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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 16/12/2015 à 22:43
» Dernière mise à jour le 28/08/2020 à 16:50

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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036. 3x10 - Chocs électriques à Lavandia
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoennn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Flora participe à son premier concours pokémon à Poivressel où elle rencontre Brice, un coordinateur très talentueux au physique avantageux. En route vers Lavandia afin de gagner un troisième badge, Sofian capture un Balignon très protecteur. Ils viennent ensuite en aide à la gardienne d’un phare à qui la Team Rocket a volé l’énergie de ses pokémons électriques afin de faire fonctionner un gigantesque aimant à pokémons. Sofian guérit sa phobie des pokémons électriques en se souvenant d’un traumatisme infantile et décide de s’entraîner avec Balignon afin de défier Voltère.

Lavandia


Pokémon #201e
La nuit automnale d’Octobre avait plongé les alentours dans les ténèbres les plus silencieuses. Une brise légère, une température fraîche, le calme, la plénitude,… Tout portait à croire que cette nuit serait de tout repos. Pourtant, au centre de la salle, sous les énormes projecteurs éteints, dans le silence le plus total, un petit animal venait de faire irruption. Le chat traversa un rayon de lumière de la lune qui provenait depuis la fenêtre et avança nonchalamment à travers le terrain marqué. Un Hoothoot hulula dans la nuit alors que le chat s’arrêtait devant l’entrée de du bâtiment. Soudain, l’animal bondit sur ses deux pattes-arrières, brandit une télécommande qu’il avait sortie de sa fourrure et l’actionna face au panneau numérique qui contrôlait l’alarme anti-cambriolage. La lumière rouge qu’il émettait s’éteignit, le signal se brouilla et la double porte d’entrée s’ouvrit instantanément sans le moindre bruit.
Deux adultes pénétrèrent à leur tour dans le bâtiment, poussant devant eux une énorme machine sphérique. Les portes vitrées se refermèrent sur eux alors que le binôme se plaçait au centre du terrain. L’homme alluma une lampe-torche qu’il pointa vers le plafond et les poutres qui s’y trouvaient, entre les projecteurs et les échafaudages.
— Installons ça en vitesse et partons avant que l’alarme ne se remette en route, préconisa la femme.
Les trois brigands se mirent alors à l’œuvre dans la nuit ténébreuse et silencieuse de Lavandia.

Pokémon #201l
— Ah ! Ça fait du bien d’être arrivé ! s’exclama Sofian en s’étirant.
Des quelques villes que Sofian avait déjà visitées dans Hoenn, Lavandia se plaçait largement en tête dans son classement personnel des endroits les plus intéressants. Bourg-en-vol et ses paisibles cottages, Mérouville et ses gratte-ciels étourdissants, Poivressel et ses maisons de pécheurs,… Aucune des cités qu’il avait traversées auparavant ne donnait autant l’impression que des choses importantes s’y réalisaient que Lavandia. De plus, malgré les festivités qui les avaient accueillis à Mérouville, Sofian n’avait jamais vu autant de gens, tous les plus différents les uns des autres, encombrer la circulation, boucher les artères piétonnières principales, et se marcher sur les pieds sans même y prêter attention. À bien des égards, Lavandia était la métropole où une minute de vie représentait un an d’efforts ailleurs dans la région.
Cet après-midi-là, à peine avaient-ils fait leurs premiers pas dans la capitale de Hoenn que Sofian, Flora et Timmy s’étaient retrouvés bloqués à l’arrêt au milieu d’un passage pour piétons, embourbés dans une foule de passants pressés et nerveux. Alors que les dizaines de voiture à l’arrêt faisaient chanter leurs klaxons, un homme en costume cravate bouscula Sofian dans le sens inverse de la circulation et Poussifeu grimpa en vitesse sur l’épaule de son maître afin d’éviter un coup d’attaché-case.
— Je sens que je ne vais pas apprécier cette ville, marmonna Timmy en évitant de justesse une voiture nerveuse.
— Eh ! Oh ! Y en a qui aimeraient avancer, ici ! s’énerva Flora en criant dans la foule immobile.
— Quelle idée d’installer une arène dans une métropole aussi bourrée de gens, se plaignit Sofian en caressant son Poussifeu apeuré. Je commence à regretter l’absence d’humains sur les routes de Hoenn…
— Sérieusement les gars, allons directement à l’arène, histoire qu’on se barre le plus vite possible de Lavandia, suggéra Flora de mauvaise humeur.
— Déjà ? s’étonna Sofian, le cœur bondissant dans sa poitrine.
— Bah quoi ! Tu es prêt non ? Tu as passé toute la matinée à t’entraîner avec Balignon, tu as vaincu ta phobie des pokémons électriques, tu es le fils d’un champion, tu vas pouvoir le battre directement, non ?
— Flora a raison ! intervint Timmy en interrompant Sofian qui s’apprêtait à répliquer, avant d’ajouter discrètement à son ami : Profites-en, pour une fois qu’elle te fait des compliments.
— Oh mais c’est simplement pour qu’on en finisse plus vite, ne crois pas que je le pense sincèrement, ajouta Flora d’une voix sceptique.
— Il me semblait bien… grogna Sofian en fourrant ses mains dans ses poches, de mauvaise humeur.
Alors qu’ils venaient enfin d’atteindre le trottoir d’en face, Timmy les guidant en se fiant à la carte de la ville intégrée à son Pokénav, un groupe de filles quelque part dans la foule poussa des cris hystériques et perçants, avant que la foule ne se resserrent autour des trois adolescents.
— Qu’est-ce que… ?!
Un jeune homme s’extirpa de la foule de piétons et se mit à cavaler entre les voitures à l’arrêt. La foule se déchira en deux afin de laisser passer une dizaine de journalistes excités qui s’étaient mis à courir à toute vitesse après le mystérieux garçon, criant des questions dans le vide et brandissant leurs caméras dans toutes les directions. N’ayant pas vu arriver la horde de journalistes, les trois amis furent emportés par le mouvement et n’eurent pas d’autres choix que de suivre le jeune homme dans sa course folle.
Alors qu’il s’engouffrait dans une petite ruelle en leur faisant signe de le suivre, le jeune homme caché sous la capuche de son gilet se retourna violemment, une pokéball dans la main et s’écria :
— Lippouti, attaque « poudreuse » !
Un petit pokémon ressemblant à un bébé apparut dans les airs et envoya une rafale de neige en leur direction. Sofian, Flora et Timmy eurent tout juste le temps de se jeter derrière une benne à ordure avant que la poudreuse ne bloque l’entrée de la ruelle sombre, empêchant les journalistes de les rejoindre.
— Ils ne devraient pas pouvoir nous atteindre, à présent, annonça le jeune homme de sa voix mélodieuse. C’est vraiment une plaie la notoriété, pas vrai ?
Sofian, Flora et Timmy se relevèrent et firent enfin face au jeune homme qui s’était découvert le visage. Le ton qu’il avait abordé en leur parlant semblait signifier qu’ils s’étaient déjà rencontrés par le passé, mais Sofian n’avait pas l’impression de connaître le jeune homme qui leur affichait un large sourire d’ange sous des yeux bleus glaciaux.
— Saint Kyogres, c’est pas vrai, je rêve ! s’exclama Flora d’une voix toute aussi hystérique que celles des journalistes. B… BRICE !
Le jeune homme soupira, mal-à-l’aise.
— Brice, comme « Brice, le coordinateur le plus talentueux de la nouvelle génération » ? s’abasourdit Timmy.
— Tu connais d’autres Brice ?? s’emporta Flora, sous le choc.
— Je ne le connais même pas celui-ci… grommela Sofian dans sa barbe, sans accorder le moindre intérêt à l’idole des jeunes qui se trouvait devant lui.
— Vous êtes coordinateurs aussi, n’est-ce pas ? demanda ce-dernier afin de changer de sujet. C’est pour ça que vous vous êtes enfuis en voyant les journalistes ?
— Bien sûr ! mentit instantanément Flora, avant de discrètement écraser avec force le pied droit de Sofian qui s’apprêtait à commenter son mensonge. Ah ces journalistes, quelle plaie !
Maugréant dans sa barbe pour l’intérêt que son amie prêtait au coordinateur, Sofian observa le jeune homme de plus prêt afin de comprendre ce qu’elle lui trouvait. Certes, il était plutôt pas mal, voire même carrément sexy : avec son marcel sous son gilet qui galbait ses timides muscles, son jogging qui donnaient à ses fesses une forme bombée dont toutes les filles tomberaient amoureuses, sa peau lisse et sans accrocs, sa fossette discrète au menton, ses cheveux dorés et ses yeux bleus perçants sous des traits bien taillés, Brice était l’icône parfaite du garçon dont rêvait toutes les adolescentes et dont tous les adolescents — Sofian y comprit — détestaient du plus profond de leur être. Ceci ajouté à son talent indéniable en coordination — Sofian avait dû se l’avouer en assistant à son show une semaine plus tôt à Poivressel —, Brice avait tout pour plaire.
À bien y réfléchir, il comprenait pourquoi son amie le regardait avec des yeux tendres, et cela l’agaçait au plus haut point. Du coin de l’œil, Sofian vit que son Poussifeu et le Lippouti de Brice faisaient connaissance amicalement à ses pieds, et il reprit son pokémon dans ses bras par fierté personnelle.
— Il me semblait bien vous avoir déjà vu au concours de Poivressel, dit Brice. Je ne sais pas comment vous faites pour supporter la notoriété, mais moi je commence à en avoir assez. Ça fait des mois que les journalistes me traquent dans toutes les villes où je me rends. Et maintenant qu’ils viennent d’apprendre que j’habite ici, les paparazzis ne me lâchent plus.
— Oui, je comprends… répondit Flora, à son tour mal-à-l’aise. J’imagine donc que… ce serait déplacé de te demander un… hum… un autographe…
Brice soupira.
— Il est là ! s’écria une voix de l’autre côté de la ruelle.
Les quatre adolescents se tournèrent d’un coup et virent la horde de journalistes reprendre leur course vers eux.
— Ok, mais à une condition ! répondit Brice en panique. Que vous m’aidiez à m’en débarrasser !
— C’est comme si c’était fait ! accepta Flora, folle de joie.
Grâce à son Gobou et aux attaques de Lippouti, les paparazzis furent à nouveau contraints de prendre la fuite et les quatre adolescents reprirent leur course dans les rues bondées de Lavandia.

Pokémon #201e
Brice habitait une petite maison mitoyenne, perdue dans les centaines de maisons alignées au bord de la chaussée principale de Lavandia. Seuls dans un salon qui semblait confiné entre deux murs, Brice leur offrit à chacun un jus d’orange afin de s’excuser pour les avoir entraînés dans ses problèmes.
— Qu’est-ce que vous venez donc faire à Lavandia ? questionna Brice. Il n’y a pas de concours organisés ici.
— Ah bon ? On connait déjà l’endroit où se dérouleront les autres concours ? interrogea Flora en ignorant totalement l’envie de Sofian de parler de sa quête des badges.
Frustré et énervé, Sofian croisa les bras et se fourra au creux du divan sans écouter la suite de la conversation qui tourna autour des concours pokémons.
— Pas encore les lieux, mais pour des raisons de contrats, Lavandia ne peut pas accueillir les festivités car le siège social de la chaîne concurrente à celle qui diffuse les concours se trouve ici. Dans tous les cas, je ne sais même pas si je pourrai participer au concours de ce mois-ci car je dois aller visiter ma tante malade à Vermilava.
Intrigué par son ami, Sofian avait constaté que durant la conversation, Timmy restait très silencieux et ne pouvait lâcher son regard de Brice.
Quelque chose ne tournait pas rond, il en était certain. Maintenant qu’il avait mentionné Vermilava, Timmy comprit que Brice n’était pas originaire de Lavandia, ou du moins il se confortait dans son hypothèse. Car il n’avait jamais entendu un tel accent musical dans les populations qui habitaient la région, ce qui ajoutait encore plus de charme au personnage. Timmy se permit enfin de quitter le coordinateur des yeux et d’observer les alentours. Hormis les quelques trophées qui brillaient dans une vitrine dans un coin de la pièce, il constata qu’il n’y avait aucun objet de valeur ou aucun indice pouvant laisser croire que la notoriété de Brice lui avait permis d’accéder à une quelconque richesse. Sur la cheminée trônait une série de photos de famille qui illustraient Brice en compagnie de ses parents, ce qui attira l’attention de Timmy qui n’arrivait pas à retrouver les traits fins et la beauté écrasante de Brice dans les formes de ses parents qui n’avaient aucune particularité physique notable.
— C’est la première fois que vous visitez Lavandia ? demanda à nouveau Brice.
— Oui, et probablement la dernière ! répondit Flora, nerveuse. Je n’ai jamais vu une ville aussi désagréable et bondée !
— En général, les rues ne sont pas aussi encombrées qu’aujourd’hui, expliqua Brice. Je suppose que beaucoup de gens ont voulu faire le déplacement pour assister à l’ouverture du plus grand casino de la région. Et principalement pour rencontrer Voltère.
— VOLTÈRE ?! s’exclama Sofian qui sortit de sa bouderie en entendant le nom du champion d’arène de Lavandia. Voltère est dans le coin ?!
— Oui, c’est lui qui va inaugurer l’ouverture du casino, au bas de la rue. Pourquoi ? répondit naïvement Brice qui ne comprenait pas sa réaction.
Muet, Sofian écarquilla les yeux et se dessina sur ses lèvres un sourire de ceux qui n’avaient plus mangé depuis des jours et à qui on proposait un festin d’honneur. Sans ajouter un mot, Sofian bondit hors du divan et sortit dans la rue à toute vitesse.
— J’ai dit quelque chose de mal ?
Flora leva les yeux au ciel, lassée.
— J’avais oublié à quel point il pouvait être saoulant quand il s’agissait des matches d’arène…

Pokémon #201c
Flora, Timmy et Brice, qui avait changé de vêtement et qui s’était caché sous une paire de lunettes de soleil et une casquette noire, se frayèrent un chemin dans la foule statique jusqu’à arriver au premier rang où ils retrouvèrent un Sofian bouche bée. Devant eux se tenait le plus beau bâtiment qu’ils n’eussent vu jusqu’alors. Scintillant de mille feux grâce à des lumières imbriquées dans le métal de la façade, le casino rayonnait de bonheur — du moins, c’était la sensation que les architectes avaient voulu transmettre — en affichant fièrement son style contemporain. Un long tapis rouge avait été déployé jusqu’à l’entrée du casino où Sofian reconnut la demi-douzaine de journalistes qui les avait épiés un peu plus tôt, filmant et tendant leurs micros à un groupe d’hommes en costumes de soirée, et particulièrement à un gros bonhomme jovial d’un certain âge et au crâne dégarni.
— C’est Voltère, annonça Brice en le pointant du doigt.
— Lui ? Le vieux bibendum qui éclate de rire à chaque fois qu’un Nirondelle passe près de lui ? s’étonna Sofian.
— Ouaip, affirma Brice sur un ton compatissant. À première vue, il n’a pas l’air si puissant, mais il y a une vieille légende qui circule à Lavandia sur lui. Apparemment, il détiendrait le record de la plus longue période sans aucune défaite : 6 mois et 15 jours exactement.
— Il n’a pas l’air… commenta Timmy. On dirait un vieux papy prêt à lâcher une bonne vanne.
— C’est ce que je pense aussi, avoua Brice. Son record date de quand il était jeune, soit dit en passant. En tout cas, ça fait longtemps qu’il ne met plus autant d’importance dans son arène. C’est rare quand un dresseur échoue à son arène. Les gens ont même commencé à dire qu’il était devenu gaga et qu’il donnait son badge à n’importe qui. Il paraît même qu’il a déjà offert son badge à un électricien qui était venu remettre une ampoule dans ses toilettes. Pour moi, c’est juste un homme au bord de la retraite qui s’en fiche pas mal des règles strictes de la Ligue Pokémon et qui se contente d’attendre sa lourde pension.
Sceptique, Sofian observa le vieil homme vêtu de sa queue de pie, se frottant sa bedaine bien développée et riant aux éclats à chaque question que lui posait un journaliste. Comme venait de le souligner Brice, il n’y avait aucun air de champion charismatique derrière son embonpoint et cela irrita l’adolescent.
Soudain, alors que le soleil commençait à descendre vers l’horizon et que la température se rafraîchissait, il y eut du mouvement. Voltère se vit offrir une paire de ciseau en or qu’il utilisa afin de couper le ruban rouge qui interdisait l’accès au casino. La foule de spectateurs applaudit bruyamment alors que Voltère et sa délégation pénétraient dans le bâtiment, et on se poussa violemment afin d’y avoir aussi accès.
— Ne poussez pas bordel ! s’énerva Sofian, agité. Le premier qui me dépasse reçoit ma main dans sa tronche !
Une fois à l’intérieur du casino flambant neuf, la plupart des spectateurs se déployèrent dans les allées de machines à sous en tout genre, alors qu’un groupe se forma autour d’une machine d’un jeu de hasard devant laquelle Voltère s’était installé, filmé par toutes les caméras des journalistes.
— Et oui, nous sommes en direct à l’intérieur du plus grand casino de la région de Hoenn et nous attendons que le tout premier jeton soit joué par une des plus illustres icônes de Hoenn : Monsieur Zénobe Voltère en personne ! annonçait une journaliste devant sa caméra.
Le vieil homme à la pense bien remplie afficha un très large sourire amusé en laissant tomber un jeton dans la fente de la machine à sous.
— J’espère que ce premier jeton me portera chance ! lança-t-il de sa voix brisée avant de tirer sur une manette.
La machine aligna trois dessins différents : une paire de cerise, un Azurill et un Nénupiot, avant d’émettre une sonnerie qui annonça sa défaite.
— Comme quoi, il faudra que je me contente de mon petit salaire de champion d’arène ! s’exclama Voltère avant d’éclater de rire de sa voix tonitruante.
— Comme s’il était pauvre… marmonna Brice.
Mais Sofian n’avait pas le temps de s’attarder dans un casino rempli d’hommes et de femmes avides d’argent. Le troisième champion d’arène de son parcours se tenait face à lui, son prochain badge n’était qu’à quelques mètres, et il fallait à tout prix qu’il le gagne rapidement. Ne tenant plus en place, Sofian rompit le rang de spectateurs et, sous les appels d’une Flora gênée, il courut vers le vieil homme qui s’apprêtait à jouer à nouveau.
— Voltère, je te défie ! annonça-t-il clairement en se posant devant lui.
Le silence tomba, à peine rompu par la machine à sous qui aligna trois pokéballs et fit couler une rivière de jetons pour le champion d’arène stupéfié.

Pokémon #201t
Avant même de recevoir une réponse, deux gardes du corps empoignèrent Sofian et le soulevèrent au-dessus du sol afin de le tirer loin de Voltère. Flora, affolée, accourut vers son ami.
— Il faut toujours qu’il s’attire des ennuis, soupira Timmy à l’attention de Brice qui se contenta de rester loin des caméras.
— Les mineurs ne sont pas autorisés à entrer dans ce casino ! s’exclama un vigile en emportant Sofian loin des machines à sous, tel un sac à patates.
— Laissez donc ce gamin, il n’est pas là pour le jeu ! intervint Voltère qui s’était levé et avait enfin perdu son regard malicieux.
Sofian fut redéposé au sol sans ménagement, mais les gardes du corps gardèrent le soin de le tenir neutralisé. Voltère s’approcha de l’adolescent en regagnant son sourire bienveillant.
— Je n’ai jamais refusé de match, petit, lui dit-il plein de regret, mais aujourd’hui est un jour spécial. J’avais bien envie de jouer, moi…
Sofian n’en revenait pas. Depuis quand un champion d’arène préférait le jeu de hasard plutôt que le noble art du combat pokémon ? Face à l’irritation de l’adolescent, Voltère eut l’air bien embêté.
— Bah j’imagine qu’on peut expédier ça en à peine une heure, fit remarquer le champion d’arène. Si j’acceptais, il faut que tu te rendes compte qu’apparemment, ce casino me porte chance aujourd’hui, ce qui n’est pas en ta faveur mon garçon !
— T’en fais pas pour moi, j’ai pas besoin de chance pour gagner un combat pokémon ! défia Sofian en se dégageant d’un coup sec de l’emprise des gardes du corps.
Flora lança un regard choqué à son ami qui l’ignora totalement. Voltère, quant à lui, resta bouche bée. Amusé, il éclata à nouveau de son rire tonitruant.
— Ça, c’est un caractère qui me plaît ! avoua-t-il. J’accepte ce défi ! Chers collègues journalistes, vous aussi vous êtes des petits chanceux car je vais vous offrir l’opportunité de filmer ce grand moment de spectacle ! Allons donc à mon arène ! Quant aux jetons que je viens de gagner, cadeaux pour vous les enfants ! termina-t-il à l’adresse des spectateurs.
Sofian suivit d’un pas pressé le vieil homme et les journalistes qui sortirent du casino tandis que la foule de spectateurs se jeta sur la machine à sous à laquelle Voltère avait gagné des jetons.
— Et on est reparti pour assister au gonflage de la plus grosse tête de Hoenn, j’ai nommé : Sofian ! s’irrita Flora.
— Allez-y sans moi, je préfère ne pas attirer les caméras sur moi… marmonna Brice.
Flora se tourna vers Timmy, prête à argumenter pour éviter de devoir se farcir un nouveau match d’arène, mais son jeune ami regardait de ses yeux brillants d’envie un jeton qui se trouvait à ses pieds.
— Les gars, combien d’années il faudra attendre avant de pouvoir entrer légalement dans un casino ? demanda-t-il sans décrocher son regard de la pièce en or.
Comprenant son insinuation et sa permission implicite de faire fond bon à Sofian, qui de toute évidence s’en fichait de leur présence durant son match, Flora se jeta sur la première machine à sous libre qu’elle trouva, suivie très rapidement par un Timmy avide d’argent, sous le regard mal-à-l’aise de Brice.

Pokémon #201r
Le silence se fit dans la salle principale de l’arène de Lavandia. Placé dans son rectangle, Sofian examinait du regard la posture de son adversaire à l’autre bout du terrain plutôt sobre. Voltère, le champion d’arène électrisant, était plutôt courbé dans son propre rectangle, et se tenait son gigantesque ventre, comme s’il craignait qu’il le fasse tomber en avant. Aucune lueur de détermination ne brillait dans son regard. C’était comme si le champion s’en fichait un peu du combat qui allait les affronter l’un à l’autre.
Aveuglé par les nombreux spots lumineux accrochés au plafond qui baignaient le terrain de lumière si vive qu’il était impossible de garder les yeux ouverts trop longtemps, Sofian ne vit pas l’arbitre prendre place dans sa chaise haute, devant les gradins de droite où se trouvaient les journalistes, prêts à réaliser leur documentaire improvisé.
— Le combat opposant le challenger Sofian Match, dresseur du Bourg-en-vol, à Zénobe Voltère, le champion de l'arène de Lavandia, est sur le point de débuter, annonça l'arbitre invisible dans toute cette lumière. Chacun a droit à trois pokémons et seul le challenger aura le droit de changer de pokémon en cours de combat. L’utilisation d’objets de combat est permise. À la clé pour le dresseur en cas de victoire : le badge Dynamo.
L’arbitre bougea sur sa chaise et, à en croire les dire des journalistes dans leurs micros, il venait de présenter le badge en question. Sofian, qui ne pouvait le voir à cause de la luminosité trop importante, maugréa dans sa barbe.
— Dresseur, champion, bonne chance !
— Alors petit, tu n’as pas trop le trac ? s’inquiéta Voltère d’une voix bienveillante. Combattre dans une arène est déjà compliqué, mais en plus sous les feux des projecteurs…
— Tracasse papy, j’ai déjà combattu face aux caméras et j’ai gagné le badge qui était en jeu ! répliqua Sofian sur un ton dur afin de le provoquer et de réveiller le champion qui sommeillait en son adversaire.
Malheureusement, cela ne produisit que de l’admiration du côté de Voltère.
— Eh bien ! J’ai hâte de voir ton niveau ! Si ce que tu dis est vrai, ce ne sera pas compliqué pour toi de gagner mon badge.
L’adolescent se mordit la langue pour éviter d’être encore plus désagréable avec le vieil homme qui semblait avoir un bon cœur. Mais il ne pouvait supporter aussi peu de confiance et de détermination de la part d’un champion d’arène. Peut-être cela venait-il du fait qu’il avait grandi avec un père champion d’arène qui n’hésitait pas à écraser ses adversaires sans compassion… Toujours était-il qu’à présent, il comprenait comment son rival avait été si rapide pour obtenir le badge de Voltère.
— Que le combat commence ! annonça l’arbitre.
— Bon allez, mettons-nous au travail, se décida enfin Voltère, comme si ce qui l’attendait relevait de la corvée. Le premier pokémon que tu vas affronter sera un Magnéti.
Un pokémon en forme d’aimant apparut en flottant dans les airs au centre du terrain.
— Parfait ! Balignon, il est pour toi ! appela Sofian en lançant la pokéball de son nouveau partenaire dans les airs.
La petite boule grise et verte fit son apparition sous Magnéti et lui lança un regard de défi, tel qu’Écrapince lui avait appris durant leur séance d’entraînement. En repensant à son entraînement, Sofian se souvint qu’il n’avait pas songé à imaginer un combat à trois pokémons. Une légère pointe d’angoisse serra son estomac lorsqu’il comprit qu’à un moment donné, il allait devoir envoyer au combat soit son Écrapince, soit sa Nirondelle.
Sofian secoua la tête afin de chasser ses tracas. Pour l’instant, il en était à son premier adversaire et il devait se concentrer afin de gagner le match.
— Déjà, c’est un bon démarrage, commenta Voltère pour lui-même, comme s’il avait besoin de penser à voix haute pour réfléchir. Pas de pokémon feu en vue, on va pouvoir faire du bon travail…
Sofian ravala un cri de surprise. Qu’il avait été stupide ! Il venait de se souvenir du double type électrique et acier qui rendait Magnéti très vulnérable aux pokémons feu. Son erreur allait probablement lui coûter soit son pokémon, soit son jocker pour remplacer un pokémon.
— Balignon, envoie « vampigraine » ! ordonna Sofian, essayant tout de même de mettre en place sa stratégie.
— Magnéti, débarrasse-toi de la graine avec « sonicboom » !
Une petite graine fusa hors du bulbe au sommet du crâne du pokémon plante et fusa à toute vitesse vers Magnéti. Mais un étrange rayon invisible frappa la graine qui s’envola vers le plafond et cogna avec force quelque chose de métallique.
— Et maintenant, envoie…
Mais Sofian ne sut jamais quelle était l’attaque suivante de son adversaire car il fut contraint de se plaquer les mains contre les oreilles. Un étrange bruit crissa depuis le plafond, l’obligeant à se boucher les oreilles tellement le son était horrible. De l’autre côté de l’arène, il vit Voltère l’imiter, tendant le cou vers les spots lumineux, à l’affut du moindre indice qui expliquerait un tel phénomène. C’est alors que les journalistes poussèrent des cris de terreurs dans les tribunes. Sofian leur jeta un coup d’œil paniqué et constata avec effroi que toutes les caméras s’étaient envolées vers le plafond et disparaissaient dans la lumière.
— MAGNÉTI ! hurla Voltère.
Le petit pokémon en forme d’aimant s’était lui aussi fait attirer par une force invisible vers le plafond. Enfin, tous les spots lumineux changèrent de direction sous la force d’un vraisemblable champ magnétique. Alors, Sofian put enfin voir ce qu’il se passait. Magnéti, les caméras et les spots lumineux s’étaient collés comme par magie à une énorme machine sphérique en métal fixée au plafond.
Des rires éclatèrent au-dessus de Sofian et l’adolescent sentit son estomac se nouer en comprenant enfin de quoi il en retournait.
— Mais enfin, que se passe-t-il ?! s’écria Voltère, complètement perdu, en voyant deux personnes et un chat debout sur une poutre au plafond, à côté de l’énorme machine sphérique.
— Ce qu’il se passe ? ricana l’homme.
— C’est que vous venez d’assister à l’effroyable pouvoir du « Magnet Rocket » de la Team Rocket ! annonça la femme.
— Tous droits réservés ! ajouta le chat en éclatant de rire.

Pokémon #201i
Assis autour d’une table ronde, Flora, Timmy et Brice lancèrent leurs billes noires. La roulette tourna quelques instants avant de se figer, envoyant les billes des trois amis dans une case différente, représentant un Okeoke, un Skitty et un Makuhita d’une couleur différente.
— Plus que l’Azurill rouge et j’ai gagné ! annonça Timmy qui entassait déjà une bonne pile de jetons.
Flora gloussa de rire en voyant son jeune ami prendre autant de plaisir à jouer, et elle ne put s’empêcher de ressentir une certaine gêne. D’un point de vue éthique, ce qu’ils faisaient n’était pas très correct.
— Je n’aurais jamais cru qu’un jour, je serais assis à une table dans un casino… marmonna Brice qui était visiblement tout aussi mal-à-l’aise.
— Et moi, encore moins avec un coordinateur aussi célèbre ! ajouta Flora avec un petit sourire gêné.
— Oh arrête, je ne suis pas si spécial que ça… À la base, je n’étais même pas censé faire de la coordination.
— Azurill rouge ! Yeah !! À moi le flouze ! s’excita Timmy en amassant ses gains.
— Comment tu en es arrivé à monter sur les planches ? s’intéressa Flora, laissant Timmy perdre tout sens de l’honneur en se lançant dans une nouvelle partie de roulette.
— Quand j’étais petit, je suis passé par une très longue phase de construction identitaire, raconta Brice. Enfin, c’est comme ça que les psychologues qualifient toutes les lubies que j’ai eues lorsque j’étais enfant. On va dire que… par les choses que j’avais vécues lorsque j’étais très jeune, j’ai eu beaucoup de mal à me définir en tant que personne.
Flora fronça les sourcils, peinée, mais n’osa pas l’interrompre.
— Ce qui fait que j’ai voulu faire énormément d’activités : du sport, de la musique, de la lecture,… Autant j’étais plus qu’impliqué quand je trouvais une activité, autant je m’en désintéressais très vite. Sauf pour une : la danse. Une fois, j’ai assisté à un spectacle de patinage artistique avec des pokémons glaces en tout genre. Je ne m’en souviens pas trop, mais d’après mes parents, je me suis levé en plein milieu du spectacle et j’ai dit « C’est ça que je veux être plus tard, un pokémon patineur ! »
Flora pouffa de rire, attendrie par l’anecdote.
— Donc, père m’a inscrit à une école de danse, avec mon Lippouti qui m’accompagnait toujours partout, et le soir j’allais faire du patinage avec mère, poursuivit Brice sous l’oreille intriguée d’un Timmy qui se désintéressait petit à petit de son jeu de hasard. D’après père, j’étais le meilleur de ma classe, j’étais gracieux, souple, élégant, plutôt mignon, je faisais craquer ma prof de danse il paraît. Mais moi je ne m’en souviens pas trop… Disons que mes premiers souvenirs viennent de quand j’ai gagné mon tout premier trophée de danse à une compétition qui nous mêlait avec des pokémons. Lippouti et moi avons été les meilleurs dans toutes les catégories.
« C’est ce jour-là où j’ai été approché par des hommes de la télé qui voulaient faire de moi une star des planches avec leur nouveau concept qui mélangeait danse et combat pokémon : les Concours Pokémon qui venaient de naître et qui avaient du mal à décoller à l’époque. Moi, j’avais les étoiles pleins les yeux, on m’a dit « star », j’ai compris « place dans la société ». Mes parents n’étaient pas très chauds à l’idée que je sois sous les feux des projecteurs à, à peine, dix ans. Moi je n’avais que ça en tête, mère voulait que je réalise mes rêves et père était contre. Il voulait que je devienne un homme d’affaire, avec une carrière normale, une vie normale et un job normal. C’est à cette époque que j’ai commencé à me replier sur moi-même et à voir des éducateurs spécialisés. C’est comme si sans la danse et la carrière qu’on m’avait promise, je ne pouvais pas exister. Alors, j’ai décidé de ne plus exister. Je ne parlais que très rarement, je ne voulais plus aller à l’école, je n’avais pas d’ami, je m’interdisais toute occupation. C’était soit la danse, soit rien. Et la danse ne m’était pas permise. Alors j’ai décidé de n’être plus rien. Aujourd’hui, je comprends leurs réactions. Ils avaient déjà eu du mal à avoir un enfant, si en plus le seul qu’ils ont pu avoir venait se perdre dans les travers de la notoriété, ils n’auraient pas pu le supporter.
« Il a fallu attendre un an pour que père comprenne que je m’étais tout simplement effacé de la vie. De part tout ce qu’on avait traversé par le passé, il s’est senti coupable de m’interdire de vivre et a enfin accepté de me laisser faire mes premiers pas dans la coordination. Ils m’ont cependant enseigné l’humilité, le travail et m’ont permis en m’encadrant de garder les pieds sur terre. En tout cas, s’ils m’ont appris une chose, c’est qu’on peut partir de nulle part et arriver à réaliser de grandes choses. Il suffit juste de croire en ses rêves et de bosser pour y arriver. La chance, le hasard,… tout ce que ce casino représente, c’est complètement inutile. Il faut le vouloir pour réussir dans la vie.
Brice se tut enfin, se replongeant dans les souvenirs d’une adolescence heureuse. Durant tout son récit, Flora était restée muette d’admiration, buvant ses paroles et rêvant d’une carrière similaire.
— Je ne pensais pas que même les stars pouvaient avoir passé de sales moments dans leur vie, commenta Timmy, la gorge sèche.
— On est des êtres humains nous aussi, finalement, répondit Brice avec un sourire rassurant.
— EXCUSEZ-MOI ?! Je peux savoir quel âge vous avez ? s’exclama un vigile en arrivant à leur table.
Flora déglutit de peur.
— Je suis majeur monsieur, j’ai dix-huit ans, bientôt dix-neuf, annonça Brice en prenant la défense de ses amis.
Timmy lui lança un regard perplexe, mais cacha très vite sa surprise.
— La limite d’âge est de vingt-cinq ans dans ce casino ! rappela le vigile en relevant les manches de sa chemise sur ses énormes muscles menaçants.
Brice jeta un coup d’œil inquiet à Flora et Timmy qui ne savaient plus où se mettre.
— Bon… eh bien… On dirait qu’il va falloir qu’on s’en aille… marmonna Flora en se levant discrètement.
— Pas si vite, jeunes gens ! appela le vigile qui désirait leur faire passer un mauvais quart d’heure.
Mais Timmy lui lança une pile de jetons à la figure et un groupe de joueurs avides d’argent se jetèrent dessus, bloquant le passage au vigile. Bousculant un homme sérieux en costume d’affaire, les trois adolescents en profitèrent pour s’enfuir en courant hors du casino, dans la nuit d’une Lavandia déserte, et semèrent très vite le vigile. Ils s’arrêtèrent dans une ruelle qui donnait sur une chaussée derrière le casino et éclatèrent de rire.
Devant eux se trouvait un énorme bâtiment officiel de la Ligue Pokémon sur la façade duquel était gravé et recouvert d’or le symbole d’une dynamo.
— Et si on allait à l’arène voir où en est Sofian ? proposa Flora entre deux gloussements amusés.

Pokémon #201s
— Balignon, « charge » et ensuite « vol-vie » !
Le pokémon plante frappa de plein fouet le petit cactus vert, rebondit contre le serpent noir et lui aspira son énergie vitale.
— Papinox, attaque « choc mental » !
Le vilain papillon terne utilisa ses pouvoirs psychiques afin de déboussoler Balignon qui chuta mollement au sol.
— Attendez un peu que je vous montre de quel bois je me chauffe, crapules ! intervint Voltère en reprenant ses esprits. Magnéton, à l’attaque !
Un pokémon fait de trois Magnéti apparut hors de sa pokéball et envoya une décharge électrique vers le papillon. Mais ses puissants éclairs s’envolèrent dirèctement en direction de la machine sphérique qui retenait toujours contre elle son Magnéti et tout objet métallique. Redoublement de puissance grâce à l’énergie de Magnéton, ce fut ensuite celui-ci qui se fit attirer par la machine.
Jessie, James et Miaouss éclatèrent de rire.
— Merci pour ce cadeau ! remercia James au bord des larmes.
— Vous en avez d’autres des pokémons comme ça ? demanda Jessie avec ironie.
— Pour sûr ! s’exclama Voltère en sortant une pokéball de sa poche.
— Non, n’envoyez pas vos pokémons électriques ! s’écria Sofian. Leur aimant est fait pour attirer tout ce qui est fait de métal ou qui est chargé d’électricité ! J’y ai déjà eu affaire hier, je peux vous assurer qu’elle est surpuissante !
— Et c’est grâce à toi ! fit remarquer Miaouss. Tu nous excuseras si on n’a pas pris le temps de te remercier, on pensait que tu étais mort par la chute que tu as faite !
— Eh non ! Je suis toujours là ! Et tant que je serai là, je vous pulvériserai ! menaça Sofian.
— C’est mignon… s’amusa Jessie.
— C’est marrant, d’ici j’ai l’impression que tu fais quand même moins le malin par rapport à d’habitude, constata James avec sarcasme.
Sofian grommela dans ses dents. Il fit disparaître son Balignon évanoui et le remplaça par son Poussifeu.
— Fais-les taire avec tes flammèches ! ordonna-t-il.
Le petit poussin orange lança ses boules de feu, mais la Team Rocket les évita de justesse en sautant agilement sur leur « Magnet Rocket ». Les boules de feu atteignirent la poutre qui se brisa en deux et retomba sur les gradins. Les journalistes s’enfuirent alors en courant en promettant de revenir avec l’aide de la police.
— Bon, sur ces joyeusetés, il est temps pour nous de vous quitter ! annonça James.
— Miaouss, un dernier au revoir à ces moucherons ? proposa Jessie.
— Avec plaisir ! se réjouit Miaouss en activant une fonctionnalité de leur machine démoniaque.
Magnéti et Magnéton furent alors contraint par une force magnétique d’envoyer des éclairs qui fusèrent dans tous les coins de l’arène. Sofian, Voltère et Poussifeu furent frappés de plein fouet par la foudre qui tombait du plafond et chutèrent au sol, tels des pantins inanimés. Parcouru de spasmes musculaires, Sofian eut à peine le temps de voir la machine se détacher du plafond et retomber lourdement au centre de l’arène lorsque des cris retentirent :
— Qu’est-ce qu’il se passe ici ?!
— Encore vous ?!
— D’autres nabots qui veulent un petit coup de jus ?
Sofian reconnut entre ses yeux plissés les baskets de son amie Flora et voulut la prévenir du danger, mais sa bouche refusait de s’ouvrir, toujours paralysée par le choc de l’attaque de la machine infernale. De nouveaux éclairs volèrent dans l’arène et Flora s’effondra devant les yeux de Sofian.
Une poudreuse fusa sous ses yeux alors que de nouvelles décharges contrattaquaient. Sofian sentit alors que tous ses muscles se détendaient, les uns après les autres, comme si la douleur n’était plus réelle. Il se tourna d’un coup vif et se trouva nez-à-nez avec le Tarsal de Timmy qui utilisait ses pouvoirs psychiques pour l’empêcher de ressentir la douleur de l’électrisation.
Sofian bondit en vitesse, juste à temps pour éviter le petit corps sans vie du pokémon de Brice qui s’envolait s’encastrer dans le mur de derrière.
— Lippouti !! hurla Brice d’une voix déchirée avant de courir à sa rescousse.
Sofian sauta sur le côté afin d’éviter une nouvelle valse d’éclairs électriques et la Team Rocket éclata de rire.
— Dansez, les pantins, dansez ! s’amusait Miaouss.
Accroché au « Magnet Rocket », Magnéti et Magnéton redoublèrent de puissance et envoyèrent leur foudre dévastatrice.
— Comment osez-vous utiliser mes propres pokémons pour détruire mon arène ?! tonitrua Voltère qui s’était remis de ses blessures grâce à Tarsal. Je n’aime pas en arriver à de tels moyens, mais vous ne me laissez pas d’autre choix que de défendre mon arène corps et âme !
En voyant Voltère brandir une nouvelle pokéball, Sofian ne put s’empêcher de ressentir un soulagement. Finalement, malgré son vieil âge et sa quasi démission, Voltère avait gardé toutes les valeurs qui définissaient un véritable champion d’arène.
— Voltobre, à toi de jouer !
— NON ! hurla Sofian. Il va aussi se faire…
Mais il n’eut pas le temps de rappeler au vieil homme la puissance de la machine. À peine le pokémon en forme de pokéball était-il sorti de son habitacle qu’il fut irrémédiablement attiré par la machine.
— C’est parfait ! Et maintenant, tout le monde à terre ! ordonna Voltère. Voltorbe, « explosion » !!
— Oh putain !!
Sofian se jeta au sol juste à temps. Le pokémon s’autodétruisit, produisant une vague de chaleur insupportable et une onde de choc qui fit glisser l’adolescent sur quelques mètres. Le « Magnet Rocket » implosa sous le choc et les cris de leur propriétaire, et d’énormes éclairs ravagèrent le terrain.
Sofian mit quelques minutes avant de comprendre que tout était fini. Lorsqu’il se releva, la poussière était déjà retombée, et il constata le chaos dans lequel avait été plongée l’arène de Lavandia. Flora et Timmy vacillaient contre un mur, probablement touchés par des éclairs, Brice tenait dans ses bras un Lippouti sans vie, et Voltère gisait au sol entouré de ses trois pokémons entièrement carbonisés. La Team Rocket, quant à elle, avait disparu.

Pokémon #201e
Trois jours étaient passés.

Debout dans son rectangle, plongé dans le silence total, Sofian examinait du regard la posture de son adversaire à l’autre bout du terrain partiellement détruit. Voltère, le champion d’arène électrisant, se tenait droit dans son propre rectangle, et serrait les poings, fermement décidé à vaincre. La détermination brillait dans son regard, ce qui ne laissait rien présager de bon.
Aveuglé par les nouveaux spots lumineux accrochés au plafond, Sofian ne prêta aucune attention à l’arbitre qui énonçait les règles de leur match.
Depuis les seuls gradins qui n’avaient pas été ravagés, Flora regarda distraitement le badge sphérique que brandissait l’arbitre sur sa haute chaise. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder sa montre toutes les dix secondes.
— Dresseur, champion, bonne chance ! encouragea-t-il.

— On va en avoir pour un bon moment, tu sais ? dit Timmy d’une faible voix.
— Je sais… marmonna Flora sombrement.
— Je veux dire par là qu’on n’aura probablement pas le temps de lui dire au revoir avant son départ, expliqua Timmy.
— Je sais… répéta Flora sur le même ton attristé.
Sur le terrain, Sofian avait déjà sa main dans la poche, prêt à dégainer son premier pokémon.
— C’est juste que… Je suis tellement triste pour lui, avoua Flora d’une demie voix. Avoir son pokémon mal en point, c’est une chose, mais apprendre par téléphone que sa tante est au bord de la mort, c’est complètement fou.
Faute de trouver les mots adéquats, Timmy acquiesça.
— Après tout ce qu’il a vécu dans son enfance, pourquoi l’Univers ne lui laisse pas un peu de repos ? se morfondit Flora.
Timmy préféra ne pas répondre.
— J’espère simplement que Lippouti sera guéri avant qu’il ne parte pour Vermilava, ce serait tellement triste qu’il soit obligé de l’abandonner à l’hôpital, reprit Flora.
Timmy approuva d’un signe de tête.
— Et puis, je ne comprends pas pourquoi ses parents ne pourraient pas l’accompagner à Vermilava ! s’indigna Flora. Je veux dire, c’est sa tante ! Donc en principe, c’est la sœur du père ou de la mère !
— Justement, non, répondit enfin Timmy.
Flora lui lança un regard interloqué.
— Tu n’as pas encore compris ? s’étonna Timmy. Ça me paraît plutôt évident pourtant…
— De quoi tu parles ?
— Sa tante et ses parents ne font pas partie de la même famille car ce ne sont pas ses vrais parents : Brice a été adopté, révéla enfin Timmy.

— Que le combat commence ! annonça l’arbitre.

Pokémon #201r
À suivre dans : « L’évolution inattendue »