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Des Illusions de Physalis



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» Auteur : Physalis - Voir le profil
» Créé le 23/09/2015 à 17:21
» Dernière mise à jour le 30/09/2015 à 17:36

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Chap.1 : Le fantôme aux cheveux bleus
Le métro n'était plus souterrain depuis plus d'une demi-heure, il avait pris de la vitesse. Magda regardait le paysage de champs, de collines et d'arbres sans vraiment le voir. Dans la voiture du train, il n'y avait maintenant guère plus de cinq autres personnes : une vieille femme qui tenait un livre jauni, une jeune mère dont les enfants ne tenaient pas en place et un homme qui souriait en fixant les têtes blondes turbulentes.
Magda elle ne souriait pas. Elle se sentait vide. Elle laissait les grondements et les grincements du métro emplir ce vide jusqu'au moindre interstice, de manière à ne plus rien ressentir. Le temps n'existait plus, pas plus que les autres vies qui partageaient la voiture avec elle. Et dans ce vide, dans ce rien, elle se pelotonnait pour se protéger de la peur. La peur de ceux qui se trouveraient, ou ne se trouveraient plus, au bout de la ligne. Elle en avait peur car elle avait honte. La peur ancestrale de l'enfant qui craint la rancune de ses parents après une bêtise.

"Dis Madame, pas vrai que c'est un Majaspic ? Hein Madame ?"
Les deux gamins plantés devant Magda se chamaillaient depuis longtemps, elle n'avait pas tout de suite compris qu'ils s'adressaient à elle. La faute au vide qui la coupait du monde et au "Madame". Pour ces enfants d'une huitaine d'années, elle était déjà une madame, une madame d'à peine dix-sept ans. Au cours de l'année passée, Magda avait fréquenté des adultes, travaillé, organisé, s'était forgé des opinions et des idéaux. Elle avait grandi mais elle était maintenant perdue comme une petite fille.
A l'enfant, elle répondit en secouant la tête. Enroulé autour de ses épaules, Nako, son Minidraco, somnolait la tête au pâle soleil.
"Ah tu vois, j'avais raison ! fit le garçon en donnant un coup de coude à sa soeur, ne tenant visiblement pas compte de la réponse de Magda. Moi plus tard, j'aurais un Majaspic, et pas toi !"
La file grogna et lui rendit son coup. Par-dessus son vieux magazine, leur mère jeta un regard désolé à Magda. Soudain il y eut une secousse : les enfants tombèrent l'un sur l'autre dans un braillement et la tête de Magda vint heurter la vitre. La douleur et les cris firent exploser sa coquille, un malaise l'enserra dans ses griffes. Magda ne voulait plus arriver et une boule d'angoisse grandissait dans son ventre à mesure qu'elle voyait au loin s'approcher les maisons d'Onora, dernier arrêt avant Autvalley. Elle ne se rappelait pas avoir été aussi angoissée depuis longtemps. Cela lui évoquait une chute depuis un arbre, mais qui se traînait en longueur, comme pour la faire souffrir plus longtemps.
Après le vide, le bruit. Une tempête de sentiments...non, juste une tempête. Il n'y avait pas réellement de sentiments, ils été broyés par les vents de sa panique avant même qu'elle ait eu le temps de les reconnaître. Magda laissa le décor se flouter, sans entendre le message diffusé par les haut-parleurs. Elle ne pris conscience de l'immobilité de la rame que lorsque le conducteur y entra.
"Mademoiselle, il faut descendre, c'est le terminus.
-Ah... mais nous ne sommes pas à Autvalley ?
-'Plus desservie depuis 4 mois. En revanche, 'doit bien y avoir une piste.
-Merci, mais ça ira."
Elle se leva, réveillant au passage Nako, puis sans faire attention au village, fila plein nord. Elle en sorti rapidement pour déboucher au milieu de champs à la terre gelée, puis au pied d'une petite colline boisée. Le froid la mordait, à chaque respiration de petits nuages blancs s'élevaient sous les cimes. Le Pokémon s'était réfugié dans la capuche de Magda sans même qu'elle ne s'en rende compte.



Comme toujours, elle contemplait les lieux, sacrés souvenirs d'enfance dans sa mémoire. Pour aller à une station de métro, la route était beaucoup plus courte directe en direction d'Autvalley mais souvent elle et ses parents prenaient la piste forestière jusqu'à Onora. Très souvent aussi elle explorait les environs avec Raph'. Avec du recul, elle réalisait qu'elle n'avait fait que cela durant son enfance : explorer, grimper, courir, jouer. Elle ne le regrettait pas.

Alors que Magda était encore bébé, ses parents et ceux de Raph' avaient décidé de changer de vie et s'étaient installés au bord d'une colline, entre deux bourgs paumés, à une bonne distance de la Boucle, le centre d'Unys. D'autres avaient suivis, mais la population du village improvisé n'avait jamais dépassé la quinzaine d'âmes. Raphaël, que tout le monde appelait Raph', était le seul autre enfant, de surcroît de son âge : lui et Magda étaient naturellement devenus amis, presque des frères et sœurs.
Pendant des années, ils avaient tenté de construire une cabane dans un arbre. Toujours en vain : ils avaient finis par comprendre que ce qui marche dans les livres ne s'applique pas forcément à la réalité. C'en était devenu un gag : "Alors, la cabane, ça avance ?". Ils ne s'en formalisaient pas. Après chaque échec, tous deux repartaient courir dans les bois, monter dans les arbres ou s'échapper à Onora qui faisait figure de métropole à côté de leur chez eux, et vue par leurs yeux d'enfants. Ils s'étaient passé tant de choses sur cette piste, en cris et en rire, en bruit de course effrénées ou en silence, mais toujours avec la présence rassurante de l'autre.


Magda avançait seule, en se battant contre son appréhension, dans un silence irréel. Elle imaginait ses souvenir se superposer à l'environnement, parfois elle s'arrêtait pour mieux les voir.
En sortant du couvert, elle surplombait de quelques mètres une petite clairière, occupée par des maisons de pierre et de bois sombre, qui débouchait sur les plaines Aut. Une bande terreuse parsemée de planches dans une vaine tentative de ressembler à un escalier l'y conduisit en pente douce. Elle ne pouvait marcher plus vite, pourtant elle était comme attirée par les constructions. Instinctivement, elle avait compris que les maisons étaient vides mais elle ne pouvait refréner sa curiosité, l'envie d'avoir sous les yeux une preuve de leur absence.
Ses parents. Lors de sa disparition, ils avaient dû être rongés par l'inquiétude, peut-être maintenant la croyaient-ils morte.



Magda poussa la porte qui n'avait pas de verrou, juste une barre que l'on fixait de l'intérieur la nuit pour empêcher les bêtes de rentrer. Une odeur de renfermé et d'humidité la saisie. La pièce n'était éclairée que par la lumière qui filtrait des volets. Dans ces éclats blanchâtres la poussière semblait s'amuser à remplir l'espace et à y danser. Magda n'entra même pas. Il était évident que la maison n'était plus habitée.
Elle était venue pour voir ses parents, pour mettre fin au mensonge, à leur ignorance. Pour apaiser leur souffrance, et la sienne. Mais la maison était vide.
Une partie d'elle-même en fut soulagée. Elle savait qu'elle allait devoir leur faire face, et ce moment la tétanisait.



Magda était partie, plus d'un an auparavant, en plein voyage, sans prévenir personne.
Ses parents le lui auraient reproché. Qui ne l'aurait pas fait ? Elle s'en doutait. Ce qui lui faisait peur, c'était de se heurter à cette souffrance, celle dont elle était responsable, celle de perdre son enfant, de s'inquiéter chaque jour, chaque heure, de regretter de l'avoir laissé, d'aller jusqu'à espérer simplement qu'il soit vivant. L'incertitude, le désespoir, une vie bouleversée. Magda n'avait pas envie de se retrouver juste en face de ses torts. Tout ce qu'elle pensait avoir déclenché de par son geste irréfléchi la rongeait, cependant, elle repoussait sa visite le plus possible.
Une autre partie de sa conscience, celle qui la faisait se voir comme une gamine perdue, réclamait ses parents, voulant leur dire : "Je suis là, je suis vivante, pardonnez-moi, je regrette". Si Magda était soulagée, elle savait que cela ne durait pas, et était également triste. Cela faisait trop longtemps que la petite fille en elle n'avait pas vu ses parents. Elle les avait perdus.



L'attente avant le prochain train se comptait en heures. Magda ignorait ce qu'elle allait faire, mais sûrement pas rester sur place frappée par le vent glacé. Elle n'osait pas pour le moment rentrer dans la maison où elle avait vécu. L'émotion lui broyait la gorge, elle n'en supporterait pas plus. Se préparant à aller s'abriter sous les arbres, elle aperçut une silhouette qui se tenait juste là où elle était passée quelques minutes auparavant. Magda la reconnu aussitôt et s'élança vers elle.

Raph' fut surpris de voir quelqu'un. Surtout que ce "quelqu'un" ressemblait beaucoup à Magda et courait joyeusement. Mais c'était impossible. On n'avait pas pu lui mentir. On n'avait pas pu lui dire que sa meilleure et seule amie était morte si ce n'était pas vrai. C'était tout simplement inconcevable. Alors cette personne qui courait, ça ne pouvait pas être Magda. Même si celle-ci le prenait dans ces bras, même si celle-ci avait la même intonation et le même défaut de parler trop vite et pas assez fort, même si elle avait le même manteau avec une fourrure de synthèse qui attirait l'électricité statique, même si sa longue chevelure était du même bleu azur.
Ses certitudes furent ébranlées lorsqu'il aperçut et reconnu Nako. Ça ne pouvait être que Magda. Mais alors... Il abandonna. Ne pas chercher à comprendre. Laisser l'improbable bafouiller, l'invraisemblable lui dire qu'il lui avait manqué, l'impossible lui répéter qu'il regrettait.
Raph' réussit à murmurer "Pourquoi ?". C'était le seul mot qui lui venait à l'esprit. Puis, avec difficulté, il en rajouta d'autres qui glacèrent Magda :
"Pourquoi t'es pas morte ?"

Elle s'attendait à tout, mais pas à ça. Qui peut s'attendre à ce qu'on lui annonce sa mort ? Choquée, elle ne put répondre qu'un "je ne sais pas" pathétique. Elle ne savait pas pourquoi elle n'était pas morte ! En d'autres circonstances, elle en aurait ri. Mais il lui semblait entrevoir que ces mots allaient changer sa vie. Un horrible et évident pressentiment.

Raph' s'écartait de Magda et respirait profondément pour tenter de se calmer. Les histoires de fantômes le laissaient de marbre. Voir celui d'un proche le paralysait.
"On a jamais retrouvé ton corps... Qu'est ce qui s'est passé ?
-Qu'est ce qui s'est passé quoi ? Quand ?
-La grande roue ! hurla presque le garçon. T'as oublié ?"
La grande roue. Enfin quelque chose qui lui parlait.
"Je ne suis jamais montée dessus et tu le sais bien. J'ai fait une connerie. Qu'est ce qui se passe, bon sang ! ?"
Raph' reculait encore. Sa respiration s'accélérait toujours. Calme toi, calme toi, pensait-il. Tu n'as pas le choix. Tu dois lui dire. Vite, avant que ta voix ne te trahisse.
"La grande roue. Tes parents sont montés dessus. Il y a eu un accident." Raph' plaquait inconsciemment sa tête contre son épaule droite, comme s'il ne voulait pas voir ce que ses mots allaient déclencher. Sa gorge se serrait, lui faisant mal.
"Ils sont morts"
Il recula presque en courant. Il lui importait peu que Magda les ait entendus, ou que le vent ait emporté ses mots. Il n'avait pas le droit, pas le droit de dire ça à une amie, une sœur. Au fond, il était fier et ça le dégoûtait. Fier d'avoir eu le courage de parler, de dire ce qui le faisait trembler. A côté de cela, aucune mauvaise nouvelle ne lui semblerait impossible à annoncer. Il n'aimait pas la mort. Personne n'aime la mort, mais lui la supportait encore moins.
C'est fait. Reprend-toi, reprend-toi. Il pleurait parce que tout lui revenait d'un coup. Toute la tristesse, l'incompréhension, la colère d'avant le deuil. Il pleurait et ne cherchait pas à se retenir, non seulement parce qu'il n'en avait pas la force, mais aussi plus parce que, depuis qu'il était petit, il avait toujours revendiqué son droit à pleurer, et rien ne le faisait plus enrager que d'entendre "les garçons ne doivent pas pleurer".
Il s'adossa à un arbre, planta ses mains dans les interstices entre les plaques d'écorces, bascula la tête en arrière et se força à respirer. Une odeur résineuse et humide l'envahi.

Magda savait maintenant pourquoi la maison était vide et le resterait. Pourquoi elle ne reverrait plus ses parents. Elle savait aussi qu'il y avait une lueur d'espoir au fond d'elle. Espoir absurde, voué à la désillusion. Mais il existait parce que c'était les mots d'un autre, et non pas ses propres yeux qui lui avaient appris la nouvelle. Consciente que cet espoir incoercible, celui de se réveiller d'un cauchemar, était le signe du déni, Magda pris une étrange décision, de celles qui n'adviennent que d'en d'extravagantes conditions, de remous émotionnels, et de surréalisme pourtant réel. Il fallait qu'on lui répète. Il fallait que quelqu'un d'autre lui annonce le décès de ses parents. Alors là, elle y croirait et cette espérance idiote mourrait.

Plongée dans un état latent, Magda suivit Raph' lorsqu'il posa la main sur son épaule et l'entraîna sur la petite piste. Dire qu'elle l'avait gravit en courant tout juste quelques minutes auparavant. Elle ne se sentait plus capable de rien faire. À nouveau le vide. Son esprit baignait dans une sorte de brume, humide et piquante. Cette fois elle ne fuyait pas la peur, mais ses émotions, et cette fuite était malaisée. S'il y a bien une personne qu'on ne peut fuir, c'est soi-même. Une porte s'ouvrit, comme à des kilomètres dans sa perception embrumée. On la fit asseoir et Magda resta là, sans se rendre compte du temps qui passait, jusqu'à ce que Raph' revienne. Ses parents entèrent à leur tour et eurent un choc en voyant la jeune femme. Complètement dans les vapes, celle-ci se laissait agripper, toucher, câliner sans réaction. Elle menait un combat intérieur qui requérait toutes ses forces, un combat contre elle-même et le désespoir.



Dérangé, lui, par l'empressement des adultes et un peu réchauffé, Nako sorti de sa cachette. Il était plutôt petit pour un Minidraco de son âge : il avait en effet appartenu à la mère de Magda qui ne l'avait jamais fait combattre. La jeune fille s'en était approprié l'entière responsabilité vers 9 ans, au côté de Raph' qui s'était vu offrir un Flotajou. Curieusement, le petit singe n'avait pas vécu longtemps et Magda se rappelait encore des larmes qu'avait versées son ami.
Son regard à elle aussi se voilait tandis que ses mains sur le corps lisse de son serpent. Autour d'elle on parlait mais elle se concentrait sur l'étrange sensation sous ses doigts. Elle aimait bien le caresser mais ne s'était jamais vraiment habituée au contact froid de sa peau.
"Magda ?"
La jeune fille leva vivement la tête, comme réveillée. Devant elle se tenait Diane, la mère de Raph'. La quarantaine, elle avait de grand yeux et de beaux et épais cheveux noirs que Magda passait de longue heures à coiffer et tresser petite.
"Magda ? Est-ce va aller ? Raphaël n'a pas été trop brusque ?"
Son fils, s'éloigna, honteux, et son interlocutrice se força à bouger la tête, sans trop se rendre compte de quel sens.
"Écoute... Je sais que c'est terrible ce qui t'arrive. Mais... tu es en vie. Rends-toi compte ! Ça aurait pu être pire. Nous t'avons cru morte et tu es là. En vie. Oui, en vie, et c'est tout ce qui compte. Tu entends ? Dis-toi ça. Il te reste nous, il te reste Nako, la maison... Il te reste ta propre vie à vivre. Courage Magda...Magda..."
Diane n'arrêtait pas de parler. Un long monologue s'instaura dans la maison, composé, s'il en existait, de paroles de réconfort et d'encouragement.
L'orpheline buvait les dires de l'adulte bienveillante et s'y accrochait comme à des bouées de secours qu'on lui lancerait pour l'empêcher de se noyer. Les paroles l'emplissaient et l'empêchaient de penser même si à présent des larmes ruisselaient sur son visage. Elle lui fut reconnaissante de ne pas évoquer directement le décès. Ses mots, son visage, son ton de voix suffisaient à répondre à l'inhabituelle requête silencieuse de Magda : elle ne ressentait plus le besoin impérieux qu'on lui répète que ses parents étaient morts pour y croire.
Diane, qui tenait la jeune fille en détresse par les épaules, se tut et souris lorsque celle-ci lui prit les bras.

Raph' sortit. Le froid ne le dérangeait pas, sachant qu'il ne supporterait pas plus longtemps l'ambiance, le silence juste troublé par la respiration difficile de tous les témoins de cette scène surnaturelle. Il se trouvait presque aussi confus et en colère qu'un an auparavant, quand on lui avait appris "le tragique incident". Stupide police qui réussit à tuer ceux qui vivent encore et stupide chose que le deuil : c'est quand on accepte leur perte que les morts reviennent. Peu à peu, cette colère prenait le pas sur le reste et effrayait le garçon. Il n'était même pas heureux de revoir son amie.


Quelques heures plus tard, Magda avait tout raconté. Son récit l'avait entraînée et elle s'était progressivement calmée.


Les deux enfants fréquentaient une classe à Hautvalley, bourg trop petit pour abriter une école. Les parents de l'adolescente avaient profité des vacances d'hiver pour rendre visite à des proches, une tante et une flopée de cousins que leur fille ne connaissait pas. Le trajet en métro avait été long et monotone. Le vacarme des roues et des mécaniques, secondé par les conversations des voyageurs toujours plus nombreux à l'approche de Méanville insupportait Magda. La vision des rues pavées de blanc éclatant, des néons qui coiffaient d'impressionnantes structures et des pavillons colorés ne l'égayait pas plus que le parc d'attraction qu'elle trouvait dénué d'intérêt.
Contrairement à ses parents, elle détestait la grande roue car elle souffrait de vertige. Et ses incessantes escalades sur les vieux sapins verts et bruns qui encerclaient son habitation ? Ce n'étaient que des escapades enfantines : pas besoin d'aller bien haut, être à deux mètres de hauteur suffisait largement pour échapper au méchant, ou au Pokémon particulièrement dangereux que jouait l'autre bambin. Et même lorsque la jeune et trop confiante fille avait dépassé sa peur pour impressionner son camarade, une chute particulièrement douloureuse l'avait rappelée à la réalité. Cette frayeur était là pour la protéger, avait-elle finit par penser, l'entendant chuchoter, dès qu'elle se manifestait, d'un ton moralisateur : "Si tu vas plus haut et que tu tombes, tu vas te faire très mal !".
Néanmoins, ce vertige restait une phobie, et, bien que consciente de l'absence de danger, jamais, jamais elle n'aurait accepté de monter de plein gré dans une nacelle s'élevant à plus de 40 mètres.
Ce jour-là, Magda avait bien vu l'envie de son père de remonter dans l'attraction : celui-ci en gardait un bon souvenir et l'occasion ne se présentait pour ainsi dire jamais. Sa fille insista pour ne pas le priver de se plaisir et se proposa de l'attendre au bas du manège. L'initiative fut appréciée et le couple pris place dans la file d'attente.
L'impatience gagna bientôt l'adolescente, d'autant plus qu'elle n'aimait pas la ville. Trop de lumières superflues, trop de bruits, trop de monde malgré le temps gris. En voulant se dégourdir les jambes, elle s'éloigna du seuil de la grande roue et se trouva prise en étau dans une foule tournée toute entière dans une même direction. Magda céda à la curiosité et, se hissant sur la pointe des pieds, elle put voir l'objet de l'attention générale.

Un petit groupe d'hommes et de femmes, tous vêtus de manière semblable - une sorte de tablier blanc décoré d'un blason recouvrant de longues manches bleues - s'activait. Certains avaient rabattu la capuche de leur uniforme, bleue aussi, pour se protéger du froid et portaient de larges gants. Ils finirent par tous s'aligner et devant eux apparut un homme, dont on ne saurait dire s'il était engoncé dans un embonpoint ou dans un amoncellement de tissus et de capes. Il se mit à parler et, pourtant sans micro, sa voix se fit entendre très clairement. Il subjuguait la foule par son charisme, mais surtout par le caractère inédit de son discours parfaitement rodé. L'adolescente n'était pas certaine d'avoir tout saisis, mais elle avait compris l'essentiel.

"La reconnaissance du potentiel des Pokémon passe par leur libération"

Magda ne se souvenait pas exactement de ces paroles, ni même de cette phrase en particulier. Peu importe, la team plasma avait sa réputation, même entre Onora et Autvalley. Elle se perdait en explications confuses pour justifier son geste, son départ précipité, essayant de se dédouaner en évoquant une impression subite qu'elle devait faire quelque chose de sa vie, qu'on ouvrait grand devant elle une porte qui risquait de se refermer à tout moment et que tout était parti d'une bonne intention.

Là, dans ce parc où l'air lourd pesait sur elle, où les drapeaux ondulaient paresseusement, une adolescente fatiguée s'était juré de tout faire pour ne rien regretter.

Certains appelleraient ça un coup de tête. Magda, elle, ne trouvait pas de mots. Peut-être parce qu'elle n'en avait jamais cherché.

Les combats. Elle en avait souvent entendu parler, car la pratique semblait être le seul sujet de conversation d'un petit groupe d'élèves d'Hautvalley. Ne les fréquentant pas - elle et Raph' restaient relativement en marge de la classe -, leur existence lui était presque sorti de la tête.
On disait souvent qu'un combat mené avec sérieux était le moyen le plus rapide pour approfondir le lien entre Pokémon et dresseur. Magda ne comprenait pas, elle trouvait ça cruel et soutenait que ce n'était pas le seul moyen. Pour preuve, elle arborait sur ses épaules son fidèle Minidraco, et répétait à l'envie qu'elle ne l'avait jamais fait combattre et se débrouillait très bien sans Pokéball.

Une sorte d'excitation jubilatoire l'avait saisie. Tout lui semblait évident. Machinalement, elle avait posé la main sur Nako. L'homme avait parlé de remettre en cause ses certitudes, mais c'était toute l'organisation de sa région qu'il fallait bouleverser. Les arènes, la Ligue, l'isolation des villes qui forçait les voyages dits "initiatiques", les métros de service grinçants tandis que les voitures de combats se multipliaient. L'hégémonie des Pokéball. La mentalité. Le défi lui plaisait certes, mais il lui semblait surtout essentiel.

Magda aimait prendre des initiatives, aller plus haut, et ici aucune phobie ne l'avait empêché de s'engager dans la team.
La grande roue entamait son triste et historique dernier tour lorsque le rassemblement quitta le parc, embarquant ses nouvelles recrues.



"Et j'y suis resté jusqu'à la dissolution, récemment."
A la fin du récit succéda le passage d'un ange. On entendait distinctement le vent qui s'escrimait à frapper les volets, s'insinuer et siffler dans les minuscules interstices qu'offrait la maison, distillant une ambiance froide et un peu glauque de longue soirée d'hiver.
Ni Raph' ni ses parents ne posèrent de questions superflues. Magda fut reconnaissante de leur absence de commentaire, cependant, elle croyait deviner ce qu'ils pensaient. Une honte brûlante lui tordait la poitrine et elle précisa, comme si une parole pouvait la racheter, qu'elle souhaitait se battre contre ceux qui avaient tous gâché, les sous-fifres de Ghetis qui le suivait dans sa quête démente de domination, les sages qui lui prêtaient encore allégeance et tous ceux qui avaient occulté leur sens critique pour les embarquer dans cette folie. Ce dernier point faillit lui rester en travers de la gorge.
L'amertume dans les yeux de Diane s'amplifiait :
"Te battre... Tu n'as que ce mot à la bouche..."
Elle fit une drôle de moue et continua :
"Heureusement qu'il y en a comme toi mais..."
L'adulte ne termina pas.


On lui offrit de passer la nuit sur place et Magda n'eut pas la force de refuser. Elle mangea sans s'en rendre compte, satisfaisant un besoin plus supposé que réel. Les mines tristes autour d'elle ne l'atteignaient pas. Elle avait atteint les limites, les effets du choc se faisaient ressentir. Sans sommeil, elle souhaitait dormir pour qu'un état secondaire lui vole ses émotions, lames qui déchirent son cœur.
Orpheline.

Allongée dans un lit improvisé, comme paralysée, les membres si relâché que cela l'effrayait, l'esprit tantôt en ébullition, tantôt glacé, la grande fille aux cheveux azurs trempés de sueur ne ressentait pleinement qu'une seule chose : l'air ambiant qui pesait sur elle. La poitrine broyée par une force inconnue, il lui était fastidieux de respirer. L'atmosphère était un manteau empoisonné, les particules volatiles autant de bombes qui fondaient sur son corps si amorphe qu'il en paraissait agonisant. Elle voulait paraître morte, détruite, faible. Au vu de ce qu'on lui avait annoncé, elle avait droit à son statut de victime. L'éther lui semblait un bon coupable.
Oh bon sang.

Ses pensées étaient complètement folles. Plus aucun filtre ne les retenait. Sa vision voilée par des larmes -des vraies-, ses pleurs qui la faisaient suffoquer et lui demandaient des efforts constants pour s'oxygéner, le bourdonnement dans ses oreilles... L'orpheline se maintenait dans une bulle, s'enfermant dans sa souffrance pour divaguer.
Magda pleurait et les autres l'entendaient. La bulle d'affliction ne se limitait pas à son corps mais englobait l'habitation entière. Le sommeil était un Graal et personne ne le trouva cette nuit-là.


Le lendemain matin, des cernes sous les yeux, Magda et Raph' prirent le chemin vers Onora. Le garçon se sentait incapable de raconter ce qui avait changé en un an. On ne raconte pas de souvenir à un fantôme. Tout comme il avait mis du temps à accepter sa mort, il n'arrivait pas à croire à sa nouvelle réalité. Et quand elle osa lui demander des explications, il en fut désarçonné et eut du mal à trouver ses mots.
"Tes parents... étaient le cœur de la communauté et... beaucoup de personnes ont déserté. Pareil pour Autvalley. Le village se vide. Ça t'explique pour le métro... Ça n'encourageait personne à rester, tu penses bien. En fait, aujourd'hui, il ne reste plus que mes parents, que je vais voir de temps en temps, les Nartal et Bruno."
Autrement dit, plus personne. Ceux qui étaient restés n'avaient plus aucunes attaches ailleurs dans la région. Mais les autres n'avaient pas su reprendre le flambeau. L'arrière-pays se vidait de ses habitants, Volucité et les villes de la Boucle formant un véritable aimant démographique.
Encore un coup pour la jeune adulte. Tout ce qui constituait son enfance, ce lieu connu et rassurant dans lequel elle voulait une dernière fois mettre le pied avant de s'élancer dans la vie autonome, tout cela, elle le trouvait abandonné et disloqué. Elle avait tout misé sur ses parents pour repartir sur de meilleures bases, comme s'ils détenaient un savoir universel, des réponses incontestables, inaccessibles autrement. Elle avait eu tellement tort.
Magda comprenait pourquoi Autvalley n'était plus desservie. Le monde avait tourné sans elle. Évidement.
Un an d'apnée et ce n'est que maintenant que tu respires.

Au fur et à mesure que le métro se rapprochait de la Boucle, les rames se remplissaient jusqu'à être bondées. C'était la cohue partout, sauf entre les deux amis. Silence.
Raph' n'avait posé qu'une question. Parmi toutes celles qui le tourmentaient. Peut-être qu'il les taisait parce qu'au fond, il ne voulait pas en connaître la réponse.
Il avait osé demander à Magda si elle avait participé à un de ces vols qui faisaient la réputation de la team plasma.
"Tu sais... les gens sont capables des pires choses s'ils sont convaincus qu'ils servent le bien. Ne les juges pas trop durement."
Grillée. Plus grillée que ça... Elle se reposait sur le "ne les juges pas trop durement" et sur l'amitié que lui portait le garçon pour ne pas être vu comme une folle, une faible... Pour ne pas qu'elle soit responsable d'un trop fort sentiment de trahison. Mais elle ne pouvait se soustraire à son jugement. Elle y passerait. Même la plus forte des amitiés ne pouvait pas absoudre toutes les fautes.

Magda pensa alors à ce qu'elle leur avait caché. Elle s'était présentée comme une victime alors qu'elle était une voleuse. Cette année l'avait transformée. Il aurait mieux valu qu'il n'en fût rien.
Ce qu'elle avait passé sous silence. Celui qui les entourait. Une chape de non-dit, d'étrangeté.
Magda avait compris. Le garçon à côté d'elle, ce n'était plus que Raphaël. Raph' avait disparu. Elle connaissait beaucoup de choses sur lui, en avait énormément partagé, pouvait citer plusieurs dizaines de souvenirs. Mais il n'y en aurait pas d'autres. Elle avait compris en le regardant dans les yeux. Raphaël la voyait comme une apparition intangible, un objet pouvant se briser, une présence à manier avec précaution sous peine de la voir se volatiliser. Elle était irréelle, la personnification de son enfance soudain vivante, une vieille image qui s'anime et parle. Il ne l'avait plus appelée par son prénom. La Magda qu'il connaissait était morte. Ce prénom appartenait au passé.
Oui, elle n'était pas tout à fait la même. Oui, elle avait gagné en audace. Mais elle se surprit. La théâtralité des adieux étonnait la comédienne.
"Raphaël. Je suis morte pour toi. Tu as fait le deuil. Je ne peux pas te gâcher ce travail. Tu as dû apprendre à vivre sans moi, et à ces mots elle eut un petit rire. Oui bien sûr qu'on peut vivre sans moi. Alors, je ne vais pas te hanter. Je vais partir, vivre ailleurs... Je ne suis qu'un souvenir de passage. Oublie ma vie, garde tes souvenirs, ton enfance... Au revoir."
Elle fit quelques pas en arrière sur quai avec la sensation d'avoir oublié quelque chose.
"Merci !"
Voilà. C'était parfait maintenant.
Elle se retourna et se mit à courir, autant pour que Raph' ne la rattrape pas que pour quitter la ville anxiogène.
Ils avaient pris le train du matin, mais déjà Méanville grouillait, les néons clignotaient toujours. Une fourmilière qui l'étouffait un peu, bien qu'elle ne soit pas agoraphobe.
Être dans cette ville lui rappelait évidement ce qu'elle avait osé un an auparavant. Elle se souvenait d'avoir vu, peu après être descendue du métro, un garçon courir, sortant d'on ne sait où, portant un Chacripan dans ses bras. Le visage tordu par l'inquiétude et le corps relâché du Pokémon inconscient : c'était l'image de la tristesse dans la ville joyeuse et brillante.
Magda était persuadée, et ce n'était pas sans une pointe de vertige, que la vision l'avait poussée à s'engager pour la team. Si elle n'y avait pas prêté attention, ou juste regardé dans une autre direction, sa vie aurait-elle été différente ? Elle ne serait peut-être pas en train de fuir son meilleur ami.
Mais elle aurait vu l'accident. Entendu un bruit affreux. La vieille grande roue. Elle allait être démontée pour faire place à une neuve. C'était ses derniers tours. Ils étaient de trop. Et le chaos de ferraille de s'effondrer dans les faux bassins, dans les arbres, sur les bâtiments, le sol en asphalte... Une négligence impardonnable. Mouais. Les excuses ne valent rien quand il y a mort d'homme. En attendant, une nouvelle roue, encore plus haute, plus grande, plus laide tournait. Des gens s'amusaient là où d'autres avaient péri. Magda se remit à courir, dégoûtée.



Air froid et sec, poussière, vieilles pierres, préfabriqués. Boulevard, béton, gratte-ciel, quais, odeur de mer et de gasoil. Un pont, majestueux, prolongeant par son armature la géométrie de Volucité. Midi, ciel gris, bourrasques glacées. Une forêt traversée par une longue route d'asphalte, que de rares touristes longeaient. Magda ne voulait pas les voir. Telle une ermite, la perspective de croiser quelqu'un la rebutait. Elle coupa à travers les arbres, loin des chemins de randonnée, sans but, sans savoir où aller ni quoi faire. C'était ses folies, ces choses inexplicables qui lui faisaient se demander si elle était tout à fait normale.

Le monde est fou. Tu n'as pas besoin d'être besoin d'être normale.

Depuis la veille, elle voulait plus réfléchir alors elle cherchait des excuses à ses actes (et son statut de nouvelle orpheline lui en procurait une parfaite) comme si quelqu'un l'épiait pour aller les divulguer à.... à qui ? Elle n'avait presque plus personne. Peut-être Nako, mais c'était un Pokémon. Elle avait besoin de contact humain. Toujours est-il qu'au moins lui, qu'elle caressait distraitement, ne la jugerait pas.

Arrête toi et écoute.

Dans tous les romans qu'elles avaient lu, les héros en difficulté se posaient dans un bel endroit, aiguisaient leurs sens et réfléchissaient. En général, il y avait une longue description des lieux et, à son terme, la solution jaillissait de leur esprit reposé. Mais là, c'était toujours les mêmes bruits, la même forêt qu'elle traversait depuis plus d'un quart d'heure. Et puis des bruits de courses et d'autres plus étranges se firent entendre.

Le temps que Magda trouve leur provenance (ils semblaient venir de partout autour d'elle), ils se rapprochèrent et se détacha du reste des couinements et un souffle rauque, effrayant. Pas humain en tout cas. Après les bruits vinrent des présences. Une, vive, furtive et probablement animale échappa de peu à la vigilance accrue de la fille. L'autre, moins rapide et visiblement essoufflée, celle d'un homme, se figea lorsqu'il la vu et parut une seconde aussi surpris qu'elle. Il murmura aussitôt quelques mots au Miradar à ses pieds. Ses yeux globuleux captèrent et retinrent l'attention de Magda, l'empêchant d'observer plus en détails son dresseur. Sa perception des alentours se gaucha puis se tordit complètement avant de s'effacer. Magda dormait quand elle heurta le sol lourdement.



Moins d'une heure plus tard, lorsque l'endormie émergea lentement, ses muscles l'élançaient et son corps était parcouru de tremblements dû au froid. Le sommeil provoqué par l'hypnose se révélait plus assommant que reposant. Ne sentant plus son sac, elle tourna la tête vers la droite, d'où venait des frottements. Sa besace avait été tirée et son contenu éparpillé par un animal ou un Pokémon, très probablement par celui qui, ayant croisé son regard, s'était statufié et la fixait les yeux écarquillés. Il illustrait parfaitement l'expression "être pris la main dans le sac" mais, à défaut de mains ou de pattes, c'était le nez dans la poche à baies que Magda surprenait la créature.

Elle présentait un museau allongé, des pattes avant un peu courtes terminées par trois griffes rouges, un corps svelte et recouvert d'une fourrure noire et grise. Une épaisse crinière, noire aussi et piquée de rouge, prenait naissance au milieu de son front et se prolongeait, frôlant le sol.

Des yeux étranges, bleus, rivés sur Magda, semblaient capables de la comprendre. Ils n'étaient pas ternes comme ceux qui n'avaient jamais vu les humains, ils avaient l'éclat, cet éclat qui les rend vivants, intelligents, capables de percevoir des choses qu'on ne soupçonnait pas. Il était si fort qu'il s'apparentait à une lueur d'humanité.

Le Pokémon, qui dégageait une aura mystérieuse, se lécha des babines rouges et s'enfuit d'un puissant bond après avoir jeté un regard insondable à Magda. Celle-ci resta immobile un moment, essayant de graver dans sa mémoire cette image nouvelle et fascinante. Elle se mit à bouger, ses articulations craquaient et elle chercha un instant son équilibre une fois debout. Son sac fut vite rangé, tout comme le sachet de baies : il n'en restait rien de récupérable. C'est en se faisant cette réflexion que la fille perdue au milieu des bois se rendit compte qu'elle était seule. Ses épaules étaient légères, Nako nulle part en vue, lui qui ne la quittait jamais.

Elle se rassit. Quitter la forêt ne serait pas un problème, mais elle se refusait à le faire sans son compagnon. La dernière chose qu'il lui restait.

Tout partait, tout. Comme si un esprit malin s'amusait à lui retirer tout ce qui comptait. Magda l'imaginait savourer son désarroi et s'esclaffer, le doigt tendu vers elle, d'un rire sardonique et sadique qui le pliait en deux. Cruelle chose que certains nomment destin.

Elle ramena ses genoux contre sa poitrine pour tenter d'étouffer sa panique et l'impétuosité de son cœur puis ferma les yeux, concentrée sur sa respiration.

Lasse de tout. De réagir. Rester prostrée. Elle allait rester ici. Oui. Elle se berça et essaya de faire le vide. Toujours ce fameux vide pour ne pas souffrir.

C'était la meilleure solution. Attendre le miracle. Qui eut lieu.



Le bruit, le même, comme si elle revivait cet instant qui datait déjà de plusieurs heures (elle n'avait pas vu le temps passer, ou du moins, n'avait pas voulu le voir). La créature réapparut. Debout cette fois. La surpassant de taille, les poils luisants. Majestueuse. Elle tenait quelque chose dans sa gueule qu'elle déposa au sol et fit rouler d'un coup de patte vers Magda. Une Pokéball.

L'ancienne membre de la team plasma essaya de l'imaginer, avec un pincement au cœur, réduite à l'impuissance dans une minuscule balle de métal. Elle lui souhaita de ne pas subir ce sort bien qu'elle ne doutait pas de ses capacités : sa souplesse et sa discrétion étaient de bons atouts pour éviter la capture. Elle disparaissait déjà derrière les arbres.

Magda se saisit de l'engin et l'observa attentivement, se demandant pourquoi un Pokémon si sauvage lui confiait une Pokéball telle une offrande. Elle enclencha le mécanisme d'ouverture presque fébrilement, comme si s'apprêtait à en sortir l'explication claire et limpide du phénomène.

La lumière et le léger recul surprirent l'humaine qui n'en avait pas l'habitude. Puis apparut à ses pieds, visiblement secoué, un Minidraco. Nako. Évidement.



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Bon voilà, le premier chapitre de ma première fanfic' pokémon. Il est bien bossé, ça fait des mois que je suis dessus (oui, j'écris à deux à l'heure). J'espère que ça se voit et que c'est bien. Encore désolée pour les fautes, ma capacité de relecture est proche du néant.N'hésitez pas à me les signaler.

Dites-moi si j'en ai fait trop. Parce que je ne sais pas ce que j'ai avec les parents, mais c'est mon deuxième projet d'écriture et c'est la deuxième fois que je les fais mourir au début...

Papa, Maman, si vous tombez là-dessus.... j'vous aime hein ! :D