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Duel au sommet de olyn



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» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 25/12/2015 à 19:08
» Dernière mise à jour le 25/12/2015 à 19:11

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Bonus : La quête Super-Méga-Épique™ de l'étoile de Noël
Note de l'auteur : Non, ce n'est pas la suite du chapitre précédent... C'est un petit bonus pour vous faire patienter, le premier Noël de Léa dans le Pokémonde suite à une version alternative du chapitre 30 où elle aurait abdiqué face à Agatha au lieu de perdre Teigne. La Colossinge est donc vivante, et Léa est restée dans le Pokémonde avec Zack et n'a jamais vaincu la Ligue.

La quête Super-Méga-Épique™ de l'étoile de Noël


Je contemplai le sapin d'un œil critique.

Non, non, et non, ça n'allait pas du tout. Il était décoré, oui, et de façon plutôt réussie - le schéma des couleurs choisies complimentait le vert de l'arbre, et il y avait juste le bon nombre de boules et de guirlandes pour que ça fasse joli sans paraître trop chargé -, mais il lui manquait un élément crucial. Un élément qui était également absent de la grosse boîte en carton qui regroupait toutes les décorations disponibles. Or, ce n'était pas le cas une heure plus tôt, lorsque je m'étais lancée dans la tâche de m'occuper du sapin. Et à ce que je sache, les décorations de Noël n'étaient pas encore capable de se faire pousser des jambes pour courir se cacher par elles-mêmes.

Une seule conclusion possible, donc.

- Teeeiiiigne ! m'égosillai-je de toute la force de mes poumons.

Mon cri rebondit contre entre les quatre murs du petit salon, réveillant Patate en sursaut. La Rhinoféros me lorgna d'un œil curieux avant de pousser un grognement et de refermer ses paupières, reprenant sa sieste. Je tapai du pied par terre. Où était passée la Colossinge ? Et surtout, qu'avait-elle bien pu faire de la magnifique décoration que j'aurais tant voulu poser au sommet du sapin ? Poussant un soupir, je partis en quête de l'étoile dorée.

Première étape : la cuisine. J'y trouvai la Pokémère et Gonflette en pleine préparation du dîner de Noël, ainsi que la Colossinge, qui avait apparemment écopé de la corvée de préparer les apéritifs.

- Teigne, je sais que c'est toi, lui lançai-je en m'approchant.

Elle me retourna un regard perplexe, s'immobilisant, un petit-four à moitié mangé à la main (apparemment la différence entre "préparer" et "manger" n'était pas très claire pour la Colossinge).

- Singe ?

- Oui oui, ne fais pas l'innocente. Je sais que tu as subtilisé l'étoile dorée dans la boîte des décorations pendant que j'avais le dos tourné. Je t'avais pourtant bien dit de ne pas y toucher ! Bon, où est-ce que tu l'as mise ?

La Colossinge me fixait toujours d'un air perdu.

- Singe, Colossinge ! gesticula-t-elle, agitant son petit-four dans les airs avec vivacité. Singe !

- Comment ça c'est pas toi ?

- Machoc, appuya Gonflette.

- Teigne est avec nous depuis une heure, renchérit la Pokémère. Si quelque chose a disparu, ce n'est certainement pas de sa faute.

Mon principal suspect dans l'affaire de la disparition de l'étoile avait donc un alibi en béton ? L'enquête se compliquait... Je passai le reste des Pokémon susceptibles d'être coupable en revue dans ma tête, c'est-à-dire ceux qui auraient pu s'approcher sans que je les vois ou qui avaient un caractère malicieux. Poupidou, Bouh, Mistigri, et enfin Patate, peut-être. Mais Poupidou somnolait sous l'escalier depuis que j'avais sorti la boîte de décoration, Bouh ne pouvait pas s'emparer d'objets physiques, Mistigri était bien trop occupé à chahuter, et Patate n'avait fait que pioncer tout du long. Mince. J'avais l'impression qu'il me manquait un élément, mais j'avais beau réfléchir, rien ne me venait.

Face à ma tête dépitée, la Pokémère enclencha le mode "bon conseil" :

- Ma petite puce, tu aurais dû t'y prendre avant pour décorer le sapin. Faire ça juste avant que les invités n'arrivent, le soir même du 24... ce n'est pas très responsable.

- C'est une tradition dans la famille, répliquai-je.

On avait toujours, toujours décoré le sapin en dernière minute. Je gardai même le souvenir d'une année où Vivian avait accroché la dernière guirlande à l'instant même où mon oncle avait sonné à la porte. Comme en écho de ce morceau de mon passé, la sonnette retentit soudain.

- Tiens, ils sont en avance ! s'exclama la Pokémère.

- En même temps, ils vivent juste à côté... répliquai-je en allant ouvrir.

Je fus aussitôt assaillie par Nina qui m'enlaça dans une étreinte amicale.

- Ouh, doucement ! fis-je en riant. Quel enthousiasme ! On s'est pourtant vu pas plus tard qu'hier.

- Je sais, mais cette nuit j'ai rêvé que tu partais pour ne plus jamais revenir, alors je compense.

Durant un instant, je songeai à ce qui aurait pu se passer si j'avais gagné le combat contre Agatha au lieu d'abdiquer il y avait six mois de cela. Tant de choses auraient été différentes... et j'aurais beaucoup perdu en échange. Trop perdu.

- Nan, je suis là pour rester, lui assurai-je.

- T'as intérêt, souffla Zack, prenant la place de sa sœur pour m'enlacer à son tour.

Je me laissai aller dans ses bras et goûtai à son sourire alors que nos lèvres se trouvaient tout naturellement. Ce n'est qu'un long moment plus tard que je m'aperçus que le monde extérieur requérait mon attention. Le prof Chen venait de me poser une question, question dont je n'avais bien sûr rien entendu si ce n'était l'intonation interrogatrice finale. M'écartant de Zack à regret - toujours à regret -, je levai un regard inquisiteur vers l'expert Pokémon.

- Comment vont les bébés ? réitéra-t-il tout en retirant son bonnet.

- Plutôt bien, lui répondis-je. Ils sont même plus sages que ce à quoi je m'attendais. J'avais un peu peur que sans leur mère ils fassent des bêtises, mais Salade s'y entend pour les gérer.

- Il faut faire particulièrement attention avec la neige en ce moment, le froid peut leur être dommageable à un si jeune âge. Les sorties dehors doivent être restreintes, pas plus de quinze minutes.

- Je sais Professeur, vous me l'avez dit hier, remarquai-je sans pouvoir camoufler mon sourire.

- Ah oui, c'est vrai ! Bien, où est ta mère, que je lui dise bonjour ?

- Dans la cuisine. Et les petits sont dans la véranda, ajoutai-je à l'intention de Nina dont les yeux s'étaient mis à briller dès l'évocation des bébés Bulbizarre.

Le grand-père Chen et la petite-fille bifurquèrent chacun vers leur destination, me laissant en tête-à-tête avec Zack. Il se passa une main dans les cheveux pour les débarrasser des flocons de neige qui s'y étaient accrochés, puis, voyant que ça n'avait pas tellement d'effet, se résolut à secouer sa tignasse en s'ébrouant tel un Caninos.

- Hé ! Garde ta neige pour toi ! protestai-je.

- Tout ce qui est à moi est à toi, répliqua-t-il avec un sourire évocateur.

Je fis mine de réfléchir.

- Intéressante déclaration. Ça inclut ton titre de Champion de la Ligue ?

- T'es pas la seule à le vouloir... Mélodie de Hautecour est encore en train de se faire les membres du Conseil, d'ici peu elle sera face à Peter et je devrais encore la combattre. Trois fois en six mois, c'est de l'acharnement à ce stade.

- Elle est déterminée, dis-je en songeant à la gamine aux cheveux bleus qui voulait tant gagner.

- Elle est folle. Je lui ai déjà tué douze Pokémon, même moi je me serais arrêté là à sa place. Et si son père n'était pas l'ancien champion, elle n'aurait jamais eu les moyens de continuer de toute façon. Pas comme ça.

Je haussai les épaules. Les affaires de la Ligue ne me concernaient plus, du moins pas avant que trois années se soient écoulées. C'était le prix à payer pour avoir abdiqué face à Agatha.

Un "Ouh qu'il est mimiii" parvint soudain à nos oreilles, signe que Nina avait trouvé le repère des bébé Bulbis. S'ensuivit un "Zarre" au timbre bien trop grave pour venir des petits, qui avaient seulement deux mois et produisaient des sons de type souris qui couine. Tous ensemble, cela donnait d'ailleurs une sacré cacophonie. Il faut dire qu'ils étaient cinq : Bulbette, Bulba, Bulbo, Bulbozor et Mou du Bulbe (oui, c'était moi qui avais choisi tous leurs surnoms, vous en doutiez ?), certes tous plus mimis les uns que les autres, mais lorsqu'ils décidaient de tous se servir de leurs cordes vocales, on avait vite envie d'investir dans une paire de bouchons pour les oreilles. Il n'y avait guère qu'Eilie qui parvienne à supporter leurs piaillements, sans doute parce que la petite fille n'était pas non plus avare de cris, elle. Et évidemment, elle était très fière de sa Bulbi et de son histoire d'amour avec mon Salade. Il faut dire que l'affaire avait ravi tout le monde, et ce depuis le tout début lorsque j'avais été invitée par la famille de Léonard à une veillée en son honneur et qu'on avait retrouvé Salade et Bulbi, encore une Herbizarre alors, dormant côte à côte. Leur relation avait rapidement progressé, jusqu'à donner cinq petites merveilles vertes et tachetées peu après que Bulbi ait évolué en Florizarre.

Comme les De Bellevue passaient les fêtes loin d'ici, à Johto, et que le voyage risquait de perturber les petits, nous les avions en garde pour la semaine, un fait qui ravissait Salade. Il aimait jouer les pères à plein temps au lieu de l'habituelle visite à Safrania tous les trois jours, et les bébés montraient en retour un enthousiasme égal. L'absence de leur mère ne semblait pas trop leur peser pour l'instant, excepté pour Bulbette, mais elle s'était trouvée une maman de substitution : Patate la Rhinoféros, cent vingt kilos d'amour brut.

- Patate t'as pas embêté au fait ? interrogea Zack, lisant dans mes pensées comme il en avait le secret. Je ne savais pas trop comment elle allait réagir, c'est pas souvent qu'elle dort en dehors de sa Pokéball.

- Pas du tout. Elle s'est contenté de câliner Bulbette et de ronfler, aucun problème. Par contre je ne sais pas trop pourquoi mais elle a tendance à vouloir rester près du sapin.

Prononcer ce mot me fit repenser à ma quête. L'étoile de Noël ! Elle se cachait quelque part dans cette maison, il fallait que je la trouve. Et vite. Pas question de commencer la fête si le sapin n'était pas correctement décoré.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? voulut savoir Zack.

- Un truc stupide.

- Avoue.

- Hyper stupide.

- Avouuueee, continua-t-il en approchant ses lèvres des miennes

- C'est pas une très bonne tactique de me menacer d'un truc dont j'ai envie, lui fis-je remarquer.

- M'en fous, grogna-t-il en mettant sa menace à exécution.

Un petit moment plus tard, la voix de la Pokémère nous coupa :

- On sert l'apéritif !

Nous rejoignîmes les autres dans le salon. Un petit frisson courut le long de ma nuque en entrant dans la pièce. J'avais eu l'impression de sentir un courant d'air l'espace d'un instant. Mais non, j'avais dû rêver : la pièce était chaude et accueillante. En prenant place sur le gros canapé, je songeai qu'il s'agissait du premier Noël que j'allais passer dans le monde Pokémon. Du premier Noël que j'allais passer sans mes parents. Difficile de faire la part des choses dans cette constatation. D'un côté, j'étais indéniablement heureuse de la tournure qu'avaient pris les événements ici, heureuse par rapport à moi et Zack, et à Salade et ses bébés... et de l'autre, mes parents me manquaient. Mes parents, mon oncle, sa femme et mes deux cousins. Compter les absents me fit penser à Claire, qui elle passait son Noël en famille à Safrania ; nous avions prévus de nous retrouver le soir du 31.

Mais en attendant la nouvelle année - en attendant, peut-être, que ces trois années d'interdiction de me présenter face à la Ligue s'écoulent -, je pouvais profiter de l'instant présent. Le devais, même. Et ça aurait été facile, si seulement il n'y avait pas eu cette fichue étoile qui gâchait tout par son absence. Oui, je sais, ce n'était qu'un détail. Mais la vie est faite de détails. Des bons, des mauvais, et des foutrement géniaux.

Décidée à régler celui-ci, j'entrepris de fouiller la pièce du regard tandis que Gonflette faisait le service des petits fours. Que dalle. Pas la moindre trace d'un truc doré. J'avais déjà regardé dans la cuisine. Restait le placard de la chambre rouge, celui dont j'avais extrait la boîte de décorations. Peut-être l'étoile était-elle tombée dans un coin sombre ? Non, j'étais quasiment certaine qu'elle était présente quand j'avais ouvert la boîte en bas.

- Teigne, tu es sûre de ne pas avoir prise l'étoile dorée qui était dans la boîte des décorations ? Je ne t'en voudrais pas tu sais.

La Colossinge secoua la tête, projetant des miettes de petit-four dans tous les sens.

- Et toi Patate, fis-je en m'adressant à la Rhinoféros qui avait ouvert un œil, sans doute à cause du fumet de la nourriture, tu n'as rien remarqué quand je décorais le sapin ?

- Féros... indiqua-t-elle.

Ça ressemblait à un non.

- C'est ça qui t'embête... une décoration manquante ? s'amusa Zack.

- Ouais, j'ai perdu une étoile.

- Pas du tout, elles sont toutes dans tes yeux.

Un applaudissement en provenance de la Pokémère salua cette réplique digne des meilleurs soap-opéras.

- Comment tu fais pour sortir un truc pareil en gardant ton sérieux ? lui demandai-je, soupçonnant tout à coup une imposture de la part d'un androïde particulièrement ressemblant.

- Comme ça fait six mois qu'on est ensemble je me disais qu'il était temps de tomber les masques et de révéler le vrai moi... le mec romantique à mort qui enchaîne les déclarations enflammées et les compliments sous forme de poèmes.

- Je préfère le connard arrogant dont je suis tombée amoureuse.

Un "Bulbi" suraigu nous interrompit, suivi d'une liane qui tâtonna mes mollets avant d'atteindre mes cuisses. Le petit essaya ensuite de se hisser tant bien que mal, poussant de petits cris tout du long. Prise de pitié, je l'aidai finalement à terminer son escalade en plaçant une main sous ses fesses.

- Sacré grimpeur, celui-là, sourit le prof. Il doit tenir ça de son père : Salade aimait beaucoup contempler mon labo depuis le haut de mes étagères lorsqu'il était petit.

- C'est lequel ? demanda Nina d'un ton curieux.

- Bulbo. Et celui sur tes genoux c'est Mou du Bulbe.

Un double "Bu !" confirma mes dires. Ayant atteint mon ventre, Bulbo envoya sa liane sonder la suite ; je lui grattouillai les oreilles pour le distraire, ce qui fonctionna à merveille.

- Comment tu fais pour les reconnaître ?

- Oh, c'est facile quant tu les vois souvent. Ils ont des taches très différentes et quelques signes distinctifs. Bulbo a des espèces de petites mouchetures sur les pattes arrières, Bulbette a une tache près de sa bouche qui n'est présente chez aucun des autres, Bulba a un espèce de triangle sur le flanc, Bulbozor a une plus grande tache sur la tête, et chez Mou du Bulbe c'est pareil sauf qu'elle est plus sombre.

Je m'emparai d'un petit-four alors que Gonflette refaisait un tour de table. Bulbo éternua, tout son petit corps se contractant pour l'occasion, puis il glissa à terre et se mit en tête d'aller harceler son frère, le délogeant des genoux de Nina à l'aide d'une liane. Les deux Bulbizarres roulèrent au sol, poussant des cris aigus dans une parodie de combat. Un grondement s'éleva soudain :

- Florizaaarre.

Aussitôt, les deux petits stoppèrent leur jeu et filèrent vers la véranda, répondant à l'appel de leur père. Qu'ils étaient bien élevés. On ne pouvait pas en dire autant de certains des autres Pokémon dans cette maison. En ce soir de Noël, la plupart se tenaient tranquille, somnolant dans un coin (voire dans leur Pokéball pour Plouf et Pleind'Soupe) ou mangeant leurs croquettes en silence, mais Mistigri et Bouh se pourchassaient partout depuis une heure, sans égard pour les divers bibelots qu'ils manquaient parfois de renverser d'un cheveu. Lorsqu'ils frôlèrent Teigne pour la énième fois, Bouh lui passant carrément au travers, les poils de la Colossinge se hérissèrent et elle grogna un "Colo, Colossinge !" qui claqua dans l'air. Mistigri cracha un "Mia" en retour avant de filer à l'étage tel le vent. Bouh le suivit après avoir vertement tiré la langue à Teigne.

- Merci ma grande, lui lançai-je.

Elle hocha la tête et, estimant qu'elle avait gagné le droit de se resservir en petit-four, elle en enfourna cinq en même temps dans sa bouche.

- Toujours très gourmand, les Colossinge... Je me demande quelle est la capacité maximum de leur estomac, déclara le prof Chen d'une voix songeuse. Peut-être pourrais-je faire une expérience pour le découvrir un de ces jours.

Teigne sautilla, très heureuse de cette perspective. Pour ma part, ça me réjouissait moins.

- Elle ne saurait pas s'arrêter si on lui donnait de la nourriture à volonté. Tarzan ferait un meilleur cobaye.

Le Colossinge en question était pour le moment étendu contre le flanc de Patate, à moitié somnolant.

- Bien sûr, il me faudrait plusieurs spécimens afin de pouvoir croiser mes résultats, ajouta le prof. Connais-tu d'autres dresseurs ayant des Colossinge ?

- Y a bien Claire avec sa Néréa, mais là ça se changerait en compétition entre Teigne et elle pour voir qui peut manger le plus, et on ne les récupérerait pas vivantes.

- Singe ! protesta Teigne.

Le dring strident de la sonnerie se fit entendre, me coupant dans la réplique que j'allais prononcer.

- Tiens, c'est étrange, pourtant on n'attend personne, s'étonna la Pokémère.

- Je m'en occupe, indiquai-je en me levant.

Zack m'emboîta le pas. Rejoindre la porte et l'ouvrir fut l'affaire de quelques secondes, la refermer aussitôt ne me prit en revanche qu'un instant.

- Pas question, prononçai-je, très distinctement.

- Allez, Léa... souffla Zack à mes côtés. Personne ne devrait être tout seul le soir de Noël. Et c'est ton frère, quand même.

- C'est toi qui l'as invité ? réalisai-je en me tournant vers lui.

J'obtins en réponse un regard typique de Zack. Je les connaissais tous par cœur à présent, celui-là c'était le n°31 : "Oui, c'est moi, et tu vas voir que c'était une bonne idée."

- Il fait froid dehors, dit une voix étouffée à travers la porte.

Je la rouvris brutalement, martyrisant la poignée au passage. Vivian m'offrit un sourire.

- Joyeux Noël, sœurette. J'ai apporté des chocolats.

Miam, des chocolats
, se réjouit la partie la plus animale de ma psyché.

Tout le reste de moi demeura immobile, figé sur place, ne sachant que faire de la situation. Je n'avais pas revu Vivian depuis que j'avais rejeté son aide après le match contre Aldo. Et j'avais essayé de l'oublier depuis, réussissant plutôt bien jusqu'à maintenant car entre Zack, les bébés Bulbi, et l'idée que j'allais rester dans le monde Pokémon un certain temps, j'avais eu fort à faire. Que pouvait-il bien me vouloir ? J'avais échoué face au Conseil, je lui étais inutile désormais, alors pourquoi s'acharner ? Sous quel angle allait-il attaquer cette fois ? Nos yeux se croisèrent, et je cherchai en vain une réponse dans ses deux billes azures.

Un instant de plus s'écoula en silence. Je grommelai finalement quelque chose qui pouvait passer pour un "Entre" si on était sourd et en pleine tempête.

C'est Noël, je peux être indulgente
, décidai-je.

En entrant dans le salon, Vivian loucha sur le sapin.

- Il ne lui manquerait pas quelque chose par hasard ? s'enquit-il d'un ton sceptique.

Non, en fait, j'ai changé d'avis. Qu'il retourne se les geler dehors.


- Vivian, quelle surprise de te revoir mon canard en sucre ! minauda la Pokémaman. Tu aurais dû me prévenir que tu serais là pour les fêtes !

- Une décision de dernière minute, répondit mon frère. Je me suis dit que je pourrai passer Noël en famille pour la première fois depuis dix ans...

C'était possible, ça ? Qu'il soit là simplement pour moi, et pas parce qu'il voulait me rallier à sa cause à nouveau, ou me faire du chantage, voire me manipuler comme il l'avait fait par le passé ? J'aurais bien aimé y croire, mais c'était dur, même en ce soir de Noël.

Nous continuâmes l'apéritif, un invité en plus, et les conversations reprirent de plus belle. J'aurais pensé que l'addition de Vivian déséquilibrerait notre dynamique de groupe, mais non, il s'intégrait parfaitement, discutant avec Nina et le prof Chen, et riant avec la Pokémaman. Nous échangeâmes même quelques banalités. L'hostilité que je nourrissais à son égard s'atténua peu à peu. C'était Noël, merde. Le moment ou jamais s'il devait y avoir une trêve entre nous.

Pourtant je n'étais pas tranquille. Je ne réalisai à quel point j'étais crispée que lorsque Zack posa une main sur mon épaule, ce qui me fit sursauter.

- C'est quoi le problème ? chuchota-t-il. Si c'est lui, il dégage direct...

- Non, c'est pas Vivian. T'avais raison, même si ça m'a énervé au début, je crois que c'était une bonne idée.

Je soupirai, avant d'avouer :

- C'est l'étoile. Le sapin n'est pas décoré correctement et ça me tracasse.

Un nouveau courant d'air me chatouilla la nuque, je grimaçai.

- C'est stupide, hein ? conclus-je.

- Pas du tout, me contredit Zack. La vie est faite de détails. Des bons, des mauvais, et des foutrement géniaux. Celui-là il est en creux, et c'est toujours moche les détails en creux.

J'acquiesçai avec un grognement de frustration. J'avais l'impression d'être un personnage aux mains d'un auteur particulièrement sadique.

- Mais où peut bien se cacher cette étoile, à la fin ? J'ai cherché partout. Partout !

À l'instant où je prononçai ces mots, une lueur dorée accrocha mon regard à l'extérieur. Juste un flash, à peine le temps d'un quart de seconde, et puis tout disparut. Je m'étais levée d'un bond, et me mis à fouiller les ombres du jardin des yeux. Plus rien. Mais j'étais certaine de ne pas avoir rêvé pourtant.

- En fait, y a un endroit que j'ai pas vérifié, corrigeai-je à voix basse.

Lentement, je gagnai la véranda à pas de velours, tel un félin chassant sa proie. C'était ridicule de songer que l'étoile pouvait se trouver dehors, mais l'éclat doré que j'avais entrevu ne me laissait guère de doute. Donc...

- Coucou mon gros, murmurai-je à l'intention de Salade en pénétrant dans la véranda.

Il me répondit d'un grondement grave, plus une vibration qu'un véritable son. Tout autour de lui les petits Bulbi somnolaient d'un air bienheureux, leurs feuilles agitées sous l'effet d'un léger courant d'air.

Minute.

Un courant d'air ?


En m'approchant, je m'aperçus que la porte extérieure de la véranda n'était pas complètement fermée, laissant passer le vent qui s'en donnait à cœur joie. Je l'ouvris encore davantage afin de me glisser dans le jardin. Une drôle de forme se dessinait dans les ténèbres, à quelques pas devant moi. Une personne ? Non, trop petite. Et pas non plus un Pokémon - trop immobile.

La neige crissa sous mes chaussures tandis que j'allais enquêter de plus près. Parvenue face à la forme mystère, je constatai qu'il s'agissait d'un bonhomme de neige. Ou plus précisément, d'un Bulbizarre de neige. Loin d'être grandeur nature, il mesurait au contraire plus d'un mètre, et possédait une largeur au moins égale. Il semblait sculpté avec une précision des plus remarquables, chaque caractéristique de l'espèce Bulbizarre présente, depuis les lianes torsadées jusqu'aux petites canines dépassant de la bouche en passant par les taches sur la peau représentées par de légères dépressions dans la neige. Et, détail de chez tous les détails, sur sa tête trônait l'étoile de Noël. Elle paraissait tellement incongrue à cette place que je ne pus m'empêcher de pouffer de rire.

- Y a quelque chose de drôle ? demanda Zack depuis la véranda.

Un premier "Bu !" le coupa en pleine phrase, suivi d'un deuxième, puis de tout un concert de piaillements aigus. Les bébés sortirent soudain en ribambelle, se précipitant vers moi. Non, pas vers moi. Vers le Bulbi de neige. Trébuchant à moitié dans la neige, agitant leurs petites lianes comme des dingues, ils se mirent à courir autour de la sculpture tout en couinant à tue-tête.

- Bulbi, Bulbi !

- C'est vous qui avez pris l'étoile ?

- Bu ! annonça Bulbette en se plantant face à moi. Bu, Bu, Bu !

Elle créa une sorte d'étoile à l'aide de sa liane, l'agita au-dessus de sa tête et l'abaissa sur son front, l'y posant telle une couronne. Puis, tout à coup, elle lâcha un "Bulbizarre" complet, et tous les bébés se lièrent par leurs lianes pour former un cercle autour du Bulbi de neige. Là-dessus, rendant les choses encore plus bizarres, ils commencèrent à tourner. Un vrai manège.

À ce stade-là, toute la famille m'avait rejointe dans le jardin, et chacun y allait de son commentaire face à ce spectacle étonnant.

- Oh, ils sont trop choux ! s'exclama la Pokémère.

- Vraiment trop, renchérit Nina.

- Très intéressant, estima le prof Chen en se frottant le menton. Je me demande s'il s'agit d'un rituel habituel chez les jeunes Bulbizarre lorsqu'ils sont en groupe...

- C'est bien la première fois que je vois ça, nous informa Vivian.

Durant un temps, nous observâmes les bébés de Salade tourner autour de la sculpture, côte à côte dans le froid de la nuit. Ce fut Zack qui glissa le premier sa main dans la mienne, et puis le reste s'enchaîna rapidement, chacun offrant une main et en acceptant une autre, et nous nous retrouvâmes nous aussi à faire la ronde autour du Bulbi de neige, tous ensemble.

À ma droite, Zack. À ma gauche, Vivian. La neige tombait toujours, mais je pouvais compter sur une poigne forte et chaleureuse des deux côtés.

Et je souriais.

Heureuse.