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Checkmate de Kazuuya



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» Auteur : Kazuuya - Voir le profil
» Créé le 22/09/2015 à 20:16
» Dernière mise à jour le 22/09/2015 à 20:16

» Mots-clés :   Action   Aventure   Présence d'armes   Suspense

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04 : Un verre à moitié vide est un verre à moitié plein
"- Tout le monde a besoin d'un hobby.
- Le vôtre, c'est quoi ?
- La résurrection."
(James Bond et Raoul Silva, Skyfall)



- Pour qui elle se prend, celle-là, à décider de tout... quelle chieuse !

Juliet marchait au même rythme que Ben, amusée par ses remarques vis-à-vis de Vesper. Elle non plus n'appréciait pas l'attitude de leader qu'adoptait la brune, mais mieux valait ne pas trop se diviser pour le moment. Survivre avec des ennemis était plus difficile que survivre sans. La jungle était extrêmement dense, les arbres exotiques laissant à peine filtrer la lumière du soleil, ce qui la rendait ainsi plutôt sombre. Ce ne serait donc pas aisé pour eux d'accomplir leur tâche, à savoir récupérer des fruits et éventuellements repérer des Pokémon à chasser.

- Je sais pas ce que vous en pensez, Juliet... mais manger des Pokémon, ça me tente pas trop. Là d'où je viens, cette pratique est strictement interdite...

La blonde haussa un sourcil et s'arrêta pour demander des explications plus poussées à son compagnon de route.

- D'où venez-vous ?
- Johto. Vous savez, leur gouvernement est très pointilleux là-dessus. Les Pokémon, c'est pas de la bouffe, point barre. Du coup on est obligés d'importer... comment appelez-vous ça... des animaux ?

Juliet hocha la tête. Alors comme ça, manger des Pokémon était interdit dans les régions d'où, justement, ils venaient ? Les hamburgers à base d'Ecrémeuh, ça n'existait pas dans leur pays ?

- Il faut croire que les cultures sont différentes, à travers le monde, finit par répondre la trentenaire avant de recommencer à marcher.

Ben, perplexe, pencha légèrement sa tête sur le côté, puis reprit bien vite sa marche. Ils n'avaient pas de temps à perdre. S'ils voulaient survivre, rester organisés était essentiel. La progression était lente et éprouvante, le duo devant serpenter entre de nombreux arbres imposants, éviter les Piafabec qui prenaient un plaisir monstre à déverser leurs fientes sur eux et s'abreuver régulièrement pour ne pas finir aussi déshydratés que des raisins secs.

- Arrêtez-moi si je me trompe, mais... on a pas croisé beaucoup de Pokémon, depuis qu'on a commencé à explorer, observa le blond.
- C'est vrai, je suis surprise aussi. Peut-être que cette île est, à l'exception des Pokémon volants, vide de faune...
- Je suppose que les Piafabec, ça se mange... pas très nourrissant, par contre.

Juliet haussa les épaules et, ayant entendu un bruit, se releva en hâte. Ben l'imita et tous deux se lancèrent dans la direction d'où venait le son. Après avoir parcouru une cinquantaine de mètres et découvert le pourquoi du comment, leurs yeux devinrent ronds comme des balles de ping-pong.

- J'y crois pas... commença le jeune homme.
- ... des Ecrémeuh ! compléta sa compagne.

La première pensée qui leur vint à l'esprit - avant même la question "Mais que font des Ecrémeuh ici, bordel de merde ?" - fut la suivante :

- Trop génial !

Il fallait croire que ces deux-là n'étaient pas aptes à réfléchir comme toute personne sensée. Peut-être parce qu'ils étaient un peu spéciaux, en fait. Juliet allait envoyer son Torterra au combat mais Ben l'arrêta net.

- Réfléchissez, si on veut avoir une chance de les tuer et de les ramener, il faudra être plus nombreux que ça. Et si on leur fait peur, c'est certain qu'ils ne reviendront pas ici !

La trentenaire acquiesça. Son raisonnement se tenait, effectivement. Perdre leur meilleure nourriture avant même d'avoir pu y goûter, ce serait bien dommage. Le jeune homme tourna les talons et s'éloigna, bientôt imité par Juliet. Ils étaient déjà chargés de fruits, autant ramener leur butin au point de rendez-vous...


* * *


Nina Simone - Sinnerman

NdlA : musique que j'écoutais au moment d'imaginer ce flashback. :)


Le jeune homme soupira puis fourra le dernier objet qui le rattachait à ces lieux dans son carton. C'était difficile de quitter un endroit où l'on se sentait comme à la maison, mais après cette histoire, il était obligé. Ce qui était certain, c'est que les laboratoires de recherche Axis lui manqueraient.

- Attends, Finch !

Ben leva les yeux vers celui qui l'avait appelé, puis soupira.

- Salut, Connolly...
- Tu sais, ç'a été un plaisir que de bosser avec toi pendant ces trois ans. Tu nous manqueras. Surtout à moi.

Le blond esquissa un sourire et donna une tape amicale à Connolly. Puis il enfila sa veste, prêt à partir, son carton chargé dans les bras. Il détestait les adieux, d'ordinaire, mais là, c'était encore pire que ce qu'il avait pu imaginer auparavant. C'était comme faire une croix sur sa vie. Presque.

- Je dois y aller, je suis désolé.

Connolly acquiesça, un sourire poli aux lèvres, et lui tendit sa main, que Ben serra vivement.

- On se reverra, Finch. Je t'appellerai.

Ben hocha la tête, un tantinet revigoré à l'idée de pouvoir rester accroché à un élément, si infime soit-il, qui le liait à son lieu de travail. Revoir son collègue et ami lui permettrait peut-être de mieux vivre toute cette histoire. Seulement, il n'entendit plus jamais parler de Jonathan Connolly.



* * *


Robbie, ayant récupéré de grandes feuilles de vieux papier dans l'épave d'un petit bateau, à environ deux kilomètres du point de rendez-vous, prit une initiative, et pas des moindres. En effet, il s'occuperait, en tant qu'architecte, de dessiner des plans, pour construire des habitations simples mais résistantes. Dormir à la belle étoile, c'était bien sympa, mais il y avait des limites. C'est vrai, quel genre de masochiste, même d'un niveau extrême, passerait la nuit dans une jungle, probablement entouré de bêtes féroces ? Assurément aucun.

Le problème du support était réglé, mais un autre se posait : celui de l'outil utilisé pour écrire. Il avait bien essayé, mais le seul stylo qu'il trouva, appartenant à Seth, ne dura pas bien longtemps. Le brun serait donc forcé de remettre ses activités à plus tard. Ce qui le dérangeait au plus point. Se sentir inutile était une émotion que personne ne souhaiterait connaître, il en était quasiment certain.

- Vous savez, c'est gentil de vous proposer pour faire ça, mais... on y arrivera bien, avec ou sans plans, le rassura gentiment Seth.
- Bien sûr, mais vous comprenez, je me sens inutile, et ça me rend dingue. Ne servir à rien alors que tout le monde se donne à fond pour aider, c'est un peu...
- Alors faites autre chose. Quelque chose qui vous donnera l'impression d'être utile.

Sur ces paroles, l'avocat américain se leva. Robbie médita longuement ces paroles, impressionné par la capacité du blond à rassurer des gens. Il en avait bien besoin, de toute façon, alors remercier Seth ne serait pas du luxe. Il se promit de le faire, la prochaine fois que tous deux discuteraient.

Trop absorbé dans sa contemplation presque obsessionnelle de la mer, le brun ne remarqua pas le jeune homme qui s'était assis à côté de lui.

- Eh, je vous parle.
- Qu-qu-quoi ? bredouilla Robbie, surpris.

Wallace secoua la tête et lui expliqua la situation. En tant qu'étudiant spécialisé dans les arts, il avait été relégué à une tâche des plus ingrates et compliquées : cartographier l'île. Ce qui ne lui plaisait pas des masses.

- J'sais pas ce qui tourne pas rond chez madame Vesper, elle a distribué les rôles comme on distribue des cartes au poker ! Je suis étudiant, pas géographe...
- Vous marquez un point... souffla le plus vieux des deux. De toute façon, cette femme est bizarre. Je ne serais même pas étonné si un jour elle avait été une junkie...

Et en cet instant, Robbie ne savait absolument pas à quel point il avait raison.


* * *


Coupant chaque branche qui l'empêchait de progresser plus avant dans la jungle à l'aide de son couteau de chasse, Vesper commençait à fatiguer un peu. Son Grahyèna marchait à ses côtés, prêt à la soutenir si par malheur elle venait à s'effondrer. Sa tenue n'était pas franchement adaptée à l'activité qu'elle pratiquait, mais elle ferait avec les moyens du bord. Pas le choix, de toute façon.

Un cri attira son attention. Elle l'identifia comme était celui d'un Nirondelle, et tenta bien vite de le repérer. Comprenant qu'elle ne retrouverait jamais sa trace facilement, la française décida de faire appel à son Pokémon.

- Utilise Flair pour le répérer !

Le canidé s'exécuta et commença à sonder son entourage pour retrouver sa cible. Pas à sa droite, ni à sa gauche... ah, trouvé. L'oisillon voletait difficilement, l'air épuisé, assez haut puisqu'au niveau des cimes les plus basses, qui devaient déjà se trouver à dizaine de mètres du sol. Il était affaibli, parfait. Vesper sourit et se tourna vers le chien noir, qui n'attendait qu'une chose : un ordre de sa maîtresse.

- Achève-le avec Vibrobscur !

Grahyèna obéit et d'un bond impressionnant, se lança en direction de sa victime, pour lui infliger des dégâts à distance, faisant chuter le Nirondelle au sol. Vesper se précipita vers l'oisillon pour vérifier son état. Mort. Elle soupira et récupéra le corps inerte, que le canidé observait avec envie.

- Tu auras ta part, toi aussi. Seulement, nous devons chasser pour nourrir tout le monde, alors pour le moment, au travail.
- Grah ! approuva le Pokémon Ténèbres.

Satisfaire, la brune reprit sa marche, bien qu'épuisée, à la recherche des autres créatures qui auraient l'honneur de faire partie du dîner.

Lorsqu'elle rentra au "campement", uniquement composé d'un feu alimenté par le Salamèche de Seth, quatre oisillons en mains, ses compagnons d'infortune la regardèrent avec des yeux ronds. Surpris, mais agréablement.

- C'est une tueuse en série, j'en était sûr ! souffla Ben.
- Oh ça va toi, elle nous ramène à manger, tu pourrais être reconnaissant... répliqua Keira.
- Arrêtez donc de vous disputer et prônez la paix dans le monde, d'accord ? suggéra Juliet, bien que réticente à l'idée de s'immiscer dans leurs querelles.

Vesper ignora copieusement les deux qui se disputaient et rejoignit le groupe auprès du feu, prête à faire cuire le dîner. Pas le temps de dépecer convenablement, et puis de toute manière, elle ne souhaitait pas se séparer de son couteau. Cela signifierait se donner un handicap, étant donné qu'elle ne posséderait plus aucune arme pour se défendre. Même si elle pouvait compter sur Grahyèna, cette perspective lui déplaisait fortement.

Tous semblaient apprécier leur dîner. Ou du moins ne s'en plaignaient pas. Après tout, un peu de viande et des fruits, ça nourrissait relativement bien. Malgré la taille ridicule des proies rapportées par Vesper, cette première journée de survie improvisée se terminait plutôt bien. Une nuit à la belle étoile refroidiraient certainement très vite ceux qui n'étaient pas encore totalement paniqués...


* * *


Ben vivait plutôt bien la perte de son travail, au final. Un peu trop bien. Il n'avait plus revu Connolly, mais ça lui semblait presque sans importance. Attablé avec un groupe d'amis dans l'un des restaurants les plus prisés de Doublonville, il savourait ce moment de pure détente autant que le vin hors de prix qui avait élu domicile dans son verre.

- Et tu sais ce qu'il m'a dit, après ?
- Tu connais pas la dernière ! Il paraît qu'un bouffeur de Pokémon a été arrêté y'a quelques heures !
- Non, vraiment ?!

Le brouhaha ne lui plaisait pas franchement, en revanche. Ayant l'habitude du silence, étant donné que son travail n'exigeait pas d'être bavard, il se sentait étrangement mal à l'aise. Paradoxal. Il allait bien, était détendu, mais en même temps, il avait envie de partir. Il ne vivait peut-être pas si bien que ça cette histoire, en fin de compte. Qu'est-ce qui le retenait, de toute façon ?

Lassé, les tympans complètement explosés et la migraine naissante, il se leva, attirant le regard de son groupe d'amis.

- Ben, tu vas où ?
- ... aux toilettes... marmonna le concerné, excédé.

Pas de réaction de la part des autres. Alors le blond s'en alla, laissant son verre de vin à moitié vide, à moitié plein.



* * *


Le lendemain, après avoir passé une nuit atroce, Keira, assise sur le sable, très proche de l'eau, regardait au loin, dans l'espoir vain de voir arriver un bateau. Mais elle le savait, c'était comme de trouver un oasis en plein milieu du désert : il y avait très peu de chances.

- Vous ne devriez pas rester prostrée, vous savez.

La rouquine leva les yeux vers le trentenaire aux cheveux blonds qui venait de s'asseoir à ses côtés. C'était qui, lui, déjà ? ...ah oui, l'avocat. Elle avait oublié son nom. A vrai dire, peu lui restaient en mémoire. Le bruit des vagues venant s'échouer tout près d'eux lui procurait une sorte d'apaisement, elle ne saurait pas dire pourquoi. Bien que la présence de Seth la dérangea au premier abord, elle ne trouva finalement pas le courage, ni la force de s'en aller. Sans compter sur sa jambe qui la faisait toujours souffrir. Légèrement moins que la veille, mais toujours quand même.

- Est-ce que ça va ?

L'étudiante plissa les yeux.

- Votre jambe. Est-ce que ça va ?

La question se posait-elle vraiment ? Elle avait toujours son bandage, elle marchait le moins possible, elle bougeait même relativement peu. Donc ça lui semblait évident que non, ça n'allait pas. Par souci de politesse, elle répondit quand même. On l'avait tout de même éduquée, il ne fallait pas penser le contraire.

- Mieux qu'hier, c'est certain.
- Content de l'apprendre. Et psychologiquement, vous tenez le coup ?

Pour qui il se prenait, celui-là, avec toutes ces questions ? Il était psy, ou quoi ? ...ah non, avocat. Vu comme ça, il semblait juste s'inquiéter pour elle, mais tout de même... il semblait étrangement normal pour quelqu'un de perdu Arceus sait où. Enfin, elle n'avait pas à se plaindre, au moins, elle était vivante. C'était mieux que d'être six pieds sous terre.

- Je me sens inutile, vous voyez... avec ma jambe, je ne peux rien faire. Même si je le voulais, aider serait plus une corvée qu'autre chose dans mon état, souffla Keira.

Seth hocha la tête. Il se souvint avoir eu une conversation similaire avec Robbie, la veille. Il voulait la rassurer, mais ne savait pas franchement comment s'y prendre. D'autant plus que s'il en croyait Ben, elle avait mauvais caractère. Enfin, qui ne tente rien n'a rien.

- On a tous des moments de faiblesse, mademoiselle Lloyd.

La rouquine tressaillit à l'entente de son nom. Etait-elle la seule à ne pas avoir retenu tous ceux des autres ? Elle ne s'en préoccupa que peu, histoire de réfléchir à la situation. Certes, il avait raison, tout le monde a des moments de faiblesse. Mais elle ne le supportait pas. Cela lui faisait mal, de rester à ne rien faire, tandis que tout le monde se tuait à la tâche. Elle voulut tout de même remercier Seth, mais celui-ci s'éloignait déjà en direction du point de rendez-vous. Mince, alors, il était compliqué, ce type.


* * *


- Ah... c'est bien plus compliqué que prévu, de construire des abris... souffla Wallace en observant la structure sommaire que Robbie et lui avaient déjà mise en place.

L'architecte hocha la tête, d'accord avec l'étudiant, et fit signe à Juliet et Vesper, qui leur rapportaient du bois en provenance de la jungle. Travailler en équipe était plus efficace, néanmoins, ça ne devenait pas simple pour autant. La blonde, arrivée à la hauteur des deux hommes, laissa tomber sa cargaison de bois, de même que la brune.

- J'espère que vous saurez en faire quelque chose, histoire qu'on ne sue pas sang et eau pour rien ! plaisanta Juliet.
- Pour tout te dire, je l'espère aussi...

Vesper regardait, silencieuse, ce qu'ils avaient déjà construit. En y ajoutant quelque chose faisant office de toit, ils pourraient se protéger de la pluie, même si l'abri resterait probablement ouvert sur l'extérieur. Elle eut une idée et, sans crier gare, se mit à courir, longeant la plage.

- Bah, quelle mouche l'a piquée ? s'étonna Wallace.
- Allez savoir... soupira Juliet. Cette femme est gaie comme une porte de prison, c'est hallucinant !

L'étudiant ne put qu'approuver, ayant eu affaire à la française plus longtemps que les autres. Et lui, il l'avait vue brandir un couteau sans hésitation vers un parfait inconnu. Il en tremblait encore. Ouais, Vesper Malone était clairement flippante. Voyant Juliet repartir, il se remit au travail, soucieux de dormir abrité, histoire de ne pas se retrouver couvert de sable le lendemain matin. Tout le monde avait passé une nuit atroce et, assurément, personne ne voulait le revivre...

- Cette Vesper... j'ai honte de l'admettre, mais elle me fait peur... souffla Robbie.
- Vous ne savez pas à quel point vous avez raison ! admit le jeune homme britannique.

L'architecte haussa un sourcil, perplexe. Voyant que son acolyte se concentrait sur le travail, il ne s'en préoccupa plus. Cela attendrait un peu, ils avaient plus important que ça à l'esprit...


* * *


Ben se leva tard. Comme tous les jours depuis qu'il n'allait plus au travail, d'ailleurs. L'avantage qu'il trouvait à la perte de son emploi, c'était cette liberté nouvelle de se lever quand il voulait. Ouais, peut-être que c'était mieux comme ça... ou pas.

- Qu'est-ce que tu veux, Sam ?

Le susnommé ne se dérangea pas pour passer la porte de l'appartement spacieux occupé par le blond, et s'installa sur le canapé, comme s'il se trouvait chez lui.

- Juste m'éclater un peu, comme on avait l'habitude de le faire avant !

Ben soupira et se servit un verre de cocktail, puis en tendit un à Sam.

- Ecoute, j'ai vingt-sept ans, plus quinze.

Sam vida son verre d'un trait et soupira.

- Ce boulot t'a détruit, mon pote, t'es devenu un légume !
- Je travaillais dans ces labos parce que j'aimais ça ! Et au moins, j'ai pas fini en colocation avec un junkie, comme toi.
- Je vois ça, jolie maison.

Ben soupira et tira Sam par le bras, pour le faire quitter son appartement. L'autre ne protesta pas mais n'appréciait pas non plus. Le blond verrouilla sa porte, lassé, et regarda son verre de cocktail. Non, pas envie de le finir. Il retourna se coucher, avec la ferme intention de se relever de meilleure humeur. Laissant de nouveau son verre à moitié vide, à moitié plein.



* * *


Durant la nuit déjà bien avancée, Ben, qui ne trouvait pas le sommeil, se leva, ayant envie de marcher pour se changer les idées. Il voulut emprunter une veste à l'un de ses compagnons, qui dormaient tous à poings fermés, mais se ravisa : ils n'avaient rien d'autre pour se couvrir et la nuit était fraîche. Ce ne serait pas franchement gentil de les priver du peu de chaleur qui leur restait.

Alors seulement vêtu d'un t-shirt, il s'engouffra dans la jungle, espérant trouver un peu de réconfort auprès des arbres. C'était idiot et imprudent, mais bon, qu'en avait-il à faire, de toute façon ? Il voulait se promener. Point. Il n'y avait pas à chercher plus loin.

Serpentant entre les arbres, manquant plusieurs fois de se blesser, il se résolut finalement à sortir son Lugulabre de sa Pokéball. Les flammes du chandelier fantôme l'éclairaient suffisamment pour qu'il voie à quelques mètres devant lui. Cela lui suffisait amplement, et puis bon, il ne faisait que se promener, après tout. L'avantage à se balader la nuit, c'est qu'aucun Piafabec, Roucool, Nirondelle ou bestiole désagréable du genre ne vint l'embêter, vidant sur lui le contenu de son intestin. C'était bien, reposant.

Au bout d'un long moment passé à errer dans la jungle, ayant croisé plusieurs espèces de Pokémon très variées mais inoffensives, majoritairement végétales, il ne regardait plus tellement où il mettait les pieds. Lorsqu'il heurta quelque chose au sol, il manqua de tomber. Heureusement pour lui, les arbres se trouvaient en grand nombre dans la jungle, lui permettant de se rattraper sans problème.

- Sérieux, c'était quoi c...

En dirigeant son regard vers le responsable de sa chute, qu'il croyait être un morceau de bois ou un caillou, il se figea. Un corps humain gisait là, bougeant très faiblement. Ben comprit que ce léger mouvement était dû à la respiration et se rassura. Il était vivant.

Précautionneusement, il le retourna pour voir son visage. En dépit de ses cheveux d'une couleur grise, il devait avoir le même âge que le blond, soit un peu moins de la trentaine. Ses yeux étaient clos et sa respiration régulière. Ben regarda son Pokémon et soupira.

- Désolé mon vieux, mais ma conscience m'empêche de le laisser crever ici. On va attendre qu'il se réveille.