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Beautiful Killer de Star-Killer



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» Auteur : Star-Killer - Voir le profil
» Créé le 03/02/2016 à 14:52
» Dernière mise à jour le 03/02/2016 à 14:52

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence d'armes   Suspense

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008 : Echange de bons procédés
Il avait manqué d'écraser un homme qui marchait au milieu de la route tout en écrivant Arceus savait quoi dans un calepin. Et le hasard faisant bien les choses, lorsqu'il descendit de voiture pour s'excuser auprès de celui qu'il avait failli tuer, Armand croisa le regard de l'inconnu. Et là, ce fut comme si un signal d'alarme s'était allumé dans les tréfonds de son cerveau. Ou de sa mémoire, en l'occurence. Car ce type-là, qu'il avait presque transformé en crêpe avec une voiture volée, eh bien il le connaissait. Il ne saurait lui donner un nom ou une fonction, mais ce visage ne lui était pas inconnu, c'était tout ce qu'il pouvait affirmer. Et son intuition de tueur à gages très compétent ne lui mentait jamais. Et ce même s'il était amnésique depuis récemment. Peu importait. Il le connaissait, point barre.

- Je vous... je vous connais...

Le plus étrange, c'était que l'inconnu en question n'avait rien de très particulier qui le distinguait physiquement d'un autre. Cheveux bruns, courts. Yeux bleus clairs, regard un tantinet inquisiteur. Peau peut-être un peu pâle. Non, décidément, il n'avait rien d'extraordinaire. C'était surtout cette impression de déjà-vu envahissante qui rendait le tueur sûr et certain de ce qu'il pensait. Et, de toute évidence, il n'avait pas commis d'erreur, puisque l'inconnu finit par lui adresser un sourire chaleureux et s'approcha de lui.

- Eh bien, si je m'attendais à te voir ici. Dis-moi, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus, toi et moi...

Armand haussa les épaules, jugeant qu'il serait plus prudent de lui parler de son amnésie une fois arrivé en ville. Il accepta docilement la main que l'inconnu lui tendait et la serra en gage de salut. A tout hasard, il demanda, plein d'espoir :

- Tu... habites bien à Parmanie, je ne me trompe pas ?

L'homme au calepin haussa les sourcils.

- Bien sûr. Je n'aime pas changer mes habitudes, alors tu penses, ma maison... mais viens donc passer la journée chez moi. Je suppose que tu n'as rien à faire avant un moment ?

Armand leva les yeux au ciel, ayant l'étrange impression que cet inconnu tenait vraiment à passer du temps avec lui. Il n'en avait pas vraiment l'envie, ni le temps.

- Pour dire la vérité, il serait préférable que je prenne le premier ferry à destination de Cramois'Ile et...

Comme il s'y attendait, l'autre secoua vivement la tête et le prit par le bras comme pour l'empêcher de s'enfuir, ce dont il n'avait de toute façon pas l'intention. Il lui murmura quelque chose à l'oreille.

- Tu sais, il faut vraiment que tu rencontres ma fiancée. Je lui ai déjà parlé de toi. Elle serait curieuse d'enfin rencontrer un tueur à gages. Allez, fais-moi cette faveur.

Le tueur pencha la tête sur le côté, interloqué. Comment pouvait-on être curieux de rencontrer un tueur à gages ?! Soit cette fille ne tournait pas rond, soit elle ne comprenait pas bien ce que signifiait la profession. Dans les deux cas, il n'avait pas très envie de la voir, cette fameuse fiancée.

- Bon, et puis si tu ne veux vraiment pas prendre le thé à la maison, aucun problème... je peux comprendre que tu aies du boulot. Tu es sur un contrat, là ?

Armand n'écoutait pas. Il venait de penser aux bons côtés que pourrait lui apporter cette petite visite chez ce type, et il se rendit bien vite compte qu'il perdrait un avantage non négligeable en refusant cette proposition. En effet, s'il connaissait bel et bien cet homme, il serait en mesure d'obtenir des renseignements sur sa vie passée. Et comme il s'agissait du but de son voyage jusqu'à sa terre natale d'Unys, il n'allait certainement pas s'en priver. Ce serait du gâchis pur et simple. Alors il adressa un sourire avenant à l'inconnu.

- Finalement, je crois que je vais passer chez toi. Je suis avec... des amis, ça ne te pose pas de problème, n'est-ce pas ?

Il est vrai que Colin, Jessie et Kieran, tous trois installés dans la voiture, commençaient sans doute à se poser des questions quant à son attitude. L'autre homme sourit et hocha la tête.

- Tant qu'ils sont civilisés et un minimum précautionneux, je n'ai rien à y redire. Il ne faudrait pas qu'ils cassent le matériel de mon labo, tu comprends...

Armand enregistra l'information dans un recoin de sa tête. Donc ce type au nom encore inconnu était un scientifique. Dans quel domaine, il l'ignorait, mais chaque chose en son temps. Il haussa les épaules et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, en direction du véhicule volé.

- Ils ont tous au-dessus de vingt ans, donc normalement, ils ont passé l'âge des crises d'ado - ou de règles, c'est selon. Ca devrait bien se passer.
- Alors c'est réglé. Je suis venu de Parmanie à pied, alors si tu veux bien me prendre dans ta voiture...

Le tueur acquiesça.

- Ce sera un peu serré, mais avec plaisir. En route...

Ainsi, ils roulèrent jusqu'à Parmanie, à cinq dans la voiture - dont trois serrés comme des sardines à l'arrière - à une allure un peu trop rapide pour être réglementaire. Mais le respect de la loi était pour le moment le cadet des soucis d'Armand, qui s'intéressait beaucoup plus à ses souvenirs qu'à de minables panneaux restrictifs sur le bord de la route. Et puis il était grand maintenant, il savait se débrouiller. Un flic gênant ? Très bien, il avait un pistolet dans sa mallette, alors aucun problème. Personne ne l'arrêterait dans sa quête d'identité, pas même la loi. Il se le promit silencieusement.


- x -


Parmanie était, au contraire de l'extravagante Safrania ou de l'hyperactive Céladopole, une métropole plutôt calme et un joli coin où passer ses vieux jours. Beaucoup d'arbres et de plantes étaient disséminés ça et là, donnant une harmonie verdoyante et paisible à la ville. Les rues pavées d'une couleur rouge brique avaient un certain charme, et les maisons semblaient plus qu'accueillantes. De plus, le ciel sans nuages était d'un bleu étincelant et une brise printanière soufflait sur la cité. Certes, beaucoup d'habitants se trouvaient dehors par ce temps, mais ils ne se bousculaient aucunement comme ce pouvait être le cas dans les autres grandes villes. Les habitants de Parmanie, pour la plupart, avaient le temps d'apprécier les plus petits plaisirs de la vie.

Naturellement, en bon citadin aguerri, Armand n'appréciait pas trop le calme qu'il jugeait presque inquiétant. Mais il ne brisa pas le silence pour se plaindre, pour une fois. Peut-être était-il bien trop concentré sur son objectif actuel - dont il n'avait pas même pris le soin d'informer ses camarades - pour être insupportable. Personne ne le lui fit remarquer cependant, bien trop désireux de rester dans ce calme ambiant apaisant. L'homme inconnu semblait un peu mal à l'aise entre Colin et Jessie, qu'il ne connaissait absolument pas et qui n'avaient même pas tenté de lui faire la conversation. Peut-être bien qu'ils étaient timides. De toute manière, le scientifique parmanien ne s'en préoccupa pas outre mesure, trop heureux de bientôt regagner sa maison.

Et, en effet, il avait de quoi l'être ; sa maison - ou plutôt son manoir - était un vrai coin de paradis. De hautes grilles de fer forgé barraient l'accès à l'allée qui menait directement aux portes d'entrée. Le passager sortit une petite télécommande accrochée à son porte-clés et, grâce à la simple pression d'un bouton, le portail s'ouvrit. C'était magique, la technologie, décidément. Le conducteur s'engagea dans le petit chemin pavé et gara la voiture un peu n'importe comment, trop pressé d'avoir des réponses pour se soucier des règles de bienséance qu'il chérissait tant habituellement.

- Je ne me souvenais pas que ta maison était aussi impressionnante... souffla le tueur.
- Très drôle, vraiment, quel clown tu fais... soupira Colin, excédé, en passant à côté de lui. Et si tu nous racontais un peu qui est ce type chez qui on se trouve ? Rappelle-toi de l'incident avec Béatrice !

Armand fit mine de réfléchir et répliqua, avec un sourire mauvais :

- Eh, mais ce n'est pas toi qui lui as accordé ta confiance immédiatement, Dr House ?

Colin leva les yeux au ciel, jugeant cela trop compliqué de parlementer avec son ami. Même amnésique, il gardait toujours son sens de la répartie. C'en était hallucinant et particulièrement frustrant. Le médecin ne savait pas du tout comment il faisait pour le supporter sans avoir encore tenté de le tuer. L'amitié et les bons souvenirs devaient aider, sûrement. Il ne s'en formalisa pas et rejoignit les autres à l'intérieur de la demeure avec le tueur.

- Bon, eh bien faites comme chez vous, annonça le maître des lieux avec un sourire avenant. Oh, et... pour ceux que je ne connais pas... je suis Felix Wells, un bon ami de votre camarade ici présent.

Tous hochèrent la tête et se présentèrent à leur tour, pour ensuite suivre leur hôte jusqu'à un salon ou une jolie jeune femme blonde était assise sur un canapé, une tasse de thé fumante à la main.

- Tiens, tu rentres plus tôt que prévu aujourd'hui, est-ce que...

Elle s'interrompit en voyant les quatre inconnus franchir la porte du salon à la suite du propriétaire des lieux.

- Tu as amené des amis ? Qui sont-ils ?

Felix Wells haussa les épaules avec un sourire.

- J'ai bien dû te parler de mon ami, le tueur à gages. Voilà trois de ses amis, que je ne connaissais pas.

Il se tourna ensuite vers ses invités.

- Je vous présente ma charmante fiancée, Allison Deling. La plus belle et la plus raffinée des femmes de Parmanie !
- Oh, chéri, tu me gênes ! geignit la blonde.
- Tu ne tiens pas le même discours au lit... enfin bref, asseyez-vous qu'on discute un peu.

Allison se força à ignorer la remarque de son futur époux et accueillit les invités avec un large sourire. Elle était plutôt jeune, très belle, et semblait une parfaite maîtresse de maison. Armand songea qu'elle ne devait pas avoir de métier, vu la richesse dans laquelle elle vivait. La discussion autour d'une tasse de thé fut plus ennuyeuse qu'escomptée pour le tueur, qui n'avait pas encore vraiment eu l'occasion de parler de son amnésie et de ce dont il voulait se souvenir. Il espérait juste que ce n'était pas encore un traquenard ; après tout, il avait eu sa dose avec Béatrice Redshire, et il ne se voyait pas recommencer de sitôt. Les sensations fortes, c'est sympa, mais c'est éprouvant.

- Au fait, tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais dans le coin, avec tout ça... souffla Felix, sortant le tueur de sa torpeur.
- Oui, eh bien... le fait est que je suis amnésique.

Bien sûr, comme il n'avait pas trouvé de moyen plus... subtil, de dire cela, il avait lâché la bombe, qui manifestement fit son effet. Le scientifique semblait proprement abasourdi, les yeux écarquillés et la bouche ouverte. Sa fiancée avait à peu près la même expression faciale. Lorsque l'information fut enfin montée au cerveau pour tous deux, Felix prit la parole.

- Mais alors, tu m'as suivi jusqu'ici sans vraiment savoir qui je suis vraiment ?

Armand haussa les sourcils. Il était perspicace, ce type-là. Le tueur songea qu'il ne mentait pas à son sujet. Ils étaient vraiment bons amis, tous les deux. Autrement, il se serait un peu méfié, comme avec cette fichue Béatrice qui lui donnait encore des nausées rien que d'y penser.

- Je sais que c'est difficile à croire, intervint Colin, mais j'étais avec lui quand il a découvert sa... condition un peu particulière. J'en étais tout retourné, vous pouvez en être certains.
- Et vous... vous l'accompagnez dans une sorte de quête existentielle, ou un truc du genre ? sourit Allison, l'air curieusement enthousiaste à propos de quelque chose qui la dépassait sûrement.

Les quatres compagnons de voyage se regardèrent, amusés. Oui, c'était à peu près cela. Mais pour eux, ça n'avait rien de mystique, contrairement à ce que semblait penser la blonde.

- Disons que je cherche à savoir qui je suis exactement. J'ai bien des éléments de réponse, mais ça reste assez limité...

Felix sembla pour le coup très intéressé par le problème d'Armand. Nul doute que son cerveau de scientifique carburait à fond. Il trépignait sûrement de pouvoir découvrir des choses intéressantes, comme tout bon chercheur.

- Ecoute, je suis désolé d'apprendre ça comme ça... il n'y a rien que je puisse faire pour aider ? proposa-t-il, l'air réellement soucieux.

Le principal intéressé haussa les épaules.

- Dis-moi ce que tu fais dans la vie, ça m'éclairera un peu plus.
- Bien... je suis responsable scientifique du Parc Safari. En d'autres termes, je m'occupe de toutes les nouvelles technologies présentes dans le parc, notamment des Safari Balls. J'essaie constamment de les améliorer, mais ce n'est pas facile, expliqua-t-il.

Les quatre hochèrent la tête. Ils n'étaient pas beaucoup plus avancés. Jessie semblait prendre plaisir à siroter le thé de très bonne qualité, de même que Kieran. Colin discutait tranquillement avec Allison - à croire qu'il aimait vraiment les blondes, celui-là -, tandis qu'Armand était plongé dans ses pensées les plus profondes. Il se posait tout un tas de questions à propos de ce Felix. Que faisait-il sur la route menant à Parmanie ? Etait-il vraiment un employé du parc, comme il le prétendait ? N'avaient-ils pas une connexion plus professionnelle, tous les deux ? Car si Armand le connaissait, c'était que ce gars-là ne devait pas être tout blanc non plus. Les tueurs font rarement bon ménage avec les personnes au cœur pur. Colin étant évidemment l'exception parmi les exceptions. Quoi qu'il le rabrouait plutôt souvent. Ce Felix Wells cachait quelque chose. Armand ne parvenait pas à mettre le doigt dessus, mais il était prêt à parier un voyage aux Bahamas qu'il avait raison.


- x -


Ils restèrent environ une heure dans la grande demeure, sans rien faire de vraiment intéressant. Le couple semblait vouloir qu'ils passent la nuit chez eux. Armand n'avait pas eu le courage de protester, sur le moment, mais il le regrettait amèrement. Il s'ennuyait ferme, et lorsqu'il demande aux propriétaires des lieux ce qu'il y avait d'intéressant à faire à Parmanie, la réponse ne fut que plus décevante.

- Je dois admettre qu'il n'y a pas beaucoup d'activités qui valent le coup ici... hormis le Parc Safari, bien entendu. Des Pokémon rares et intéressants s'y trouvent, et qui sait, tu pourrais avoir le coup de foudre.
- Tu as l'air bien sûr de toi, sur ce coup-là... souffla le tueur, perplexe.
- Moi, je trouve que c'est une bonne occasion de se détendre un peu ! intervint Jessie.

Le brun leva les yeux au ciel.

- Colin, t'en penses quoi ?
- C'est toujours mieux que de se tourner les pouces ici...


- x -


Ce fut donc décidé. Kieran et Allison, qui préféraient rester à la maison pour bouquiner un peu, ne les accompagnèrent pas. Le scientifique les conduisit en voiture au parc, qui se trouvait comme par hasard à l'autre bout de la ville, tout au nord. Il y avait bon nombre de voitures garées sur le parking, signe que cet endroit avait beaucoup de succès auprès des dresseurs de Pokémon.

Ils entrèrent, et conformément au règlement du parc, les Pokémon furent confisqués pendant la durée de la visite. Il y avait divers coins de nature qui recelaient des espèces variées ; une plage avec un lac, un bosquet, une étendue désertique, un espace montagneux... vraiment, il y en avait pour tous les goûts. C'était évidemment le lieu où un adepte de la ville ne se plairait pas, au grand dam du tueur qui voyait d'ici les crampes et la fatigue pointer le bout de leur nez.

- Bon, je suggère que l'on reste tous ensemble. Certains Pokémon sont vraiment agressifs, expliqua Felix.
- Ouais, donc je suppose que ça arrive, qu'un ou deux gosses se fassent tuer en cherchant la perle rare... ironisa Armand.

De toute façon, il n'était pas plus en danger que ça ; il avait pris le soin d'emmener son pistolet avec lui. On n'est jamais trop prudent. Et si pour se sortir d'un mauvais pas, il devait tuer un Pokémon, ça ne le dérangeait pas outre mesure. Il était un tueur après tout. Agir hors contrat ne l'enchantait pas plus que cela, mais il était prêt à le faire pour sauver sa peau.

Comme il s'y attendait, leur périple à travers tous les recoins du Parc Safari fut éprouvant. Tant physiquement que psychologiquement pour Armand, qui haïssait vraiment la nature et particulièrement les montagnes. Ils furent attaqués au moins une bonne dizaine de fois par des Pokémon sauvages, heureusement plutôt inoffensifs, comme des espèces Plante à un stade encore bas de la chaîne évolutive.

- On s'en va, par pitié, j'en ai ma CLAQUE ! hurla le tueur.

Un écho se répercuta plusieurs fois autour d'eux, et Jessie éclata de rire, franchement déstabilisée par le manque d'enthousiasme de son camarade de voyage. Habituellement, il restait calme - bon, il se plaignait, mais pas au point de hurler non plus.

- Oh et puis merde, je vais avoir la voix cassée si je continue à beugler dans le vide... souffla le presque trentenaire, à bout de nerfs.

Felix consentit à les raccompagner chez lui, alors qu'il était près de dix-huit heures. L'heure du dîner arriverait bientôt et il se devait d'être un hôte irréprochable, surtout pour un ami amnésique totalement susceptible. Alors qu'ils retraversaient la plaine parsemée de hautes herbes qui menait à l'entrée, Armand poussa un cri de stupeur.

- Je l'ai trouvée ! Ma perle rare !

Il fixait un Pokémon à la mine intriguée. On aurait dit une sorte de félin, aux longues griffes acérées. Il était blanc et son signe distinctif était une lettre "M" de couleur rousse sur son ventre. Colin plissa les yeux, pour le coup très surpris.

- Euh, tu as un Séviper, et dois-je te rappeler que ces deux-là ne s'entendent jamais...
- Chut, tu perturbes ma contemplation. Regarde à quel point il a la classe ! Pour un tueur, c'est le sommet de l'élégance ! J'ai un empoisonneur, et bientôt un... un égorgeur !
- T'es franchement glauque, là, Armand... geignit Jessie, qui hésitait entre rire et pleurer.

Felix haussa les épaules, plus ou moins indifférent.

- Capture-le si tu veux, mais je te rappelle que tu n'as rien d'autre que ce sac de Pokéballs pour arriver à tes fins...

Le tueur afficha un sourire mauvais qui leur fit froid dans le dos, et sortit son arme à feu.

- Oh non, j'ai ça aussi. Vérifiez qu'aucun employé du parc ne regarde, ce que je vais faire est peut-être illégal.
- C'est TOTALEMENT illégal, et je te laisserai jamais faire un truc aussi con ! hurla Colin, furieux.
- Ton amour pour les Pokémon te perdra, mon ami... reste en dehors de tout ça s'il te plaît, et pour l'amour du ciel, fais-moi confiance.

Le blond regarda sa sœur, qui semblait avoir entièrement foi en le tueur. Bon, eh bien soit. Mais si blessure il y avait, il ne pardonnerait jamais à ce psychopathe qui lui servait d'ami. Il se le jura en silence.

Le combat débuta. Mangriff s'élança sur le tueur, toutes griffes dehors. L'humain esquiva et se mit à courir comme un imbécile heureux en faisant des grimaces à ses amis, qui regardaient, à demi hilares, la scène improbable qui se jouait devant leurs yeux.

- C'est pas gentil de se moquer ! geignit Armand en rechargeant son pistolet, prêt à faire feu.

Colin serra les dents, mais à son grand soulagement, la balle ne fit que frôler l'oreille du Pokémon. Bien sûr, tout cela était parfaitement calculé par un homme qui savait se servir de son arme à la perfection, comme une extension de sa main. Mais le médecin ne pouvait s'empêcher de flipper constamment à cause de son ami.

Le Mangriff avait les yeux écarquillés de terreur, et ne bougea pas lorsque le tueur s'approcha de lui, trop tétanisé par la peur pour esquisser un mouvement. Le brun se baissa un peu pour placer son regard à la même hauteur que celui du Pokémon, qui n'osait pas détourner les yeux. Puis, sans crier gare, il l'enferma dans une Pokéball. Elle remua un peu, puis un cliquetis caractéristique signe du succès de la capture retentit, suivi par un "Yes !" enthousiaste d'Armand.

- Eh bien tu vois que finalement, on a bien fait d'y aller, dans ce parc ! sourit Jessie, pas mécontente d'être sortie un peu.
- Ne me fais plus peur comme ça, enfoiré ! renchérit Colin, le cœur battant toujours aussi rapidement.

Armand haussa les épaules.

- C'est pas ma faute si t'es émotif.

Puis il consulta sa montre.

- Oh, c'est bientôt l'heure de prendre le ferry...


- x -


Après le dîner qu'il trouva exaspérant, Armand avait rassemblé le peu d'affaires qu'il trimballait partout avec lui dans la voiture noire volée. Les autres avaient fait de même, prêts à partir pour aller prendre le prochain ferry, qui passait dans moins d'une demi-heure au port de Parmanie.

- Eh bien, vous nous quittez déjà ?

C'était la voix de Felix, qui descendait déjà les marches du perron pour venir rejoindre le tueur. Ils s'éloignèrent tous deux pour discuter.

- Je pensais que tu passerais la nuit ici.
- Pas le temps. Et si tu me parlais de toi plus en détail ? Tu travailles peut-être au Parc Safari, mais je suis pas dupe. Y'a autre chose, coupa Armand.

Le scientifique haussa les sourcils, impressionné. Malgré son amnésie, le tueur avait su voir clair dans son jeu. Il le reconnaissait bien là.

- Fidèle à toi-même, on dirait. Eh bien d'accord. Je bidouille des armes pour la mafia d'Unys, et ils me paient une fortune pour mes services.
- Tu bosses pour ces enfoirés ? Je suis convaincu que Liz Dolarhyde veut me faire la peau, et je crois savoir qu'elle bosse pour eux...

Sans qu'il ne put savoir pourquoi, Felix ricana.

- Mon vieux, tu es vraiment bien atteint ! Toi aussi, tu bosses pour eux ! T'es un de leurs meilleurs tueurs. Et si Dolarhyde veut ta peau, c'est pas bon signe pour toi, tu as du faire une belle connerie... genre essayer de coucher avec elle...
- Pas mon type. Trop violente.

Felix leva les yeux au ciel.

- Sois sans crainte, je vais pas faire mon cafteur auprès des supérieurs. Je t'aime bien, on est bons amis.
- Et ta fiancée ? Elle est trempée dans les affaires de la pègre, elle aussi ?
- On peut dire ça. Elle espionne la mafia Kantonnaise pour mon compte. Et donc par extension pour le compte de celle d'Unys.

Armand soupira.

- Dieu que vous êtes compliqués tous les deux...
- En revanche, j'aimerais beaucoup pouvoir étudier de près ton amnésie, si tu me le permets. Tiens-moi au courant de tous les changements que tu peux observer, et je ferai ce que je peux pour t'aider. D'accord ?

Sans lui laisser le temps de répondre, le scientifique lui glissa un papier avec une suite de chiffres griffonnée dessus dans la main.

- Merci, euh... on va y aller, le ferry arrive bientôt et le suivant est dans deux jours.

Felix acquiesça et laissa son vieil ami repartir avec ses compagnons de route. Il sourit, heureux d'avoir un nouveau sujet d'étude très intéressant à traiter. Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un amnésique...

Dans la voiture noire qui allait jusqu'au port, Jessie était toute excitée à l'idée de se rendre à Cramois'Ile ; et pour cause, le premier centre de réanimation des fossiles se trouvait là-bas. Friande d'Histoire qu'elle était, elle ne pouvait pas passer à côté d'une telle occasion. Les autres ne disaient mot, comme s'ils pouvaient sentir le trouble dans l'esprit du tueur.