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Garous de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 01/05/2015 à 01:32
» Dernière mise à jour le 08/11/2015 à 18:07

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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La capitale (Sereina, 28 Mars)
Le réveil du lendemain fut d'une violence inouïe. Non pas parce que quelqu'un m'avait réveillé, mais parce que j'avais fait un cauchemar comme je n'en avais encore jamais fait. Je ne me souvenais plus de grand-chose, mais je me souvins avoir été tuée. Étranglée, mutilée, dévorée, noyée... Si j'avais des cordes vocales, j'aurais hurlé à mon réveil. Couverte de sueur, je regardai, paniquée, autour de moi. Me palpant la poitrine, je me rendis compte que je saignais pas, et qu'il n'y avait aucune créature qui voulait ma mort. J'étais en sécurité. Le soleil était bien levé, et une pendule indiquait 09h37. Le temps que je m'assoie sur le lit pour me calmer, j'avais déjà tout oublié de ce mauvais rêve. J'avais toujours ma tenue de médecin civil, j'avais toujours mon précieux sac posé à côté du lit. Je soupirai silencieusement avant de me lever.

Quelqu'un frappa fortement plusieurs fois à ma porte, me priant de sortir rapidement. Je ne connaissais pas cette voix, mais c'était probablement un soldat. Comment ne pas oublier que je partais aujourd'hui ? J'aurais juste voulu quelques minutes de répit supplémentaires pour me remettre de ma nuit... Dehors, il y avait beaucoup plus de soldats que la veille. Probablement les renforts qui partaient au front, ceux que j'allais accompagner. Lorsqu'ils m'aperçurent, les réactions furent différentes. Certains eurent un mouvement de recul, d'autres restèrent de marbre. D'autres échangèrent des regards. Même si ils portaient tous la même combinaison de protection contre le blizzard et qu'une visière masquait leur visage, je sentais ce qui se passait en eux. Un don propre au type psychique, que j'avais déjà utilisé pour sauver deux personnes, maintenant. Ils avaient été prévenus que j'étais une Garou, cela ne faisait aucun doute, mais cela faisait toujours un choc d'en voir un pour la première fois, me dis-je. Je remarquai une personne parmi le groupe qui me surpris plus que les autres. Elle n'était pas surprise ou dégoûtée, elle était juste curieuse. Comme si elle était habituée à voir des créatures aussi étranges que moi...

Ils semblaient tous prêts à partir. Ils étaient motivés, en tout cas : un officier avait fait un discours il y a moins d'une demi-heure. Alors, j'allais suivre ce groupe jusqu'au combat, et après ? Au fond de moi, j'étais terriblement anxieuse. Je ne savais même pas à quoi ressemblait le champ de bataille. J'avais entendu parler de la capitale plusieurs fois, mais rien de plus. N'ayant pas de carte pour me repérer, je ne savais même pas combien de temps le voyage allait durer. Nous étions presque une centaine. En plus de moi, il y avait une dizaine de civils qui transportaient de lourdes caisses contenant probablement des rations et du matériel de rechange pour le front, ce qui faisait un peu moins de cent soldats. Une petite armée, prête à partir au combat. Regardant nerveusement, partout autour de moi, je palpais la tension de tout le monde. Qui pouvait rester de marbre en sachant qu'il courait vers sa perte ?

Alors que j'étais perdue dans mes pensées, je ne vis pas que l'homme qui m'avait paru différent s'était approché de moi. Lorsqu'il m'adressa la parole, je fus tellement surprise que je faillis tomber. Il me rattrapa, et poussa un petit rire, avant de dire, de derrière son casque :

« -Excusez-moi ! Je ne pensais pas...
-Pourquoi tu te fatigues ? Demanda quelqu'un d'autre, qui avait observé la scène.
-Comment ça ?
-Tu t'attends à quoi, à ce qu'elle te réponde ? Elle ne sait même pas parler.
-Je ne vois pas le problème. »

L'autre haussa les épaules et détourna son attention vers l'officier qui venait de sortir d'une tente. Celui-ci ne se fit pas prier et donna rapidement l'ordre à tout le monde de se mettre en marche.

« -On marche en formation standard. L'armée devant, les civils derrière !
-On y va à pieds ? Couina quelqu'un derrière moi.
-On y va à pieds ! Confirma l'officier.
-Mais on va en avoir pour la journée ! Ces caisses sont lourdes, vous savez !
-Personne ne discute les ordres. On part maintenant, on y sera ce soir pour le souper ! Alors en avant ! »

Personne d'autre ne contesta. Et le groupe commença sa longue marche vers le Sud. Obéissant aux ordres, je restais derrière le groupe, juste derrière les civils musclés qui portaient les caisses encombrantes. Le soldat qui m'avait déjà abordée revint près de moi, ignorant l'ordre de son supérieur.

« Encore désolé pour tout à l'heure. Je m'appelle Luka. Et vous ? »

Du doigt, je montrai mon nom, cousu sur ma tenue.

« Oh, vous ne pouvez pas parler ? Mais vous comprenez ce que je dis. Enchanté, Sereina. »

J'étais surprise par l'amabilité de cette personne. Il avait toujours son casque, comme tous les autres, et un fusil d'assaut bien plus avancé que les fusils en bois de l'Armée Régulière, comme la plupart des soldats du groupe. Mais quelque chose me disait qu'il n'allait pas me lâcher. Ce que j'appréciais. Avec le départ brutal de Miyu, je ne m'attendais pas à avoir de la compagnie avant longtemps. De la vraie compagnie, pas juste des patients à soigner ou des hypocrites qui parlent dans mon dos...

« J'ai un petit service à vous demander, Sereina. »

Sans arrêter de marcher, je me tournai vers lui, me demandant ce qu'il pouvait bien vouloir. Je ne distinguais pourtant pas la moindre blessure, de que pouvait-il avoir besoin ?

« Je sais que ce n'est pas tellement le bon moment pour vous dire ça, mais essayez de penser à quelque chose de positif. Il suffit de se tenir à côté de vous pour se sentir stressé... »

Que voulait-il dire par là ? Oui, j'étais anxieuse, mais qui ne l'était pas ? Et, qu'avais-je à voir là-dedans ?

« Ne faites pas cette tête ! Continua-t-il. C'est naturel chez certains Pokémon, y compris les Mentali. Vous avez un don qui vous permet d'influencer votre entourage. Vous vous sentez bien ? Votre présence calme. Vous êtes énervée ? Votre entourage devient tendu. Vous êtes apeurée ? Votre entourage désespère. »

Je ne répondis pas, pas même un signe de tête ou un mouvement de mes oreilles. Cet homme semblait savoir ce qu'il disait. Qui pourrait inventer une chose pareille, après tout ? Peut-être avait-il étudié les Pokémon avant de devenir soldat. Je décidai de lui faire confiance, mais cela n'allait pas être chosé aisée, de penser à quelque chose de joyeux, sachant que la totalité de ma petite vie a été faite de malheurs.

« Vous faites une de ces têtes. Ce que je vous demande n'a pourtant pas l'air si compliqué, mais je me trompe peut-être. En tout cas, je ne peux que vous conseillez d'essayer de penser à quelque chose de bien. Pas forcément un souvenir... N'importe quoi qui vous fasse vous sentir bien. Vous rendriez un fier service à tout le monde autour de vous. »

Peut-être était-ce la raison pour laquelle tout le monde avait l'air désagréable ou nerveux en ma présence ? Parce que j'étais tout le temps perdue dans mes pensées, à broyer du noir ? Je devais paraître bien fade aux yeux de tout le monde, y compris à moi-même. Mon propre reflet était celui d'une créature triste et misérable, après tout. Cela n'importait pas tellement aux yeux des autres Garous qui étaient, au final, comme moi. Mais aux yeux des êtres humains, cela avait son importance, après tout. Si j'essayais de devenir un peu plus souriante, peut-être que cela fera du bien à tout le monde, mais comment ? Un sourire forcé ne serait d'aucune utilité.

Mon regard tomba finalement sur la vieille sacoche que je portais en bandoulière depuis toujours. Ce précieux souvenir, auquel je tenais plus qu'à tout au monde, de part sa simple présence, suffisait à me calmer. Le simple fait de le voir, et de penser à tout ce que j'avais vécu en sa présence -en bien comme en mal- renforçait ma détermination. Cela suffirait-il à "influencer en bien mon entourage" ? J'espérai que oui, car je ne voyais pas grand-chose d'autre. Même Isadore, qui avait été une source de réconfort, était maintenant un ennemi, et je me sentais coupable rien que d'y penser.

« Je me demandais... Dit-il après une demi-heure de silence. Vous ont-ils déjà entraînée ? »

Entraînée ? Ma geôlière m'avait appris à utiliser du matériel médical, mais sans plus. Je secouai le tête pour lui répondre.

« Un sacré potentiel de gâché, avoua-t-il. Dans le fond, vous êtes un Pokémon, après tout... C'est idiot d'ignorer ça. Cela dit, tant mieux pour nous, haha. Ça veut surtout dire que les Garous ne sont que des être humains au-dessus de la moyenne. Une munition ne fera aucune différence. Pourtant, si vous pouviez utiliser vos pouvoirs psychiques, vous pourriez accomplir tellement de choses. »

Je ne m'étais jamais vraiment penchée sur la chose. Mes quelques « pouvoirs » venaient naturellement, je n'avais pas d'emprise sur eux. Ils venaient, puis repartaient. Ressentir la douleur de quelqu'un quand je le soignai, prévoir la météo, et plus récemment, créer un bouclier mental... Je n'y pensais pas tellement, mais il avait raison. Ignorer ces pouvoirs étaient, au final, une sacrée perte. Qui sait combien de vies je pourrais sauver si je maîtrisais correctement les capacités propres au type psy ? Alors que j'étais perdue dans mes pensées, je n'avais pas vu que je ralentissais, et Luka me tira par la bras pour ne pas que je sois trop loin du groupe.

« Vous avez de la chance, vous. Vous n'avez pas d'arme, donc vous n'irez pas sur le champ de bataille. Je ne sais pas pourquoi vous avez un casque, par contre. Sans toute pour qu'on vous remarque de loin ? »

Casque que je ne pouvais pas mettre sur la tête, mes oreilles démesurées gênaient. Plus Luka parlait, plus je le sentais inquiet, nerveux. Et je n'étais pas la cause, cette fois-ce. Au contraire, l'écouter parler m'avait permis de me changer les idées. Il ne disait plus un mot, mais plus nous marchions, plus je le sentais mal. Comme si derrière la bonne humeur qu'il me montrait, il essayait de cacher une peur évidente. Je ne le comprenais que trop bien... Mais, bizarrement, je n'étais pas aussi nerveuse que lui. Comme si le fait d'avoir vu la mort de près plusieurs fois dans ma si petite vie m'avait rendue plus forte.

Sans faire de pause ce midi, nous arrivions, enfin, en vue de la capitale. Je n'en crus pas mes yeux. Elle était complètement en ruine. Des bâtiments auparavant hauts et fiers, représentatifs de l'importance que cette ville devait avoir jadis, étaient maintenant effondrés un peu partout, rendant une bonne partie de la grande ville impraticable, triste, et désolée. Les combats devaient avoir été violents, au début. Je secouai la tête lentement... C'était normal après tout. Les deux nations étaient en guerre depuis cinq ans maintenant. Si les combats avaient été très rudes au début, les deux armées commençaient à fatiguer. Les armes de destruction massive devaient avoir laissé place aux combats d'infanterie, moins dévastateurs... Mais c'était trop tard. Contemplant cette gigantesque tombe, je remarquai que quelques soldats avaient retiré leur casque et observaient, silencieux et solennels, les ruines.

Alors que nous n'étions qu'à dix minutes de marche des premiers bâtiments, l'officier ordonna à tout le monde de s'arrêter, et réorganisa le groupe.

« -À partir de maintenant, nous entrons en territoire dangereux. Hors de question de laisser les civils seuls derrière.
-Pourquoi faire, Capitaine ? Demanda quelqu'un. Nous sommes encore sur notre territoire, non ?
-Si vous croyez que ça les dérange ! Restez groupés, et ouvrez l'œil. Même si ils préfèrent attaquer depuis l'ombre quand les troupes sont de quatre ou cinq, qui sait ce qu'ils sont capables de faire à une compagnie... »

Et la troupe se remis en marche. Une vingtaine de soldats étaient derrière moi, maintenant, quand nous entrions dans la ville. Elle n'était guère plus qu'un immense tas de ruines, où, de temps à autres, un bâtiment miraculé était resté entier. Ici et là, je pouvais voir des traces de sang séché, des douilles rouillées, un casque brisé, des carcasses noircies de différents véhicules. Je ne voyais en revanche pas le moindre cadavre... Les militaires avaient du respect pour leurs camarades morts au combat, ce que je comprenais, après tout. Ou alors, des charognards avaient tout nettoyé. L'odeur était malsaine. Très similaire à l'odeur qui régnait dans le laboratoire après le carnage, mais à l'échelle d'une ville entière.

La voie que nous suivions été dégagée, tous les débris avaient été déblayés et repoussés dans les ruelles sur les côtés. Sans doute pour autrefois faciliter le passage des véhicules, mais comme ils ne pouvaient plus rouler faute de carburant, cela permettait aux soldats de passer sans encombre. Cela voulait surtout dire que les combats étaient terminés dans cette partie de la ville et qu'ils avaient été repoussés plus en profondeur. Alors, lorsque le soleil était presque couché et que je sentais mes forces m'abandonner, le Capitaine sépara le groupe en deux.

« Les civils accompagneront leur escorte de ce côté, jusqu'au Lycée. Les autres, avec moi, jusqu'au Pont Édion ! On a une guerre à mener ! »

Notre escorte se composait d'une dizaine de soldats, dont quatre officiers, en réalité. Un lieutenant et trois sous-lieutenants, si j'avais bien compris. Le Lycée, d'après les dires des personnes avec moi, était resté entier malgré toute la guerre. Un miracle, disaient certains. D'autres se contentaient de dire qu'il s'agissait d'un bâtiment trop important historiquement pour être détruit. Toujours est-il que maintenant, ce bâtiment, situé un pâté de maison plus loin du champ de bataille, était un lieu relativement sûr qui servait de quartier général à l'Armée Progressiste. Luka faisait parti des quelques soldats à m'accompagner.

Contrairement à ce que je pensais, le Lycée n'était pas si grand que ça. Il ressemblait grosso modo à un large U, l'ouverture tournée vers le Nord. Même si, normalement, il aurait dû être entouré d'une simple barrière, il était maintenant entouré de grillages, de barbelés, et deux miradors se situaient de chaque côté de l'entrée. Une véritable forteresse aménagée. Les fenêtres avaient été barricadées, et sur l'arrière et les côtés, à défaut de barbelés et autres grillages, des débris avaient été utilisés pour renforcer les défenses, si bien que la seule entrée possible pour tout ce qui ne volait pas était située bien en évidence. Dans la soirée qui tombait, alors que nous nous approchions, un projecteur aveugla tout le monde autour de moi. Le Lieutenant cria quelques ordres et la lumière se détourna. Un homme d'un âge mûr, probablement la cinquantaine, et son escorte, sortirent du hall. Le Lieutenant, imité par tous les autres soldats, se mirent au garde-à-vous.

« -Mon Commandant ! Dit-il haut et fort.
-Repos ! Répondit le Commandant. (Si je me souvenais bien, Commandant était un grade encore plus élevé que Capitaine. Cet homme devait être le plus important ici.) Quelles sont les nouvelles ? Vous avez le ravitaillement ?
-Pas qu'un peu, grogna un civil moustachu musclé, qui avait porté une caisse pendant tout le voyage.
-Le Capitaine Charpentier est directement parti au front avec 80 hommes. »

Le Commandant balaya du regard la petite foule et son regard s'arrêta sur moi. Surprise, je fis un pas en arrière.

« -Oh. Oui. J'avais été prévenu à propos de... Ça. Enfin, passons. Où est le médecin qui m'avait été promis, Lieutenant ?
-C'est... C'est elle, mon Commandant. Vous n'avez pas été prévenu ?
-Ce salopard de Colonel. Il m'avait prévenu pour le Garou, il m'avait prévenu pour le médecin, mais il n'avait mentionné nulle part que le Garou était le médecin !
-Vous m'en voyez navré... Souffla le Lieutenant, visiblement nerveux. »

J'essayais de calmer la tension en moi suite à cette pique brutale du Commandant. Oui, j'étais une Garou, et cela semblait visiblement le déranger. Et que cela lui plaise ou non, j'étais la seule ici capable de me servir correctement de matériel médical. Il allait devoir faire avec. La présence de Luka juste à côté de moi me calmait, et comme il me l'avait dit, être sereine calmait aussi mon entourage. Le Commandant, finalement, se détendit un peu et ordonna à quelques gardes de porter les caisses à la place des civils.

« -Dieu merci, soupira l'un d'entre eux. Je ne pourrais pas refaire un autre voyage comme celui-là avant longtemps. J'ai le dos en compote...
-Vous avez fait un excellent travail, et au nom de l'armée, je vous remercie, répondit le Commandant. Votre aide bénévole nous est incroyablement précieuse. »

Les quelques civils, malgré leur fatigue évidente, firent de leur mieux pour montrer leur fierté. Le Commandant avait raison. Des soldats portant déjà leur équipement ne pourraient jamais porter autant de ravitaillements d'eux-mêmes. Sans véhicules, l'Armée Progressiste dépendait de l'aide apportée par les bénévoles. Le groupe se sépara finalement en trois. Les soldats et les civils prirent le chemin de l'aile Ouest, les dortoirs. Les quatre officiers montèrent à l'étage. Le Commandant me demanda de l'accompagner dans l'aile Ouest avec les porteurs de caisses. Au milieu du long couloir, il me désigna une porte :

« Voilà l'infirmerie, euh... Sereina... Lut-il lentement sur ma vieille veste beige. Je m'excuse pour l'accueil un peu brutal. »

Il regardait tantôt une de mes oreilles, tantôt une moustache. Il cherchait à tout pris à éviter le contact avec mes yeux, comme si il avait peur de moi. Mais je devinais qu'il avait peur des Garous en général. Cela ne faisait aucun doute : il avait déjà vu ce que pouvaient faire les six premiers Garous envoyés directement sur le champ de bataille.

« Si le Leader lui-même, Général de l'Armée Progressiste a choisi de vous faire confiance, je respecte sa volonté. L'infirmerie est remplie de matériel médical en tout genre. Nous manquons de médecins, mais pas de matériel médical, continua-t-il. Nous essayons tant bien que mal de retaper nos pauvres bougres blessés, mais des fois... »

Il soupira longuement. Je comprenais très bien... Des fois, ils n'y arrivaient pas.

« Nous comptons sur vous. Montrez-nous que nous avons tort. Prouvez-nous que vous n'êtes pas comme ces monstres qui rôdent dans les rues dehors. »

Il continua dans le couloir, vers le réfectoire, me laissant seule. Rentrant dans l'infirmerie, je constatai qu'en réalité, elle avait déjà été aménagée. Les deux salles adjacentes, autrefois des salles de classe, étaient maintenant destinées à un autre usage. L'infirmerie en elle-même et la salle à sa droite étaient remplies de lits qui pouvaient accueillir plusieurs personnes. La salle de gauche était remplie de placards débordant de bandages, d'alcool, et de nombreux produits extrêmement utiles. Un lavabo s'y trouvait et était relié à ce qui semblait être un réservoir d'eau de pluie, d'après le goût de l'eau. Un lit se trouvait aussi dans cette salle, à l'attention du médecin en chef, place que j'occupais, dorénavant. Les murs étaient recouvert de peinture et de dessins au crayon jaunis, des œuvres de petits enfants d'après la qualité. Sur le lit se trouvait une peluche grandeur nature en forme de Feunnec, ayant probablement appartenu à un ancien élève, ou qui avait servi de mascotte à l'infirmerie, je n'en savais rien. Lorsque, après avoir fait rapidement le tour des placards, et après m'être lavée comme je pus suite à cette longue marche, je m'allongeai sur le lit. Dans un sens, j'étais soulagée. Je n'allais pas être envoyée directement sur le champ de bataille, j'allais rester à l'abri dans le Lycée. Mais de l'autre, était-ce vraiment ce que je voulais ? Combien de soldats blessés n'auraient pas la chance d'arriver ici à temps pour que je m'occupe d'eux ? Je soupirai silencieusement avant de fermer les yeux, trop fatiguée pour réfléchir. Serrant contre moi la petite peluche, je sombrai dans un profond sommeil.