All starts in 1.9.2.2 de Nates

Robert, dans son appartement, rassemblait des affaires dans une grande valise de cuir. Vêtements, radio, carte de la région, nourriture, il prenait de tout pour être paré au voyage. Helenia, assise sur le grand lit, le regardait faire, désabusée, tout en cherchant un moyen de le faire changer d'avis. Ce qu'il n'avait malheureusement pas l'air prêt à faire. Il était déterminé, cela se lisait dans son regard, et même si elle ne le connaissait que depuis peu, c'était bien suffisant pour lui faire comprendre que son sauveur ne resterait pas les bras croisés à Neverton. Malheureusement pour elle, qui ne demandait qu'à quitter la région pour aller se réfugier à Johto quelques temps, il était son seul espoir de survie.

- Je te répète depuis plusieurs heures que nous ne sommes pas le moins du monde en sécurité dans cette région ! On est en guerre, suis-je obligée de te le rappeler ? grommela la jeune femme, serrant fermement son Ponchiot contre elle.

Le militaire s'interrompit dans sa tâche pour soupirer et regarder sa compagne d'infortune, qui paraissait bien fatiguée. Des cernes noirs disgracieux commençaient à se creuser sous ses yeux, contrastant fortement avec sa peau très pâle. Mais il restait toujours chez elle cette fascinante beauté. Ses yeux verts n'avaient pas perdu de leur éclat, bien qu'il puisse y lire une once de crainte et de tristesse. Elle voulait à tout prix quitter la région. Or, pour cela, il fallait impérativement se rendre à Jenos City, la capitale Helorienne. Robert trouva rapidement un compromis.

- Nous n'irons pas à Lyseria, finalement.

Helenia crut à une blague, mais en voyant le regard très sérieux de l'homme, elle comprit qu'il avait changé d'avis. Mais elle ne sentait tout de même pas que les choses s'arrangeraient aussi facilement. Il poursuivit, serein :

- Je suis d'accord avec toi, la région est très dangereuse, surtout pour quelqu'un qui n'a subi aucun entraînement particulier. Je t'emmène à la capitale, où tu pourras sans peine quitter Heloria pour aller à Johto.

- Mais... et toi ? questionna-t-elle, sentant que la suite ne lui plairait pas.

Robert haussa les épaules avec un demi-sourire.

- Je suis certain qu'il y a fort à faire à la capitale aussi. Le quartier général des rebelles doit se trouver quelque part là-bas.

Helenia se leva brusquement, faisant au passage sursauter le pauvre Ponchiot qui se mit à courir un peu partout dans l'appartement. Elle serrait les poings et était clairement en colère contre le militaire.

- Je ne te laisserai pas te mettre en danger juste pour sauver une stupide région ! Et ta vie, alors, elle ne compte pas ?! s'écria-t-elle, plus violemment qu'elle ne le souhaitait à l'origine.

L'officier resta bouche bée une seconde suite à cette intervention, puis reprit sa contenance. Il n'allait pas laisser une femme tout juste majeure lui dicter sa conduite, à lui qui connaissait mieux que personne les risques de son propre métier. Il secoua la tête.

- Il n'y a pas que la région, c'est que... les natifs ont tué ma fiancée lors d'un raid sur Fort Derrigg il y a quelques mois, et je ne peux pas laisser sa mort impunie. C'est stupide et irréfléchi de ma part de risquer ma vie pour ça... mais ce serait salir sa mémoire que de rester caché en attendant que les choses se passent. C'est ce qu'elle m'aurait dit.

Un peu chamboulée par cette révélation inattendue, la jeune femme se laissa mollement retomber sur le lit moelleux, les bras ballants. En effet, il avait plus d'une bonne raison de se rendre à la capitale pour affronter ces maudits natifs. Cela tombait sous le sens. Il voulait laver la mémoire de la femme qui l'aimait et qui avait péri sous les coups de ces barbares. Elle comprenait bien. Mais elle ne pouvait décemment pas le laisser se fourrer dans cette merde tout seul. Elle l'accompagnerait, qu'il le veuille ou non. Il s'était déjà remis à remplir la grande valise, qui serait à coup sûr très lourde à porter une fois pleine.

- Dis, Robert, il faut que les choses soient bien claires entre nous.

L'homme se retourna vers elle, repoussant une mèche claire en arrière, le regard plein d'interrogations. Que voulait-elle, encore ? Si c'était pour le dissuader de rester défendre sa région, elle pouvait rêver pour qu'il l'écoute.

- Explique-toi, soupira-t-il, fatigué.

- Tu veux faire la guerre pour venger ta belle ? Aucun souci, ça me va. A condition que tu m'autorises à rester avec toi !

Robert, franchement surpris, haussa les sourcils tout en observant la jeune femme. Elle ne payait vraiment pas de mine, avec sa tenue grotesque. Elle portait un pantalon de toile blanc et un haut de la même couleur, vêtements fournis par l'hôpital, ainsi que des bottes militaires noires en cuir, montant à hauteur de genou. Non, décidément, elle passerait trop peu inaperçue avec ça. Il lui tendit un de ses uniformes. Ce serait trop grand pour elle, mais elle ferait avec.

- Je... suis supposée mettre ça ? C'est beaucoup trop grand, je vais flotter dedans ! s'indigna-t-elle.

- Tu veux venir te battre avec moi, non ? Alors mets ces vêtements, ce n'est pas l'heure de faire ta bourgeoise.

Helenia baissa la tête, pour le coup vraiment honteuse. C'est vrai, elle n'avait pas à faire la difficile. Si elle comptait affronter l'ennemi aux côtés de Robert, elle se devait d'être disciplinée, rigoureuse... militaire. Il faudrait sérieusement qu'elle songe à s'entraîner au maniement d'une quelconque arme, ainsi qu'au combat Pokémon, également.

Une fois qu'il eut fini de préparer sa valise, qui fut, comme escompté, plutôt lourde, elle lui demanda ce qu'il comptait faire dans l'immédiat.

- On part tout de suite. Rejoins-moi en bas de l'immeuble, je vais sortir la voiture. Luxray, tu viens avec nous.

- Ray ! approuva le Pokémon, ravi de pouvoir se dégourdir un peu les pattes à l'extérieur.

- Une voiture, hein... chouette, je ne suis jamais montée dedans de toute ma vie ! s'enthousiasma la jeune femme, avant de reprendre son sérieux, consciente que l'officier n'approuvait pas trop son engouement. Ils allaient en guerre, après tout.

Ils chargèrent tout le nécessaire dans la voiture, et installèrent le volumineux Pokémon à l'arrière du véhicule, pour tous deux s'asseoir à l'avant. Naturellement, ce fut Robert qui prit le volant, étant donné le manque de connaissances de son acolyte en la matière. Elle se sentait un peu bête, de devoir sans cesse compter sur lui dans toutes les situations possibles et imaginables. Le regard encourageant de son Ponchiot la radoucit un peu, et lorsque la voiture démarra, elle décida de se laisser bercer par les légères secousses et le son du moteur, en attendant la prochaine escale. Elle ne tarda pas à s'endormir, songeant qu'avec l'officier, elle était en sécurité et que par conséquent, elle pouvait se le permettre. Il la regarda du coin de l'œil et esquissa un sourire. D'une certaine manière, il était heureux qu'elle tienne à lui au point de venir faire la guerre à ses côtés. C'était une fille très courageuse, sans doute bien plus que lui.


* * *


Le duo hétéroclite qui se baladait depuis peu dans la cité portuaire de Mannix, au sud-ouest de la région, quitta la ville dans un imposant véhicule. Une sorte de grande voiture blindée, qu'on appelait, dans le coin, un "fourgon". C'était, parait-il, construit à partir d'acier de Steelix prélevé après la mort des Pokémon. La jeune Kay, énergique fille, frissonna en songeant à cela, mais fut vite apaisée lorsque son partenaire aux cheveux rouges et au tempérament froid, Miles, s'installa à sa gauche, au volant.

- Tu te rends compte qu'on roule dans un Pokémon, en théorie ?

Le presque trentenaire secoua la tête avec un demi-sourire, mi-amusé, mi-consterné par la remarque de son amie.

- Ce n'est pas important, Kay. Ce qui l'est, c'est que nous devons nous rendre au plus tôt à Jenos City pour la réunion. Je suis supposé être le leader du mouvement, et sans moi, ça pourrait virer à l'anarchie.

- C'que tu dis a beau être vrai... tu ne prendrais pas un peu la grosse tête en ce moment, Miles ? questionna-t-elle.

L'homme à la chevelure flamboyante démarra le véhicule, tentant vainement d'ignorer les remarques de sa partenaire. Il jeta un bref coup d'œil à l'arrière du fourgon et la présence de plusieurs armes à feu, en plus de celles accrochées à sa ceinture, le rasséréna un peu. Ils n'avaient pas emmené de Pokémon avec eux, et il espérait sincèrement qu'aucun dresseur ne vienne leur barrer la route pour une raison ou une autre. Ils devaient arriver à la capitale dans moins d'une semaine, et le trajet était long. Ils rouleraient certainement pendant toute la journée, ne se reposant que la nuit. De toute façon, si fatigue il y avait, ils se relaieraient au volant. Le véhicule disparut progressivement du champ de vision d'un enfant qui l'observait partir, à la sortie de Mannix, non sans un cri enthousiaste de Kay.