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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 22/05/2016 à 13:45
» Dernière mise à jour le 31/08/2020 à 00:14

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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041. 3x15 - Une base secrète peut en cacher une autre
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Après avoir gagné son troisième badge à Lavandia grâce à son Poussifeu évolué en Galifeu, Sofian désire se rendre à Vermilava tandis que Flora apprend que le prochain concours se déroulera à Autéquia. Une violente dispute éclate entre Sofian et Flora qui menace de quitter le groupe. L’accès à Vermilava étant bloqué, les trois adolescents se dirigent vers Autéquia dans une ambiance électrique. La Team Rocket, quant à elle, décide du pokémon à voler dans le but de mener à bien leur mission et prépare un plan pour voler Galifeu.

Route 111


Pokémon #201d
Un éclair illumina les alentours et l’orage gronda dans le ciel obscurci par une épaisse couche de nuages noirs menaçants. Sifflant à travers l’averse violente qui s’abattait dans les bois, l’homme fusait à toute allure, éclaboussant ses jambes de boue à chaque pas précipité. La rafale de vent qui accompagnait l’orage tonitruant le poussait par le dos, l’aidant dans sa fuite entre les arbres déchainés dont les branches s’agrippaient de temps à autres à son chapeau de ranger. Plaqué précieusement contre son torse comme un trésor inestimable qu’on aurait voulu lui dérober, un long poteau en bois au bout duquel avait été maladroitement ficelé un drapeau vert le freinait dans sa fuite. Il n’avait pas besoin de se retourner ni de chercher à percevoir les pas de courses derrière lui, ses longues années d’expériences dans le domaine lui avaient façonné un sixième sens imparable : son adversaire était très proche de lui.
— Ningale, utilise « jet de sable » pour le retarder ! cria-t-il.
Un éclat de lumière à sa ceinture fit apparaître sa créature dans son dos, et il savait que l’attaque allait être efficace : mélangée à la pluie infernale qui tombait depuis la veille, le sable et la terre transformés en boue compacte allaient créer une arme puissante pour bloquer la course de son assaillant.
— Encore quelques mètres ! rassura-t-il en essayant de faire passer sa voix à travers le tumulte de l’orage.
Malgré le déluge et l’obscurité de la matinée, il distingua à peu près l’orée de la forêt qu’il cherchait depuis le début de sa course.
— Allez Ningale, un dernier effort : utilise « force cachée » !
Un éclair aveuglant éblouit les alentours et le ranger ainsi que son pokémon disparurent mystérieusement avec le flash.
Il était sorti du bois et s’était retrouvé au pied d’une gigantesque montagne qui disparaissait dans l’obscurité de l’orage. Cherchant du regard de tous côtés, il constata avec dépit que le ranger s’était bel et bien évaporé dans l’éclair de lumière. L’orage éclata à nouveau ; il valait mieux se mettre à l’abri pour l’instant.
Il s’emmitoufla plus confortablement dans sa cape de voyage, précisa la position de sa capuche qui cachait son visage dans l’ombre de son identité inconnue, avant de reprendre sa route. Mais son regard s’arrêta sur un étrange objet collé aux racines d’un arbre. L’homme ramassa le calepin fondu par la pluie et l’observa longuement, avant de sourire devant le seul mot encore lisible et entouré plusieurs fois : « Galifeu ».

Pokémon #201i
D’énormes boules de feu fusèrent hors de son bec et calcinèrent les branchilles amassées en un tas symétrique, créant ainsi le feu de camp désiré. Sofian félicita son Galifeu pour l’exploit qu’il venait de réaliser — depuis qu’il avait évolué, jamais Galifeu n’avait été d’une si grande aide dans leur voyage — tandis que Flora et Timmy se rapprochèrent du feu afin de se réchauffer. En sortant du Chemin Ardent le jour précédent, les trois amis avaient ressenti le bonheur de voyager dans un climat tempéré. Cependant, l’orage ayant déversé ses flots depuis plus de vingt-quatre heures à présent, ils commençaient à regretter la chaleur aride de la grotte. Par chance, ils avaient trouvé cet endroit à l’abri de la pluie grâce à ses hauts épicéas qui empêchaient l’averse de les inonder. Pour ce qui était de leur environnement, ils n’auraient pas pu trouver mieux.
L’ambiance, à l’instar de l’orage, était électrique. Aucun des trois adolescents ne s’était échangé le moindre mot depuis leur réveil humide dans les bois, les cris de la dispute entre Sofian et Flora résonnant toujours à leurs oreilles. Timmy, quant à lui, n’osait pas intervenir dans leur querelle de peur de devoir prendre parti pour un des deux camps. C’est ainsi qu’il s’était renfermé dans son rôle de guide, passant son temps à jouer avec son Tarsal, et qu’il ne quittait plus des yeux son Pokénav, à tel point qu’il avait fini par apprendre la route par cœur et que son Pokénav n’était plus devenu qu’un prétexte pour fuir la mauvaise humeur de ses deux amis.
L’orage gronda de plus belle, décidant à leur place qu’ils allaient devoir rester plus longtemps sous les arbres. Occupée à dresser à l’aide d’une branche d’arbre sa Skitty trop occupée à jouer avec sa propre queue, Flora tournait inlassablement le dos à Sofian qui avait pris l’habitude de ce genre de comportement. Désirant ne pas envenimer la situation, principalement étant donné du fait que Flora n’avait pas céder à sa menace de quitter le groupe, Sofian s’était mis en tête une seule chose : entraîner Galifeu qui avait encore bien du mal à se sentir à l’aise dans son nouveau corps puissant. D’après la description de son pokémon dans son Pokédex, Galifeu, qui passait le plus clair de son temps à courir seul et à donner des coups de pieds dans le vide, était capable de bien des exploits en matière de combat physique. En évoluant, son corps avait été doté de muscles qui allaient pouvoir changer toutes les stratégies de combat qu’il avait élaborées lorsqu’il n’était encore qu’un faible Poussifeu.
Sofian quitta le feu de camp et se mit à l’écart du groupe en invitant son Galifeu à le joindre.
— Galifeu, si on veut gagner le badge de Vermilava, il est temps qu’on se mette sérieusement à entraîner tes attaques physiques, annonça Sofian. D’après le Pokédex, tu pourrais connaître la capacité « double pied ».
Le poulet orange resta muet d’incertitude.
— Mais si, c’est pas si compliqué que ça, rassura son maître. C’est simplement une attaque de type combat où tu donnes des coups de pieds à ton adversaire.
Sofian fit apparaître sa Nirondelle et répéta les consignes : Galifeu allait devoir l’attaquer et l’oiseau se protéger à l’aide de ses ailes mais tout en le laissant l’atteindre. Étant de type vol, elle ne risquerait pas d’être grandement blessée.
Galifeu sauta dans les airs, la jambe droite en avant, mais manqua sa cible qui avait à peine reculé d’un pas par réflexe.
— Mh, tu n’es pas très rapide quand il s’agit d’utiliser tes jambes, constata Sofian.
Afin d’éviter que Galifeu rate à nouveau sa cible, et surtout dans le but de connaître la véritable puissance musculaire de son pokémon, Sofian lui ordonna d’attaquer un des épicéas qui les entourait. Le pokémon donna deux coups de pieds contre le tronc de l’arbre qui tremblota légèrement.
— Ouf ! On est loin des dix coups de pieds par seconde que le Pokédex indique, marmonna Sofian, pensif. Écoute, il faut que tu prennes de la vitesse en te stabilisant sur ta jambe gauche et en profitant de la liberté de ta jambe droite pour attaquer. Regarde.
Sofian s’agenouilla auprès de son pokémon et plaça ses mains contre sa jambe gauche afin de lui montrer la posture à adopter pour être stable. Mais le contact contre le plumage de Galifeu lui brûla le bout des doigts et Sofian fut contraint à lâcher de suite son pokémon dans un petit cri de surprise. Galifeu lui lança un regard inquiet et d’après la grimace de peine sur son visage, il semblait s’excuser auprès de son maître pour ne pas être capable de contrôler sa température corporelle.
— Ce n’est pas grave, on a juste énormément de travail devant nous…
Mais Galifeu, touché par le fait qu’il avait blessé son maître, s’entoura d’une aura rouge, signe de son attaque « puissance » et réattaqua le tronc d’arbre pour lui montrer sa bonne foi dans son entraînement.
— Les gars, on redémarre bientôt où j’ai le temps de m’entraîner un peu ? demanda Sofian en se tournant vers le feu de camp.
— Personnellement, je préférerais attendre que l’orage se calme avant de reprendre la route, répondit Timmy, l’humidité m’empêche de bien respirer et je ne voudrais pas tomber de fatigue trop vite.
Sofian attendit une réponse de la part de Flora, mais celle-ci lui tournait toujours le dos et n’avait pas l’air de vouloir reconnaître son existence. Impassible, elle continuait sans relâche à faire danser sa Skitty autour de sa branche d’arbre. Sofian soupira et se tourna vers son Galifeu toujours en travail intensif.
— Pff, si c’est ça l’entraînement d’une coordinatrice, grommela-t-il pour lui-même, je comprends pourquoi elle ne respire pas la joie de vivre.
Galifeu poussa un cri de douleur et retomba au sol en se tenant la jambe droite dans les pattes. Mais lorsque Sofian accourut, son pokémon se releva vaillamment pour ne montrer aucun signe de faiblesse.
— Je sais que tu veux bien faire, Galifeu, mais vas-y quand même mollo…
Mais Galifeu ne l’écouta pas. Il utilisa à nouveau sa capacité « puissance » pour rassembler son énergie dans sa jambe et donna deux coups brutaux contre le tronc d’arbre qui se déracina sous le choc et s’écrasa violemment au sol sur une cinquantaine de mètres, provoquant un minuscule tremblement de terre, et surtout l’intérêt de ses deux amis. Une nuée de Roucoul s’envola de peur alors que la pluie tomba dru sur l’immense cratère que Galifeu venait de créer.
— Super Galifeu, tu as ré… !
Mais Galifeu avait disparu.
— Galifeu ?
— Un problème ? s’inquiéta Timmy.
Galifeu n’était plus à l’endroit où il s’était tenu quelques secondes avant que l’arbre ne s’arrache du sol, et Sofian commença à paniquer.
— Ga… Galifeu !!
Sofian courut vers l’énorme cratère de plus de cinq mètres de diamètre et se jeta au sol pour chercher des yeux son pokémon dans l’obscurité de la profondeur du trou.
— GALIFEU !!

Pokémon #201s
Flora et Timmy s’étaient précipités près du trou qui avait contenu l’arbre quelques instants plus tôt, et Sofian courut vers le feu de bois pour en extirper une branche d’arbre enflammée qu’il jeta dans le cratère. La lumière de la flamme s’évanouit dans les ténèbres juste avant que ne résonne le son qu’avait produit la branche en touchant le sol.
— Ce cratère est immense ! s’ahurit Flora. S’il a glissé dedans, vu sa profondeur, j’espère…
— Ne perds pas de temps à espérer, et aide-nous à trouver un moyen de le sortir de là ! rétorqua Sofian de très mauvaise humeur.
Flora resta bouche bée tandis que Sofian ordonnait à sa Nirondelle de descendre chercher Galifeu. Mais le pokémon revint rapidement, épuisé.
— Galifeu est trop lourd pour elle… comprit Sofian.
— Regardez, une échelle ! s’exclama tout à coup Timmy.
Le jeune garçon pointait du doigt le tronc d’arbre allongé au sol : complètement creux, il abritait en son sein une échelle faite de cordages dont l’extrémité avait été déchirée par son déracinement. L’autre bout de l’échelle reprenait à quelques mètres de profondeur dans le cratère.
— Il faut atteindre l’échelle pour pouvoir descendre ! s’exclama Sofian. Balignon, utilise « vampigraine » !
Il fit apparaître son pokémon de type plante qui envoya une graine se déployer autour de l’échelle qui était accrochée trop bas dans le cratère, et les lianes qui se développèrent remontèrent jusqu’aux pieds des trois adolescents.
— Personne ne se demande comment ça se fait qu’il y a une échelle dans un arbre ? se demanda Flora, intriguée.
— Tu n’as pas envie de te rendre utile et de nous aider à descendre ?! s’emporta Sofian, exaspéré.
Flora mordit sur sa langue pour ne pas lui répondre et lui arracha des mains la liane qu’il lui tendait. Elle alla la nouer autour d’un tronc d’arbre afin que Sofian puisse descendre le long de la corde et continuer à l’aide de l’échelle en cordages. L’obscurité l’entoura alors qu’il descendait difficilement l’échelle sous l’averse qui inondait le cratère, et bientôt il toucha pied sur ce qui ressemblait à un sol en parquet caché sous une énorme flaque d’eau.
— Galifeu !
Il retrouva son pokémon allongé de tout son long sur ce qui ressemblait à du tissu rouge et des branches d’arbres. Sofian comprit que Galifeu s’était écrasé sur une tente de voyage, ce qui avait dû amortir sa chute. Malheureusement, Galifeu semblait s’être tout de même bien endommagé les muscles de ses jambes.
— Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?
Ce ne fut que lorsque Flora et Timmy l’avaient rejoint dans le cratère que Sofian releva la tête et découvrit l’endroit qu’ils avaient pénétré.
— Je rêve où on se trouve… ? commença Timmy.
— …dans une véritable chambre aménagée ! constata Flora, stupéfaite.
Sofian ravala un cri de surprise en distinguant un lit douillet placé contre le mur rocheux de la grotte dans laquelle ils venaient de mettre les pieds. Une lampe irisée avait été installée sur une table de chevets en forme de souche d’arbre, un large bureau ressemblant à s’y méprendre à un buisson avait été décoré de plusieurs poupées à l’effigie de pokémons différents, des cadres et des tapis ornementaient la pièce, ainsi qu’un jukebox et une fabuleuse collection de coussins de toutes les couleurs.
— Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? répéta Timmy, bouche bée.
— Qui peut bien vivre dans une grotte aussi glauque ? s’étonna Sofian.
— Un génie… murmura Flora, ébahie.
— Un timbré, rectifia Sofian, sceptique.
— On dirait une chambre de princesse, fit remarquer Flora, les étoiles dans les yeux.
— On dirait une chambre de torture, se moqua Sofian.
Ignorant les nouvelles remarques du garçon, Flora se laissa intriguer par un ordinateur portable posé à même le sol à côté d’un étrange drapeau dont la toile triangulaire brillait de sa couleur dorée. Elle s’approcha de l’objet mais le parquet sous son pied droit se rompit et elle fut engloutie jusqu’à la taille, prise au piège.
— Flora ! s’exclama Timmy en courant après elle pour l’aider à s’en extirper.
Sofian pouffa de rire en aidant Galifeu à se relever à son tour tandis que Skitty courait vers le drapeau afin de lui infliger une correction pour avoir mis sa maîtresse dans l’embarras. Mais à peine la chatte s’était-elle approchée du drapeau qu’un puissant jet de sable s’abattit sur elle et l’envoya valser à l’autre bout de la pièce.
— Skitty !
Un flash rouge sortit de l’ombre et arracha le drapeau avant de grimper sur le lit. Un étrange pokémon en forme de mygale rejoignit le cow-boy qui venait d’apparaître.
— Si vous voulez mon drapeau, il faudra être plus rapide !

Pokémon #201s
Skitty s’extirpa hors du tas de sable qui l’avait ensevelie et se jeta dans les bras de sa maîtresse qui, comme ses deux amis, était restée interdite face à l’apparition de l’étrange jeune homme au chapeau rouge qui tenait dans son autre main un drapeau vert.
— Et ouais, vous pensiez que j’allais laisser ma base secrète sans surveillance, peut-être ? lança-t-il sur un ton de défi.
C’est alors qu’il se rendit compte de l’énorme trou béant au-dessus de leur tête et de l’échelle qui donnait accès à la grotte à présent déchirée.
— Vous… vous avez détruit l’entrée de ma base ?? s’exclama-t-il de son accent nordique, hors de lui. Mais c’est carrément contre les règles de la Guilde !
— Mais de quoi vous parlez ? répondit enfin Timmy, une fois le choc passé.
— Et puis d’abord, vous êtes qui vous ? demanda une Flora interloquée.
L’homme jeta un coup d’œil au Galifeu blessé, assis contre le mur, et semblait perdu dans ses pensées.
— C’est qu’elle n’était pas assez bien cachée et protégée, murmura-t-il pour lui-même.
Sofian et Flora échangèrent un regard d’incompréhension à Timmy qui avait préféré reculer vers l’échelle de cordages, au cas où…
— Bon, vous ne m’avez pas l’air d’être des chasseurs de drapeau, dit enfin l’homme.
Il descendit de son lit et replaça son drapeau doré à sa place initiale.
— Je m’appelle Milpert Huis, se présenta-t-il en leur tendant la main à chacun d’eux, expert en bases secrètes depuis onze ans.
— De… bases secrètes ? interrogea Sofian, sceptique.
— Ne me dites pas que vous ne savez pas ce que sont les bases secrètes, s’étonna l’homme. Vous n’êtes pas de la région ?
Sofian leva les sourcils, vexé. À partir de cet instant, tous les mots que prononça l’homme lui furent sans intérêt.
— Allons donc ! La Guilde des Chasseurs de Drapeaux ! Non ?
Flora et Timmy échangèrent un regard amusé.
— Bah… non ! répondit Flora avec un petit sourire.
— On crée une base secrète, un drapeau, on cherche la base des autres dans une compétition d’orientation, on s’empare du drapeau et on le ramène le plus vite possible à sa propre base avant que le possesseur du drapeau ne vous rattrape, expliqua rapidement le cow-boy. Non ?
— Ça a l’air… amusant ! avoua Flora, séduite par l’idée.
— Ouais, en gros vous faites mumuse avec vos jouets, marmonna Sofian, de mauvaise humeur.
— Au moins, on ne met pas la vie de nos pokémons en danger comme le font ceux qui se qualifient de « dresseurs pokémon », non ? répliqua Milpert.
Sofian se mordit la langue pour ne pas manquer de politesse face à l’homme qu’il trouvait de plus en plus désagréable.
— Mais vous savez, les dresseurs dressent les pokémons et tissent des liens étroits avec eux, se défendit Sofian. Ce n’est pas qu’une compétition de luttes, ce sont des amitiés qui naissent, on donne tout à nos pokémons et eux-mêmes nous le rendent bien. On est très attentif au bien-être de nos pokémons, nous qui nous qualifions de « dresseurs pokémon ».
— Je vois… marmonna Milpert en jetant un coup d’œil au Galifeu blessé derrière Sofian. En tous les cas, nous les « chasseurs de drapeaux », nous préférons nous amuser avec nos pokémons plutôt que de les utiliser comme des objets dans des combats qui leur font du mal. Jouer, c’est plus sain que de faire la guerre, non ?
Sofian voulut répliquer mais il croisa le regard émerveillé de Flora qui affichait un sourire satisfait, et il préféra ne pas rentrer dans la discussion ; il avait déjà bien assez mal au crâne à cause de ses disputes avec Flora que pour se mettre une nouvelle personne à dos.
— Et comment on crée une base secrète, concrètement ? demanda Timmy pour changer de conversation.
— Si tu veux, je peux te montrer comment ça fonctionne, proposa Milpert qui n’avait pas eu l’air de prendre mal l’échange avec Sofian.
Il leur fit signe de remonter l’échelle en cordages afin de sortir à l’extérieur de la base secrète et Sofian préféra ne pas bouger car la simple vue du sourire amusé et satisfait de Flora le faisait brûler de rage.

Pokémon #201i
— Finalement, on peut créer des bases secrètes à peu près n’importe où, expliqua Milpert dans son accent bien tranché. Il suffit que votre pokémon connaisse la capacité « force cachée ». Personnellement, j’ai mes petites préférences : les buissons, les arbres ou un pan de montagne, car ce sont les meilleurs trompe-l’œil.
Le chasseur de drapeaux aux allures de cow-boy les avait amenés au pied de l’immense montagne du Mont Chimnée, à la sortie du bois. L’averse n’avait pas faibli en intensité, mais Milpert leur avait fourni un énorme parapluie rose sous lequel ils avaient pu s’abriter.
— Allez Ningale, montre-leur les pouvoirs de ta « force cachée » !
Le pokémon insecte de Milpert sortit ses griffes acérées et se jeta contre le pan de la montagne pour y tailler lentement les roches qui le constituaient.
— On ne préviendrait pas Sofian, histoire qu’il ne reste pas seul dans la base secrète ? demanda Timmy alors que le pokémon se lançait dans sa longue tâche.
— Bah ! Il doit être trop occupé avec son entraînement que pour remarquer qu’on est parti, répondit Flora en grinçant des dents.
Timmy soupira et préféra ne pas insister. Il fit apparaître son Arcko qui fut très vite intrigué par les gestes du pokémon insecte.
— Ça ne vous dérange pas si mon pokémon observe votre Ningale pour essayer d’apprendre cette capacité ? demanda-t-il au chasseur de drapeaux.
— Bien au contraire ! Si je peux vous initier à la Guilde, ce serait parfait, non ?
La construction d’une base secrète était longue et éprouvante. Les minutes passaient sans que le mur de roches ne semblât défaillir contre les puissants coups de griffes de Ningale, et ils n’en étaient qu’à l’entrée !
— Ne vous en faites pas, rassura Milpert, vous pensez qu’il n’a encore rien construit, mais vous ne voyez pas en réalité que l’entrée de la base est bientôt terminée. C’est normal, c’est censé être une base secrète, et donc bien dissimulée !
— Ah ouais, impressionnant ! commenta Flora. Je me mettrais bien à jouer dans cette compétition, moi !
— Mais du coup, si ça fait onze ans que vous jouez… enfin, que vous participez à cette compétition plutôt, se corrigea Timmy, ça veut dire que vous devez avoir un sacré nombre de bases secrètes.
— En réalité, il y a en ce moment deux cent quinze bases secrètes cachées dans la région, dont trente-deux m’appartiennent, expliqua Milpert. Mais si je dois compter toutes les bases que j’ai créées, celle qui se sont effondrées sur elles-mêmes, celles qui ont été trouvées ou que j’ai abandonnées ici ou dans ma région natale, le nombre dépasse facilement les trois chiffres.
— Wow ! Et donc, vous avez trente-deux drapeaux, c’est ça ?
— Beaucoup plus, chérie ! s’exclama Milpert en éclatant de rire.
Mais face au regard incrédule que Flora lui avait lancé, il s’expliqua plus sérieusement :
— N’oublie pas que je suis un chasseur de drapeaux, j’ai donc les miens plus ceux que j’ai trouvés, non ? En fait, en fonction de la réussite de la décoration de notre base, jugée par le comité de la Guilde selon des critères tels que l’endroit où elle est cachée ou les pièges qui protègent le drapeau, une couleur est attribuée au drapeau de la base en question. Cela va de la couleur vert à la couleur or, en passant par bronze et argent. Chaque couleur vaut dix fois plus que la couleur en-dessous. En gros, si j’ai un drapeau bronze, c’est comme si j’avais dix drapeaux verts, et ainsi de suite. Les meilleures bases secrètes ont un drapeau en or, qui représente cent drapeaux verts. Le but étant de se retrouver avec le maximum de drapeau possible en un an. Lorsqu’on arrive à obtenir l’équivalent de drapeau en or, donc deux cents drapeaux verts, on peut défier le Chef de la Guilde dans une course d’orientation en un contre un. Le Chef de la Guilde et son challenger ont vingt-quatre heures pour créer une base secrète dans un rayon d’un kilomètre, puis vingt-quatre autres heures pour trouver la base secrète de son adversaire, voler son drapeau et le ramener dans sa propre base. Si quelqu’un bat le Chef de la Guilde, il prend sa place à la tête du comité à Cimetronelle ! Jusqu’à présent, cela fait six mois que le Chef de la Guilde n’a pas été battu. Mais je compte bien le défier incessamment ! Avec le drapeau vert que je viens de trouver aujourd’hui, et celui en or que vous avez vu et qui m’a été attribué la semaine passée, il ne me reste plus qu’un drapeau en bronze — ou dix verts, vous me suivez ? — pour pouvoir le défier ! Ce serait trop génial si je pouvais être le nouveau Chef de la Guilde, non ?
— Ah ouais…
Bouche bée, Flora se tourna vers Timmy pour voir s’il avait réussi à comprendre toutes les règles loufoques de cette compétition étrange, mais le jeune garçon semblait avoir trouvé plus intéressant d’observer les deux pokémons griffer inlassablement de la roche plutôt que de se perdre à essayer de comprendre ce que leur racontait Milpert.
— Finalement, je ne pense pas que je vais y participer, à votre chasse au trésor… avoua Flora assez discrètement pour qu’il n’y ait que son ami qui puisse l’entendre.
— En tout cas, je suis étonné de voir à quel point on peut être inventif, lança celui-ci.
Flora essaya tant bien que mal de cacher son hilarité pour ne pas vexer Milpert.
— Ah ça ! Mais ce n’est pas si facile que ça ! poursuivit Milpert qui pensait que les deux adolescents voulaient en savoir plus. Ça veut dire que je dois me souvenir de l’emplacement de toutes mes bases secrètes, d’aller checker tous les jours pour voir si mes drapeaux n’ont pas été volés,…
— Et tu as encore le temps pour façonner de nouvelles bases secrètes ? s’étonna Timmy.
— Et pour nous raconter ta vie, surtout… chuchota Flora, en pleine lutte pour cacher sa crise de rire.
— Ça, j’ai mon petit secret à moi pour gagner du temps.
— En parlant de temps, ça fait longtemps qu’on a quitté Sofian, se souvint Timmy. On ferait peut-être bien de…
— Personne ne bouge ! s’exclama une voix derrière Milpert.
Sursautant, Flora et Timmy se décalèrent pour découvrir à travers l’averse orageuse la silhouette d’un homme qu’ils détestaient.
— James ! reconnut Flora.
— Qui est cet homme ? demanda poliment Milpert qui lui tendit un parapluie.
— Ce fut un récit très passionnant, lança James, une pokéball à la main.
— Team Rocket, je pensais qu’Addie vous avait bien fait comprendre de ne plus nous approcher ! s’exclama Timmy.
— « Team Rocket » ? s’étonna Milpert. Serait-ce un concurrent dans la chasse aux…
— Oublie deux secondes tes drapeaux, Milpert, ces gens sont… mais au fait, où sont Jessie et Miaouss ?
— Justement, je voulais vous remercier de leur part, reprit James. Ce très long récit leur a permis de prendre tout leur temps pour vider les poches de votre ami !
— Qu… Quoi ?
— SOFIAN ! s’écria Timmy.
Un éclair de lumière rouge transperça le ciel ténébreux et Arcko fut projeté au sol par l’attaque surprise d’un Cacnéa.

Pokémon #201m
La pluie continuait de tomber inlassablement sur le parquet derrière lui. Il avait tiré Galifeu jusqu’à un mur contre lequel le pokémon avait pu s’adosser faiblement. L’intensité de son entraînement ainsi que la violence de sa chute avaient eu raison de ses dernières ressources.
— Je t’avais dit de te ménager un peu, grommela Sofian en extirpant un flacon de Super Potion de son sac à dos qu’il posa au sol. Je sais que tu veux absolument te sentir bien dans ton nouveau corps mais maîtriser tes attaques trop vite ne te sera pas utile sur le long terme. Regarde à quel point tu es épuisé.
Galifeu poussa un petit soupir de désuétude et évita le regard de son maître. Ce-dernier prit la jambe droite de son pokémon dans ses mains mais le corps ardent du poulet l’empêcha de la garder plus d’une seconde. Sofian échangea un regard avec son pokémon qui paraissait désolé.
— Ne t’en fais pas Galifeu, c’est normal. Tu es un pokémon de type feu, il faut que je m’habitue à ta température. Mais si je fais un effort, tu dois aussi faire un pas vers moi et essayer de contrôler ton brasier. Je sais que ce n’est pas évident, mais je pense qu’on peut tous les deux faire des compromis.
Galifeu ferma les yeux pour se concentrer. Sofian réitéra son geste et sentit une chaleur cuisante lui piquer la paume de la main, mais la douleur était résistible. De plus, le fait que Galifeu pensait ne plus blesser son maître semblait l’inciter à diminuer sa température corporelle. Ainsi, Sofian parvint à pulvériser le contenu de son flacon de médicament sur les blessures de Galifeu.
— Ça brûle, n’est-ce pas ! ricana une femme derrière lui.
Sofian se retourna tellement brusquement qu’il faillit se tordre le cou. Face à lui, debout dans l’énorme flaque d’eau au centre de la base secrète, Jessie sortit de l’ombre en compagnie de son fidèle Miaouss.
— Team Rocket !
— Oui, oui, c’est nous, soupira Miaouss, on le sait, vous le répétez tout le temps !
— Qu’est-ce que vous faites ici ? s’emporta Sofian. Je pensais qu’on vous avait bien fait comprendre de ne plus vous en prendre à nous !
— Et bien figure-toi qu’on a bien failli suivre ce… « conseil », avoua Jessie. Et puis, on s’est rendu compte que depuis le début de notre mission, vous nous avez mis un sacré bon nombres de bâtons dans les roues. Vous nous avez empêcher de mener à bien nos missions, vous avez détruit notre matériel, nous avez livrés à la police, et j’en passe.
— C’est tout ce que les criminels méritent !
— Surveille ton langage ! prévint Miaouss.
Mais Jessie leva la main pour empêcher Miaouss d’attaquer.
— Oui, nous sommes des criminels, en effet, affirma Jessie. Des voleurs, pour être plus précis. Et nous avons pour mission de voler des pokémons puissants. Alors, vu que vous ne vouliez pas nous lâcher les basques, on s’est dit qu’on pouvait vous rendre la monnaie de votre pièce. On s’est donc mis à observer vos équipes pour savoir quel pokémon valait la peine d’être volé. Et on a fait notre choix.
Le regard de Jessie se posa sur le Galifeu épuisé derrière Sofian, et celui-ci amorça un mouvement pour le protéger. Mais une violente secousse le projeta sur le côté et Sofian s’écrasa contre le lit sous la force du Seviper de Jessie.
— James s’occupe de tes amis, Seviper t’a mis KO, tu nous laisses ton pokémon affaibli, résuma Jessie en s’approchant de Galifeu sans défense. Échec et mat, gamin !
— J’ai pas dit mon dernier mot ! s’écria Sofian en lançant une pokéball dans les airs.
Écrapince se métamorphosa dans la base secrète et frappa à l’aide de sa pince le bras de Jessie qui n’était qu’à quelques centimètres de Galifeu.
— Seviper, « buée noire » ! ordonna Jessie en se frottant la main gauche déjà endolorie par sa brûlure de la veille.
Un épais nuage de poussière enveloppa la base secrète, empêchant Sofian d’y voir quoi que ce soit.
— Galifeu, non ! s’exclama-t-il en comprenant que Jessie allait pouvoir en profiter pour voler son pokémon. Écrapince, envoie tes « bulles d’eau » tout autour de toi !
Sofian sut que son pokémon s’était exécuté lorsqu’il sentit des bulles d’eau siffler juste à côté de son oreille. Il se releva d’un coup sans attendre de savoir si Jessie avait été touchée, mais une petite masse s’agrippa à ses jambes, manquant de lui faire perdre l’équilibre. Alors qu’il entendait Seviper glisser vers la position où se trouvait Galifeu — probablement pour aider sa maîtresse à se débarrasser d’Écrapince —, Sofian comprit que Miaouss tentait de l’immobiliser et il le jeta d’un coup de pied violent vers le fond de la base. Sofian reconnut le son de l’ordinateur portable s’écraser au sol sous le choc du corps de Miaouss et la dalle piégeuse dans laquelle Flora était tombée se refermer sur sa nouvelle victime.
Sofian courut vers l’endroit où se trouvait normalement Galifeu et entendit Jessie pousser un cri alors qu’il sentit la queue de Seviper balayer le sol. Il trouva enfin le corps de son pokémon toujours au même endroit et le souleva de toutes ses forces, n’ayant pas assez de temps pour chercher son sac à dos dans le nuage de poussière.
— Écrapince, « armure » ! ordonna-t-il.
Le pokémon aquatique s’illumina au loin et Sofian en profita pour le faire rentrer dans sa pokéball, maintenant qu’il pouvait le viser avec sa sphère. Il plaça difficilement Galifeu sur ses épaules, le corps ardent du pokémon le brûlant chaque centimètres de son dos, et courut à toute vitesse vers l’échelle en cordages qui lui assurerait une échappatoire.
— Seviper, ne le laisse pas filer ! s’enragea Jessie. Il nous faut ce Galifeu !!
S’extirpant hors du nuage de fumée en arrivant sur la terre ferme, Sofian se jeta au sol boueux en avalant une énorme quantité d’eau de pluie qui se déversait toujours dans les bois, et se releva difficilement, Galifeu à moitié évanoui sur son dos. Jessie poussa un cri de rage au fond du cratère derrière lui et Sofian s’enfuit à toute vitesse entre les arbres.

Suffoquant sous la pluie torrentielle, le dos brûlant et le poids relativement lourd de Galifeu sur les épaules, Sofian poursuivit sa course coûte que coûte vers une destination inconnue. Tout ce qu’il espérait, c’était d’avoir assez d’énergie pour semer la Team Rocket avant de s’effondrer de fatigue. Pour l’instant, il était impossible pour lui de s’arrêter car il se sentait suivi de très près. Un flash de lumière explosa à sa droite, tel un appareil photo, et l’orage éclata violemment au-dessus de sa tête. Il fallait quitter ces bois au plus vite !
Ankylosé par la fatigue, les jambes de Sofian défaillirent après cinq minutes de course intensive et l’adolescent se sentit chuter dans une flaque de boue. Son dos fut libéré de la charge de Galifeu qui roula au sol et s’écrasa contre un arbre. Sofian essaya de se relever mais ses bras ne purent supporter la charge de son propre poids et il retomba mollement au sol.
— Sofian !
Elle les avait retrouvés. Tout était perdu.
— Sofian, est-ce que ça va !!
Sofian se sentit soulever avec force et il se retrouva très vite assis, dos contre un tronc, face à Flora et Timmy qui avaient l’air paniqué. Derrière eux, Milpert Huis jetait des regards rapides de tous côtés, comme s’il s’attendait à ce qu’on les rejoigne, alors que l’Arcko de Timmy et le Gobou de Flora montaient la garde.
— Il faut se cacher si on ne veut pas qu’il nous retrouve ! pressa-t-il.
— Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? s’inquiéta Timmy en lui dégageant la boue qui s’étalait sur son visage.
— Galifeu… suffoqua Sofian, éreinté.
Timmy jeta un coup d’œil derrière son épaule et Flora cria en retrouvant le corps épuisé de Galifeu flottant dans une flaque d’eau.
— Comment… ?
— Jessie… nous a… attaqués… essaya d’expliquer l’adolescent.
— On sait, James nous a retenu un petit moment, expliqua Timmy. On a réussi à le semer mais son Cacnéa évolue rapidement dans les forêts, il va vite nous retrouver. Il faut qu’on parte au plus vite, tu te sens de te lever ?
Alors que Milpert aidait Flora à relever Galifeu, Timmy aida Sofian à se relever mais ses jambes étaient trop faibles et il chuta à genoux au sol.
— Ok ! marmonna Timmy désemparé. Fais rentrer Galifeu dans sa pokéball, comme ça on pourra te porter à deux.
— Impossible… j’ai… laissé mon sac… et sa pokéball… dans la base…
Timmy échangea un regard paniqué avec Flora qui semblait tout aussi perdue que lui. Sofian se fit aider de son ami pour rejoindre Galifeu et se laissa tomber au sol près de son pokémon.
— Il faut qu’on parte ! urgea Flora.
— Oh non, vous n’irez nulle part !
— Car la Team Rocket vous en empêchera !
Jessie, Miaouss et Séviper apparurent depuis l’arbre contre lequel Sofian s’était adossé et Jessie et Cacnéa firent leur entrée de l’autre côté du groupe. Ils étaient cernés.
— Arcko, attaque « torgnoles » !
— Gobou, « coup de boue » !
Le pokémon plante sauta vers Cacnéa, la queue en avant, mais le pokémon de James lui asséna un coup de boule si fracassant qu’Arcko fut propulsé au pied de son maître, évanoui. Quant à Gobou, son attaque de boue fut évitée magistralement par un Seviper enragé qui l’acheva en un coup de queue bien placé.
— Ce Galifeu sera à nous, menaça Jessie en s’approchant de Sofian. Et vous ne pouvez plus vous cacher !
Celui-ci lui lança un regard noir de défi et serra les poings, prêt à attaquer.
— Vous oubliez une chose : je suis un expert des cachettes secrètes ! intervint alors Milpert. Ningale, « force nature » !
Le pokémon insecte apparut au centre du groupe et s’illumina intensément dans un flash aveuglant. Sofian entendit Flora pousser un cri de surprise alors qu’il se sentit poussé violement dans un buisson. Il eut à peine le temps de s’agripper à Galifeu qu’il entra dans les branchages du buisson et chuta dans un tunnel sombre.

Pokémon #201u
Le calme était retombé, à peine perturbé par la pluie tombant loin au-dessus de lui. Sofian ouvrit difficilement les yeux et eut du mal à adapter sa vision à l’obscurité. Les muscles endoloris de son corps mirent un temps fou à exécuter les ordres de son cerveau confus, et Sofian se releva difficilement. Son crâne frôla le plafond de la base secrète dans laquelle il avait atterrit. Devant lui, un drapeau vert trônait fièrement au milieu d’une pièce vide. Galifeu se reposait contre un mur tandis que Flora appliquait de nouveaux soins sur les blessures de sa jambe tout en se tenant son propre bras droit.
— Rien de cassé ? demanda Sofian.
Flora sursauta et se tourna vers lui, soulagée de le voir reprendre ses esprits.
— Non, ça va… répondit-elle simplement en reprenant les soins qu’elle apportait à Galifeu.
— Ton bras te fait mal ? insista Sofian.
— Tracasse, je vais bien… marmonna silencieusement Flora.
Sofian hésita et avança de quelques pas vers elle.
— Où sont les autres ? s’inquiéta-t-il.
— Aucune idée. On a été séparé en tombant dans le passage secret de Milpert.
Flora termina ses soins et se releva en tenant son bras droit.
— Tu es sûre que ça…
— Qu’est-ce que ça peut te faire, d’abord ? l’interrompit-elle de manière agressive.
Sofian préféra ne pas répondre, mais il sentit une étrange chaleur bouillir dans son estomac.
— Je suppose que la Team Rocket nous traque en attendant qu’on remonte le passage secret, dit-il pour changer de conversation.
Flora ne répondit pas.
— C’est à celui qui se lassera en premier, j’imagine, poursuivit Sofian.
— Génial… soupira Flora en se laissant tomber au sol.
L’orage tonitrua de nouveau à la surface et un long silence tendu s’installa entre eux. Il leur fallait à présent attendre que la Team Rocket décide d’abandonner leur plan de vol s’ils voulaient à nouveau revoir la lumière du jour.
Les heures passèrent dans la base secrète, que seule l’intensité graduelle de l’orage venait perturber. Sofian se levait de temps à autre pour jeter un coup d’œil au passage secret qui remontait vers la surface afin de s’assurer que la voie était libre, mais il avait entendu des voix à plusieurs reprises. Confiné dans une toute petite grotte avec une Flora de très mauvaise humeur et un Galifeu qui reprenait petit à petit des forces, Sofian s’était convaincu de rester assis au sol et d’attendre, inlassablement.
De son côté, Flora semblait avoir de plus en plus de mal à résister à la douleur dans son bras. Passant du massage à l’application d’une pommade chauffante, ce qui ressemblait à un froissement du muscle paraissait la faire énormément souffrir. Mais Sofian savait que s’il voulait l’aider, son amie le rembarrerait tout de suite.
La situation devenait insoutenable. Emprisonné dans cette grotte avec pour seule compagnie sa pensée, Sofian n’avait que les souvenirs de ses disputes avec Flora qui résonnaient en tête. Mais bientôt, ce fut un tout autre problème qui allait l’occuper, car son estomac se mit à gargouiller bruyamment. Se souvenant que son sac à dos était resté dans l’autre base secrète de Milpert, Sofian fouilla ses poches, mais en vain. Le ventre de Galifeu gargouilla à son tour et Flora sortit de son sac à dos un sachet de graines.
— Tiens, donne ça à ton Galifeu, dit-elle en lui tendant le paquet de nourriture. Ce n’est pas fait pour des pokémons de type feu, mais ça pourra le caler un peu.
Sofian se leva pour récupérer la nourriture et la remercia chaleureusement.
— C’est pour ton Galifeu que je le fais, précisa-t-elle tout de même.
Sofian soupira.
— Tu comptes me tirer la tête pendant combien de temps encore ?
Soucieux de ne pas vouloir redémarrer une dispute, Sofian entendit les mots s’échapper de sa bouche sans sa volonté.
— Pardon ?
— Ça fait bientôt une semaine que ça dure, se lâcha enfin Sofian. Mais ça y est, on est sur le chemin d’Autéquia, on a fait ce que tu voulais, tu n’as plus besoin de râler. Tu as gagné ! Alors pourquoi tu continues à me parler agressivement, à m’en vouloir et à me tirer la tête ?
Flora ne répondit pas et évita son regard.
— Je ne comprends pas, sincèrement, poursuivit Sofian. Si c’était pour être toujours en froid avec moi, malgré tous les efforts que je fais, pourquoi tu n’es pas partie toute seule comme tu l’avais décidé hier dans le Chemin Ardent ?
Flora leva les yeux au ciel, muette, les dents serrés, le regard toujours fuyant. Sofian soupira.
— On va être coincé dans cette base secrète pendant quelque temps, alors autant en profiter pour enfin discuter de notre différend.
— Différend ? répéta Flora, sceptique.
— Enfin, tu parles.
— Tu veux en discuter ? Vraiment ? Tu veux vraiment savoir le fond de ma pensée sur notre « différend » ?
— Oui ! Sincèrement, je ne te comprends plus Flora ! avoua Sofian en haussant le ton, sentant la boule de rage fulminer dans son estomac. Quand on ne fait pas ce que tu veux, tu râles, et quand on fait enfin ce que tu veux, tu continues de râler ! C’est quoi ton problème ?
— J’EN AI RIEN À FOUTRE DU FAIT QUE TU DÉCIDES OU QUE JE DÉCIDE ! s’écria enfin Flora.
La voix de Sofian disparut dans sa gorge, surpris par le cri de la jeune fille.
— Je m’en fous qu’on aille à Vermilava ou Autéquia, je m’en fous qu’on se tape tous tes combats d’arènes et tes entraînements et tes interviews, je m’en fous totalement ! Hier, je n’ai pas menacé de quitter le groupe parce que tu voulais aller à Vermilava ! Mais parce que justement on n’est pas un groupe à tes yeux ! Pour toi, on est tous les trois dans ton voyage, on suit tes idées parce qu’on doit aller dans les villes que tu veux pour ton parcours personnel. Et les autres, tu t’en fiches ! Je ne suis pas là pour la Ligue Pokémon et Timmy encore moins ! Or, tu crois qu’on te suit comme des groupies suivent leur idole dans une tournée internationale ! Non ! Je ne suis pas un petit chien qui te suit à la trace et qui te lèches le cul dès que tu as besoin de quelqu’un !
Sofian fronça les sourcils.
— Oh, ne fais pas cette tête de la victime qui ne comprend pas ce qu’on lui reproche ! Tu as été d’une méchanceté envers moi… ! Depuis le début de notre voyage, tu fais preuve d’un mépris inqualifiable envers mes activités de coordinatrice pokémon.
— Qu’est-ce que tu racontes ?!
— Mérouville ! Dès l’instant où je t’ai parlé de la coordination pokémon, tu t’es moqué de moi et de cette pratique ! « C'est la Ligue pour les gonzesses qui n'aiment pas la violence », c’est ce que tu as dit ! Oh, je m’en souviens très bien parce que ça m’a beaucoup peiné d’entendre ça, de constater que la personne qui m’a gentiment proposé de voyager avec lui me considère comme inintéressante et surtout, dévalorise la place de la femme dans la société !
— C’est pas du tout ce que j’ai…
— Poivressel ! Tu as été un véritable enfer à supporter pendant toute la semaine qui a précédé le concours ! Et « je me fais chier », et « bien vite que le concours soit passé pour qu’on puisse reprendre le voyage »,… Tu as été tellement insupportable que si on n’avait pas rencontré Annick, j’aurais pu arriver très vite à saturation ! Tu n’as été d’aucun soutien pendant toute la compétition et malgré le fait d’avoir vu à quel point c’était difficile, tu continues à penser que la coordination ne sert à rien !
— Mais pas du…
— Lavandia ! Tu m’as littéralement insultée en me disant que je n’étais « qu’une fille » et que c’était toi en tant que garçon qui décidait, et que donc on n’allait pas à Autéquia pour mon concours qui est « inintéressant » !
— C’est pas ce que j’ai voulu…
— Et qu’est-ce que tu as voulu dire, hein ? Qu’est-ce que tu as voulu dire en me disant que « si j’avais fait un meilleur choix de carrière, on ne perdrait pas du temps dans notre voyage » ? Qu’est-ce que tu as voulu dire en disant qu’on « perdait du temps avec ces conneries que sont la coordination » ? Qu’est-ce que tu as voulu dire en me disant, les yeux dans les yeux, qu’en voyant mes difficultés à capturer Skitty, c’était évident que « les concours ne reposent pas sur le talent » ? QU’EST-CE QUE TU VOULAIS DIRE ?
Sofian déglutit, muet de stupéfaction. Certes, il n’aimait pas la coordination et son caractère faisait qu’il ne s’en était pas souvent caché. Mais avait-il réellement pu prononcer de tel propos. Dans tous les cas, les larmes qui ruisselaient sur le visage meurtri de son amie lui fendirent le cœur, et un sentiment de honte s’empara de lui. Incapable de prononcer un seul mot, il se contenta de regarder Flora extérioriser toute la colère qu’elle avait entassé en elle depuis plusieurs semaines.
— Ça te plairait, à toi, le Grand et Inestimable Sofian, qu’on te répète inlassablement à quel point c’est stupide ce que tu fais ? Ça te plairait qu’on te rappelle quotidiennement que les buts que tu poursuis n’ont aucun intérêt et qu’on dévalorise tes compétences sans arrêt ? Tu semblais très mal le prendre tout à l’heure quand Milpert te faisait remarquer qu’il te trouvait futile simplement parce qu’il savait que tu participais à des combats d’arène. Ça te plairait si Milpert te répétais tous les jours à quel point il trouve ta passion inintéressante et à quel point il te trouve toi-même sans intérêt ? Alors imagine venant de quelqu’un que tu considères comme ton meilleur ami, quelqu’un avec qui tu as vécu pas mal de choses et pour lequel tu t’es inquiété de nombreuses fois. Imagine à quel point c’est blessant pour moi d’entendre dire de la part du garçon que… à quel point… je…
La voix de Flora se brisa et elle laissa son visage tomber dans ses mains, incapable de résister à sa crise de larmes déchirante. Sofian se rendit alors compte de l’état d’épuisement de son amie face à son comportement. Ce que lui-même avait jugé de puéril, de simples disputes ou de remarques sans grandes conséquences, il n’avait pas imaginé un seul instant que cela aurait pu véritablement atteindre Flora.
— Tu méprises tellement… tout ce qui ne te touche pas de près… sanglota Flora en reniflant bruyamment, que tu n’as même pas… l’intelligence et le tact… d’accepter la différence des autres…
— Je ne pensais pas que tu tenais autant à mon avis, murmura Sofian, la gorge sèche.
— Ce qui me fait le plus mal, ce qui me touche profondément, ce n’est pas ton avis sur la coordination, rectifia Flora en se séchant les larmes qui ne cessaient de couler à l’instar de l’averse orageuse à l’extérieur. Si tu considères la coordination comme une perte de temps, ça veut dire que tu me considères comme inutile. Voilà ce qui est le plus blessant : à tes yeux, je ne suis pas importante et je ne vaux pas la peine que tu t’intéresses à moi.
Sofian ouvrit la bouche, mais aucun mot n’en sortit.
— Mais ça, ça ne t’atteint pas… Tout ce qui ne te touche pas personnellement n’est d’aucun intérêt. La preuve, c’est parce que ça t’emmerde que je te râle dessus que tu veux qu’on en discute, pas parce que tu te sens mal de me voir dans cet état.
— Je… commença Sofian, à la recherche de mots d’excuses.
— Ne prends pas la peine d’écorcher ta langue avec des mots que tu ne comprendrais pas, l’interrompit Flora dans son effort, ou avec des sentiments que tu n’éprouverais pas.
Sofian n’insista pas. L’adolescent rejoignit Galifeu tandis que Flora tentait tant bien que mal d’essuyer son visage mouillé par les larmes à l’aide de la manche de sa veste de pluie. Un silence gênant s’installa et l’orage grogna de plus belle.
Soudain, une planche de bois tomba juste devant le nez de Sofian et Timmy et Milpert s’extirpèrent hors d’un couloir secret.

Pokémon #201l
— Enfin, on vous retrouve ! s’exclama le chasseur de drapeaux en prenant Sofian et Flora à tour de rôle dans ses bras. On a fait toutes mes bases secrètes avant de vous retrouver, on a bien cru que vous étiez ensevelis sous la terre ! Et ouais, c’était ça mon secret : toutes mes bases secrètes sont reliées entre elles par des couloirs secrets qui ne sont accessibles que grâce à une clé que je suis le seul à posséder. Astucieux, non ?
Milpert fit le tour de sa toute petite base pour inspecter les dégâts occasionnés par la brusque arrivée de Sofian et Flora, et ne sembla pas se rendre compte du froid glacial entre les deux adolescents. Timmy, quant à lui, avait bien remarqué l’état déplorable de Flora et le visage dur et crispé de Sofian. Flora hocha la tête en se relevant, et Timmy préféra ne rien dire.
— On avait pensé à une stratégie pour se débarrasser de la Team Rocket qui rode juste au-dessus du passage secret, annonça Milpert qui s’assurait que son drapeau vert n’avait pas été sali. Depuis une autre base secrète, on a vu que les deux énergumènes nous attendent avec un Seviper, un Cacnéa et un Papinox. Si on ne veut pas qu’ils nous attaquent, il va falloir les enfermer dans un piège.
— Où on peut aussi les attaquer, répondit enfin Sofian qui profita de ce prétexte pour ne plus penser aux reproches que lui avait faits Flora.
— Ah oui, c’est vrai, les « dresseurs » utilisent leurs pokémons pour l’offensive, répliqua Milpert sur un ton plein de critiques. Si vous voulez mon avis, je pense qu’il serait préférable de préparer des pièges et de…
— Vous savez quoi Milpert, laissez-moi vous prouver que les pokémons sont faits pour combattre, qu’ils aiment combattre, et qu’ils veulent combattre pour nous défendre, insista Sofian.
Il se tourna vers son Galifeu et lui demanda s’il s’était assez reposé. Le pokémon se leva lentement, inspecta l’état de ses jambes, et sourit largement en constatant qu’il avait récupéré toute son énergie.
— Galifeu, envoie ton attaque « flammèche » dans le tuyau qui remonte à la surface ! ordonna Sofian.
Galifeu courut vers l’entrée du passage secret et envoya une série d’énormes boules de feu vers la surface de la forêt. Un cri retentit en altitude et Sofian crut reconnaître la voix de James :
— Ils se cachent là depuis le début ! s’était-il écrié.
— Vous êtes cernés ! s’écria Jessie.
Timmy tapota à l’épaule de Sofian.
— Un petit travail en équipe, ça te dit ?
— Euh… Si ça peut aider…
— Il est temps de sortir d’ici en creusant un autre passage ! annonça Timmy. Arcko, « force cachée » sur le plafond !
— Ma base secrète ! s’exclama Milpert.
Le Arcko de Timmy s’accrocha au plafond et se mit à creuser la terre rapidement.
— Flora, un petit coup de main ? proposa Timmy.
Flora sembla le comprendre directement et fit appel à Charmillon. L’énorme papillon agrippa chaque être humain un par un pour les emmener vers le nouveau passage secret, afin qu’ils puissent tous remonter à la surface en suivant Arcko.
Une fois à l’extérieur, Sofian vit au loin Jessie, James et leur pokémon — Cacnéa étendu au sol, grièvement brûlé par les boules de feu de Galifeu — autour du buisson dans lequel ils avaient été poussés précédemment par Milpert.
— Galifeu, il est temps de mettre en pratique notre entraînement matinal ! Attaque « double pied » !
Le poulet courut à toute vitesse vers la Team Rocket qui se rendit enfin compte de leur présence dans les bois. Galifeu bondit dans les airs et frappa d’un violent coup de pied le visage de Seviper qui s’envola dans les arbres. Tendant sa jambe gauche, il percuta brutalement Papinox qui s’écrasa à son tour au sol. Dépourvus de pokémons, la Team Rocket prit ses jambes à son cou et disparut dans les bois sous une averse de moins en moins importante.
— Je suis convaincu qu’on aurait pu s’en débarrasser sans utiliser les pokémons, grommela Milpert.
— On n’avait aucune chance de sortir de là sans nos pokémons, rétorqua Sofian. Il faut arrêter de vivre dans son monde complètement fermé et de rester avec ses idées préconçues !
Milpert resta bouche bée tandis que Flora jeta un regard plein de signification à l’adolescent qui baissa les yeux. Sofian venait enfin de comprendre.

L’averse orageuse s’était transformée en fine bruine à présent que la nuit était tombée sur la forêt. Tandis que Milpert était parti faire un nouveau tour de ses bases secrètes en promettant de ramener ses effets personnels à Sofian, les trois amis restèrent seuls au milieu de la boue, Sofian et Flora loin l’un de l’autre, écrasés par un silence pesant.
— Par pitié, est-ce que vous allez enfin vous parler tous les deux ? s’emporta soudainement Timmy, lassé.
Flora resta muette et Sofian baissa les yeux.
— Vous allez pas rester indéfiniment à vous tirer la tête ! ordonna Timmy. Alors vous allez vous parler, vous engueuler si vous en avez besoin, et vous allez faire la paix ! C’est compris ?
Flora et Sofian échangèrent un regard, ayant déjà vécu la discussion, et Timmy soupira, abandonnant le combat.
— Je suis désolé pour tout le mal que je t’ai fait, lança enfin Sofian.
Flora leva les yeux au ciel.
— Je le suis, sincèrement ! Je suis désolé pour tout le mépris, pour toutes mes remarques désobligeantes, pour toute la peine que je t’ai faite endurer. Je suis désolé de ne pas avoir été solidaire, ou de ne pas avoir été à tes côtés, ou… je suis désolé pour n’avoir pas été l’ami que je me disais être. Sincèrement, et profondément.
Flora lui accorda enfin un véritable regard d’écoute.
— Malgré mes idées et mon avis sur la coordination, malgré mes convictions, tu as parfaitement le droit de t’épanouir dans ce domaine, admit Sofian, la voix tremblante. Et je suis très fier de toi, je suis fier que mon amie prenne autant à cœur sa passion et fasse tout pour être la meilleure dans cet art.
— Tu en fait trop là, répliqua Flora, sceptique.
— Non, je t’assure ! Je pense sincèrement que c’est un art comme les autres. Je n’y suis peut-être pas aussi réceptif que tu le voudrais, mais tu as raison, il était temps que je me rende compte que c’est bel et bien un domaine artistique et qu’il est important de le considérer à sa juste valeur. Alors je te respecte, autant que je devrais respecter toutes les autres compétitions, même la chasse aux drapeaux…
— Quand même pas jusque-là ! s’exclama Flora. Ce jeu de drapeaux est complètement débile, quand on y réfléchit bien.
Sofian et Timmy échangèrent un regard perplexe. Flora sourit. C’était le premier sourire qu’elle accordait à Sofian depuis huit jours. Et quel jouissance c’était pour le garçon de voir son amie lui accorder son pardon. C’était ça l’amitié : un sourire, pas le mépris.
— Quelle horreur !! s’écria Milpert au loin.
Le chasseur de drapeaux au chapeau rouge arriva en courant, épuisé, et afficha une mine terrifiée.
— Qu’est-ce qu’il y a ?? s’alarma Timmy.
— On m’a volé mon drapeau en or pendant qu’on jouait à cache-cache avec ces criminels !! paniqua-t-il. On a profité de l’ouverture dans ma base pour voler mon drapeau en or ! Mes cent drapeaux verts !! Vous vous rendez compte de ce que ça veut dire ?? On m’a volé la moitié de mon parcours vers ma confrontation au Chef de la Guilde ! Six mois de travail !! Il faut vite que je le récupère !
Milpert jeta le sac à dos de Sofian aux pieds de son propriétaire et noua son gilet autour de sa taille.
— Pas le temps de vous dire au revoir, vous comprendrez la gravité de la situation !
Et le chasseur de trésor disparut au pas de course.
— Il y en a qui joue une carrière à la télévision, d’autres qui veulent gravir les échelons de la société dans une compétition nationalement reconnue, et puis il y a Milpert qui court après des bouts de tissu, se moqua Flora.
Sofian éclata de rire et Flora esquissa un sourire de satisfaction. Épaté par la tournure des évènements, Timmy leva les yeux au ciel et remercia le premier dieu qui lui venait à l’esprit, alors que l’orage gronda à nouveau.
— On ferait mieux de se remettre en route, avant que le temps ne se gâte davantage, déclara-t-il, un grand sourire aux lèvres.
Sofian ramassa son sac à dos, fit rentrer Galifeu dans sa pokéball, et suivit le mouvement du groupe dans leur voyage qui reprenait.

Pokémon #201e
Ils arrêtèrent leur course une fois sorti des bois. Une fois de plus, leur plan avait été un véritable échec cuisant. James tapa de rage dans la cime d’un arbre.
— On était à deux doigts de le voler !
— Ces sales gosses ne perdent rien pour attendre ! s’énerva Jessie.
— Au moins, on sait que ce Galifeu est vraiment surpuissant, se rassura Miaouss. C’est le candidat idéal pour notre mission.
— Ouais, mais il va falloir qu’on redouble d’efforts si on veut arriver à voler un pokémon à ces trois gosses, fit remarquer sombrement James.
Ils arrivèrent à une cavité dans le pan de la montagne, dans laquelle ils avaient précautionneusement caché leur montgolfière.
— Il faut vraiment qu’on travaille un plan millimétré si on veut…
Mais Jessie interrompit son acolyte en bloquant son chemin par son bras. Elle s’était arrêtée en marche et James lui lança un regard inquiet. La jeune femme regardait droit devant elle, à l’endroit où se trouvait la montgolfière dans la grotte.
— Vous êtes qui, vous ? lança-t-elle en sortant une pokéball de sa poche.
Jessie se tourna vers la montgolfière et remarqua enfin l’homme qui les y attendait. Emmitouflé dans une cape de voyage, le visage caché par l’ombre de sa capuche, le mystérieux inconnu se leva et resta sur place.
— Je répète : qui êtes-vous ? Vous avez intérêt à répondre à la Team Rocket si vous ne voulez pas…
— Je peux vous aider, l’interrompit l’inconnu.
Sa lisse voix glaciale pétrifia les trois acolytes qui n’osèrent plus effectuer le moindre mouvement.
— Je peux vous aider à voler ce Galifeu, révéla-t-il, comme s’il lisait dans leurs pensées. Mais pour cela, vous devrez réaliser quelque chose pour moi en contrepartie.
L’homme resta silencieux, attendant une réponse de leur part afin de conclure le marcher. Jessie, James et Miaouss échangèrent des regards inquiets.
— Vous n’avez toujours pas dit qui vous étiez, rappela Jessie courageusement.
L’homme avança lentement d’un pas vers eux.
— Vous n’avez aucun intérêt à connaître mon identité, répliqua calmement la voix glaciale.
James déglutit, reculant d’un pas.
— Eh bien alors, merci, mais non merci ! rétorqua Jessie de mauvaise humeur. La Team Rocket n’a besoin de personne pour mener à bien ses missions !
L’homme avança à nouveau vers eux et tendit le bras vers James qui sursauta. Au creux de sa main ganté se trouvait une carte de visite.
— Au cas où vous changiez d’avis, dit l’homme.
James se saisit de sa carte et l’homme quitta la grotte, disparaissant dans la pluie orageuse. James et Miaouss soupirèrent en se laissant tomber sur le rebord de la nacelle de leur montgolfière.
— J’ai bien cru qu’il allait nous briser la nuque, ce type !
— Remarque, on aurait bien eu besoin d’un peu d’aide pour voler Galifeu…
— Vous êtes fous ? s’énerva Jessie. On ne va pas accepter l’aide d’un gars qui sort de nulle part, qui ne nous dit pas qui il est et qui ne veut même pas nous montrer son physique ! On n’a aucune idée de sa dangerosité, et il voulait en plus nous faire travailler pour lui avant de nous aider ! Réfléchissez un peu, bon sang ! On ne connait même pas son nom !
— Il est peut-être inscrit sur sa carte de visite ?
James jeta un coup d’œil à la petite carte rectangulaire que l’homme lui avait donnée. Un simple numéro de téléphone y était inscrit. Il la retourna et son cœur fit un bond de frayeur dans sa poitrine. Le logo qui était dessiné sur le verso de la carte de visite lui procura une terreur innommable. Pour l’avoir déjà vu sur la tôle d’un hélicoptère, la lettre « M » en forme de montagne ardente ne lui inspirait rien d’agréable. Finalement, ils avaient bien fait de refuser l’offre.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Le joueur de flûte d’Autéquia »