Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 17/07/2015 à 16:16
» Dernière mise à jour le 26/08/2020 à 00:25

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
026. 2x12 - Pierre Rochard
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent la route de Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. À Mérouville, Monsieur Rochard, patron de l’Entreprise Devon, demande aux trois adolescents de remettre une lettre importante à son fils, Pierre Rochard, qui se trouve sur les îles Myokara, et un colis au Capitaine Poupe de Poivressel. Suite à une rencontre terrifiante contre la Team Aqua, Sofian, Flora et Timmy vivent de terribles aventures en mer, à la suite de quoi le Békipan de Sofian part à la recherche des portés disparus, et apprennent la mort de leur ami Monsieur Marco et de Picko, son Goélise. Une fois sortis d’affaire, Sofian défie Bastien, le champion du Village Myokara contre lequel il essuie une défaite écrasante. Dans la forêt Myokara afin d’échapper à la police, Jessie, James et Miaouss s’attèlent à la reconstruction de leur montgolfière afin de reprendre leur mission secrète. Mais la police les a retrouvés, et les trois bandits fuient dans la Grotte Granite, dans laquelle ils retrouvent les trois adolescents présents pour le match revanche de Sofian contre Bastien en vue de l’obtention du badge Poing. L’Écrapince de Sofian et le Meditikka de Bastien perdent tous deux lors de la première manche et il ne reste plus que Nirondelle dans l’équipe du challenger pour affronter le très puissant Hariyama de Bastien, fraîchement évolué. Flora et Timmy repèrent la Team Rocket dans la Grotte Granite et, suite à une violente altercation dans les ténèbres des couloirs de la grotte, un éboulement entraîne Flora, Gobou, Jessie et Seviper dans les sous-sols de la grotte. Flora se réveille seule et est retrouvée par un homme mystérieux qui a besoin de son aide et qui se prénomme Pierre Rochard.

Grotte Granite


Pokémon #201e
Sept jours. Cela faisait à présent une semaine que les trois amis avaient échoué sur une des plages de l’île Myokara et jusqu’à présent, Sofian s’était entraîné intensivement dans le but de remporter son deuxième badge de la région de Hoenn. Mais l’apparition de la Team Aqua sur le territoire avait entraîné l’évolution du pokémon le plus puissant de l’équipe du champion d’arène. Et les efforts du jeune adolescent allaient devoir se décupler s’il voulait se voir sortir vainqueur du combat le plus palpitant qu’il ait encore vécu. Il était grand temps d’enfin achever ce match officiel, duquel il avait rêvé depuis son exil dans la forêt, et de quitter l’île avec le badge Poing en poche.
Après avoir fait rentrer Écrapince dans sa pokéball, il envoya Nirondelle » face à Hariyama qui, de haut de ses deux mètres et demi, dominait littéralement le terrain de la grotte, perché sur un pilier en pierre qui résistait miraculeusement à son poids phénoménal. Sofian serra les poings, prêt pour cette ultime manche qui scellerait son destin dans l’arène de la Grotte Granite ; Poussifeu restait silencieux, aussi tendu que lui. Le temps était venu d’en finir avec ce match revanche.
– Il ne nous reste plus qu’un pokémon chacun, rappela Bastien qui faisait aussi office d’arbitre dans ce match. Sofian, je te souhaite bonne chance, car il va t’être impossible de battre mon pokémon surpuissant !
– Ne sous-estime pas mes compétences, répliqua Sofian, crispé. Nirondelle a beau avoir l’air minuscule face à ton Hariyama, son avantage de type, sa rapidité et notre entraînement intense vont jouer en notre faveur.
– Et bien j’ai hâte de voir ça !
– Aucun problème ! Nirondelle, « vive-attaque » !
Le petit oiseau fusa à toute vitesse dans les airs et percuta de plein fouet le torse de l’énorme Hariyama qui ne bougea pas d’un centimètre.
– C’est ça le résultat d’un entraînement intense ? se moqua Bastien. Je vais te montrer ce qu’on attend d’un dresseur qui entraîne correctement ses pokémons. Hariyama, « cogne » !
Le pokémon de type combat brandit son poing droit qu’il abattit sur le crâne de Nirondelle. Celle-ci fut projetée au sol et cria de douleur en percutant la roche.
– Nirondelle ! s’écria Sofian, effaré par la puissance des muscles du pokémon adverse. Reprends tes esprits et attaque « pic-pic » !
Nirondelle s’envola à nouveau et fonça le bec en avant vers Hariyama qui, sans attendre d’ordre de la part de son maître, cogna à nouveau l’oiseau qui retomba au sol.
– C’est une blague ? s’exclama Sofian, terrifié.
Hariyama brandit une troisième fois son poing, mais cette fois-ci, Nirondelle l’évita en reprenant de l’altitude.
– L’attaque « cogne » est une des spécialités des pokémons combats, expliqua Bastien. Je suis étonné que tu ne la connaisses pas : le pokémon cogne son adversaire autant de fois qu’il lui faut pour le mettre KO.
– À ce train-là, Nirondelle va finir par s’évanouir avant d’avoir pu attaquer une seule fois… marmonna Sofian pour lui-même en voyant Nirondelle trembler dans les airs en évitant les poings de Hariyama. Ok, changement de tactique ! Nirondelle, attaque-« vive attaque » vers le visage !
Nirondelle fusa une nouvelle fois vers son adversaire, aussi rapide que l’éclaire, et Hariyama brandit son poing pour l’éloigner de son visage.
– Utilise « tornade »… MAINTENANT ! ordonna Sofian.
Alors que l’oiseau n’était plus qu’à quelques centimètres du nez de Hariyama, elle battit férocement des ailes et le vent qu’elle créa l’arrêta dans sa course, frappant au passage les yeux de son adversaire qui fut perturbé par l’attaque et désarçonné.
– Et maintenant, « cru-aile » !
Nirondelle profita de sa proximité et du désarroi du sumo géant pour lui asséner un coup fracassant à l’aide de ses ailes. Hariyama poussa un cri de douleur, l’efficacité du type vol contre lui doublant la puissance de l’attaque.
– « Cyclone » ! cria Bastien, pris au dépourvu.
Hariyama ouvrit la bouche et une violente bourrasque de vent fit reculer Nirondelle vers son maître.
– On l’a eu ! félicita Sofian en voyant Hariyama reprendre son souffle et se frotter douloureusement les côtes à l’endroit où Nirondelle l’avait attaqué.
– Je ne m’attendais pas à ce que tu utilises une attaque de Nirondelle de manière à déstabiliser mon pokémon plutôt qu’à l’atteindre physiquement, avoua Bastien, épaté.
– Je sais, j’ai ce don pour l’improvisation, se vanta Sofian. Tu pourras demander à Roxanne, elle aussi a perdu à cause de mon talent !
– Tu es beaucoup trop sûr de toi, Sofian, fit remarquer le champion qui avait arboré son fameux sourire en coin que l’adolescent ne connaissait que trop bien.
À chaque fois que Sofian avait vu se dessiner ce sourire à la fois décontracté et décidé sur le visage de Bastien, celui-ci avait démontré sa puissance exceptionnelle juste après. Et comme il était à prévoir, Bastien déboutonna sa chemise et la plia tranquillement avant de la déposer simplement au sol.
– Hariyama, montrons-lui les raisons qui font que nous sommes en charge de l’arène du Village Myokara ! lança-t-il en prenant une position d’attaque dans son rectangle.
Sofian se crispa davantage et prit une position de défense, protégeant Poussifeu qui s’était caché derrière lui.
– Augmente ton attaque avec « puissance » ! commanda Bastien.
Hariyama se concentra et une aura rouge entoura un court instant son corps musclé et effrayant.
– C’est pas vrai, se lamenta Sofian alors que les muscles du pokémon adverse décuplait de volume. Nirondelle, je compte sur toi pour tenir le coup !
Nirondelle voletait difficilement, mais elle acquiesça et poussa un cri décidé, prête à en découdre.
– On est reparti !

Pokémon #201n
Le cratère créé par l’éboulement s’étendait à des dizaines de mètres en profondeur vers le fin fond de la grotte. Toujours plongés dans l’obscurité, il lui était impossible de voir quoi que ce soit. A l’heure qu’il était, son amie qui avait été entraînée par la chute du sol du couloir était soit ensevelie sous les rochers, soit étouffée dans la poussière. Sa gorge lui brûlait tant il hurlait son nom, mais il ne pouvait s’en empêcher. D’un moment à l’autre, quelqu’un allait bien lui répondre, ou ne serait-ce que l’entendre.
Charmillon voletait au-dessus des rochers, de manière surexcitée, scrutant le moindre centimètre de roche qui se trouvait sous lui afin de retrouver sa maîtresse. Tarsal et Arcko entouraient leur maître, tétanisés par la peur et leur incapacité à trouver une solution pour régler le problème.
– Il faut faire quelque chose ! lança Timmy aux trois pokémons perdus. Il faut déblayer les rochers, descendre, retrouver Flora ! Pourvu qu’elle ne soit pas ensevelie sous… non ! Elle va bien ! Ça va aller ! On n’a pas souffert autant en mer il y a deux semaines pour finir dans ce trou ! Arcko, Tarsal, Charmillon, on enlève les rochers !
Timmy sauta dans le trou béant et retomba sur les énormes rochers qui bloquaient l’accès vers les sous-sols. Le cœur battant à tout rompre, priant inlassablement pour que son amie soit toujours vivante, il s’attela à ôter du chemin les pierres de petites tailles et à les jeter dans le couloir obscur. Charmillon aidait Arcko à porter les plus gros rochers, tandis que Tarsal utilisait ses pouvoirs psychiques pour les faire léviter dans les airs.
– Team Rocket, venez nous aider, bordel ! s’emporta Timmy, dégoulinant de sueur sur laquelle venait se coller une couche de poussière désagréable.
Mais personne ne lui répondit. Il se retourna et plissa les yeux dans l’espoir de détecter une présence, mais James et Miaouss ne semblaient pas être là. C’était étrange. Leur amie avait pourtant aussi été entraînée dans l’éboulement, et ils avaient disparus. Peut-être avaient-ils pris la fuite ? Mais pour quelle raison.
Tout d’un coup, l’énorme rocher que Tarsal transportait par la force de sa pensée s’écrasa au sol et fit trembler l’amas de rocaille sous ses pieds. Le sol se mit à trembler de plus belle et Timmy courut se mettre à l’abri en se jetant sur le sol du boyau.
– Tarsal, pourquoi as-tu… ?
Mais Tarsal n’était plus à l’endroit où il s’était trouvé. L’ayant remplacé de toute sa hauteur, l’ombre d’un homme tenait fermement dans ses bras le pokémon étourdi. À côté de lui résonna le rire aigu d’un chat.
– Je ne comprends pas… marmonna Timmy en s’étouffant dans sa panique.
– On le tient enfin ! s’exclama James qui éclata de rire.
– Avec lui, on va pouvoir faire décoller la montgolfière et s’envoler loin de cette île ! se réjouit Miaouss.
Charmillon et Arcko tentèrent de sauver leur ami Tarsal, mais dans les ténèbres, la cible fut difficile à atteindre et la nuée de dards envoyée par le Cacnéa de James eurent raison d’eux.
– C’est une blague ? s’écria Timmy.
Il se dressa sur ses jambes tremblantes de rage et affronta les silhouettes indescriptibles des deux membres de la Team Rocket.
– Votre amie vient de chuter dans ce trou, est probablement enterrée sous une pile de rochers, et vous continuez à voler sans essayer de la sauver ? Vous n’avez donc aucun scrupule ?
– On profite simplement de la situation qui nous est avantageuse, autant terminer le job, se défendit Miaouss.
– Et si votre amie est morte, A QUOI ÇA VA VOUS SERVIR ?! hurla Timmy qui n’en revenait plus de la situation infernale qu’il vivait.
James répliqua mais le jeune garçon ne l’entendit pas. À bout de force, il sentait son corps le lâcher. Il venait de vivre beaucoup trop d’émotions en si peu de temps, et sa force mentale n’arrivait plus à suivre la cadence. Sa faiblesse physique reprit le dessus et ses jambes défaillirent. Timmy chuta au sol poussiéreux, épuisé physiquement et mentalement. Sa respiration saccadée l’empêchait d’apporter à son cerveau de l’oxygène en quantité suffisante, ce qui le fit se sentir quitter la réalité de la Grotte Granite. Il fallait qu’il se calme, surtout parce qu’il était étalé de tout son long aux pieds de deux des êtres les plus dangereux de la région. Mais éloigné de toute aide psychique de son Tarsal, son état lamentable empira très vite. Tout était fini, il ne lui fallait plus qu’à attendre que la Team Rocket l’achève.
– Qu’est-ce qu’il lui prend ?
– Il simule, c’est évident !
– Mais il nous rend la tâche beaucoup plus facile ! Tu es sûr ? Il n’a vraiment pas l’air bien…
Le Tarsal se remit de sa blessure et gigota violemment dans les bras de James en poussant des cris de stupeurs.
– Pourquoi il s’excite comme ça, lui ?
– Miaouss, je pense que le gosse nous fait vraiment une crise de tétanie !
– Qu’est-ce qu’on fait ? On ne peut pas le laisser là, si ?
– On a déjà Jessie à retrouver et à sortir de la grotte, on ne va pas s’occuper de lui aussi, il faut voir nos priorités ! résonna le chat.
Mais le Tarsal redoubla de force et arriva à sa dégager de l’emprise de James.
Tarsal se jeta devant le visage de son maître et utilisa ses pouvoirs psychiques afin de calmer le jeune garçon. Mais la poussière qui retombait dans le boyau de la grotte rendait la respiration de Timmy plus difficile, et bientôt le garçon allait manquer d’air. James commença à paniquer à son tour en entendant les râles gutturaux de l’enfant à l’agonie.
– Il va s’étouffer s’il continue comme ça ! Cacnéa, donne-lui un coup de patte sur le torse, ça va peut-être l’aider à dégager sa gorge !
– Non, attends ! l’interrompit Miaouss qui comprit que l’heure était réellement grave.
Le chat approcha le Tarsal et miaula afin d’engager la conversation. Terrorisé par l’inefficacité de ses pouvoirs, Tarsal accepta de lui parler.
– Je n’ai pas tout compris, mais en gros, ouais, le gosse peut clamser d’un moment à l’autre ! avertit Miaouss, dont la voix avait aussi pris une teinte de stupeur. L’affaire est grave et sa maladie est sérieuse, d’après Tarsal !
– Qu’est-ce qu’on peut faire ??
James s’agenouilla auprès de Timmy qui luttait pour respirer et essaya d’effectuer un massage cardiaque. Tarsal lui fit comprendre que c’était inutile et les deux membres de la Team Rocket échangèrent un regard paniqué, perdus.
Soudain, rassemblant toute la force qu’il lui restait, Timmy empoigna le costume de James à la poitrine et lâcha dans un dernier souffle :
– Sofian !
Après quoi, Timmy jeta un dernier regard au cratère, l’image de son amie Flora ensevelie sous la roche gravée dans sa rétine, et s’évanouit.

Pokémon #201f
Flora osa rouvrir les yeux alors que de la poussière retombait du sommet de la colonne de rochers qui bloquait l’accès aux étages supérieurs. Le mur créé par l’éboulement était instable et pouvait leur tomber dessus à tout moment. L’homme qui s’était présenté sous le nom de Pierre Rochard tira une dernière fois le corps inerte de Jessie hors des décombres et l’allongea au sol contre le mur du fond de la caverne dans laquelle ils se trouvaient, à côté de son Seviper évanoui et ensanglanté. Pierre Rochard rejoignit enfin Flora, assise contre un rocher afin de reposer sa jambe endolorie, et la lumière qui émanait du corps du petit Galekid lui permit d’observer à nouveau le physique avantageux et la posture décontractée du fils de Monsieur Rochard. L’homme que ses amis et elles avaient recherché depuis deux semaines se trouvait enfin face à lui, et elle n’en revenait pas d’être tombée sur lui au hasard d’un éboulement qui aurait pu lui coûter la vie. Pierre Rochard lui sourit pour la détendre, mais son visage amical la fit frissonner davantage.
– C’est très gentil à vous d’avoir aidé cette femme à sortir des décombres, dit-elle poliment, mais il faut vraiment que je retrouve mes amis à présents.
Flora jeta à nouveau un coup d’œil à la pile de rochers qui bloquait le trou dans le plafond, par lequel elle avait chuté.
– Oh, ne vous en faites pas, la sortie se trouve au bout de ce couloir, rassura Pierre Rochard en lui montrant l’entrée d’un large boyau au loin. Si vous désirez quitter la Grotte Granite, je peux vous accompagner jusqu’à la sortie. Mon Galekid nous éclairera avec sa capacité spéciale « flash ».
Flora comprit enfin la raison de l’étincellement du petit pokémon acier.
– Cependant, j’ai une mission à accomplir au sein de cette grotte, mais je n’y arriverai pas seul. Je me permets donc de réitérer ma demande : pouvez-vous m’accorder votre aide ?
Pierre Rochard sourit à nouveau en lui tendant la main. Flora dû se l’admettre, la politesse du jeune homme, qui paraissait plus âgé à cause de ses cheveux grisonnant, la détendit. Il fallait absolument qu’elle retrouve Timmy qui était resté coincé dans la nuit de la grotte avec James et Miaouss, et qui devait être mort d’inquiétude. Mais sa rencontre avec le tant recherché Pierre Rochard et son mystérieux besoin d’aide l’intriguèrent, et elle accepta.
– Parfait !
Pierre Rochard l’aida à se relever et l’emmena vers la petite entrée du boyau par lequel il était précédemment arrivé. Flora prit son faible Gobou dans ses bras et suivit lentement Pierre Rochard dans les allées caverneuses des sous-sols de la Grotte Granite, précédés par Galekid qui les perdit dans un gigantesque labyrinthe de boyau primairement creusées. Durant tout le trajet dans les couloirs obscurs, Flora préféra rester silencieuse et ne pas lui avouer qu’il était l’objet de leur recherche, car quelque chose en elle l’empêchait de lui prêter toute sa confiance. Après une dizaine de minutes de marche, l’homme mystérieux s’arrêta enfin devant un mur signant une impasse.
– Nous sommes arrivés, prévint Pierre Rochard dans le cul-de-sac.
Le cœur de Flora bondit dans sa poitrine en comprenant qu’il n’y avait pas d’issue et que l’homme l’avait entraînée dans les profondeurs de la Grotte Granite pour lui faire du mal. Elle s’apprêta à se défendre, mais Pierre Rochard ne se tourna même pas vers elle. Il frotta sa main contre le mur du fond du couloir et Flora remarqua enfin l’étrangeté de ce mur : de forme parfaitement rectangulaire, il était poli de haut en bas et ne ressemblait en rien aux parois rocailleuses des boyaux de la grotte. Elle poussa un soupir, étonnée.
– N’est-ce pas ? s’amusa Pierre Rochard. C’est ici que votre aide va m’être précieuse. J’ai besoin de votre Gobou pour franchir ce mur.
– Je ne comprends pas…
– Moi non plus, mais j’aimerais tester une théorie intéressante, avoua l’homme. Je n’ai pas de pokémon aquatique avec moi, c’est pourquoi notre rencontre fortuite me remplit de joie.
– Mais pourquoi avez-vous besoin d’un pokémon aquatique spécifiquement ? Votre Galekid ne peut pas faire l’affaire ? Avec un bon coup de boule, il pourrait détruire le mur, non ?
– Inefficace, répondit simplement Pierre Rochard. Puis-je essayer avec le « pistolet à eau » de votre Gobou ?
De plus en plus intriguée, Flora accepta et ordonna à son pokémon d’envoyer un jet d’eau contre le mur. Gobou lança son pistolet à eau de toutes ses forces, mais rien ne se produisit. Néanmoins, un petit « clic » retentit et, quelques secondes plus tard, le mur s’ébranla avant de se disloquer du reste du couloir. Pierre Rochard afficha un large sourire de fierté.
– L’eau ou le feu, les seuls véritables maîtres de Hoenn… marmonna-t-il mystérieusement.
Flora aida Pierre Rochard à pousser le mur et Flora poussa une exclamation de surprise. Ils venaient de pénétrer dans une énorme caverne, aussi large qu’une cathédrale, entourée par des murs lisses et scintillants. Les parois de la caverne étaient tapissées de gravures étranges, représentants à chaque fois des monstres difformes titanesques au nombre de trois, et l’odeur de renfermé donna l’impression à l’adolescente que les derniers à avoir visités ce lieu furent des hommes préhistoriques. Pierre Rochard inspecta chaque recoin de la caverne complètement vide, avant de se retrouver face à un amas de gros rochers qui bloquait l’accès à ce qui semblait être un très ancien couloir creusé à la force des bras dans la roche. À cet endroit tombait de temps à autre une gouttelette d’eau depuis le plafond fissuré, et la température semblait avoir chuté de moitié. Au dos du mur qu’ils venaient de pousser, quelques petits flocons de neiges irréguliers avaient été gravés — ou du moins, c’était ce que Flora avait cru reconnaître —, devant un des trois monstres impressionnants représentés sur les murs de la caverne.
– Monsieur Rochard, où sommes-nous ? finit par demander la jeune fille impressionnée par la découverte qu’ils venaient d’effectuer.
– Nous nous trouvons dans une salle secrète, interdite à l’être humain depuis des millénaires.
Flora fronça des sourcils dans l’incompréhension la plus totale. Pierre Rochard se tourna vers elle, fasciné par l’endroit.
– Bienvenue dans le passé de Hoenn !

Pokémon #201e
– Attention Nirondelle, sur ta gauche !
L’énorme poing de Hariyama fendit l’air, mais le petit oiseau arriva à l’éviter de justesse en prenant de l’altitude. Elle eut tout de même bien du mal à rester à une telle hauteur, la fatigue se faisant ressentir dans les mouvements de ses ailes.
– Ton pokémon est épuisé ! fit remarquer Bastien, ses muscles saillants brillant de l’autre côté de l’arène. Je pense que le combat va bientôt se clôturer.
– Il serait temps, en effet, admit Sofian qui n’en pouvait plus de voir son pokémon lutter autant pour éviter les coups.
S’il continuait sur la défensive, Nirondelle allait finir par tomber de fatigue. Il fallait qu’il passe à l’offensive.
– Nirondelle, après tant de temps à s’entraîner, il est l’heure de mettre un terme à ce combat ! annonça Sofian. Attaque « cru-aile » !
Nirondelle vola rapidement vers son adversaire, évita au passage un coup de poing puissant, et frappa de ses ailes le visage de Hariyama qui cria de douleur. Ce-dernier voulut se venger d’un coup de tête, mais Nirondelle parvint à reculer assez vite vers son maître. Nirondelle réitéra son attaque, faisant crier son adversaire de plus belle.
– Voilà une attaque qu’il nous a valu des efforts pour être maîtrisée mais qui est bien rentabilisée ! s’exclama Sofian, soulagé.
Poussifeu poussa un cri de joie à côté de lui et piailla afin de soutenir son amie dans les airs.
Les coups portés par les ailes de Nirondelle et l’incapacité de Hariyama à contre-attaquer le firent entrer dans une rage folle.
– Hariyama, mettons cette volaille au tapis avec ton attaque « corps-perdu » ! ordonna Bastien, qui commençait à perdre patience.
L’énorme sumo bondit dans les airs, avec fort peu de souplesse, et Nirondelle fut ensevelie par l’ombre du gigantesque pokémon. Si elle n’évitait pas l’attaque, elle serait écrasée par le quart de tonne que représentait son adversaire et perdrait le match.
– « VIVE-ATTAQUE » ! hurla Sofian.
Nirondelle rassembla son énergie et fusa à toute vitesse vers son maître. Hariyama retomba lourdement sur l’arène soutenue sur son pilier, créant une terrible onde de choc qui propulsa Sofian à plus d’un mètre dans les airs. Sofian retomba au sol et Poussifeu chuta sur son visage. Nirondelle, virevoltant dans les airs, fut la seule à ne pas avoir été touchée par l’attaque.
– Comment est-ce possible ? s’écria Bastien, sous le choc, en se relevant rapidement. L’attaque « corps-perdu » ne peut jamais être évitée !
– C’est vrai, tiens, ça… marmonna Sofian pour lui-même.
Il se souvenait avoir déjà vu un pokémon de type combat utiliser cette attaque inévitable contre un des pokémons de son père, à l’arène d’Azuria, alors qu’il n’était qu’un jeune enfant. Et aujourd’hui, Hariyama venait de manquer son attaque. Cependant, ce n’était pas la seule attaque que Hariyama avait ratée, songea Sofian. Toutes ses attaques « cogne » qu’il avait tentées, Nirondelle les avait évitées avec agilité. Pour un pokémon surpuissant tel que lui, un pokémon à son dernier stade évolué, c’en était étonnant. « Étonnant, ou logique ? » Sofian se mit à réfléchir à voix haute afin d’avoir les idées claires.
– Le problème de Hariyama est qu’il a échoué toutes ses attaques, dit-il à son Poussifeu qui l’écoutait attentivement. Mais ce n’est pas une question de puissance, mais plutôt une question de cible. Nirondelle a évité toutes les attaques. Ou plutôt, Hariyama a raté toutes ses attaques ! Il a manqué sa cible à chaque fois, et son dernier saut était loin d’être souple.
À l’image de son maître, Poussifeu fronça les sourcils. Sofian observa le gigantesque pokémon de type combat se relever avec difficulté. « On dirait qu’Hariyama n’est pas à l’aise dans ses mouvements… », réfléchit silencieusement Sofian. « En même temps, avec un corps pareil… C’est comme s’il luttait contre son propre poids… Il n’est pas à l’aise dans son corps… »
– BINGO ! s’écria-t-il subitement.
Poussifeu sursauta et Nirondelle jeta un coup d’œil à son maître, intriguée.
– Nirondelle, nous allons gagner ! lui assura-t-il d’une voix confiante.
– J’en doute ! s’exclama Bastien, au bout du rouleau. Hariyama, « cogne » !
L’énorme pokémon courut difficilement vers le petit oiseau, et Sofian constata que ses conclusions étaient évidentes. Il s’étonna même de n’avoir rien remarqué plus tôt.
– Tu n’ordonnes pas à ton pokémon d’éviter ? s’abasourdit Bastien.
– Pas besoin ! répliqua Sofian, avec un large sourire.
Et en effet, Nirondelle n’eut pas besoin de bouger pour éviter l’énorme poing de son adversaire, car Hariyama avait visé deux centimètres trop bas.
– Qu’est-ce que… ??
– Nirondelle, je sais que tu es à bout de force, mais finis-le avec « cru-aile » !
Épuisée, le petit oiseau bleu frappa le visage d’Hariyama de toutes ses forces et le pokémon s’écrasa au sol, tandis que Nirondelle se posait à ses pieds, incapable de continuer à rester dans les airs tellement ses muscles souffraient. Le choc du pokémon tombant au sol ébranla le terrain une nouvelle fois.
– Comment est-ce possible ? s’étourdit Bastien, hors de lui.
– Ton pokémon a commis une énorme erreur, expliqua Sofian, mais pas aujourd’hui ! Elle date d’hier !
– Mais de quoi parles-tu ? s’énerva Bastien, complètement largué.
– Je te parle de son affrontement contre la Team Aqua ! Ton Makuhita n’était pas prêt à évoluer. Mais dans l’excitation du combat et la peur de perdre contre nos ennemis, son corps a déclenché malgré lui une évolution prématurée, ce qui nous a été utile, mais à court terme. Car aujourd’hui, Makuhita se retrouve coincé dans le corps de sa forme évoluée, alors qu’il n’avait pas encore la force nécessaire pour se préparer à un tel changement physique. C’est la raison pour laquelle il a tant de mal à toucher sa cible et à bouger avec rapidité et agilité. Hariyama n’est pas encore habitué à sa nouvelle forme !
Bastien resta bouche bée et examina son pokémon qui peinait à se relever.
– Trois semaines sur les routes de Hoenn, grommela-t-il, et tu oses prétendre être un expert en pokémon de type combat ?
Bastien poussa un hurlement de rage. Jamais Sofian n’avait vu le champion d’arène aussi retranché dans ses limites, et il n’aurait jamais imaginé Bastien perdre autant son calme.
– HARIYAMA ! s’écria-t-il. Relève-toi et attaque… !
Mais il s’interrompit dans sa phrase. En plaquant sa main contre le sol, le terrain s’ébranla à nouveau. Sofian n’en crut pas ses yeux : comment un pokémon pouvait-il avoir autant de force dans la main pour faire trembler autant le sol. D’un autre côté, il l’avait vu écraser rien qu’à la force de ses poignets un sous-marin entier. Mais les choses étaient différentes ici, car le terrain semblait en proie à une vibration continue, comme si…
– Le terrain n’est pas stable ! comprit Sofian.
– Quoi encore ?
Bastien remarqua à son tour que le terrain vibrait de manière étrange, de plus en plus violemment à mesure que Hariyama se remettait debout. Sofian avait du mal à tenir en place, le tremblement de terre l’obligea même à s’agenouiller pour ne pas tomber dans le vide derrière lui. Poussifeu poussa un cri lorsqu’il se sentit glisser vers l’avant, et Nirondelle tenta de redécoller dans les airs alors que le terrain fut parcouru d’une terrible secousse.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?? cria Sofian, terrifié.
Un énorme craquement retentit dans l’antre et se répercuta contre les gradins. Le terrain balança du côté du pont en bois qui se brisa et tomba dans le vide. Couché au sol sur son ventre afin de ne pas chuter dans le vide, Bastien jeta un coup d’œil sous l’arène avant de pousser un cri de peur.
– Le pilier ! L’attaque « corps-perdu » de Hariyama a déstabilisé le pilier de roche sur lequel tient le terrain !
– PARDON ??
– ON VA TOMBER !!
Sofian eut le réflexe de se jeter au sol vers le centre du terrain lorsque le pilier soutenant l’arène dans le vide se brisa. Sofian attrapa Poussifeu dans ses bras en se sentant chuter à une vitesse hallucinante vers le fond de la caverne. Son cœur remonta dans sa gorge, son cerveau se compressa dans son crâne, un cri étouffé s’échappa de sa gorge en feu. Tous furent plaqués au sol, incapables de bouger, attendant le choc final qui leur serait fatal, au fin fond de la caverne. Sofian entendit Nirondelle piailler d’une voix aigüe et alarmée.
– TIENS BON NIRONDELLE !
Et ils chutèrent, chutèrent, chutèrent…
C’est alors que, après ce qui semblait des heures de chute libre, le terrain freina sa vitesse de chute et un bruit strident retentit dans la caverne. Des lueurs rouges étranges obligèrent Sofian à rouvrir les yeux et il distingua dans la nuit des étincelles rouges apparaître à l’endroit où le terrain frottait contre les parois rocheuses qui se rapprochaient. Plus le boyau avait été creusé en sous-sol, plus il était étroit, ce qui fit freiner le terrain et le stoppa net dans sa course folle.
Sofian resta allongé au sol quelques instants. Il toussa violemment, recrachant la poussière de roche qu’il avait respirée tout au long de la chute. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et son estomac menaçait de remettre tout ce qu’il contenait. Le front brûlant, mais excité à cause de l’adrénaline, Sofian se releva difficilement en époussetant ses cheveux remplis de cailloux, sur les rochers détruits qui furent, quelques minutes plus tôt à des centaines de mètres plus haut, le terrain de combat de la Grotte Granite.
Bastien se releva à son tour, le torse nu recouvert de poussière, une entaille sous le téton droit faisant perler quelques gouttes de sang sur ses abdominaux sculptés.
– Ça réveillerait un mort ! commenta-t-il en éclatant de rire.
– Poussifeu ? appela Sofian, inquiet.
Poussifeu gazouilla et il retrouva son pokémon la tête retourné dans des débris. C’est en cherchant des yeux son Nirondelle qu’il retrouva son pokémon tenant difficilement debout au centre du terrain. Enfin, il se rendit compte des conséquences de la chute du terrain sur le pokémon de Bastien. Hariyama ne s’était pas relevé.
– Hariyama ! s’exclama Bastien en accourant vers son pokémon.
– Attends une minute ! intervint Sofian. Ça veut dire que… J’ai gagné le match ?

Pokémon #201r
– J’ai gagné… se répéta Sofian. NIRONDELLE !! ON A GAGNÉ !!
Sofian hurla de joie en bondissant comme une puce sur les gravats, et courut vers l’oiseau pour le serrer contre lui.
– Après tant de jours à s’entraîner intensivement, on a enfin gagné le badge Poing !
Un flash rouge éclaira le boyau et Hariyama disparut du terrain. À cet instant, Nirondelle se détendit et s’endormit de fatigue. Sofian la fit à son tour rentrer dans sa pokéball, fier d’elle, afin qu’elle puisse se reposer.
Bastien l’applaudit, bon perdant.
– Je te félicite, Sofian ! Arriver à rester consciente après une telle chute et un tel combat, ton pokémon mérite sa victoire. Tu as déniché le plus puissant des Nirondelle !
– Aboule le badge que j’attends depuis tant de temps !
– Et bien… Le problème, c’est que je n’ai pas de badge Poing sur moi, avoua Bastien en se frottant la tête.
– HEIN ??
– À vrai dire, je ne pensais pas que tu gagnerais le combat, donc tous mes badges sont restés à l’arène, s’expliqua le champion en rigolant de manière embarrassée.
– Il faut vraiment être très imbu de sa personne pour penser ça ! rétorqua Sofian, déçu. On voit que tu ne connais pas l’étendu de mes talents !
– Et c’est moi qui suis imbu de ma personne…
Bastien éclata de rire et Sofian l’imita, relâchant tout le stress qu’il avait accumulé depuis le début de la journée, voire depuis le jour où il avait décidé de le défier.
– Allez, trouvons un moyen de sortir d’ici, proposa Bastien, je commence à devenir allergique à cette grotte.

Le chemin pour sortir de la Grotte Granite ne fut pas de tout repos. Ils trouvèrent près de l’endroit où ils avaient atterri une galerie creusée par un Onix, et remontèrent difficilement la pente ardue. Pour pallier aux ténèbres qui ralentissaient leur avancée, Bastien avait enseignée une technique très spéciale à Poussifeu : garder une petite boule de feu dans son bec afin de baigner les alentours de la lumière chaleureuse de sa flamme.
Malgré tout, le chemin dans la grotte sembla à Sofian beaucoup plus appréciable que celui qu’ils avaient emprunté pour y pénétrer. Maintenant qu’il venait de décrocher son deuxième badge d’arène qui viendrait compléter son début de collection, rien ne pouvait plus l’atteindre et son bonheur était à son comble. Son seul regret avait été que ses amis ne fussent pas présents à sa victoire. À l’heure qu’il était, ils devaient être en train de les attendre patiemment hors de la grotte avec la Team Rocket ligotée et prête à être rendue aux services de la police de Myokara.
– Aïe !
Sofian venait de percuter quelque chose de mou qui lui était rentré violemment dedans au détour d’un croisement.
– Enfin je vous trouve !
Sofian se massa le nez et se tourna vers la personne qui venait de le percuter. L’homme avait les cheveux noirs aux reflets bleus qui lui tombaient jusqu’aux épaules, et son costume ne lui laissa aucune hésitation quant à définir qui il était.
– Vous ! s’exclama Sofian en reconnaissant James.
Poussifeu s’apprêta à lancer la boule de feu qu’il tenait dans son bec mais James leva les bras en guise de paix.
– N’attaquez pas, je suis seul ! s’écria-t-il rapidement.
– Qu’est-ce que vous faites là ? interrogea durement Bastien.
– Attendez un peu ! Mes amis étaient à votre poursuite… Qu’est-ce que vous leur avez fait ?
– Justement, il y a eu… un accident !
C’est alors que James résuma brièvement la situation. Il leur expliqua sans trop de détail leur rencontre avec Flora et Timmy dans les boyaux obscurs, le combat qui s’ensuivit, l’éboulement qui en résulta et qui emporta Flora et Jessie, et la crise de panique de Timmy qui, dans un dernier souffle, l’avait envoyé le chercher.
– Il faut à tout prix retrouver Flora et Timmy et les sortir de la grotte ! s’emporta Sofian, prêt à courir dans les couloirs ténébreux.
– Je ne comprends pas, pourquoi Timmy a-t-il fait une crise de panique ? demanda Bastien. Qui nous dit qu’il ne nous ment pas.
– Parce que Timmy est malade depuis tout petit ! Ce qu’il dit est vrai, quand il se passe quelque chose de grave, son corps réagit de cette manière ! Et sans l’aide d’un médecin, il peut y passer ! Il a failli y passer sur l’île perdue sur laquelle on a échoué la semaine dernière, il peut à nouveau y passer ! VITE !! pressa Sofian.
– Ok, alors il n’y a pas une minute à perdre ! dit Bastien d’un ton ferme. Je doute qu’on puisse aider Timmy à calmer sa crise, nous ne sommes pas médecins. Et avec nos pokémons blessés, il n’y a aucun moyen qu’on puisse retrouver Flora. Sofian, sors de cette grotte en suivant ce chemin droit devant. Dans cinq cents mètres, tu arriveras sur la plage. Au sud de l’entrée de la Grotte Granite, en longeant la paroi, tu trouveras ma moto. Prends-la et roule jusqu’au Village Myokara. Roxanne m’a dit qu’elle quitterait l’île ce soir. Retrouve-la, appelle l’agent Jenny et l’infirmière Joëlle, et revenez tous les quatre ici !
– Mais… Timmy ? Flora ?
– Je m’en occupe ! PARS !
Sofian ne se le fit pas répéter trois fois. Il confia Poussifeu à Bastien pour qu’il ait au moins un pokémon de valide pour commencer à déblayer les gravats, et, sans un regard à James, prit ses jambes à son cou en direction de la sortie de la Grotte Granite, le badge Poing lui étant complètement sorti de la tête.

*
La sueur perlait sur son visage. Les muscles crispés, la mâchoire serrée, les yeux écarquillés, Timmy était en proie à une crise d’angoisse comme il en avait l’habitude dans les moments les plus stressants. Jetant de temps à autre des coups d’œil au cratère créé par l’éboulement qui avait entraîné Flora au fin fond de la grotte, le jeune garçon sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, menaçant d’exploser d’une minute à l’autre. Il était seul, entouré de deux pokémons blessés et d’un Miaouss ennemi, dans l’obscurité la plus totale, souffrant d’une des crises de tétanie les plus violentes qu’il eût vécues.
Des pas retentirent au loin et deux hommes les rejoignirent. Priant pour que ce fût Sofian, Timmy releva difficilement la tête, retenant sa respiration pour l’effort, et reconnut James et Bastien. Il se relaissa tomber et, dépité, plongea à nouveau dans le coma.
– Dans quel pétrin vous êtes-vous encore fourrés ? grogna Bastien.

Pokémon #201m
– Je te dois une explication.
Pierre Rochard referma la fiole remplie de poussière qu’il venait de prélever, la fourra dans la poche intérieure de sa veste de costume et se tourna amicalement vers Flora, toujours aussi fascinée par la caverne dans laquelle elle se trouvait.
– Je suis spéléologue, se présenta Pierre Rochard. Depuis toujours, je suis fasciné par la mythologie de notre région. À tel point que j’en ai fait mon métier principal. Mon but est d’expliquer le passé de Hoenn pour comprendre comment s’est formée la région. Il existe de nombreuses légendes à ce sujet, et les légendes ont toutes un fond commun, ce qui pourrait prouver leur authenticité. Pour se faire, j’ai axé mes recherches sur les grottes et les cavernes qui peuplent la région de Hoenn, tandis qu’un collègue à moi qui travaille au chantier naval de Poivressel s’est spécialisé dans l’étude des fonds marins. En effet, il existerait deux titans légendaires qui, à eux deux, auraient créé Hoenn.
« Il y a quelques années, je suis tombé sur une grotte semblable à celle-ci, avec des fresques murales ressemblant énormément aux gravures qui se trouvent ici. Malheureusement, cette fameuse grotte a été transformée en musée par des compagnies avides d’argent, mais je suis certain qu’elle recèle énormément de secret quant à la création de Hoenn. L’année passée, j’ai découvert une deuxième grotte aussi étrange, de l’autre côté de la région. Celle dans laquelle nous nous trouvons est la troisième que je découvre, et je pense qu’il n’en existe pas d’autres.
« C’est la première fois que j’arrive à percer un des mystères de ce trio de cavernes qui se ressemblent en tous points. Les autres cavernes sont vides et sans issue, tandis qu’ici, tu as pu observer le couloir du fond qui, selon mes estimations, devrait mener vers une grotte qui se trouverait sur une autre île. Comme tu peux t’en douter, nous sommes sous la mer en ce moment-même.
Pierre Rochard montra les gouttes d’eau qui tombaient du plafond, et Flora comprit que la fraîcheur et l’humidité devait prouver ses propos.
– Vu la position géographique des cavernes que j’ai découvertes, reprit-il, il est certain qu’à elles trois, elles forment un triangle très spécial.
Pierre Rochard soupira de fascination en passant sa main sur la gravure du mur devant lequel il se trouvait.
– Quels genres d’indices ces grottes pourraient-elles fournir quant à la création de Hoenn ? interrogea Flora en observant le couloir bouché par un très ancien éboulement, tout aussi captivée par les recherches du spéléologue.
– Trois cavernes remplies de dessins préhistoriques, trois monstres difformes représentées dans les fresques, trois endroits importants dans la région… résumé Pierre Rochard. Il est facile d’en déduire que…
Pierre Rochard s’interrompit et poussa un cri sourd avant de tomber au sol, alors que la lumière émise par son Galekid disparaissait. Flora fit volte-face en serrant sa jambe endolorie et se retrouva nez-à-nez avec Jessie, un rocher dans les mains, debout derrière les corps inertes du spéléologue et de son Galekid. Le crâne de Jessie dégoulinait de sueur et de sang séché, et son regard ne laissait rien présager de bon.
– Très intéressant comme découverte, en effet, dit-elle en arborant un sourire machiavélique, mais plutôt que de courir après des pokémons légendaires, autant voler ceux qui existent et sont déjà entraînés !
Flora resta paralysée de stupeur, incapable de prononcer le moindre mot.
– Ne reste pas béate de cette manière, tu vas me faire sentir coupable de ce que je viens de faire ! cracha Jessie en fourrant les pokéballs de Pierre Rochard dans sa poche après avoir fait rentré le Galekid étourdi dans l’une d’elle.
– Il… il vous a sauvé la vie ! balbutia Flora, terrorisée.
– Il m’a juste sortie de sous les débris, rectifia Jessie. Et grâce à lui, je suis en possession de pokémons surpuissants, vu qui il est. Tu le remercieras deux fois de ma part !
– Je ne vous laisserai pas vous enfuir ! cria Flora alors que Jessie reculait vers la sortie de la caverne. Gobou !
Gobou sauta dans les airs, mais un énorme papillon de nuit s’interposa entre lui et sa maîtresse et l’envoya valser d’un coup d’aile. Gobou répliqua avec son faible pistolet à eau. Mais Papinox se concentra et, grâce à ses pouvoirs psychiques, renvoya l’attaque à l’envoyeur. Gobou fut projeté au sol par sa propre attaque et Jessie disparut dans le couloir en tirant le mur vers elle.
– NOOOOON ! hurla Flora.
Elle courut aussi vite que sa jambe endolorie le lui permit mais arriva trop tard : la sortie avait été rebouchée, l’emprisonnant dans la caverne plongée dans le noir total en compagnie d’un pokémon assommé et d’un spéléologue inconscient, à des centaines de mètres sous la mer, perdue au fin fond d’un labyrinthe dans les sous-sols jamais découverts de la Grotte Granite

Pokémon #201e
Le soleil quittait son poste au zénith pour amorcer sa très longue descente vers l’horizon, lorsqu’une moto déboula à toute vitesse dans les rues du paisible Village Myokara. Un Roucoul s’envola à son passage, perturbé par le bruit du moteur qui avait du mal à suivre la demande de vitesse de l’adolescent qui montait la moto. Le centre du Village Myokara étant piétonnier, il dut abandonner le véhicule dans une ruelle déserte, et poursuivit dans une course folle.
Sofian déboucha sur la place principale du village, complètement perdu. Si seulement il pouvait trouver une carte du village pour savoir dans quelle direction se trouvait le centre pokémon ! Autour de lui, les villageois vaquaient paisiblement à leurs occupations, et Sofian se sentit outré que personne ne s’inquiète pour lui et que d’autres gens n’avaient aucune idée de ce qu’il traversait en ce moment.
– Je pense sérieusement à avaler toute la boîte de calmant, disait une jeune fille assise sur un banc. Je déteste tellement les bateaux que je resterais bien ici à vie !
– Il faut bien que l’on retourne à l’EPFM, sinon tu auras payé le minerval pour rien, lui répondit son ami.
– C’est bien la seule raison pour laquelle je suis d’accord de monter dans ce bateau ce soir…
– Hélène ? Charles ? appela Sofian.
Les deux adolescents quittèrent leur sorbet du regard et reconnurent avec surprise un Sofian crasseux, couverts de poussière et de sueur.
– Sofian ? Quelle surprise ! s’exclama Hélène en se jetant dans ses bras. Mais… Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
– Pas le temps de vous expliquer ! Où est Roxanne ?
– Euh… Je ne sais pas… répondit Charles, perplexe. On est censé repartir pour Mérouville ce soir, mais apparemment, l’agent Jenny devait encore lui parler.
Sans prendre le temps de s’excuser ou de le remercier pour l’information, Sofian tira le Pokénav du sac à dos de Timmy — il avait profité d’avoir eu la moto de Bastien pour passer par leur ancien campement et récupérer leurs affaires qu’ils avaient abandonnées le jour de leur rencontre avec les étudiants de l’École Pokémon Fondamentale de Mérouville — et y chercha le numéro de Roxanne.
– Les amis ! appela quelqu’un derrière eux d’une voix excitée. Vous savez où se trouvent Flora, Timmy et… SOFIAN ?
Sofian se retourna brusquement et se retrouva nez-à-nez avec Dan, un des camarades de classe de Hélène et Charles.
– Quelles étaient les chances que je te trouve ici alors que je te cherchais ? lança Dan, épaté.
– Et moi je cherche Roxanne, tu sais où elle est ? répliqua Sofian, perdu dans ses pensées et ignorant les dires de Dan.
– Justement, la Brock… enfin, je veux dire… Roxanne doit absolument te parler !
Sofian resta coi.
– Ça tombe bien, moi aussi !
– Mais qu’est-ce qu’il se passe, à la fin ? s’impatienta Hélène, larguée dans les évènements soudains.
Dan et Sofian n’échangèrent aucune autre parole, tous deux préoccupés par leurs missions, et Dan emmena Sofian au centre pokémon, suivi de près par Hélène et Charles, tous deux désemparés. Dan les fit prendre certains couloirs spéciaux et Sofian remarqua qu’ils suivaient les plaques qui menaient aux urgences pokémons. Dans la salle plutôt calme, Sofian aperçut au loin l’agent Jenny, l’infirmière Joëlle et Roxanne, les trois femmes qu’il recherchait réunies au même endroit, devant un lit d’hôpital entouré de rideaux pour préserver la tranquillité du pokémon qui se faisait soigner.
– Roxanne ! appela Sofian en courant vers elles.
L’infirmière Joëlle arrêta son monologue et l’agent Jenny fronça les sourcils, préoccupée.
– Sofian, te voilà ! dit la championne de Mérouville en reconnaissant l’adolescent. Nous te cherchions justement.
– Moi aussi ! Il s’est passé quelque chose dans la Grotte Granite ! annonça Sofian. Mes amis sont…
– Sofian, nous l’avons retrouvé ! l’interrompit Roxanne qui n’avait pas écouté ce que l’adolescent lui avait dit.
– Vous ne comprenez pas, Flora et Timmy…
Roxanne ignora ses propos et tira les rideaux qui cachaient le lit derrière elle. Exaspéré, Sofian jeta un regard non-intéressé au pokémon qui se trouvait couché sur le lit d’hôpital et faillit tomber sur place en le reconnaissant. Étalé de tout son long, des marques de griffures et des coups bleus répartis sur tout son corps, le pélican semblait lutter contre la douleur.
– C’est ton Békipan, n’est-ce pas ? demanda l’infirmière Joëlle.
Sofian acquiesça, déconcerté. Après sept jours de disparition, son Békipan lui était enfin revenu. C’était un sentiment plus fort que le bonheur d’avoir gagné son badge Poing qui s’empara de son corps. Sofian se jeta sur le lit et serra son pokémon dans ses bras, laissant une petite larme de soulagement glisser sur sa joue. Mais Békipan trembla fébrilement et lui donna un coup d’aile afin de se dégager des bras de son maître. C’est alors que Sofian remarqua qu’il tenait fermement quelque chose dans son bec. Il tenta de lui retirer le bout de tissu mais Békipan tenait à le garder dans son bec.
– Ça va aller, Békipan, je suis là à présent, rassura Sofian d’une voix douce en caressant le crâne de son pokémon.
Békipan desserra son emprise et relâcha le bout de tissu dans la main de Sofian. Celui-ci mit quelques secondes avant de reconnaître le matériau, et il faillit à nouveau tomber sur place sous le choc.
– Est-ce que tu sais à qui appartient ce vêtement ? interrogea l’agent Jenny.
– Oui… répondit Sofian d’une voix tremblante.
Sofian se souvint péniblement de la dernière fois qu’il avait vu la veste de pêcheur à laquelle appartenait ce bout de tissu.
– Je le reconnaitrais d’entre mille. Mais cela voudrait dire que… Békipan aurait retrouvé… C’est pas vrai !
Sofian leva la tête vers Roxanne, l’agent Jenny, l’infirmière Joëlle, Hélène, Charles et Dan, avant d’annoncer :
– Monsieur Marco est vivant !

Pokémon #201r