Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Echos Infinis de Icej



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Icej - Voir le profil
» Créé le 24/08/2015 à 07:07
» Dernière mise à jour le 04/04/2020 à 05:08

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de shippings

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Épisode 08 : À cœur ouvert
(Modifié le 04/04/20)

(Dix commandements ou Vingt-et-une condi- euh questions !)
Élin et Syd étaient ligotés contre un cyprès, serrés comme des saucissons. Littéralement. La corde humide utilisée pour les lier, trouvée on-ne-sait-où, dégageait une odeur absolument nauséabonde, qui leur arrachait des gémissements d’horreur et d’indignation. Élin en était presque au point de vomir, mais Syd lui en avait coupé l’envie en la menaçant d’un tour dans la mare si jamais elle le tâchait. Alors la jeune blonde devenait verte et ses joues gonflaient mais elle se retenait tant bien que mal.

— C-C’est peut-être un p-peu cruel, s’inquiéta Elsa, qui n’osait pas affronter le regard meurtrier de Syd.

Elle regrettait soudainement d'avoir fait part de son plein à Oscar… les ligoter, c’était plutôt l’idée d’Oscar, mais elle avait acquiescé, emportée par son enthousiasme…

— Mais non ! sourit sadiquement le concerné, se frottant les mains, dans lesquelles il tenait une sorte de vieux parchemin entièrement recouverts de texte, de gribouillis et de diagrammes.

À l’issue de leur combat, Élin et Syd étaient épuisés, et n’avaient pu résister quand le jeune homme aux yeux verts les avait assommés puis ligotés. Avec l’aide de sa complice Elsa. Syd n’en revenait pas ! Il se promettait de son côté de se venger dès qu’on l’aurait libéré. Et de bien se venger.

— Aujourd’hui, 12 Juin 2999, Elsa Hirata et moi-même avons pris une importante décision !
— Libérez-nous… grommela Syd. Il sentait Élin hoqueter à côté de lui. L'odeur de la corde la rendait malade.
Silence ! tonna Oscar, se lissant une moustache inexistante en prenant des airs de mafieux.

Pfft… voilà ce qu’on récoltait à baisser sa garde et à se mêler au petit peuple… Syd aurait mieux fait de resté distant et désintéressé. Surtout que sa défaite lui cuisait toujours. Et que de la boue commençait à rentrer dans son caleçon.

— Elsa et moi avons beaucoup discuté durant votre combat. Et nous avons pris un certain nombre de décisions. Nous allons vous soumettre dix conditions, un pacte d’amitié, que vous devrez signer… sinon…
— Sinon ? souffla Syd, blasé.

Oscar rougit brutalement.

— Sinon euh… urm… Enfin BREF. VOILÀ.

Et il leur plaqua la feuille qu’il tenait depuis tout à l’heure sous le nez. Élin dont les joues viraient au caca-d’oie eut beaucoup de mal à le lire, mais ils discernèrent tout de même :

« 1. Plus de disputes.
2. PLUS DE DISPUTES.
3. On retient les prénoms des autres. »


À la lecture de ces mots, les prisonniers envoyèrent une belle œillade dubitative à Oscar, qui rougit de nouveau et souffla qu’il avait maintenant retenu qu’elle s’appelait Elsa, qu’il n’oublierait plus, et puis que de toute manière ça ne les regardait pas, juste lui et Elsa !

« 4. On se respecte.
5. On se soutient.
6. On fait la cuisine pour tout le monde. »


Là c’est Syd que tous fixèrent méchamment. Il avait intérêt à partager sa nourriture s’il ne voulait pas que le reste du groupe meure d’une intoxication de poisson au vinaigre.

« 7. On est solidaire face à tout adulte en travers de notre chemin. »

Ailleurs dans le monde, Tcheren et Goyah éternuèrent. Et Goyah se gratta pensivement le bide. « Mais qui c’est l’ptit gars qui médit sur mon compte ? Ah si j’l’attrape ! »

« 8. On trucide tout Sbire Plasma quoiqu’il arrive !
9. Si on a un problème, on en parle. »


Et c’est alors qu’Élin, ne pouvant plus se retenir, vomi sur le papier.
Oscar blanchit.
Elsa pâlit.
Syd menaça violemment la dresseuse de Baggy.

Mais heureusement la blonde n’avait régurgité que quelques glaires, après tout elle n’avait pas mangé ce midi. Seule la neuvième condition était à présent illisible. Élin lança un regard farouche en groupe, tenant à oublier cette humiliation, et lâcha en un sourire supérieur :

— Au contraire, quand on a problème on n’en parle pas : on combat ! Et la preuve avec Syd, ça a marché hein !
— Ce combat n’était pas réglementaire, siffla le concerné.
— HÉ HO ! s’emporta la gagnante. Quelle mauvaise foi, finalement c’était mieux quand tu m’ignorais !
— S-STOP ! s’écria soudainement une voix toute frêle. Ils se retournèrent tous vers Elsa, qui rougit et balbutia : V-vous avez d-déjà oublié la première condition ?

Les deux fautifs ne lui répondirent pas. Syd tentait de reprendre un masque indifférent, mais en vain, il fixait plutôt les pieds d’Élin comme s’il pouvait brûler des trous à travers. La blonde quant à elle, tirait sa langue à Oscar, qui fixait son magnifique parchemin—maintenant tâché de vomi—avec dégoût.

— Bon, puisque Élin arrive à tout, tout transformer en une bouillie dégueulasse, poisson ou papier… c’est nous qui allons vous lire la dernière condition.

Alors, Elsa et Oscar se rapprochèrent, attrapant chacun un coin intact du parchemin, et lurent d’une seule voix, forte :

— Dixième condition : on est amis.

Ils se contemplèrent… le ciel, si chargé de nuages, s’était soudainement éclairci, et ils se voyaient à présent sous un nouveau jour. Élin, Syd, Elsa, Oscar.

Ils se sourient, se découvrant comme au premier instant, avant la première dispute. Peut-être que leurs personnalités ou humeurs respectives devaient mener, inéluctablement, à un conflit, ou peut-être était-ce dû au hasard, mais en tout cas le chemin pour arriver à ce pacte avait été difficile. Ils espéraient tous pardonner, et repartir sur de bonnes bases.

— Bon, vous nous libérez maintenant ? grogna Syd.

Et c’est alors qu’Oscar ricana, d’un air machiavélique.

— Oh que non. Passons à la deuxième étape !

[…]

Bon. Malheureusement pour Élin et Syd, ils étaient toujours ligotés, et ensemble qui plus est – le coup de parano d’Oscar durait, il avait trop peur que la fille imprévisible ou que le garçon buté ne s’enfuit. Mais au moins ils étaient autour du feu de camp ravivé, bien au chaud malgré la nuit qui tombait.

Elsa et Oscar discutaient à voix basse depuis quelques minutes, complices, ce qui ne faisaient qu’attiser l’irritation des prisonniers, à peine remis de leurs nausées et maux divers.

— J’en ai. Marre, déclama Élin, gigotant de tout son possible pour se libérer.
— Arrête, grinça Syd, retenant un cri quand la blonde lui envoya un coup de coude entre les côtes, mais gémissant tout de même : tu ne fais qu’empirer la situation !
— Mais j’aime pas rester immobiiiile !
— On s’en fiche, fais un effort ! Si en plus de tous tes défauts, tu es hyperactive, je te jure que je déchire ce Pacte et que je le jette aux Ratentif !

Ce n’est qu’après de nombreuses minutes de plus qu’Oscar et Elsa revinrent auprès d’eux, un sourire satisfait sur les lèvres d’Oscar, et un rictus tout aussi heureux, mais surtout amoureux, sur la frimousse d’Elsa.

— Bien, annonça le garçon aux prunelles vertes d’un ton dramatique. Nous avons décidé de la Marche À Suivre. Tous ici, nous avons des secrets, que nous avons confié à certains mais pas d’autres. Or pour être véritablement amis, il faut partager ces secrets !
— E-Ensuite, p-pour apprendre à se connaître, n-nous r-répondrons à v-vingt-et-une questions. C-C’est moi qui poserai les p-poserai, expliqua Elsa.
— On va commencer par mon secret ! déclama Oscar.

Le grand dadet prit une grande inspiration, jeta un regard à Élin, et s’assit autour des cendres mourantes du feu de camp. L’ombre accentuait l’expression soudain mélancolique de son visage.

— Ok, donc… mes parents ne sont jamais là. Ils partent en permanence en voyage ou en lunes de miel dans des hôtels de luxe, à Hoenn, Sinnoh, Kalos… ma mère est Kalosienne. Du coup j’ai, euh… j’ai grandi seul chez moi.
— Quoi ? ne put s’empêcher de s’écrier Syd, les yeux ronds. Personne n'a appelé les services sociaux ?

Non mais c’était quoi cette famille de malade ?

— Bah non… sourit le beau-gosse, tentant de faire bonne figure. Bon, du coup mes parents m’empêchent jamais de faire ce que je veux, enfin je les ai jamais sur le dos, c’est une bonne chose ! Je peux boire de la bière, aller en boîte, toussa…

Tu parles… des parents qui ne s’intéressent pas à leurs enfants, c’est toujours une blessure immense pour de jeunes êtres humains, encore innocents, ayant besoin d’affection et de soutien. Et puis, Syd pouvait discerner un rapport entre des parents qui oubliaient leur fils et un gamin tête-en-l’air, cela crevait les yeux. Oscar avait peut-être beaucoup de liberté, mais il devait sûrement arriver en retard en cours, ne jamais faire ses devoirs, ou avoir un besoin affectif immense… C’était peut-être un jugement hâtif, de la psychologie de comptoir, mais Syd en était convaincu.

— M-Mon tour, souffla Elsa.

On se tourna vers elle. Syd connaissait déjà son secret et sourit tristement, mais Élin et Oscar n’avaient aucune idée de ce qu’allait annoncer la brune. La gamine doutait qu’elle révèle maintenant son amour pour Oscar…

— Ma mère est morte, dit Elsa avec un ton neutre, si posé qu’il en devenait enfantin, comme si elle évoquait son dernier bulletin trimestriel.

… Ah ouais raté. Élin et Oscar se figèrent. Elsa fixa son regard bleu et vert sur Élin, Oscar, Syd, les observant calmement.

— Q-Quand j’avais sept ans, rajouta-t-elle calmement, souriant.

Ils ne surent que lui répondre, mais Oscar l’entraîna dans un câlin hésitant. Ils finirent par défaire les liens d’Élin et de Syd, qui grommelèrent un peu, mais laissèrent le beau-gosse les enlacer eux aussi, formant un véritable « câlin-à-quatre ». Puis Oscar les relâcha, et fixa Élin, qui comprit que c’était son tour de passer au billard. Évidemment, le beau-gosse connaissait déjà sa situation familiale… Elle inhala, s’assit en tailleur, et sourit :

— J'ai fugué. Mon père ne voulait pas que je parte en voyage initiatique parce qu'il trouvait ça trop dangereux. Alors mon seul espoir, c'est de m'entraîner assez pour le battre quand il revient de la Ligue de Kalos, dans deux mois. C'est pour ça que j'ai besoin de tous les Badges. Ah oui et mon père c'est Black Hei !

Syd, Elsa et Oscar s’exclamèrent de surprise, la fixant avec des yeux écarquillés et l’écoutant rire un peu, à la fois amusée et gênée. Élin avait grandi avec Tcheren, Bianca, White et toute la bande, qui ne trouvaient pas son père si extraordinaire… C’était la première fois qu’elle annonçait son lien de parenté et qu’on s’étonnait. Elle avait trouvé cela très drôle—il faudrait recommencer avec des inconnus un de ces quatre—mais la suite de la confession était bien plus douloureuse. Elle détourna le regard et poursuivit plus calmement, d’une voix peut-être un peu faible :

— Et… mon père… il parle pas.

Les autres ne comprirent pas.

— Q-Q-Qu’est-ce que tu veux dire ? la questionna Elsa, mal-à-l’aise, se rappelant des quelques matchs qu’elle avait suivis du dresseur à la télé.

Black, le plus grand dresseur masculin d’Unys… serait muet ?

— Non, il n’est pas muet, répondit Élin, secouant sa tête avec lassitude. C’est juste qu’il ne parle jamais, il est capable de parler comme toi et moi mais il préfère tellement rester silencieux que… bah il ne communique que part des hochements de tête, des sourires… j’ai été adoptée aussi, enfin je sais pas si c’est lié, il m’aime mais… des fois je me pose des questions. Et il ne voulait pas que je parte en voyage initiatique, du coup j’ai fugué et menti à Bianca pour intégrer son V.I.E. !
— Du coup Madame Lenoir ne sait pas que tu as fugué ? demanda Syd.
— Euh... nope !
— On protégera ton secret, la rassurer tout de suite Oscar, jetant un regard menaçant à Syd.
— Bah oui vu que c'est dans le pacte... marmonna-t-il.

Il s’en voulut d’avoir tant reproché à la blonde de parler trop fort, de rechercher de l’amitié, de l’affection. Si elle avait été éduquée dans un silence permanent… cela se comprenait un peu.

— Pardon, marmonna-t-il à l’adresse de la gamine, qui se para d’un rictus douloureux.

Elle ne se sentait pas triomphante d’avoir arraché une excuse à Syd sur ce sujet.
C’était à présent au tour du dresseur de Gruikui, qui grimaça, peu à l’aise. Il avait su dès le début de leur conversation qu’il allait devoir révéler ce qu’il avait déjà confié à Elsa dans un moment de faiblesse… mais cela ne lui plaisait toujours pas.
Combien de temps cela faisait-il qu’il n’avait pas pensé à Otis ?

Il cligna des yeux, un écrasant sentiment de culpabilité lui serrant brusquement le cœur. Effectivement, depuis son match avec Élin, il n’avait pas une seule fois pensé à sa mission, pas une seule fois jeté un œil à son portable. Et ses textos ? C’était exactement ce qu’il craignait : en devenant ami avec le reste il allait complètement se détourner de son objectif, de ce pourquoi il avait entamé un voyage initiatique ! Il plissa les yeux, voulant ignorer ses poumons soudainement glacés, son cœur immobile.

Il avait oublié mais… il ne s’était pas senti aussi bien depuis plusieurs jours, avec ses nouveaux… ses nouveaux amis, il avait trouvé chaleur et camaraderie. Syd fixa tour à tour Elsa l’écrivaine en herbe, Oscar l’insouciant, et même Élin, la petite peste qui l’avait vaincu—quoique non, il ne s’avouerait jamais cela. Il se rendit compte que tous attendaient sa « confession ».

— Je suis parti en voyage… pour aider ma famille. Il déglutit, scruté de toute part, et baissa les yeux.
— Ah bah c’est pas trop tôt, souffla Élin.

Mais il s’arrêta, ne sachant pas s’il voulait aller plus loin.

— Oh allez ! s’exclama la blonde à ses côtés. C'est lié à ce camion qui allait trop vite, non ? Tu en as parlé durant notre match...

Peut-être que s’il leur disait tout, les autres lui laisseraient l’espace et le temps nécessaire pour mener sa mission à bien (même s’il n’avait pas encore d’idée précise à propos de… non. Il ne pouvait pas y penser maintenant). Tant qu’ils ne s’en mêlaient pas, tant que Syd était le seul à se mettre en danger, il pouvait leur dire… non ?

— Mon grand-frère qui s’appelle Otis, reprit-il alors, lui donnant un coup de coude. Il est paralysé depuis un accident que ce camion dont je vous ai parlé l'a percuté. Je veux profiter de mon voyage pour trouver un remède, mais surtout pour accumuler assez de Badges—d’argent. Ma famille n’est pas super riche, alors on n’a jamais pu… inscrire Otis à des traitements expérimentaux qui pourraient le soigner. Mais avec assez de fonds, je pourrais l’inscrire à la clinique Meloetta de Volucité.

Oscar et Elsa lui lancèrent quelques encouragements, Élin clamant qu’elle pouvait lui donner plein d’argent s’il le voulait—mais il refusa avec colère, insistant que sa famille n’acceptait pas « la charité ». Si ses parents refusaient l’aide de sa tante, il n’avait aucune raison de l’accepter d’une fille qu’il venait de rencontrer, peu importe si c’était son amie ou non. Voyant que l’ambiance menaçait de retomber, Elsa s’interposa et intervint :

— O-Ok, p-passons aux q-questions. Le temps de p-parole sera distribué ainsi : d’abord Syd, puis O-Oscar, puis moi, puis Élin.

Il y eut bien un « hé, pourquoi je suis la dernière ? » indigné d’Élin, mais sinon, tous approuvèrent cet ordre de parole, et l’on se tut respectueusement pour qu’Elsa puisse débuter. La jeune fille les regarda tous à tour de rôle, la gorge sèche.

— A-Aimez-vous le théâtre ?
— OUI ! s’écria Élin, des étoiles dans les yeux.

Il y eut un silence.

— … c’était pas ton tour, souffla Syd, levant les yeux au ciel.

Un soupir collectif plana quelques instants dans l’air, les adolescents s’échangeant des mines consternées tandis qu’Élin se rembrunissait. Quelque chose comme « pfft » suivi d’une insulte à peine dissimulée s’échappa dans ses lèvres, mais Elsa fit mine ne pas l’entendre, et éleva sa propre voix :

— Avez-vous déjà é-été amoureux ?

On regarda Élin. Élin se tut.

— Non, répondit calmement et clairement Syd.
— Tiiiens moi non plus ça nous fait un point commun waw ! sourit la blonde.
— ÉLIN !

Cette fois, la jeune fille leur tira la langue. Au cours de la soirée, on apprit de nombreux secrets embarrassants—comme les circonstances inquiétantes des premières règles d’Élin, ce qu’Oscar n’aurait préféré pas savoir—et plein de petits détails intrigants, comme la taille exacte d’Elsa et Oscar : un mètre soixante-dix. Ils avaient la même à environ zéro virgule cinq centimètres selon Élin—Syd évidemment jugeait cette estimation complètement approximative et aberrante.

On fit aussi la liste des Pokémon que l’on rêvait de capturer. Et si Oscar et Élin n’en avaient aucune idée, ou préféraient laisser la construction de leur équipe aux mains du hasard, Syd et Elsa avaient des idées plus précises…

— Je veux des Pokémon à fort potentiel stratégique pour battre les Champions d’Arène facilement, expliqua Syd. Comme ça mon frère pourra être guéri le plus vite possible.

Élin lui cria qu’il ne pourrait jamais la battre, elle, parce qu'elle était trop forte. Syd répliqua qu'elle avait intérêt à bien s'entraîner si elle voulait atteindre le niveau de son père en deux mois. Elle lui tira la langue. Puis Elsa s'éclaircit la gorge.

— Si j-je peux je c-capturerai un S-Seleroc, un Solaroc, un Elgylem, u-un Kaorine et un… un Tutan… tant qu’à faire… un Tutankafer, articula difficilement la jeune fille.
— Wow, ta liste est précise dis-donc… souffla Oscar.
— Hm, tu ne cites que des Pokémon aux origines mystérieuses, commenta de son côté Syd.
— J-J’aime bien le mystère, rougit Elsa.

À partir de cette réplique, la conversation dériva de nouveau. On demanda à Élin pourquoi si elle avait un idôle, et elle répondit qu’elle vénérait White, qui avait toujours battu son père. Elle rêvait de la battre en combat singulier un jour.

— Hm. Ben y a encore du chemin à faire, siffla Syd.
— Oh tais-toi toi, je t’ai battu !

Finalement, on ne respectait pas tant que ça les ordres de parole ! Il fallait lutter pour s’imposer, et Elsa avait abandonné sa liste de vingt-et-une questions, tant elle ne parvenait plus à se faire entendre… heureusement, malgré la répartition houleuse de la parole, la conversation se déroulait dans une ambiance bon enfant. Petit à petit, les adolescents apprenaient à mieux se connaître—voire à leur grande surprise, à s’apprécier ! Autour du feu de camp depuis longtemps réduit en cendres, au creux de la nuit noire, quatre jeunes dresseurs riaient aux éclats.

Finalement, les enfants se laissèrent choir sur l'herbe froide de la nuit, contemplant le ciel étoilé aux-dessus de leurs têtes. Un frisson les parcourut alors qu'ils contemplaient le cosmos.

— V-Vous pensez qu'il y a des planètes sans P-Pokémon ? leur demanda Elsa, le souffle coupé.
— Ou des planètes sans humain ? enchaîna Oscar, légèrement perturbé en imaginant que dans ce cas de figure, lui, Élin, Syd et Elsa n'existeraient pas.
— Ouah, un monde sans Syd, le rêve... blagua la blonde ensuite.

Mais celui-ci ne releva pas la pique, ou plutôt il se releva en position assise. Le feu de camp mourant traçait son profil d'or et de rouge, comme s'il était sculpté de roche luisante ; et les petites claires de ses yeux ambrés étincelaient. Il laisse la conversation dériver de nouveau, souriant.

— … et j’aimerais bien être super connu et passer à la télé… soupirait rêveusement Oscar.
— C’est pas très difficile tu sais : travestis-toi ! répliqua Élin.
— Tous les travestis ne passent pas au 20H… souffla Syd de son côté, levant les yeux au ciel. Ils sont discriminés par la société.
— Oh toi, chut, je t’ai battu !
—Et alors, ça te donne le droit de me gouverner peut-être ?
— V-vous deux ! s’écria Elsa. La première condition ! E-Et la deuxième !

Élin et Syd soupirèrent de concert.
Mais ce n’était qu’un geste pour la forme, pour donner un peu de théâtralité à l’échange.
Ce soir, ils s’endormirent le cœur léger, heureux d’avoir confié leurs secrets. Pour Syd, mais surtout pour Élin, c’était maintenant clairs : ils étaient amis.