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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 25/11/2015 à 08:46
» Dernière mise à jour le 07/11/2016 à 19:04

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 35 : Vers la base Paxen
Kerel


Ma maîtresse et moi, nous fuyions le plus loin possible de l'Asicon et de sa cité impériale fortifiée depuis des heures, négligeant nos corps et notre fatigue, et n'ayant aucune idée de vers où nous allions. Vers un endroit qui se trouvait à des lieux de Tranchodon et ses sbires impériaux était déjà un bon début. À ce qu'on en savait, on pouvait bien être les deux seuls survivants de notre groupe. Et vu que nous étions en territoire ennemi inconnu, épuisées et sans réel moyen de se défendre, nous allions sûrement pas les rester bien longtemps. Du moins moi, pauvre humain sans pouvoir. Ma maîtresse, elle, avait des ailes, et donc plus de chance de pouvoir fuir via la voie des airs. Je l'avais supplié de me laisser et de partir, mais elle avait refusé, prétextant qu'elle était de toute façon trop épuisée pour voler longtemps, et que l'espace aérien impérial était tout aussi gardé que le sol, ce qui n'était pas faux.

Nous nous fîmes repérés une première fois, par une unité de Miradar. Ces Pokemon étaient les meilleurs pour surveiller les alentours sur de grandes distances. Nous réussîmes toutefois à les semer et à nous cacher dans une espèce de ravin peu profond. Maîtresse Cielali m'avait porté pour l'allée et le retour, ce qui lui valu de rester ensuite lovée dans mes bras pour récupérer. La seconde fois, ce fut par des Pokemon insectes volant, et là, le combat fut inévitable. Ma maîtresse dépensa tout ce qui lui restait d'énergie pour venir à bout de toute la horde, ce qui l'a laissé épuisée et même blessée. Après cela, nous avons trouvé refuge dans une petite grotte au fin fond d'une forêt, tandis que dehors, un violent orage éclatait.

- Contente que nous ne soyons pas dehors, fit ma maîtresse en souriant difficilement. Au moins, je crois qu'on aura pas beaucoup de Pokemon pour nous chercher au moins du temps que l'orage cesse.

C'était sans doute vrai, mais l'état de ma maîtresse me préoccupait. Elle avait reçu, lors de son combat contre les Pokemon insectes, plusieurs attaques Dard Venin, et à en juger par la couleur violette qui se rependait peu à peu sur une de ses blessures, elle avait été clairement empoisonné. Elle souffrait, c'était évident, mais faisait tout pour le cacher et ne pas m'inquiéter.

- Maîtresse, nous sommes dans un forêt, dis-je enfin. Laissez-moi sortir pour vous trouver des baies Pêcha...

- Hors de question ! Sortir sous cet orage alors qu'on est recherché est suicidaire. Les baies Pêcha attendront demain.

- Maîtresse, insistai-je, votre corps ne pourra peut-être pas tenir jusqu'à demain. Les poisons de Pokemon peuvent être mortels s'ils ne sont pas traités rapidement. De plus, comme vous dites, l'orage retardera nos poursuivants.

- J'ai dit non, Kerel. Je ne suis pas si faible. Je peux tenir jusqu'à demain matin.

Je n'étais pas de cet avis, et je n'allais certainement pas rester inactif pendant que ma maîtresse se mourrait. Je me levai, et Cielali fronça les sourcils.

- Kerel, je t'ai ordonné de...

- Pardonnez-moi, maîtresse, la coupai-je, mais c'est vous-même qui m'avez dit que je n'étais plus votre esclave. Que j'étais libre de faire ce que je voulais. Hors, je veux que vous guérissiez au plus vite. Je suis désolé, mais je ne peux pas vous obéir cette fois.

Puis je quittai la grotte sous la pluie et la tonnerre, tandis que ma maîtresse criait derrière moi. C'était la première fois que je désobéissais à un ordre direct de ma maîtresse. C'était un choc pour moi. Mais la culpabilité allait devoir attendre. Pour l'instant, je devais trouver ces baies Pêcha qui guérissaient du poison au plus vite, avec si possible quelque baies Oran ou Sitrus pour restaurer l'énergie perdue de ma maîtresse. Comme la famille des Evoli d'où était issue ma maîtresse consommait beaucoup de baies, j'avais dû apprendre à les différencier et à les cuisiner. Je les connaissais donc bien.

Ça me pris bien quarante minutes à trouver un arbre de baies Pêcha, et j'étais comme quelqu'un qui venait de sortir d'un lac. Mais ce n'était pas la pluie le pire. C'était la foudre. Elle frappait sans discontinuer juste au dessus de moi, et comme j'étais sous les arbres et mouillé, ce n'était pas sans risque. Je parvins à réunir avec ma baie Pêcha deux baies Oran et une Sitrus, et je décidai de rentrer, ce qui me pris bien une demi-heure de plus pour retrouver mon chemin. L'état de ma maîtresse avait empiré, mais elle avait encore assez de force pour m'apostropher violemment en me voyant rentrer dégoulinant de la tête aux pieds.

- Imbécile ! Idiot ! Crétin ! Les humains n'ont vraiment rien dans le crâne !

- Oui maîtresse. Mes plus plates excuses maîtresse.

J'étais prêt à accepter toutes les insultes qu'elle pouvait trouver, n'importe quelle punition qu'elle jugerait bon, du moment qu'elle mange ces fichues baies, ce qu'elle fit après m'avoir copieusement maudit et traité de tous les noms possibles. Parfois, ma maîtresse me faisait penser à Ludmila. Ça devait être une attitude purement féminine. Je me rendis alors compte, avec un certain étonnement, que penser à Ludmila me faisait mal. Elle était sûrement morte ou capturée maintenant. Ça avait été très loin d'être le grand amour entre nous, mais en ce moment, j'aurai été ravi de la voir surgir pour m'enguirlander et me grogner dessus.

Le lendemain - Arceus en soit remercié - ma maîtresse allait bien mieux et avait repris des forces. De plus, le ciel était clair, et Maîtresse Cielali put nous faire gagner de la distance en me soulevant et en volant pendant quelque minutes. Nous étions assez loin de l'Asicon maintenant, mais nous ne pouvions nous empêcher de penser que chaque Pokemon que nous croisions était un soldat impérial. Et même s'il s'agissait de simples civils ou même de Pokemon sauvages, voir un Pokemon assez rare comme Cielali transporter un humain en pleine nature avait de quoi surprendre. De toute façon, nos avis de recherches avaient tellement circulé dans tout l'Empire que n'importe quel Pokemon serait capable de nous reconnaître.

On avait beau fuir et éviter les patrouilles, je ne voyais pas du tout ce qu'on allait bien pouvoir faire. Nous étions fichés comme traîtres dans tout l'Empire. Le seul endroit qui aurait pu nous accueillir était la base Paxen ; or nous ignorions totalement où elle pouvait bien se trouver. Jamais Ludmila ou Sol n'ont parlé avec précision de sa localisation. Et de toute façon, même si nous savions où elle était, vu que nous, nous ne savions pas où nous étions, ça n'aurait pas servi à grand-chose.

Nous passâmes près d'un petit village, assez insignifiant pour que l'Armée Impériale ne s'y trouve pas. S'y arrêter était risqué, mais nous avions besoin de manger. Moi, hors de question que j'y aille, on m'aurait vite reconnu. Mais ma maîtresse n'avait qu'à prétendre que la Cielali recherchée en était une autre si on l'interrogeait. Après tout, Ferduval, notre cité d'origine, était très loin d'ici. Le souci était que les Cielali étaient des Pokemon qu'on ne voyait pas souvent. Ma maîtresse n'en réussi pas moins à revenir bien vite avec des provisions.

- Où avez-vous trouvé les jails nécessaires pour tout ça ? Demandai-je en voyant le sac qu'elle avait ramené.

- Je n'ai pas eu besoin de payer. J'ai fais croire que j'étais une noble de l'Armée Impériale, envoyée ici par le colonel Tranchodon pour attirer et piéger cette sale rebelle de Cielali qui partage ma race. Le vendeur était sceptique, mais il voulait clairement pas courir le risque d'offenser Tranchodon.

- C'est bien jouée maîtresse, mais ça va forcément attirer l'attention sur ce village.

- Oui, alors autant ne pas traîner.

Nous passâmes toute la journée à avancer, tantôt en volant, tantôt en marchant, et sans avoir croisé une seule patrouille impériale. Mais une telle chance ne pouvait pas durer longtemps. En effet, alors que le soleil commençait à se coucher, et que nous nous trouvions dans des espèces de marécages, une odeur atroce vint à nos narines. Maîtresse Cielali, qui était en train de me porter, dut me poser en catastrophe pour pouvoir se boucher le nez avec ses oreilles-ailes. Une seule respiration, et j'avais l'impression que mon nez hurlait et que mon cerveau s'engourdissait. Même dans les pires endroits du ghetto humain à Ferduval, je n'avais jamais rien senti de tel.

- Qu'est-ce que... Par Xanthos, c'est odieux ! S'écria Cielali.

Ma maîtresse devait particulièrement être choquée pour jurer sur le nom du Seigneur Protecteur, ce qu'elle ne faisait jamais. Mais effectivement, cette puanteur dépassait l'imagination. Même en respirant par la bouche, je sentais cette odeur terrible. Était-ce les marées qui puaient ainsi ? Pourtant, ça faisait un moment qu'on les survolait, et sans avoir rien senti de tel.

- Ennemis repérés droit devant, lança une voix grinçante et désagréable. Paxen recherchés identifiés !

- Escouade Shlingueuse, en arrière marche !

Tout autour de nous, des silhouettes s'approchaient, nous encerclant totalement. Ou plutôt, elles reculaient sur nous, car on ne distinguait que leur derrière, avec leurs grosses queues violettes relevées. C'était une dizaine de Moufflair, des Pokemon pas spécialement connus pour leur senteur exquise et agréable. Et tous ces Moufflair portaient une petite plaque d'armure dorsale marquée aux signes de l'Empire Pokemonis. Cielali tenta de me soulever à nouveau pour qu'on prenne la fuite, mais à peine avait-elle commencé à agiter ses ailes qu'elle dut se reboucher le nez en catastrophe. Pour elle qui avait un sens olfactif très poussé, cet odeur relevait de la plus atroce des tortures.

- Rendez-vous, vils rebelles, fit l'un des Moufflair, celui avec l'armure la plus imposante. Nous savons qui vous êtes.

- Ah ? Moi pas, dis-je pour gagner du temps.

- Nous sommes l'Escouade Shlingueuse, du cinquante-troisième régiment de la onzième Cohorte ! Aucun humain ou Pokemon qui soit doté d'un nez ne peut nous échapper. Nos attaques parfumées sont absolues !

Le regard de ma maîtresse se fit sulfureux.

- C'est horrible ! S'exclama-t-elle toujours en se bouchant le nez. Rien qu'à vous seuls, vous allez polluer l'air de toute la région pour des siècles !

- Vous autres Paxen agacez tellement l'Empire qu'il est prêt à prendre des mesures drastiques contre vous... d'où notre formation, nous, l'Escouade Schlingueuse !

- Jamais entendue parler d'une escouade de l'armée aussi absurde et répugnante, répliqua ma maîtresse. Nous ne nous laisserons pas attraper par vous !

J'étais bien d'accord. Quitte à être capturé par l'Empire, autant l'être par des Pokemon qui sentaient normalement. Être captifs de ces Moufflair était probablement pire que la mort.

- Très bien, dit le chef Moufflair. Ce n'est pas grave. Nous avons l'autorisation de nous contenter de vos cadavres, du moment qu'ils soient identifiables.

Le chef Moufflair se retourna et nous fit face. Je pensais qu'il allait attaquer, mais ce fut le reste de son escouade qui le fit. En même temps, avec leurs queues bien remontées, et avec un bruit écœurant, ils laissèrent échapper leur gaz putride de leurs fesses. Je pris ma maîtresse dans mes bras en lui posant une main contre la bouche, et gardant la mienne hermétiquement fermée. Mais ce n'était pas là l'attaque des Moufflair. Ce n'était que le déclenchement. En effet, le chef Moufflair lançant une petite attaque Lance-flamme. Pas spécialement sur nous, mais sur l'endroit où tous les jets de gaz se rejoignaient. Sentant le danger, je m'éloignai au plus vite en sautant par-dessus le cercle des Moufflair. Une seconde après, il y eu une formidable explosion qui me projeta loin devant, et dont je sentis la brûlure dans le dos. J'atterris tête la première dans la gadoue, sonné.

- Kerel ! S'exclama ma maîtresse toujours entre mes bras.

- C-ce n'est rien, maîtresse... balbutiai-je. Restez avec moi.

Je me relevai quand les Moufflair donnèrent l'assaut.

- Attrapez-les ! Dégoûtez-les ! Asphyxiez-les ! Tuez-les !

Ils nous lancèrent diverses attaques en courant ; des Bomb-Beurk, des Lance-flamme, des Ball Ombre. Je slalomai de droite à gauche pour les éviter, mais dans ce marée, se mouvoir était difficile. Les Moufflair allaient nous rattraper.

- Lâche-moi ! Ordonna Cielali. Laisse-moi me battre !

- Ils sont trop nombreux, maîtresse ! Je vais les retenir. Profitez-en pour vous envoler et fuir loin d'ici !

En guise de réponse, ma maîtresse me mordit violemment la main. On ne dirait pas, avec leur corps élégant et leur visage avenant, mais les Cielali avaient des dents, et des dents très pointues. Je criai et Cielali en profita pour m'échapper, fondant sur les Moufflair.

- MAÎTRESSE !

Elle attaqua avec sa Lame Air, et parvint à repousser l'un de nos assaillants. Mais les autres ripostèrent avec leurs attaques fétides, qui les cacha notamment à nos yeux. Mais alors qu'il aurait été pour eux le meilleur moment pour attaquer, aucune attaque ne transperça le brouillard. Quand celui-ci se dissipa, on pouvait voir toute l'escouade des Moufflair emprisonnée d'un épais mur de glace, les traits figés, les membres gelés.

- Que... balbutia ma maîtresse.

J'étais tout aussi sonné qu'elle, mais quand je vis une ombre se détacher de la glace et prendre forme devant nous, je me retint de crier de joie. C'était Penombrice. Ma maîtresse n'eut pas autant de retenue et se précipita vers lui comme pour le prendre entre ses pattes. Mais comme c'était un spectre, elle passa juste au travers.

- Vous allez bien ? Demanda le Pokemon Paxen.

- Penombrice ! Vous êtes vivant ! S'exclama Cielali. Je suis si heureuse...

Elle se débarrassa de ses larmes avec le bout de ses longues oreilles.

- J'ai eu du mal à remonter votre piste, fit Penombrice. Vous avanciez vite. Mais c'est tant mieux.

- Et les autres ? Lui demandai-je brusquement. Sol ? Ludmila ? Tannis ? Et Cresuptil ?

Bien qu'il ne possédait pas de visage, je vis clairement Penombrice se rembrunir, et je sus alors que les nouvelles n'étaient pas bonnes.

- Ludmila, Tannis et Cresuptil sont vivants. Du moins pour autant que je sache. Comme je n'ai pas pu les localiser, j'en conclus qu'ils ont réussi à fuir. Mais Dame Sol... Dame Sol n'est plus. Je suis désolé. Elle est morte suite de son combat avec Tranchodon. J'ai lui ai moi-même rendu les derniers hommages en scellant son corps dans de la glace éternelle.

Maîtresse Cielali gémit et secoua la tête, comme si elle avait le pouvoir de défaire la réalité rien que par la pensée. Moi, j'étais tombé à genoux sans m'en rendre compte. Une profonde douleur me transperça la poitrine. Sol morte ? Ça me semblait irréel. Je la connaissais depuis tout petit, et tout aussi vieille qu'elle fut, elle m'avait toujours semblé immortelle.

- Et... Tranchodon ? Parvins-je à demander. Elle l'a eu, au moins ?

Penombrice secoua tristement la tête. Avec la peine vint alors la colère. Pourquoi ? Pourquoi cet horrible Pokemon était encore en vie, et pas Sol ? J'avais pourtant vu de quoi elle était capable. La puissance de Tranchodon allait-elle au-delà ? Impossible ! Il avait triché, sans nul doute ! Je me l'imaginai en train d'écraser du pied une Sol impuissante, comme il avait tué les parents de ma maîtresse. En hurlant de toute la force de mes poumons, je frappai mes poings contre le sol marécageux. Maîtresse Cielali vint près de moi, me touchant les joues avec sa tête.

- Je suis désolée, Kerel. Je sais qu'elle comptait beaucoup pour toi...

Oui... Sol avait toujours été au centre de ma vie, même si au fil des années passées avec Cielali et sa famille, je m'en étais moins rendu compte. Je gardais que très peu de souvenirs de ma mère. C'était Sol qui m'avait recueilli et élevé à sa mort. C'était elle qui était devenue ma mère. Même après que j'ai découvert tout ces secrets la concernant, son identité de fondatrice des Paxen, son statut de mutante mi-Pokemon mi-humaine... rien de tout ça n'avait changé le regard que j'ai toujours porté sur elle. Une femme qui avait vécu des centaines d'années, et qui avait consacré sa vie à aider les faibles, jusqu'à s'occuper d'un jeune enfant sans mère. Si ça n'avait pas été le cas jusque là, la cause Paxen me paraissait désormais plus juste et digne qu'on se batte pour elle. Ça l'était forcément, vu que Sol en était l'une des instigatrices.

- Maîtresse... dis-je enfin. Je veux aller à la base Paxen. Je veux y aller, et je veux me battre de toutes mes forces contre le colonel Tranchodon !

Souriant et pleurant à la fois, Cielali hocha la tête.

- Oui. Nous irons ensemble. Nous nous battrons, et nous vengerons Sol et mes parents, ainsi que tous ceux qui ont eu à souffrir à cause de ce monstre.

Après m'être remis, mais songeant toujours à Sol, je laissai de bon cœur Penombrice nous guider. Lui seul ici savait où se trouvait la base Paxen. Il se faisait de souci pour Ludmila, bien sûr, mais il avait bon espoir qu'elle soit déjà en route de son coté.

- Notre base se trouve actuellement en plein cœur de la Vermurde, une forêt située dans la région de Medroïs, nous dit Penombrice. C'est une région peu habitée, mais elle est située juste au sud de la capitale impériale, Axendria.

- Pourquoi avoir placé votre quartier général si près de celui de l'ennemi ? Demanda Cielali.

- Notre base n'est pas figée à un endroit. Et puis, de toute façon, la cacher ne sert à rien. Tous les Pokemon du coin savent très bien où elle est. Elle ne passe pas vraiment inaperçue. C'est juste que l'Empire ignore que nous sommes dedans. Ou du moins, il est censé l'ignorer, mais depuis quelque temps, j'imagine qu'il doit un peu s'en douter...

- Pourquoi ne vérifie-t-il pas, tout simplement ? Demandai-je.

Je ne voyais pas ce que pouvait retenir l'Empire dans sa traque des Paxen. Il avait bien été jusqu'à fouiller la Vallée des Brumes en dépit des traités de souveraineté entre eux.

- Vous verrez pourquoi, répondit Penombrice avec comme un sourire dans la voix. Sachez juste qu'il existe des lieux anciens que même l'Empereur n'oserai pas souiller.

Penombrice décréta que pour se rendre le plus vite et le plus sûrement possible dans la Vermurde, il leur fallait passer par la mer, juste au sud de notre position. Le contrôle impérial était nettement moins poussé sur la voie maritime, principalement parce que les impériaux étaient peu présents parmi les Pokemon marins, qui comptaient beaucoup de Pokemon sauvages. C'était normal. L'Empire avait prospéré et se fondant sur terre, avec l'ancienne technologie des humains qu'il avait soumis. Il n'y avait en revanche pas de cité sous-marine.

Par contre, faire le trajet en passant par-dessus la mer était impossible. Maîtresse Cielali ne pouvait me porter que quelque minutes d'affilés, et sans terre en dessous d'elle pour se reposer, ça n'irait pas. Quant à Penombrice, il ne pouvait pas nager, et il n'était pas assez puissant pour congeler la mer entière. De plus, de son propre aveu, les étendus d'eau était ce qu'il craignait le plus.

- Même si mon corps est détruit ou fondu, mon âme peut se mouvoir jusqu'à retrouver une enveloppe corporelle faite de glace, nous expliqua-t-il. Mais en mer, ce n'est pas possible. Mon âme se perdrait dans les eaux à tout jamais, sans espoir de se reconstituer en glace, à moins que les courant m'entraîne jusqu'au pôle nord. Si je tombe dedans, c'en est fini de moi. Le sel dans l'eau détruirait mon corps.

- Si c'est risqué pour vous, on peut y aller à pied, proposa ma maîtresse.

- Nous n'y arriverons jamais à pieds. C'est vers le centre de l'Empire que nous allons. Nous nous ferons attraper rapidement. Non, la mer est la seule possibilité.

Ainsi donc, Penombrice nous confectionna une espèce de radeau en glace. Pour lui qui était un ancien sculpteur, ce fut facile. Il devait par contre utiliser son pouvoir de façon régulière pour maintenir le bloc de glace qui fondait continuellement petit à petit. Ce n'était pas un moyen de transport très confortable. Le radeau était glissant et je me gelais les fesses. Nous trouvâmes cependant pas mal de Pokemon aquatique qui - étonnés de voir un humain et deux Pokemon voguer sur les flots à bord d'un glaçon - furent assez aimables pour nous aider, parfois en nous poussant. Ils ne savaient pas qui nous étions, et ils s'en fichaient visiblement. C'était une mission de tout bon Pokemon marin d'aider ceux qui en avaient le besoin. Du moins, c'était une mission pour ceux qui n'avaient pas un régime à base de chair. J'imagine que bon nombre de Sharpedo auraient été ravi de nous manger, ma maîtresse et moi.

Le voyage en mer pris quatre jours. Nos provisions commençaient sérieusement à chuter. Heureusement, Penombrice ne mangeait pas. Comme le Paxen avait prévu au moins encore deux jours de voyage, ma maîtresse et moi nous rationnâmes de façon drastique. Comme il n'y avait rien à faire en pleine mer, nous parlions. La première chose que ma maîtresse et moi voulions savoir, c'était ce que les Paxen allaient faire maintenant que leur plan pour détruire l'Empereur grâce à sa Pokeball avait échoué.

- Nous continuerons à nous battre comme nous l'avons toujours fait, fit Penombrice en haussant les épaules. L'Empereur a beau être puissant, il n'est pas invincible. Peut-être un jour, quelqu'un sera assez fort pour pouvoir le défier.

J'avais la curieuse impression que Penombrice me regardait différemment. C'était difficile à dire, vu qu'il n'avait pas d'œil, mais il me semblait qu'il me dévisageait parfois, et qu'il tournait la tête dès que je le remarquai.

- Nous avons encore des cartes à jouer face à l'Empire, dit-il une fois au cour d'une conversation. Nous avons encore trois des Six Fondateurs avec nous, dont le Premier Fondateur. On dit que ses pouvoirs rivalisaient avec ceux de Xanthos, jadis. On peut espérer qu'un jour, l'Empire Lunaris, la seule nation humaine qui continue d'exister, se batte à nos cotés. Enfin, notre but premier est de changer les mentalités des civils. Plus les Pokemon se mettront à reconsidérer les humains, plus les Paxen gagneront en puissance. Xanthos a disparu depuis deux ans seulement, et déjà, il y a beaucoup de Pokemon pour contester la politique de l'Empereur. Il se met aussi dangereusement à dos les G-Man. Ils sont un petit nombre, mais Xanthos a su gagner leur loyauté. Daecheron, lui, n'a que mépris pour eux. Il se peut qu'un jour, se voyant menacer par l'Empereur, ils changent de camps et nous rejoignent. Mais je ne suis pas sûr que nous les acceptions. Nombre de Paxen ont souffert à cause des G-Man, et personne n'a oublié leur trahison lors de la Guerre de Renaissance.

- Que s'est-il passé ? Demandai-je, curieux.

Sol m'avait beaucoup parlé de la Guerre de Renaissance bien sûr, notamment du rôle de l'ancêtre de Ludmila, Régis Chen, mais elle n'y avait jamais intégré l'Ordre G-Man.

- Eh bien, comme vous le savez, l'Ordre G-Man existe depuis des lustres. Ceux sont des humains qui ont dans leur ADN une partie Pokemon, qui leur permet d'utiliser leurs pouvoirs et de vivre généralement plus longtemps. Ils contrôlent aussi l'Aura, une espèce de sixième sens qui leur permet de voir et d'entendre des choses au-delà de l'esprit humain. On raconte que le tout premier G-Man fut un dénommé Sparda. Apparemment, ce serait le fils du Pokemon Légendaire Mew et d'une humaine.

- Comment diable un Pokemon pourrait-il faire un enfant avec un humain ? S'étonna Cielali.

- Ce n'est qu'une légende, tempéra Penombrice. Et puis, apparemment, Mew aurait le pouvoir de se transformer en tout ce qu'il veut, dont les humains. En tous les cas, les G-Man se considèrent comme les descendants de Sparda. Avant l'arrivée de Xanthos, l'Ordre G-Man servait de protecteur aux humains. Il résolvait les conflits, détrônait les tyrans, ce genre de choses. Ils étaient adulés et appréciés, autant des humains que des Pokemon. Juste avant la guerre, leur chef était le dénommé Peter Lance, un G-Man de Dracolosse, et probablement le plus Grand Maître G-Man de tous les temps. Puis Xanthos arriva, avec sa révolution des Pokemon.

- Et l'Ordre G-Man se rangea derrière Xanthos ? Demanda Cielali.

- Pas immédiatement. On ne sait pas très bien ce qui s'est réellement passé, ni la raison à tout ça, mais un des G-Man prit la place de Lance et se rapprocha de Xanthos. Ce G-Man se nommait Sacha Ketchum, et il était le G-Man le plus puissant de son époque, car il était celui du Pokemon Légendaire Ho-oh. Sacha Ketchum, sans que l'on sache pourquoi, aida Xanthos et son soulèvement. Il est aujourd'hui considéré comme le pire traître de l'Histoire, car c'était un ami proche de Régis Chen. À l'inverse, les G-Man actuels vénèrent son souvenir, et tous les Grands Maîtres G-Man qui se sont succédés depuis affirment qu'ils descendent de lui.

- Si ce Ketchum a trahi Régis Chen, c'est sûr que ça va être compliqué pour les Paxen d'accueillir les G-Man à bras ouvert, surtout quand on voit la Chen actuelle, remarquai-je avec ironie.

- La question ne se pose pas pour l'instant. Le Grand Maître actuel, le Seigneur Bradavan Irlesquo, est un homme arrogant et mauvais, en plus d'être lâche. Jamais il ne trahirait l'Empereur, et ce quelque soit la façon dont il le traite. Mais on essaie de faire bouger les choses, discrètement. Nos deux Paxen les plus forts, Kashmel et Furaïjin, sont actuellement en mission dans la capitale impériale justement pour tenter d'infiltrer l'Ordre G-Man et de les retourner peu à peu contre le régime de Daecheron.

Pour ma part, je me disais que moins je rencontrerai de ces G-Man, mieux que je porterai. À ce qu'on racontait parmi les esclaves de Ferduval, les G-Man étaient une caste de nobles qui ne vivaient et se mariaient qu'entre eux, usant de leurs frères humains comme les Pokemon le font, si ce n'est en pire. Comme Xanthos et l'Empereur après lui régulaient leurs naissances pour mieux les contrôler, un G-Man mâle qui se servait d'une esclave femelle pour son plaisir était tenu de la tuer ensuite, afin qu'il n'y ait aucun risque qu'elle mette au monde un bâtard G-Man hors de contrôle de l'Empire. C'était là la crainte de toutes les esclaves de la capitale : se faire choisir par un G-Man pour partager son lit signifiait son arrêt de mort. Je me rappelais que c'était là une des rares lois de l'Empereur que les parents de ma maîtresse critiquaient.

Nous finîmes enfin notre voyage sur l'eau, et ce avec soulagement. La Vermurde n'était pas loin ; un jour de marche durant lequel nous étions restés à l'écart des patrouilles. La forêt en elle-même n'était pas très contrôlée par l'Empire. Elle contenait en revanche pas mal de Pokemon sauvages assez dangereux. Mais il suffisait à Penombrice de leur dire que nous étions des protégés de Jartobylon pour que les Pokemon passent sagement leur chemin.

- Qui est ce Jartobylon ? Demanda ma maîtresse.

- Un Paxen, répondit Penombrice. Ou plus vraisemblablement, un allié des Paxen. Tous les Pokemon de la Vermurde le connaisse, car il est un peu le doyen de la forêt.

- C'est donc un Pokemon ?

- En effet. Un très vieux, et unique en son genre.

- Le verrons-nous dans votre base ?

Encore une fois, il me sembla que Penombrice souriait sous son visage impassible.

- Je crois que tu peux déjà le voir si tu prends de la hauteur. Il ne passe pas inaperçu.

Intriguée, ma maîtresse battit des ailes pour monter au dessus de la cime des arbres.

- Je vois une espèce d'immense tour plus loin, dit-elle d'en haut. Elle est pleine de végétation, et parait très vieille.

- C'est notre base, dit simplement Penombrice.

Cielali cligna des yeux, pensant que Penombrice se moquait d'elle.

- Euh... elle n'est pas très... secrète.

- Non, mais pourtant, il n'y a pas lieu qui nous offre plus de sécurité dans tout l'Empire. Venez, et vous verrez.

Et, environ une heure plus tard, nous vîmes, effectivement. L'énorme tour qui ressemblait à des colisées empilés les uns sur les autres se tenait sur un Pokemon immense, vert, semblable à une tortue, qui avait même une tour plus petite sur la tête. Je devais me tordre le cou pour essayer de voir son sommet. Je n'avais jamais imaginé qu'il existait dans le monde un Pokemon aussi grand. Ma maîtresse aussi ne trouvait pas ses mots.

- Cielali, Kerel, je vous présente Jartobylon, l'un des Sept Pokemon Merveilleux, déclara Penombrice. Et je vous souhaite par la même la bienvenue au quartier général des Paxen.