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Beautiful Killer de Star-Killer



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Informations

» Auteur : Star-Killer - Voir le profil
» Créé le 15/07/2015 à 22:14
» Dernière mise à jour le 15/07/2015 à 22:34

» Mots-clés :   Action   Aventure   Humour   Présence d'armes   Suspense

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004 : Madame Redshire - Doux souvenir (2/2)
[Madonna - Beautiful Killer]
La chambre de Béatrice Redshire était aussi décorée que le reste de la maison, si ce n'est plus. Les murs étaient peints dans ce même rouge qui caractérisait si bien la propriétaire. Un large tapis qui semblait être fait de peau d'un Pokémon quelconque, probablement un Ursaring, trônait en plein centre de la pièce, juste devant le grand lit deux places aux couvertures de velours rouge. Des meubles en bois de chêne étaient disposés çà et là, à une place bien particulière. Le meuble le plus impressionnant était ce grand placard surmonté d'un miroir où elle rangeait très certainement ses vêtements. Au plafond, un lustre aussi surchargé que celui du salon pendait mollement et éclairait la pièce, baignée dans une atmosphère étrangement mystique.


Dark eyes on a dangerous face you are a beautiful killer
(Un regard sombre sur un visage dangereux, tu es un beau tueur)
We pass by the same old place you are a beautiful killer
(On se croise à ce même vieil endroit, tu es un beau tueur)


Armand, allongé nonchalamment sur le lit de la femme blonde - mariée, de surcroît - observait avec attention chaque détail de la chambre de sa "prédatrice". Elle se tenait juste au-dessus de lui, une bretelle de sa robe rouge sang glissant sur son épaule bronzée. En y pensant, le contraste entre sa peau et celle du jeune homme était frappant, tant il était pâle. Son regard d'un bleu glacial se promenait à travers la grande pièce, en prenant un soin particulier à ne jamais s'arrêter sur la jeune femme excitée qui jeta sa veste à l'autre bout de la chambre.


You don't have a life, you have blood on your hands
(Tu n'as pas de vraie vie, tu as du sang sur les mains)
You can sleep at night and I don't understand
(Tu peux dormir la nuit et je ne comprends pas)


Béatrice embrassa le tueur, qui se jura une énième fois de se brosser les dents après être sorti du manoir. Il ne voulait pas toucher cette femme, aussi se contentait-il de subir sa torture en attendant le meilleur moment pour la tuer. Il avait certes un don pour attirer les femmes, mais il ne se permettait pas de coucher avec la première folle venue. Il était bien trop raffiné pour ça, voyons.


I don't know much about you are a wanted man
(Je ne sais pas grand chose sur toi, tu es un homme recherché)


- Eh bien alors ? Tu peux me toucher, toi aussi... souffla Béatrice dans l'oreille du jeune homme, qui grimaça.

La blonde surexcitée affichait un sourire digne des plus grands cinglés alors qu'elle commençait à se débarrasser de ses chaussures à talons aiguilles, les envoyant voler plus loin dans la pièce l'une après l'autre. La première atterrit lourdement sur le sol, la seconde brisa le miroir du grand placard. Béatrice ne s'en formalisa pas et lança un regard prédateur à sa "victime".


You can call my name and I'll be around
(Tu peux m'appeler et je serai là)
Maybe I'll let you shoot me down
(Je te laisserai peut-être me tirer dessus)


- De tous les hommes avec qui j'ai eu ce genre de relation, tu es sans doute le plus séduisant du tas... murmura la femme sur un ton enjôleur.

Les lèvres du jeune homme s'étirèrent en un sourire moqueur.

- Il y en a eu combien ? Une bonne centaine, je dirais...
- Tu es bien plus charmant quand tu ne parles pas, n'es-tu pas de mon avis ? lui demanda Béatrice en retirant la cravate d'Armand.
- J'ai la particularité d'être... plus intéressant que vous quand je parle. Ne le prenez pas mal.


Cause you're a beautiful killer with a beautiful face
(Car tu es un beau tueur avec un beau visage)
A beautiful killer and you won't leave a trace
(Un beau tueur et tu ne laisseras aucune trace)


Béatrice baragouina quelque chose d'incompréhensible pour le tueur, puis s'attaqua à sa chemise. Il fit une magnifique grimace dégoûtée qu'elle ne remarqua pas, trop occupée avec ses fantasmes glauques et bien trop excitée pour se rendre compte de quoi que ce soit.

Bien. Le supplice avait assez duré. Il pouvait en finir maintenant. Soucieux de ne pas se salir dans sa macabre tâche, il dégagea d'un mouvement de bras la blonde qui s'acharnait sur lui. Laquelle, n'ayant pas le temps de comprendre la situation, se retrouva avec un couteau planté en travers de la gorge.

Un sentiment étrange envahit le tueur. Il se sentait étrangement bien. Etrangement... vivant. Ce premier meurtre depuis son "réveil" avait ravivé un souvenir, et pas des moindres. Il se souvenait que tuer lui plaisait. Et rien que pour cela, il remercia intérieurement Béatrice de s'être dressée sur son chemin. Oui, ça lui faisait un bien fou de retrouver quelque chose de perdu.

Le corps sans vie de la blonde le fixait de ses yeux hagards qui désormais ne voyaient plus. Armand descendit du grand lit, faisant au passage tomber le corps. Elle tomba par terre et son cou, ayant heurté le bord du lit dans sa chute, se brisa dans un craquement sinistre.

- Beurk, je hais vraiment le bruit des os qui craquent... se plaignit Armand en reboutonnant consciencieusement sa chemise blanche. Bien, où sont mes autres fringues...

Il remit sa cravate et ramassa sa veste anthracite qui traînait par terre, lancée à travers la pièce un peu plus tôt par Béatrice. Il épousseta rapidement son vêtement avant de le remettre et soupira.

- Bon, bah maintenant... va falloir retrouver mes précieuses affaires et mes non moins précieux compagnons de voyage... Enfin, s'ils sont toujours vivants. Allez, en route...

Sans s'éterniser davantage dans la pièce qui commençait à s'imprégner de l'odeur du sang, il sortit en fermant bien la porte derrière lui. Le couloir sombre était silencieux. Armand n'entendait même pas les domestiques s'affairer aux étages inférieurs. Peut-être dormaient-ils, mais ça, il ne pourrait en être certain qu'en fouillant toute la maison, qui s'avérait être un véritable dédale de couloirs et de chambres. Ses amis pouvaient être n'importe où, et même séparés. Tout seul et sans arme, il parviendrait difficilement à ses fins. Mais sans aucun doute, ses adversaires le sous-estimaient. Car Armand ne laissait personne lui faire un tel affront sans le payer de sa vie.

Soupirant une fois de plus, il regarda bien le couloir. Personne en vue. Bon. Il pouvait prendre l'escalier menant en haut, ou celui menant en bas, il n'y aurait aucune différence. Il avisa les quelques plantes en pots dissémineés un peu partout dans le couloir et de manière symétrique.

"Au moins, on ne peut pas lui reprocher d'avoir une maison mal entretenue..."

Il vérifia si quelque chose se trouvait dans les poches de sa veste. Il n'y trouva que son téléphone portable, qui ne lui serait sans doute pas d'une quelconque utilité. Regardant une dernière fois les deux chemins qui s'offraient à lui, il choisit de descendre. Bien qu'il en doute fort, ses deux mallettes contenant ses affaires se trouvaient peut-être toujours dans le salon. Mais comme la chance n'était pas vraiment de son côté, il n'y comptait pas trop.

Descendant les escaliers non éclairés avec toute la prudence dont il était capable, il tenta de trouver le moindre son dans cette bâtisse bien trop silencieuse. Le moindre craquement de plancher lui serait utile pour trouver quelqu'un. Arrivant au rez-de-chaussée, n'ayant croisé personne sur son chemin, il se permit un petit détour au salon, où l'attendait non pas ses affaires au complet, mais seulement la Pokéball de Séviper.

"Et je suis supposé faire quoi de ça ? C'est pas comme si je me souvenais des attaques de mon propre Pokémon..."

Il ramassa tout de même la Pokéball, au cas où il tomberait sur un domestique. Il ne savait plus se battre, mais il improviserait. Subir le même sort que ses compagnons n'était tout simplement pas une option pour lui.

"Bon, c'est bien joli, mais s'il ne reste que ma Pokéball, ces enfoirés ont pris mes affaires. Et dans une maison pareille, bonjour pour les retrouver..."

Armand, préférant ne pas perdre de temps, pressa l'interrupteur qui alluma le grand lustre du salon. La lumière était si forte qu'il dût se cacher les yeux un moment pour habituer sa vision. Il sourit en voyant que le résultat ne se fit pas attendre : en effet, un domestique avait accouru pour voir ce qu'il se passait.

- Vous ?! Mais n'étiez-vous pas avec Madame ? s'étonna l'homme bâti comme un gorille en voyant le tueur.
- Disons qu'il y a eu... un petit changement de programme. Vous m'en voyez navré.

Le domestique était toujours en train d'essayer de comprendre la situation. Armand en profita pour lâcher Séviper sur lui. Le Pokémon Serpacroc ne se fit pas prier et plaqua l'homme contre le mur. Lequel semblait tétanisé par la peur. Armand se baissa pour être à la hauteur du domestique, qui était assis.

- Bon, je vais faire court. Je n'ai absoluement pas le temps de jouer avec vous. Alors si vous tenez à vivre, dites-moi où sont mes affaires et mes amis.
- ...
- On le prend comme ça ? Seviper, sois un peu plus persuasif...

Le Pokémon de type Poison montra les crocs, ce qui suffit à faire pâlir encore plus le domestique.

- Où... où est Madame ?
- Vous me promettez de parler, après ?

L'homme hocha la tête.

- Bon, alors... Elle est en train de baigner dans son sang. Dans sa chambre. Oh, et, juste pour vous prévenir, je ne faisais que me défendre ! ajouta Armand en voyant le visage du domestique se décomposer.
- Vous... vous avez...
- Eh là, je vous ai dit ce que vous vouliez savoir, maintenant à votre tour de parler.

L'homme soupira.

- Vos amis ainsi que vos affaires ont été transportés au sous-sol, ordre de Madame. C'est tout ce que je sais...
- Et comment on accède au sous-sol au juste ? J'en ai peut-être pas l'air, mais je suis plutôt impatient parfois.
- Le jardin... Y'a une trappe menant à un escalier dans le jardin...

Armand, satisfait, se releva et gratifia le domestique d'un grand sourire.

- Eh bien voilà, ce n'était pas si difficile !

Il regarda ensuite son Seviper.

- Allez mon grand, finis-en avec ce ridicule chien fidèle. Je t'emmène dehors juste après.

Le regard de l'homme, suppliant, ne réussit pas à dissuader Seviper qui le mordit au niveau du cou, le laissant avec un poison mortel dans les veines. Armand fit mine d'essuyer une larme au coin de son œil et adressa un dernier regard au mourant.

- J'aurais aimé vous connaître en d'autres circonstances... Je suis certain que vous auriez préféré vous aussi. Adieu, et puisse Arceus vous guider vers le repos éternel... Quoique, j'suis pas certain que vous le méritiez. Enfin bref.

Le brun laissa le pauvre homme à son triste sort et sortit par la porte principale, éteignant la lumière du salon derrière lui. Il faisait déjà nuit et la lune était haut dans le ciel. Le climat était plutôt froid, en revanche. Un frisson parcourut le jeune homme.

Il observa le grand jardin qui s'étendait derrière la maison. Des haies qui devaient bien mesurer deux mètres de haut entouraient la propriété. La fontaine n'était pas en marche, laissant le jardin dans un silence oppressant. Quelques buissons offrant des baies étaient disséminés çà et là et un modeste potager trônait dans le coin Ouest du jardin. Armand soupira en apercevant la trappe dont le domestique lui avait parlé.

- Ce connard aurait pu préciser qu'il fallait une clé...

Il avait à peine terminé sa phrase qu'une lumière aveuglante lui fit fermer les yeux. En les ouvrant de nouveau, il put voir un domestique accompagné d'un Flamajou braquer une lampe de poche sur lui.

- C'est vous qui avez tué Chester ?
- Chester... Ah, votre collègue dans le salon ? demanda Armand, connaissant de toute façon la réponse.

Le domestique, un grand homme d'origine hispanique, hocha mollement la tête. Armand poursuivit :

- De toute manière, qu'est-ce que ça peut faire... Il n'a pas respecté son engagement envers moi. Voyez, il a oublié de mentionner qu'il faut une clé pour accéder au sous-sol.
- Je vais de ce pas vous faire regretter cet affront, à vous et à votre immonde serpent. Flamajou, Mâchouille !

Armand lança un regard désapprobateur alors que le singe se rapprocha de Seviper.

- Si c'est avec ça que vous comptez me battre, je suis un peu déçu... Enfin. Séviper, esquive.

Le serpent évita, d'un saut gracieux et parfaitement maîtrisé, l'attaque du Flamajou. Le petit singe tomba dans l'herbe, face contre terre. Le domestique ne laissa rien paraître de son agacement et envoya son Pokémon à l'assaut une nouvelle fois.

- Je persiste à croire que c'est inutile... soupira Armand qui ne souhaitait pas perdre son temps outre mesure.
- L'issue d'un combat Pokémon n'est jamais déterminée à l'avance, vous devriez le savoir en tant que Dresseur !
- ...beau parleur...

Armand, qui ne savait pas trop quoi ordonner à son Séviper, se contenta de choisir la même attaque que le domestique, à savoir Mâchouille. Visiblement, le serpent la connaissait puisqu'il rampa - à une vitesse anormalement élevée pour un Séviper - jusqu'au singe et, après avoir fait un bond de deux ou trois mètres, le mordit férocement. Flamajou ne put retenir un cri de douleur étouffé. Armand sourit.

- On dirait que mon Pokémon est plus puissant que le vôtre...
- Je vous l'ai dit, rien n'est joué d'avance... grommela l'homme, peu rassuré cependant.
- Quel entêtement... souffla Armand.
- Il vaut mieux ça que de vous laisser explorer le sous-sol de Madame ! Tunnel !

Sans attendre, le singe de feu plongea sous terre, ce qui ne manqua pas de frustrer le serpent empoisonné. Armand réfléchissait tellement vite qu'il avait l'impression que son cerveau exploserait d'ici cinq minutes. Fouillant dans sa mémoire les capacités qu'un Séviper pouvait apprendre, il espérait au moins que son Pokémon en connaissait une.

- Abri !
- Hmpf... vous ne vous en sortirez pas à si bon compte !

Et, en effet, il disait vrai : vraisemblablement, Séviper ne maîtrisait pas la capacité demandée. Il se contenta d'un regard désolé vers son Dresseur. Profitant de ce moment d'inattention de la part du Serpacroc, Flamajou sortit du sol et le projeta violemment contre un mur de la bâtisse. Séviper tenta de se dégager, mais sa queue était à moitié encastrée dans le mur.

- Vous... votre horrible Pokémon a abîmé les murs de Madame ! Comment croyez-vous qu'on expliquera ça à Monsieur, quand il reviendra ?!
- Madame, Madame, vous n'avez que ce mot à la bouche ! Elle est morte, votre Madame, revenez un peu sur Terre, mon vieux ! répondit Armand sur un ton plus violent qu'il ne l'aurait voulu.

Le domestique hispanique encaissa le choc comme il put. C'est-à-dire en s'effondrant sur la pelouse et en pleurant comme un enfant qui vient de perdre son jouet favori. Armand leva les yeux au ciel devant tant de guimauve.

- Madame... elle était d'une bonté d'âme extraordinaire...

Armand grimaça.

"On parle bien de la même ?!"

- Et vous... vous, vous la tuez, comme ça. N'éprouvez-vous aucun remords ?!

Armand baissa la tête et regarda fixement l'herbe au sol.

- Non. Aussi cruel que cela puisse paraître, c'est mon travail. Je suis désolé d'avoir à vous l'apprendre, mais le meurtre de votre "Madame" m'a permis de retrouver un fragment de mon identité. Alors non, je ne regrette en rien ce que j'ai fait.

Le tueur se tourna ensuite vers son Pokémon, qui avait, tant bien que mal, réussi à dégager sa queue du mur.

- A toi de jouer mon grand...

Séviper ne se fit pas prier et réserva à l'homme hispanique le même sort qu'à son camarade "Chester". Le domestique s'écroula environ une minute plus tard, succombant au poison. Le Flamajou, voyant le corps sans vie de son maître, s'enfuit en direction du bois pour retrouver une vie sauvage.

- Eh bien celui-là a été plus chiant que le précédent...

Armand fouilla toutes les poches du domestique, mais il ne trouva pas la moindre clé.

- Ben tiens, moi et ma chance légendaire... J'aurais dû fouiller le type du salon aussi. Pas le choix, je vais devoir y retourner.

Voyant que son Pokémon était quelque peu fatigué par son combat, Armand le rappela et retourna dans la demeure. La lumière était éteinte, comme lorsqu'il était sorti. Il la ralluma et constata avec soulagement que le corps du premier domestique qu'il avait croisé était toujours là. Il le fouilla rapidement. Toujours pas la moindre clé. Il trouva cependant une lettre signée par un certain "Raymond Fitzgerald".

"Pas possible, ce rigolo est une connaissance du sénateur Fitzgerald... Et puis il n'a même pas la clé. C'est ce fichu troisième domestique qui doit l'avoir."

Le jeune homme se laissa tomber sur le canapé, fatigué par la soirée. Soit il trouvait ce troisième domestique, ce qui était la solution difficile... Soit il essayait de forcer l'entrée du sous-sol en utilisant une attaque Pokémon. Il n'était pas sûr du fonctionnement de cette technique, mais ça valait le coup d'essayer, après tout.

Il sortit Seviper de sa Pokéball, à nouveau, et lui lança un regard désolé.

- Je suis navré mais en l'occurence, c'est pour la bonne cause. Alors je vais avoir besoin de tes services une dernière fois. Enfin j'espère que ce sera la dernière...

Le Pokémon Serpacroc lança un regard interrogateur à son Dresseur alors que celui-ci se dirigeait hors de la demeure. L'air frais lui faisait plus de bien que la chaleur de l'intérieur couplée à l'odeur du sang. Il se dirigea de nouveau vers la trappe au fond du jardin. En l'examinant, il remarqua qu'elle n'était peut-être pas si solide qu'elle en avait l'air. Armand se tourna vers Séviper.

- Euh... Tu connais l'attaque Séisme ? Ca pourrait fonctionner.

Le serpent hocha la tête pour faire comprendre à son Dresseur que oui. Armand sourit, soulagé, et lui ordonna d'exécuter l'attaque, à puissance réduite toutefois. Ce qui, effectivement, fonctionna à peu près : le carré de métal qui consituait la trappe s'était détaché de la chaîne qui le retenait solidement attaché. Il ne restait plus au tueur qu'à le déplacer pour pouvoir se rendre au sous-sol.

- C'est vraiment handicapant de n'avoir qu'un seul Pokémon, mais je dois admettre que tu as des ressources... Allez, tu as bien mérité de te reposer.

Armand rappela son Pokémon et emprunta l'escalier qui menait au soi-disant "sous-sol" de la demeure. L'escalier n'était pas éclairé, il se contenta donc de son téléphone portable comme source de lumière. Ses pas résonnaient dans cet endroit glauque et silencieux. Et si le domestique nommé "Chester" s'était tout simplement moqué de lui ? Après tout, ils ne semblaient pas spécialement disposés à parler, dans cette maison...

Arrivé en bas de l'escalier - qui lui avait semblé interminable - il déboucha sur un couloir à deux issues. La première menant à gauche, la seconde à droite. Jugeant qu'il n'avait rien à perdre à essayer les deux, il commença par le chemin de droite.

Le long couloir sombre, seulement éclairé par le téléphone portable d'Armand, ne comptait aucune porte. Pas une seule. Aussi se contenta-t-il de marcher droit devant lui en espérant atteindre quelque chose. Au bout d'un moment, un son, comme une sorte de bruissement, attira son attention.

"Pas le temps de se questionner sur ce bruit, je dois avancer, je découvrirai bien de quoi il s'agit..."

Alors il reprit sa marche pour, cinq minutes plus tard environ, déboucher sur une pièce, pas vraiment grande. Ce qu'il vit l'étonna et le dégoûta : des cages contenant des Pokémon de toutes sortes, probablement des espèces de la forêt voisine, étaient entassées les unes sur les autres, en piles de quatre ou cinq environ. Les cages laissaient peu d'espace aux Pokémon, qui ne pouvaient, pour certains, pas esquisser le moindre mouvement.

"Bordel de merde, une trafiquante de Pokémon... Eh ben ça..."

En regardant plus attentivement à l'intérieur des cages, il remarqua quelques Pokémon morts. Ils ne devaient pas être nourris très régulièrement.

"Et comme si ça ne suffisait pas, il faut des clés pour ouvrir ces fichues cages. Faudra que je me souvienne de ne surtout pas parler de ça à Colin. Même si ça me dégoûte franchement, pour le coup."

Dépité, il retourna sur ses pas et emprunta cette fois-ci le chemin de gauche. Celui-ci, contrairement à l'autre, comptait quelques portes ouvertes, sans serrures. Il vérifia toutes celles qui se présentaient à lui. Entendant un gémissement, il s'approcha de la porte d'où provenait le son. Il entra dans la petite pièce et découvrit ses trois compagnons allongés à même le sol, avec leurs affaires.

- Arceus soit loué, ils sont là... souffla Armand, soulagé.

Le jeune homme secoua d'abord Kieran, qui était contre le mur. Il grimaça en voyant la toile d'araignée dans ses cheveux noirs. L'avocat revint à lui difficilement. Même dans la pénombre, son visage restait anormalement pâle, et son regard était plus fatigué que jamais.

- Où...on est... parvint-il à balbutier, difficilement.
- Pas le temps pour les explications, on doit se tirer d'ici en vitesse !

Kieran acquiesça mollement et se leva, prêt à partir. Armand réveilla Colin, qui sembla paniqué.

- Ah merde... Jessie !

Le blond se rua sur sa sœur, qui était allongée au sol. Elle allait bien, au grand soulagement du médecin.

- Armand, il s'est passé quoi ?
- Je te raconterai ça quand on sera partis, d'accord ? Porte Jessie, on se casse !

Colin hocha la tête et tous les quatre quittèrent la petite pièce sombre et inconfortable, qui ne ressemblait en rien au manoir. Ils traversèrent à la hâte le long couloir parsemé de portes ouvertes et remontèrent les escaliers, pour arriver juste en face d'un domestique à l'air furieux.

- Eh bien alors ? On tue Madame et mes camarades, et on espère partir comme ça ? Ne vous...

Trop tard. Colin, trop soucieux du bien-être de sa sœur et de ses amis, envoya son Galeking sur le domestique, qui s'enfuit à toutes jambes devant une telle bestiole. Kieran soupira de soulagement.

- Eh bien heureusement que tu as un Pokémon pareil...
- Ca peut toujours servir ! Allez Silver, reviens ! sourit Colin en rappelant son énorme Pokémon.

Ils couraient sans s'arrêter à travers la forêt, dans l'espoir de regagner la route 7 et Céladopole, qui ne devait plus être qu'à un ou deux kilomètres.

- Putain ! grommela Armand quand quelques Nosferapti s'approchèrent d'eux.
- Eh merde, des Nosferapti... souffla Colin.
- Courez, ces trucs aiment le sang ! leur conseilla Kieran qui était aussi épuisé qu'eux.
- Gnn... fit Jessie, qui commençait à se réveiller.
- Ca va aller, sœurette... la rassura le blond tout en accélérant.


- x -


Une fois sortis de la forêt, ils s'étaient permis une pause à l'endroit même où ils s'étaient arrêtés avant d'y entrer. Armand remarqua une voiture à quelques mètres.

- Où tu vas ? s'étonna Jessie qui s'était réveillée.
- Y'a une voiture là-bas, on peut toujours essayer...
- C'est une bonne idée, admit Kieran.

Ils se rendirent tous les quatre auprès du véhicule. Kieran put ouvrir la porte de la place du conducteur sans problème. Il grimaça.

- Je me demande qui a pu laisser sa voiture ici... souffla Colin.
- Un mec bourré. Voyez par vous-même... soupira l'avocat.
- Oh putain, on a du bol ! admit Jessie en montant sur la banquette arrière.

Colin hocha la tête et s'installa à côté de sa sœur. Armand se tourna vers Kieran après avoir déposé l'homme saoul à l'arrière.

- Tu prends le volant ?
- Non, je suis trop fatigué, vas-y... souffla l'avocat.

Armand acquiesça et s'installa sur le siège conducteur, Kieran à côté de lui.

"J'espère que je me souviens de la conduite..."

Il démarra la voiture et étonnamment, le fait de la conduire ne lui posa pas le moindre problème. Il n'eut pas à attendre bien longtemps pour atteindre Céladopole, ville beaucoup plus lumineuse que la sombre Safrania. Beaucoup de bâtiments aux enseignes lumineuses étaient encore ouverts, et ce malgré l'heure avancée - qui devait avoisiner vingt-deux heures. La radio déblatérait des informations politiques.

"Les trois sénateurs Kantonnais tiendront une conférence à Céladopole pour informer la population locale au sujet de la Mafia Kantonnaise, un fléau qui sévit dans la région depuis un bon moment..."

Armand l'éteignit et gara la voiture sur le premier parking venu, celui du célèbre centre commercial de la ville. Il se tourna vers ses compagnons de route, qui étaient tous endormis. Il sourit.

"Oh là là, bonjour les feignasses, ils ont rien fichu de la soirée !"

Néanmoins, Armand sentait lui aussi la fatigue l'envahir. A défaut de pouvoir traîner les autres dans un hôtel, il se laissa gagner par le sommeil dans la voiture.