Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent la route de Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. À Poivressel, Flora se fait une nouvelle amie coordinatrice, Annick, et participe à son premier concours pokémon qu’elle perd lamentablement.

Route 110


Sofian, Flora et Timmy levèrent le camp tôt ce matin-là. Ils avaient profité de l’hospitalité du centre pokémon deux jours de plus, le temps pour Flora de se remettre de ses émotions et d’échanger ses impressions du premier concours durant de longues conversations en vidéo-conférence avec ses parents. Le vent s’était levé sur Poivressel, apportant les premiers nuages d’automne sur son chemin, lorsque les trois adolescents quittèrent la ville d’un pas énergique. Après tant de jours de repos, Sofian se sentait jovial à l’idée de reprendre une vie de nomade sur les routes de Hoenn. Mais la grisaille matinale plomba son humeur tandis qu’il revêtait pour la première fois son gilet noir et rouge que sa maman lui avait offert un mois plus tôt.
Parcouru d’un frisson saisonnier, Sofian perdit très vite sa bonne humeur lorsque le chemin bordé d’arbre qu’ils avaient emprunté par le nord se termina sur un croisement.
– Rappelle-moi vers quelle ville on se dirige, dit-il à Timmy qui menait le chemin, son Pokénav en main.
– Alors, si je comprends bien le plan — et sans vouloir me la péter, je ne pense pas être inapte à le faire —, on a deux possibilités, répondit Timmy. Si on prend à gauche, on va retomber sur le Route 103 et il nous faudra traverser un fleuve pour arriver à Clémenti-ville où se trouve l’arène de ton père. Si on continue sur la droite, on aura une route de plusieurs jours à traverser avant d’arriver à Lavandia, la métropole principale du continent.
Sofian jeta un regard vers le chemin qui s’élargissait sur la gauche, peu favorable à retourner sur ses pas.
– Moi je dis qu’on pourrait aller à Clémenti-ville, c’est plus près, proposa Flora qui s’était mise à changer ses chaussures pour enfiler des baskets de marche plus confortables.
– Nan, mon père m’a prévenu qu’il ne m’attendrait qu’avec quatre badges en poche, marmonna Sofian.
– Je suppose qu’on choisit Lavandia, ainsi ? présuma Timmy.
– Bien joué, Dr Wattouatson ! répondit Flora avec ironie.
– Tant qu’il ne se met pas à dracher, grommela Sofian.
Les trois amis reprirent leur chemin en poursuivant sur la route qui tournait légèrement à droite.
– Et il y a bien une arène à Lavandia, au fait ? s’assura Sofian.
– En effet, répondit son ami en chipotant sur son appareil technologique. Le champion s’appelle Voltère et il est accompagné d’une équipe entièrement composée de pokémons de type électriques.
– Il ne s’est pas foulé pour choisir son type de pokémons, celui-là… se moqua Flora en faisant référence à son prénom.
– ÉLECTRIQUES ? s’horrifia Sofian en élevant beaucoup trop le ton de la voix.
Ses deux amis s’arrêtèrent dans leur marche.
– Bah quoi, ça pose un problème ? s’étonna Flora.
– N… Non… C’est juste que… Je n’ai que Poussifeu qui n’est pas en faiblesse face à ce type, se justifia Sofian en bredouillant, le regard fuyant.
Sofian reprit la route d’un pas rapide pour larguer ses amis derrière lui afin qu’on ne lui pose pas trop de questions.
– Et c’est loin de combien de jours, Lavandia ? s’intéressa Flora qui trainait derrière eux.
– Je dirais… trois jours de marche, calcula Timmy en lisant son plan.
– Poivressel va me manquer, soupira Flora, déjà fatiguée.
– Si tu es fatiguée, on peut y aller mollo, pas besoin de se précipiter, intervint Sofian en ralentissant dangereusement le pas. Ça nous ferait une petite promenade pittoresque dans Hoenn !
Flora fronça des sourcils en examinant son ami.
– Pour quelqu’un qui n’arrête pas de nous casser les pieds pour se rendre le plus vite possible d’arène en arène, tu m’as bien l’air peu réjoui à l’idée d’arriver à Lavandia, remarqua-t-elle. Y a un problème avec… ?
– Chut, écoutez !
Sofian l’interrompit et Flora s’insurgea. Lorsqu’elle fut calmée, elle tendit tout de même l’oreille pour prêter attention à ce que son ami voulait leur faire entendre. Au loin s’élevait une musique entraînante, digne des meilleurs parcs forains.


– Allez, allez, approchez ! Venez participer en famille à cet extraordinaire évènement !
Une voix s’élevait depuis des haut-parleurs disséminés un peu partout sur la route. À cinq minutes de marche, Sofian, Flora et Timmy débouchèrent sur un gigantesque terrain vague envahi par une foule humaine impressionnante. Il retentissait une musique festive noyée dans le brouhaha des conversations enthousiastes des touristes regroupés dans la plaine. Malgré le ciel couvert et la température maussade de la saison automnale, il régnait une chaleur et une ambiance conviviale qui donnait envie de s’amuser.
Au bout de la plaine se trouvait une estrade derrière laquelle un gigantesque bâtiment avait été recouvert d’un drap noir immense.
– Je ne sais pas ce qu’il se passe ici, mais on dirait qu’on est arrivé au bon moment ! s’exclama Flora qui rayonnait d’émerveillement.
– En tout cas, il n’y a pas d’infos dans le Pokénav…
Sofian montra à ses amis un panneau planté sommairement dans la plaine et sur lequel on pouvait lire : « Maison des Pièges : Saurez-vous les éviter ? ». Intrigués, Sofian, Flora et Timmy se frayèrent un chemin dans la foule jusqu’à l’estrade sur laquelle se tenait un petit homme enveloppé au visage carré et à la moustache longue et fine, vêtu d’un magnifique costume rouge éclatant et d’un pantalon doré scintillant.
– Approchez ! Venez tous découvrir la toute nouvelle Maison des Pièges ! s’égosillait-il en brandissant son micro, tel un forain. Un jeu qui peut se dérouler en famille ! Allez ! Allez ! Qui n’a jamais rêvé d’entrer dans la Maison des Pièges ? Vous, Monsieur ? Vous Madame ? Peut-être toi, petite ? Aujourd’hui est une chance à saisir ! Allez ! Approchez !
– Allez Papa ! Je veux trop y participer cette année ! se lamentait un enfant derrière Sofian.
– Ce vieux Maître des Pièges me fascinera toujours ! s’amusait un homme devant eux.
– J’ai trop hâte que ça commence ! s’impatientait un adolescent à côté de Flora.
– La Maison des Pièges ? C’est un évènement connu ? s’étonna Sofian en remarquant l’enthousiasme général des touristes.
– Jamais entendu parler de ça, répondit Flora en haussant des épaules.
– En tout cas, ça a l’air amusant ! s’exclama Timmy qui portait un large sourire.
– Mesdames et Messieurs, il va bientôt être l’heure de se lancer dans cette nouvelle aventure ! annonça le Maître des Pièges sur son estrade. Vous l’attendiez tous, certain ont même craint qu’elle ne reviendrait jamais, mamy en a pleuré toute l’année, mais elle est de retour ! Pour la dixième année consécutive, la Maison des Pièges revient pour vous surprendre davantage ! Faites attention à vos pacemakers ! Et qui dit dixième année, dit anniversaire ! Et pour cet anniversaire, la Maison des Pièges a redoublé d’inventivité et de surprises qui, je l’espère, vous piègeront tous ! Sinon, personne n’achèterait les DVDs des plus belles gamelles ! Cette année, l’entrée n’est que de 10 pokédollars, alors profitez-en !
Un assistant passa dans la foule afin de récolter l’argent de ceux qui désiraient participer à la compétition.
– Allez, on s’inscrit nous aussi ! décida Sofian.
– Tu es au courant que ça va nous retarder pour Lavandia ? fit remarquer Flora.
– Bah ! Un jour de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change ? Mon badge peut attendre !
– Pour une fois que c’est Sofian qui veut ralentir le groupe, s’amusa Timmy en payant sa place.
– Tout le monde est inscrit ? reprit le Maître des Pièges. Très bien ! Je rappelle donc les règles ! A l’intérieur : huit salles jonchées de pièges à éviter et qui vous donneront du fil à retordre, tellement de fil à retordre que vous pourrez construire des tas de cordes sorties ! Hahaha ! Pour accéder à la salle suivante, il vous suffit de trouver l’indice, le code, l’astuce,… n’importe quoi qui permet d’en ouvrir la porte d’accès ! C’est peut-être une clé cachée, c’est peut-être une danse exotique à réaliser ! Mouhaha ! Le premier concurrent qui arrive à sortir de l’autre côté de la maison se verra offrir un cadeau hors du commun ! Et je vous promets que ça ne sera pas une brosse à dent ! Ou pas !! Vous êtes prêts ? Je déclare ouverte la dixième compétition de la Maison des Pièges !
La foule hurla de joie tandis que le Maître des Pièges tirait sur une corde. L’immense drap noir qui se tenait derrière lui tomba, révélant une gigantesque maison aux proportions disproportionnées. La porte d’entrée était immense comparée aux minuscules fenêtres qui parsemaient la façade avant. D’une couleur jaune et verte vive, la Maison des Pièges ressemblait à une maison de poupée en grandeur nature, trois cheminées se déplaçant à tout bout de champ sur le toit hexagonal.
– Souvenez-vous : le piège est peut-être en vous ! lança le Maître des Pièges dans son micro. Attention, vous pourrez accéder à la Maison des Pièges dans 3, 2,…
Malheureusement pour le Maître des Pièges, la chaleur insoutenable de l’été étouffant qui venait de se terminer se conclut en un orage violent qui éclata juste au-dessus de leurs têtes, créant un véritable mouvement de panique dans la foule qui se pressait vers l’entrée de la maison afin de ne pas être trempé des pieds à la tête. Le Maître des Pièges fut jeté hors de son estrade par la foule en délire qui décampa dans le hall d’entrée de la maison. Sofian, Flora et Timmy se prirent au jeu et y pénétrèrent sans en avoir le choix, car poussés par la foule.
La porte se referma derrière eux avec violence, cachant ainsi l’averse tonitruante qui s’abattait sur la Route 110, et ils se retrouvèrent plongés dans un immense labyrinthe très peu éclairé.


Les murs qui formaient les allées du labyrinthe du hall d’entrée étaient en réalité formés par de très hautes bibliothèques remplies de livres à craquer, qui atteignaient un plafond presque trop haut pour être distingué à l’œil nu. Les bruits des pas précipités des autres concurrents résonnaient depuis les autres allées et de temps à autres, des explosions et des cris de rage annonçaient les combats et défaites des dresseurs qui se défiaient les uns les autres pour avancer plus vite dans le labyrinthe.
– Bon ben, je suppose qu’il ne reste plus qu’à chercher la sortie, présuma un Sofian enjoué.
Mais au bout de la première allée, ils se retrouvèrent confrontés à un choix de trois chemins différents.
– Qu’est-ce qu’on fait, on se sépare ? proposa Timmy.
– Euh… J’ai pas trop envie de me retrouver perdue dans ce labyrinthe toute seule… marmonna Flora, embêtée. En plus, c’est vous qui vouliez participer à cette compétition.
– D’accord, d’accord ! On reste groupés. Il faut tout de même faire un choix…
Un jet de flammes apparut au bout de l’allée qui se trouvait face à eux, brûlant des dizaines de livres sur son passage, et les trois adolescents convinrent que ce chemin était une option à écarter dès le début.
– Gauche ou droite ? résuma Sofian.
Un énorme Noadkoko fit son apparition au fond de l’allée de gauche, courant à toute vitesse vers eux d’un air dangereux et assoiffé de sang.
– DROITE ! décidèrent les trois amis à l’unisson, en détalant dans la seule allée qui ne présentait aucun piège.
Ils décampèrent à toute vitesse dans un dédale de rangées de livres qui leur tombaient dessus sous les attaques du Noadkoko sauvage, choisissant au hasard les chemins à emprunter afin de distancer le plus vite possible le Noadkoko qui leur lançait ses feuilles magiques à tout bout de champ. Non content d’être poursuivis par un pokémon enragé pour aucune raison, les allées étaient truffées de pièges en tout genre : bibliothèques mouvantes, sol se dérobant sous leurs pieds, pokémons cachés entre les livres,… Il ne leur fut pas aisé d’échapper aux attaques du pokémon plante tout en étant surpris par les attaques d’autres pokémons sacrément bien dissimulés.
Leur course se termina dans un gigantesque espace sans bibliothèque, au centre duquel un magnifique lustre pendait depuis le plafond inatteignable.
– Vous croyez qu’on l’a semé ? questionna une Flora en panique.
– Je l’ai vu attaquer un autre dresseur au dernier tournant, avoua Timmy qui se tenait les côtes, essoufflé.
– On est arrivé au garage ? demanda Sofian, dégoûté par la compétition terrifiante dans laquelle ils venaient de se lancer.
– Il y a encore trois salles, rappela Timmy.
– Quelle poisse !
– Pour quelqu’un qui voulait absolument s’amuser plutôt que de voyager, tu m’as l’air bien refroidi, fit remarquer Flora.
Pour toute réponse, Sofian lui fit un geste obscène auquel Flora répliqua par une gifle bien placée.
Une fois calmés, les trois adolescents observèrent les lieux. Ils étaient arrivés sans le vouloir à ce qui semblait être la fin du labyrinthe, car derrière eux, de nombreuses rangées de bibliothèques donnaient accès à cet immense espace, mais seul un long mur constitué d’étagères remplies de livres s’offrait devant eux.
– Et maintenant ?
Ils examinèrent calmement la gigantesque paroi de livres qui indiquait l’autre bout de la salle, le silence qui s’était installé entre eux étant perturbé par les combats des autres concurrents, au loin.
– Je suis certaine que la salle suivante se trouve de l’autre côté de ce mur ! déduisit Flora.
– Le Maître des Pièges a dit qu’il fallait trouver n’importe quel objet qui nous permettrait d’ouvrir l’accès à l’autre salle… se souvint Timmy.
– Si ça se trouve, il faut tirer un des livres pour ouvrir un passage secret… imagina Sofian.
– Nan ! Ça ne peut pas être ça ! Tu as vu le nombre de livres qu’il y a ??
À cet instant précis, le rire amusé du Maître des Pièges éclata dans des haut-parleurs :
– Déjà une cinquantaine de concurrents qui ont atteint la deuxième salle de la Maison des Pièges ! annonça-t-il. La course à la victoire ne fait que commencer, et vous êtes beaucoup à vous être perdus dans mon labyrinthe ! Ah ça ! Ceux qui n’aiment pas la lecture peuvent rentrer chez eux !
Les trois adolescents lâchèrent un long soupire en comprenant par ce message qu’ils allaient devoir trouver le bon bouquin à retirer de la bibliothèque géante. Timmy retroussa ses manches et tira le premier livre qui lui tombait sous la main. « De la manière de combattre » de Roxanne Brock ne semblait pas être le livre-levier. De plus, toute une rangée de livres disparut pour faire place à un petit Pikachu qui leur lança ses attaques électrique pour les déstabiliser.
– Aaaargh ! hurla Sofian en évitant un éclair.
Il se jeta sur la bibliothèque et en arracha les livres à vitesse grand « V », ne perdant pas une seconde à lire les titres dans le but de fuir les attaques électriques le plus vite possible. Plus ils retiraient des livres, plus des pokémons différents apparaissaient aux quatre coins de la pièce pour les attaquer.
En arrachant « La belle et le Feunard » d’une étagère, une des allées du labyrinthe se déroba dans le sol, ouvrant le passage à une demi-douzaine de candidats qui combattaient. Voyant le passage ouvert vers la porte de sortie dissimulée, tous se ruèrent sur le mur du fond pour chercher le bouquin qui leur permettrait de fuir le labyrinthe, poursuivis par les pokémons qui les retenaient en arrière. C’est alors que Sofian reconnut avec effroi le Noadkoko qui les avait attaqués.
– Je m’en occupe ! cria-t-il. Poussifeu, brûle-moi cette plante tenace !
Le petit poussin orange fit son apparition dans le hall et envoya ses boules de feu qui carbonisèrent les feuilles magiques qui volaient vers eux. Noadkoko se vengea d’une attaque physique que Poussifeu évita en déstabilisant son adversaire grâce à son attaque « flash ».
– J’ai trouvé ! hurla un concurrent.
Il brandissait fièrement un livre doré dont la couverture représentait le Maître des Pièges qui leur faisait un signe de victoire. Tout à coup, le sol s’ébranla et Sofian se sentit pivoter, comme si le sol tournait sur un engrenage qui se trouvait sous la gigantesque bibliothèque du fond. Ils quittèrent ainsi le hall d’entrée en laissant les pokémons ennemis derrière eux.


– Ouf, sauvés… soupira Sofian en s’essuyant le front de sueur.
Mais le tapotage intempestif de Flora à son épaule le fit relever les yeux et une sueur froide lui coula dans la nuque, le paralysant de terreur. Devant lui s’étendait une vaste cuisine lumineuse, remplies de dalles illuminés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, des pokémons électriques cachés dans tous les meubles, prêts à attaquer quiconque passait devant eux. Un concurrent avait pris son courage à deux mains et s’était fait foudroyer par un Voltorbe caché entre deux casseroles.
– Oh non ! Non ! Non ! Non ! bredouilla Sofian d’une voix étouffée par la terreur.
– Bon ben quand faut y aller, faut… commença Timmy en s’apprêtant à éviter les pièges.
Mais Sofian poussa un cri de rage, que les autres concurrents imitèrent, et détala à toute vitesse dans la cuisine et se frayant un chemin dans la masse des concurrents qui s’étaient aussi lancés dans le jeu sans chercher à créer une stratégie. De nombreux éclairs électriques fendaient l’air et Sofian n’hésita pas un instant à tirer devant lui quiconque se trouvait à proximité afin de s’en protéger. Hurlant de peur à mesure qu’il courait dans la vaste cuisine, Sofian évitait agilement toutes les attaques des Magnéti qui le poursuivaient sans relâche. Flora et Timmy courant derrière lui, Sofian osa même attraper avec dégoût un Voltorbe chargé à bloc qu’il lança contre un Electrode au loin.
– Eh ! Laissez mes pokémons tranquilles, nom d’un Barloche ! s’exclama la voix du Maître des Pièges dans les haut-parleurs.
– J’en ai rien à foutre de vos pokémons ! répondit Sofian en hurlant comme un possédé.
Les deux pokémons électriques s’entrechoquèrent, ce qui provoqua une violente explosion qui révéla un passage dans le buffet, derrière lequel Sofian se faufila en tirant ses amis avec lui.
Sofian se laissa tomber contre le mur de la nouvelle salle dans laquelle ils se trouvaient et poussa un profond soupir de soulagement. Lorsqu’il releva la tête, il découvrit ses deux amis lui jeter des coups d’œil inquiets.
– Je n’aime pas du tout les pokémons électriques, répondit-il en assumant sa phobie.
La pièce de la maison qui s’offrait à présent à eux était une reproduction parfaite d’une salle à manger, au détail prêt qu’elle semblait avoir été construite pour une famille de géants. La table démesurée, les chaises tellement grandes qu’il était possible de marcher sous elles et le piano à queue dont chaque touche devait être aussi grande que Timmy, leur donnèrent le vertige. Devant eux, les concurrents qui étaient déjà arrivé semblaient pétrifiés sur place et n’osaient pas avancer. Pourtant, il n’y avait aucun pokémon pour les bloquer.
– Ben pourquoi qu’ils bougent pas eux ? s’étonna Sofian.
– Ça ne doit pas être bien compliqué de passer cette salle, s’amusa Flora en faisant un pas en avant.
Soudain, son pied glissa sur le parquet ciré et la jeune fille s’écrasa lamentablement au sol, la tête la première.
– Put… ! jura-t-elle en se tenant la mâchoire.
Sofian explosa de rire. Vexée, Flora le poussa violemment, mais sa force se retourna contre elle car ce fut elle-même qui recula sur le parquet glissant et elle chuta à nouveau, ce qui amplifia le fou rire de son ami.
– Il a été ciré avec de la sécrétion de Chenipan, ce parquet ?? s’exclama Flora en ayant bien du mal à se relever pour la deuxième fois.
– On ferait bien d’avancer prudemment, conseilla Timmy qui ne pouvait cacher son sourire amusé.
Les trois adolescents reprirent ainsi leur avancée dans la Maison des Pièges en imitant la démarche lente des autres concurrents. Mais rien n’y fit : Flora glissa de nombreuses fois et chuta toutes les vingt secondes.
– Si je sors de cette Maison en une pièce et que je mets la main sur ce co…. de Maître des Pièges, je lui fais bouffer son parquet ! s’insurgeait-elle en marchant à quatre pattes.
Flora se releva en s’aidant de la pédale gauche du piano à queue (qui était à la hauteur de la taille de Sofian) et la pédale s’abaissa. Flora tomba à la renverse pour la énième fois, tandis qu’un Magmar bondissait hors de l’instrument de musique démesurément grand.
– Il ne manquait plus que ça ! s’énerva-t-elle.
Sofian et Timmy réagirent au quart de tour et envoyèrent Nirondelle et Tarsal à l’attaque. Les deux pokémons arrivèrent à dévier les boules de feu du pokémon sauvage tandis que Timmy tentait tant bien que mal de relever Flora qui se massait les fesses de douleur. Mais une attaque flammèche explosa derrière Flora qui fit un vol plané au sol luisant et glissa sur une centaine de mètres en hurlant de lassitude.
– Y’en a marre ! s’emporta-t-elle en lançant une pokéball dans les airs. Charmillon, amène-moi de l’autre côté de la pièce !
– Eh ! Il est interdit de tricher ! s’exclama à nouveau la voix du Maître des Pièges.
– J’en ai rien à battre ! répondit Flora qui s’élevait dans les airs grâce à son Charmillon. Je veux simplement me casser d’ici ! Je préfère de loin la drache de dehors que cette satanée maison !
Nirdonelle imita son camarade et tira son maître en accrochant son gilet dans ses pattes. Timmy, quant à lui, fut élevé dans les airs grâce aux pouvoirs de son pokémon qui s’était installé sur le dos de Charmillon.
– Personnellement, je m’amuse vraiment bien ! s’exclama Timmy, fasciné par cette sensation de flotter dans les airs.
– Ta gu…. !


Plongée dans l’obscurité, seule la lumière émanant des dix écrans de contrôle baignait la chambre à coucher. Devant eux, assis confortablement dans un fauteuil de salon, fumant sa pipe, un homme vêtu d’un costume des plus ridicules éclatait de rire en observant les scènes qui se déroulaient dans les étages inférieurs. Une petite lumière rouge clignota devant le sixième écran et l’homme sursauta de surprise. Le salon avait déjà été pénétré par les concurrents les plus hardis et il ne leur resterait plus qu’une salle avant d’arriver dans le garage, la ligne d’arrivée. L’homme appuya sur un bouton rouge de son clavier aux touches multicolores, ce qui révéla une trappe dans la salle qu’affichait l’écran de contrôle par laquelle un Gravalanch apparut afin de surprendre les concurrents. L’homme explosa de rire en voyant les cris de surprise des concurrents et il sécha une larme de joie qui lui coulait sur la joue. Décidément, cette dixième compétition de la Maison des Pièges était de loin la plus hilarante. Mais la compétition allait être beaucoup plus rude que les concurrents ne le pensaient. Comme chaque année, il n’allait pas leur faire de cadeau car il avait prévu un temps imparti pour arriver au garage, faute de quoi les gagnants ne recevraient pas leur cadeau mais plutôt de simples porte-clefs en forme de Balignon. L’homme éclata de rire et brandit son micro afin d’annoncer la nouvelle règle à suivre. Mais on lui tapota à l’épaule. Surpris, l’homme se retourna et n’eut le temps que d’apercevoir la grimace horrible d’un Seviper. Le Maître des Pièges s’écroula au sol, évanoui.
– Regardez-moi ça… marmonna-t-elle fascinée en s’approchant des écrans de contrôle.
– Cet homme s’amuse dans son coin alors qu’il torture tous ces dresseurs, constata-t-il en frissonnant de malaise.
– Ce type est un dieu ! soupira un Miaouss émerveillé. Vous savez, ça pourrait faire un très beau sujet d’étude psychologique.
– Rien que le traumatisme qu’ont les gens qui t’entendent parler pourrait faire un sujet d’étude psychologique, s’amusa James.
– En tout cas, leurs grimaces horrifiées me rappellent ce bon vieux temps où on avait encore des missions intéressantes, marmonna Jessie avec nostalgie.
– On n’attaque peut-être plus personne, mais notre mission n’en est pas moins importante, précisa Miaouss.
– D’ailleurs, ne la perdons pas de vue ! rappela Jessie en reconcentrant ses troupes. Le premier qui voit un pokémon intéressant prévient les autres, compris ?
– Comme ce Poussifeu ?
Jessie leur pointa l’avant-dernier écran de contrôle et la Team Rocket examina longuement le pokémon qui venait de battre à plate couture le Gravalanch du salon en compagnie d’un Écrapince.
– Nom d’un Mew ! s’émerveilla James. À qui appartient ce Poussifeu surpuissant ?
Miaouss chipota au clavier et arriva à changer l’angle de la caméra pour la tourner vers le dresseur qui courait à présent en direction de la porte de sortie du salon.
– C’est pas vrai ! s’horrifia en chœur la Team Rocket qui avait reconnu Sofian.
– Eux ?
– Ici ??
– Comment ce Poussifeu a-t-il fait autant de progrès en si peu de temps ?
– Et il n’est même pas à son premier stade d’évolution !
– Il faut qu’il fasse partie de notre équipe, c’est clair !
– Je crois qu’il est temps de tester le Collier Rocket ! annonça Miaouss.


– C’est pas encore fini ?? se lamenta Sofian en entrant dans une nouvelle salle. Qu’est-ce qu’il faut faire pour sortir d’ici ?
– Si y a encore une salle après, je me moque des règles et je défonce les murs pour sortir ! s’énerva Flora.
Timmy éclata de rire en avançant dans la salle de bain qui ne ressemblait à rien d’autre qu’à une salle de bain. Tout à coup, la porte de la salle précédente se ferma brusquement et la lumière vira au rouge dans la salle de bain.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta une concurrente en courant rejoindre les autres.
De l’autre côté de la salle de bain s’amoncelaient une dizaine de personnes dans une douche spacieuse. Les gens avaient l’air de se disputer et une personne âgée fit aller de sa canne pour prendre la première place devant un clavier numérique comme ceux que l’on pouvait trouver à la Banque Pokémon.
– C’est ici la sortie ? questionna Timmy.
– Apparemment, il faudrait trouver la bonne réponse dans le temps imparti pour qu’un passage s’ouvre dans la douche, lui répondit-on.
– Puisque je vous dis qu’ils sont trois ! s’énervait le vieux de sa voix cassée. Ils ont toujours été trois et ils le seront toujours !
Le vieil homme appuya férocement sur le bouton qui représentait le chiffre « 3 », mais une lumière rouge indiqua que c’était la mauvaise réponse. En guise de punition, le pommeau de douche s’ouvrit et laissa échapper un torrent d’eau salée qui gicla au visage de tous les concurrents présents dans la salle. Un Poissirène s’en échappa à son tour et attaque le vieil homme qui disparut au loin dans un combat acharné.
– C’est quoi la question ? cria Sofian pour essayer de se faire entendre dans le vacarme des disputes.
Flora tendit le cou et lut à haute voix :
– « Combien existe-t-il de formes différentes du pokémon Evoli à Hoenn ? »
– Papy a beau avoir des kilomètres au compteur, il a bien foiré ! ricana un dresseur sûr de lui. Tout le monde sait qu’il y en a cinq avec Mentali et Noctali !
Le dresseur appuya sur le chiffre « 5 » et un deuxième torrent s’abattit sur lui, relâchant un Stari qui l’attaqua. Les jambes trempées jusqu’aux genoux, les trois adolescents jouèrent des coudes pour arriver jusqu’au pavé numérique.
– J’ai lu dans la Gazette du Dresseur qu’il était possible qu’Evoli évolue encore de trois autres manières dans différentes région, mais on n’a jamais pu le prouver, expliquait un intello avec un cheveu sur la langue. C’est peut-être ça la réponse !
Il appuya sur le chiffre « 8 » et s’en mordit bien les doigts, car le niveau de l’eau augmenta à nouveau tandis qu’un Remoraid s’en prenait à lui.
– C’est un piège ! s’exclama une femme rondelette.
– Bienvenue dans la Maison des Pièges, répliqua Flora avec sarcasme.
– En fait, ce sont tout le temps les évolutions du même pokémon ! continuait la femme en pressant le « 1 ».
À son tour, elle se fit attaquer par un Magicarpe de mauvaise humeur, faisant à nouveau monter le niveau de l’eau considérablement, si bien que Timmy n’avait plus que la tête hors de l’eau, ce qui lui rappelait de très mauvais souvenir de traumatisme.
– Mais vous êtes tous plus abrutis les uns que les autres ou vous faites un concours de stupidité ? s’énerva-t-il en poussant tous ceux qui se trouvaient sur son chemin pour atteindre le panneau de réponse. La question n’est pas compliquée, enfin ! On vous demande le nombre total de formes différentes que peut prendre Evoli à Hoenn ! Il peut évoluer en Aquali, Pyroli, Voltali, Mentali et Noctali, mais il peut aussi rester lui-même, un Evoli ! La réponse, c’est « 6 » !
Timmy appuya avec entrain sur le bouton adéquat au moment où le chronomètre arrivait à zéro. Tout à coup, une trappe s’ouvrit sous la douche et les concurrents les plus proches d’eux prirent la fuite. Sofian, Flora et Timmy chutèrent dans le toboggan aquatique qui était apparu sous eux et glissèrent jusqu’une nouvelle salle qui se révéla enfin être le garage.


À peine eut-elle eu le temps de se relever qu’une petite boule verte se jeta au visage de Flora et lui asséna un coup brutal au visage. Flora poussa un cri de douleur et arracha la boule verte de son visage en la lançant derrière elle. Sofian la rattrapa malgré lui dans ses mains et il ferma les yeux, prêt à recevoir une attaque du pokémon sauvage qui leur avait bondi dessus. Mais le pokémon n’attaqua pas.
Sofian rouvrit un œil délicatement et se trouva face à un petit pokémon plante qu’il avait déjà rencontré auparavant. Parsemé de tâches vertes et grises, le petit Balignon le regardait avec des grands yeux effarés. Le pokémon plante le renifla quelques fois avant de lui offrir un regard admiratif.
Sofian éloigna le Balignon le plus possible de son visage, mais le pokémon ne semblait pas vouloir attaquer.
– Mais il est dingue ce Balignon ? s’emporta Flora en se frottant son nez endolori. Gobou, vient lui régler son compte !
– Attends ! interrompit Timmy alors que le pokémon de Flora apparaissait. Ce Balignon n’a pas l’air si violent.
– Tu rigoles ? Il vient de me dévisager sans aucune raison !
– C’est probablement le « boss final » de cette compétition…
– Et j’ai tellement de prestance qu’il n’a pas voulu s’attaquer à moi, se venta Sofian. Voilà comment on reconnaît les vrais dresseurs !
– Mais oui, c’est ça, allez Prince Charmant, donne-moi ce Balignon que je lui règle son compte !
Comprenant qu’il allait payer son attaque, le Balignon se blottit dans les bras de Sofian en lui faisant de gros yeux tristes afin d’être protégé du Gobou.
– Tu ne vas quand même pas attaquer un pokémon aussi inoffensif ! dit Sofian.
– À tous les coups, on lui a fait peur et il s’est senti en danger, réfléchit Timmy.
Flora accepta la théorie et prit le Balignon dans ses bras pour le réconforter. Mais le pokémon sauvage sortit ses dents, lui mordit violemment le cou, et retourna dans les bras de Sofian. Poussifeu, qui avait assisté à la scène, poussa un cri de jalousie et grimpa sur son maître afin de tirer le pokémon sauvage hors de ses bras.
– Allons, ne vous disputez pas, dit Sofian en essayant de les calmer. Tu es bien gentil Balignon, mais nous aimerions terminer cette compétition sans perdre de temps.
Sofia déposa le Balignon au sol — Poussifeu nargua le pokémon en prenant place sur l’épaule gauche de son maître — et les trois adolescents avancèrent vers la porte du garage en ignorant les yeux tristes du pokémon plante.
La porte du garage s’ouvrit automatiquement avec lenteur, et laissa apparaître trois silhouettes indéchiffrables à cause de la lumière du jour derrière eux. La pluie tombait toujours drue à l’extérieur.
– Nous sommes les premiers à être arrivés au bout de cette maison ! annonça fièrement Timmy, soulagé qu’on les accueillît.
– Malheureusement pour vous, il y a eu un changement de programme !
Sofian reconnut la voix de la femme avec horreur et s’arrêta dans sa marche. Un rayon de soleil traversa les nuages gris et éclaira le visage des trois nouveaux arrivés.
– La Team Rocket ! s’exclama Sofian.
– Eux aussi ils font partie de la compétition ? s’étonna naïvement Flora.
– Ça m’étonnerait que le Maître des Pièges les ait recrutés, répondit Timmy en faisant apparaître son Arcko qui rejoignit Gobou.
– La dernière fois qu’on s’est vu, on n’a pas eu le temps de vous mettre une bonne correction ! se souvint Sofian.
– Oh mais vous n’en aurez pas le temps aujourd’hui non plus ! menaça James.
– Comment ça ?
– Les enfants, faites attention, ces gens m’ont agressé ! hurla quelqu’un derrière eux.
Sofian, Flora et Timmy se retournèrent pour voir arriver le Maître des Pièges depuis un escalier dissimulé, se frottant le crâne à l’endroit où une grosse bosse avait germé. La Team Rocket profita de cet instant d’inattention pour attaquer. Le Papinox de Jessie surpris Arcko et le Cacnéa de James écrasa Gobou tandis que Miaouss lançait quelque chose sur Poussifeu. Sofian jeta son pokémon hors de son épaule — Poussifeu s’écrasa brutalement au sol — et l’objet le percuta de plein fouet.
– Eh merde ! C’est lui qui se l’est pris ! s’énerva Miaouss.
Flora et Timmy jetèrent un coup d’œil inquiet à Sofian qui se tenait la gorge. Sofian ferma les yeux sous la douleur et lâcha sa gorge. Ils découvrirent avec effroi qu’un collier s’était emparé de sa gorge et l’électrisait à chaque mouvement brutal qu’il faisait.
– Qu’est-ce que c’est que ça ? hurla Flora, paniquée.
Timmy se jeta sur Sofian et voulut lui arracher le collier, mais l’objet les électrisa tous les deux et Timmy n’osa plus y toucher.
– Nous vous présentons le Collier Rocket 2011 ! annonça fièrement James.
– Enfilez ce collier à n’importe quel pokémon et il favorisera l’entente entre lui et son maître ! lança Jessie.
– Son fonctionnement est tout simple : plus le pokémon s’entête à lutter contre l’emprise de son maître, plus le collier lui envoie des décharges électriques ! expliqua Miaouss. Autant vous dire que Sofian va devoir être sage et nous écouter s’il ne veut pas mourir électrocuté !
À genou au sol, Sofian cessa de lutter contre l’engin électrique. Soudain, le collier arrêta de lui envoyer des décharges.
– Allez, donne-nous ton Poussifeu, ordonna calmement Jessie.
– Jamais ! rétorqua Sofian.
L’adolescent poussa un cri déchirant alors qu’un éclair zébrait le ciel : une décharge électrique plus puissante que les précédentes venait de lui parcourir la gorge et il tomba au sol, à côté de son Poussifeu qui s’était accroché à lui.
– Ne t’entête pas et donne-nous ton Poussifeu ! répéta James.
Sofian sentit le collier surchauffer autour de son cou et sa main relâcha l’emprise de son pokémon. La douleur était insupportable. Il ne pouvait pas céder aussi facilement, mais s’il pouvait arrêter ces décharges électriques, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour ne plus autant souffrir.
C’est alors qu’une boule verte fendit l’air. D’un coup de tête bien placé, le collier se rompit et vola vers la Team Rocket. La boule verte s’en prit aux trois pokémons ennemis, leur assénant des attaques à la vitesse de l’éclair, avant de terminer par les deux adultes, les visages desquels elle défigura.
Pris de cours, la Team Rocket prit ses jambes à son cou et s’enfuit dans la pluie de la Route 110.


Sofian se releva péniblement, se massant le cou endolori par les attaques électriques du terrible collier, tandis que le Balignon sauvage revenait vers lui pour lui masser le cou. Poussifeu piailla de jalousie.
– Poussifeu, ce Balignon vient de me sauver la vie, la moindre des choses serait que tu le remercies ! gronda Sofian.
Poussifeu lui lança un regard dubitatif, soupira, se tourna vers le Balignon qui le narguait, lui tapota le crâne avec une aile et lui tourna le dos, de mauvaise humeur.
– Je vous remercie infiniment d’avoir chassé ces malfrats ! remercia le Maître des Pièges qui avait perdu son sourire jovial.
– Oh y a pas de quoi ! On est plutôt habitué maintenant… soupira Flora.
– Et puis, c’est votre Balignon qui a tout fait, fit remarquer Sofian.
– Certes, mais ce n’est pas mon pokémon, rectifia le Maître des Pièges. Il appartenait à une famille de Clémenti-Ville qui a, comment dire ? Disons que Hoenn n’a pas toujours vécu dans la paix. Bref, je l’ai recueilli il y a quelques années et il a gardé malgré tout son côté très… agressif.
– En tout cas, il a de la réserve ! constata Timmy, impressionné.
– C’est que je l’ai entraîné pour qu’il vienne à bout des concurrents les plus tenaces ! Je ne l’ai jamais vu se comporter aussi gentiment avec qui que ce soit d’autre que moi… ajouta le Maître des Pièges.
– En parlant de ça, il me semble qu’on est arrivé en premier, non ? rappela Flora.
– Mais oui, tu as raison ! remarqua Sofian.
– Mais vous n’êtes pas arrivés dans le temps imparti, fit remarquer le Maître des Pièges.
Une lueur malsaine traversa le regard de Flora, et Timmy et Sofian durent se mettre à deux pour l’empêcher de s’attaquer à l’homme.
– Mais comme vous m’avez sauvé de ces malfrats, je peux faire une exception ! ajouta le Maître des Pièges avec précipitation. Normalement, le prix était une Tente rouge pour le premier, une Ceinture pro pour le deuxième et une Boule fumée pour le troisième — enfin, seulement s’ils arrivaient à vaincre mon Superobogénial v.5.0 qui les attendait à la sortie du garage —, mais comme vous êtes des enfants extraordinaires, je vais vous offrir un cadeau extraordinaire !
Le Maître des Pièges fouilla dans sa poche et leur tendit une chique dans un emballage bleu chacun.
– Ce sont ce qu’on appelle des Super Bonbons, expliqua-t-il. Ces friandises sont très appréciées par les pokémons et leur permettre de décupler leur puissance de façon vertigineuse après l’avoir avalé. Pour vous donner une idée de leur puissance : lorsque j’étais petit, je me suis construit une équipe de Leviator rien qu’en faisant avaler ces Super Bonbons à mes Magicarpe. Bon, après, j’ai dû les relâcher parce que c’était interdit pour un enfant d’avoir des pokémons évolués avec soi…
Les trois amis acceptèrent volontiers le cadeau intéressant que le Maître des Pièges leur offrait. Sofian ne savait pas à qui il allait donner ce Super Bonbon, mais une chose était sûr : il n’allait pas attendre longtemps pour tester ses pouvoirs précieux.

La pluie s’était arrêtée sur la Route 110 et les trois adolescents n’avaient pas attendu une seconde de plus pour quitter la Maison des Pièges.
– Et bien je suis bien content de me remettre en route, moi ! annonça Sofian en s’étirant.
– Timmy, la prochaine fois que Sofian propose de s’arrêter pour une quelconque compétition autre que les concours pokémons, rappelle-moi de lui donner un bon coup de ses parties génitales, grogna Flora.
– Pas la peine d’être violente, tu n’auras qu’à lui présenter un pokémon électrique, ricana Timmy en rappelant avec détail les réactions de Sofian lors de l’épreuve de la cuisine.
– Oh ça va hein ! On a tous des phobies ! Est-ce que je me moque de ta phobie des papillons !
– Je n’ai pas peur des papillons…
– Oui ben, non, voilà ! Flûte !
Timmy et Flora éclatèrent de rire. Sofian accéléra le pas sur le chemin boueux bordé d’arbres tandis que ses deux amis poursuivaient leurs moqueries joviales. Ils avancèrent ainsi vers Lavandia sans se douter que derrière eux, loin derrière, deux yeux lumineux les traquaient, les suivant à la trace telles leurs ombres.


À suivre dans : « La nouvelle recrue »