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Freeze de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 07/05/2016 à 14:14
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:16

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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014 - On the run
Adossé à un mur, dans une petite ruelle, Walter respirait difficilement, mais reprenait peu à peu son souffle. Le froid ambiant lui faisait un bien fou, alors qu'il avait eu l'impression d'étouffer à l'intérieur du complexe, suite à la capsule cryogénique qui s'était fichée dans son épaule. Il avisa sa main et sourit tristement. Il la trouvait encore plus pâle que d'habitude, et pourtant, il n'avait jamais été spécialement bronzé ou quoi que ce soit. Sa nouvelle apparence ne le dérangeait pas plus que cela, en réalité. Il passerait simplement moins inaperçu, maintenant, et aurait tout intérêt à quitter la ville aussi vite que possible.

Le voleur se trouvait entre deux eaux. D'un côté, il voulait rester avec ses amis. Il avait beau sembler froid, il tenait à eux comme à des membres de sa famille. Mais d'un autre côté, à quoi bon ? L'affaire du "meurtre" de Liz était résolue, il lui avait permis de retrouver sa liberté, et maintenant, il pouvait retourner à son quotidien habituel. Voler des objets anciens et d'une grande valeur pour les revendre ou les garder chez lui commençait à lui manquer un peu, d'ailleurs. Et puis, maintenant que son corps avait absorbé la glace, il devenait dangereux. Qui sait quels pouvoirs mystérieux cela pourrait éveiller chez lui ? Il ne savait rien de sa condition actuelle, pour le moment, et désirait faire des recherches à ce sujet au plus vite.

"Bon dieu, dans quelle merde je me suis encore fourré, moi..." soupira-t-il en passant une main dans ses cheveux récemment décolorés.

Le voleur se laissa tomber sur une caisse de bois et prit sa tête dans ses mains, en proie à une intense réfléxion qui commençait à lui griller les neurones. Sa condition se révélait en réalité très handicapante, puisqu'il se sentait atrocement mal dans un bâtiment chauffé normalement. Il ne pouvait plus supporter la chaleur, encore moins qu'avant. En contrepartie, il supposa qu'il pourrait tranquillement se balader dehors sous des températures inférieures à moins dix degrés. Il se releva, soupira un grand coup, puis fit sortir son Oniglali de sa Pokéball. Avec tout ça, il en avait presque oublié de le laisser sortir.

"Allez, vieux, on ne traîne pas. Linda est peut-être encore dans le coin, à guetter le moment où je quitterai ma cachette... cette femme finira par me tuer.
- Je te suis."

Walter se figea. Il avait rêvé, ou bien venait-il d'entendre une voix lui répondre ? Il cligna des yeux plusieurs fois, se les frotta, se pinça violemment la peau du poignet, et observa aux alentours. Rien ni personne, à part son Oniglali. Il fronça les sourcils et décida de tirer les choses au clair.

"Euh... Oniglali, tu comprends ce que je dis ?
- J'ai toujours compris ce que tu disais... t'es sûr que tu te sens bien ?
- Merde, merde, merde, mon Pokémon me parle !"

Le voleur ne savait absolument pas comment il devait réagir à cela. Cette voix qui lui répondait, cela ne pouvait être que celle d'Oniglali. Il avait beau regarder encore et encore, personne d'autre ne se trouvait dans la ruelle. Dans un sens, ça le soulageait un peu. Au moins, il aurait quelqu'un à qui parler s'il restait tout seul avec son Pokémon. Pour s'assurer qu'il ne rêvait pas, il choisit de continuer de discuter avec lui.

"Bon... apparemment, maintenant, je peux aussi comprendre ce que tu dis. T'as une idée de la raison ?
- Dois-je te rappeler que je me trouvais dans ma Pokéball quand tout est arrivé ? Ton nouveau look est sympa, je trouve. Il rappelle la glace."

Walter plissa les yeux. Ce Pokémon était aussi sarcastique et irascible que lui. Il ne savait pas si tout cela avait un rapport avec la façon dont il éduquait Oniglali ou non, mais ça ne lui plaisait pas des masses. Maintenant, il n'aurait plus réponse à tout constamment.

"Mon corps a absorbé de ta glace. Je suppose que maintenant, je peux communiquer avec toi sans problème, et peut-être même avec tous les Oniglali du monde. Voire tous les Pokémon de type glace.
- Pour ça, tu n'as qu'à essayer. Je ne suis au courant de rien, la science c'est ton truc. Toutefois, évite de faire des expériences sur toi-même. Je m'inquiéterais."

Walter sourit. Au moins, Oniglali se faisait du souci pour lui, c'était déjà ça. Et en ce moment, il avait plus que besoin de quelqu'un à ses côtés. Humain ou Pokémon, quelle différence, après tout ? Tant qu'il pouvait faire la conversation, il s'en fichait pas mal. Il veillerait tout de même à éviter de discuter avec son Pokémon dans des lieux publics bondés. L'asile psychiatrique ne l'attirait pas particulièrement.

"Je n'avais pas l'intention de m'utiliser comme cobaye, tu peux en être certain. Je sais qu'il existe une clinique clandestine du côté de Janusia, et ça ne coûte rien d'aller m'y faire examiner.
- Tu peux tout aussi bien aller dans un hôpital ordinaire. Je suis persuadé que les docteurs sont tout aussi compétents, suggéra le Pokémon.
- Ouais, mais je suppose que tu sais que je suis un criminel activement recherché. Et un type qui a l'air à moitié congelé, ça éveillerait peut-être les soupçons. J'ai pas envie d'aller en prison, moi !
- Sur ce point-là, on est d'accord. Les prisons, ça craint. Y'a qu'à voir l'intérieur de ma Pokéball...
- Je sais que tu m'en veux à chaque fois que je t'y enferme, mais je peux pas te transporter partout comme ça. Tu jettes un froid partout où on passe !"

Oniglali soupira, résigné, et hocha la tête qui lui servait de corps. Walter avait raison, après tout. Un Pokémon dans les lieux publics pouvait s'avérer encombrant, surtout s'il était volumineux.

"Et tu sais où elle est, cette clinique clandestine, l'ami ?
- Pas la moindre idée."

Si le Pokémon de type glace avait eu des mains, nul doute qu'il se serait frappé le front d'exaspération.

"Et moi qui te trouve intelligent... sérieusement, "du côté de Janusia", c'est vachement vague !
- Excuse-moi de pas avoir un GPS intégré dans mon cerveau, je suis pas multifonction non plus... et puis sérieux, je suis ton dresseur, tu pourrais me respecter au moins un peu, non ?
- Bouh, maintenant que je parle, on est sur un pied d'égalité... je suppose ?"

Walter secoua vigoureusement la tête et rappela Oniglali dans sa Pokéball.

"Dans tes rêves, mon pote... dans tes rêves..."


x x x


Panic! At the Disco - Miss Jackson

Six heures du matin étant le premier horaire de service pour le ferry local, Walter dut prendre son mal en patience. Lorsque l'heure vint enfin, il fut surpris de voir une foule de personnes se presser sur les quais. Il s'empressa de donner un billet de cent pokédollars en échange d'un billet, tout en marmonnant que le prix était bien excessif pour un trajet en bateau, puis parvint tant bien que mal à grimper la passerelle menant au pont principal. Il y avait un monde fou, et bientôt, les marins qui s'occupaient de l'embarquement furent obligés de demander aux quelques personnes restantes d'attendre le prochain bateau. Le voleur songea à leur faire une grimace pour les narguer, mais se ravisa. Il ne voulait pas se faire remarquer, alors il ferait taire ses sarcasmes qui le démangeaient pour le moment. Et puis, de toute manière, son apparence singulière suffisait à attirer l'attention sur lui.

Il se dit que sortir Oniglali de sa Pokéball ne lui ferait pas de mal, mais après réfléxion, il n'avait pas envie de supporter les sermons et autres joyeusetés que son Pokémon pourrait lui débiter. Pour une fois qu'il pouvait être un peu tranquille, il ne s'en priverait pas, bien au contraire.

Il se pencha sur le garde-fou du bateau, observant la mer, la tête pleine de pensées diverses et variées. L'air frais lui faisait du bien, et il ne se risquerait sûrement pas à entrer dans les cabines, comme l'avaient fait la plupart des passagers. Il se trouvait quasiment seul sur le pont principal, les yeux dans le vague et l'esprit naviguant dans le lointain. Il songea à tout ce qu'il avait laissé derrière lui.

Liz. Il s'était donné du mal pour élucider son meurtre, qui n'avait finalement été qu'une mascarade orchestrée par un médecin timide apparemment animé de bonnes intentions. Elle se trouvait bien vivante, et en bonne santé. Si tout cela avait eu lieu, on pouvait dire que c'était en partie de sa faute, mais Walter ne le pensait pas. Le seul responsable, c'était lui, et personne d'autre. Il avait tenu à laver son honneur, ce qui l'avait conduit à sa perte. Pauvre Liz. Probablement qu'elle s'inquiétait un peu pour lui. Mais elle l'oublierait d'ici quelques temps. Il l'espérait.

Will... son ami. Son meilleur ami. Ils se connaissaient depuis quinze ans, avaient toujours été très proches et complices... Il lui manquerait, évidemment. Mais il devrait faire avec, car il refusait de mettre en danger les personnes auxquelles il tenait. Will saurait s'en remettre. Il l'espérait.

Il y avait aussi Linda. Sans doute serait-elle celle qui en souffrirait le plus. Walter savait qu'elle l'aimait beaucoup, au-delà de l'amitié, mais ne répondrait probablement jamais à ses sentiments. Elle ne l'attirait pas, en dépit de sa beauté et de sa bonne humeur presque constante. Elle était probablement trop gentille pour lui, qui n'accordait pas beaucoup d'importance aux vies d'inconnus. Il n'hésitait pas à tuer, chose qu'elle ne ferait jamais. Ils étaient trop différents pour être ensemble. Elle allait s'en remettre et trouver un homme bon pour elle. Il l'espérait.

Et puis Ethan, ce mystérieux médecin qui, en dépit de tous ces actes, lui plaisait bien. Car il voyait en lui un adversaire à sa mesure. Rares étaient les gens qui pouvaient se targuer d'être aussi ingénieux que Walter Leary. Et pourtant, Ethan s'était affirmé comme un cerveau aussi brillant, peut-être même plus que lui. Un homme bon, selon toute vraisemblance, qui utilisait des moyens parfois discutables pour arriver à ses fins. Un cœur sous une couche de glace, comme avait dit Liz. Comme lui. Ils se ressemblaient, elle avait eu raison. Sans doute qu'il retournerait à sa vie de tous les jours, et qu'il se tiendrait loin de toutes ces intrigues criminelles, maintenant qu'il disposait de la formule. Il l'espérait.

Le voleur resta un long moment là, accoudé au bastingage du navire, ses cheveux désormais blancs désordonnés par la brise marine. Il ne remarqua pas la jeune femme aux longs cheveux violets qui l'observait dans l'ombre, un sourire sinistre sur son visage délicat. Il ne prêtait plus attention à rien, désormais. Son esprit naviguait en eaux troubles, loin de là, dans une marée de souvenirs déchaînée.