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Freeze de Eliii



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» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 27/04/2016 à 14:06
» Dernière mise à jour le 04/07/2016 à 14:15

» Mots-clés :   Action   Drame   Science fiction   Suspense   Unys

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007 - Nocturne, Op.9 No.2
Chopin - Nocturne, Op.9 No.2
Le silence régnait en maître, au-delà de ce portail métallique marquant la frontière entre Ondes-sur-Mer et sa zone industrielle. Un vent frais soufflait sans bruit, agitant légèrement les quelques hautes herbes qui servaient d'habitat aux Pokémon. Il faisait relativement froid, étant donné l'heure tardive. Les trois seules personnes encore présentes sur les lieux avaient heureusement pris la peine de se couvrir suffisamment pour ne pas souffrir de la température basse. Quoi que, l'homme brun ne semblait pas perturbé, vêtu seulement d'une chemise blanche aux manches retroussées et d'un pantalon de costume. Comme s'il ne ressentait aucunement le froid.

Evidemment, les expériences auxquelles il s'adonnait régulièrement avec son Oniglali avaient contribué à lui forger une résistance au froid importante. Il supportait facilement des températures allant jusqu'à zéro degrés. Au-delà, il lui fallait tout de même porter des habits chauds. A ses côtés, Linda et Will grelottaient, emmitouflés dans leurs manteaux. Leurs pas résonnant dans le silence pesant des environs était le seul son audible.

"Je gèle, c'est atroce ! geignit la femme blonde en rajustant son écharpe.
- Ouais, je sais pas comment tu fais, Walter... ajouta son frère.
- Question d'habitude je suppose. Pourquoi, combien il fait ?"

Will consulta son téléphone portable, qui indiquait deux degrés. Non, décidément, le trentenaire brun ne devrait pas supporter aussi bien le froid. Mais le blond ignorait que les expériences effectuées dans son laboratoire le fortifiaient à ce point-là.

Ils marchèrent longuement parmi les allées, les hautes herbes et les bâtiments, en silence. Parler demandait un peu trop d'énergie aux jumeaux qui claquaient des dents, ce qui contribuait à l'agacement du voleur, qui se retenait de leur hurler d'arrêter. Mais ils ne pouvaient pas vraiment se plier à ses exigences en l'état actuel des choses. Il faisait trop froid, point. Il tenta tout de même de trouver un moyen pour réduire leurs souffrances.

"Linda, si tu sortais ton Braségali ? J'en ai marre de t'entendre claquer des dents...
- Pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt... soupira Will.
- Le froid doit vous atrophier le cerveau, je suppose", railla Walter.

La blonde leva les yeux au ciel et soupira, son souffle chaud se transformant en buée au contact de l'air froid. Elle saisit tant bien que mal sa Pokéball de métal, qui était extrêmement froide au toucher, et la lança à quelques mètres. Une créature de feu apparut et s'approcha d'eux pour les réchauffer par sa seule présence. Avoir un tel Pokémon était un avantage non-négligeable dans des situations comme celle-ci. Le voleur sembla soulagé. Connaissant Linda, il savait qu'elle aurait très bien pu oublier sa Pokéball à l'hôtel.

"Ahhh, ça fait un bien fou !
- Je te le fais pas dire...
- Sérieux, Walter, comment tu fais pour supporter tout ce froid sans broncher ? questionna Linda.
- Ton frère m'a posé la question il y a quelques temps..." souffla le voleur.

Les trois adultes cessèrent de parler et continuèrent leur progression. En plus de leur servir de radiateur ambulant, le Braségali de Linda se montrait aussi utile en tant que lampe torche. Il éclairait les alentours à l'aide de ses flammes rougeoyantes, rendant l'exploration de la zone industrielle plus rapide. Le son de leurs pas sur le sol de béton résonnait dans l'immense complexe vide.

A un moment donné, ils passèrent non loin de hautes herbes, et un Smogo surgit brutalement. Le Pokémon poison fonça sur Will trop rapidement pour que le blond l'esquive. Celui-ci se retrouva à terre, n'ayant pas trop compris ce qui venait de lui arriver. Linda s'inquiéta pour lui, tandis que Walter hésita entre le rire et le silence. Il opta finalement pour la seconde option. Car s'il adorait se montrer sarcastique avec tout le monde, en particulier avec ses amis, il n'oubliait pas que ceux-ci étaient là dans l'unique but de l'aider à accomplir son objectif personnel. Nul doute qu'ils se retourneraient contre lui s'il se montrait trop désobligeant.

"Merde, je ne l'ai pas vu venir... pourquoi il a fait ça, de toute façon ? s'étonna Will, perplexe, en se relevant aidé par sa sœur jumelle.
- Si je parlais le langage Pokémon, crois-moi, je te le dirais... soupira-t-elle en regardant du coin de l'œil le Smogo qui semblait ricaner.
- C'est sûrement un Pokémon sauvage mal éduqué, on n'y peut rien."

Walter plissa les yeux. Oniglali observait le Smogo d'un regard suspicieux. Il est vrai que le Pokémon glace était très attaché à Will et à Linda, et qu'il n'appréciait pas qu'on leur fasse du mal sans raison. Le voleur comprit l'intention de son Pokémon, et ne chercha pas à le dissuader de faire ce qu'il voulait.

"C'est toi qui vois, mon vieux..."

Oniglali poussa un cri de satisfaction, et sans crier gare, un Laser Glace puissant vint heurter le Pokémon poison qui partit s'encastrer dans le mur d'une usine quelconque. Les jumeaux étaient éberlués, de même que Braségali qui ne comprenait pas l'acte de son homologue Pokémon. Walter haussa les épaules, avec un sourire innocent.

"Pour une fois, je n'y suis pour rien !"

Linda et Will secouèrent la tête ensemble, amusés par l'attitude vengeresse d'Oniglali. L'homme blond ne se plaignit aucunement de sa douleur à la jambe, et ils continuèrent à avancer à travers les allées, réchauffés par les flammes de Braségali. Ils peinèrent à trouver l'endroit exact où Will avait eu l'occasion de rencontrer Freddy Kane quelques temps plus tôt pour affaires. Cette zone industrielle était immense et n'usurpait pas sa réputation de zone de production majeure à Unys. On y trouvait des dizaines et des dizaines d'usines et de laboratoires en tout genre servant à diverses activités. Unys était une région très autonome, car elle produisait elle-même plus de 60% de ses aliments, vêtements ou médicaments, contrairement à toutes les autres régions des environs qui se contentaient de faire importer les denrées.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin non loin d'un immense bâtiment blanc, Will s'arrêta net.

"C'est ici. On était à quelques mètres, un peu plus près du bâtiment. Là, voilà."

Walter avisa le grand complexe entièrement blanc, qui semblait très moderne. Sans doute l'une des dernières entreprises implantées dans les environs. Il s'approcha de la porte, à droite de laquelle une plaque indiquant le nom de l'entreprise était visible.

"Apparemment, ce sont les laboratoires pharmaceutiques Sterling. Quelqu'un en a entendu parler, ou ça vous est totalement inconnu ?"

Les jumeaux se consultèrent du regard. Si Linda ne connaissait rien du monde criminel, Will en revanche, était un professionnel dans ce domaine. Il ne connaissait cependant pas cette entreprise.

"Désolé, ça ne me dit rien. Mais après notre rencontre, Kane est entré là-dedans... ces labos doivent dissimuler un truc, mais je ne peux rien t'en dire, soupira le blond, dépité.
- Bah. On cherchera des informations à ce propos demain. Internet a bien été inventé pour des gens comme nous, qui ont besoin de renseignements."

Linda ne put qu'approuver d'un bâillement sonore. Elle était clairement épuisée. Ils décidèrent donc de rebrousser chemin, et de chercher tout ce qui pourrait les renseigner au sujet de ces laboratoires.


x x x

Le colosse a la queue de cheval, une fois certain que ces trois énergumènes eurent disparu, quitta sa cachette et retourna à l'intérieur des laboratoires pharmaceutiques Sterling. Les longs couloirs sobres pouvaient presque paraître intimidants, froids, sans personnalité. Il se dégageait de ce bâtiment une atmosphère sombre et pesante que le grand homme serait bien capable de décrire. Même lui, qui n'avait pas peur de grand chose, le ressentait à chacune de ses visites ici. Heureusement pour lui, son goût pour l'argent le motivait à rester dans les environs. Après tout, quarante mille pokédollars par semaine durant tout le temps qu'il serait au service de son employeur, ça ne se refusait pas.

Freddy Kane frappa à une grande double-porte en bois qui détonnait fortement avec l'allure moderne du complexe, et entra dans le bureau du patron. Celui-ci se trouvait assis dans un fauteuil, en face d'une jeune femme à la beauté époustouflante. Tous deux discutaient autour d'un thé. Ils se tournèrent vers le colosse en l'entendant arriver.

"Toujours rien à signaler ? questionna Ethan Sterling, l'air las, en rajustant sa cravate.
- Si, m'sieur. Il s'est passé quelque chose, cette fois."

Le directeur d'entreprise posa sa tasse de café sur la table basse de verre et se leva, sans un regard pour la femme qui semblait s'ennuyer ferme.

"Je vous écoute. N'omettez aucun détail, je vous prie."

Freddy hocha la tête, se souvenant parfaitement de leur dernière entrevue seul à seul qui lui avait fait prendre conscience de l'absence de pitié de son employeur. Celui-ci, parfaitement calme, attendit d'entendre son récit.

"J'ai vu trois personnes, avec deux Pokémon. Un gars brun qui n'avait pas l'air affecté par le froid, avec un Oniglali, une femme blonde avec un Braségali, et un mec blond. Je ne sais pas ce qu'ils voulaient, ils ont fureté un moment et ont parlé de faire des recherches."

Ethan acquiesça, pensif. Un homme qui ne semblait pas affecté par le froid... cela pourrait plutôt bien correspondre à Freeze. Il sourit légèrement, intéressé par la tournure des événements. Finalement, il rencontrerait peut-être ce fameux voleur plus tôt que prévu...

"Ethan, il n'y a plus de thé, rouspéta la jeune femme assise dans le canapé.
- Ce ne sont pas mes affaires, Esther. Va t'en chercher, je ne suis pas à tes ordres."

Freddy observa cette femme qui l'intriguait énormément. Il n'avait eu l'occasion de la rencontrer qu'une seule fois auparavant, mais il avait l'impression de l'avoir déjà vue quelque part. Ses longs cheveux violets flottant dans son dos et ses yeux de la même couleur, ainsi que son accoutrement sombre, lui rappelaient vaguement quelqu'un, mais il ne parvenait pas à faire le rapprochement. Il se doutait bien que son employeur savait, mais celui-ci ne serait sans doute pas disposé à parler. Cette Esther n'inspirait au colosse que de la méfiance, et il sentait qu'Ethan pensait comme lui.

"Vous pouvez rentrer chez vous, soupira le chef d'entreprise à l'attention du grand homme.
- Bien, monsieur."

Il quitta, non sans un dernier regard suspicieux en direction de cette dénommée Esther, le bureau de son patron. La jeune femme se leva et se rapprocha d'Ethan.

"Il est marrant, ton subalterne. Bien dressé."

L'homme brun ne répondit rien et alluma une cigarette, qui ne tarda pas à emplir la pièce d'une odeur de tabac qui ne plaisait aucunement à Esther. Celle-ci fronça les sourcils.

"Beurk, ça pue, tu sais bien que je ne supporte pas...
- C'est mon bureau. Si tu n'es pas contente, rien ne te retient ici, répliqua froidement Ethan.
- Tu es tellement renfermé. C'est pas drôle."

Il recracha la fumée et soupira, lassé. Il n'appréciait aucunement Esther, mais il ne pouvait pas se permettre de se débarrasser d'elle d'une quelconque manière. Certes, il pourrait se servir des informations compromettantes dont il disposait à son sujet, mais le moment n'était pas opportun. Et elle le savait très bien, elle aussi.

"Bon... je crois bien que je vais aller lire un bon livre d'épouvante avant de me coucher. Passe une bonne nuit, Ethan."

Elle s'approcha de lui pour l'embrasser sur la joue et disparut dans le couloir peu accueillant. Il frissonna. Cette femme lui faisait froid dans le dos. Il songea à la raison pour laquelle il faisait tout ça, et cela l'apaisa. Il devait rester fort, jusqu'à ce que tout cela soit terminé. Peu importe si cette femme effrayante continuait à lui tourner autour. La solution qu'il attendait depuis si longtemps se présenterait bientôt à lui, et ainsi, tout rentrerait dans l'ordre.

Ethan, confiant, se laissa tomber sur le fauteuil, son regard fixé sur la photographie posée sur son bureau.