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Les chasseurs de l'ombre de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 15/11/2015 à 08:49
» Dernière mise à jour le 08/07/2018 à 22:43

» Mots-clés :   Action   Drame   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 5 : Déceptions et trahisons
Deux ans plus tard, Lilura continuait d'apprendre. Comme promis, après son premier meurtre, le chef commença à lui enseigner le maniement des armes. Poignards, épées, haches, shuriken, arc, armes à feu de toutes sortes... Il y en avait tellement que Lilura n'avait pas de quoi s'ennuyer. Elle ne tarda pas à trouver ses préférés : les gros canons qui faisaient de grands bruits et provoquaient des destructions toutes aussi grandes. Parce qu'elle n'avait que dix ans et qu'elle était une fille plutôt menue, Lilura se sentait forte quand elle tenait ce genre de chose entre les mains.

Bien sûr, pour la grande majorité des contrats, qui se faisaient dans la subtilité, ces armes là étaient peu indiquées, hormis si Lilura devait assassiner un Pokemon du genre Galeking ou Tyranocif. Elle continuait donc à s'exercer intensivement dans le maniement des armes plus discrètes, mais à chaque fois qu'elle avait l'occasion, elle partait dans un champs désert pour se défouler avec des canons mark III à plasma concentré, des lance-flammes à très longue portée, des bazooka ayant la puissance d'une petite bombe atomique, et autre du même type. Le truc qui serait bien serait une arme regroupant un peu de tout. Mais quand Lilura en parla au chef, celui avait éclaté de rire.

- Même si tu parviens à la miniaturiser au maximum, je doute que tu puisses te balader avec, du moins avec les connaissances technologiques actuelles. Mais bon, au rythme où va la science, je ne doute pas que dans quelque années, nous ayons des brassards qui nous permettent de lancer tout ce qu'on veut.

Lilura continuait à tuer dans le cadre de ses contrats. Ça n'était pas vraiment devenu plus facile avec le temps, mais la jeune fille s'y faisait. Elle avait appris, comme le lui avait indiqué le chef, à cloisonner ses émotions lorsqu'elle travaillait, de telle sorte que la personne à tuer ne soit rien de plus qu'un morceau de bois. C'était après, le soir, que Lilura faisait parfois des cauchemars où ses victimes venaient la tourmenter. Quand elle demanda au chef s'il en faisait lui aussi, il dit :

- Je ne passe pas une nuit sans faire de cauchemar. Ils ont fini par m'indifférer.

Comme elle était la plus jeune, c'était elle qui se chargeait de la plupart des petits contrats qui ne rapportaient pas grand-chose, mais parfois le chef ou Trefens l'amenaient avec eux sur des missions plus difficiles. Elle jouait plus le rôle d'assistante ou d'observateur qu'autre chose, mais ça lui plaisait, et ça lui donnait l'occasion de voir le chef ou Trefens à l'action. Le chef était si fort qu'il n'utilisait jamais toutes ses ressources, même contre les cibles les plus dures. Mais voir Trefens se battre était quelque chose de presque artistique. Le jeune homme se servait d'un katana, un sabre fin et guère épais, mais qu'il maniait avec une grâce surnaturelle. Pourtant, Lilura ne parvenait pas à voir en Trefens la force et la rapidité anormale du chef. L'explication fut pour plus tard. Un soir, Trefens vint réveiller Lilura en pleine nuit, pour simplement lui dire au revoir.

- Tu t'en vas en mission ? Demanda Lilura.

- Non, je reste à la base. Je vais passer le dernier test pour devenir un vrai Shadow Hunter. Il y a de bonne chance que j'y passe, donc je voulais te dire adieu.

- Qu'est-ce que tu racontes ?! S'exclama Lilura avec crainte. Tu es si fort ! Tu passeras n'importe quel test que le chef pourra te donner !

Mais Trefens rit doucement.

- Cette fois, la force ne jouera pas. Ce sera juste une question de constitution, de volonté, et de chance. Seuls le chef et son ami Acutus y ont survécu.

- Mais qu'est-ce que c'est ?

- Ne demande pas. Je n'ai pas le droit de te le dire. Seul le chef le peut. Ça peut durer un moment.

Et en effet, cela dura longtemps. Lilura n'était pas autorisée à y assister, mais elle savait que le chef avait enfermé Trefens dans l'une des pièces toujours verrouillées de la base. Et depuis deux jours maintenant, il hurlait comme un damné. Lilura était effrayée. Jamais elle n'avait entendu quelqu'un crier de douleur de la sorte, et surtout pas Trefens. La souffrance qu'il devait ressentir était au-delà de toute mensuration. Au bout d'un moment, Lilura n'en put plus d'entendre son seul ami souffrir de la sorte, et s'en prit au chef :

- Il faut arrêter ! Il va mourir !

- Peut-être, dit simplement Dazen. Mais peut-être pas. Tout se jouera ce soir. Si son corps tient le coup, il aura gagné.

- Qu'est-ce que vous lui faites ?!

- Moi ? Rien. C'est son corps qui se transforme, qui se façonne en celui d'un véritable Shadow Hunter. Une mutation, par le biais d'un nouvel organisme. Je ne peux pas te dire comment, tu le découvriras quand ce sera ton tour. Je suis aussi passé par là. C'est très douloureux, et peu sont ceux qui peuvent y survivre. Mais si Trefens survit, il deviendra plus fort qu'il ne l'a jamais été.

Lilura fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas trop, et les cris incessants de Trefens derrière la porte ne l'aidait pas.

- Pourquoi nous avoir tant entraîné si on peut mourir à cause de ça ? Ça n'aurait pas été plus simple de commencer par là ?

- Jeune idiote, riposta le chef. Si je t'avais inoculé ce gène dès le début, tu n'aurais eu aucune chance d'y survivre. Seul un corps entraîné, qui a supporté bien des privations, et un mental d'acier peuvent t'aider à supporter cette épreuve. L'entraînement normal est indispensable. Plus il dure et plus il est éprouvant, et meilleures seront tes chances de survivre à la transformation. Et même si on survit jusqu'au bout, on est pas encore tirer d'affaire. Il s'agit ensuite de maîtriser ces nouvelles capacités surhumaines, de dompter son corps. C'est aussi très difficile, et potentiellement mortel.

Lilura était à la fois choquée et en colère. Le chef n'aurait pas du lui cacher quelque chose pareil. Elle avait le droit de savoir. C'est vrai qu'au début, elle se fichait des conditions, elle voulait juste à tout prix rester avec Dazen. Mais maintenant qu'elle avait grandi, pris confiance en elle, et qu'elle était devenue forte, elle trouvait la nonchalance de Dazen sur la possible survie ou non de ses disciples méprisable. Ne ressentait-il rien pour eux ? Ils vivaient pourtant ensemble depuis trois ans, et bien plus encore avec Trefens. Pour être certaine, Lilura une question :

- Combien de chance a Trefi de survivre ?

- On ne peut pas vraiment savoir à l'avance, mais je dirai une sur deux, parce qu'il est fort physiquement et mentalement. S'il survit, il deviendra un Shadow Hunter remarquable, peut-être meilleur que moi.

- Et s'il meurt ?

Dazen haussa alors les épaules, et lui donna la réponse que Lilura avait craint :

- Alors, c'est qu'il n'était pas digne de devenir un Shadow Hunter. Qu'il était trop faible.

Cette réponse donnée sur un ton de pure logique acheva de désillusionner Lilura à propos de son chef.

- Vous nous avez laissé vous rejoindre, sans nous avoir rien dit de tout ça... murmura Lilura, accusatrice.

- Je ne vous ai rien caché des chances que vous aviez d'y rester, se défendit Dazen. J'ai bien précisé que mon entraînement était souvent mortel.

La voix de Lilura monta d'un octave.

- Vous vous en fichez que Trefens ou moi mourrions ! Vous ne regardez que le futur de la Shaters !

- Je ne suis pas ici pour vous chouchouter comme le faisaient tes parents, répliqua Dazen d'un ton froid. Et au moins moi, j'ai le mérite de ne pas vous avoir abandonné, comme les tiens ou ceux de Trefens.

La mention de ses parents brisa le maigre contrôle de Lilura. Elle hurla et sauta sur Dazen pour le frapper, mais elle fut impitoyablement repoussée par le bras de ce dernier, qui l'expédia à travers la pièce, et qui lui fit traverser un mur et bien entamer le second. Lilura avait l'impression que son dos entier avait été broyé. Elle ne parvenait plus à faire un seul geste, et sa vision devenait trouble. Le chef l'avait-il tué ?

- Tsss, siffla celui-ci. Voilà que je vais encore devoir dépenser de l'argent pour refaire le béton. Je vais retenir ça sur ta prochaine prime... si toutefois tu survies.

Et il laissa Lilura ainsi, tandis que les cris de Trefens continuaient de résonner. Immobile et impuissante, Lilura se surpris à appeler son père à l'aide, comme elle le faisait jadis après avoir été réveillé par un cauchemar. Elle en eu honte. Son père ne viendrait pas, pas plus que le chef n'irait l'aider. Si elle voulait survivre, ce serait par elle-même. S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris du chef, c'était celle là. Lilura se traîna jusqu'à l'infirmerie de la base, où étaient stockés tous les médicaments et machines de soin possibles et inimaginables. Dazen l'avait aussi formé dans ce domaine. Elle parvint sans mal à diagnostiquer son état et à trouver les analgésiques nécessaires. Puis elle s'enferma pendant deux heures dans la capsule Zerecorps, prouesse technologique et médicale qui pouvait ressouder les os et réparer la peau, voir même les organes.

Ça ne soigna pas entièrement sa fracture au dos et ses côtes cassées. Lilura savait qu'il lui faudrait plusieurs passages dans la capsule pour ça, et des journées d'alitement. Mais elle ne voulait pas rester une minute de plus dans la base en compagnie du chef. La Shaters qui avait été pour elle un refuge s'était révélée être une cage. Dazen était en train de tuer Trefens et il lui ferait pareil un jour. Lilura n'avait pas besoin de sa mutation génétique pour devenir une bonne assassin. Elle n'avait plus besoin de Dazen. Il lui avait appris ce qu'il fallait pour qu'elle soit autonome. Elle se mettrait à son compte. Oui, c'était le mieux. Lilura regrettait de ne pouvoir rien faire pour son ami Trefens, mais c'était comme ça. Un assassin ne devait pas avoir d'attaches trop forte de toute façon. Le chef l'avait appris à ses dépends avec Ivida.

Lilura quitta la base sans le prévenir ni lui dire adieux, et s'enfonça dans les noirs quartiers de Safrania, qui la nuit tombée se révélaient être le centre de rassemblement des dealers, des prostituées, des voleurs et bien évidement des assassins. Dazen appelait cet endroit la Toile. Une zone de non-droit que le gouvernement n'avait jamais pu soumettre, même au cœur de sa capitale. Il était géré par la pègre, par la Mafia, et pour une certaine partie par la Team Rocket. Bref, le meilleur endroit pour un criminel d'y trouver un travail. Lilura, qui avait de mauvais souvenirs de la Team Rocket, ne voulait pas travailler pour elle, mais il y avait plein d'autre clients, parfois de riches industriels ou des politiques qui venaient en toute discrétion solliciter l'aide de tueurs à gage.

Bien sûr, quand elle pénétra dans ce lieu sordide, pas mal d'hommes s'approchèrent d'elle. Ils avaient sur le visage l'air réjoui de chasseurs dont une proie succulente vint d'elle-même se jeter dans leur bras. Lilura retint un sourire. Ces gars là ne devaient pas avoir l'habitude de voir une gamine de dix ans leur rendre visite. Lilura s'empressa de les remettre gentiment à leur place. Après en avoir tué quatre, les autres restèrent désormais à une distance respectable d'elle. Elle en chercha un qui semblait moins abruti que les autres, et lui dit :

- Je cherche du travail.

L'homme, sans nul doute un dealer, éclata de rire.

- T'es un peu jeune pour faire les trottoirs, ma jolie. Quoi que, les goûts et les couleurs... T'as une jolie frimousse, tu devrais trouver quelques pervers qui s'intéressent aux gamines.

Lilura plissa les yeux, et empoigna le bras du type avant qu'il n'ai pu faire un geste. Elle le lui tordit derrière le dos sans qu'il puisse bouger.

- Je ne suis pas une pute. Je suis une assassin. Tu veux que je te montre ?

Elle tourna encore plus le bras. Dazen lui avait appris comment les briser. L'homme dut la croire sur parole, car il s'empressa de s'excuser, de lui indiquer un sous-sol non loin.

- On dit qu'il y a un des Dignitaires qui cherche le meilleur assassin possible, raconta le bonhomme en se massant le bras. Et le plus discret. Il est en train de faire une sélection.

Les Dignitaires... Dazen travaillait pas mal pour eux. En échange, ils le laissait exercer dans leur propre capitale, et le protégeaient juridiquement. Mais Lilura les méprisait. Des vieux obèses lubriques, vautrés dans leur petit confort, qui ne s'intéressaient nullement aux gens qu'ils étaient censés administrer.Mais Lilura mit sa répulsion de coté en s'enfonçant dans le noir sous-terrain. Les Dignitaires payaient bien, et surtout, dans les temps. Parce que c'était des lâches bien sûr, qui ne voulaient pas se mettre sur le dos leurs propres assassins, et aussi pour acheter leur silence sur leurs petites affaires.

En chemin, elle croisa plusieurs personnes qui sortaient. Aucun d'entre eux ne faisaient attention à elle, car ils semblaient pressés de fuir, comme s'ils craignaient quelque chose derrière eux. Pourtant, à en juger par leur look et leur démarche, ils étaient clairement des assassins comme elle. Qu'est-ce qui pouvait bien les effrayer à ce point ? La curiosité de Lilura l'emporta sur son sens de la prudence, et elle continua à marcher devant elle. Jusqu'à qu'enfin, elle croise une autre personne.

Un homme seul. Il était assez vieux, comme l'indiquait ses cheveux argentés et ses rides profondes, mais il respirait la confiance en lui et la puissance. Il portait un manteau noir à fourrure, signe évident de richesse, mais qui cachait derrière ce qui semblait être une armure complète, au dessin moderne, comme dans un film de science-fiction. Lilura avait l'affreuse impression que cet homme sentait le sang. Une odeur que Lilura connaissait bien maintenant. Les petits yeux inquisiteurs de l'homme se posèrent sur elle.

- Oh, mais ça ne se serait pas le nouveau jouet de ce cher Dazen ? Fit-il d'une voix mélodieuse et distinguée. Lilura, c'est ça ?

La jeune fille se demanda qui était cet homme et surtout comment pouvait-il la connaître. Mais ses questions trouvèrent un début de réponse quand elle vit le symbole sur l'armure de ce type. Un cercle rouge d'où dépassaient huit têtes reptiliennes.

- Pardonne-moi, je ne me suis pas présenté, même si Dazen t'a peut-être déjà parlé de moi. Je me nomme Yisho. Je suis le Premier Fratex du Cercle Rouge. Tu connais ce nom, à ce que je vois...

Lilura hocha la tête. Elle hésitait entre fuir en courant et en savoir plus sur cet homme. Elle décida finalement de rester. Dazen n'avait plus de conseil à lui donner.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Demanda Yisho d'un ton paternel.

- J'ai entendu dire... le Dignitaire... un contrat, réussi à dire Lilura, toujours révulsée par l'odeur de sang qui se dégageait de cet homme.

- Oh, mais tu arrives un peu tard, jeune dame. Le Cercle Rouge a remporté le contrat du Dignitaire, comme il se devait. Nous sommes bien plus performants que votre petite organisation hérétique, cette Shaters... Tu peux aller dire ça à Dazen.

- Je ne suis pas envoyée par Dazen, répliqua Lilura avec force. Je suis à mon propre compte !

Le Premier Fratex haussa les sourcils.

- À ton propre compte, vraiment ? Dazen t'a chassée ?

- C'est moi qui suis partie.

- Pourquoi ?

- J'ai mes raisons, éluda Lilura. Et puis d'abord, comment vous me connaissez ?

Le vieil homme se permit un léger ricanement.

- Douce enfant, tu penses bien qu'après la trahison et la fuite de Dazen, le Cercle n'a jamais cessé de le surveiller. Nous te connaissions dès que tu as franchi les portes de sa base. Nous avions mille occasions de te tuer durant ton entraînement, mais nous ne l'avons pas fait. Pourquoi, d'après toi ?

- Je ne sais pas... hésita Lilura tout en ayant un début de réponse.

- Parce que tu es une Elue. Une Enfant de la Mort. Nous ne nous tuons pas entre nous, Orohydrus en serait fort mécontent. C'est sans doute pour ça que Dazen t'a pris avec lui. Même un hérétique comme lui a senti en toi le regard d'Orohydrus, et il savait que nous n'oserions pas s'en prendre à lui tant que tu serais avec lui.

Une pierre tomba profondément dans le ventre de la petite fille. Si c'était vrai... c'était une trahison encore pire que la précédente de la part de Dazen. Il s'était servi d'elle. Il l'avait recueillit uniquement pour assurer sa sécurité ! Sa colère dut se voir sur ses traits, car Yisho sourit.

- Tu as du voir en Dazen ce qu'il n'était pas, jeune fille. Cet homme est méprisable. Il ne songe qu'à ses propres intérêts, toujours et encore. C'est par égoïsme qu'il a quitté le Cercle, pour pouvoir s'approprier la femme qu'il voulait, alors qu'elle appartenait à Orohydrus. Il tue pour l'argent, alors que le meurtre est un acte si profondément lié à notre dieu. Et enfin, il se sert de ses disciples que pour lui-même. Tu as bien fait de le quitter. Ton destin est bien plus grand que celui d'être un vulgaire assassin de cette Shaters.

- Et quel est mon destin ?

- Celui de prendre ta place comme arme d'Orohydrus. Si tu as tué étant enfant, c'était de son fait à lui, n'en doute pas. Tu as été choisie à ta naissance pour tuer en son nom. Tu es l'un des Elus les plus purs, ceux que nous recherchons activement. Dazen, lui, n'a jamais tué à ton âge, et est devenu Élu seulement en s'engageant. Toi, tu es une Élue depuis ta naissance.

Les paroles de Yisho avaient quelque chose de rassurant, de réconfortant. Ce n'était pas parce qu'elle était mauvaise qu'elle avait tué. Ce n'était pas quelque chose de mal. C'était la volonté d'un être supérieur. Choisie. Elle avait été choisie... Mais Dazen ne lui avait pas seulement enseigné à combattre et à tuer. Il lui avait aussi enseigné à réfléchir. Et bien que son estime pour son chef avait grandement baissé, elle ne pouvait pas oublier ses enseignements.

- Vous me demandez de croire à vos seules paroles, dit-elle en le regardant dans les yeux. Vous me demandez de croire à un dieu qui n'existe peut-être pas. Comment puis-je savoir que ce que vous dites est vrai ?

- Tu le peux, affirma le Premier Fratex. Orohydrus n'a jamais exigé une foi aveugle. Il montre à tous ceux qui le suivent l'étendu de ses pouvoirs. Viens avec moi, et je te montrerai. Tu seras libre de partir ensuite si tu le désires. Mais si tu restes, sois sûre qu'on fera de toi l'arme ultime d'Orohydrus. Tu auras la force, tu inspireras la peur, tu amèneras la mort, et les déchets comme Dazen et Acutus, qui ont rejeté la vraie foi du meurtre, ne pourront que se prosterner devant toi.

Lilura accepta de le suivre. Mais avant, elle devait faire quelque chose. Certes, le chef l'avait déçue et l'avait trompée, mais elle lui devait toujours la vie, ainsi que de nombreuses connaissances qui lui seront utile. Elle devait quand même le prévenir, même si elle savait que son choix lui déplairait profondément. Peut-être même assez profondément pour qu'il décide de la tuer sur le champs. Aussi Lilura se contenta-t-elle d'écrire un mot qu'elle mis dans la boite au lettre de la bicoque qui leur servait de couverture pour leur base.

Chef Dazen
Je quitte la Shaters. J'ai découvert que je n'y avais pas ma place, que je suis venue ici que dans un moment d'égarement alors que j'étais perdue et livrée à moi-même. Je ne renonce pas à vos enseignements, mais je veux quelque chose de plus grand que la Shaters, quelque chose qui ait un vrai sens à ma vie. Je vais donc rejoindre le Cercle Rouge. Je pense que j'y serai plus à ma place. C'est mon destin d'Enfant de la Mort, après tout.Je vous remercie néanmoins de m'avoir secourue ce jour là, et de m'avoir tant appris. Je sais que maintenant, nous serons un peu comme des ennemis, mais je promet de ne jamais m'en prendre à vous ni de dévoiler vos secrets. Dites à Trefi, s'il survit, que je suis désolée, et qu'il me manquera.


Lilura le lit plusieurs fois avant d'être satisfaite. Oui, c'était parfait. Pas besoin de s'éterniser. De toute façon, le chef serait probablement dans un tel état de fureur qu'il s'empressera de déchirer la lettre en mille morceaux. Puis, avec un dernier regard à la base, elle parti, renonça à cette vie qu'elle avait tant désiré pour aller vers une autre. Le Premier Fratex Yisho l'attendit au lieu convenue, et lui mit sa main froide et toute ridée sur son épaule.

- C'est le bon choix, ma jeune amie. Les Elus d'Orohydrus ne peuvent être complets qu'en servant Orohydrus. Viens donc, ma chère. Je vais te montrer le pouvoir de mon dieu, qui sera bientôt le tien. Qui a toujours été le tien.