondit Lem. Il y a un problème ?
- On a quelque chose pour vous. Ça concerne votre ami.

Tous se levèrent presque simultanément, exigeant des explications. Le policier ignora leurs questions et tendit à Lem un appareil électronique, de forme plate.

- C’est… un Holokit ? fit l’inventeur, reconnaissant l’objet si populaire à Kalos.
- Exact, notre unité communique essentiellement par Holokit. Et nous avons justement reçu un message provenant de l’Holokit du commandant Jenny il y a quelques instants. Mais…
- Mais quoi ? Il est arrivé quelque chose ?

Le policier secoua la tête. Il semblait déboussolé, comme si lui-même ne comprenait pas ce qui se passait.

- Je pense… que le mieux est que vous vous rendiez compte par vous-mêmes. Après tout, ce message vous est destiné, à tous les trois.

Sur ce, il sortit rejoindre sa collègue, qui l’attendait dans le couloir. Les deux représentants de l’ordre échangèrent quelques mots à voix basse, tout en jetant des coups d’œil aux jeunes dresseurs. Ces derniers, ne sachant que penser de tout cela, décidèrent d’examiner l’Holokit. Lem alluma l’appareil, et sélectionna le dernier message vocal reçu. Aussitôt, un hologramme s’afficha. Mais ce n’était pas l’agent Jenny présente à l’écran :

« Serena, Lem, Clem… »
- Sacha ?!

Aucun d’eux n’arrivait à y croire. Pourtant c’était bien lui. Même si l’hologramme ne présentait qu’une pâle image bleutée légèrement brouillée par les interférences, ils avaient tous les trois reconnu le jeune dresseur.
Il avait les traits tirés de celui qui semble porter tous les malheurs du monde sur ses épaules. La seule différence, c’était ses yeux. Ils n’étaient plus vides, comme cette fois où Serena était venue lui parler à son chevet au Centre Pokémon. Ils avaient retrouvé cette flamme si caractéristique de la détermination sans faille qui définissait le garçon.

Mais pour une raison étrange, cet éclat d’ordinaire si réconfortant donna des frissons à Serena.

- Et regardez, Pikachu est avec lui ! fit Clem, toute excitée.
- Tu as raison… Mais je ne comprends pas, c’est lui qui a envoyé le message ?

Lem leur fit signe de se taire. S’ils voulaient comprendre, il fallait écouter.

{Pokemon Mystery Dungeon OST – I don’t want to say goodbye (remix)}
« Pardonnez-moi de vous laisser comme ça, sans qu’on ait pu se revoir avant au moins une fois.

J’ai rencontré l’agent Jenny, et elle m’a raconté pour le Centre Pokémon. Je sais que des personnes innocentes ont été tuées par l’Arcanin.

De toute évidence, l’homme qui me poursuit – enfin, qui poursuit mes Pokémon – est prêt à tout pour arriver à ses fins. Mais penser que ç’aurait pu être vous les victimes de sa folie m’est insupportable. C’est pourquoi… J’ai décidé de partir.

Mes Pokémon et moi ne sommes pas assez forts pour affronter l’Homme Masqué. C’est frustrant, mais c’est la vérité… Et tant que ça durera, toutes les personnes qui seront à nos côtés seront en danger. La seule solution qu’on ait, désormais, c’est de fuir.

Je ne sais pas où nous irons. Le plus loin possible, sans doute. Mais je vous demanderai une chose, les amis : ne cherchez pas à me retrouver. Si vous tentiez de m’aider, vous ne feriez que mettre vos vies en danger. Et ça, je veux à tout prix l’éviter.
Cette affaire est déjà allée beaucoup trop loin. Il est temps d’y mettre un terme. Et ça, mes Pokémon et moi sommes les seuls à pouvoir le faire. »

Il y eut une pause, pendant laquelle des grésillements signèrent les larmes à peine contenues du garçon. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix était secouée de trémolos :

« Ne vous en faites pas pour moi. J’ai retrouvé Pikachu, et mes Pokémon sont sains et saufs avec moi. Je serai pas tout seul… Vous, continuez le voyage sans moi. Je me débrouillerai.
Dites à Luxray et Roussil que je leur suis reconnaissant pour s’être battus pour moi, et souhaitez-leur bon rétablissement de ma part. Je… Au revoir… Portez-vous bien, surtout ! »

Soudain l’image tourna dans tous les sens, dévoilant ce qui semblait être une forêt. Il y eut un bruit de verre brisé, et l'écran s’éteignit brusquement dans un concert de larsens. Plus aucune trace de Sacha, ni de Pikachu.

Pendant un long, très long moment, les seuls bruits que l’on pouvait percevoir étaient ceux de l’agitation lointaine de l’hôpital : roulettes des brancards d’urgence, cris de patients souffrant de telle ou telle blessure.

Dans la chambre immobile, en revanche, le temps semblait s’être suspendu. Les trois compagnons contemplaient fixement l’appareil, comme s’ils espéraient voir ressurgir l’image de leur ami. Mais rien ne vint. Le message s’arrêtait là.

Une larme solitaire roula doucement le long de la joue de Serena, mais elle ne s’en rendit compte que lorsque le goût salé parvint sur ses lèvres. Finalement, elle brisa le lourd silence qui enveloppait la pièce, murmurant d’une voix plus ténue qu’un souffle :

- Il est parti… Sacha est parti.