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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 28/10/2015 à 09:08
» Dernière mise à jour le 19/12/2018 à 10:22

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 33 : Détruire le passé
Tranchodon


Je souffrais. Une sensation qui ne m'était pas familière, mais au final pas si mauvaise que ça. La douleur suite à un combat de gagné était particulièrement satisfaisante ; elle signifiait que ça avait été un bon combat, avec un bon adversaire. Solaris n'avait pas menti ; cette attaque aurait pu avoir raison de moi si je n'avais pas mis toute ma puissance pour la contrer. Au final, je m'en sortais avec mes griffes de la main droite brisées, et la main elle-même tordue et ensanglantée. Le reste de mon corps avait subi de légères blessures un peu partout suite à l'explosion. Par contre, beaucoup de mes soldats qui s'étaient trouvés à coté avaient péri, envoyés du haut de la montagne, réduits en lambeaux par l'explosion d'énergie draconique, ou ensevelis par les ruines qui elles-mêmes avaient été balayées. Je voulus me mettre debout, mais mes jambes cédèrent sous mon poids.

- Colonel ?! Vous allez bien ?

Mon second, le commandant Pandarbare, se hâta pour m'aider, mais je le repoussai. Qu'importent mes blessures ; jamais je ne laisserai personne être témoin de ma faiblesse. Je me remis debout de moi-même, avec difficulté.

- Solaris ? Où est-elle ?! Demandai-je.

- Nulle part en vue, colonel, répondit Pandarbare. L'explosion a peut-être désintégré son corps ?

- Crétin. Sa peau doit être aussi dure que mes propres écailles. Elle a morflé, mais pas au point d'être totalement détruite. Dénichez-moi son cadavre !

Les soldats survivants se relevèrent tant bien que mal pour commencer les recherches. Mais nul corps de Solaris, ni même traces d'elle.

- Elle a sans doute été projetée de la montagne, avança Pandarbare.

J'acquiesçai, agacé. C'était peut-être le cas, et probablement qu'elle était bel et bien morte, mais le Général Légionair ne voulait pas de supposition, seulement des certitudes.

- Alors, vous allez donner l'ordre de retourner chacun des rochers de l'Asicon jusqu'à qu'on trouve assez de morceaux d'elles pour conclure à sa mort. Est-ce clair ?

- Parfaitement, mon colonel !

Pandarbare salua et alla transmettre mes ordres. Ce temps à chercher la dépouille de Solaris aurait peut-être été mieux utilisé pour traquer les Paxen fuyards, mais j'étais un Pokemon méthodique : tant que je n'aurais pas la certitude de la mort de mon ennemie, je ne pourrais pas passer à autre chose. De plus, le Général Légionair m'avait bien fait savoir que Solaris était la priorité numéro une, avec la Pokeball de l'Empereur. D'ailleurs, en parlant de la Pokeball, voilà que ce Galbar, l'esclave de Frelali, était revenu, la boule rouge et blanche en main.

- Vous êtes blessé, colonel Tranchodon !

J'avais envie de l'écorcher. Qu'un humain puisse faire preuve de prévenance envers moi était une insulte énorme.

- Où étais-tu passé, humain ? Grondai-je.

- Je suis parti à la recherche de mon maître, colonel. Cette rebelle de Cielali l'avait amené plus bas.

- Et ? Où est Frelali ?

- J'en suis effondré, mais mon maître est mort, colonel. Je sais qu'il était votre ami. Je n'aurais pas de repos tant que cette Cielali n'aura pas payé !

Pour ma part, je trouvais que Galbar avait l'air tout sauf effondré. Mais le sort de Frelali m'importait peu, au final. Il avait su se montrer utile, et je le connaissais depuis un moment, mais c'était un Pokemon qui pensait à lui avant de penser à l'Empire.

- Bon. Bah tant pis, dis-je simplement. Tu as quelque chose à me remettre, humain.

Ce n'était pas une question, mais Galbar n'en acquiesça pas moins. Il s'agenouilla pour me tendre la Pokeball qu'il avait prise à cette traîtresse de Chen. J'empoignai l'objet avec répulsion. C'était donc cette chose de métal qui continuait d'entraver Sa Majesté l'Empereur ? C'était avec cette boule que le Seigneur Protecteur Xanthos avait fait sien le grand Daecheron ? Sachant que l'Empereur y avait forcément séjourné il y a des siècles, j'aurai pu considérer cet objet comme une relique sacrée. Mais ce n'était rien de tel. Ce n'était qu'un objet hérétique. Je la lâchai, puis l'écrasai avec mon pied. Le métal céda sous ma force, et la Pokeball fut réduite en morceaux. Voilà. Désormais, l'Empereur était bel et bien libre. Le dernier lien qui le rattachait encore aux humains venait de disparaître. Jamais les Paxen ne pourront s'en servir contre lui.

Il restait autre chose à faire. Le passage interdimensionnel qui donnait sur l'endroit d'où étaient revenus les Paxen était encore ouvert. C'était sans nul doute là qu'ils avaient trouvé la Pokeball de l'Empereur, signe qu'ils avaient su où le Seigneur Xanthos l'avait caché. Le Général Légionair avait donc dit vrai... Xanthos, dans son dernier souffle, avait bel et bien révélé ce secret aux Paxen ! Quelle infamie ! J'avisai au sol, miraculeusement intacte, l'espèce de flute bizarre que Solaris avait tenu. Un objet impie, sans l'ombre d'un doute. Mais je craignais que le détruire ne referme le passage. J'avais besoin de savoir ce qui se trouvait de l'autre coté.

Je fis signe à Pandarbare de me suivre, ainsi qu'une dizaine de soldats. Nous montâmes les marches transparentes jusqu'à cette porte circulaire qui flottait dans les airs. Je pouvais lire la peur et l'incertitude sur le visage de mes subordonnés. Effectivement, une telle situation, c'était traiter avec de la magie impie. Sa Majesté l'Empereur, et le Seigneur Xanthos avant lui, avaient formellement proscrit l'étude et l'usage des pouvoirs des anciens Pokemon Légendaires. Que ce lieu fût consacré à Arceus le Créateur n'y changeait rien. Tout pouvoir qui se voulait supérieur à celui de l'Empereur ne devait pas exister. C'était de l'hérésie.

Après avoir franchi l'entrée, nous nous trouvions à présent dans un temple sombre, où se tenait une espèce d'autel sur le sol, en forme de triangle, avec de nombreux symboles à l'intérieur. Et au bout de la vaste salle, il y avait un objet incongru en ces lieux antiques : un holoprojecteur impérial. Cela signifiait obligatoirement que quelqu'un de l'Empire était déjà venu ici.

- Activez-le, ordonnai-je à Pandarbare.

Qui sait ? Ça aurait pu être une bombe dissimulée ? Mais quand mon second appuya dessus, ce fut bien un hologramme qui apparut. Et pas n'importe lequel.

- Je suis Xanthos, fit l'impressionnante silhouette humanoïde masquée.

Pandarbare tomba à genoux à l'instant, imité par le reste des soldats. Seul moi restai debout, agacé par cette marque de servilité à un humain mort depuis deux ans. Mais pas de doute : c'était bien le Seigneur Protecteur Xanthos sur cet hologramme. Je l'avais souvent vu, quand j'accompagnais le Général Légionair lors de réunions avec les quatre autres Etoiles Impériales à la capitale.

Intrigué malgré moi, j'écoutai les paroles du Seigneur Protecteur. Plus il parlait, plus je sentis un malaise naître en moi. Ce que disait Xanthos... c'était clairement un encouragement à assassiner Sa Majesté l'Empereur ! Il accusait Daecheron d'être un Pokemon maléfique et incontrôlable, et il parlait de l'Eternité, ce pouvoir que lui et l'Empereur avait apprivoisé et donné aux Pokemon. De telles choses ne devaient jamais être entendues de quiconque. Hérésies ! Hérésies ! Quand le message fut terminé, le commandant Pandarbare leva vers moi un visage clairement abasourdi.

- Colonel... qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ?!

Le Général m'avait conseillé de ne pas brusquer les nombreux adorateurs de Xanthos, mais en l'occurrence, je n'avais pas le choix. Xanthos appelait, dans ce message, à la rébellion contre Sa Majesté !

- Détruisez tout ceci, ordonnai-je. Le temple, les fresques... et le message.

- Colonel ! Protesta Pandarbare. C'était le Seigneur Xanthos ! Nous ne pouvons pas... ce serait un crime !

- Les paroles du Seigneur Xanthos ne sont qu'hérésies, contrai-je. Notre maître est Sa Majesté l'Empereur, et lui seul. Et le Seigneur Xanthos l'a trahi.

Ce fut clairement dur à avaler pour un fanatique de Xanthos comme Pandarbare.

- Mais...

- Assez, commandant. Xanthos est mort. L'Empereur lui est en vie. Notre fidélité va envers le plus puissant Pokemon du monde, et pas envers le fantôme d'un humain, fut-il le Seigneur Xanthos. Tout ceci doit être détruit, et rien ne doit filtrer sur ce que vous avez vu et entendu. Si un seul d'entre vous s'avisait de l'ouvrir, il regrettera clairement d'être né.

Les soldats se hâtèrent d'acquiescer et se mirent à l'ouvrage, réduisant l'holoprojecteur en miette et fracassant les murs antiques de ce temple. Je savais que je n'aurai pas grand-chose à craindre des soldats. C'étaient des Pokemon simples. Ils suivaient le code militaire à la lettre, et n'avaient nul autre maître que Sa Majesté. Mais Pandarbare pourrait poser souci, lui. C'était un Pokemon immensément loyal, mais qui avait toujours placé le Seigneur Xanthos à l'égal d'un dieu. Il regardait, sans bouger et d'un air horrifié, les soldats mettre l'endroit en pièce.

- Le Seigneur Xanthos est déjà une relique du passé, commandant, lui dis-je d'un ton amical. Un passé fait d'humains. L'Empereur est le présent, et l'Empereur sera le futur. Les humains devront à terme disparaître, comme le souvenir de Xanthos.

Pandarbare ne répondit pas, et je fus le premier à quitter ce temple impie pour revenir au sommet de l'Asicon. Quand mes Pokemon furent tous revenus après avoir tout détruit, j'écrasai la flûte de Solaris entres mes griffes. Alors, aussitôt, les escaliers transparents disparurent, ainsi que la porte dimensionnelle. Plus de Pokeball, plus de magie hérétique, plus de message de Xanthos. Plus aucune trace de tous ces blasphèmes. L'Empereur était le seul détenteur de la vérité. L'Empereur était le seul dieu à vénérer.


***


Penombrice




La nuit commençait à tomber sur le Mont Asicon, et à cette hauteur, elle était particulièrement froide. Une aubaine pour moi, car, en tant que Pokemon Glace, je me regorgeais de la fraîcheur, et en tant que Pokemon Spectre, des ombres de la nuit. Ce sont ces deux facteurs qui permirent à mon esprit désincarné éparpillé suite à l'attaque feu de ce Roitiflam de commencer à se reconstituer au travers d'un nouveau corps de glace et d'ombre. C'était long, c'était minutieux, c'était douloureux, mais c'était mon avantage en tant que Pokemon Spectre ; même si mon corps était détruit, mon esprit survivait. Non pas que je fus totalement immortel bien sûr ; si on s'attaquait directement à mon âme avec des attaques spectres ou ténèbres, je pouvais en mourir. Mais la destruction seule de mon corps de glace, si elle était désagréable, ne m'était jamais fatale.

Bien sûr, pendant plusieurs heures, je fus totalement inutile à mes compagnons. Mon esprit désincarné flottait au grès du vent, invisible et silencieux, sans que je puisse me mouvoir. Mes sensations étaient confuses et mes sens troublés. J'ignorai donc ce qui était arrivé à mes camarades. Je craignis d'être le seul en vie. Mais c'était là mon rôle : survivre et informer les Paxen de ce qui s'était passé. C'était pour ça qu'on m'avait choisi Ludmila comme partenaire : les Chen avaient toujours plus de chance de mourir que les autres. Pour compenser, il leur fallait un partenaire Pokemon difficile à tuer.

Si je devais vraiment retourner à la base et faire un douloureux rapport au chef Astrun, soit. Mais je ne voulais pas y aller avant d'avoir la certitude que tous mes compagnons avaient été tués par Tranchodon et ses sbires. Et si jamais l'un d'eux a été capturé, je ferai tout ce que je pourrai pour le sauver. Aussi, pour cela, je commençai à emmagasiner le froid autour de mon esprit. L'humidité du ciel couplée à ce froid mordant me permit de me constituer un corps solide fait de glace. Trop peu pour qu'on puisse dire que c'était là mon vrai corps, mais assez pour me permettre de me déplacer. Après quoi, il fut facile de m'enterrer dans de la neige et d'attendre que je sois totalement régénéré.

Je demeurai dans la pénombre d'où j'étais issu pour espionner les alentours. La place que Dame Sol avait nommée les Colones Lances avait proprement disparu. Il ne restait qu'un sol neutre, comme si tout avait été balayé aux alentours. Il y avait encore plusieurs Pokemon impériaux qui semblaient rechercher quelque chose. J'en vis encore d'autres qui fouillaient les tunnels de la montagne. Mais du colonel Tranchodon, il n'y avait nulle trace.

Que les impériaux cherchent quelque chose de la sorte était encourageant : ça signifiait qu'au moins un de mes amis leur avait échappé. Vu qu'ils cherchaient aux alentours, ils devaient penser que mon ami en question n'était pas allé bien loin. C'était donc sans doute un des humains. Cielali ou Cresuptil n'auraient pas trop eu de mal à fuir rapidement la montagne, que ce soit en volant ou avec des pouvoirs psychiques. Dame Sol aussi pouvait voler, mais je ne la voyais pas prendre la fuite tant que les autres n'auraient pas filé.

Je me mis à chercher, moi aussi. Ma nature de Pokemon Spectre, qui me permettait de traverser les solides, était très pratique pour ce genre d'occasion. Mais je cherchais aussi avec autre chose que mes yeux. Tous les Pokemon Spectres avaient une sorte de sixième sens, qui leur permettait de sentir la mort. Après tout, nous autres Pokemon Spectres, nous en étions nous-mêmes issus. À l'origine, les Pokemon Spectres ne sont que des esprits désincarnés n'ayant pas pu rejoindre, pour une raison ou une autre, l'après-vie dans le Royaume des Ombres. Des esprits soit d'humains, soit de Pokemon, qu'importe. Ils erraient sans but dans le monde, jusqu'à qu'ils puissent se transformer en Pokemon Spectre, du fait de diverses raisons et facteurs que je serais bien en peine d'expliquer.

Moi-même, je ne me souvenais pas de l'époque où je n'étais qu'un esprit, et encore moins de celle où j'étais un être vivant. Bien que Pokemon Spectre, je n'en savais pas plus que les autres sur nos mystères et la façon dont nous existions. Mais il y avait des choses que je sentais, des choses que les autres ne pouvaient pas appréhender. La mort en était une. Quand quelqu'un, à proximité de moi, était en train de mourir, je pouvais le sentir. Et c'était ce que je sentais à présent. Une sensation désagréable, car j'étais certain qu'il ne s'agissait pas d'un Pokemon. Je suivis ce sentiment à travers grottes et tunnels, jusqu'à tomber dans une petite faille sur un pan obtus de la montagne, dissimulée par un bloc de neige. Dedans, il y avait quelqu'un, qui me sourit en me voyant arriver.

- Eh bien... Je n'espérais plus personne, me dit une Dame Sol couverte de blessures, de sang et de brûlure, affalée contre la roche enneigée. C-content de te voir entier, mon ami.

- Dame Sol ! Que...

Je frémis malgré moi en voyant son état. Elle était totalement nue, tous ses habits ayant apparemment brûlés. Sa peau, du fait de sa partie dragon, avait résisté mais était salement endommagée en divers endroits. Son bras droit paraissait avoir explosé de l'intérieur, surtout sa main, qui n'était plus qu'une masse informe de chair sanguinolente. Cette horrible blessure remontait jusqu'à son épaule et sa poitrine. Je voyais qu'elle avait du mal à respirer. Sa peau était moite et pâle, et son visage avait bleui. Ses yeux émeraudes, jadis si brillants et beaux, avaient perdu leurs éclats. Pas de doute possible : Dame Sol se mourrait.

- Que... fis-je difficilement en cherchant mes mots. Qui vous...

- Ah... Je crains que ce ne soit moi-même qui me suis mise dans cet état, jeune Penombrice, répondit la vieille femme avec un sourire douloureux. Mon attaque était censée détruire Tranchodon, mais elle n'a fait que l'amocher. Quant à moi... enfin, tu vois. J'ai passé l'âge de tout ça, je l'ai toujours dis...

- Ne parlez plus. Gardez vos forces. Je vais vous amener, et on trouvera quelqu'un pour vous soigner.

Sol me regarda d'un air sévère malgré son état.

- Allons... Pas de ces sottises avec moi. Tu es un spectre. Tu dois bien... voir que je suis fichue.

Oui, ça, je le voyais bien. Mais je ne pouvais pas l'accepter.

- Vous ne pouvez pas mourir, Dame Sol ! M'écriai-je. Vous êtes si importante pour les Paxen !

- Foutaises. Je suis devenue vieille et inutile, m-même pas... capable de me débarrasser d'un unique Pokemon qui craint pourtant mes a-attaques. M-mais il y a une chose qui... une chose que je dois encore faire.

Elle tâcha de reprendre sa respiration.

- Je me suis échappée, tant bien que mal, après l'explosion. Je pensais... pouvoir retrouver l'un de vous avant de mourir. Pour lui dire... quelque chose d'important. Mais j'étais si mal en point... Je me suis cachée ici, en attendant la mort. Mais tu es venu. Je suis contente que ce soit toi. C'est quelque chose... que je n'aurai pas osé confier à Ludmila. Elle est si... imprévisible. Mais t-toi, tu es un Pokemon sage, digne de confiance...

Elle tenta de me prendre une de mes mains, mais évidement, la sienne passa à travers. Ça ne la gêna pas pour poursuivre.

- Cette chose que je vais dire... Tu ne devras le répéter qu'à Astrun et Cernerable, et seulement à eux. À personne d'autre. Pas même à... Ludmila. Tu as compris ?

- Oui Dame Sol.

En fait, je ne comprenais pas, mais je respecterai assurément les dernières volontés de l'un des Fondateurs s'il me les confiait.

- Ça concerne... cet enfant... Kerel. Il est... important.

Si j'avais eu des lèvres pour sourire, je l'aurai fait.

- Oui, je me doute bien. J'avais trouvé bizarre que vous ameniez avec nous, dans notre quête périlleuse, un simple esclave de cité, même si vous le connaissiez.

- Il est... avec Tannis... la seconde moitié de la clé qui nous permettra peut-être de nous débarrasser de l'Empereur. La Pokeball a été détruite par Tranchodon, donc... il nous reste plus qu'eux.

- Vous voulez dire... que Kerel est lié à Tannis ?!

Pour moi qui connaissais la vérité sur Tannis, c'était troublant. Qu'est-ce que ce jeune humain aux cheveux rouges venu de nulle part pouvait bien avoir en commun avec lui ?

- Liés... oui, ils le sont, d'une certaine façon, acquiesça lentement Sol. Mais ce n'est pas ce qui importe. Kerel est lié à quelqu'un d'autre. En réalité, il est...

Et Dame Sol m'expliqua. Au terme de son récit, je restai un moment coi de stupéfaction.

- Vous êtes sûre de... tout ceci ? Fis-je finalement.

- C'est moi qui ait aidé la mère de Kerel a accoucher. C'était une bonne amie à moi, quelqu'un que je connaissais depuis des lustres. Je ne peux pas me tromper sur ce qui la concerne.

- Alrianne vous dîtes ? Répétai-je. Celle que l'on surnommait la Main Rouge ? Elle était donc...

Je n'en revenais pas. Kerel n'était effectivement pas issu de n'importe qui. Voilà qui pourrait être problématique à gérer pour le chef Astrun.

- Son vrai nom était Alrianne Mandersbrand, reprit Dame Sol. Xanthos a partagé une partie de l'Eternité du Puits des Abysses avec elle. Et du coup, Kerel a sûrement dû hériter de l'Ether en venant au monde. Voilà pourquoi le garçon est important. Pas tellement à cause de son père, mais pour son pouvoir endormi. Le même que celui de Xanthos... et de Daecheron. Astrun devra... envoyer Kerel auprès de Maître Marzen, pour qu'il apprenne à maîtriser l'Ether.

- Mais n'y a-t-il pas un risque, Dame Sol ? M'écriai-je. Xanthos a lui-même avoué dans son message que son surplus d'Eternité allait finir par le rendre fou, et c'est ce qu'il s'est passé !

- Kerel est un cas différent. Son Ether lui vient de sa mère. Il ne l'a pas reçu à la source d'Eternité, comme Xanthos. C'est un Ether limité, similaire à ceux que possèdent Marzen et la Trigarde Impériale. Mais, s'il le contrôle, il sera bien plus puissant que ceux-là.

Dame Sol se mit à tousser et à respirer de façon plus erratique. Mais elle continua de me parler, de me livrer ses dernières recommandations.

- Tu dois les amener auprès d'Astrun, Penombrice... Tannis, et Kerel. Tannis est le plus important b-bien sûr, mais Kerel aura forcément un rôle à jouer. De même que Ludmila. Ils seront... trois des quatre Paxen humains dont le Premier Fondateur a prophétisé la venue. Ceux qui nous sauverons, nous et ce monde.

- Et le quatrième ? Demandai-je. Qui est-il ? Où est-il ?

- Je... l'ignore. Mais il finira par se montrer. Jusque là, les trois que nous avons doivent survivre. Ludmila et Tannis ont fuit avec Cresuptil. Kerel devrait être avec Cielali. Retrouve-les, et amène-les sains et sauf à base. Après, Astrun et Cernerable sauront quoi faire...

Dame Sol se détendit enfin, ayant terminé ce qu'elle avait à dire. Elle soupira de soulagement et regarda la neige tomber dehors.

- Presque sept cens ans que je foule ce monde, à me battre ci et là, pour telle ou telle cause... C'était bien long, mon jeune ami. Maintenant, je vais me reposer.

Je serrai mes poings, m'efforçant de maîtriser ma voix.

- Vous l'avez mérité, Dame Sol...

- Solaris, rectifia la mourante. Solaris as Vriff. Un nom auquel on a rattaché bien des crimes, autrefois. J'ose espérer que les six cent ans que j'ai passé à œuvrer pour le bien rachètera mes fautes aux yeux d'Arceus...

- C'est certain, dis-je pour la rassurer.

Mais Solaris ne semblait déjà plus m'entendre. Elle regardait au loin sans voir réellement quoi que ce soit, ou alors quelque chose connu d'elle seule.

- Tu vois, Dracoraure ? Murmura-t-elle. Le passage s'ouvre à nous... Un nouveau monde. Nos anciens compagnons. De nouvelles aventures...

Ses yeux émeraudes se fermèrent, et Solaris as Vriff mourut, paisiblement, un sourire sur son vénérable visage. Je sentis la mort la prendre, elle, et aussi un autre être en même temps qu'elle. Si j'avais eu des yeux, j'aurai pleuré des larmes qui se seraient bien vite transformées en cristal de glace. J'utilisai mon attaque Glaciation pour recouvrir de glace cette petite grotte, que la neige allait à nouveau cacher. Un dernier geste pour Dame Sol, qui reposerait à tout jamais dans ce caveau gelé, là où le temps n'aurait plus aucun effet sur son corps. Puis je partis, décidé à honorer les dernières volontés de Solaris.

Aujourd'hui, les Paxen venaient de perdre deux de leurs Fondateurs. Il n'en restait donc plus que trois. Et je devais amener à tous prix les autres en vie à l'un d'entre eux.