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» Auteur : Goldenheart - Voir le profil
» Créé le 15/04/2016 à 17:39
» Dernière mise à jour le 15/04/2016 à 17:39

» Mots-clés :   Drame   Kalos   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Suspense

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Chapitre 6 - Début de la traque
Les humains passent leur vie à traquer les Pokémon.
Que ce soit pour nous collectionner, nous échanger, ou nous faire combattre, ils essaient sans arrêt de tous nous attraper.


~*~

Le soleil amorçait sa lente descente derrière les cimes. La nuit allait bientôt tomber. La lumière déclinante projetait sur les flancs de la montagne les ombres des trois enfants qui, depuis un moment déjà, s’affairaient à examiner chaque recoin du plateau rocheux, projetant leurs yeux aussi loin que possible, parfois en scandant un nom, toujours le même :

- Sacha ! Où es-tu ?

Serena, Lem et Clem cherchaient en vain leur ami, porté disparu depuis l’incident avec la Team Rocket. Grâce à un appareil de Lem (le-pont-pliant-qui-franchit-toutes-les-crevasses, comme il l’appelait) les trois compères avaient réussi à franchir le ravin, au moment même où une explosion leur annonçait que Sacha avait réussi à éjecter les malfrats vers d’autres cieux. Mais depuis, aucune nouvelle. Silence radio. Sacha n’était pas revenu, et ses amis ne pouvaient rien faire d’autre que continuer à le chercher.

- Cette montagne n’en finit pas ! se plaignit soudain Clem en s’asseyant, exténuée.
- Et le soleil est déjà presque couché…, nota son frère avec appréhension. On ferait mieux de retrouver Sacha au plus vite.
- Mais comment ? protesta la petite fille. On sait même pas où il peut être !
- Estimons-nous déjà heureux que l’orage soit passé. La pluie n’aurait fait que nous ralentir.

Serena, restée silencieuse durant cet échange, leva les yeux en direction des nuages noirs qui se dissipaient au sommet de la montagne. Distraitement, elle effleura du bout des doigts le ruban bleu qu’elle arborait sur son veston, ruban que Sacha lui avait offert il y a quelque temps.

L’angoisse lui serrait le cœur. Elle avait l’impression que c’était un sentiment qui ne la quitterait jamais. Depuis qu’elle avait commencé de voyager avec Sacha et les autres, Serena avait peu à peu compris la nature exacte des sentiments qu’elle nourrissait envers le jeune dresseur. Et ces mêmes sentiments faisaient qu’elle passait son temps à s’inquiéter pour Sacha. Surtout quand il lui arrivait des ennuis, ce qui était hélas trop souvent le cas.

Serena jeta un œil à Lem et Clem. Depuis la disparition de leur ami, le frère et la sœur ne s’étaient presque plus parlés, et quand ils le faisaient, c’était toujours le début de chamailleries inutiles. Ils étaient tous très tendus ; mais c’était tout à fait compréhensible. Après tout, Sacha était, dans leur petit groupe, celui qui motivait les troupes, celui qui encourageait les autres à aller de l’avant. Si le groupe formait une famille, alors Sacha était un peu le grand-frère de tout le monde.
Mais pour Serena, il était bien plus… Et alors qu’elle fixait les filons de nuages d’orage encore accrochés aux cimes, la jeune fille eut un mauvais pressentiment. Quelque chose, sans qu’elle sache quoi exactement, lui soufflait qu’il était arrivé malheur à Sacha. Et jusqu’ici, son instinct l’avait rarement trompée.

- Dis, grand-frère, tu peux pas nous sortir une de tes fameuses inventions pour nous aider à retrouver Sacha ? proposa Clem.
- Ce n’est pas si simple. Je n’ai sur moi aucun appareil de ce genre, et ça me prendrait la nuit entière pour en fabriquer un sur le pouce…
- Rah… C’est toujours quand on en a le plus besoin que tes inventions nous font défaut…
- Hé ! Tu peux pas dire ça !

Alors que la fratrie allait tomber dans une énième dispute, Dedenne dressa soudainement les oreilles. Il se précipita hors de la sacoche de Clem.

- Dedenne ? Qu’est-ce qui t’arrive ?

Le rongeur s’arrêta à quelques mètres d’un groupe de buissons dégarnis. Sa queue frétilla doucement tandis qu’il humait l’air. Soudain, il se mit à pousser de petits cris en désignant les buissons.

- Tu as trouvé quelque chose ? demanda Clem.

La fillette s’approcha du petit Pokémon, et se figea sur place. Là, derrière les rochers, une silhouette apparut. Clem trembla. Bien qu’elle ait eu du mal à le reconnaître sur le coup, elle sut que c’était lui.

Soutenu à grand-peine par un Croâporal et un Brutalibré couverts de sang et de boue, il portait sur son dos un Flambusard et un Sonistrelle en non moins piteux état. Lui-même, avec ses habits trempés et déchirés, son teint livide et son bras gauche ensanglanté, semblait à l’article de la mort.

Pétrifiés, les trois compagnons peinaient à assimiler ce qui se passait. Serena voulut se précipiter vers le nouvel arrivant, mais ses jambes ne lui obéirent pas. Elle n’arrivait pas à détacher ses yeux de cette vision de cauchemar. Tout ce qu’elle put faire, c’est s’exclamer :

- Sacha !!

Le jeune garçon leva la tête lorsqu’il reconnut son prénom, ou peut-être la voix de celle qui l’avait prononcé. Lentement, il réussit à articuler quelque chose. Sa voix n’était plus qu’un souffle.

- Les amis… Ai…aidez-moi…

Soudain lui et ses Pokémon s’effondrèrent comme un seul et même corps. Aussitôt, les autres sortirent brusquement de leur léthargie et se ruèrent vers leur ami, qui avait perdu connaissance. Alors que chacun s’organisait frénétiquement pour les amener au centre de soins le plus proche, une question silencieuse s’installa entre les membres du groupe.

Que s’était-il passé durant l’absence de Sacha ?

~*~
Loin dans les Monts de Kalos, caché du regard de tous, un immense bâtiment se dressait, sa charpente gris métal contrastant avec la pierre ocre dont elle épousait les formes. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il cherchait à se dissimuler. Planté en plein milieu d’une steppe aride où rien ne poussait, le complexe était à l’image d’une oasis de verre et de métal en plein désert. Tout dans les installations transpirait l’opulence. Jardin privé, fontaine, piscine, terrasse… Il y avait ici assez d’équipements luxueux pour faire pâlir un millionnaire.

Pourtant, cet endroit était loin d’être une simple résidence de luxe. Ecrit en lettres capitales rouge vif, le nom du complexe s’étalait ostensiblement sur toute la façade du complexe :

LABORATOIRES LYSANDRE
Fondateur de l’entreprise la plus influente de tout Kalos, et peut-être même du monde, Lysandre ne lésinait pas sur les moyens d’exposer sa puissance. Et il n’y avait pas que la façade. Outre des laboratoires à la technologie de pointe dernier cri, le complexe abritait un vivarium, une zone de combat aménagée, et même un centre de soin des Pokémon.

Bien que son entreprise ne soit partie que d’un simple centre de fabrication d’Holokit, appareil de communication dernier cri imaginé par Lysandre lui-même, l’homme d’affaires avait rapidement gravi les échelons, à tel point que sa société commençait à concurrencer la Sylphe SARL de Kanto et la Devon SARL de Hoenn.

Pourtant, Lysandre avait choisi d’établir ce laboratoire, le plus grand de tous ceux disséminés dans la région, en plein milieu des terres arides, là où personne ne vit. Très peu de gens connaissaient d’ailleurs la position exacte de ce laboratoire, tenue très secrète…
Et ce n’était pas par hasard. Ce laboratoire servait également de quartier général à une organisation créée par Lysandre, censée assurer le bien-être de tous les habitants de Kalos. Son nom ? La Team Flare.

Assis dans un canapé de cuir neuf, un homme à la carrure imposante sirotait un verre de vin, écoutant distraitement le rapport qu’un de ses hommes de main lui faisait par Holokit. L’agent, aux cheveux d’un rouge peu naturel, arborant d’immenses lunettes et un costume de la même couleur, se tenait au garde-à-vous.

- « Monsieur le Directeur, j’ai l’honneur de vous annoncer que le transfert de Z1 au labo est achevé. Il est en ce moment même dans la salle d’études. »
- Parfait, répondit l’homme sans lever les yeux. Dites à l’équipe scientifique de se mettre au travail.
- « Bien, monsieur. Terminé. »

Couché aux pieds de son maître, un grand Némélios grogna doucement. Lui seul parvenait à sentir l’excitation qui envahissait Lysandre, tel le vin qui se distillait dans ses veines à chaque gorgée. Mais restant maître de lui-même, l’homme aux cheveux d’un roux flamboyant se contenta de sourire avec satisfaction.

Un nouvel appel résonna à travers la pièce, arrachant un grondement sourd de la part du félin. Résigné à l’idée qu’une sieste serait impossible pour le moment, il changea de position tandis que son maître prenait l’appel. Le visage d’une femme aux cheveux bleus apparut sur l’écran géant. Avec sa coupe improbable, et ses grandes lunettes lui barrant le visage, elle ressemblait à une extraterrestre.

- « Ici l’équipe d’observation Bêta. » dit la femme, la voix déformée par la transmission. « Nous avons enfin réussi à localiser Z2. »

L’image changea pour révéler une carte de la région de Kalos, zoomée progressivement afin de mettre en évidence un point précis, à l’est du territoire.

- « Il semblerait que Zygarde ait pour habitude de se rendre à la Grotte Coda. Et d’après nos calculs, il devrait y apparaître dans les prochains jours. »
- Excellent, Myosotis. Rendez-vous là-bas sur le champ, et tenez-vous prêts. Nous devons capturer Zygarde, par tous les moyens.
- « Vous pouvez compter sur moi, monsieur » affirma la fameuse Myosotis avec une pointe d’excitation.

Lysandre hocha la tête, et l’image s’éteignit. Cette fois, l’homme aux cheveux roux ne put retenir un petit rire.

- Tout se passe comme prévu…, murmura-t-il pour lui-même. Bientôt le pouvoir du Z sera à nous…

De nouveau, un bip retentit, tandis qu’un troisième écran d’Holokit s’allumait. L’image d’un homme en costume et lunettes noires apparut.

- « Monsieur, les préparatifs pour l’épreuve de l’agent spécial sont achevés. »

Le sourire de Lysandre fondit comme neige au soleil.

- Bien, répondit-il. J’arrive tout de suite.

L’écran s’éteignit, replongeant la pièce dans sa pénombre habituelle. Lysandre posa son verre sur la table basse, tout près de la tête de son Némélios. Le Pokémon Feu entreprit de renifler l’âcre breuvage, avant de s’en éloigner avec un reniflement de dégoût.

Lysandre gratta pensivement sa barbe rousse. L’agent spécial… L’homme faisait référence à Alain. Cette histoire d’épreuve pourrait bien poser quelques problèmes au patron de la Team Flare. Car si Alain était sa plus jeune recrue, il n’en était pas moins l’un des meilleurs éléments que l’organisation n’ait jamais pu compter. Si le jeune homme échouait à son épreuve, les projets de Lysandre pourraient s’en trouver ralentis…

- Alors comme ça, Alain est rentré de Hoenn ? fit une voix dans l’obscurité.

Lysandre tressauta légèrement. Perdu dans ses réflexions, il n’avait pas entendu arriver son interlocuteur. Celui-ci, avec sa combinaison épaisse et sa longue cape noire trempée d’eau de pluie, paraissait tout droit sorti d’un film d’horreur, surtout à cause de ce masque d’acier qui déformait affreusement sa voix.

- En effet, confirma Lysandre, il est arrivé il y a trois jours de cela. Mais dites-moi, que me vaut l’honneur de votre visite, Chasseur ?

Lysandre réprima une grimace de dégoût en voyant que la cape détrempée de son invité tachait la moquette de son bureau.

- A ce que je vois, vous êtes encore parti en vadrouille…, dit-il sans parvenir à cacher son cynisme.

L’homme au masque parut rire à cette remarque.

- Et ? Cela vous dérange ? demanda-t-il avec calme.
- Pas du tout, s’empressa de répondre Lysandre avec le même ton posé. Vous êtes libre d’aller où bon vous semble.

Du haut de ses deux mètres, le rouquin dépassait son interlocuteur de plus d’une tête. Pourtant, il devait bien admettre que celui qu’on surnommait « Le Chasseur » dégageait quelque chose de vraiment impressionnant, menaçant même…

- En bon chasseur, dit l’homme à la voix métallique, je suis parti débusquer une proie. D’ailleurs, la chasse a été plutôt bonne. J’étais en route pour le centre de soins quand j’ai entendu – excusez mon impolitesse – votre dernier message au sujet d’Alain.
- Le centre de soins est à l’exact opposé de ce bureau, fit Lysandre avec suspicion, avant de se rappeler d'un détail au sujet de cet homme. Vous seriez-vous de nouveau perdu dans les couloirs ?

Le Chasseur se raidit imperceptiblement. Pendant un court instant, la fente rouge qui remplaçait ses yeux parut luire faiblement dans la pénombre de la pièce.

- Mesurez vos paroles, cher ami. Vous savez que j’ai horreur qu’on évoque mon sens de l’orientation.
- Je n’avais nullement l’intention de vous offenser, très cher, assura Lysandre avec un demi-sourire.

Par chance, cet homme n’avait certainement pas entendu les deux précédents rapports. Même s’il leur était d’une aide précieuse dans la réalisation de leurs projets, Lysandre préférait éviter que cet homme mystérieux ne soit au courant de la nature exacte de ces derniers…

- Pour en revenir à Alain, poursuivit-il, il va sous peu affronter dix dresseurs maîtrisant la Méga-Evolution, et ce sans interruption, afin de tester sa force.
- Vaste programme…
- Comme vous dites. Il me fait perdre un temps fou…, soupira le rouquin. Seulement, buté comme il est, il n’aurait rien lâché avant d’avoir obtenu gain de cause. J’ai donc accédé à sa demande, mais en imposant une condition. S’il a le malheur de perdre ne serait-ce qu’un combat parmi les dix, Alain sera déchu de sa Gemme Sésame, ainsi que de ses fonctions.
- Tiens donc…

Le Chasseur rit doucement. Enfin, avec le masque, cela ressemblait plus à un vrai rire…

- Qu’est-ce qui vous amuse donc tant ? s’enquit Lysandre.
- Oh, rien…, éluda l’autre. Je me disais juste que vous étiez bien sévère avec votre petit protégé.
- C’est lui qui a voulu ce combat, répliqua le rouquin avec humeur. A lui d’assumer les conséquences de son choix. De toute manière, je n’ai pas de temps à accorder aux personnes faibles. Si Alain veut continuer à travailler pour moi, il va devoir faire ses preuves.

Cette dernière phrase était valable pour le Chasseur également. Si celui-ci l’avait compris, il n’en montra rien et se contenta de hocher la tête.

- Je comprends. Et je partage votre point de vue. Après tout, les faibles n’ont pas leur place en ce monde…

Sur ces paroles, il prit congé de Lysandre, sans cesser de glousser d’un air sinistre. Le rouquin le regarda s’éloigner tout en caressant la chaude crinière de son Némélios, venu le rejoindre.

Lysandre savait peu de choses sur les origines de cet homme masqué, cependant il avait eu vent de ses capacités de chasseur de Pokémon. Car même s’il agissait toujours dans l’ombre, le Chasseur s’était fait une sacrée réputation au fil des années, si bien que tous ceux qui touchaient de près ou de loin au vol de Pokémon connaissaient son nom.
Sentant que ses talents pourraient lui être utiles, Lysandre s’était dépêché de faire de cet homme son allié. Et jusqu’ici, il ne l’avait pas regretté ; grâce au Chasseur, la capture de Z1 n’avait été qu’une formalité.

Néanmoins, cet homme était une arme à double tranchant. Lysandre l’avait immédiatement compris : le Chasseur était ce genre d’homme qui ne se laissait gouverner par nul autre que lui-même. Pour s’assurer sa coopération, le chef de la Team Flare avait du accpeter que leur contrat se base sur le donnant-donnant. Autrement dit, le Chasseur travaillait pour Lysandre et la Team Flare, et en échange, il obtenait d’eux ce qu’il voulait. Pour l’instant, l’homme masqué n’avait pas été trop exigeant ; il s’était contenté de demander des appartements privés au quartier général, ainsi qu’une salle de soins, privée également.
Mais tout pouvait encore évoluer… Le Chasseur était toujours un électron libre. Et le problème de l’électron libre, c’est qu’il peut quitter l’atome à tout moment quand ce dernier ne satisfait plus ses attentes.

~*~
Se déplaçant aussi silencieusement qu’une ombre, l’Homme Masqué avançait d’un pas tranquille à travers les couloirs les plus reculés du complexe. Les néons usés projetaient une lumière blafarde sur les murs de béton peu chaleureux. Par endroits, on apercevait des touches de peinture blanche étalées complètement au hasard, sans aucune concordance. A croire que cette partie du bâtiment avait été abandonnée avant d’être complètement achevée.

Celui qu’on surnommait le Chasseur aurait presque pu passer inaperçu, sans ce masque d’acier qui amplifiait chaque son qui sortait de sa bouche, en particulier sa respiration. Heureusement, il n’y avait personne dans ces couloirs froids et hostiles, et seule la respiration rauque de l’homme au masque résonnait entre ces murs.

Mais le Chasseur devait bien l’avouer ; il était fort déplaisant de savoir que tout son, que ce soit un rire ou un soupir, puisse dévoiler la moindre de ses émotions à ceux qui l’entouraient, tout ça à cause de ce masque. Toutefois, il ne pouvait se résoudre à s’en séparer. Il faisait partie intégrante de lui. Tout ce qui se trouvait en dessous appartenait à son passé ; or, il avait fait table rase du passé depuis longtemps, et abandonné toute identité pour devenir le Chasseur.
Et pourtant, son passé l’avait déjà rattrapé. Le destin avait voulu que Lysandre les réunisse, Alain et lui.

Revoir le garçon avait été un véritable choc pour le Chasseur. Il avait tant grandi depuis la dernière fois qu’il l’avait vu… Il était devenu un homme, désormais, et un grand dresseur de Pokémon, qui plus est. Malgré son jeune âge – vingt ans, tout de même ! – il maitrisait déjà la Méga-Evolution avec brio. Le Chasseur n’avait pu s’empêcher d’en éprouver une pointe de fierté. Alain marchait sur ses traces, c’était évident. Il l’avait senti quand il l’avait revu. Le jeune garçon était destiné à dominer les autres, les écrasant tous de sa puissance phénoménale.

« Dommage qu’il soit si naïf… » En effet, même s’il était doué, Alain était loin d’avoir dévoilé tout son potentiel. La faute à sa personnalité ; il était bourré de bons sentiments ! Il ne jurait que par la justice, l’équité, et disait vouloir utiliser sa puissance pour protéger la veuve et l’orphelin. Quelle noblesse d’âme !
« Mais c’est surtout une belle utopie ! Pas étonnant que Lysandre l’ait mis à sa botte si facilement. Parlez-lui d’œuvrer pour le bien commun, et Alain devient aussi servile qu’un Ponchiot bien dressé ! » Heureusement, cela ne saurait durer. Bientôt, la vie montrera son vrai visage à Alain, celui d’une gigantesque farce où les promesses ne sont que paroles en l’air, et où la confiance était un poison mortel.

« Une fois qu’il aura réalisé qu’il ne peut compter sur personne d’autre que lui-même, Alain réveillera sa véritable force. Et à ce moment-là, il s’élèvera à de telles hauteurs qu’il pourra écraser sans pitié tous ceux qui auront osé se jouer de lui. Exactement comme moi auparavant… »

Mais ce n’était pas le moment de penser à tout cela. Celui qu’il avait été n’existait plus, désormais.

Après plusieurs heures d’errance, le Chasseur atteignit sa destination. Le corridor débouchait sur une porte en acier blindé, derrière laquelle se trouvait une petite pièce aux murs d’un blanc des plus ordinaires. Se sachant seul, l’homme masqué soupira sans retenue. Fichu sens de l’orientation… Voilà bien une chose qui ne le quitterait jamais, malgré sa transformation.

Dépourvue de fenêtres, la salle ne contenait aucun mobilier, si ce n’est une imposante machine semblable à celles que l’on pouvait trouver dans les Centres Pokémon. Une machine de soins destinée à accueillir les Pokéballs. L’homme masqué posa la sienne sur l’appareil, et appuya sur un bouton. Aussitôt, une vitre en verre se déploya pour fermer hermétiquement le système, et une lumière verte se diffusa dans toute la pièce. Sur l’écran de l’ordinateur, l’image d’un Pikachu apparut, accompagnée de graphiques, statistiques, et autres données chiffrées illisibles pour le commun des mortels.

Tout en parcourant des yeux les informations sur sa nouvelle prise, le Chasseur repensa à ce que lui avait dit Lysandre au sujet de l’épreuve d’Alain. Ainsi, il avait parié Gemme Sésame et Méga-Gemme… Cette histoire avait quelque chose de familier…

Le chasseur sourit sous masque en repensant à ce jeune dresseur qu’il avait affronté. En un sens, il lui avait rappelé Alain, quand il l’avait revu. Même bonté naïve, même affection pour les Pokémon…

L’espace d’un instant, un souvenir lointain, qu’il pensait avoir enfoui au plus profond de sa mémoire, ressurgit dans l’esprit de l’homme masqué. Celui de ses débuts en tant que dresseur de Pokémon. A cette époque, il était bourré d’idéaux, lui aussi… « Les jeunes sont tous les mêmes… » se surprit-il à penser.

Assez ! Voilà qu’il se remettait à ressasser le passé ! Le Chasseur se leva brusquement, et sortit de la salle en laissant la machine continuer son traitement. Il avait besoin d’air. Et par-dessus tout, il avait besoin d’oublier ces images du passé qui continuaient de vouloir l’assaillir. Il les repoussa. Le passé n’avait plus aucune importance. Seuls comptaient le présent, et l’avenir !

Après avoir encore une fois tourné en rond pendant un temps interminable, le Chasseur retrouva la lumière du jour, qui ne parvenait pas à donner ne serait-ce qu’un peu d’éclat à sa tenue noire comme l’obsidienne. Les ténèbres, voilà ce qui le définissait le mieux. Et un jour, il le savait, il répandrait ses ténèbres sur ce monde qui l’avait malmené pendant si longtemps.

Le Chasseur dégaina une Pokéball Obscur, d’où sortit un majestueux Arcanin. Sa crinière blanche se soulevant légèrement avec le vent, il attendit patiemment les ordres de son maître.

- Mon bel Arcanin, j’ai une mission à te confier.

L’homme au masque présenta à son Pokémon un morceau de tissu bleu déchiré, récemment détrempé. L’imposante créature s’empressa de le renifler avec attention.

- Tu peux repérer son odeur, pas vrai ? Je veux que tu me retrouves ce garçon, et que tu m’apportes ses Pokémon. Je les veux tous les quatre en bon état c’est compris ? Ne me les abîme pas.

Les yeux du Pokémon s’allumèrent d’un éclat prédateur. La truffe au vent, il piaffait d’impatience, pressé de pister cette nouvelle odeur. Seule la main de son dresseur, posée sur son échine, l’empêchait de partir immédiatement.

- Quant au garçon et à ceux qui l’accompagnent…, murmura le Chasseur. Fais-en ce que tu veux. A présent, va !

L’Arcanin s’élança, plus rapide que le vent. Tout en l’observant s’éloigner de plus en plus loin, le Chasseur sourit avec satisfaction sous son masque.

La chasse avait commencé.