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Les dresseurs de demain de Shaam



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» Auteur : Shaam - Voir le profil
» Créé le 10/04/2015 à 13:47
» Dernière mise à jour le 10/04/2015 à 13:47

» Mots-clés :   Action   Aventure   Hoenn   Humour

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15 - Au revoir ma chère
- Cliff, attaque Luminocanon !

Tortank se mit à quatre pattes et tira le rayon argenté dévastateur. Josette leva un bras en avant.

- Je ne me laisserai pas faire ! Déflagration !

Drattak avait fini de recharger ses forces et cracha le souffle infernal en forme de kanji Dai. Les deux tirs se rencontrèrent et s'annulèrent dans une explosion assourdissante.

- Aqua Jet et Psykoud'boul !

Le crâne de Cliff se mit à briller intensément. La tortue dirigea ensuite ses canons derrière elle et tira deux jets d'eau pour se propulser à grande vitesse. Drattak fut violemment percuté avant qu'il ne cherche à réagir et tomba sur le dos. Tortank lui retomba lourdement dessus.

- Casse-Brique, maintenant !

Cliff leva son bras droit et s'apprêta à frapper avec le tranchant de sa patte.

- Pas si vite ! s'écria Josette. Dracogriffe !

Drattak repoussa Tortank de multiples coups de griffes. La tortue revint aux côtés de son dresseur tandis que le dragon se remit debout. Dubois réajusta sa casquette.

- Tu es devenue... étonnamment forte. Tes réflexes sont acérés, tes choix pertinents...
- C'est tout ce que vous avez à dire ? s'étonna Josette. N'avez-vous donc pas des tas de questions à me poser ?

Owen étudiait son ancienne élève avec son regard encore ébahi. De toute évidence, ses vêtements sales et ses cheveux décoiffés étaient hautement intrigants. Son regard était fatigué mais maintenait une sorte de détermination. Elle était à la fois belle et laide.

- Bien sûr que si, répondit Owen. Après ce jour, je me suis souvent demandé ce que tu étais devenue. Mais je n'ai jamais cherché à reprendre contact, j'étais trop fier pour revenir sur mes mots. Tu as l'air d'être passée par des moments difficiles.

Josette se mit à ricaner nerveusement.

- Ne faites pas comme si vous êtes désolé de me voir comme ça !
- Ce n'est pas ça, du moins pas encore, je suis plutôt intrigué.
- Ha ! Toujours une réponse à tout, vous n'avez pas changé. Je…

La jeune femme lâcha un profond soupir.

- Je vis seule depuis quelques années. Depuis mon échec à l'école mes rapports avec ma mère se sont détériorés, je m'engueulais avec elle chaque jour, souvent pour un rien. Et puis un jour j'ai décidé que j'en ai eu assez et j'ai quitté la maison pour aller travailler. J'ai enchainé les jobs merdiques : femme de ménage, caissière, serveuse de resto... j'avais à peine de quoi payer mon logement et nourrir mes Pokémon.

Owen écoutait attentivement, affligé par ces nouvelles. Apparemment Josette appréciait sans trop s'en rendre compte de se confier à quelqu'un. Compréhensible en même temps, ce n'est pas tous les jours qu'on trouve une oreille attentive doublée d'un regard compatissant. Sortir ce qu'elle avait sur le cœur lui faisait un bien immense. Drattak et Tortank se reposaient tout en se tenant prêts à reprendre le combat à tout moment.

- Vous par contre vous avez l'air d'avoir maintenu votre confortable existence de petit prof banal.
- En effet... Pourquoi s'en être pris à Edgar et Nadine ? Et comment nous as-tu trouvés, déjà ?
- Edgar et Nadine, hein...
- Réponds !
- Aéropique !

Drattak disparut puis réapparut derrière Tortank qu'il frappa d'un coup d'aile cinglant. La tortue des mers tenta de riposter avec un Casse-Brique mais Drattak était déjà parti. Owen était impressionné par cette créature de légende. « Il est trop puissant, trop agile, impossible qu'elle l'ait entraîné par elle-même, même ces cinq années n'auraient pas suffi pour l'amener à ce niveau, surtout avec sa situation hasardeuse. Elle n'aurait ni le temps ni la motivation pour s'occuper d'un Pokémon pareil. A part ça, Cliff ne connait pas d'attaques pour toucher ses faiblesses. Ca va pas être facile de le battre mais je dois le faire, allez ! »

- Cliff, attaque Coud'krâne !

Tortank prit de l'élan en courant à quatre pattes puis se propulsa avec ses canons, cependant Drattak battit des ailes et s'échappa par le haut.

- Voilà. Luminocanon !

Tout en se rétablissant au sol, Cliff dirigea un canon vers Drattak et tira sur lui. Le Pokémon volant vacillé en l'air, déstabilisé par le choc.

- Hmph !! grommela Josette. Atterrissage !

Drattak prit ses distances et se posa au sol.

- Vos élèves… je comptais… vendre leur Pokémon, mais ça n'a pas marché. Je veux me barrer loin d'ici, aller dans une région lointaine et tout recommencer à zéro. Je vais faire table rase et entamer une nouvelle vie.
- Je vois… mais comment as-tu su pour moi ? Que j'étais dans les environs avec mes élèves ?
- Je n'avais pas de cible précise au départ, mais quand vous et vos deux bambins vous êtes arrivés à Nénucrique, je vous ai aperçu par hasard près du centre Pokémon, moi je vis ici depuis quelque temps. J'ai tout compris à ce moment, vous avez décidé de refaire un voyage avec de nouveaux élèves.
- Et tu as donc pensé à te venger de moi.

Le visage de Josette se tordit subitement sous l'effet de la colère.

- Exact ! Ces gamins étaient souriants, vous aviez l'air de bien vous entendre avec eux, et moi j'avais envie d'exploser ! Alors ça y est, vous avez oublié mon fiasco, vous faites comme si de rien n'était, vous repartez de bon pied, et là vous arrivez ici comme une fleur !! Vous étiez même souriant, épanoui avec vos deux chouchous ! Et moi, moi… après mon échec ça a été l'enfer pour moi ! Pourquoi juste moi !!

Owen ferma les yeux, peiné. « Les choses ne sont pas du tout comme ça… »

- D'accord, d'accord. Ce Drattak... comment tu l'as eu ?
- Ca vous étonne, hein ? Qu'une dresseuse minable comme moi puisse donner des ordres à un Pokémon pareil. Tout arrive dans la vie. Drattak appartenait à Tommy, mon ex. C'est un topdresseur pété de thunes, il gagnait beaucoup d'argent dans les tournois clandestins. J'ai vécu chez lui quelques mois puis on a rompu récemment, on ne s'entend pas du tout. Tommy est aussi un collectionneur acharné, il doit avoir plus de cents spécimens différents... seulement il ne peut s'occuper pas de tous ses Pokémon et la plupart moisissent dans leurs Ball. Quand j'ai décidé de me barrer de chez lui, je me suis dit pourquoi ne pas lui chiper un ou deux Pokémon ? Ce gars est hyper négligent, je suis sûre qu'il ne se rendra compte de rien avant longtemps.

Josette s'était approchée du Drattak et lui caressait le cou. Owen écoutait avec fascination.

- Si Drattak m'a immédiatement acceptée comme sa nouvelle dresseuse, c'est parce qu'il s'ennuyait à mourir dans son Hyperball. Je me demande même si Tommy se rappelle encore que Drattak existe. Avec moi il peut enfin voir le monde de nouveau et vivre réellement, voilà pourquoi il se battra pour moi jusqu'au bout.
- Hmm… tout à fait logique, dit Owen.
- Et aussi, Excelangue a évolué, si ça vous intéresse.
- Ah bon… c'est bien ça, sourit le professeur.

~~~

- Très bien, On va envoyer des agents sur le champ, ils vont s'occuper de tout. Restez ici.

L'officier sortit du poste de police et passa un coup de fil. Nadine et Edgar restèrent à l'intérieur, assis sur des chaises. Edgar sortit la Pokéball d'Akwakwak et se mit à l'observer, chose que Nadine ne manqua pas de remarquer.

- Edgar...
- Je suis encore faible... je n'avais aucune chance face à ce Drattak. Sur le moment, je tenais à faire ce que je pouvais mais je savais bien que je ne faisais pas le poids. Si monsieur Dubois n'était pas arrivé à temps...
- Edgar, ça ne sert à rien que tu te blâmes. Les choses se sont passées comme ça, on n'y peut rien.
- Non ! Je n'ai rien pu faire, une fois de plus, comme avec Frank...
- Hé ? Frank ? s'étonna Nadine.

Edgar décida de détourner le sujet pour ne pas s'expliquer.

- Tu sais, cette femme, c'est sûrement Josette Cooper. Ca ne peut être qu'elle.
- Visiblement, oui. Elle connait Dubois… et son jeune âge indique qu'elle était adolescente comme nous, il n'y a pas trop longtemps. Qu'est-ce qui aurait pu la rendre comme ça, prête à blesser les autres…

Nadine se toucha l'égratignure sur son cou, la blessure avait cessé de saigner mais était encore ouverte. Edgar observa la main de la brune un moment puis se recentra sur ses pensées.

- Quand j'y repense… ces trois mois on s'est retrouvés plus d'une fois face à des situations dangereuses. Rien à voir avec Mérouville où on vit protégés de tout.
- De tout, sauf peut-être des petits conflits triviaux entre les gamins que nous sommes…

Edgar regarda son amie avec étonnement, comprenant à quoi elle faisait référence.

- Ouais, personne n'interviendra jusqu'à ce que ça devienne extrême, comme avec cette Josette. Tu sais, moi aussi j'en ai chié à l'école parce que j'avais un Psykokwak. On ne m'a foutu la paix qu'après son évolution. Et toi, avec ces filles qui t'embêtaient de temps en temps…
- Tu étais au courant…
- Je crois que tout le monde était au courant, mais personne ne s'en est préoccupé au point de faire quelque chose, pas même moi. Et ce n'est que maintenant que je réalise que j'aurais du intervenir.

Nadine haussa les sourcils, étonnée. Edgar était totalement absorbé dans sa réflexion et fixait le mur en face comme si c'était l'horizon.

- Je veux pas… je veux pas être une merde qui pisse dans son froc devant le premier pépin !

Nadine secoua la tête sans qu'Edgar ne le remarque. « Non, tu ne l'es pas DU TOUT ! »

- Nadine, je ne veux pas que ma présence soit inutile, que ma vie ne fasse aucune différence dans le monde. Jawad se bat pour l'avenir de sa région natale, Andy est connu dans les tournois clandestins de Mérouville… et moi, je suis qui, je fais quoi ? Je ne le sais pas encore mais au moins…

Il se tourna vers Nadine et prit ses mains dans les siennes. La brune sursauta, déstabilisée par ce geste soudain.

- … pour le moment, quand quelqu'un s'en prend à toi, je ne vais pas juste regarder sans rien faire.
- ………………. « Oh mon DIEU… »
- Et je ne l'ai jamais remarqué avant, mais tu as de très jolies mains.

Nadine était plus rouge qu'un Magby.

~~~

- Ecoute-moi bien, Josette…

Owen inspira un bon coup.

- Ne te méprends pas. Moi aussi j'ai pas mal souffert durant ces cinq dernières années. Je n'ai jamais pu m'arrêter de penser que j'aurais pu prévenir ton échec. J'aurais du être plus strict et autoritaire ou au contraire, essayer de te comprendre davantage et te soutenir, je ne sais pas quelle aurait été la meilleure attitude à adopter mais je sais que j'ai ma part de responsabilité dans ton échec scolaire. J'ai eu beaucoup de mal à reprendre l'enseignement, ça m'a tellement tourmenté, si tu savais… je n'ai jamais pu m'en remettre.

Prise dans ce long dialogue, Josette avait totalement oublié qu'elle était supposée prendre la fuite. Elle se sentit presque peinée pour son ancien professeur, car celui-ci paraissait profondément triste. Drattak la rappela à l'ordre en grognant et en grattant le sol avec ses griffes. Josette fronça les sourcils et son visage prit une expression coléreuse.

- Ne vous foutez pas de ma gueule ! N'allez pas croire que je vais vous pardonner juste comme ça ! Drattak, Danse Draco !

Owen baissa la tête, accablé par l'acidité de celle qu'il espérait raisonner. Mais au moins il arrivait à la retenir. Drattak s'éleva dans les airs tout en poussant des cris fougueux puis procéda à de multiples loopings.

- Quoi qu'il en soit, je suis content de voir que tu es devenue une meilleure dresseuse.
- Manque de bol, je n'ai pas pu le devenir quand j'en avais le plus besoin ! Lame de Roc !

Drattak extirpa des rochers du sol et les amena autour de lui. Le dragon confectionna cinq lances de roc et les envoya vers Tortank.

- Cliff, Mur de Fer puis Tour Rapide !

Tortank brilla d'un éclat métallique puis rentra sa tête et ses membres dans sa carapace, pour ensuite tourner frénétiquement comme une toupie. Il sauta vers les lances de pierre et en éclata trois par la force de la rotation.

- Il m'énerve ce gros balourd, il est increvable ! Déflagration !

Drattak souffla le feu infernal sur Tortank, ce dernier encore en mode Foretress. Owen hocha la tête, admiratif. « Pas bête, elle annule l'effet de Mur de Fer qui est une capacité Acier, et elle garde ce qui lui reste de sa Lame de Roc pour le moment où Cliff va cesser son Tour Rapide… »

Cliff retomba au sol et arrêta de tourner.

- Maintenant, attaque ! cria Josette.
- Casse-Brique !

Drattak envoya les deux lances restantes, mais Tortank les brisa promptement.

- Et Psykoud'boul !

Cliff percuta Drattak de toutes ses forces. Le dragon recula en gémissant.

- Gnnn !! Dracochoc !

Drattak tira le rayon bleu, cependant un Granbull s'interposa subitement et se prit l'attaque sans rien sentir. Dubois se retourna et aperçut une policière qui arrivait en courant.

- C'est bon monsieur, vous pouvez vous retirer maintenant. Merci de l'avoir retenue. Granbull, Eclat magique !

Granbull émit une lueur aveuglante qui atteignit Drattak et le fit hurler. Deux autres Granbull arrivèrent pour soutenir leur semblable.

- Merde, ces foutues fées ! geignit Josette.

Les trois chiens mordirent le dragon ailé en même temps, chacun avec Crocs Givre, et le mirent KO. Constatant la défaite de son Pokémon, Josette le rappela dans son Hyperball et s'empara du sac contenant les Pokéball d'Edgar et Nadine. Elle sortit ensuite son Elecsprint pour s'échapper, seulement deux Arcanin furent lâchés et devancèrent la voleuse pour lui barrer la route. Josette soupira et lâcha son sac.

- C'est bon, vous avez gagné ! dit-elle en levant les mains.

La policière se dirigea vers elle en brandissant des menottes. Owen rappela Cliff et s'approcha à son tour de Josette. Cette dernière le regarda avec un faible sourire.

- Je me doutais qu'en discutant avec vous, je foutais en l'air mon opportunité de fuir mais j'avais besoin de mettre les choses au clair. Vous étiez vraiment sincère, tout à l'heure ? Quand vous disiez avoir souffert ?
- … Absolument, à chaque mot.

Josette afficha un franc sourire alors que l'agent de police lui passait les menottes aux mains. Pour le moment, la représentante de la loi se retenait de tout commentaire. Les Pokémon de la police furent rappelés par d'autres agents.

- Josette...

Une voiture de police arriva. La policière emmena Josette vers le véhicule, accompagnée par Owen qui luttait pour trouver les derniers mots à dire à son ancienne élève.

- … ne perds pas espoir en toi ! Je sais qu'au fond tu n'es pas une mauvaise personne !

La jeune femme semblait calme, résignée et pensive. Au moment où elle allait monter en voiture, elle se tourna vers Owen. Elle hésita un moment, puis lança :

- Est-ce qu'on se reverra ?

Sur le moment, Owen cessa de réfléchir et répondit spontanément.

- Oui ! Oui, certainement !

La policière ferma la portière, cachant le visage de Josette et sa réaction. Le conducteur démarra promptement et repartit vers Nénucrique.

- Monsieur Dubois, vous nous accompagnez au poste ? dit un agent.
- Oui, oui bien sûr…

Owen fut raccompagné à Nénucrique puis au poste de police où il rapporta tout en détails aux officiers. Après s'en être acquitté, il retrouva ses élèves qui accoururent vers lui.

- Monsieur ! s'exclama Nadine.

Dubois posa sa main sur la tête de la jeune fille en souriant. Edgar approcha de lui avec appréhension.

- Monsieur, euh… je suis désolé, je n'aurais pas du… chercher dans votre passé.
- Ca ne fait rien, jeunot, je comprends. Quant à moi je n'aurais pas du m'emporter.
- Oui…

Le groupe sortit du poste. Owen relata alors à ses élèves toute son histoire avec Josette. Nadine et Edgar étaient surpris et peinés par son récit.

- Et donc… si j'ai choisi de mener un nouveau voyage itinérant, c'était pour me prouver à moi-même que j'étais réellement un bon enseignant. Je voulais voir si j'allais commettre les mêmes erreurs de nouveau, ou si au contraire je peux vraiment guider des jeunes dresseurs vers la réussite.

L'adulte approcha à pas lents mais assurés de ses disciples. Sa tête baissée et son éternelle casquette lui cachaient les yeux. Finalement Owen se baissa et prit ses élèves dans ses bras.

- Je suis désolé... je vous ai beaucoup fait souffrir. J'aurais du m'y prendre autrement, j'ai été trop froid, trop distant.

Edgar et Nadine s'échangèrent un regard ahuri après avoir vu des larmes perler au bout des yeux de leur professeur. Nadine prit l'initiative de parler.

- Ca va aller, monsieur Dubois. On ne vous en veut pas. N'est-ce pas, Edgar ?
- Tout à fait ! Vous avez été dur avec nous, d'accord, mais ça nous a fait beaucoup plus de bien que de mal.
- Merci…

Owen s'essuya rapidement les yeux puis se releva.

- Le voyage est terminé, maintenant il ne vous reste plus qu'à passer la dernière épreuve. C'est ici que tout va se jouer. Vous vous sentez prêts ?
- Oui !
- Et comment !

Edgar lança un regard déterminé vers la grande académie de Nénucrique qui était visible de loin.
« Ne vous en faites pas, monsieur. Je vais vous montrer que je ne suis plus le faiblard que vous vous êtes coltiné ces derniers mois ! »