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A Guy and his Breathtaking Destiny de Drad



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» Auteur : Drad - Voir le profil
» Créé le 11/08/2015 à 00:58
» Dernière mise à jour le 09/09/2017 à 16:45

» Mots-clés :   Aventure   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Présence de transformations ou de change

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XXIV - 3 - A bout de souffle (1/2)
Julie, Latias et moi avions quitté le laboratoire par la même porte que tous les autres, et, après être repassé dans des couloirs aux sols de plaques de fer, la jeune femme nous conduisit pour la première fois dans un escalier, jouxtant un ascenseur. Pour des raisons évidentes d'infiltration et de rapidité, elle n'envisagea même pas d'utiliser l'ascenseur, bien que je pensasse qu'au point où nous en étions, ce serait sûrement une faute bien peu grave. Sauf s'il on se faisait coincer à la sortie, certes.

...Je dois dire que ce n'est pas sans un pincement au cœur que j'avais quitté le laboratoire personnel de Teck. J'avais laissé derrière moi ce corps d'Oisancien à la respiration lente, aux muscles tirés et aux problèmes physiologiques multiples ; cela dit, j'aurais voulu m'assurer plus que cela de sa sécurité, pour le jour où, je ne sais, on arriverait à le remettre vraiment sur pattes, et, en se réveillant, il développerait enfin sa propre conscience de Pokémon.
Dans tous les cas, nous dévalions désormais des marches métalliques dans une cage d'escalier aux murs sombres, éclairée avec ces inconditionnels néons. Si Julie n'avait aucun problème apparent et glissai sur les marches telle une Luxray, et si Latias n'avait qu'à léviter à notre vitesse, je manquai par trois fois de me tordre la cheville et me rattrapai de justesse à ma rambarde. Je ne voulais pas les ralentir, alors j'essayai de descendre aussi vite qu'elles, mais je n'étais pas non plus au meilleur de ma forme, avec tout ce qui venait d'être dit dans ce labo.

Je me trouvai aussi quelques difficultés à respirer... Bien que la circulation sanguine eusse été assurée durant ces derniers jours et le bon fonctionnement du cœur également, ce corps n'avait pas vraiment eut l'occasion de se dégourdir les membres. Là, il se réveillait tout juste, et je devais déjà le réhabituer à un rythme de folie similaire à celui de la dernière semaine, lorsque je courais dans le passé, le présent et le futur pour échapper à Solarius.

...Mais si le rythme pouvait être comparable, beaucoup de choses ne l'étaient plus. Maintenant, je n'étais pas embringué au hasard, et, pour aujourd'hui, nous avions des objectifs bien précis, face à une organisation construite et expérimentée, avec des plans d'action et des terroristes à tous les coins. C'était différent. Depuis ce matin - enfin, pardon, depuis deux jours, du coup - je m'étais rendu compte que l'ambiance avait aussi changé. Tout ce sérieux, tous ces enjeux lourds de sens, tous ces poids sur les consciences, toutes ces histoires pleines de zones d'ombre et d'esprits torturés - cela me foutait un vrai coup sur le moral. Mais je n'avais pas le choix.

Julie se lança contre une porte coupe-feu à laquelle aboutissait notre escalier, au rez-de-chaussée. Elle nous l'ouvrit, fit passer Latias, puis moi. Nous nous retrouvâmes dehors.

- On va suivre ce chemin, nous indiqua-t-elle.

Puis, elle reprit la tête de notre trio, et avança d'un pas rapide. Nous la suivîmes tous les deux. C'était la première fois que je sortais sur Ténébscuriax. Le ciel était toujours aussi rouge cendre, rouge sombre, je ne savais trop. Si des courants d'air marins faisaient circuler des traînées de nuages noirs et de fumées vomies par les usines, il ne me sembla pas que leur fraîcheur nous atteignît. Une chaleur oppressante nous enveloppait, et l'air poussiéreux grattait la gorge. Notre chemin de terre de la couleur d'un obscur rubis, longeait les grands bâtiments d'acier de Cipher, dont les murs lisses et hauts montaient jusqu'à une hauteur démentielle. L'autre bord du chemin était soit déchiré par des rochers empilés ou creusés par des failles abruptes ; on eût dit que la terre avait été forcée. Ce qui était le cas, pour Cipher. Lorsqu'à un moment, je me penchai vers l'un de ces fossés d'où émanait une forte couleur de feu, je constatai avec stupeur que des coulées de lave étaient à l'origine de toutes ces lueurs rouges : l'Île avait pris pour base un volcan actif, et forçait la planète - et sans doute Groudon - à vomir des roches en fusion pour bâtir un nouveau continent.
Je me redressai, évitai de frémir et continuai de suivre Julie, aux côtés de Latias. Celle-ci, loin de péter la joie, avait fini par succomber au sérieux ambiant. Je ne lui en voulait pas. Je devais admettre que je ne souriais pas des masses non plus, depuis mon réveil sur cette table d'opération.

- Est-ce que c'est bien prudent de sortir des bâtiments ? demanda le Pokémon Éon, ses yeux dorés peu rassurés.

- Ne vous inquiétez pas, je sais ce que je fais, répondit Julie.

- S'il on croise le moindre sbire ou Administrateur sur ce chemin, on est mals, rajoutai-je en voyant les murs de béton à ma droite et les fossés de lave à ma gauche. Y aura confrontation directe.

- Je ne t'ai pas demandé d'emporter tes Pokémon pour rien, rétorqua Julie. Et puis, d'une, ce chemin n'est guère fréquenté, et de deux, on ne trouvera certainement pas des Administrateurs dans un endroit pareils. Ils doivent bien être trop occupés à gérer leurs propres affaires, ou à paniquer.

- Ou à se préparer à nous recevoir, ajoutai-je.

- Ou à obscurcir des amis à nous, rempila Latias.

Julie ne releva pas nos remarques, mais continua de nous tourner le dos, nous ignorant nous et notre joyeux optimisme.

- Au moins, Artus est décédé, rappela Latias. Ça en fait un en moins.

- Il n'est pas mort, corrigea Julie.

Quoi ?! Était-il possible que ce fou aux cheveux bleus ait survécu ?! Latias partageait bien ma stupéfaction.

- Mais...! Je croyais que Chris lui avait réglé son compte quand il est devenu Pokémon Obscur ?

- C'est ce que je croyais aussi, répondit Julie, mais non. Il a trouvé le moyen de se téléporter et d'éviter la mort. Cela dit, vu l'état déplorable dans lequel on l'a ramené sur Ténébscuriax, je ne pense pas qu'il vaille plus grand-chose. Il ne pourra plus se battre, de toute façon. Avec tout ce qu'il avait de cassé, de fendu, et un bras en moins, il était plus proche du trépas que de sa retraite.

Bordel... Il était increvable, ce type...

- Génial, fit Latias, déçue. Moi qui pensais qu'on avait bien commencé.

- Et puis, s'il on croise le moindre sbire ici, combattre entre une corniche et des murs, y a plus pratique et moins dangereux, ajoutai-je encore une fois.

Le silence qui suivit n'était troublé que par nos bruits de pas sur le gravier et le grondement sourd de Ténébscuriax. Lorsqu'un caillou roula vers une rivière de roches en fusion, les toc le long de sa chute firent sursauter Latias.

- D'ailleurs, je vais être le seul à combattre, s'il on croise quelqu'un, ou est-ce que tu as des Pokémon sur toi aussi ?

- ...J'en ai, me répondit Julie.

- Combien ?

- Un.

- Hm. Je vois, fis-je, assez sarcastique.

Là, entre deux pas rapides, l'espionne tourna son regard vers Latias :

- Mais j'espère que, pour cette mission, Latias voudra bien me laisser la diriger en combat.

- Quoi ? Moi ? s'étonna Latias. Pourquoi ?

- Hé bien, en cas de match doubles, cela me permettra d'avoir une équipe complète. En plus des Pokémon que Chris me prêtera.

QUOI QUOI QUOI. Je m'étouffai avec ce je-m'en-foutisme total de mon avis, et Latias prit la mèche, vexée :

- Hé ! Depuis quand est-ce que j'aurais besoin d'être "dirigée" en combat ?! Pourquoi est-ce que tout le monde croit que je ne suis pas capable de me défendre ?!

- Je n'ai jamais insinué une chose pareille, Latias, rétorqua la jeune femme, je sais que tu es très capable. Cela dit, je connais Cipher, ses membres, et encore mieux ses Administrateurs, et leurs manières de se battre avec leurs Pokémon. S'il on veut mettre toutes les chances de notre côté, il faut que l'on fasse équipe. Que tu me fasses confiance.

- Hé, hé, minute, Cheniselle ! m'exclamai-je à mon tour. Depuis quand je dois te prêter quelque Pokémon que ce soit ?!

Julie détourna le regard et marcha droit. A croire que je ne valais pas la peine qu'elle se retournât.

- Cela me paraît évident. Tu as dix Pokémon sur toi, Chris. Il y en a donc quatre que tu ne pourras jamais sortir. J'ose espérer que tu es au courant que les matchs doubles sont de tradition à Rhode. Donc, si tu me confies les Pokémon inutilisables et que tu me laisse les diriger en match, je me retrouverai, en comptant quatre de tes Pokémon, Latias, et mon propre Pokémon, avec une équipe de six, moi aussi. Et nous pourrons les affronter dans les meilleurs conditions possibles.

- S'affronter à deux Dresseurs contre un, c'est contre les règles, objectai-je.

Mais elle me rembarra aussi sec :

- Tuer des Pokémon, c'est contre les règles.

Bien. Je vois.

- Mais peu m'importe, repris-je en croisant les bras. Je ne vais pas confier mes Pokémon à la première nana venue.

Dès que je prononçai ces mots, l'espionne s'arrêta net, pour mieux se retourner vers moi, outrée. C'est bien la première fois que je la vis animée d'une émotion aussi forte. Ses mèches de cheveux bruns lui retombèrent sur son visage, et elle me fixait.

- Comment ?! Tu ne me fais toujours pas confiance ?!

Je gardai les bras croisés, et tournai la tête.

- Non.

- Mais, mais... Je suis venu vous sauver ! s'écria-t-elle. Avec Noctunoir ! Et Crocrodil !

- Mais tu as attendu deux jours, récriminai-je.

- Mais j'allais pas venir alors que tu étais sous sédatif ! Et ton corps de Pokémon t'avait lâché ! Comment j'aurais fait, pour le Transfert de Conscience, avec un Pokémon mort ?!

- Peu m'importe. On aurait très bien pu commencer le plan d'action sans que tu nous emmènes voir Teck. D'ailleurs, je suis certain que tu ne t'es pas prise de Poudre Dodo, toi.

- C'était des Spores, riposta-t-elle en se redressant. Et, non, effectivement, je ne m'en suis pas pris. Je devais vous faire capturer.

- AH HA ! Traîtresse ! m'écriai-je.

- Cela faisait partie du plan ! Je devais vous emmener voir Teck pour qu'il vous raconte tout !

- Et peut-on savoir comment savais-tu qu'il allait nous expliquer tout ça ?

Elle croisa ses bras, elle aussi.

- Il m'a dit qu'il comptait le faire, si vous le lui demanderiez. Je pensais bien que tu ne laisserais pas passer une occasion d'obtenir des réponses, ayant pris connaissance de ton profil de piaf impatient et d'adolescent énervé.

BON SANG MAIS...!

- HEY ! Ça va bien, de m'insulter, oui ?!

- Je ne vois aucun insulte dans ce que je viens de te dire, Chris, objecta-t-elle sèchement. Seul "piaf" est à la rigueur du registre familier. Rien de péjoratif. Seulement des constats.

Elle commençait sérieusement à m'énerver, et je vois que Latias le ressentais, puisque, gênée par notre altercation, elle voulut nous calmer.

- S'il-vous-plaît... Est-ce que c'est bien le moment...

- Je refuse de confier la moindre parcelle de Poké Ball à cette foutue nana ! m'exclamai-je. Ces Poké Ball, ce sont toute ma vie, Latias ! Si elle nous trahit ou se barre avec, ou même, pire, s'en va les obscurcir à jamais, qu'est-ce que je fais, moi, hm ?!

L'Éon ne répondit pas, et baissa sa tête blanche bordée de cette peau lisse et rouge. L'autre femelle du groupe commença à en remettre une couche.

- Avec toutes ces Compét Ball que tu as, tu pourrais au moins-

Là, mon ras-le-bol atteignit un sommet, et je l'interrompis aussitôt.

- "Ces Compét Ball" ! "Ces Compét Ball" ! Mais ces Compét Ball, ma chère, vous savez ce que c'est ?! C'est un organisateur de concours débile à Johto qui a cru que le Zekrom pas amnésique que je me trimballai depuis l'avant-veille et moi venions participer à son concours de capture de merde, alors qu'on venait de détruire la Tour Carillon et la Tour Cendrée à coup d'explosif pour échapper en bagnole à un Minotaupe géant muté à cause de distortions temporelles, et alors qu'on essayait d'échapper à un scientifique fou et à un Champion d'Arène dictateur d'un futur qu'on devait sauver ! Ces Compét Ball, je me les suis trimballé jusqu'à la préhistoire, où je me suis fait chier dessus par un Ptéra, je me suis rétamé dans des marais, perdu en forêt, et où je me suis fait poursuivre par des Dardargnan ! Une Shaymin perdue en plein tourisme temporel est venue se réfugier dans une de ces Compét Ball ; j'ai capturé un Charkos taille maxi avec une de ces Compét Ball, j'ai capturé un Carabing abusé avec une de ces Compét Ball, et, toujours avec une de ces Compét Ball, j'ai capturé un Kaïminus qui ne l'avait pas volé, parce qu'il avait mordu le Zekrom à l'entre-jambe et nous faisait des head shot à l'Hydrocanon !

- Hihi, je m'en souviens ! rit Latias.

- CES Compét BALL, MA CHÈRE, je les ai emmené avec moi dans ce futur dirigé par un mégalomaniaque abruti par lui-même ! Elles ont pu me faire gagner la Ligue Pokémon Mondiale, et c'est lorsque j'avais ces Compét Ball avec moi, que je vous ai embrassé pour me donner du courage, alors que quatre putain de long matches plus tard J'ALLAIS COMBATTRE UN ARCEUS LVL 100, RETOURNER DANS LE PASSÉ POUR TÉLÉPORTER UNE PUTAIN DE MÉTÉORITE, ET DÉCOUVRIR QUE LE SCIENTIFIQUE FOU ÉTAIT EN FAIT UNE VIEILLE FEMME CONNE QUI VENAIT DE CRÉER LE PLUS PUISSANT POKÉMON DU MONDE QUE J'AI RETROUVÉ, DEVINE OÙ ?! DANS UNE DE CES Compét BALL !

Je m'arrêtai. Je respirai difficilement. Ça faisait longtemps que je n'avais pas crié avec
cette gorge, ou ces poumons. Julie me regardait, avec des yeux bleus, perdus entre l'incompréhension et la surprise. Je m'éloignai d'elle, et me redressai. J'époussetai ma chemise, en ne daignant plus la regarder.

- Bien sûr, cette Compét Ball n'était pas avec nous. Elle a été détruite dans un accident de métro, pendant que je faisais de mon mieux pour échapper à un de vos connards à coupe afro, et avant que je ne me fasse exploser dans un avion alors que je venais justement voir une Région entière se faire atomiser par votre faute.

Je m'arrêtai là. Arceus sait sûrement à quel point j'avais d'autre chose à rajouter. Julie, elle, battit de spaupières, me reconsidéra, se mouilla les lèvres avec le bout de sa langue et ouvrit la bouche :

- Je... Je ne savais pas...

- Ah oui ? Qu'est-ce que vous avez lus dans vos putain de "profil de piaf impatient et d'adolescent énervé" ?! HEIN ? HEIN ? QU'EST-CE QUE VOUS Y AVEZ LU ?!

Je sentis que je m'énervai à nouveau, alors je me pris la tête, m'attrapai les cheveux, serrai les dents, et respirai fortement entre mes incisives. Je me passai les mains sur le visage, puis, une fois calmé, je conclus calmement :

- Vous - ou toi, ou peu m'importe si je dois te vouvoyer ou te tutoyer, je n'en ai, mais alors, vraiment plus rien à foutre - tu comprendras pourquoi je ne désire pas te confier le moindre de mes Pokémon. Et tu comprendras que ce n'est pas en m'ayant sauvé la vie une fois et en m'ayant laissé crever toutes les autres fois que je vais te faire confiance. Tout ce que je vois, c'est que tu as beau agir, parfois et surtout maintenant, comme si tu voulais nous aider, je ne vois pas ce qui t'empêche de nous mener en bateau depuis ce soi-disant "sauvetage", tout en sachant que rien ni personne ne nous a repéré jusqu'à maintenant. Et, oh, tiens, tout ce calme, toute cette absence totale d'alarme : ça me ramène justement deux jours plus tôt, où il n'y avait aucun signe d'affolement, aucun combat - et ça s'est terminé enchaîné sur une table d'opération et avec un énième taré qui me raconte des conneries.

Je marquai une pause. Julie ne me répondit pas tout de suite. Elle me regarda. Même si je baissai la tête, et que, de toute façon, j'étais vexé, je notai néanmoins qu'elle ne m'avait jamais regardé aussi longtemps depuis que j'avais dû la rencontrer à nouveau. A un moment, elle ouvrit la bouche, cette fois avec plus de succès que la dernière fois.

- Tu m'as embrassé ?

Je répondis rapidement.

- Oui.

- À... Une autre époque ?

- Oui.

- Dans le futur ?

- Pas le futur qu'on aura. Grâce à nous.

- Et tu as survécu à tout ça ?

- Il faut croire, puisque je me tiens devant toi. Et encore, je ne t'ai pas tout raconté, ça me prendrait au moins quatre ans.

Elle marqua une pause. Elle devait réfléchir à je ne sais quoi. Elle avait toujours ses yeux bleus-gris posés sur moi, derrière ses mèches brunes.

- Pourquoi est-ce que tu m'as embrassé ?

Je voulus faire comme si ce sujet ne me gênait absolument pas.

- Pour me donner du courage. Je te l'ai dit.

- J'avais fait quelque chose de particulier pour toi ?

- Toi, tes sœurs et un autre Dresseur m'avez aidé à me préparer pour les épreuves qui m'attendaient. Tu étais en quelque sorte celle qui dirigeait ce groupe Rebelle contre le pouvoir en place. C'est ta fougue, et ton ardeur pour la défense d'une noble cause qui m'ont sans doute poussé.

Elle arriva où elle voulut en venir, et me demanda, toujours en me fixant :

- Et pourquoi est-ce que ça aurait changé, à notre époque ?

Je ricanai.

- Ha ! Je ne suis pas si naïf. Je ne vais pas m'imaginer que la fille que j'ai rencontré dans un futur alternatif est la même que l'espionne qui vient me sauver une semaine plus tard.

- Et pourquoi pas ?

- Je ne sais pas. Après ces histoires de voyages dans le temps, Dialga m'a dit que tout était revenu à la situation initiale, et nous accorda en récompense tout ce qu'on avait obtenu au cours de ce voyage. Puisque tu n'as pas vécu ce futur, tu n'es pas la même personne, c'est tout.

- Est-ce que j'étais MOCLASM, dans ce futur ?

- Non. Tu me disais que tu étais une Rebelle.

- Et, sais-tu si j'ai été MOCLASM avant d'être Rebelle ?

- ...Non. On n'a pas vraiment eu le temps de parler de nos passés respectifs.

Julie réfléchit un moment, encore. Je haussai un sourcil, et demandai :

- Où veux-tu en venir, à la fin ?

Elle se prit le menton, et croisa son autre bras pour y reposer son coude.

- Hé bien, si ça se trouve, je l'ai été, dans ce futur. Si les événements que Dialga a corrigé n'affectent pas ma vie... Puisque tu me dis que tout est revenu à la situation initiale, et qu'on m'a dit que ta première mission était aussi histoire de juger tes capacités à être MOCLASM, donc, que le jour où tu t'es fait kidnappé est LA situation initiale... Vu que je suis déjà MOCLASM depuis mon infiltration dans Cipher, donc depuis un bail, ça veut dire que j'ai forcément été MOCLASM dans le futur alternatif que tu as visité.

- Qu'est-ce qui me dit que tu n'as pas trahi les MOCLASM depuis ton infiltration ?

Elle me regarda d'un air déçu.

- Et donc, quoi ? J'aurais été MOCLASM, j'aurais trahi les MOCLASM, puis j'aurais soudainement été Rebelle ?

- Pourquoi pas ? Je n'en sais rien, moi.

Julie se secoua la tête, et s'adressa soudain à Latias :

- Latias, tu me fais confiance, toi ?

L'Éon rouge fut surprise qu'on lui adresse soudain la parole :

- Ouhlà, je veux pas me mêler de vos affaires, moi !

- Je ne te demande pas ça. Je te demande si, oui non, tu me fais confiance.

Latias réfléchit.

- Je ne sais pas vraiment... Chris n'a pas tort, mais je ne vois pas les choses comme lui...

Je me tournais vers mon amie et lui fit remarquer :

- Hé mais, tu ne lis pas dans les pensées des gens, toi ? Tu ne saurais pas si Julie - ou, plutôt, si cette jeune femme nous tend piège ? Et si ça se trouve, c'est même pas une femme ! Ou même une humaine !

Julie me regarda mal, et Latias s'excusa :

- Ce n'est pas comme si je pouvais lire dans les esprits de tout le monde...

- Première nouvelle ! m'exclamai-je.

En me voyant si récalcitrant à admettre ce qu'elle voulait me faire admettre, Julie s'approcha de moi, et, face à moi, mit sa main sur mon épaule. Je daignai la regarder.

- Écoute, Chris. Tu ne veux pas me faire confiance, d'accord. Tu conviendras néanmoins que me croire lorsque je te dis que je suis là pour vous aider, en tant que MOCLASM, pour arrêter Cipher, pour stopper cette diablerie de Pokémon Obscur, bref, que me croire tout court serait nous donner plus de chances.

- J'en conviens, répondis-je. T'avoir dans notre camp nous donnerait en effet plus de chances.
Mais je ne vois toujours pas ce qui t'empêcherait de nous trahir. De disparaître d'un coup, avec mes Pokémon.

Elle retira sa main.

- Est-ce que tu me laisses au moins une chance ?

Je haussai les épaules.

- Faut voir.

En entendant ces mots, elle fit un petit sourire. Elle se retourna, nous fit signe de la suivre, et nous reprîmes notre évasion là où elle en était.


Les deux filles avançaient devant moi. Si je traînai quelque peu à force de marcher vite (comprendre par là que j'étais essoufflé), Julie ne sembla pas avoir de problème avec ça, et je ne parlerai même pas du cas de Latias. Je vis la brune se tourner vers le Pokémon Éon :

- Il m'a vraiment embrassé ?

- Tu rigoles ! rit Latias. Vous avez même fondé un fan-club à son nom pour l'encourager lors de ses matches, hihi.

- Ah oui, d'accord !

Et je la vis rire elle aussi. Hm.

C'est là qu'on arriva à un coin de rue. Je veux dire par là que le bâtiment que nous longions s'arrêtait brusquement, et qu'un autre, tout aussi grand, recommençait quelques mètres plus loin, formant ainsi par leur espacement une allée aux murs gris démesurément hauts. J'espérai vivement qu'on prît ce chemin entre deux bâtiments, car je préférais toujours deux murs qu'un mur et un fossé de lave. Heureusement :

- On va tourner là, nous indiqua Julie.

Je vis les deux filles aborder le coin de rue, et j'accélérai pour arriver à leur niveau ; mais à ce moment-là quelque chose de grand, long sur pattes, et énorme au sommet rentra dans Julie. La jeune femme trébucha avec un "Hmpf !", tout comme la chose qui venait de nous bousculer, mais avec un "WOW !" Latias sursauta, et moi, je m'écriai :

- Merde !

Si Julie, adroite et solide, se releva rapidement, la chose qui nous était rentrer dedans était encore en train de se frotter la coupe afro.

- Bouledisco ?! s'exclama l'espionne. Mais qu'est-ce que tu fous là ?!

L'Administrateur se montra tout de même bien rapide quand il s'agit de reprendre la face, et en un instant il fut remonté sur ses grandes pattes. Je remarquai au passage que le bougre avait trouvé le temps de changer de tenue, et qu'il portait des lunettes aux verres argentés, une veste en cuir noire ouverte (on voyait son torse nu en-dessous :v), une écharpe jaune autour du cou, un slim violet, et une ceinture avec une boucle en grosse étoile dorée. Oh, il ne portait qu'un gant noir à la main droite, aussi. De toute façon, il nous pointa quand même du doigt.

- Hey Julie ! Qu'est-ce que tu fous là ?! Et ça ?! Et ça ?!

- C'est XD002, et Latias, répondit simplement Julie. Je peux te poser la même question, Bouledisco : qu'est-ce que tu fous là ?

- T'es pas au courant, meuf ?! Y a eu une méga-explosion dans le labo du boss ! Et Lugia et Zekrom se sont fait la malle !

La brune ne broncha pas, et le prit de haut. Latias et moi nous regardâmes et retinrent notre souffle.

- Bien sûr que si, je suis au courant, triple buse, poursuivit Julie. J'ai trouvé ces deux-là en train de s'échapper, alors je les emmène au QG.

- Ah ouais ?! Okay. Bon, à toute alors !

Puis, Bouledisco continua son chemin, en courant sur ses grandes guibolles vers le chemin de terre duquel on sortait. Latias put souffler, et je demandai :

- Il ne t'a pas dit ce qu'il faisait.

- Hm. C'est vrai, remarqua Julie. Bon, on s'en fout, après tout.

On allait donc repartir, quand on entendit derrière nous :

- HEY !

Latias et moi sursautâmes à nouveau en reconnaissant la voix excentrique du mec relou. Julie, elle, se retourna simplement :

- Quoi encore ?! T'as pas mieux à faire que d'importuner ta supérieure ?!

- Wow, calme-toi meuf, no souçaille. Je voulais juste savoir pourquoi t'as juste pas pris les téléporteurs ? C'est beaucoup plus simple et tendance que par l'escalier du fond.

Julie répondit du tac au tac :

- Parce que je les ai trouvé sur cette corniche, Bouledisco. Je viens de te dire qu'ils étaient en train de s'enfuir. Alors je les ai récupéré là.

- Genre, sur la corniche ?!

- Sur la corniche.

- Ah ouais, genre, je vois. Okay. Ça groove.

Puis, il repartit. Nous soupirâmes à nouveau.

- HEY MINUTE LES MECS !

AAAH ! - Putain ; mais il va arrêter ça, oui ?!

- Quoi encore ?! Tu m'emmerdes, là ! s'écria Julie avec son ton d'Administrateur.

- Je pige pas un truc meuf ! Genre, si XBZ02-truc, là, Chris, il a été capturé par le boss en Pokémon, et que le boss vient de nous dire qu'il allait le remettre en humain, comment ça se fait que le Chris soit humain ?!

- Bouledisco, tu réfléchis trop.

- No way, meuf ! C'est super zarb ! En plus, il a un putain de flingue à la ceinture !

Julie marqua un temps, puis répondit, imperturbable :

- Tu ne réfléchis pas assez non plus. Ils avaient le Professeur Syrus avec eux. Le mec, c'est genre un scientifique de fou. Il a dû deviner comment marchait le Dispositif de Transfert de Conscience, voilà tout. Quant à son flingue, je l'ai déchargé moi-même, pendant qu'il ne me portait aucune attention. Je suis pas idiote.

- Ah ouais, okay.

- Et puis, qu'est-ce que j'en sais, moi ?! s'exclama la jeune femme en noir. Je suis les ordres, et je ne me pose pas de questions !

- Okay, okay, j'ai compris meuf.

- D'ailleurs, tu vas où, comme ça ? demanda quand même Julie, pour une raison qui m'échappa.

- Le boss vient de m'envoyer balader parce qu'il voulait pas que je traîne dans ses pattes "pour ce moment historique" ou je ne sais quoi, et, tu sais, cette histoire de Pokémon Obscurs de nouveau possibles, ça le fout dans un état ! Et tu sais que depuis mon dernier échec avec la bombe du Pokéathlon, ben j'ai plus le droit à ma carte magnétique, beuh... Du coup je file aussi vite que la musique vers le labo du boss, mais par ce passage secret ! Comme ça si y a des fugitifs, je les prends par surprise !

- Oh. D'accord. Fais donc, Bouledisco. Et ne t'avise pas de revenir m'importuner avec tes questions à la noix.

- Okay, Julie ! On a de bonnes ondes, nickel !

Il allait repartir, encore une fois, quand il s'arrêta en plein pas de danse pour relancer :

- Hey, juste un dernier truc !

- Qu'est-ce que je t'ai dit, Bouledisco ?!

- Le boss nous a dit que c'était toi qui avait libéré XD002.




[...]





Hm. Problématique.

Si Latias devenait experte dans l'art de retenir son souffle, et que je commençai à baisser discrètement ma main vers mes Poké Ball, Julie ne se laissa pas intimider.

- ...Ah oui ?

- Ouais meuf. Et puis, la corniche, le seul moyen d'y accéder, c'est par l'escalier, et donc par des portes. Hors les portes comme ça, meuf, ça s'ouvre avec des cartes magnétiques. Moi, j'en ai peut-être pas, mais s'il y a quelqu'un qui en a, ici, c'est toi.

- Chris en a trouvé dans le laboratoire de Teck, rétorqua-t-elle.

- NO WAY ! Me mens pas ! On a rétabli le système de surveillance juste au moment où on t'a vu sortir avec Chris et la Latias ! Et puis, t'étais pas là ce matin, à la réunion ! "Des choses à
faire", mon œil !

- Bouledisco, répéta Julie calmement, je te l'ai déjà dit, ne t'en mêle pas.

- Tu m'étonnes que je vais m'en mêler ! On danse pas sur la même longueur d'onde, sale traîtresse ! Je vais t'apprendre à vouloir rayer le disque de Cipher !

Puis l'Administrateur prit deux de ces Poké Ball, esquiva un moonwalk, et s'écria :

- Musique !

Bouledisco envoya ses Pokémon, et dans un flash sortirent simultanément deux gros Ludicolo. Julie réagit au quart de tour, et avant même que j'eus le temps d'attraper l'une des miennes, elle envoya déjà son unique partenaire avec une énergie incroyable.

- Vas-y, Smith !

Je n'eus pas le temps de me rappeler où est-ce que j'avais déjà entendu ce surnom. La Poké Ball de Julie s'ouvrit, et laissa s'en échapper une lumière étincelante, qui se reforma en Colhomard.
Voilà où j'avais déjà entendu ce nom.

- Attaque Giga-Sangsue, baby ! cria Bouledisco. Et toi, balance Vampigraine !

Les deux Ludicolo inclinèrent leur sombrero-nénuphar : l'un tira un rayon d'énergie verte venant de sa fleur, qui alla droit vers le Pokémon Crapule, lorsque son confrère expulsa une graine qui reluisait d'émeraude, également à destination de Colhomard. Je voulus intervenir, mais Julie m'arrêta de la main.

- Attaque Abri !

Colhomard mit un de ses grandes pinces en garde, et créa un bouclier vert d'eau tout autour de lui. La Giga-Sangsue alla frapper Abri dans un choc, persista à avancer ; la Vampigraine rencontra elle aussi le bouclier ; mais, empêchées dans son mouvement, les attaques s'estompèrent brusquement et le rayon de Giga-Sangsue détona contre Abri. Ludicolo fut contraint à arrêter de tirer, l'autre reprit ses pas de danse, et Colhomard vit sa protection détruite.

- Attaque Plaie-Croix ! ordonna Julie.

Crapule réagit avec une docilité et une dextérité qui me laissèrent pantois. Les pinces croisées en avant, et une croix d'un violet lumineux apparaissant au-devant, il fonça sur un des Pokémon Insouciant avec une vitesse surprenante vut comme il dut courir sur ses deux pattes épaisses de sa carapace rouge.

- Attaque Danse Pluie, baby ! Et l'autre, un double-salto, et va protéger ton partenaire de danse avec Hydrocanon !

Le Ludicolo visé s'agita frénétiquement, bougeant ses pattes vertes palmées en rythme, au son des maracas que produisait son corps rêche d'écorce. Quant au deuxième, il sauta avec une agilité étonnante, exécuta effectivement un double salto surprenant, et atterrit juste devant le Colhomard qui fonçait. "Baby" leva les pattes au ciel : la sortie d'allée où nous nous trouvions se couvrit de gros nuages noirs, et les première gouttes commencèrent à tomber lorsque son partenaire Insouciant cracha un puissant jet d'eau. L'Hydrocanon fila vers Colhomard, qui se le prit en pleine face, mais qui résista avec force, et poursuivit sur sa lancée en repoussant la trombe d'eau au fur et à mesure. L'Hydrocanon dévié partait tellement dans tous les sens et formait si bien un écran d'eau repoussé en arrière que Bouledisco ne dut pas remarquer la remontée de Colhomard, à laquelle nous assistions vu de derrière : le Ludicolo qui crachait l'eau se vit contraint de clouer le bec quand il se prit l'attaque super efficace dans la bouche. Il fut éjecté en arrière contre son partenaire, et tomba hors-jeu.

- WHAT ?! Mauvais rythme, là, mauvais rythme !

Le Ludicolo restant, qui venait de se prendre le dos de son partenaire dans la figure, resta sonné un instant qui fut aussitôt tourné en la faveur de Julie, et comblé par son ordre :

- Vite, profites-en ! Tranche-Nuit !

Crapule leva une pince décisive, qui brilla d'un éclat sombre et étincela à son apogée. Puis il asséna un terrible coup direct au Ludicolo. Le Pokémon valsa tellement loin qu'il se trouvait hors de portée d'un deuxième coup au corps à corps. C'était sans doute tant mieux pour lui.

- Oh non, baby !

- Bien joué ! lança Julie.

- Ça va pas nous casser notre groove ! Balance Giga-Sangsue !

Le Ludicolo agit en quatre temps synchronisés : il dérapa sur une patte, se releva en back-flip, atterrit dans une flaque en baissant le sombrero, et envoya à nouveau le rayon vert luisant. La pluie et l'apparente Glissade d'Insouciant l'avaient rendu nettement plus rapide.

- Abri !

Colhomard mit une patte en avant, et commença à former le bouclier. Mais cette fois-ci, le tour de force de Ludicolo et le temps que mit Abri à se former (il était plus long à cause de sa réutilisation) eurent raison de sa prévoyance et Giga-Sangsue alla frapper Colhomard et le ligoter de ses tentacules vertes d'énergie. Elles étranglèrent Crapule, aspirèrent sa force vitale en gros bulbes lumineux qui remontèrent jusqu'au Pokémon au poncho d'écorces. Giga-Sangsue finit par se détacher et se dissoudre dans l'air, en laissant Colhomard affaibli et Ludicolo un peu remit de Tranche-Nuit.

- Yeah baby ! Ça c'est le bon rythme ! On ne va pas oublier d'appeler ton prochain partenaire !
Bouledisco tourna sur lui-même, et envoya avec "WOUH !" dans un style discutable un deuxième Pokémon dans son camp. Je pense ne surprendre personne en disant qu'un troisième Ludicolo fit son apparition.

- Julie ! m'écriai-je. On va jamais en avoir fini si tu t'obstines à le combattre seule !

- LAISSE-MOI TRANQUILLE ! protesta-t-elle. Nous pouvons y arriver !

- Fais-moi-un-moonwalk-par-ladroite ! chanta Bouledisco. Et toi baby, Giga-Sangsue, encore une fois !

Le dernier Insouciant arrivé glissa avec adresse sous la pluie, en prenant Colhomard par le côté, et son camarade envoya de nouveau le rayon d'énergie émeraude, en plein sur Crapule.

- Vite, Esquive !

Colhomard, malgré sa lourdeur, réussit à bondir à temps sur le côté opposé, et à éviter de justesse le rayon de Giga-Sangsue, qui s'évapora dans la nature. Cependant, derrière ces particules vertes qui s'envolèrent réapparut le deuxième Ludicolo, qui se trouva dangereusement près de Smith.

- Vas-y, mec ! Poing Éclair !

Ludicolo fit une pirouette sur lui-même, et s'arrêta brusquement en donnant un coup de poing fulgurant, brillant d'électricité, à Crapule qui n'eut le temps que de lever une pince. L'attaque super efficace toucha malgré tout le Pokémon, qui se prit également le contre-coup de sa pince dans l'œil. Colhomard dérapa dans les flaques sur plusieurs mètres.

- Smith ! Réplique avec Bulles d'O !

Le Colhomard affaiblit se positionna sur ses épaisses pieds arrières et sur ses pattes articulées de devant, tendit les deux pinces avec un air déterminé et les ouvrit grand. Leur intérieur se mit à reluire d'un bleu océan et deux rafales de boules d'eau scintillantes mitraillèrent les deux Insouciant. L'une dirigée vers l'auteur du Poing-Éclair, et l'autre dirigée vers l'opposant le plus résistant, au fond du terrain, le tout boosté par l'effet de la pluie sur les attaques Eau, les Bulles d'O atteignirent avec une précision fabuleuse chacune leur cible.

- C'est parfait ! Ne lâche pas, continue ! s'exclama Julie en serrant le poing.

Et Crapule fut ordonné de poursuivre Bulle d'O, incapacitant les deux Ludicolo adverses. Cela dit, l'attaque n'était pas très efficace sur ces deux Pokémon Eau/Plante, et je voyais le diamètre des projectiles faiblir. Malgré la détermination de la Dresseuse que je voyais à côté de moi, je savais également que Colhomard allait devoir arrêter la rafale sous la fatigue, et que les deux Ludicolo commençaient déjà à se stabiliser sur leurs deux pieds plats.

- Ah ! Ça va trop vite pour toi, mon gars ? se réjouit Bouledisco. Tu vas voir, je vais te faire danser, moi ! Triple salto de côté, puis Hydrocanon, et Poing-Éclair ! En rythme !

Les Ludicolo bondirent avec tant d'agilité hors d'atteinte des Bulles d'O que ça m'énervait. Je vis l'un s'échapper si loin qu'il en venait presque au bord de la corniche, et l'autre se rapprocha si près que je pouvais voir son poncho goutter. Le premier tira Hydrocanon face à Crapule, et l'autre glissait par derrière en chargeant un poing d'étincelles crépitantes.

- Abri, vite !

Colhomard était crevé après ce Bulles d'O rallongé, et venait de se prendre pas mal dans la carapace sans même pouvoir se soigner, ou souffler un coup. Même s'il n'en avait fait qu'à sa tête pendant ces années passées avec moi, j'avais combattu à ses côtés, et vu le nombre de fois qu'il s'était fait mettre K.O., je connaissais sa quantité de vie sur le terrain, et je savais là qu'il n'allait pas résister.

Je mis une main à la poche, mais un cri doux, féminin et montant en crescendo m'arrêta là aussi, avant de voler juste devant moi. C'était Latias. Le cou et la tête relevée, elle chargeait une sphère de brume éclatante devant sa gueule : elle l'envoya enfin promptement, et la balle fusa jusqu'au centre du terrain, où elle explosa en un brouillard de lumière.

- HEY ! Qui a enclenché les machines fumigènes ?! hurla vous-savez-qui.

- Dépêchez-vous ! s'exclama le Pokémon Éon en nous montrant son dos. Grimpez !

- Quoi ?! s'exclama Julie.

- NE POSEZ PAS DE QUESTION, BON SANG !

Je fus le premier à ne pas me le faire répéter et à bondir sur les épaules de Latias. Je fis signe à Julie de se grouiller, et la jeune femme brune, après un coup d'œil rageur sur le lieu du combat, grimpa à ma suite sur le Pokémon Éon. À ma grande surprise, considérant sa taille plus petit que celle de son homologue masculin, Latias ne broncha pas et se montra très puissante, en planant vers un coin du terrain perdu dans la brume, attrapant Colhomard au vol, et virant de bord à 180° avant d'esquiver un Ludicolo perdu et de piquer une pointe de vitesse décoiffante.


Cette fuite à dos de Latias nous impressionna vivement, Julie et moi, d'abord par la réactivité dont elle avait fait preuve et ensuite par la maîtrise et l'abnégation dont elle fit preuve. Nous fûmes et un éclair loin de la pluie de la danse des Insouciant et des cris poussés par l'autre énergumène à coupe afro : il fallait de toute façon faire vite pour ne pas être repérés, la brume allant retomber rapidement à cause de la Danse Pluie et de l'impulsion créé par la pointe de vitesse de notre amie. L'Éon nous entraîna donc à une allure hallucinante dans le dédale des allées de ce coin de Ténébscuriax, négociant les virages serrés à la perfection, filant comme un avion de feu et transperçant l'air volcanique comme une flèche supersonique. Le courant de vent qui nous soufflait sur le visage et dans les cheveux, et ces murs qui défilaient à une telle vitesse m'impressionnèrent vivement et si bien que lorsque l'Éon ralentit brusquement jusqu'à son arrêt complet, j'avais l'impression d'avoir traversé une Région en ayant ralentit le temps.

- C'est bon. On devrait être en sécurité, ici, indiqua Julie, à ma surprise.

Latias respirait fortement, quelques gouttes perlant sur son front de nacre, et elle n'attendit pas longtemps pour reposer Colhomard à terre. Le pauvre Crapule devait se remettre de ce vol à réaction qu'il avait fait à l'étage du dessous, en voyant le sol de terre rouge et en même temps sans doute sa vie défiler devant ses yeux. Nous nous étions arrêtés dans une allée légèrement plus étroite, et cachés derrière de grands conteners, noirs. Après avoir posé un pied à terre et remercié Latias, je levai la tête vers la voûte céleste pour constater que les murs gris de béton armé s'élevaient toujours aussi haut, et que, tout là-haut, le ciel était toujours aussi rouge sombre.

Julie descendit elle aussi, et n'attendit pas plus longtemps pour faire revenir Colhomard dans sa Poké Ball. Pendant que Latias reprenait son souffle, la jeune femme brune s'avança vers moi, décidée.

- Alors ? Tu me crois, maintenant ?

Je vis qu'elle faisait allusion à notre altercation avec Bouledisco, et également au fait qu'il nous avait appris que Cipher savait pour sa trahison, pour notre évasion, et, conséquemment, pour son implication du côté adverse. En l'occurrence, le côté des gentils. Cela dit, je croisai les bras, toujours sur la défense.

- Bah ! Si ça se trouve, tout ce cinéma était prévu, et faisait partie d'un plan obscur. Qu'est-ce qui me dit que tu n'as pas comploté avec Teck pour faire croire à des Administrateurs que tu étais de notre côté, tout ça pour qu'on constate la surprise de ceux-ci, qu'on te fasse soudainement confiance et que tu puisses nous voler nos Pokémon ?

Julie me regarda d'un air exaspéré, et fit un signe de main pour exprimer son abandon.

- Pfff, j'te jure. Tu sais quoi ? Fais comme tu veux, Chris. Mais tu ne viendras pas pleurer quand tu verras qu'on aurait pu sauver le monde si tu m'avais écouté, avisa-t-elle.

Je gardai mes bras croisés, montrant fièrement mon opposition légitime, quand la brune s'approcha de Latias.

- Merci pour tout ça, Latias. Mais j'aurais préférer rester pour-

- Pour quoi ? récrimina le Pokémon. Pour que Smith se fasse mettre hors-jeu ? Tu sais très bien qu'il n'allait pas y arriver.

- ...Peut-être, opina l'espionne. Il aurait fallu rester pour le savoir.

- Et perdre plus de temps avec cet abruti, alors que la vie de Zekrom est en jeu ? Très peu pour moi, rétorqua Latias.

J'ouvris de nouveau la bouche, m'adressant à notre amie salvatrice :

- Au fait, Latias, comment as-tu su te repérer dans ces allées ? Elles se ressemblent toutes...
L'Éon regarda la brune, avec un air assez grave.

- C'est Julie qui m'a guidée. J'ai réussi à lire dans ses pensées.

Je sursautai.

- Pardon ?!

Pendant que l'espionne en noir la regardait droit dans les yeux, Latias m'expliqua :

- Lorsqu'elle se donnait vraiment lors de son combat. Son esprit s'est ouvert, elle ne dissimulait plus rien, et j'ai pu accéder à ses pensées. Je ne me l'explique pas non plus vraiment, Chris. Mais le fait est que je connais désormais la vérité à propos de cette jeune femme.

Les bras m'en tombèrent. En attente d'une réponse, je regardai Latias, qui, avec ses yeux dorés, regardait désormais Julie, et cette jeune femme, avec ses yeux bleus-gris, regardait toujours Latias. L'Éon parla franchement :

- Il est temps qu'on se serre les coudes tous les trois et que tu lui dises, Julie. Ce ne sera qu'une preuve supplémentaire de ta bonne foi envers lui.

...

- Bien, fit la jeune femme.

Elle se tourna vers moi. Elle se passa une main dans ses longs cheveux noirs, et elle me regarda, en croisant ses bras d'un air décidé. Je respirai avec force et serrai les dents.

- Je m'appelle bien Julie, commença-t-elle. Je suis bien une jeune femme - pour ta gouverne. Pour ce qui est de Julia et de Juliette, elles ne sont pas réellement mes sœurs - nous étions juste très proches, toutes les trois.

- C'est un début, commentai-je. Ensuite ?

La jeune femme en noir regarda Latias. Latias lui fit signe de poursuivre. Je me pris un nouveau regard décisif de la part de Julie.

- Ensuite, je suis la fille de Teck.

- Ça, c'est ton rôle dans Cipher, j'ai compris, rétorquai-je. Je croyais que tu étais censé me dire la vérité, là.

- C'est la vérité. Je suis vraiment la fille de Teck.

HEIN ?!

- M-Mais... Mais alors t'es de leur côté ?!

- Je n'ai pas dit ça, Chris, objecta Julie. Calme-toi. Je suis bien une MOCLASM, comme l'étaient mes deux sœurs de cœur, aussi.

Elle inspira un coup bref.

- Ensuite, je dois te dire que, tout comme Juliette et Julia...

J'étais toute ouïe. La vérité allait enfin éclater. Enfin, elle m'assura, avec un ton franc :

- Je suis une vraie femme.




[...]




Oh. D'accord.

- Tu te fous de ma gueule, là, c'est ça ? lançai-je, blasé.

Latias rit un peu, et Julie haussa les épaules :

- Comme ça, tu es fixé.

- Merci. Franchement, merci, rouspétai-je.

- Plus sérieusement, je voulais surtout dire que l'on vient toutes les trois du futur.

- Bon, ça va, j'ai compris, tu t'es bien amusée, hahaha, on a bien rigolé, grommelai-je. On peut éviter de perdre notre temps, maintenant ?

Latias ne riait plus. Julie avait gardé son sérieux d'enterrement.

- Je ne fais que te dire la vérité, Chris. Je viens du futur.





[...]





Oh. D'accord. Toutefois, si je fus profondément étonné au début, après mûre réflexion sur la dernière semaine, je dus considérer que les voyages dans le temps ne devait plus vriament me surprendre.

- Je vois, réagis-je simplement. Dans ce cas, tu me comprendras si je te demande plus d'explications.

- Tout à fait.

Elle continua de me regarder.

- Dans ce futur, je te laisse deviner qui a contrôlé le monde et s'est construit une armée de Pokémon Obscurs. Tout ce que t'a raconté Teck à propos des plans de Cipher est exact, et va se concrétiser s'il on ne fait rien. Si l'espèce humaine s'en sort bien, je n'ai pas envie de m'étendre sur l'atroce situation dans laquelle les Pokémon se trouvent à l'époque où je suis née. Quasiment que de l'Obscur, et cette puissance est réservée aux membres du Gouvernement Cipher.

Elle poursuivit.

- Je suis née de l'union d'un jeune scientifique, Teck, et d'une jeune Dresseuse de Pokémon Obscurs. Mais mon père a disparu alors que j'avais quelques jours à peine. J'ai grandi qu'en n'ayant connu que ma mère, et, vu ses relations avec Cipher, je te laisse deviner que nos relations n'ont pas été des plus cordiales. J'ai eu la chance de me rendre compte du malheur dans lequel les Pokémon vivent à mon époque, et je ne pouvais ni supporter ni tolérer une situation pareille. Je te passe là aussi le récit de la pauvre petite rebelle. J'ai fini par rencontrer Julie et Juliette, qui étaient MOCLASM avant moi. Elles doivent avoir leur propre histoire, elles aussi. Dans tous les cas je trouvai une aide dans une société délabrée, et elles m'ont fait intégrer le Comité à treize ans, et c'est à peine si elles étaient plus vieilles que moi.

- Si jeunes ? m'étonnai-je. Et les MOCLASM existaient encore, dans ce futur ?

- L'âge importe peu pour le Comité Légendaire des Agents Sauveurs du Monde. Ce sont les capacités, la bonté du cœur et la détermination qui les intéresse. Ensuite, en ce qui concerne l'état dans lequel ils se trouvaient, il était médiocre. C'était loin d'être l'organisation d'aujourd'hui dont le QG prend la place de toute une ville souterraine. Il n'y avait plus que quelques membres humains, cachés, ici et là, qui n'avaient rien tenté de faramineux contre Cipher, puisqu'ils risquaient d'échouer et de signer la fin du Comité. En ce qui concerne le côté Pokémon, les Équipes de Secours sont une faction que je suppose réduite à néant, puisque je les ai découverte à mon arrivée à cette époque. La plupart des Pokémon Légendaires de chaque Région est tombé sous le contrôle de Cipher. Le seul Pokémon MOCLASM que j'ai connu dans ce futur, ce fut Arceus.

Alors... Tout le monde...

- C'est lui qui me raconta ce qui était arrivé à mon père, reprit Julie. Mon père, s'il est tombé amoureux d'une sbire de Cipher, s'est fermement opposé au régime imposée par Cipher et à la situation des Pokémon sur place. Il trouvait que Cipher en avant fait des monstres, là où ils auraient dû chercher à les purifier de leurs imperfections pour les révéler au grand jour.

- Pourtant, observai-je, ça me rappelle fichtrement le discours qu'il nous a servi sur leur obscurcissement...

- Peut-être. En tout cas, je pense que tu as compris ce que j'allais t'annoncer.

Oui. C'était évident : si Teck a connu l'époque de domination de Cipher, et que Teck est ici, aujourd'hui, sur Ténébscuriax...

- Il vient lui aussi du futur, conclus-je.

- Exact, approuva Julie. Cipher domine le monde dans ce futur, et, avec cette armée de Pokémon Obscurs, rien ne pouvait plus les renverser. Alors mon père se mit en tête que le seul moyen de changer l'histoire était de retourner dans le passé, et d'agir directement sur le cours des événements. Il trouva un moyen se créer une machine, qui lui permettrait de remonter le temps. Je sais que plusieurs Pokémon aux pouvoirs psychiques conséquents lui sont venus en aide, mais il ne put avoir l'aide d'aucun Légendaire tel que Dialga, Célébi, ou une autre créature formidable qui connaissait les secrets du voyage dans le temps. La situation était bien trop critique, à cette époque.

Elle marqua une pause, et laissa son regard se perdre sur le sol. Enfin, elle posa à nouveau ses yeux bleus sur moi.

- Mais il y a eut un problème lors du voyage temporel. La machine a explosé, ou quelque chose du genre. Mon jeune père a été envoyé dans le passé, mais il se retrouva amnésique a son arrivée. Il a été recueilli, a fait des études ; on s'est rendu compte de son don pour la science et on l'a poussé à poursuivre dans cette voie.

Elle avait reprit ce regard sérieux, glacé, figé dans le temps.

- Il t'a raconté ensuite comment il a tourné. Comment, finalement, il se retrouve à créer Cipher. À être responsable de ce futur.

- Une minute, l'interrompis-je. A l'époque où tu es née, dans ce futur contrôlée par Cipher, vous ne saviez pas que Teck était aux commandes de l'organisation ?

- Je ne pense pas que mon père, à la tête de Cipher, ait vécu encore assez longtemps après la réussite des plans de son organisation, jusqu'à cette époque où lui-même est né.

Hm. D'accord.

- Voilà pour Teck, continua Julie. Quand Arceus me raconta ça, il me proposa de partir en mission dans le passé, à cette époque actuelle, accompagnée de Julia et Juliette, pour empêcher mon père de concrétiser ses desseins. Nous voilà donc envoyées à ton époque, Chris, il y a quelques mois de cela. Bien entendu, Arceus étant omniscient, il m'accueillit, et nous présenta au MOCLASM vigoureux d'aujourd'hui, en leur annonçant notre mission. On me choisit bien évidemment comme celle qui infiltrera Cipher, puisque je pouvais me faire passer pour la fille de Teck - enfin, j'étais sa fille, donc aller le trouver, me présenter comme telle, et le laisser vérifier notre affiliation par ses propres moyens fut facile. Lui qui ne se souvenait plus de rien, j'étais comme un phare dans sa nuit, et il m'accorda sa pleine confiance. J'étais sa fille, après tout.

...J'y voyais désormais un peu plus clair. Même si tout ça restait très alambiqué, ça se tenait - et de toute façon, puisque Julie me disait la vérité, en ayant Latias comme détecteur de mensonges, j'étais bien obligé d'accepter ce que cette jeune femme venue du futur me racontait.

- Le reste, tu le connais, conclus Julie. J'espionnai et je jouai le jeu au cœur de Cipher pendant ces derniers mois. Ton enlèvement eut lieu, et me voilà à te raconter tout ça.
Bien. Bien. Bien bien bien. On était clairs, au moins, maintenant.


- Chris ?

- Hm ? fis-je en relevant la tête vers Julie.

- Tout va bien ?

- Oui, oui. C'est juste que... Je pensais en avoir fini avec ces histoires de voyages dans le temps, répondis-je, en me grattant la tête.

- Ah, désolée...

- Boarf, pas grave ! souris-je. Je m'habitue, voilà tout.

- Est-ce que tu me fais confiance, maintenant ?

Je regardai la jeune femme, puis je regardai Latias. Mon amie me fit un signe de la tête. Je réfléchis. Alors, je plongeai les mains dans mes poches, et je sortis quelques-unes de mes Poké Ball, en faisant le tri, au fur et à mesure. Dans la paume de main, je gardai la Sombre Ball, deux Poké Ball et une Compét Ball.

- Je vais te confier Noctunoir, dans la Sombre Ball, parce que je sais que c'est un MOCLASM quoi qu'il advienne. Ensuite, la Compét Ball, c'est Shaymin. Elle, je sais que quoi qu'il arrive, elle saura se débrouiller, sans aucun problème, et je ne pense pas que sa nouvelle forme nous dira le contraire. Enfin, cette Poké Ball, c'est Noctali, et celle-ci, c'est Vaututrice. J'ai capturé Noctali alors qu'il était un petit Évoli lors de mon voyage à Sinnoh, sur la route 212. Vaututrice, je l'ai reçue en Vostourno, pour mon anniversaire, de la part de ma mère. Elle m'accompagna lors de mon voyage à Hoenn. Tu sais désormais à quelle région je pense quand je la vois. Encore plus aujourd'hui.

Je tendis la main, en l'ouvrant Julie.

- Ces deux derniers Pokémon sont, entre les quatre, ceux qui prouvent la confiance que je mets en toi. J'espère ne pas avoir à le regretter.

Elle me regarda à nouveau, puis prit les Ball que je lui tendais.

- Je t'assure, Chris, que tu ne le regretteras pas, m'affirma-t-elle d'un signe de tête convaincue et déterminée.

- Bien.

- Latias ? demanda Julie. Je peux compter sur toi, en cas d'affrontement ?

- Je te fais confiance, approuva Latias. Tout ce qui m'importe en ce moment, c'est d'arrêter Teck et de retrouver Zekrom. Si te laisser me dire quoi faire en combat peut nous aider à être plus efficace, alors c'est d'accord.

- Parfait. Merci beaucoup, Latias.

- Pas de souci. Ne perdons pas plus de temps.

Le Pokémon Éon passa sa tête par-dessus les conteners noirs, et regarda derrière.

- Est-ce qu'on a semé Bouledisco ?

- Oh, je ne m'en fais pas pour ça, répondit Julie. Ce pauvre hère abandonne rapidement lorsqu'il ne sait pas où chercher.

- D'ailleurs, en parlant de lui, remarquai-je, il a mentionné des téléporteurs, tout à l'heure. Pourquoi est-ce qu'on en a pas pris un, en sortant du labo de Teck ?

La jeune femme sembla sincèrement désolée, et blessée, comme si on venait de lui couper l'herbe sous le pied.

- J'aurais bien aimé, mais ma carte n'y a plus accès depuis ce matin... Je ne peux plus ouvrir que les portes et les cages d'escalier. Après, toute porte ou escalier ne nécessite pas une carte, mais dans tous les cas, les téléporteurs sont réservés aux VIP. Dont je ne fait malheureusement plus partie...

- Tu crois donc vraiment qu'ils t'ont découvert ?

Je la sentis assez mal, lorsque je le fis repenser à l'éventualité que sa mission d'infiltration a pu être un échec.

- Apparemment, vu ce que Bouledisco nous a dit... Mais depuis quand ? Depuis ce matin ? Depuis deux mois ? Si ça se trouve, tout ce qu'ils m'ont laissé entendre depuis était alors de fausses informations...

Latias, en la voyant mal, lui posa une patte sur son épaule pour la réconforter.

- Ne t'en fais pas, Julie. Tu nous as été d'une aide très précieuse jusque là. Dans tous les cas, ta mission n'aura pas été un échec, mais aura permis de nous rassembler.

- Je vois où tu veux en venir, et j'apprécie ta sollicitude... sourit Julie.

Avant de retrouver aussitôt sa bravoure et son air concerné.

- Mais je ne serai satisfaite que lorsque je saurai mon père hors d'état de-

Subitement, elle s'arrêta, mit la main à son oreille, et se pencha légèrement en avant.

- Ici le groupe Gallame, indiqua-t-elle. Je vous reçois, groupe Pyrax.

Un appel du groupe des Champions ? Pourvu que tout se passe bien...

- Hm. Hm. D'accord. Merci, Goyah. Retrouvez Lovis et Cynthia aussi vite que vous pouvez. Ils doivent être dans l'aile sud.

Julie baissa le bras, et s'adressa à nous deux.

- Le groupe Pyrax s'est occupé des radars de Cipher, et Goyah a escorté Syrus avec succès jusqu'à un Robo-Kyogre. Il rejoint les parents de Chris pour les aider à poursuivre la libération des Pokémon retenus.

- Bonne nouvelle, remarqua Latias.

Bon. Il n'y avait plus qu'à reprendre notre route, alors. Je regardai par là où nous étions arrivés, et, ne trouvant que des chemins de terre rouge et de sales murs qui montaient jusqu'aux cieux de cendre, je demandai à notre espionne :

- Si tu as guidé Latias jusqu'ici, tu dois savoir où nous sommes, non ? Sais-tu par où se trouve le Centre de Contrôle, en partant d'ici ?

- Oui, m'affirma-t-elle en prenant les devants. On n'a qu'à prendre l'allée centrale nord, ce n'est plus très loin. Il faudra juste prendre garde à ne pas se faire repérer. Dépêch-

Qaund, au-dessus de nos têtes, des bruits de moteur, un rugissement, des battements d'ailes et la voix d'un jeune homme se fit entendre :

- LATIOS ! DRACOCHOC, ENCORE UNE FOIS !

Nous levâmes les yeux au ciel, seulement pour voir filer dans la bande ciel rouge une soucoupe grise, un triangle bleu et un dragon orange. Puis, on entendit une décharge d'énergie draconique un peu plus loin.

- C'est le groupe Cizayox ! m'exclamai-je.

- Latios ! s'écria Latias.

- Ils se dirigent vers l'allée centrale nord ! enchaîna Julie. Vite, suivons-les !


Nous nous précipitâmes dans l'allée adjacente, suivîmes Julie sur quelques mètres, prirent la première à gauche, et voilà que nous débouchions sur une véritable avenue de terre rouge et des cailloux noirs. Elle était encadrée par ces grands bâtiments gris, toujours, indépassables, et qui me parurent aussi inévitables et dramatiques que les couloirs que nous avions arpentés dans leurs intérieurs.

Julie courait en avant, Latias à sa hauteur, cherchant dans le ciel quelque forme de vie ; moi je traînais un peu derrière, mais faisait de mon mieux pour sprinter. L'espionne venue du futur porta deux doigts à son oreille.

- Groupe Cizayox ? Groupe Cizayox ? Est-ce que vous me recevez ?

J'espérai qu'ils répondent, et vite... Je remarquai alors, au bout de cette avenue, droit devant nous, que courait un pont métallique, dont les plaques semblaient similaires à celles qui recouvraient certains couloirs de Cipher. En voyant la vive lueur enflammée qui émanait d'en dessous et de bien autour, je compris avec appréhension qu'il enjambait un lac de lave... Jusqu'à rejoindre cette tour, là-bas, qui se dressait seule contre tous, toute gris-moche. Je la remarquai parcourue de fenêtres en forme d'ogives, jusqu'à son sommet singulier : une grosse boule de béton armé, cerlé de noir, et surmontée d'une grosse parabole. Je jugeai ce sommet conséquent bien apte à accueillir quelque chose d'aussi important que le Centre de Contrôle, et Latias me confirma par la pensée que c'était bien l'endroit que visait Julie.

- D'accord, tenez bon ! On arrive vers la Tour de Contrôle !

Elle arrêta d'appuyer sur son oreillette, et elle se tourna vers moi :

- Le groupe Cizayox poursuit Purple Eye ! Ils vont bientôt le coincer ! Il ne faut pas qu'il atteigne la Tour de Contrôle !

- Pourquoi ?

- Selon Walker, c'est là que Purple Eye garde ses Pokémon !

Puis, brusquement, ce même bruit d'objets et de créatures volants, en trombe, juste au-dessus de nous.

- Ils sont là ! s'écria Latias.

Effectivement : on vit de plus proche la soucoupe volante, avec un homme vaguement violet à ses commandes. Puis, quelques mètres plus loin, Latios, les bras repliés, portant Walker sur son dos, et Fire, portant un petit bout de glace blanche entre les ailes. Alors qu'on courait toujours à leur rencontre, les trois masses volantes s'enfuirent vers la Tour de Contrôle. Ils étaient juste au-dessus du pont métallique lors Purple Eye vira de brusquement de bord, et se mit à tirer des boules d'énergie fluorescente depuis son engin bizarroïde.

- Vite ! insista Julie. Il faut aller les aider !

- Je fais ce que je peux ! criai-je, haletant.

Fire et Latios esquivait les projectiles, et répliquaient à gros coup de Dracochoc, Lance-Flammes ou à petits coups de Poudreuse, quand Hugwald le sentait bien. Cela pétaradait dans tous les sens et s'évaporait plus loin, sans jamais toucher leurs cibles. Nous dûmes éviter quelques-uns des tirs perdus de Purple Eye, qui vinrent bombarder notre avenue avec des sifflements et des explosions agaçantes de dangerosité. Raison de plus pour prendre les jambes à son cou ; vers l'ennemi, bien entendu.


Nous arrivâmes finalement au bout de l'avenue, juste devant le pont, sous le théâtre des hostilités.

- J'AI ÉCHAPPÉ AU JUGEMENT D'ARCEUS...! s'égosilla Purple Eye à l'adresse de ses adversaires alors que nous ne faisions qu'arriver. Vous croyez sérieusement que je vais me laisser marcher sur les pieds si facilement ?!

Et on le vit lever un bras en l'air, d'une manière dramatique :

- VIENS À MOI, MÉTALOSSE !

Je regardai partout, frénétiquement, me demandant d'où un Pokémon comme celui-là allait bien pouvoir surgir ; ce fut en remarquant un bloc de métal sortir de derrière la Tour de Contrôle et léviter vers l'Administrateur.

- Walker ! s'écria Julie.

- Fire ! m'écriai-je.

- Latios ! s'écria Latias.

- Ne vous occupez pas de ça ! nous cria le Pokémon Ranger. Foncez à la Tour !

Julie comprit le message, et fonça aussitôt sur le pont. Déstabilisé et peut rassuré de laisser mon ami le Dracaufeu et ses compagnons dans une telle situation, je jurai et suivit tout de même Julie, en courant sur ce maudit pont aux dalles métalliques qui résonnaient sous nos pas. Le Métalosse, pendant ce temps, arriva jusqu'à l'homme qui l'avait appelé (je ne savais vraiment s'il était Dresseur, cet homme, ou s'il contrôlait juste ces Pokémon comme il l'avait fait avec Lilas au Centre Spatial). Le Pokémon Pattefer, dont je reconnus enfin la forme avec sa gueule tracée d'une croix d'argent, ses quatre membres repliés sur lui même, et sa bouche énorme, ouverte par en-dessous.

- A l'attaque ! ordonna Purple Eye.

De notre côté, on arrivait à la moitié du pont quand, BIEN ÉVIDEMMENT, il fallu que la porte de la Tour de Contrôle s'ouvrit, là-bas. Il en sortit deux individus en tenue noire, qui refermèrent derrière eux, et coururent vers nous :

- CE SONT LES INTRUS !

- OU PLUTÔT LES ÉVADÉS !

- Attends, ce ne sont pas plutôt les gens qu'on a recherché pendant cette semaine ?

- Tu crois ? Je croyais que c'était eux qui fuyaient ?

Puis, en même temps :

- PEU IMPORTE !

Ce n'étaient pas la peine que les deux gros idiots tracent sur le pont et viennent nous barrer la route en s'arrêtant en plein milieu pour que j'eusse besoin de les reconnaître. Jack et Bill, les deux sbires relous de service.

- Hop hop, les gamins ! Pas un pas de plus ! ordonna l'un.

- On vous arrête tout de suite ! commanda l'autre.

De toute façon, Julie avait déjà sorti la Sombre Ball, alors.

- ATTAQUE REVENANT !

La jeune femme que je suivais lança la sphère vert sombre avec force, sans s'arrêter de courir, et Noctunoir fut envoyé vers les deux sbires incapables. La bouche sur son ventre s'ouvrit, des effluves sombres en sortirent, et des cris atroces furent émis. Jack, pris de peur, se jeta dans les bras de Bill (ou était-ce l'inverse ?), pendant que nous croisions leur route et celle du Spectre, Julie glissant à terre sous une paire de jambes par la droite, Latias volant par au-dessus, et moi me faufilant maladroitement par la gauche. Une fois que nous fûmes passés, Mainpince disparut soudain, laissant les deux abrutis hébétés et abasourdis, seuls, sur leur morceau de pont. Ils mirent un certain temps à se rendre compte qu'on leur avait filé entre les pattes, et ils se retournèrent, en nous criant dessus :

- HÉ, LES GAMINS ONT FILÉ !

- ILS SE FOUTENT DE NOUS ?!

- ILS VONT PAS S'EN TIRER COMME ÇA !

- VITE, POKÉ BALL, G-

Lorsque Noctunoir réapparut juste en face d'eux, en sortant de nulle part où il devait faire bon vivre. Le cri strident réapparut en un violent crescendo, avec un flash de puissance spectrale ; les deux sbires abrutis sursautèrent encore une fois, et Noctunoir, réapparaissant soudain, lancé à pleine vitesse, leur affligea deux coups de paumes surpuissants. Le duo fut envoyé valser à travers le bout, et même à l'autre bout de l'avenue, tiens, où même jusqu'à l'horizon, avec une petite étoile en prime. Nous trois toujours filant vers la porte, je souris en voyant cette attaque-diversion accomplie avec brio, puis vis Julie rappela Noctunoir en le remerciant.

Enfin, nous arrivâmes à la porte de la Tour de Contrôle. Mais une boule d'énergie verte vint frapper, non loin, et le choc de la détonation nous envoya à terre.

- VOUS PENSEZ SÉRIEUSEMENT RENTRER COMME ÇA ?! s'énerva Purple Eye, les poings crispés sur les manettes de sa flap-flapeuse.

Je jetai un rapide coup d'œil à la situation d'au-dessus : le Dracaufeu reluisait de rouge, Hugwald déchaînait sa Poudreuse, Latios se chargeait d'esquiver les rayons de puissance adverse. Quant au Pokémon Ranger, plus que jamais concentré sur son objectif, se tenant d'une main ferme à Latios, il agitait méthodiquement son bras, et son Capstick, petite toupie lumineuse dans cette immensité aérienne, tournait dans une véritable tornade de feu à une vitesse hallucinante autour du Métalosse qui envoyait des Ultralaser à tout va. Mais je ne pouvais jeter que jeter un coup d'œil à cette scène, puisque le problème qui nous faisait désormais face était plus urgent.

Si Julie et moi n'avions été que projetés à terre par la force de l'attaque électronique, Latias s'était pris la boule fluorescente de plein fouet. Elle était à terre, et même si Latios, qui s'écria, ne pouvait quitter son combat à ce moment crucial, Julia tint sa promesse en allant tout se suite voir l'Éon femelle.

- Est-ce que ça va ?!

- Pas... De souci, gémit Latias. Je vais avoir besoin de temps pour utiliser Soin ; occupez-vous de ce connard en attendant !

Il ne fallait pas me le dire deux fois. Après avoir repris mes esprits, je me relevai, je plongeai une main dans ma poche - mais une grosse masse ronde vint me couvrir de son ombre et poigne féroce m'attrapa à la gorge.

- TOI ! tonna Purple Eye.

L'homme, me tenait ainsi, me souleva dans les airs, toujours juché dans sa flap-flapeuse. En sentant tout mon poids peser contre ses doigts fermes, je m'accrochai aussitôt au bras tendu de l'humain pour me débattre et essayer le desserrer sa main. Je sentais ses quatre doigts me presser la carotide, son pouce enfoncé sous ma mâchoire inférieure et sa paume me presser la pomme d'adam contre la trachée.

- TU VAS REGRETTER DE T'ÊTRE OPPOSÉ À PURPLE EYE !

C'est limite si je ne vis pas, sur ce visage de fou furieux, des yeux injectés d'une colère qu'on ne maîtrisait pas.

- TON PETIT VIRUS INSIGNIFIANT RETIRÉ, JE SUIS LIBRE DE T'ÉCLATER LA TÊTE !

- ATTAQUE CASCADE !

J'avais à peine eut le temps de penser que ce con allait finir par m'étrangler pour de bon quand une grosse carapace rouge et bleue, deux pinces conséquentes et beaucoup d'eau frappèrent Purple Eye comme un missile. Le bougre cria de douleur, tomba, et faillit me torde le cou dans sa chute, ce qui me fit hurler ; cependant il me lâcha quand même, prit bien cher, et vola hors d'atteinte de sa flap-flapeuse. Le Colhomard, qui avait été envoyé dans le souci d'une attaque rapide, était à terre et regardait vraiment mal l'Administrateur Cipher, mais semblait encore fatigué par son combat précédent. Moi, je toussai avec force, une main à terre et l'autre essayant de me remettre le gosier en place.

- COMMENT OSES-TU, SALE TRAÎTRESSE !

- On me l'a déjà faite, celle-là ! lança Julie. Changez de disque !

L'Administrateur se releva, non sans peine, pendant que le bruit des Lance-Flammes, le bourdonnement cristallin du Capstick et les sifflements des Ultralaser déferlaient au-dessus du pont.

- On ne... Bats pas... Purple Eye... Aussi... Facilement... grimaça-t-il.

Puis, en levant une autre main au ciel :

- Gardevoir ! Viens m'aider !

Quoi ? Ce connard avait un Gardevoir ?!

Il fallait bien le croire, lorsque, dans l'aura féerique d'un Téléport, un autre Pokémon Étreinte apparu, juste aux côtés de l'homme en violet. Son air majestueux et sévère me marqua. L'Administrateur ordonna aussitôt :

- POUVOIR LUNAIRE !

Mais qu'est-ce qu'il raconte ?! Et puis, Colhomard... Il n'avait pas encore repris du match contre Bouledisco ! Il allait tomber hors-jeu, et on allait... Quand Julie prit la décision de faire revenir Crapule dans sa Poké Ball. Si Purple Eye s'en trouvé décontenancé au début, il le prit pour un signe de peur et rigola, mais je compris rapidement que c'était plus pour un simple de sécurité, vu ce qui arrivait sur le côté.

C'est le Métalosse tout juste capturé au Capstick qui chargea Gardevoir. L'énorme masse d'acier lévitante tombait comme un Météore, sans parler de son Poing. Le Pokémon Étreinte fut envoyé plus loin par l'attaque qui me surprit par son efficacité, et Pattefer, pouvant poser patte à terre, déplia ses grands bras articulés et tomba de tout son poids. Walker arriva à dos de Latios, nous fit signe qu'il s'en chargeait, de ce deuxième Pokémon invoqué par Purple Eye, et il filèrent tous les deux au combat.

L'Administrateur en violet passa par le bleu du désarçonnement, puis par le rouge de rage. Quand, venant prendre la défense de notre camp, se posa à terre un beau et grand Dracaufeu, accompagné d'un petit Grelaçon.

- QU'EST-CE QUE C'EST ENCORE QUE CE CIRQUE ?!

Aïe. Je savais ce qui allait suivre.
Le Dracaufeu, fier et assuré de gagner, bomba le torse, rit puissamment, et grogna d'une manière assurée :

- GWAHAHA ! Grgnf, groar, growl ! Draco-growl, groar, grmpf ! Growol, grmpf, graow ? Grawimpf, grou waroar ? Grawl grou grawouoar grumpf ? Grompf, grow, graowou drawr ? Grawl, growawor, growl roaor, Draco-growl !

Heureusement, j'avais préparé mon facepalm.

Purple Eye ne comprenait rien, Julie non plus, Colhomard regardait le Dracaufeu qui l'avait pourchassé dans l'Inlandsis Sinjoh, et moi, j'étais heureux d'avoir connu ce Salamèche. Dracaufeu lui envoya d'ailleurs un puissant Lance-Flammes, tiens. Même juste pour ça, je suis heureux.

Mais, bien entendu, ça ne suffit pas. Donc, Purple Eye fut roussi de ses grosses chaussures jusqu'à ses pointes de cheveux violettes. Il allait sûrement pouvoir se relever seul, quand Fire s'approcha de lui. Le Dracaufeu empoigna l'humain par l'épaule, et lui mordit dans l'avant-bras auquel était enfilé le gant de bronze qui contrôlait les Pokémon. Le truc, compressé sous les crocs (et ce malgré les cris de l'Administrateur), finit par crépiter et exploser. Je ne pense pas que Purple Eye eut mal, mais qu'il criait pour son précieux engin. Après cela, Fire le retourna, et le secoua violemment par les jambes. Tomba sur le sol une carte magnétique, noire, avec un unique trait rouge. Fire lâcha l'humanoïde violet roussi, qui retomba en se mangeant le sol, puisse baissa afin de ramasser ladite carte. Il tapota sur la tête de Purple Eye, puis s'en retourna vers Walker. En effet, le gant maléfique de l'Oblivien détruit, le Gardevoir n'avait plus aucune raison d'être contrôlé, et le combat qu'avait été en train de mener Walker avait pu s'arrêter. Donc, Fire rejoignit le groupe Cizayox, pendant que Hugwald hurlait "GRELA-GRELA-GRELAÇON", et gèle même le bras mordu de Purple Eye, juste pour être certain. Il s'en retourna ensuite rejoindre son meneur d'équipe qui brandissait fièrement le pass obtenu.

Mais, bien entendu, cela ne suffit pas. Purple Eye trouva le moyen de se relever, avec son bras restant. A croire que lui, au moins, n'abandonnait jamais.

- Vous... Ne... Purple... Argh...

Puis, il se passa autre chose. Quelque chose qui sifflait en tombant. Je regardai le zombi violet se dresser sur ses deux jambes violettes et nous dire qu'on ne l'aurait jamais, lorsque, tout là-haut, au-dessus de lui, j'aperçus deux points de couleur tomber du ciel sombre. Et ces bigres de points tombaient droit, comme de mignonnes petites météorites :

- *petit cri poussé, plein de détermination*

- *petit cri suraigu, plein de ténacité*

Enfin, je les distinguai clairement. Une Emolga, les membranes ouvertes, portant un Pichu sur le dos, et un Limonde, battant des nageoires frénétiquement (ou en signe de désespoir), avec un Pachirisu dessus comme sur planche de surf. Purple Eye ne vit rien venir. Les quatre Pokémon lui tombèrent sur la goule en hurlant, et, une fois l'homme re-re-remit à terre, elles l'attaquèrent à coup d'attaques électriques combinées. Moi qui me massai jusque là ma gorge douloureuse et qui essayait vainement de retrouver une respiration convenable, je me relevai finalement, en constatant la bataille qui faisait rage devant moi : elle opposait un Purple Eye apparemment en plein Échauffement vu sa colère, et les quatre indémodables WAKYA. Colhomard ne comprit pas cette intrusion et semblait déjà les avoir oublié, elles, depuis les Catacombes du Soleil (les avait-il remarqué, au moins ?). Fire et Hugwald encourageaient les We Always Kick Your Ass de vive voix tandis que le reste du groupe Cizaoyx regardait la scène en mangeant des pop-corn. Quant à Julie, elle en tombait des nues, tout comme la Latias qui se régénérait dans une lumière vive.

- Oh, ce sont de vieilles connaissances, expliquai-je. Elles sont de notre côté. Normalement.

Depuis cette altercation émanait des petits cris d'Écurélec, de Pteromys et de Minisouris, entre les rires gras de Piège et les hurlements de l'Administrateur. Ce dernier finit par se re-re-relever, mais se trouva avec Sandy l'Emolga qui lui tirait les cheveux, Cindy la Pachirisu qui lui mordait la main encore potable, et Sunny la Pichu qui lui donnait de gros coups de pied dans le derrière. Puis, à un moment, Purple Eye marcha sur Chantal, qui fit un gargouillis sourd. Purple Eye glissa dessus et perdit l'équilibre. Les trois comparses qui le harcelaient au corps à corps sautèrent à terre. Juste avant que l'homme en violet ne titube un peu plus loin, et ne tombe de la falaise. Vers la lave. En criant.




[...]




Je vis les WAKYA regarder en bas, vers le lac de lave, d'où d'étranges cris émanaient en même temps que l'incandescence des roches en fusion. Elles semblèrent ne pas cerner ce qu'il venait de se passer, puis elles discutèrent entre elles. Chantal chouinait.

- Elles sont en train de se demander si elle viennent réellement de tuer quelqu'un, me traduisit Latias. Ou si c'était un accident.

Dracaufeu fit un petit applaudissement. Hugwald criait "OUAIS, OUAIS !". J'étais certain que c'était ça. Il criait forcément ça. C'était Hugwald. Le reste du groupe Cizayox à savoir le Gardevoir libéré, le Métalosse, Walker et Latios, vinrent aussi regarder en bas le lieu de la chute de leur némésis.

- Wouah, fit Walker.

- Quand même, fit Latios.

- Je ne savais pas que ça mettait autant de temps à brûler. J'aurais cru ça plus rapide, rajouta le Ranger.

- Méta, Métalosse.

- Gardevoir.

- N'est-ce pas, acquiesça Latios.

Latias finit de se Soigner, et Julie vint me voir.

- J'ai rêvée, là, où... ?

- Toi, je ne sais pas, mais moi, ça vient de me remettre d'aplomb, répondis-je, en toussant, en en réajustant la bandoulière du Sac à Trésor. Allez, groupe Gallame. Y a une Tour de Contrôle qui nous attend.


Sur cette évidente victoire du côté des gentils (je disais "gentils" pour me remonter le moral), nous laissâmes le groupe Cizayox à son sauvetage, puisque le Pass Cipher VIP qu'ils venaient de récupérer leur permettait d'aller délivrer Lilas et Bisou. Car Walker m'apprit cela : cette chère Fragilady et ce bout de chou de Polarhume étaient bel et bien vivants, dans une de ces fameuses prisons pour Pokémon en attente d'obscurcissement - ils étaient seulement dans une salle spéciale, sans doute personnelle à Purple Eye, qui nécessitait une telle carte magnétique pour pouvoir ouvrir cette porte. Toute tentative d'effraction n'aurait fait que provoquer un explosion immédiate. À ses dires. Je le croyais. Fire signa quelques papiers avec les WAKYA, qui semblaient au courant de nos problèmes. L'Équipe de Pokémon Électriques partit en avant, en prenant le pont, avec l'air d'avoir conclu une bonne affaire, et Fire qui souriait. Hm.

On salua donc de nouveau le groupe Cizayox, qui semblait désormais aidé du grand Métalosse et ce Gardevoir mâle en prime. Ils pouvaient croiser d'autres Admin ou membres divers de Cipher, après tout, donc ils devaient rester sur leurs gardes. Julie les conseilla d'aller aider le groupe Pyrax s'ils finissaient le sauvetage de Bisou et Lilas plus vite que prévu, les Champions risquant d'avoir besoin d'un sérieux coup de main s'ils devaient libérer tous les Pokémon de l'Île. Latios demanda pourquoi est-ce qu'ils ne nous aiderait pas, plutôt que ceux qui étaient emprisonnés allaient de toute manière le rester, et que l'on ferait mieux de concentrer nos forces sur Teck. Mais Julie refusa brusquement.

- Je veux que ce soit Chris, moi, et Latias. Comme on l'a prévu. Il faut être discret, s'il on veut avoir une chance. Envahir la tour à quinze en même temps ne nous aidera pas.

- Mais-

- Comme tu l'as dit, Latios. Tu as vu ce qu'ils faisaient aux Pokémon Légendaires. Ce n'est pas qu'on s'est débarrassé de ce psychopathe de Purple Eye que tout va rouler parfaitement. C'était un malade, ce type, qui se la jouait solo. Bref, Cipher sait très bien se débrouiller sans ce mauvais génie. Ils n'en ont pas eu besoin pour capturer Lugia il y a des années, au moins.

D'accord. Je comprenais ce qu'elle voulait. Sauver le plus de monde possible, donc. D'où cette histoire de groupes. En plus de se répartir les objectifs, envoyer un nombre réduit de personnes pour contrecarrer les projets de Cipher permettait aussi d'éviter sans doute la plus grosse merde à beaucoup d'entre nous.

- Donc, non. Poursuivez votre mission, groupe Cizayox. Si nous échouons, rajouta l'espionne, alors vous serez les premiers habilités à reprendre notre flambeau.

Elle avait dit ça d'un ton...

Cela calma Latios. Il n'insista pas, et nous saluâmes le groupe Cizayox. Fire me souhaita à nouveau bon courage et bonne chance, selon Latias ; je lui montrai le Sac à Trésor, et lui dit à tout à l'heure.


Nous nous retrouvâmes, Julie, Latias, et moi, face à la porte d'entrée de la Tour de Contrôle. De là, on aurait dit un donjon immense, avec cette énorme sphère de béton au sommet. Sa circonférence horizontale était tracée d'un cercle de vitres noires.

- C'est là où se trouve le Centre de Contrôle, nous apprit Julie.

On le savait déjà, mais je la supposai stressée. Je l'étais aussi.

- Bien. Entrons, alors, lança-t-elle.

Elle avait parlé comme si ce n'était qu'une porte de plus vers la victoire. Alors qu'elle poussait le pan de la porte noire, je me précipitai sur la poignée, pas longtemps.

- Une dernière chose, rapide, juste une, ou deux, déblatérai-je.

- Oui, Chris ?

- Déjà, je te passe le Pokédex, indiquai-je en fouillant le Sac à Trésor, puis en le lui tendant. Ça te permettra de connaître les attaques de mes Pokémon s'il on doit s'en servir.

Elle fut agréablement surprise de cette attention, et me remercia en prenant l'encyclopédie électronique. Je poursuivis :

- Puis, deuxième chose : si on réussit à changer le futur, on est d'accord que toi, du coup, puisque tu viens du futur, tu disparaîtras, ou un truc du genre ?

- En effet, Chris, puisque je n'aurais pas vécu dans un monde dominé par Cipher, et que je n'aurais jamais été envoyée les arrêter. De plus, ma mère et mon père s'étant rencontré à cause de Cipher, vu que ma mère en faisait partie, il y a de fortes chances pour que je ne naisse pas non plus.

- Ah, je savais bien qu'il y avait une merde comme ça.

- On pourra toujours demander à Dialga d'y faire quelque chose ? opina Latias.

- ...J'en sais rien. On verra. C'est pas le problème, de toute façon.

Et sur ce, la jeune femme brune se faufila dans la Tour. Latias et moi nous regardâmes, et, anxieux, pénétrâmes à notre tour l'enceinte fortifiée.


La lourde porte (je m'imaginai qu'elle l'était) grinça derrière nous, et se referma en claquant. Le bruit résonna dans le grand hall où nous nous trouvions.

Il fallut que je me mette à l'évidence : vu la largeur de cette entrée, elle devait faire la taille de la Tour. Éclairé par de grandes appliques rondes collées au plafond, elles diffusaient une lumière étrange, presque palpable. Je disais, mais ce devait être mon pouls, qui l'était. Palpable. En ce qui concernait l'agencement, rien. Tout avait été comme vidé.

- On dirait qu'ils s'apprêtent à déménager ? remarquai-je, en chuchotant.

- Non, répliqua Julie. C'est aussi un garage, ce hall. Regarde, là-bas.

Elle me pointa l'autre bout de la pièce. Il y avait dans le mur, visiblement, un épais panneau d'acier, peint dans le même noir que les murs et les grandes dalles lisses de ce sol.

- Mais pourquoi tous les véhicules sont sortis ? demanda Latias.

- C'est mauvais signe, jugea seulement Julie.

Nos pas résonnaient dans ce vaste hangar. Une autre porte pouvait se voir, de l'autre côté, non loin du panneau d'acier. Un socle se trouvait à côté.

- Nous devons atteindre la cage d'escalier, nous indiqua l'espionne en nous montrant la porte. Dépêch-

Quand le socle du fond se mit à briller rouge. Un dixième de seconde.

Je savais que je ne le sentais pas, ce sale socle.

Aucun membre du groupe Gallame n'eut le temps de faire quoi que ce soit. Un flash rouge crépita hors du socle. Teck apparut.

Il nous vit.

- Ah ! Vous êtes là ! s'étonna-t-il.

Une réaction aussi peu appropriée nous surpris. Teck descendit de ce qui semblait être le modèle de téléporteur chez Cipher.

- Oui, je descendais justement pour vous arrêter. Votre grabuge de dehors m'a dérangé, alors je suis allé voir à la fenêtre : c'est là que j'ai vu que vous vous occupiez de Purple Eye.
Nous ne répondîmes rien. Teck, ses chaussures glissant sur les dalles noires, sa grande mèche immobile, se mit à marcher vers nous. Nous nous opposions parfaitement, géométriquement, dans ce grand hangar. Cela m'inquiéta beaucoup. Teck ouvrit la bouche à nouveau :

- Je dois vous en remercier. C'était une erreur d'avoir laissée Artus l'approcher. Je soupçonnai cet Administrateur de comploter pour me renverser.

- Vu son caractère de con, ça ne m'étonne pas, lançai-je dans le silence de la salle.

Julie me regarda, tout comme Latias, comme si je venais de briser un moment important. Teck s'arrêta.

- Écoutez, poursuivis-je, j'en ai plus qu'assez de rester là à vous écouter raconter je ne sais quoi. Nous avons des amis à sauver, et un virus à éradiquer.

Mais Teck ne broncha pas, comme à son habitude.

- Voyons, j'ai déjà répliqué le Virus. Il ne me reste plus qu'à le télécharger dans les réceptacles de la MODE, et ce sera la victoire pour Cipher.

A-Attendez... "Déjà répliqué le Virus" ? Qu'est-ce que ça veut dire, ça...?

- Vous me décevez profondément, Chris, continua Teck, impassible. Vous vous obstinez à vous opposer à ce que vous ne voulez pas comprendre, comme tous les précédents petits salauds qui sont venus nous voler nos Pokémon.

Cette insulte avait tranchée curieusement l'air, prononcée avec un ton si calme. Je ne me lassai pas pour autant intimider, et je fis un pas en avant.

- Oh, si, j'ai bien compris. J'ai ma petite idée sur votre théorie, de scientifique à scientifique. La conscience est un don de l'évolution. Humains comme Pokémon, nous devons faire honneur à cette capacité à nous rendre compte de nos existences et de nos relations. Pour vivre ensemble, en harmonie. Sans cette conscience, nous ne serions plus que des bêtes déchaînées, guidées par leurs instincts primaires. Aucune vie en société ne serait possible.

- Que me parles-tu de société ? fit Teck. Je n'ai que faire de la société. Ce qui m'intéresse, comme je te l'ai dit, est de rendre aux Pokémon la puissance qui leur échoit. La conscience n'est qu'une mutation aléatoire dans le cours des êtres vivants, une erreur sur le plan psychogénétique - elle a renfermé toute cette beauté dans des sentiments vulgaires et contradictoires.

- De ce point de vue, les Pokémon ne sont pas faits pour vivre en société. Pas plus que les humains. Nous sommes déjà assez lamentables du point de vue évolutif, et destinés à l'extinction. Je ne fais, pendant ce requiem qui sonne au dehors, que donner aux Pokémon la Vérité. Leur puissance à l'état pur. Lorsque le Virus Obscur sera enfin capable d'une fermeture complète de la conscience, alors ce sera l'apogée de l'humanité. Elle aura lavé son insignifiance dans ce rôle salvateur qu'elle se sera donné. Et Arceus sait à quel point le Virus est proche de la perfection.

Je n'en croyais pas mes oreilles. Cet abruti de connard de merde semblait vraiment y croire.

- Vous n'avez que faire de l'humanité, d'accord. Mais vous ne vous rendez pas compte de ce que vous infligez aux Pokémon ?! Bon sang, qu'est-ce que vous voulez, à la fin ?! Vous allez détruire chaque espèce, si vous-

- Non, récrimina-t-il très sèchement. Ce sera leur renaissance.

- ILS S'ENTRETUERONT ! hurlai-je.

- Ils feront honneur à leur véritable nature, dit-il.

Putain ! Putain de putain de putain ! Comment est-ce qu'on pouvait être aussi buté ?!

- Je suis sûre que ma fille comprend ce que je veux dire, ajouta Teck en regardant Julie à travers ses lunettes teintées.

Je me tournai vers elle. Je la vis aussi froide et inexpressive que son père. Puis, elle avança d'un pas, se mettent à mon niveau.

- Non, père, décocha-t-elle. Je ne vous comprends pas.




[...]




- Bien.

J'avais senti quelque chose flancher dans sa voix. J'en étais sûr et certain.

- Je vois que vous avez votre avis, et moi, le mien, reprit Teck. Cependant, vous ne voulez pas respecter mon opinion, puisque je m'imagine que vous considérez que je fais le mal ou quelque chose comme ça. Puisque je vois que vous êtes fermement déterminés à m'arrêter, il va falloir que je vous montre les preuves de ce que j'avance.

Le boss de Cipher mit la main dans la poche de sa longue blouse. Il sembla chercher quelque chose, avant qu'il ne rajoute, comme s'il avait oublié :

- Oh, tiens, oui, j'allais oublié ! Je me suis entretenu avec le Zekrom qui vous accompagne.
QUOI ?!

Latias réagit au quart de tour, et avança de la longueur d'un pas elle aussi.

- Qu'est-ce que vous lui avez dit ?! Où est-il ?!

- Mais, ici.

Bordel. Il sortit la main de sa poche. Il tenait une Faiblo Ball. Latias cria.




Non...






Non...








Non...








Ce n'est... Pas possible...

- Votre ami m'a surpris, dit Teck en regardant la Faiblo Ball. Devenir Obscur pour avoir des descendants... Comme quoi, de quelque fantaisie évolutive viennent les Pokémon Légendaires, ceux-ci n'ont pas été gâtées. Heureusement que des personnes comme moi existent pour leur venir en aide.

Ce ne pouvait... Non... Pas Zekrom...

- Doucement, Chris... C'est... C'est peut-être du bluff, me chuchota Julie, elle aussi profondément mise à mal.

Q-Quoi ? Du bluff ?

- Nous avons fait un marché plutôt convenable, continuait Teck. Je l'obscurcissais, et il m'a promis de lui léguer un de ces enfants.

Latias, qui avait sûrement dut lire dans les pensées de Julie la supposition de celle-ci, se scandalisa.

- Quoi ?! Zekrom n'aurait jamais dit ça !

- Et pourtant, le voilà ici, ma chère.

Teck rangea la Faiblo Ball dans sa poche. Il se remit à chercher, dans cette grande poche de blouse. Il sortit deux autres Poké Ball. Ses cols relevés ne plièrent pas.

- Je vais vous montrer...

Est-ce qu'on allait réellement... Le scientifique inspira profondément. Le boss de Cipher envoya son bras avec une horrible énergie, et hurla subitement.

- CONTEMPLEZ LA PUISSANCE RÉVÉLÉE DES POKÉMON !

Ses deux Poké Ball volèrent, et s'ouvrirent dans un déclic qui résonna dans la Tour. L'éclat des sphères surgirent sur le terrain, les deux rai de lumière déchirant l'air côte à côte : l'un atterrit lourdement en faisant trembler le sol, et l'autre, silencieux, commençaient déjà à battre rapidement de ses quatre fines ailes. Se matérialisèrent devant nos yeux un Rhinastoc rugissant et un Nostenfer véloce.

Si je ne me faisais pas à l'idée que nous allions le combattre ici, et maintenant, et que c'était l'heure de cet affrontement tant attendu, mon réflexe de Dresseur reprit le dessus et je portai immédiatement la main à ma poche à Poké Ball. Julie s'exécuta aussitôt elle aussi, en sortant une Poké Ball avec une main puis le Pokédex dans l'autre, et, alors que je faisais reprendre sa taille normale à ma Luxe Ball, Latias nous arrêta quand même en tendant une patte :

- Faites attention ! Ils ont été obscurcis !

- Quoi ?! Mais comment tu...?

- Je peux ressentir leur aura ; pas le temps de discuter !

Je ne sais pas ce qu'en pensa Julie, mais elle envoya sa Poké Ball avec fougue :

- Colhomard ! On a besoin de toi !

J'acceptai de fait ce qu'elle me disait, même si les Pokémon que j'avais en face de moi me semblaient assez commun d'apparence. Outre leur air colérique, leur bestialité hargneuse et l'énergie violente dont ils étaient animés. Je frémis, et j'aurais sans doute fait plus si tout ne s'accélérait pas soudain : je me lançai. C'était maintenant, ou jamais.

- Okay, Drak ! Montrons-leur !

J'envoyai ma Ball rutilante, et elle laissa s'échapper mon Pokémon Caverne, coiffée de la Roche Royale, qui atterrit près de Crapule. Je lui ordonnai :

- Attaque Surpuissance sur Rhinastoc !

Et Julie de commencer également :

- Attaque Bulles d'O !

Mon Dragon se mit à courir sur le terrain, et à s'envelopper d'une aura bleutée ; Colhomard positionna ses deux pinces en avant, et tira une rafale de boules d'eau lumineuses.

- Souffle Noir ! cria Teck.

Quoi ? Qu'est-ce que c'était que ça ?! Le Rhinastoc Obscur mit ses paumes en avant, et envoya de multiples sphères obscures vers notre camp ; elles vinrent frapper Drak qui courait en frappant le sol à chaque pas et Colhomard qui tirait ses Bulles d'O, et éclatèrent en cercles d'ombres. Cela ne sembla pas les arrêter ni les blesser... Pendant ce temps, le rapide Nostenfer esquiva la rafale de Bulles qui lui était adressée, mais le Pokémon Perceur, occupé par son attaque, se prit l'attaque Eau en plein dans ses plaques de roche. Enfin, Drak arriva à portée du gros Rhinastoc, et se jeta sur lui avec une force Surpuissante. Mais bien que son imposant adversaire se prit tout le choc de l'attaque en gémissant, il ne bougea pas d'un centimètre.

- Crochet Noir sur Colhomard ! s'exclama Teck.

Nostenfer agita ses ailes et fondit en un instant sur Smith, qui essayait toujours de le toucher aux Bulles d'O. Julie crut en ses chances mais l'agile Chovsouris esquiva toute la rafale, et finit par atteindre la pince de Crapule. D'un vicieux et furtif coup de croc scintillant d'améthyste, Nostenfer lui mordit ce bras armé, avant de s'éclipser vers le plafond du terrain. Colhomard eut mal, et perdit l'équilibre ; tout son corps fut prit d'un violent spasme, il cria, et des étincelles noires lui coururent le long de la carapace.

- Merde ! s'écria Julie.

Elle ressortit immédiatement sa Poké Ball, et la tendit vers son Pokémon :

- Smith, revient !

C'était sage, étant donné l'état de Colhomard après tous ces combats de la journée. Elle rappela Crapule pendant que j'ordonnai à Drak, revenu à terre après son attaque au corps à corps, d'utiliser Regard Médusant. Mon Caverne coiffé de sa couronne de roche lança un regard terrible au Rhinastoc, qui se retrouva paralysé de peur. Je ne sais pas pourquoi, mais cela ne fit que l'énerver encore plus.

- A toi de jouer, Noctali ! s'exclama ma coéquipière.

Et elle fit apparaît Lune sur le terrain, qui grogna vers ses adversaires. Je me rappelai de sa
Baie Sitrus, accrochée à son cou.

- Blocage Noir ! réagit aussitôt Teck.

J'ordonnai à Drak de se tenir sur ses gardes, étant donné la proximité qu'il avait désormais avec Rhinastoc. Le Pokémon Perceur passa outre sa paralysie, et visa nos deux Pokémon avec un bras chacun. Il tira de ses paumes des chaînes obscures, qui virent ligoter Drak et Noctali, pour se dissiper aussitôt.

- On ne peut plus les rappeler ! m'alarma Julie. Vite, Noctali, Malédiction !

Mon Pokémon aboya vers le ciel, fermant ses yeux et s'enveloppant d'une lueur rouge. Puis, sentant le moment arrivé (ou sans doute étais-je stressé), j'ordonnai à mon Drakkarmin de laisser éclater sa Colère sur le Rhinastoc à portée.

- Nostenfer, Ciel Noir !

Mon Caverne vit rouge, ses pupilles se dilatèrent, et il s'époumona en un rugissement tonitruant ; enfin il martela de coups successifs le Rhinastoc Obscur. Ce son côté, Chovsouris, tout là-haut, s'était envolé au centre du terrain : il tourna sur lui même, puis ouvrit soudainement les ailes, sans aucun bruit. L'intégralité du plafond du hangar fut envahit par les ténèbres, et une masse grouillante de nuages obscurs pullulèrent au-dessus de nos têtes.

- Noctali, attaque Bâillement sur Nostenfer !

- Riposte avec Crochet Noir !

Lune arrêta sa Malédiction, et bâilla ; Nostenfer fondit en direction de mon Pokémon Ténèbres.

- Continue ta Colère, Drak !

Il allait finir par tomber, ce gros tas de cailloux, oui ?! Je crois tout de même que la Roche Royale l'apeura plusieurs fois, puisque Perceur ne bougeait pas et réagissait encore moins. Mais je voyais Drak commencer à sombrer dans la confusion, et je n'avais toujours pas déplacé cette montagne d'un centimètre.

- C'est le moment, Rhinastoc ! s'exclama Teck. Retour Noir !

Si Drak mettait tout son cœur et sa Pokémosité à attaquer un adversaire aussi vil, il ne vit certainement pas venir l'attaque qui suivit. Perceur s'entoura d'une aura obscure qui jaillit de ses plaques rocheuses, et tacla avec une force inouïe mon Pokémon Dragon. Je vis Drak voltiger vers le mur, en exploser un morceau, et sombrer dans l'évanouissement.
Diantre ! En une seule attaque !

- Noctali ! s'écria Julie.

Mon Pokémon Ténèbres venait de se faire mordre par Nostenfer, et celui-ci s'envolait à nouveau hors de portée. Noctali se crispa, crépita d'étincelles noires ; Synchro voulut s'activer, puisque je vis les deux opposants reluire brièvement d'une couleur rubis, mais elle s'évanouit aussitôt, sans que Nostenfer ne semble en souffrir. Je ne savais pas si c'était un poison imprégné du Virus ou quelque chose comme ça, mais ni le poison, ni l'obscur n'embêtaient ce Nostenfer Obscur.

Moi, je rappelai mon Drakkarmin et sa Roche Royale, et le remerciai. Julie, en voyant mon dépit, m'apprit :

- J'oubliais que tu n'en as jamais affronté... Les Pokémon Obscurs ne changent pas de Type et gardent leurs Talents, m'expliqua Julie rapidement. Le Virus n'affecte que leurs attaques : elles deviennent Obscures et sont super efficaces contre tout Pokémon qui n'est pas Obscur !

- Quoi ?! On ne va se prendre que du super efficace ?! m'écriai-je, consterné.

- Il faut esquiver au maximum !

Puis, en regardant ma Luxe Ball :

- Je... Je suis désolée... Rhinastoc avait déjà baissé sa défense avec Souffle Noir... Quant à Retour Noir, si elle peut souvent manquer la cible, elle est affreusement puissante... Et comme je te disais, la moindre attaque Obscure...

Je rangeai ma Luxe Ball rétrécie dans la poche des Pokémon hors-jeu, à l'abri, avec le Glas Tempête. Je fixai du regard le scientifique qui s'opposait à nous.

- Oui, j'ai bien compris, maintenant.

J'attrapai rapidement une de mes Compét Ball, et envoyai sur le terrain :

- À toi, Charkos ! Explose-les !

Mon Pokémon Coud'boule taille préhistorique fut envoyé sur le terrain, et retomba de tout son poids sur les dalles noires qui commençaient à prendre cher. À cet instant, le Ciel Noir mit en place par le Nostenfer Obscur tempêta, et une pluie de particules obscures s'abattit sur le terrain ; Noctali, qui ressentait les dégâts du Poison Noir, sembla durement affecté par ces retombées ténébreuses, et Charkos, qui crânait déjà et foudroyait du regard le Rhinastoc adverse, fut lui aussi dérangé.

- Ciel Noir va parfois blesser nos Pokémon, m'apprit Julie ; ça ne touche pas les Pokémon Obscurs... ! Et ça va durer un certain temps, ajouta-t-elle.

- On va pas se laisser déstabiliser ! promis-je. Charkos ! Attaque Vengeance !

- Noctali, utilise Vœu !

Mon Pokémon Roche rugit formidablement, en serrant ses petites pattes dont la droite portait le Bandeau Muscle, puis il martela les dalles noires du terrain avant de galoper vers l'ennemi. Noctali, lui, essaya de se calmer, pria le ciel et aboya, ses anneaux d'or scintillants.

- Nostenfer, Typhon Noir ! Rhinastoc, Souffle Noir !

Malgré la volonté bestiale de Rhinastoc, le Pokémon Perceur, toujours paralysé, ne put attaquer ; je remerciai Drak. Quant à Chovsouris, il descendit vers notre camp, se mit à battre vigoureusement des ailes, et envoya de formidables rafales qui se ressemblèrent en tornades obscures. Si Noctali, sortant tout juste de son Vœu, se prit l'attaque, mon téméraire Charkos décida de se moquer de ces courants d'air et de continuer sa charge au travers, malgré les dégâts qu'il prit. Sa charge fougueuse finit par toucher Rhinastoc, qui, sonné, recula enfin sous l'impact.

- Noctali, vite ! s'écria Julie. Représailles !

Lune, malgré la vitesse qu'il avait un peu perdu, se montra encore efficace et bondit sur Nostenfer. Chovsouris, toujours en pleine forme, esquiva ce saut et se vit donner l'ordre de répliquer avec un autre Crochet Noir, qui profitait que Noctali passe à portée. Cependant, Bâillement fit effet à cet instant, et Nostenfer, perdant d'abord l'équilibre en vol, finit par tomber. Julie sauta sur l'occasion, et alors que Lune revenait à terre, elle lui ordonna de bondir à nouveau sur le Nostenfer qui arrivait derrière, puis de donner le coup de queue qui luisait encore de la puissance des Représailles. Noctali asséna ainsi un coup de masse à la Chovsouris endormie, qui alla se manger le sol. Enfin, le vœu de Noctali se réalisa, et le Pokémon se retrouva partiellement soigné, sa Baie Sitrus toujours intacte.

- Enchaîne avec Psykoud'Boul ! Encore, et encore !

Moi, je profitai de la distance qui ne nous séparait plus pour attaquer directement ce Rhinastoc coriace. Mon Charkos assénait d'énormes coups de crâne bleu luisant à répétition, et Perceur ne pouvait rien faire d'autre que subir et reculer vers le mur, perdu entre la peur et la paralysie. Mais Teck, qui gardait son petit sourire, ne flanchait pas.

- Vite, Rhinastoc ! Retour Noir !

- BARRE-TOI, CHARKOS !

J'avais cru que ça marcherait, mais ça aurait été trop beau. Le temps que mon Charkos stoppe les Psykoud'Boul, se remette bien sur ses pattes musclées et veuille faire demi-tour, Rhinastoc le chargeait déjà par derrière.

- Noctali, Bâillement sur Rhinastoc !

Puisque Nostenfer était en train de roupiller, Noctali put aller aider son coéquipier, et après s'être approché, il se décrocha la mâchoire de fatigue en direction du Rhinastoc qui fonçait sur mon Charkos. Je n'en voulus pas à Julie, car c'était tout ce que Noctali pouvait tenter de à où il était, et sans venir au corps à corps ; néanmoins cela n'arrêta pas Rhinastoc qui tacla Charkos à plaine puissance Obscure. Coud'Boule tomba à terre.

- Charkos, non !

- C'en est fini ! déclama Teck.

Non... Pas aussi vite, pas encore une fois, en un coup... !

- Relève-toi, Charkos ! Je sais que tu peux...!

Mais il ne bougeait pas... Son corps resta immobile, alors que d'autres retombées obscures vinrent le frapper lui et Noctali, et que ce dernier souffre également de son infection... Non, Charkos, je sais que tu peux...!

Et alors, je le vis rouler à terre, revenir sur ses pattes repliées, et se relever, chancelant...!

- Parfait ! Je savais que tu pouvais le faire ! me réjouis-je.

Teck grogna :

- Peu m'importe ! Retour Noir !

A non, pas encore ! Rhinastoc se recouvrit de son aura obscure, et commença à charger ; j'ai dit, pas encore !

- Esquive !

Mon Charkos, le voyant bien venir cette fois, put se décaler facilement et laisser le Rhinastoc passer à côté. Ah ha !

- Noctali, retourne attaquer Nostenfer, profitons qu'il dorme encore ! s'enthousiasma Julie.
Représailles !

- Et toi Charkos, Poliroche !

Lune alla assommer à nouveau le Nostenfer endormi, qui fut envoyé plus loin ; mais le choc de l'attaque, finalement, le fit rouvrir les yeux. Pendant ce temps, mon Charkos gronda, et tout son corps rêche se mit à briller, tel une plaque de métal en fusion.

- Nostenfer, attaque Crochet Noir ! Tiens le coup !

Nostenfer, qui nous parut bien amoché, ne pouvait aussi bien voler qu'avant, et tenta donc une attaque directe, qui toucha Noctali à nouveau. Julie avait voulu esquiver mais la petite baisse de vitesse de mon Pokémon s'était avérée fatidique. Et la Chovsouris continuait à mordre, saloperie !

- C'est ça, continue ! s'exclama Teck. Rhinastoc, Retour Noir sur Charkos, encore !

- Esquive !

Ah ha ! Son gain de vitesse put à nouveau le faire esquiver parfaitement l'attaque !

- NE LE LAISSE PAS S'ÉCHAPPER ! PSYKOUD'BOUL ! criai-je.

Charkos fondit sur l'ennemi, son crâne droit devant, et put aller frapper dans le dos le Rhinastoc qui finissait son tacle manqué. Sous l'impact, je vis Perceur ouvrir grands ses yeux sous sa corne, et le gros Pokémon Obscur finit par tomber à terre, hors-jeu.

- YES ! m'écriai-je.

Ces foutus Pokémon Obscurs n'étaient finalement pas indestruc-

- Chris ! s'excita brusquement Julie. Fais quelque chose ! Noctali-

Le temps de diriger mon regard vers le Nostenfer, celui-ci lâchait Noctali, qui, succombant au poison Obscur, tomba à terre.

- Noctali !

Mais je voyais déjà les retombées obscures qui chutaient du plafond.

- Charkos ! m'écriai-je. FRACASS'TÊTE !

Mon Pokémon et sa nouvelle vitesse ne perdirent pas une seconde, et, tout énervé qu'il était par l'adversaire, il se rua sur la Chovsouris restée à terre. La vive couleur saphir de son crâne jaillit en une aura de puissance bleutée qui lui donna l'apparence d'un météore. Il abattit son crâne avec un terrible impact sur le Pokémon : les dalles noires volèrent en éclat, et les retombées Obscures parsemèrent les combattants, enveloppés dans un nuage de poussières.
Lorsque la scène fut éclaircie, Noctali étaient K.O., Nostenfer était violemment ratatiné à côté d'une Baie Sitrus gâchée. Charkos, qui s'était trouvé le crâne planté dans le sol, tomba à terre.

Nous rappelâmes tous les trois nos Pokémon, et moi et Julie les remerciâmes avec une voix plus ardente que celle de Teck, froide.

- Pour un 12 VS 6, ça se présente bien, soufflai-je. On est désormais à 9 contre 4.

- Je ne sais pas, rétorqua Julie, tout de même embêtée, ce n'était sans doute que le début, et Rhinastoc était coriace.

- Vous n'êtes pas arrivés jusqu'ici pour rien, opina Teck.

Il sortit ses deux prochains Pokémon, eut un rapide regard sur la main qui les tenait, et il les jeta aussitôt sur le terrain.

- À vous !

Arriva alors un Élecsprint, qui retomba sur ses quatre pattes bleues, avec un air féroce et méchant, montrant les crocs. La lumière de Poké Ball qui annonçait son partenaire n'alla pas toucher terre, comme son prédécesseur, signe d'un Pokémon volant ou lévitant. Elle dévoila un Pokémon massif, carré, orange et reluisant de violet, qui faisait de petits bruits aigus en crépitant d'énergie plasmique : un Motisma, avec l'apparence d'un réfrigérateur.

- Encore deux Pokémon Obscurs... craignit Latias, déstabilisée.

- Il a même réussi avec un Motisma...? nota Julie. Sa MODE est plus avancée que ce que je ne pensais...

- Peu importe ! Nous vaincrons ! m'écriai-je en brandissant une Compét Ball. Lançargot, à toi !

Le Pokémon Chevalier fit un entrée sobre dans l'arène, sans embellissement ou parade impressionnante ; il apparut, face à l'ennemi, tout brillant de Poudre Claire, les lances affûtées et déterminées, son casque à cimier rouge bien conscient des enjeux de ce combat, et prêt à en découdre.

- Noctunoir, je te choisis !

Ma coéquipière envoya la Sombre Ball dans les airs ; Mainpince réapparut, en portant toujours son Orbe Vie autour du cou. Il était sûrement content d'être enfin appelé pour un vrai combat.

Et sur ce, le Ciel Noir s'estompa.

- Motisma, Ciel Noir ! ordonna Teck.

C'en était déprimant. Le Pokémon Plasma lévita bizarrement, frissonna, projeta une petite boule d'énergie obscure vers le plafond, et réinstalla la météo corrompue.

- Danse-Lames ! m'écriai-je.

- Feu Follet sur Élecsprint ! demanda Julie.

Lançargot affûta ses lances, les croisa, puis les leva glorieusement vers le ciel, en débordant d'une lumière de feu. Je la sentais tellement, la Mégacorne qu'ils allaient se prendre ! Noctunoir, lui, lévita vers le camp adverse, formant une flamme spectrale dans le creux de sa paume, et l'envoya voler en direction du Pokémon Décharge.

- Élecsprint, Brume Noire !

Le canidé du tonnerre courut à la vitesse de l'éclair au centre du hangar, et de là, il cracha avec force une épaisse fumée noire-violette. Le Feu Follet perça la fumée et alla on ne sait où, car les bouffées vinrent plonger notre camp dans les ténèbres ; moi-même je n'y voyais plus rien.

- Lançargot ! m'exclamai-je. Reste sur tes gardes !

Je faisais aussi confiance à la Poudre Claire qu'il avait sur lui, mais ce brouillard...

- Mostisma, Foudre Noire sur Noctunoir ! hurla le scientifique.

- Noctunoir, attaque Revenant !

On entendit des cris de torturés dans l'obscur brouillard, et un trou noir d'un instant aspira tout dans un soupir. Le Ciel Noir d'au-dessus tonna, et un éclair pharamineux trancha l'atmosphère jusqu'à frapper le sol. On n'entendit rien après ; je supposai que Noctunoir l'avait évité. Teck resta silencieux. Il semblait attendre quelque chose... Putain, où es-tu, Lançargot... Ce brouillard de merde ! J'entendis soudain hurler en face :

- Maintenant, Élecsprint !...

- ABRI ! envoyai-je aussitôt.

- ...Foudre Noire sur Lançargot ! finit Teck, en même temps que moi.

Quoi, lui aussi ?! Le tonnerre gronda de plus belle au-dessus de nos têtes, mais cette fois-ci un éclair monumental s'abattit dans le craquement d'un rugissement bestial, venant des ténèbres. La colonne de foudre frappa le sol, dans un éclair vicieux, dépassant en voltage la Foudre Noire de Motisma. J'aperçus l'ombre du furieux Élecsprint. Face à lui, j'aperçus la silhouette de mon Pokémon Chevalier, enveloppé dans un bouclier éphémère, croisant ses deux lances en position défensive, résister vaillamment au-

Quand l'Abri céda.

Dans la lueur de l'attaque, je vis l'Abri exploser, la foudre rejoindre la terre, et électrocuter de plein fouet mon Lançargot, les lances tombantes, le cimier ébouriffé, le sol pétant sous l'impact.

Le flash s'éteignit. On entendit une armure tomber sur le plat des dalles.


L'Abri.


Avait.


Explosé.


Je... Je n'en crus rien. Je devais avoir mal vu, c'est pas possible.

- LANÇARGOT !

Je courus sur le terrain, vers la silhouette de mon Pokémon que j'avais vu. Je n'y voyais rien, mais je cherchais, cherchais, tournais la tête, toussais dans la brume horrible. Je sentais ma respiration s'accélérer, le brouillard rentrer dans mes poumons. Je paniquai.

- LANÇARGOT ! criai-je à nouveau.

- Motisma, Blizzard Noir !

- CHRIS, REVIENS !

La voix de Teck avait été plus proche qu'à ma place de tout à l'heure. Celle de Julie me parut beaucoup trop loin. Le grésillement mesquin de Plasma fut nettement plus net. Un maudit vent sortit de l'ombre violemment et se mit à hurler dans le hangar ; il souffla mes alentours, et je fus fouetté, cinglé par un froid atroce. Je beuglai, faible, et je fus envoyé bouler par le mistral contre ce foutu sol noir. La glace s'insinua dans mes vêtements, ma chemise, mes cheveux, me prit aux doigts, aux lèvres et me gela les oreilles. Je ne voyais pas le Pokémon qui me crachait ça. Je ne voyais plus rien, aveuglé par le noir et le froid.

- LANÇARGOT !

Puis un cri strident surgit, un flash d'ombre éclata dans le vide, et j'entendis un grésillement bugué de Mostisma.

- Bien joué, Noctu !

Le Blizzard Noire s'arrêta. La Brume Noire commença à retomber. J'étais à terre. Je relevai la tête. Plus loin, je vis, à terre, la pointe rouge d'une lance.

- Lançargot...!

Je me remis sur mes pattes, et courus. Je trouvai mon Pokémon, très mal en point, le cimier grillé. Je me baissai, je soulevai ses lances, j'essayai de le ramener à lui. Il ne revenait pas à lui. Ses yeux restaient dangereusement clos. Je tremblai. Il n'avait pas placé une seule attaque. On avait détruit son Abri. Il était tombé en une seule attaque.

...

Je sortis sa Compét Ball, et je le rappelai. Je me relevai. Des particules sombres tombèrent en pluie sur mes épaules et mes cheveux ; mon sang ne fit qu'un tour, et tous mes muscles se contractèrent subitement. Je m'écroulai.

- CHRIS, REVIENS, PUTAIN !

Je me relevai. Je regardai autour de moi. Je pouvais voir à quelques mètres, mais je ne savais plus où était Julie. J'entendis encore la voix du connard.

- Élecsprint, Foudre Noire !

- Noctunoir, attaque Balance !

Je courus. Je savais que ça allait tomber. Le Ciel Noir tonna, là-haut. J'entendis un hurlement strident, et Julie jurer. Je vis une patte rouge m'attraper. Latias. Elle me tira vers la droite, ou la gauche, je ne savais pas. Elle me lâcha la patte, et me laissa la suivre, en me criant de courir plus vite. Je ressortais peu à peu de la Brume finissante. Je vis la silhouette de Julie, au loin.

- TU PEUX ME DIRE CE QUE TU FOUTAIS ?! s'énerva-t-elle.

- Je... Je... L'Abri... Lançargot...

L'éclair déchira l'atmosphère. La foudre tomba dans un craquement rugit par Élecsprint. La lumière venait d'au-dessus de ma tête. Un cri perçant. Des ondes spectrales, noires d'une dimension perdue. Un gros choc entre les omoplates. Je fus projeté en avant, contre Latias.

C'était Noctunoir qui s'était jeté.

Je le compris affreusement quand je l'entendis se faire foudroyer.

Je me relevai, et reculai jusqu'à Julie, titubai, tombai par terre, sur les fesses. Je voyais Noctunoir, lévitant, la tête baissée, la bouche sur son ventre fumante.

Il... résista. Il son œil unique, à moitié fermé, se releva vers moi. Je vis sa pupille d'un rouge cinabre. Il hocha la tête.

- ...Hm.

Puis, il s'écroula. L'Orbe Vie qu'il portait en collier rebondit contre les dalles noires. Hors-jeu.

J'étais paralysé. Julie me lança un regard terrible. Une fraction d'instant. Je compris d'un coup que Noctunoir lui avait désobéi. Par ma faute. Pour me pousser. La Brume Noire se dissipa totalement, laissant apparaître la coquille vide du MOCLASM Spectre. Julie tendit le bras, et rappela Mainpince dans la Sombre Ball. Le hall se découvrit de nouveau devant nous. Si le cratère creusé par Charkos était toujours là-bas, désormais deux gros impacts dans le carrelage noir, plus précis et rainurés, fissuraient le milieu de terrain.

Et Motisma Froid Obscur lévitait, en serrant toujours ses dents plasmiques entre ses gros yeux violets, et claquant ses portières comme s'il riait. Et Élecsprint Obscur l'avoisinait, sa crinière électrique intacte, marchant sur le côté, nous foudroyant majestueusement avec les ténèbres de son regard. Toute la scène baigna un instant dans les retombées obscures du Ciel Noir.

- 7 à 4, résuma Teck en redressant ses lunettes.

S'il s'était échauffé durant le combat, c'est dans ces moments-là que son calme le plus neutre semblait lui retomber sur les sourcils. Sa mèche, comme ses cols de blouse, ne retombait jamais.
Je me redressai sur mes jambes. J'étais encore transi de froid à cause du Blizzard Noir, et je devais avoir quelques bleus ou égratignures ici et là. Mais c'est avec une poigne aussi ferme que jamais que j'enserrai la seule Poké Ball que je n'avais pas confié à Julie ; la seule que j'étais sûr de garder avec moi. Je la sortis de ma poche, la déployai de toute sa taille, et je plongeai mon regard dans celui de l'Élecsprint Obscur. Ça ne plût pas à ses instincts primaires. Le monstre aboya férocement en bavant et montrant les crocs. Brusquement, en dérapant sous son propre gain de vitesse, il se mit à courir vers moi rageusement, en griffant les dalles, prêt à me sauter dessus. Teck le regardait faire.

- BASTIODON !

Je balançai mon Bouclier sans autre sommation. Mon plus vieil ami se retrouva sorti, ses quatre pattes blindées cognant la céramique. L'Élecsprint lui rentra dedans, se cognant le museau contre son crâne-bouclier, et roula par terre en geignant. Ce n'est qu'à ce moment que Teck lui ordonna de revenir derechef, et je ne sais si c'était de l'obéissance, de la soumission ou de la simple confusion après ce coup, vu qu'il me sembla un peu sonné. Mon Bastiodon passa outre la surprise d'avoir vu quelque chose se cogner contre lui (il avait été aussi réactif qu'un mur), et il se retourna vers moi, me regardant d'un air confiant. Je lui fis un signe de tête, et il retourna fixer le camp adverse.

- Éboulement ! ordonnai-je aussitôt.

Bastiodon rugit, sa grosse tête portée vers le Ciel Noir : il invoqua de grands cercles d'énergie au-dessus du camp adverse, et bientôt le Motisma frétillant et l'Élecsprint retournant à sa place se retrouvèrent sous une pluie de rochers. Si Décharge courut en bondissant entre les rochers, Plasma eut tôt fait d'en esquiver quelques-uns qu'il se prit les rochers suivant.

- Viens nous aider, Vaututrice !

C'était Julie qui envoyait son Pokémon, et elle l'envoya une fois de plus avec le panache d'une espionne venue du futur. La Poké Ball fut lancée droit au-dessus d'elle, laissa échapper ma Vaututrice à la Baie Sitrus autour du cou. Vostour croassa lugubrement, et la Poké Ball lui retomba pile dans la main.

- Charge-Os sur Élecsprint ! ordonna la brune après un rapide coup d'œil au Pokédex.

La Dresseuse relança donc les hostilités de son côté sans attendre. D'un tour de cou, Vostour fit chuter l'os qu'elle portait sur la tête, l'attrapa avec ses serres, tripla sa taille en un grand os bleuté, et l'envoya avec force sur l'Élecsprint Obscur. À peine revenu à sa place et remit de l'esquive d'Éboulement, Décharge se prit la Charge-Os dans l'arrière-train, chose qui fut au goût de ma Vaututrice, vu son croassement et son air moqueur.

- Motisma, Blocage Noir ! Élecsprint, Brume Noire !

Le réfrigérateur ouvrit grand ses portières et tira les chaînes obscures qui volèrent en direction de notre camp. Alors qu'ils se faisaient ligoter d'ombres, je demandai d'exécuter Malédiction à Bouclier, et Vaututrice put enfin récupérer son Os après trois coups portés successivement. Lorsqu'elle reprit son envol, l'Élecsprint était en train de courir vers le milieu du terrain ; il s'arrêta, et après avoir relevé la gueule, il vomit encore une fois le terrible brouillard obscur. Si je jurai, je me rappelai de mon Pokémon Vol ; je n'eus même pas à regarder Julie qu'elle avait déjà ce plan en tête et s'exclama :

- Vaututrice, débarrasse-nous en !

Vostour s'éleva dans les airs, se retourna vers le terrain, et se mit à battre fougueusement de ses épaisses ailes ténébreuses. Plusieurs bourrasques furent ainsi envoyées balayer le hangar par grands coups, et la Brume Noire que crachait Décharge fut soufflée en tourbillons vers le camp adverse.

- Élecsprint, stop ! s'écria Teck.

Décharge arrêta l'attaque, mais leur côté venait tout de même d'être assombri par l'épaisse fumée. Le Ciel Noir craqua encore une fois, et des particules obscures vinrent blesser nos Pokémon. Mais, que ce soit sur terre ou dans les airs, il s'en remirent rapidement.

- Motisma ! Foudre Noire sur Bastiodon !

- Profitons-en ! s'exclama la jeune femme. Attaque Toxik sur Élecsprint !

Vostour plongeait dans le nuage de vapeurs obscures adverse, toutes serres empoisonnées dehors, quand les grésillements détraqués du Motisma Obscur redoublèrent. Plasma clignota, et le Ciel Noir se mit à tonner, et très vite un éclair chargé d'ombre déchira l'air ambiant juste au-dessus de Bouclier.

- TÊTE DE FER !

Bastiodon fut vif et docile, son crâne se couvrit d'une pellicule d'acier et, comprenant très justement le rôle de riposte de cette attaque dans une pareille situation, il bondit en avant lorsque la Foudre Noire le frappa. Il mon Pokémon aux défenses imprenables fut quand même électrisé par la capacité Obscure, le coup de Tête de Fer qu'il donna eut une effet miroir et fit rebondir une partie de l'attaque vers le Motisma, qui, perdu dans la Brume Noire, ne vit rien venir et se prit une partie de sa décharge primale.

- Élecsprint, Retour Noir !

Lui aussi connaissait cette attaque ?! Teck profita en effet du corps à corps de Vaututrice et de ses griffes inoculées avec Toxik pour surprendre l'oiseau et l'attaquer directement.

- Esquive !

Et heureusement, la Brume repoussée dans le camp adverse et la célérité de Vostour permirent à celle-ci d'esquiver le terrible tacle, et d'érafler au passage avec ses pattes la crinière de Décharge.

De son côté, Bastiodon était loin d'en avoir fini. Une fois l'électricité Obscure dissipée, Il continua de charger en avant, comme un bélier à l'assaut, son crâne imposant reluisant toujours d'un couleur argentée. Il traversa la Brume Noire, et fonça en plein sur le profil de réfrigérateur. Oui bruit de l'impact et des étincelles qui giclèrent, je sus qu'il avait touché. j'étais heureux de Bastiodon ; même si je savais que la Foudre Noire de Mostisma n'était qu'un chatouille comparée à celle de ce satané Élecsprint Obscur, je fus fier de lui quand je sentis qu'il avait réussi à toucher Plasma de la sorte.

De l'autre côté, on vit Vaututrice ressortir de la Brume Noire. Son coup d'ailes pour reprendre de l'altitude finit de dissiper la fumée, qui de toute façon avait été d'une quantité bien faible et d'une opacité bien légère comparée à celle qui avait eu raison de nos deux précédents Pokémon. Bastiodon revint également à sa place. L'Élecsprint Obscur souffrait désormais du grave poison, et Motisma Froid Obscur avait pris un certain nombre de dégâts ; puis le Ciel Noir commença à s'affaiblir. Je ne fus plus surpris quand Teck réagit aussitôt en ordonnant un nouveau Ciel Noir, cette fois-ci à l'Élecsprint. Mais c'était mieux pour nous attaquer avec le Motisma, puisqu'une fois que le canidé avait aboyé à la mort en envoyant une autre sphère obscure exploser en nuages noirs au-dessus de nos têtes, le Pokémon Plasma fut sommé de faire souffler son Blizzard Noir.

Je compris alors l'utilité d'un tel temps avec de telles attaques : Ciel Noir devait assurer à ces penchants Obscurs de Blizzard et Fatal-Foudre une précision impeccable. Je l'avais noté avec Foudre Noire, et je pus alors m'en apercevoir avec Blizzard Noir, car la réaction de Ciel était visible. Motisma lévita plus en l'air, ouvrit les portes de son réfrigérateur, et il expulsa de puissantes bourrasques gelées, qui allèrent se charger avec les particules émanant du tout récent Ciel Noir. Le vent siffla fort sur notre camp, touchant Bastiodon, qui resta tout de même solidement sur ses pattes ; mais ce fut autre chose pour sa partenaire, qui fut gravement touchée et envoyée au sol.

- Vaututrice !

Une fois le vent calmé, on trouva Vostour à terre, qui venait de se prendre sa première attaque Obscure. Elle était mal en point, mais elle put attraper avec son bec la Baie Sitrus qui lui pendait sous le cou, la picora une fois, puis l'avala en entier.

- Parfait ! s'enthousiasma Julie.

Mon Pokémon Vol, avec ce petit regain de santé, voulut alors de nouveau s'envoler - elle déploya ses ailes, battit l'air de grands coups mais retomba aussitôt à terre en croassant.
Julie n'eut pas besoin d'attirer mon attention ; je vis que les serres de Vaututrice avait été prises dans un bloc de glace, né de Blizzard Noir. Motisma ricana en claquant ses portes, et ma coéquipière jura. Voir néanmoins cette Baie gobée me fit réagir aussitôt.

- Bastiodon, utili- non, attends !

Je me ravisai brusquement, puis regardai le Ciel Noir. Je vis enfin les particules chuter, et attendis qu'elles viennent une fois de plus affaiblir nos Pokémon pour ordonner :

- Maintenant ! Utilise Repos !

A mes mots, Bouclier bâilla, somnola soudainement et s'endormit vite, en se couchant sur ses courtes pattes. Mais à peine venait-il de sombrer dans un sommeil réparateur qu'il huma la Baie Prine qui lui pendait sous le museau. Sa langue sortit, l'attrapa, puis Bouclier mâcha le fruit son sommeil ; il ouvrit brusquement les yeux, se releva, et, ayant rapidement recouvré ses esprits et la mémoire de l'urgence actuelle, mon vieil ami se tint de nouveau prêt à se combattre, revigoré.

En attendant, la situation de Vaututrice, qui n'était pas tombée loin du camp adverse, n'échappa pas au boss de Cipher.

- Élecsprint, Retour Noir sur Vaututrice !

Mais Vostour se débattait à terre, et restait handicapée avec ses pattes gelées, qui lui rajoutaient un poids imprévu.

- Courage, Vaututrice ! soutint Julie. Je sais que tu peux y arriver ! Mets-y plus d'énergie !

Vostour et sa bonne volonté réessayèrent ; elle battit plus fort encore de ses grandes ailes afin de soulever tout son poids, et les encouragements de se Dresseuse d'un combat portèrent leurs fruits. Difficultueusement, elle se souleva, en donnant tout dans ses mouvements d'ailes ; Élecsprint lui bondit dessus à toute vitesse, entouré de cette aura obscure dévastatrice, mais, par chance, il la rata encore une fois.

- Parfait ! lança Julie. Ne le laisse pas s'enfuir ; attaque Rapace !

- Motisma, empêche-la !

- BASTIODON, EMPÊCHE-LE ! criai-je à mon tour. ÉBOULEMENT !

Motisma lévita en crépitant et frissonnant vers Vostour qui accumulait dans une aura bleutée la puissance de son Rapace ; cela dit Bouclier réagit vite et invoqua à nouveau les rochers via les l'apparition de cercles de lumière au-dessus du camp adverse. Le Pokémon Plasma eut son attention détournée vers ce qui lui arrivait droit dessus.

- ESQUIVEZ !

Le réfrigérateur abandonna l'idée de poursuivre l'oiseau et se concentra sur l'évitement des boulets de roc. Vaututrice s'échappa de la portée d'Éboulement avec la vitesse de Rapace, et put rattraper Élecsprint, avant de le frapper pour la deuxième fois dans l'arrière-train. Cela devait l'amuser, au milieu de tout ce dramatique.

- Vite, Vaututrice, enchaîne avec Atterrissage !

Mon Pokémon Vol se posa alors enfin, épuisée par cette attaque et ce vol qui lui avait demandé tant d'énergie ; mais Teck ne lui laissa pas une minute de repos.

- Motisma, Foudre Noire sur Vaututrice ! Élecsprint, fais demi-tour, et recommence Retour Noir ! VITE !

Bastiodon était trop loin, je ne pouvais toujours pas l'envoyer avec une attaque frontale...! Le temps qu'il court jusque...

Le Ciel Noir tonna, se chargea d'électricité, pendant que Motisma gigotait vers le plafond. Décharge planta une patte au sol, prit un virage à 180° en dérapant avec une dextérité remarquable, et fondit sur Vaututrice.

Je n'allai pas... Lancer Éboulement... Vaututrice serait touchée... Julie se moqua de mon absence de réaction. Je ne sais pas si elle savait que je ne pouvais rien faire sans que...

- VAUTU, RENVOLE-T- !

Elle avait mâchée son nom pour donner l'ordre plus rapidement. Élecsprint bondit. L'éclair Obscur déchira les nuages au-dessus du plumage de mon Pokémon Ténèbres. Elle venait à peine d'Atterrir.

- BASTIODON, ÉBOULEMENT !

Bouclier se retourna vers moi.

- MAINTENANT ! ordonnai-je.

Il obéit docilement, et rugit. Vaututrice vit les attaques la cerner de toute part. La foudre, la roche et le canidé lui rentrèrent dedans. Le tumulte de l'attaque roche souleva un nuage de poussières.

...

L'occasion... L'occasion de toucher Élecsprint, pensai-je, avait été trop belle... Et Mostisma avait été à portée...

Même si...

Vaututrice...

...

La poussière retomba.

Motisma Obscur s'était pris des rochers, et frissonnait toujours dans un coin. Je crois que cette fois-ci, et vu comme il grésillait, c'était à cause de la peur et de son épuisement. Sous le tas de roches, les ailes étendues à terre de Vaututrice indiquait son état. D'autres rochers, sur le côté, furent poussés et écartés par un museau bleu, sortant de l'intérieur.
Seul Élecsprint finit par s'extirper de son ensevelissement. Il avait l'air indemne. Il avait surtout l'air vraiment énervé. Tout se passa ensuite très vite.

- FOUDRE NOIRE !

Le tonnerre gronda ; l'Élecsprint Obscu rugit avec le craquement de l'éclair. L'attaque n'avait jamais été aussi fulgurante. La colonne de foudre craqua dans l'air et déferla sur Bastiodon. J'eus un regard vers lui. Il ne me vit pas ; j'avais en face de moi son dos, recouverte de son armure de roche et d'acier. Ma véritable forteresse. L'esquive était inenvisageable. Impossible.

Je retins mon souffle.

Il se fit puissamment foudroyé, avec un éclat formidable. Je l'entendis lâcher un grognement de douleur. Les volts déferlèrent, et, alors que la torture qui me paraissait interminable, je vis le corps de Bastiodon briller de l'éclat du métal. Je me tournai, pour voir devant son crâne : il se tenait ferme, les yeux froncés, la gueule ouverte, avec une magnifique sphère d'énergie blanche qui se nourrissait de l'attaque surpuissante.

Je jubilai.

La Foudre Noire eut enfin une fin ; Bastiodon n'avait pas bougé. Tout son corps fumait, mais il n'avait pas bougé. Il tremblait, mais il ne tombait pas. Fermeté avait vaincu. Et la sphère d'énergie était devenue si énorme qu'elle avait atteint le triple de la taille de Bouclier. Elle sifflait avec un pouvoir qui ne pouvait que me faire trépigner d'impatience, alors je hurlai :

- IKE ! FULMIFER !

Bastiodon tira la balle blanche avec l'intensité d'un coup de canon. Fulmifer traversa le terrain, avec une trajectoire rectiligne superbe, et aveugla l'Élecsprint, qui vit sûrement ses instincts défiler devant ses yeux, à défaut de se rappeler de sa vie.

Elle lui explosa en plein museau.

- ÉLECSPRINT, NON !

C'était Teck qui avait crié. Je ne l'aurais jamais cru, mais il réagit ainsi, quand il vit que son Élecsprint Obscur était au premier rang d'une explosion lumineuse dévastatrice. Décharge fut soufflé, vola, et alla s'écraser contre le mur, avant de retomber aussitôt, K.O. Bastiodon, épuisé, respirait difficilement.

Ma satisfaction immédiate était intense, mais je devais rester foutrement concentré. Je ravalai mon envie de trépigner d'excitation, et j'ordonnai sans perdre de temps, sans oublier les dégâts considérables que venait de se prendre mon ami.

- Repos, Bastiodon !

Ainsi je conclus ce tour en conseillant à mon Pokémon de reprendre des forces, pour ce qui allait suivre. Julie, toute imperturbable qu'elle pouvait être, avait été arrêtée elle aussi dans ses actions face au spectacle qui avait eut lieu devant moi, et elle retrouva désormais ces esprits. Elle rappela Vaututrice de son tas de cailloux, la remercia beaucoup, et s'adressa à moi et à mon fidèle Pokémon, qui était reparti pour dormir, cette fois plus longtemps.

- Impressionnant, fit-elle. Je savais que tu étais Dresseur de Bastiodon, mais je ne vous savais pas si efficaces.

Je la remerciai sans parole, d'un hochement de tête. Le Ciel Noir refit des siennes, en douchant le terrain d'éléments obscurs ; Bastiodon ayant regagné toute sa vitalité, je ne m'en fis pas pour le peu de mal que cela pouvait lui faire.

Dans le camp ennemi, si Motisma n'était pas affecté par ces retombées, il ne jubilait pas non plus. Le Pokémon Plasma était presque à bout. Le terrain, couvert de fissures, de morceaux de dalles ici et là ; les rochers des Éboulements s'éteint empilés sur les lieux des attaques, et certains d'entre eux roulaient parfois, tombant de leur tas. Mais les deux zones de positon des Dresseurs qui s'affrontaient restaient, elles, dramatiquement reliées par un no man's land où seuls les regards des deux parties s'aventuraient, se croisaient, se fixaient.

Teck rappela son Élecsprint, après un moment à le regarder par terre. Il finit par tendre sa Poké Ball avec un terne "Retour, Élecsprint". Une fois son Pokémon Obscur rentré, il le regarda longuement, inspira, puis rangea son - je le remarquai alors - Honor Ball.

- 6 à 3, annonçai-je bien fort.

Le scientifique réajusta ses lunettes en prenant un de ses petits verres entre son pouce et son index.

- Plus pour longtemps.

Il sortit une autre Poké Ball ; je fis attention cette fois, et regardai bien : ce fut une Super Ball. Cela voulait signifier que la Faiblo Ball qu'il nous avait présenté au début comme étant Zekrom... Après cette Super Ball - si nous arrivions à défaire l'un de ses Pokémon restants - il sera contraint de lancer cette Ball ultime au combat. Le père amnésique de ma coéquipière envoya son bras et sa large manche de blouse en avant.

- Montre-toi, Alakazam !

La Super Ball vola, et s'ouvrit dans son éclatement particulier. Teck la rattrapa au vol, avec une poigne vive et franche. Son cinquième Pokémon apparut en l'air, avant de redescendre doucement vers le terrain, les jambes croisées. Ce qui me frappa tout d'abord chez ce Alakazam fut qu'il ne posa aucune patte à terre, et gardait ses pieds jaunes croisés, en lévitant ; ensuite, et devrai-je dire évidemment, ce fut ses yeux, ses sourcils qui parurent beaucoup trop froncés pour être naturel, et ses pupilles fortement dilatées, comme s'il contemplait quelque obscur secret. Latias en eut sûrement davantage de crainte. Elle bégaya :

- C'est... C'est aussi...

- Un Pokémon Obscur, d'accord, répondit Julie. Je pense surtout que Teck n'a pas chômé, pendant qu'on se dépatouillait avec les énergumènes au-dehors. J'espère que cet Alakazam...

Elle ne finit pas sa phrase. Elle s'essuya juste le front avec une de ces mains. Je ne l'avais jamais vue aussi concentrée. L'espionne sortit la seule Compét Ball que je lui avais confié, et la lança.

- Shaymin ! Donne tout ce que tu as !

C'était au tour de cette chère Minshya, alors... La concernée descendit gracilement du rayon matérialisateur (ce qui eut de quoi me surprendre, après tous ces jours passés avec elle) et se posa à terre sur la pointe de ses quatre nouvelles, hautes pattes, en faisant claquer sa queue de Dragon. La Gracidée bleue qu'elle portait autour du coup frémit dans la tension ambiante.

- Okay, les bouseux ! s'écria Shaymin. On va bien voir si le côté obscur vous réussit !

Julie parut décontenancée par ce qui aurait facilement pu être l'objet d'un de ces Provoc dont Shaymin a le secret, mais elle dut rapidement s'y habituer et passer au rapide coup de Pokédex pour découvrir les attaques de Gratitude. C'est elle qui m'avait demandé de lui en prêter, après tout.

- Alakazam ! Envoie Chute Noire, maintenant !

Ce fut rapide. Le Pokémon Psy décrivit d'étranges gestes avec ses deux bras, et très vite un tourbillon obscurs de bandelettes couleur incarnat fut envoyé dans les airs. Les bandes de couleurs aveuglantes tombèrent en pluie sur le terrain, touchant les quatres Pokémon présents avec d'étranges et faibles ondes de choc. Shaymin, malgré son arrogance et sa témérité, ne put y échapper, comme Bastiodon perdu dans son sommeil, et ils furent singulièrement blessés.

- Merde, jura Julie ; je ne pensais pas que...!

- Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?

- C'est une attaque Obscure assez particulière, sans puissance réelle, m'expliqua-t-elle. Chute Noire concerne tous les Pokémon sur le terrain : elle affaiblit les Pokémon en pleine santé en l'état qu'ils auraient été à la moitié de leur match, et l'attaque est de moins en moins efficace au fur et à mesure que les Pokémon touchés sont affaiblis... Notre seul avantage, donc, c'est qu'Alakazam ait également été touché... Et ça devra lui demander un temps de recharge, normalement...

Mais si Teck l'avait utilisé aussi tôt, c'était aussi parce que Motisma n'avait déjà plus grand-chose pour lui, et que nous venions de lui offrir deux Pokémon en pleine forme à assommer. Gratitude, bien qu'affaiblie, finit néanmoins par se relever, et Bastiodon, dormant toujours, me sembla dans un bien mauvais état.

- Motisma, Blizzard Noir !

- SHAYMIN, PUISSANCE CACHÉE, VITE !

Plasma ouvrit son frigo, et Shaymin serra les crocs. Elle bondit, brilla d'une couleur éclatante, et envoya une onde de choc rouge. La Puissance Cachée type Feu s'étendit sur toute la surface, et rencontra le Blizzard Noir qui sifflait et les flocons viciés qui l'accompagnaient. Une partie l'attaque Obscure de glace fut fondue et l'onde mystérieuse asséna le coup de grâce à Motisma. Quant au reste du Blizzard, il balaya Shaymin en la renvoyant à terre et filait droit pour congeler mon vieil ami dans son repos. Je ne perdis pas une seconde :

- Bastiodon, Blabla Dodo !

Je priai Arceus. Je vis mon Bouclier grommeler quelque chose dans son sommeil, et il activa Malédiction. Je ne pus m'empêcher de pousser un cri de rage, pendant que mon Pokémon reluisait de l'aura rouge et ne faisait rien contre le Blizzard Noir qui le cinglait. Puis je me rappelai brutalement qu'Arceus n'était en rien dans cette histoire de destin, mais de toute façon prier Dunmeist n'était guère dans mes habitudes de Sinnhéen.

Et de toute façon, chez Teck, Motisma tomba, fumant et crachotant son plasma vicié. Il ne parut pas y prêter attention.

- Alakazam, Psyko Noir ! ordonna Teck.

Mais il n'était pas censé avoir un temps de recharge ?! Son Alakazam Obscur gémit "Ala !", tendit brutalement ses deux bras en avant, et ramena ses deux cuillères en position parallèle. Ses yeux scintillèrent d'une aura malsaine. Je vis mon Bastiodon être enveloppé d'un champ de force violacé, avant d'être soulevé dans les airs.

- BASTIODON !

Il ne m'entendit pas. Soudain, l'Alakazam croisa ses cuillères tendues en un X en murmurant sauvagement "KAZAM !", et je vis Bastiodon se tordre de douleur.

- NON, NON ! BASTIODON, RÉVEILLE-TOI !

Rien n'y fit, là non plus ; il devait être tellement occupé à résister à la douleur qu'il n'ouvrit pas les yeux ; à vrai dire je ne savais même plus s'il dormait encore, dans cet état.

- FINIT-LE !

Et le Pokémon Psy abaissa soudain ses cuillères vers le bas, tournant les poignets. Bastiodon fut violemment jeté contre le dallage sur lequel il avait eut pour habitude se se stabiliser lorsqu'il avait été près de moi. Les dalles noires volèrent en éclat et sous l'impulsion de la descente, mon Bastiodon n'avait put garder ses pattes droites et fut envoyé à plat ventre.
Teck n'avait pas eu tort. Bastiodon n'avait pu rouvrir ses yeux. Il venait d'avoir été envoyé au tapis.

J'inspirai, puis expirai fortement.

Je tendis ma Poké Ball, rappelai à moi mon ami, et le remerciai infiniment. Shaymin, qui avait prit beaucoup d'attaques à mon goût depuis son entrée, regarda celui qui lui avait sauvé la vie rejoindre nos compagnons évanouis.

- Qu'est-ce que t'attends pour utiliser Synthèse ?! m'écriai-je vers Julie.

Ma coéquipière, qui fut étonnée par mon soudain excès de colère alors qu'elle se désolait de voir mon ami hors-jeu, me rétorqua, une fois la surprise passée :

- Quoi ?! Mais de quoi je me mêle ?!

- Je me mêle que Shaymin est déjà courbée sur ses pattes alors qu'elle vient à peine d'entrer en jeu !

- Je fais de mon mieux, Chris !

Elle pointa le Ciel Noir, qui dispersa à ce moment des particules Obscures sur le terrain. Shaymin vit les retombées arriver doucement, mais inévitablement,et si je crus qu'elle courut pour faire de son mieux et se protéger, je pense qu'elle eut plutôt l'idée originale de se ramener entre nous deux pour nous engueuler.

- Qu'est-ce que vous foutez ?! Vous croyez que c'est le moment ?!

- Chris, ce Ciel Noir est une vraie plaie ! me lança-t-elle. J'ai peur qu'avec Synthèse, Shaymin ne capte des... Des photons obscurs ou je ne sais quel autre horrible oxymore artificiel !

- Mais elle risque de-

- HEY ! me calma vivement Shaymin. J'ai changé de forme, je te signale !

- Et alors ? Ça devrait me rassurer pour tes points de vie ?! m'exclamai-je.

Shaymin se retourna vers le camp adverse, en désignant Alakazam d'un coup de menton et en souriant avec une hargne de battante.

- Non, mais me battre contre des gus aussi impressionnants me donne la pêche ! s'exclama-t-elle. Leurs attaques Obscures, pfheu ! Je me sens ultra-forte !

Puis, même si elle ne gambadait pas de joie, elle courut quand même avec une certaine énergie au milieu de notre camp, releva sa mèche d'herbe, et sauta sur place :

- ALORS, LES COCOS ?! C'EST TOUT CE QUE VOUS AVEZ EN STOCK ?!

- Une minute, passe-moi le Pokédex, lançai-je à Julie.

- Hé attends, j'en ai besoin, moi aussi !

On se mit tacitement d'accord, elle en approchant son bras, moi en m'approchant de son épaule. La brune pointa l'encyclopédie parlante vers Shaymin forme Mystique, qui continuait de se la péter et de charrier ceux d'en face. L'Alakazam, lui, profitait certainement de ce moment pour s'accorder ce fameux temps de recharge. Si la forme de Shaymin avait reçue un nom par mes soins et était toujours inconnue dans la base de données du Pokédex, celui-ci, après un clic de Julie, nous déclama d'une voix de machine :

- Shaymin, Forme inconnue. Talent : Optimiste. Moins le Pokémon est en forme, plus ses statistiques augmentent. Note : Ce Talent est souvent vu comme une variante plus utile et plus précieuse de Défaitiste.

Avant de rajouter :

- Tout comme Défaitiste, peut avoir un impact sur le moral du Pokémon.

Julie et moi regardâmes le bout de buisson muté en dragon sauter sur les bouts de dalles.

- HA HA ! J'VAIS TOUS VOUS ARRACHER LES YEUX ! s'écriait Shaymin.

Bon. Au moins, on allait pouvoir compter sur cet enthousiasme.

Moi, je revins proprement à ma place, je mis la main à la poche, et prit également une Compét Ball ; la dernière restante entre tous mes Pokémon capturés à une autre époque.

- Okay ! Crocrodil, c'est à toi ! m'écriai-je. Ne te retiens pas !

Mon Pokémon Mâchoire atterrit sur le dallage en se rattrapant avec une patte à terre. Avec son Ruban Joie autour du cou, le regard fier, sa houppette rouge inébranlable et ses crocs robustes, je trouvai qu'il avait acquis une certaine classe au cours de ses récentes aventures avec Noctunoir. Il se regardèrent avec Shaymin, et se mirent d'accord pour aller leur mettre une dérouillé. J'avais eu tout à fait confiance en Mainpince, et avait hâte de savoir ce que mon Crocrodil me réservait.

Teck restait indifférent à tout ça. Il avait tout bonnement attendu que nous lui présentions deux victimes de plus et, éventuellement, sortir son dernier Pokémon.
Je sentis Latias s'agiter d'un frisson. Je ne perdis pas le nord, et Julie non plus. Le scientifique tenait la Faiblo Ball entre ses doigts.

- L'heure de vérité, souffla la brune venue du futur.

- Vous me poussez dans mes derniers retranchements, commenta Teck. Vous en assumerez les conséquences.

L'homme en blouse se remit droit, face à nous. Il serrait la main autour de sa dernière chance. Il ne bronchait aucunement.

- SUBISSEZ ! s'écria-t-il.

Et la Ball fut jetée. Nous restâmes impuissants face à ce lancer. Nous ne pouvions rien faire pour l'arrêter. Zekrom...