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Freeze de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 01/05/2016 à 18:15
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:15

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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010 - Tête à tête avec la mort
Walter ne pouvait rien voir. Peut-être que c'était dû à l'obscurité, ou à ses yeux qui refusaient obstinément de s'ouvrir, il n'en avait pas la moindre idée. Il s'imaginait déjà ligoté à une chaise, avec un bâillon dans la bouche et des cordes épaisses liant ses mains, non loin d'une table sur laquelle seraient posés des instruments de torture divers et variés. Pinces, scalpels, acide... Ou, du moins, il se serait volontiers fait cette image s'il ne sentait pas ses mains capables de bouger. Il devait être allongé. Il en avait l'impression, en tout cas. Sa tête était en contact avec quelque chose de froid qui ne pouvait être que le sol. Il tenta d'émettre un son, mais rien ne sortit de sa bouche. Il devait rester un peu de ce produit étrange dans son sang. Une sorte d'anesthésiant, probablement.

S'il ne pouvait rien voir, en revanche, il entendait distinctement tout ce qui l'entourait, et ce n'était pas pour le rassurer. Un cliquetis de temps à autre, à chaque fois qu'il esquissait un mouvement de bras. Quelque chose de métallique devait se trouver par terre, pas loin. Il parvint à identifier sa Pokéball après plusieurs minutes. On ne lui avait pas pris Oniglali ? Le voleur trouvait cela étrange. Lui laisser son Pokémon, cela signifiait lui laisser une chance non négligeable de s'échapper. Mais il n'en fit rien. Il voulait savoir. La dernière personne qu'il avait vue avant de sombrer dans l'inconscience était Ethan Sterling, l'homme qui détenait probablement la réponse à toutes les questions qu'il se posait. Et il y en avait un nombre conséquent.

Le tic tac régulier de l'horloge présente dans la pièce, qui devait être située sur sa droite s'il en croyait son ouïe, ne cessait de le harceler, d'égrener peu à peu sa patience déjà fragile, de contribuer à son stress qui montait, montait, montait... le bruit de pas qui s'approcha ensuite fut comme un soulagement pour Walter. Il savait - du moins, il se doutait fortement - qui était le possesseur de ces chaussures, et il ferait tout pour lui extorquer la vérité. Bien qu'il ne soit pas en position de le faire pour l'instant, il trouverait bien une solution. C'est ce qu'il faisait toujours pour se sortir des plus grandes difficultés.

Le voleur entendit la porte s'ouvrir, et le doigt de l'inconnu appuyer sur un interrupteur. Il avait certes les yeux ouverts, mais tout ce qu'il pouvait voir, c'était une lumière blanche aveuglante qui lui brûlait les yeux. Il choisit donc de les fermer pour l'heure.

"Oh... vous êtes tombé du canapé. Mes excuses. Permettez que je vous aide."

Walter voulut protester, mais son corps ne lui obéissait pas pleinement. On l'aida à s'asseoir sur un canapé confortable. La voix douce et chaleureuse lui rappelait quelque chose, mais il ne parvint pas tout de suite à mettre un nom dessus. Une brume épaisse recouvrait encore son esprit. Il se doutait bien qu'il s'agissait d'Ethan Sterling, mais le ton de la voix lui semblait trop différent.

"Je suis désolé, votre organisme n'a pas dû se débarrasser complètement du liquide anesthésiant... j'y suis peut-être allé trop fort sur la dose. Veuillez me pardonner."

Ses neurones se remirent enfin en marche, et il put affirmer avec certitude que l'homme qui parlait était bien Ethan Sterling. Cependant, il avait du mal à croire que ce type s'excusait de l'avoir rendu inconscient et transporté Arceus savait où. Cela ne coïncidait tout simplement pas avec ses agissements précédents. Sa vue commença à s'affiner, et il put bientôt discerner les traits fins de l'homme d'affaires, qui semblait être plutôt mal à l'aise. Walter ne comprenait décidément plus rien à la situation. C'était lui, la victime, dans tout ça, pas cet étrange scientifique sorti de nulle part qui envoyait un tueur tuer son amie !

"Où est-ce qu'on est ?"

Ce fut la seule question que le voleur eut l'idée de poser en premier. Au fond, il se doutait bien de la réponse, mais il voulait l'entendre de la bouche de son geôlier. Il voulait savoir s'il pouvait se fier à ce qu'il disait.

"Dans la zone industrielle d'Ondes-sur-Mer. Mais vous le saviez déjà, non ?
- Je ne sais plus trop dans quelle direction va ma vie, ces derniers temps..."

Ethan hocha la tête. Il ressentait plus ou moins la même chose, lui aussi. Walter put le lire sur son visage aux traits tirés par l'épuisement.

"Qui êtes-vous vraiment ? Je veux dire... vous êtes un trafiquant, ou quelque chose dans ce genre ?"

L'homme d'affaires secoua la tête.

"Non. Je ne suis que le directeur de cette entreprise, rien d'autre. J'ai certes requis les services d'un criminel... mais je n'en suis pas un moi-même.
- J'avais donc raison sur toute la ligne. C'est vous qui avez envoyé ce connard de Kane assassiner Liz. Vous êtes le cerveau de toute cette histoire."

Walter ne parvenait même pas à se mettre en colère. Oh, bien sûr, il était très peiné par le décès de son amie, et voulait anéantir le responsable de cet acte ignoble, mais il lui sembla à cet instant précis que l'affaire n'était pas aussi simple qu'elle en avait l'air. Une impression fugace d'incertitude l'empêchait de faire quoi que ce soit. Pourtant, il n'avait pas les mains liées, et sa Pokéball se trouvait toujours à sa place. S'il voulait s'enfuir, nul doute qu'il le pourrait. En parcourant la pièce, son regard se posa sur un objet argenté, posé sur une table. Son arme. Il comprit aussitôt.

"Alors vous aussi, vous êtes après ma formule, hein ? C'est tout ce que vous voulez de moi. Je dois admettre... que vous êtes bien plus intelligent que tous ceux qui ont tenté de me la dérober.
- Vous avez vu clair dans mon jeu... c'est vrai, votre formule m'intéresse. Mais je peux vous assurer que ce n'est pas pour faire le mal autour de moi."

Le regard d'Ethan semblait empli d'une sincérité sans faille. Seulement, le voleur ne pouvait aucunement se permettre de lui faire confiance. Il pouvait tout aussi bien jouer la comédie. En ce cas, il était vraiment excellent.

"Le problème, c'est que je ne sais pas comment fonctionne le mécanisme permettant de retirer les capsules cryogéniques. Vous avez fait un travail remarquable en modifiant cette arme."

Alors Ethan avait besoin de lui pour acquérir la formule... Pour le moment, Walter allait faire tout son possible pour que la situation tourne à son avantage. Et rien de mieux qu'une bonne vieille négociation pour que ça fonctionne.

"D'accord, vous voulez ma formule, et après ? Vous êtes en mesure de la payer ?"

Ethan sourit légèrement, soulagé que les choses tournent enfin en sa faveur. Ce Freeze n'était décidément pas un homme facile.

"Deux millions de pokédollars pour une cartouche.
- De l'argent ? Merci, j'ai déjà les poches pleines, ça ne m'intéresse pas.
- Je m'en doutais un peu... soupira l'homme d'affaires. C'est pout cela que j'ai trouvé... un autre moyen."

Le voleur plissa les yeux, intrigué. Il n'aurait tout de même pas pris en otage Linda et Will ? Ce serait vraiment trop lâche de sa part. Il décida de s'en assurer.

"Vous détenez mes amis, c'est ça ? Relâchez-les d'abord, et vous l'aurez, ma foutue formule ! Je ne veux pas les mêler à ça ! s'énerva Walter.
- Ce n'est pas tout à fait ça... soupira Ethan. Je ne détiens qu'une femme, c'est tout.
- L-Linda ? C'est la fille la plus innocente que je connaisse, vous pouvez pas l'utiliser comme monnaie d'échange !"

Le voleur était plus indigné que jamais. S'il s'attendait à ce que le commanditaire du meurtre de Liz soit un enfoiré, il ne pensait tout de même pas devoir faire face à un problème comme celui-là. Et dire que c'était lui qui avait insisté pour qu'elle les accompagne... Will avait eu raison de se montrer sceptique, finalement... Il observa son interlocuteur, qui semblait confus.

"Eh bien alors ? Allez chercher Linda, j'attends !
- Je... ne sais pas qui est cette Linda... je détiens une autre femme."

Walter n'y comprenait décidément plus rien. Il s'était attaché à tres peu de femmes dans sa vie. Il y en avait deux desquelles il était relativement proche. Linda, et... Liz, qui avait péri peu de temps plus tôt. Cela n'avait aucun sens d'enlever une femme dont il se fichait sans doute éperdument pour lui extorquer sa formule.

"Je perds mon temps en restant là. Je vais vous...
- Je vous le déconseille, soupira Ethan en désignant le pistolet argenté qui se trouvait juste à côté de lui. Il ne faudrait pas qu'elle se retourne contre vous. J'ai beau ne pas comprendre tous ses mécanismes, je suis certain de pouvoir tirer avec ça.
- Tss... bien, mais faites vite."

Ethan prit place dans le fauteuil le plus proche et regarda le voleur droit dans les yeux.

"Elizabeth Bradley. Je la laisse partir en échange d'une cartouche de votre formule."

Tindersticks - I Want You
Walter écarquilla les yeux, étonné. Ce type était tombé sur la tête, ou quoi ? Il avait lui-même commandité son meurtre, et maintenant... tout cela n'avait décidément aucun sens.

"Avant que vous ne disiez quoi que ce soit... vous êtes bien certain qu'elle est morte ? Vous n'avez pas vu le corps, après tout.
- E-eh bien..."

Walter était véritablement pris de court. Maintenant qu'Ethan le disait, effectivement, cela semblait tout à fait raisonnable de penser qu'elle avait juste été enlevée. Mais tout de même, on avait retrouvé beaucoup de sang sur la scène de crime. Elle devait avoir survécu de justesse, sans doute. Il ne savait plus quoi penser. Pendant tout ce temps, il vivait avec la certitude qu'elle était morte, et pourtant...

"J'ai... j'ai beaucoup de mal à y croire... vous n'essayez pas de me rouler ? C'est pas une bonne idée."

Ethan soupira, mal à l'aise.

"Ecoutez... on va essayer de régler ça de façon à ce que les intérêts de tout le monde soient pris en compte. J'ai besoin de la formule, vous voulez vous en tirer sain et sauf et revoir votre amie, et Elizabeth veut s'en aller d'ici. Elle s'est réveillée ce matin et n'a pas cessé de me répéter qu'elle voulait savoir si vous alliez bien."

Le voleur secoua la tête.

"Et qu'est-ce qui me prouve que vous me racontez la vérité ? Je ne peux pas me fier à vous, Sterling. Je ne peux pas.
- Ce sont des preuves que vous voulez ? Eh bien, il vous suffit de m'attendre ici."

Par précaution, l'homme d'affaires prit l'arme de Walter avec lui et quitta la pièce, fermant la porte à clé. Le voleur soupira bruyamment et se leva, ayant décidé de fureter un peu pour découvrir d'éventuels indices quant à l'usage qu'Ethan comptait faire de la formule cryogénique. Il ne trouva rien d'intéressant, mis à part, peut-être, la photographie d'une femme posée sur son bureau. Elle semblait rayonner de bonheur. Son sourire éclatant, ses yeux rieurs... il se demandait qui cela pouvait être. Sûrement quelqu'un de sa famille.

Walter trouva une bouteille de vodka sur la table basse, et s'en servit un verre en attendant le retour de cet homme étrange, qui reviendrait bientôt avec sa soi-disant preuve. Le cœur du voleur battait anormalement vite. Au fond de lui, il y croyait, au moins un peu. Après tout, il était possible qu'elle ait survécu. Lui n'avait jamais entrevu cette possibilité. Il s'était montré stupide, voilà tout. Il aurait dû y penser plus tôt. Non pas que cela ait changé grand chose. Il aurait sans doute été la secourir dans ce cas-là aussi.

Il entendit la porte s'ouvrir de nouveau. Ethan entra, suivi d'une fine silhouette plus petite. Elle s'approcha, et il put apercevoir son visage anormalement pâle et sa longue chevelure teinte en bleu. En le voyant, son regard terne s'illumina. Il n'y avait aucun doute possible. Ce ne pouvait être qu'elle. Il se leva à son tour et l'observa, intrigué, comme si elle était irréelle.

"C'est... j'y crois pas... tu es... balbutia-t-il, incapable d'aligner trois mots.
- Arceus merci, tu vas bien ! Je savais que le mec qui est venu en avait après toi, et je pensais que t'étais mort, et..."

Walter secoua la tête.

"Tu veux bien m'expliquer ce qui s'est passé, au juste ?!
- ...longue histoire..." soupira la jeune femme.