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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 14/10/2015 à 23:41
» Dernière mise à jour le 15/11/2017 à 20:47

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 25 : La roue tourne
« Pas possible. » lâcha Kate, abasourdie.

Autour d'eux, les rescapés débattaient avec virulence, créant un brouhaha effervescent que Joshua peinait à apaiser.

« Du calme, du calme ! » s'exclama l'adolescent, tentant de couvrir le vacarme en élevant la voix.

Rien à faire. Paniqués par l'annonce de Thrak, les survivants s'agitaient dans tous les sens, terriblement inquiets - et à raison. Kate elle-même était sous le choc. Cette annonce voulait-elle dire que Lyrian était vivant ? C'était impossible. Le garçon avait fait montre de capacités de régénération remarquables, et les blessures héritées de son affrontement avec le Rhinocorne avaient guéri à un rythme surnaturel. Mais tout aussi résilient qu'il soit, il n'avait pas pu survivre à un tir en pleine tête...
Tout aussi perplexe, Lina fixait le plafond sans le voir, l'esprit probablement en proie à une tempête de questions semblables à celles qui tourbillonnaient dans la tête de Kate.

« Alors le gamin est encore quelque part dans les environs  ? demanda quelqu'un dans l'assemblée.
- Impossible ! Ils ont dit qu'il était mort, répondit quelqu'un d'autre.
- Ils se sont peut-être trompés. Ou alors ils ont menti, suggéra un troisième. Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai pas envie de rester tranquillement à attendre qu'un gosse sanguinaire vienne me découper. Je...
- SILENCE ! » tonna soudain Thrak de sa voix profonde.

Tous se turent, surpris. Les regards se tournèrent vers le colosse d'ébène, qui dardait sur l'assemblée un regard irrité.

« Lyrian est mort. Je l'ai vu. Il a été abattu d'une balle en pleine tête. Personne ne survit à ça, déclara-t-il d'un ton qui n'admettait aucune réplique.
- Alors où passé son corps ? » fit quelqu'un d'une voix neutre.

La personne qui avait parlé était Benjamin, l'hybride Nidorino que Kate avait déjà remarqué lors de la fuite. Grand, âgé d'un peu plus de vingt ans, il avait le teint hâlé et les cheveux coupés courts. Ses bras étaient couverts d'épines chitineuses, qui avaient une espèce de teinte violette.
Sa question, légitime, provoqua des hochements de tête approbatifs dans l'assemblée.

« Quelqu'un l'a forcément emmené. Les traces ne tiennent pas longtemps, dans le sable. Un coup de vent et toutes les empreintes sont effacées, répondit Joshua.
- L'emmener où ? On est en plein désert. A Salmyre ? objecta Amara.
- Ou au canyon, suggéra Kate.
- Si les gens du canyon étaient tombés sur les corps, celui de Lyrian serait probablement le dernier qu'ils auraient rapatrié. Il a massacré une dizaine de personnes, en plus de Kendall, rappela Thrak.
- Alors qui l'aurait emmené ? Les pillards ? Eux aussi doivent pas mal de morts à Lyrian. Je ne vois pas qui aurait pris la peine d'enterrer un meurtrier psychopathe, reprit Benjamin.
- Dans tous les cas, on aura beau débattre, on n'avancera pas plus. On organisera des tours de garde plus réguliers. Pas la peine de s'inquiéter. » trancha Thrak.

La plupart acquiescèrent, mais certains restèrent sceptiques - à raison. Les aptitudes de Lyrian était un sujet qui revenait fréquemment dans les conversations, à l'époque où ils vivaient à la colonie ; de ce fait, la rumeur avait enjolivé les faits, et la réputation de monstre surpuissant et dangereux que Kendall avait bâti pour le garçon continuait de marquer les esprits. Que feraient-ils si Lyrian était bel et bien vivant et s'il revenait au laboratoire pour s'en prendre à eux ?

« Bien, reprit Thrak en croisant ses bras épais. Il y a un autre sujet à aborder. Un sujet plus urgent. La nourriture. Amara, si tu veux bien... »

La jeune femme s'avança, et à nouveau, Kate pu remarquer à quel point elle semblait fatiguée, lasse. Exactement comme Andrew. Elle était l'une des premières à avoir rejoint la colonie ; et c'était elle qui s'était chargé de l'intendance de leurs maigres ressources. Qu'il s'agisse d'organiser les expéditions de récupération à Salmyre, d'attribuer des chambres aux nouveaux arrivants, de gérer les stocks de nourriture et de matériel, ou tout simplement de remplir leurs réserves d'eau à l'aide de son Tortank, Amara s'était énormément investie pour leur survie. Âgée d'une trentaine d'années, elle paraissait en faire vingt de plus.

« Les tentes, les sacs de couchage et les vivres sur lesquelles on vit depuis avant-hier ont été apportés lors de l'exploration du laboratoire, il y a grosso modo une semaine, expliqua Amara. Le but était de voyager léger, et peu de nourriture a été emmenée. Nos réserves d'eau sont encore correctes, grâce à Tortank, mais d'ici demain soir, il n'y aura presque plus rien à manger.
- Et comment on va faire ? Il n'y a plus rien, dans cet entrepôt, protesta quelqu'un.
- L'entrepôt est vide, on l'a pillé dès le début de la colonie. En revanche, on n'a jamais exploré le reste du complexe. C'était un laboratoire, des gens y travaillaient toute la journée, il doit forcément y avoir une cafétéria, un réfectoire ou quelque chose du genre. Peut-être qu'on pourra y trouver un peu de nourriture. Il faut fouiller.
- On pourrait demander à I.H.M., suggéra Lina. Il nous dira où est-ce qu'on peut commencer par chercher.
- Bonne idée, acquiesça Amara.
- Pourquoi est-ce qu'on ne prendrait pas dans les réserves du canyon ? » lâcha alors Kate.

Les regards se tournèrent vers elle et la surprise s'abattit sur l'assemblée. L'espace d'un instant, Lina crut à une plaisanterie, mais l'hybride Métamorph semblait tout à fait sérieuse.

« T'es pas sérieuse. Tu crois vraiment qu'ils vont nous laisser prendre ce qu'on veut ? grommela l'adolescente.
- Ils veulent notre mort, là-bas, Kate, objecta Thrak.
- Justement. Ils ont essayé de nous tuer. Je ne vois pas pourquoi on se priverait de se servir. Thrak, Amara, vous avez fait plus d'expéditions de ramassage que n'importe qui au canyon. Une partie de cette nourriture devrait nous revenir, se défendit Kate.
- C'est du délire. Vous déconnez, là ? On ne peut pas faire ça. » protesta Lina.

Des murmures tentés s'élevèrent dans l'assemblée. Visiblement, la proposition ne paraissait pas si absurde aux yeux des rescapés qu'elle ne l'était pour Lina. Stupéfaite, la jeune fille balaya l'assemblée du regard, à la recherche d'un allié. La plupart hochaient la tête et chuchotaient à voix basse. Amara arborait un visage neutre, tout comme Thrak, qui semblait malgré tout considérer l'idée avec attention. Seul Joshua secouait la tête frénétiquement, l'air de réprouver cette proposition.

« Laisse-la s'exprimer, Lina, reprit Thrak. Qu'est-ce que tu proposes exactement ?
- On prend les armes qu'on a, on se pointe là-bas et on se sert, fit Kate, l'air tout à fait sérieux.
- En tirant dans le tas, c'est ça ? interrogea Joshua, l'air désapprobateur. En tirant sur des gens avec qui on vivait il y a une semaine. C'est bien ce que t'es en train de dire ?
- Ils ont essayé de nous tuer ! Ils allaient m'exécuter, ainsi que Thrak, et Élise ! T'en fais quoi, d'Élise ? Elle est morte à cause d'eux ! Qu'est-ce qu'il te faut de plus ?
- C'était la faute de Kendall, rétorqua Lina. C'est lui qui a ordonné votre exécution. Pas les gens du canyon.
- Les gens du canyon ont voté pour Kendall, riposta Kate, déclenchant des murmures approbatifs dans l'assemblée. Ils ont voulu ça. Ne viens pas me dire le contraire.
- Peut-être que ça se serait mieux passé si tu n'avais pas faussé les élections... » lâcha alors Joshua.

Il avait parlé à voix basse, mais suffisamment fort pour que tout le monde l'entende. Kate lui lança un regard assassin et ouvrit immédiatement la bouche pour répliquer, l'air irritée :

« Un problème, Joshua ? Tu crois que tout ça est de ma faute, peut-être ?
- Je dis juste que tout le monde là-bas n'est pas comme Kendall, c'est tout. Il y a encore des gens bien au canyon.
- Facile à dire, pour un humain, lança Benjamin.
- Pardon ?! Répète-moi ça ? » s'exclama Lina.

La jeune fille s'approcha de l'hybride Nidorino, le regard furieux. Elle s'apprêtait à lui adresser une réplique des plus fleuries lorsque Thrak lui saisit le poignet avec fermeté. La poigne de fer du géant lui tira une grimace de douleur et elle s'arrêta net, à un mètre de Benjamin, fulminante. Elle fixa le cobaye, qui lui rendit son regard noir.

« Du calme ! tonna le colosse. Tout le monde se détend.
- On est tous dans le même bateau, renchérit Amara. L'heure n'est pas aux disputes.
- Alors tranche, Thrak. C'est toi le chef, non ? A toi de décider. » rétorqua Benjamin.

Lina tourna la tête et lança un regard inquisiteur au colosse d'ébène, qui la lâcha après s'être assuré qu'elle n'allait pas gifler l'hybride Nidorino. Elle croisa les bras et attendit la réponse du géant au teint mat, s'attendant à ce qu'il refuse d'emblée. Avec horreur, elle constata qu'il se taisait, pensif.

« Ne me dis pas que t'es en train d'hésiter, là, Thrak.
- Silence, Lina, coupa le colosse. Pour l'instant, on va commencer par chercher ce qu'il pourrait rester dans le complexe.
- Même si on trouve de la bouffe, elle ne durera pas éternellement, objecta Kate.
- Alors on avisera à ce moment-là. Pour l'instant, tout le monde est sur les nerfs, et il se fait tard. Allez vous coucher. Je prends le premier tour de garde. Joshua, tu me relèves dans une heure et demie.
- Entendu. » opina l'adolescent.

La plupart des survivants grommelèrent mais s'en furent sans protester. Chacun retourna vaquer à ses occupations, ou presque. Kate et Amara suivirent Thrak près de la tôle ondulée qui barrait l'entrée de l'entrepôt, prêtes à poursuivre le débat. Lina s'apprêtait à les rejoindre quand Joshua lui fit signe d'approcher.

« Quoi ? » grommela l'adolescente aux cheveux auburn, encore irritée.

Il l'emmena un peu à l'écart des tentes en boitillant. Tout en le suivant, Lina se surprit à ressentir de la reconnaissance pour le garçon. Il l'avait aidée à sortir de l'infirmerie, le soir de la fuite, et à marcher jusqu'aux fourgons. Et ils venaient tous deux de s'opposer à la proposition de Kate, eux qui ne tombaient d'habitude jamais d'accord et s'engueulaient pour un rien. Joshua changeait vraiment, après tout.

« Merci, pour tout à l'heure, lâcha Lina une fois qu'ils se furent un peu écartés des tentes.
- C'est du délire, son truc, déplora-t-il en secouant ses cheveux pleins de poussière ocre.
- Je comprends pas pourquoi personne s'y est opposé. Ils sont tous cons, ou quoi ?
- ... Lina, on n'est que trois humains, ici, commença Joshua.
- Et alors ? Ça te dérange ? grommela-t-elle, sur la défensive.
- Attends avant de me traiter de raciste. Ce que je veux dire, c'est que ces gens ont souffert bien plus que toi ou moins au canyon. Faut pas s'étonner qu'ils aient envie de leur rendre la pareille.
- Je sais bien... Mais faut qu'ils se rendent compte que s'ils font ça, ils s'abaissent au même niveau que les partisans de Kendall.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise... C'est humain, comme comportement, soupira Joshua.
- Pourquoi tu me raconte ça, au juste ? demanda Lina, bras croisés.
- Parce que t'as failli péter un câble toute à l'heure. On est en minorité, ici. Une minorité d'humains, les mêmes humains que ceux qui les ont stigmatisé au canyon. Mieux vaut éviter de leur donner des raisons de nous haïr nous aussi. »

~*~
Jade essuya la sueur qui perlait sur son front d'un revers de la manche. Écrasée par la chaleur, elle ôta sa veste et la noua à sa taille, ignorant les regards indiscrets des hommes de Saed qui fouillaient avec elle.

Depuis peu, elle avait été affectée à l'exploration des décombres de Salmyre. Les réserves des ex-détenus diminuaient, et s'ils avaient encore de quoi manger pendant quelques semaines, ils avaient dû sortir de leur cher hôtel de ville pour fouiller les quelques bâtisses qui n'avaient pas déjà été saccagées. C'était Saed qui avait donné l'ordre aux filles de participer ; ils avaient perdu trop d'hommes contre le groupe du canyon, et la main d'oeuvre manquait.

En tant qu'esclaves, les filles devaient donc, en plus des tâches ménagères habituelles, ramener quotidiennement un certain nombre de provisions. Le chef du groupe des détenus avait en outre mis en place un jeu cruel, auquel Jade refusait de perdre.

Tous les deux ou trois jours, les filles partaient explorer, une par secteur, chacune accompagnée d'un ou deux hommes de Saed pour la surveiller. Il fallait fouiller, et ramener un maximum de vivres dans un sac trop lourd pour elles. Après quoi l'on rentrait à l'hôtel de ville, et l'on comparait le butin.

Celle qui en ramenait le plus gagnait le droit de passer la nuit dans un lit - privilège incommensurable étant donné qu'en bonnes esclaves, elles dormaient d'habitude à même le sol.

Celle qui en ramenait le moins, en revanche, était mise à disposition des hommes pour la nuit, et écopait d'un traitement qui terrifiait Jade. Rien qu'en pensant à ce qu'avait enduré la première perdante, deux jours plus tôt, la jeune femme eut un frisson.

Saed avait eu l'idée de ce jeu cruel au début de la semaine. Amusé par son génie, l'homme se félicitait d'avoir trouvé un moyen de remonter le moral de ses troupes. Il fallait dire que les nombreux morts face au gens du canyon et la pénurie d'eau avaient mis les pillards sur les nerfs. Kendall n'était pas reparu, et ils ignoraient si le gamin qui les avaient mis en déroute la dernière fois avait été exécuté comme convenu.

Irrités, les hommes étaient devenus de plus en plus violents, et les filles en avaient fait les frais ; c'était horrible à dire, mais Jade se rendait parfaitement compte qu'en mettant en place ce jeu cruel, Saed les avait partiellement épargnées. Tous les deux ou trois jours, l'une d'entre elles faisaient les frais de la bestialité de ces anciens prisonniers, tandis que les autres bénéficiaient de quelques jours de sursis.

Voilà presque un mois que Jade était prisonnière de ces gens. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité. Le souvenir de son frère, tué par l'Arbok de Saed, était lointain dans son esprit, presque effacé par toutes les horreurs qu'elle avait enduré depuis.

Elle avait énormément pleuré les premiers jours ; mais à présent, elle se contentait d'endurer avec stoïcisme. Sa propre indifférence la surprenait ; son frère, qui s'était toujours moqué d'elle pour sa naïveté et son caractère chétif, aurait probablement été surpris de la voir aujourd'hui. Elle n'était pas plus courageuse, non ; seulement habituée à la folie de son quotidien. Ses longs cheveux bruns étaient désormais saccagés depuis le soir où un homme de Saed, saoul, s'était mis en tête de lui arracher des mèches entières pour s'amuser. La privation et l'activité physique avaient fait fondre ses kilos en trop, tonifiant ses muscles. Elle qui se trouvait auparavant un peu trop grosse arborait désormais une silhouette sèche, presque maigre, et ses traits jadis délicats s'étaient durcis.

« Il va faire nuit ! Magne-toi ! » grogna l'un des hommes de Saed.

Avec un sursaut, Jade s'extirpa de ses rêveries et revint à la réalité. Voilà une demie-heure qu'elle fouillait une résidence assez vaste, dont le luxe d'antan avait été ravagé par le Changement. Le sol de marbre était craquelé, et le toit s'était effondré par endroit. L'endroit, difficilement praticable, avait été fouillé, mais certaines pièces étaient intactes, la faute aux gravats qui barraient les entrées. Mais Jade était fine, et elle était parvenue à se glisser dans les pièces condamnées, au grand dam de ses deux accompagnateurs qui peinaient à la suivre.

Elle prenait soin de ne pas se soustraire à leur vue, de peur de ce qu'ils pourraient lui faire s'ils n'avaient ne serait-ce que le moindre soupçon sur son comportement. Elle avait ainsi fouillé la quasi-totalité de la bâtisse. Sa récolte avait été bonne ; le lourd sac de randonnée qu'on lui avait confié était presque rempli, et elle était relativement confiante : elle ne serait sûrement pas la perdante ce soir.

Avec une grimace, Jade se rendit compte que le sadisme de Saed était en train de miner la solidarité qui s'était installée entre les filles. Et pourtant, si elle voulait s'en sortir, elle n'avait pas d'autre choix que de jouer le jeu...

« Il me reste une chambre à faire, lança-t-elle doucement.
- Vas-y, mais dépêche. J'ai la dalle. » grommela l'homme qui la surveillait.

L'autre était lui aussi partit fouiller. Après tout, ils devaient eux aussi mettre la main à la pâte s'ils ne voulaient pas subir le courroux de Saed.

Avisant le soleil déclinant à travers un trou du toit, Jade se dirigea vers le fond du couloir, vers la dernière chambre. La porte de la pièce gisait au sol, arrachée de ses gonds. Une poutre barrait l'entrée. Le garde derrière elle grommela.

« Je passerai pas là-dedans. Vas-y, mais t'avise pas de te tailler, ou je t'abats direct.
- Je... Je reviens tout de suite. » bredouilla Jade.

Elle s'accroupit et passa tant bien que mal sous la poutre. Une fois de l'autre côté, elle se releva et épousseta son débardeur plein de poussière.

C'était une chambre d'enfant, ou d'adolescent. Un garçon, probablement. Les murs, peints en bleu, étaient couverts d'articles sur les Pokémon. Jada ramassa une petite bouteille d'eau qui traînait sur une commode et la fourra dans son sac. Au centre de la pièce se trouvait un lit large et couvert de poussière. Sur la table de chevet, la photo d'un enfant de cinq ou six ans qui enlaçait un Dracolosse en peluche arracha un soupir à Jade.

Elle remarqua alors le cadavre qui gisait derrière le lit, hors de la vue du pillard qui l'attendait. C'était celui de l'enfant. Ou plutôt, de l'adolescent. La photo était visiblement assez ancienne, car le corps que Jade avait sous les yeux était manifestement celui d'un garçon de quinze ou seize ans. Pas de doute possible : c'était bien le même que celui du cliché de la table de chevet. Le malheureux avait été écrasé par une autre poutre tombée du plafond, qui lui avait broyé le torse. Comme à chaque fois qu'elle voyait un cadavre, Jade eut une violente envie de vomir, mais se força à s'approcher du corps.

C'est alors qu'elle vit la Pokéball dans la main droite du garçon.

Son cœur s'envola. Elle jeta un coup d'oeil au pillard qui l'attendait. Il n'avait rien vu.

Discrète, Jade s'accroupit alors et glissa la Pokéball dans la poche de sa veste. Après avoir vérifié mille fois que la sphère ne dessinait pas de bosse suspicieuse sous le vêtement, elle se releva, dissimulant du mieux qu'elle le pouvait l'espoir fou qui venait de s'emparer d'elle.