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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 17/11/2014 à 13:49
» Dernière mise à jour le 25/08/2020 à 17:05

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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020. 2x06 - Steve
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Pendant la traversée du Bois Clémenti, ils font la rencontre d’un dresseur inconnu et désagréable aux pratiques d’élevage cruelles. Ils croisent aussi à plusieurs reprises Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Soupçonnés par la police, les trois malfrats arrivent à s’enfuir dans la nature et les recherches pour les retrouver sont lancées. Le Békipan de Sofian décide de partir à la recherche de Picko alors que celui-ci est retrouvé en très mauvais état. Lorsque Timmy lui demande pardon pour la mort de Monsieur Marco lors de l’altercation avec la Team Aqua, Picko décède suite à ses blessures trop importantes. Pendant ce temps, Sofian défie Bastien avec une équipe loin d’être au point et perd, suite à quoi il décide de s’entraîner intensivement.

Forêt Myokara


Pokémon #201d
Réunir assez de nourriture pour une semaine n’était pas une tâche aussi évidente qu’elle pouvait paraître, même pour des pokémons plantes. Certes, ils connaissaient la forêt par cœur, ils savaient quels endroits étaient les plus prolifiques, quelles parties il fallait éviter si on ne voulait pas disparaître définitivement, mais surtout dans quels lieux on pouvait trouver le plus de fruits comestibles. Comme chaque fois, c’était sa troupe qui partait à la recherche de baies à travers les arbres fins de la forêt que les humains appelaient Myokara. Pifeuil dirigeait ses paires avec une autorité digne de celle de leur père, un Tengalice des plus effrayants pour les inconnus qui osaient s’approcher de leur territoire. Il n’était pas rare qu’un ou deux Nenupiot s’égare sur leurs terrains mais le pacte qui avait été conclu à la suite de la guerre entre leur clan et celui du clan des Lombre les obligeait à ramener leurs ennemis sains et saufs à la frontière de leur territoire. Songeur, Pifeuil et sa troupe arrivèrent sous les Grainipiot occupés, comme à l’accoutumée, à sucer hors des branches d’arbre le sucre qu’elles contenaient. Lorsque leur mission fut terminée, tous se rassemblèrent sous les ordres de Pifeuil autour du tas de fruits et de plantes comestibles qu’ils avaient cueillis depuis le matin. La récolte fut bonne, il était temps de rentrer.
Un énorme Seviper apparut de nulle part. Pifeuil bondit de peur, connaissant la cruauté de ce genre de serpents. Il ordonna à ses amis de s’apprêter à se défendre lorsqu’un Cacnéa surgit à son tour et attaqua les Grainipiot sans défense. Fou de rage, Pifeuil commanda ses troupes à se battre contre les deux monstres qui convoitaient leurs vivres. Mais les pokémons étaient bien plus robustes qu’eux, et Seviper se débarrassa de tous les pokémons plantes d’un coup de queue violent. Pifeuil se retrouva alors seul debout entre la précieuse récolte et les deux pokémons menaçants.
– Laissez-le-moi !
C’est alors qu’une petit Miaouss sortit de l’ombre et se posta devant lui. Jamais Pifeuil n’avait entendu un tel langage. Les mots qui étaient sortis de la bouche du Miaouss sauvage lui avaient glacé le sang. Le Miaouss sortit ses griffes acérées qu’il abattit au visage de Pifeuil.

Les pokémons sauvages déguerpirent très vite et les deux adultes rejoignirent leurs trois acolytes en applaudissant bruyamment.
– C’est ce que j’appelle une récolte rapide et efficace ! félicita James.
– Enfin on va pouvoir manger une quantité de nourriture raisonnable ! se réjouit Jessie.
– Oui bon, c’est pas non plus un festin, ce ne sont que des fruits, marmonna James très vite déconfit en découvrant leur butin du jour.
– Ça reste de la nourriture ! fit remarquer Jessie.
– Et ça nous changera des racines qu’on a dû se farcir ces deux derniers jours, précisa Miaouss.
– On pouvait tout aussi bien essayer de voler de la nourriture dans un petit magasin privé éloigné du Village… se borna James qui ouvrait une banane.
– Sauf que, comme je n’ai pas arrêté de te le répéter James, nous devons tout faire pour ne pas être retrouvés ! s’énerva Jessie qui remplit son gosier de baies juteuses. Tant qu’on n’a pas trouvé un moyen de quitter cette île, il faudra bien qu’on continue à vivre ainsi.
– Génial, soupira James en se jetant au sol.
Il lança sa peau de banane derrière lui et soupira davantage, fatigué par leur condition de vie. Lorsqu’il avait intégré la Team Rocket, James s’était attendu à devoir fuir les autorités de temps en temps. Les années d’expériences qu’ils avaient derrière eux les avaient assez entraînés en matière de fuite. Mais le fait qu’ils se trouvaient dans une région qu’ils ne connaissaient pas vraiment, retirés sur une île assez petite où toutes les autorités locales les recherchaient, n’aidaient pas à se rassurer. De plus, vivre en nomade n’était pas une nouveauté pour eux, mais vivre reclus dans une forêt pleine de pokémons sauvages et peut-être dangereux, à la recherche constante d’eau et de nourriture, commençait à lui peser sur le système.
– On ferait mieux de bouger si on ne veut pas être repérés, conseilla Miaouss.
– Qui va nous retrouver ici ? se plaignit James. On est assez retiré de la civilisation, non ?
– Plus le temps passe, plus la police entre en profondeur dans la forêt ! rappela Jessie en lui donnant une tape sur le crâne. Alors tu lèves tes petites fesses roses et rondes, et on se barre !
James se leva malgré lui et ronchonna dans sa barbe.
– D’abord, comment tu sais que j’ai ce genre de fesses si tu ne les as jamais vues, grommela-t-il alors que le groupe se remettait en chemin, et puis il faudrait qu’on pense à trouver un moyen pour quitter cette île.
– Si seulement on pouvait retrouver la montgolfière… répondit Jessie, les yeux dans le vague alors qu’ils s’éloignaient du sentier principal.
– Je doute qu’elle soit encore en état de voler, après le naufrage en mer elle doit être en mille morceaux, imagina Miaouss qui avait grimpé sur les épaules de James.
– Pourquoi on appellerait pas le Quartier Général et on n’en demanderait pas au boss une nouvelle ?
– Et puis quoi encore ? s’exclama Jessie. On lui dirait quoi ? « Bonjour Boss, c’est encore nous, les trois ratés que vous avez envoyés à Hoenn. Oui, on a encore bien merdé ! Pourrions-nous avoir un peu d’aide à nouveau ? »
– Ça se trouve, avez le temps, il aura su nous pardonner… Ecoutez, on est vraiment dans la merde et si on échoue cette mission, c’en sera fini pour nous. Je pense qu’on devrait quand même appeler au moins un de nos camarades à Kanto pour leur demander…
– Shhht !
Jessie lui plaqua la main à la bouche et James s’arrêta instantanément. Miaouss se redressa sur les épaules de James et grimpa sur son visage, plaquant au passage sa patte postérieure sur ses yeux. James grommela.
Entre les arbres qui se tenaient devant eux, ils pouvaient apercevoir un petit campement improvisé à même le sol mousseux de la forêt. Un feu de camp éteint reposait devant une petite cabane grossièrement faite de planches de bois.
– Qui peut se trouver à un endroit aussi éloigné ? s’étonna James.
– On s’en fout, on ferait mieux de déguerpir avant qu’on nous repère.
– Attendez ! s’exclama Miaouss.
Alors que Jessie se remettait en route, le petit chat pointa de sa patte-avant les planches de bois vertes de la cabane. C’est alors que James reconnut le matériel utilisé.
– C’est…
– …la nacelle de notre montgolfière ! s’écria Jessie avant de se plaquer les mains à la bouche.
Mais l’occupant du campement n’avait pas l’air d’être là, car rien ne se passa. Les trois acolytes échangèrent un regard significatif. Ils venaient de trouver leur ticket de sortie.

A quelques mètres de là, perché du haut de sa branche d’arbre, un Arcko observait les trois voleurs s’emparer du matériel du campement improvisé.

Pokémon #201e
– Poussifeu, « flammèche » ! Ecrapince, résiste avec « force poigne » !
Le petit poussin rouge ouvrit son bec et envoya une rafale de petites boules de feu vers son adversaire. Le crabe orange se protégea à l’aide de ses poings et les boules de feu ricochèrent contre ses écailles sans lui infliger de dégâts. Ecrapince riposta avec un coup de pince bien placé sur le crâne de Poussifeu qui le becqueta en signe de vengeance. Son adversaire lui envoya alors son jet d’écume brûlant que Poussifeu évita de justesse avant de projeter de nouvelles boules de flammes. La rivalité des deux pokémons, qui voulaient à tout prix épater leur maître, avait du bon finalement, et Sofian avait bien compris qu’il allait devoir entretenir cette rivalité s’il voulait que ses pokémons donnent le meilleur d’eux-mêmes. Il laissa ses deux pokémons seuls en leur donnant des instructions particulières afin qu’ils travaillent sur leur résistance aux attaques, et se tourna vers Nirondelle.
Nirondelle était toujours concentrée dans son coin, les ailes tendues de chaque côté de son corps. Sofian ne voulait pas la déranger dans sa transe et s’approcha donc en silence. C’est alors que Nirondelle ouvrit subitement les yeux et poussa un piaillement de rage. Ses ailes rayonnèrent alors.
– Bravo Nirondelle ! Tu as finalement réussi à concentrer ta puissance dans tes ailes ! Tu es à deux doigts de maîtriser l’attaque.
Sofian ramassa précipitamment une branche d’arbre qu’il tendit entre son pokémon et lui.
– Et maintenant, attaque « cru-aile » !
Nirondelle sauta hors de son rocher dans les airs, les ailes tendues vers la branche d’arbre. Mais au moment où elle arriva au contact de l’objet, l’énergie quitta ses ailes et l’attaque échoua. Nirondelle retomba au sol, épuisée et déçue.
– Ne t’en fais pas Nirondelle, c’est normal. C’est déjà bien que tu aies réussi à maîtriser la puissance. Maintenant, il ne reste plus qu’à trouver un moyen de la garder dans tes ailes pendant que tu attaques.
Et Nirondelle se concentra à nouveau.

Depuis sa lourde défaite contre Bastien, Sofian s’était décidé à s’entraîner intensivement. De plus, autre que la tristesse, la perte de Picko avait plongé Timmy dans un état de volonté et jamais le jeune garçon n’avait montré une telle envie de s’occuper de leurs pokémons. Il avait pris en charge l’entraînement de l’équipe de son ami en lui donnant des conseils pour que ses pokémons arrivent à se développer le plus rapidement possible et avait décidé d’aider Flora à trouver un moyen de faire évoluer son Chenipotte en un temps record. Car sans son évolution, elle ne pouvait pas s’entraîner pour son concours de coordination.
Retirés un peu plus loin le long de la rivière, Flora avait passé toute la journée à masser le corps de son Chenipotte à l’aide de sa crème spéciale.
– Je ne comprends pas pourquoi il n’a toujours pas évolué, s’inquiéta Flora. Mon père me disait toujours que les insectes étaient les premiers à changer de forme. Ça fait plus de deux semaines que je l’ai capturé et il est toujours au même stade.
– Et ça fait combien de temps que tu l’entraînes ? demanda Timmy d’un ton autoritaire.
Flora réfléchit.
– Tu l’as capturé et depuis, tu le gardes dans ton équipe en pensant que le plus dur est fait, sermonna son ami. Si tu ne l’entraînes pas, il n’évoluera jamais. Je ne t’ai jamais vu aux petits soins avec ton Chenipotte avant qu’on arrive à Myokara. Alors arrête de te plaindre et fais en sorte qu’il évolue.
Flora resta bouche bée et ne sut que répondre. Elle acquiesça silencieusement, comme gênée par ses propres erreurs, et se contenta de continuer le massage de son pokémon.
– Ok, je pense qu’on ferait mieux de faire une pause ! intervint Sofian au loin.
Flora et Timmy se tournèrent vers leur ami et le virent prendre dans ses bras un Poussifeu épuisé.

Le petit groupe se réunit afin de dîner.
– Dans combien de temps tu penses être prêt ? demanda Timmy en croquant avidement dans un sandwich.
– Hier, je t’aurais dit une semaine, répondit Sofian qui nourrissait ses pokémons exténués par l’entraînement qu’ils avaient subi. Mais à la vitesse à laquelle on va, je pense que Nirondelle aura appris l’attaque « cru-aile » dans maximum deux jours et qu’Ecrapince aura assez développé sa ténacité. Disons que nous serons de retour lundi au Village.
– Tant mieux ! se réjouit Flora qui mélangeait sa salade de légumes. Le plus tôt on sera hors de cette forêt, le mieux ce sera. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi tu as voulu venir t’entraîner ici alors que les plages de Myokara sont splendides en cette saison.
– Pour avoir le calme nécessaire à la concentration, répéta Sofian pour la énième fois. Et puis, ton Chenipotte devrait être content d’être dans un environnement pareil.
– Au fait, il vaudrait mieux ne pas trop avancer dans la forêt, préconisa Timmy. J’ai lu dans mon Pokénav qu’il était recommandé de ne pas aller tout au nord. D’après la légende, il y aurait une malédiction dans cette partie de la forêt qui fait disparaître à jamais quiconque y pénètre.
– Bah, ce ne sont que des histoires ! rigola Sofian en levant les épaules.
– Et les histoires ont toujours une base de réel ! s’emporta Flora. Je vote pour la proposition de Timmy qui est de rester dans ce coin-ci !
– Je n’ai rien proposé du tout…
Sofian voulut argumenter contre les superstitions de son amie, mais un petit cri strident retentit derrière eux et ils se tournèrent brusquement. Une minuscule boule de métal grise se jeta sur eux et se cacha derrière Sofian.

Pokémon #201t
Après observation, ce n’était pas qu’une simple boule de métal. De toute évidence, il s’agissait d’un pokémon inconnu aux yeux de Sofian. Le monstre était tout aussi petit que Tarsal qui s’était approché de lui avec méfiance. Arcko vint renifler le crâne rond du pokémon sauvage tandis que Gobou touchait de sa patte la minuscule corne sur son dos. Il ressemblait à un petit insecte dont le corps avait été recouvert de métal et ses grands yeux bleus tremblaient de terreur.
– Depuis quand les Galekid vivent dans la forêt ? s’étonna Flora.
– Depuis jamais, ils vivent dans les grottes sombres et reculées de la civilisation, répondit Timmy tel un étudiant récitant sa leçon.
– Ce pokémon doit avoir été chassé de son habitat naturel par quelque chose de dangereux, supposa Sofian en regardant autour d’eux.
À quelques mètres d’eux se trouvait une grosse boule rouge et blanche.
– Euh… les gars ? Depuis quand cet Electrode nous observe-t-il ?
Ses amis firent volte-face et observèrent l’Electrode sauvage les rejoindre lentement, comme hésitant.
– Les Electrode non plus ne vivent pas dans la forêt, fit remarquer Sofian, perplexe.
– Quelles sont les chances pour que deux pokémons intrus se retrouvent au même endroit ? se demanda Timmy.
– Il a l’air de vouloir s’approcher du Galekid, constata Flora.
Flora s’approcha de l’Electrode sans écouter les conseils de Sofian qui lui demandait de rester éloigner, et le caressa doucement. L’Electrode se laissa faire et semblait apprécier les caresses.
– Tu vois, il est inoffensif, dit Flora avec un large sourire.
Malgré les apparences, Sofian n’était pas rassuré. Quelque chose en lui le faisait se méfier de ce pokémon qu’il n’arrivait pas à reconnaître, et pourtant il était sûr de l’avoir déjà vu quelque part.
– Il veut simplement jouer avec son ami Galekid, rassura Flora qui poussa l’Electrode vers le pokémon terrifié.
– Je ne crois pas que ces deux pokémons se connaissent… réfléchit Timmy. Galekid semble sauvage alors que les Electrode sauvages sont plutôt rares…
En effet, les Electrode sauvages étaient très rare. Bien souvent, ils appartenaient à des dresseurs qui avaient réussi à les faire évoluer, car les Voltorbe étaient assez difficile à gérer. C’était bien simple, la dernière fois que Sofian avait vu un Electrode, c’était dans le Bois Clémenti et il avait appartenu à ce dresseur antipathique aux procédés d’élevages monstrueux…
– Je pense que… commença Timmy, méfiant en voyant l’Electrode sourire à quelques centimètres du visage de Galekid.
– A TERRE !! s’écria Sofian en reconnaissant le pokémon.
Sofian poussa ses deux amis loin de l’Electrode qui venait de s’illuminer d’une lumière blanche éclatante. Tous les pokémons du groupe déguerpirent aussi vite que possible lorsque l’Electrode explosa violemment. Le souffle brûlant qui fut provoqué poussa les trois adolescents au sol tandis qu’un nuage de poussière s’éleva autour du Galekid qui hurlait à la mort. Une pokéball apparut de nulle part et disparut dans la poussière avant d’émettre un faible son sourd. Sofian se tourna au sol et, une fois allongé sur le dos, put apercevoir à travers le brouillard deux jambes coincées dans un jeans serré avancer vers eux. Vêtu d’un sweatshirt gris, l’adolescent qui venait d’arriver s’accroupit pour ramasser sa pokéball et fit disparaître l’Electrode carbonisé.
– Est-ce que tout le monde va bien ? demanda une Flora hystérique quelque part derrière.
Tous les pokémons répondirent par un petit cri affolé et Timmy toussota sèchement, essayant de reprendre sa respiration grâce à son inhalateur. La poussière retomba au moment où Sofian se releva et les trois amis furent confrontés à un adolescent au regard sévère et aux cheveux noir aux reflets bleus que Sofian reconnut à son regard électrique et déterminé.
– Toi !
– Moi ?
L’adolescent jeta un regard froid et non-intéressé à Sofian.
– Où est le Galekid ? s’écria Flora en cherchant des yeux le pokémon sauvage.
Pour toute réponse, l’inconnu montra sa pokéball en esquissant un petit sourire narquois.
– Il l’a… capturé ? C’est comme ça que tu captures les pokémons sauvages ? s’exclama Flora, outrée. C’est illégal de ne pas confronter le pokémon et de lui faire subir autant de violence !
– Il n’y a aucune loi contre cela, il me semble, répondit l’adolescent de sa voix métallique.
– Vous êtes… monstrueux ! s’emporta Timmy, choqué.
L’adolescent se tourna vers lui en levant un sourcil.
– C’est censé me faire de la peine ? répondit-il froidement.
Et il tourna les talons pour les quitter.
– Eh là ! Où tu vas ? s’écria Sofian dont le cœur s’était mis à battre rapidement.
Il n’avait jamais vu un dresseur aussi insolent et insoucieux de ses actes, il n’aimerait probablement jamais cette personne, mais l’assurance avec laquelle cet individu avait capturé le Galekid et la confiance dans sa voix faisait frémir Sofian d’excitation.
L’adolescent inconnu tourna la tête vers lui.
– Pardon, on avait un rendez-vous que j’ai malheureusement oublié ? répliqua celui-ci froidement.
Sofian ne sut que répondre. Derrière lui, il vit du coin de l’œil que Flora se mordait la langue pour s’empêcher de le gifler violemment et que Timmy la retenait par la taille pour éviter toute bagarre enfantine.
– Non, mais on s’est déjà rencontré, on s’est affronté et j’aimerais te défier à nouveau ! annonça Sofian.
L’adolescent sembla enfin intéressé et se tourna entièrement de sorte à affronter Sofian du regard.
– Vous êtes les gamins qui ont failli se faire bouffer par de faibles Nirondelle avant que mon Electrode vous sauve, non ? les reconnut enfin l’inconnu.
– Premièrement, on n’était pas en danger, se défendit Sofian en grinçant des dents, et deuxièmement, ton Electrode ne nous a pas sauvés mais a failli nous tuer ce jour-là ! Et rien que pour ça, j’aimerais vraiment avoir la chance de te pulvériser comme il se doit.
L’adolescent plissa des yeux en entrouvrant la bouche, comme s’il réfléchissait.
– Intéressant, marmonna-t-il en souriant à nouveau. Alors comme ça, tu veux m’affronter à nouveau alors que tu n’as pas été capable de gagner contre le champion du Village Myokara ?
– Comment… ?
– Oui, j’ai assisté à ta défaite plus que lamentable, avoua l’inconnu en ricanant ouvertement. Je dois dire que j’étais assez étonné de te voir t’inscrire à la Ligue Pokémon à Mérouville et j’avoue m’être laissé imaginer que tu pouvais avoir un certain potentiel, surtout après ce reportage dans lequel tu tires toute la couverture médiatique. Mais ta défaite contre le champion local était tellement ridicule que je me sens un peu bête d’avoir cru que tu serais un rival.
Et il explosa d’un rire sarcastique qui glaça les entrailles de Sofian. Son cœur s’emballa dans sa poitrine, sentant chaque muscle se contracter et chaque veine s’enflammer de son sang brûlant de colère. Mais Sofian garda la mâchoire serrée afin d’éviter de lui sauter dessus.
– Enfin soit, poursuivit l’inconnu en reprenant très vite son calme, si tu veux vraiment combattre contre moi, qui ai décroché le badge Poing en quelques minutes à peine, je serai ravi de te faire changer d’orientation avec une nouvelle défaite.
À cet instant précis, Sofian sut qu’il détesterait à jamais ce garçon du plus profond de son âme.

Pokémon #201e
– Parfait ! Je ne sais pas comment tu t’appelles, et je m’en contrefous, mais sache que je vais te faire ravaler ton sourire narquois ! promit Sofian qui commençait à éprouver des difficultés à respirer tellement sa colère était grande.
Fier de ses mots qui eurent un effet sur son adversaire, Sofian examina avec mépris le visage de l’inconnu se crisper dans un air sérieux.
– Dans l’hypothèse fort peu probable où tu me battrais, je te donnerais mon nom en guise de récompense, nargua-t-il avec orgueil. Je pense en effet que mon nom est un cadeau à la hauteur de l’exploit que tu devrais avoir la chance de fournir dans le cas où tu gagnerais.
Sofian prit une grande inspiration et retira son gilet pour avoir un peu d’air frais.
– Nirondelle, viens m’aider à le désintégrer ! ordonna Sofian d’une voix tremblante de colère.
– Excellent, commenta simplement l’adolescent.
Il envoya alors une pokéball dans les airs et le petit Galekid au corps entièrement brûlé apparut.
– Non mais je rêve ! rugit Flora derrière eux. Tu n’as pas honte de faire combattre ce pokémon que tu as déjà détruit physiquement et surement mentalement ?
– De quoi je me mêle ? cracha l’inconnu.
– Espèce de petit co… grogna Flora qui était prête à lui sauter dessus.
– Flora ! essaya de la calmer Timmy en la tirant vers lui.
Trop énervé pour être révulsé par ses pratiques, Sofian préféra songer à la facilité avec laquelle il allait claquer le clapet de cet individu monstrueux.
Mais ce-dernier sortit de son sac à dos beige une Super Potion qu’il aspergea sur le corps de son nouveau pokémon. Galekid fut ainsi très vite remis sur pattes.
– Galekid, ton premier combat, annonça son maître froidement. Tu as intérêt à le gagner.
Galekid frissonna de peur et affronta dangereusement du regard une Nirondelle déconcertée.
– Ne te tracasse pas Sofian, il ne connait pas encore son pokémon et Galekid n’a pas encore confiance en son maître – même si je doute qu’il ait un jour confiance en lui, rassura Timmy de loin.
– Oui, tu peux gagner. Non, tu vas gagner !! l’encouragea Flora.
– Tu as besoin d’encouragements pour gagner un combat ? s’étonna l’inconnu en levant un sourcil de manière dédaigneuse. Même tes amis ne croient pas en toi, sinon ils n’éprouveraient pas le besoin de t’encourager. Et ça se dit amis…
– Mais il va se calmer cet enf… s’emporta Flora.
– Il a raison !! s’écria Sofian de mauvaise humeur. Fermez-la et laissez-moi faire ! Et toi, ajouta-t-il en s’adressant à l’adolescent qu’il méprisait de ton son être, combats !
– C’est bien parce que ce type est détestable, parce qu’autrement, je tiendrais pour lui ! s’outragea Flora.

– Galekid, attaque « coup de boue » !
– Nirondelle, « vive-attaque » !
Nirondelle fusa vers son adversaire à toute vitesse mais celui-ci se retourna et gratta le sol à l’aide de ses pattes-arrières. De la terre fut ainsi projetée sur les yeux de l’oiseau qui s’arrêta en plein vol.
– Et maintenant, « griffe acier » !
Galekid se tourna à nouveau et prépara des griffes acérées.
– Tout de suite !! ordonna l’inconnu.
Son pokémon accourut vers Nirondelle qui prit de l’altitude pour éviter l’attaque.
– Bien joué Nirondelle ! félicita Sofian.
– Raaaah ! Quand je t’ordonne d’attaquer, c’est tout de suite ! s’énerva l’adolescent.

– Il pourrait lui laisser le temps de se concentrer, s’irrita Timmy.
– Comment les autorités de Hoenn ont pu laisser un tel dresseur s’occuper de pokémons ? s’offusqua Flora.

– Nirondelle, attaque « pic-pic » !
– « Coup de boule » !
L’oiseau descendit en piqué vers Galekid qui n’attendit pas que son adversaire s’approche de lui. Le pokémon adverse bondit dans les airs et fracassa son crâne contre le ventre de Nirondelle qui eut du mal à rester dans les airs.
– Et maintenant, « griffe acier » !
Galekid ne prit pas le temps de se concentrer et courut directement vers Nirondelle.
– Parfait, attaque « tornade » !
Nirondelle battit des ailes alors que Galekid arrivait face à elle et il fut pris dans les tourbillons de vent de l’oiseau. C’est alors que Galekid réapparut de nulle part et atterrit sur le dos de l’oiseau qu’il lacéra brutalement.

– C’est pas vrai ! Il s’est laissé emporter par la tornade pour prendre de l’altitude ! s’épata Timmy.
– Comment c’est possible ? s’exclama Flora qui n’en revenait pas. Pourquoi Galekid écoute autant son maître alors qu’il vient à peine d’être capturé ?
– Parce qu’il est terrifié par son maître ! constata Timmy en observant le Galekid attaquer à nouveau une Nirondelle sans défense.
– Mais c’est monstrueux !
– En attendant, ça fonctionne…

Galekid courait à nouveau vers Nirondelle, prêt à la frapper à l’aide de son crâne en fer.
– Nirondelle, on va réessayer « cru-aile » ! Concentre-toi et garde ton énergie dans tes ailes ! Une fois qu’il arrive près de toi, frappe-le de toutes tes forces !
Nirondelle s’exécuta. Elle ferma les yeux, ses ailes rayonnèrent et au moment où Galekid n’était qu’à quelques centimètres d’elle, battit des ailes devant elle. Mais le coup qu’elle reçut la propulsa en arrière et son attaque échoua. L’adolescent ricana dans sa barbe.
– On ne va pas se laisser abattre par un si petit pokémon ! encouragea Sofian. Si tu as été capable de défendre tout ton clan, tu seras capable de le battre ! Et tu auras ta revanche contre lui d’ailleurs !
– Attends, ne me dis pas que… c’est mon ancienne Nirondelle ? reconnut l’adolescent.
Et il éclata d’un rire railleur.
– Et je me demandais pourquoi elle était aussi faible. J’ai bien fait de la relâcher ! Quand je pense qu’elle ne connait même pas l’attaque « cru-aile »… Allez Galekid, finissons-en avec « griffe acier » !
Galekid sortit ses griffes une nouvelle fois mais Nirondelle ne fut pas assez rapide pour s’envoler à nouveau. Elle poussa un cri déchirant lorsque Galekid lui érafla l’aile droite.
– NIRONDELLE !
– Ce fut un combat rapide. Et maintenant, le coup de grâce…
C’est alors qu’un Arcko sortit de nulle part et se posta au milieu du terrain. Timmy se tourna vers le groupe de pokémons qui observaient mais son Arcko était toujours là, près de ses amis.
– Qu’est-ce que tu fais ici ? s’énerva l’adolescent alors que l’Arcko inconnu venait à sa rencontre en se précipitant. Je pensais t’avoir dit de surveiller le campement !
L’Arcko se mit alors à pousser des cris de panique et tira sur les jambes de son maître. Ce-dernier comprit qu’il s’était passé quelque chose d’important et fit disparaître son Galekid dans sa pokéball avant de partir en courant derrière son Arcko, sans même adresser un seul regard aux trois amis.
– Il… il est… parti ? balbutia Flora.
– Euh… je crois bien que oui, affirma Timmy, déconcerté.
Sofian serra les poings, fulminant de rage. Alors comme ça, il pouvait décider d’arrêter un combat comme bon lui semblait ? Alors comme ça, il ne se souciait pas du tout du combat ? Il allait regretter d’avoir atteint sa fierté.

Pokémon #201s
Il arriva à son campement improvisé et s’arrêta brusquement devant sa tente dévalisée. Les planches de bois qu’il avait mis des heures à fixer pour s’abriter du froid de la nuit avaient disparu, ainsi que quelques matériaux qui pouvaient lui être utiles. Son cœur se mit à battre rapidement dans sa poitrine. Il se tourna vers son Arcko, fou de rage, et attendit.
– Alors quoi ? Amène-moi aux voleurs !
Mais Arcko ne bougea pas, pétrifié de terreur.
– Ne me dis pas que… tu es directement venu me prévenir au lieu de les suivre à leur campement ?
Arcko déglutit difficilement et acquiesça en reculant de quelques pas.
– Espèce d’imbécile ! rugit-il. Tu es un pokémon plante alors tu vas grimper sur un arbre et me les retrouver direct !
Arcko se jeta sur le premier arbre qu’il trouva et l’escalada en une seconde.

La course dans la forêt ne fut pas très longue, car il déboucha très vite sur une plage abandonnée. Arcko s’arrêta et pointa de sa patte les deux individus qui se tenaient debout dans les vagues.
– Eh, vous ! s’écria-t-il de sa voix métallique.
Les deux adultes bondirent sur place et se retournèrent en relâchant le poisson qu’ils venaient de pêcher.
– T’es qui, toi ? interrogea la femme rousse.
– Je suis celui à qui vous avez volé des matériaux précieux !
Les deux échangèrent un regard amusé.
– Et nous qui croyions que c’était quelqu’un de dangereux qui vivait là, s’amusa l’homme à la coupe au bol.
– Ça nous fait un souci en moins, fit remarquer la femme.
– Vous avez intérêt à me rendre mon matériel tout de suite ! ordonna l’adolescent, hors de lui.
– Sinon quoi ? rétorqua la femme qui était devenue très vite sérieuse.
– Sinon, je vais vous détruire un par un, menaça l’adolescent.
Les deux adultes sortirent des vagues et s’approchèrent de lui d’un air dangereux.
– Tu n’as pas idée d’à qui tu as affaire, n’est-ce pas ? dit la femme.
– Non, et j’en ai rien à battre !
– Alors déjà, ce matériel est à nous, intervint un Miaouss qui les rejoignait, et tu vas parler autrement à la Team Rocket !
L’adolescent observa quelques secondes le Miaouss parlant, décontenancé, mais envoya très rapidement ses pokémons à l’attaque sans trop se soucier de cette erreur de la nature. Les voleurs envoyèrent un Seviper et un Cacnéa qui ne firent pas long feu. Car d’un coup de tête, Galekid battit le Cacnéa et il ne fallut à Arcko que quelques secondes pour venir à bout du Seviper grâce à un coup de queue bien placé.
– Seviper !!
– Cacnéa !!
– Mais c’est qui ce type ?? s’horrifia Miaouss alors que les trois acolytes reculaient de peur.
– Je ne le répéterai plus : rendez-moi mon matériel ! ordonna l’adolescent.
Les trois acolytes restèrent pétrifiés sur place en examinant chacun de leur pokémon évanoui après une seule attaque.
– TOI ! hurla quelqu’un derrière lui.
Il ferma les yeux et soupira.

Nirondelle se posa rapidement sur le sable fin de la plage abandonnée, épuisée. Sofian courut difficilement en direction de l’inconnu alors que Flora et Timmy restèrent en arrière sans trop vouloir l’approcher, comme s’ils avaient peur d’être contaminé par son insolence.
– Tu n’as pas le droit de te barrer comme ça en plein milieu d’un match ! s’emporta Sofian.
– J’avais d’autres choses plus importantes à faire, rétorqua simplement l’adolescent. Maintenant, laisse-moi !
Sofian jeta un coup d’œil aux personnes qu’il venait d’affronter et sursauta en les reconnaissant.
– La Team Rocket ! s’écria Flora de loin.
Timmy sortit directement son Pokénav de sa poche et composa le numéro de la police sous les regards pétrifiés des trois criminels.
– Vous connaissez ces gens ? demanda l’adolescent pour la première fois intéressé.
– Qu’est-ce que ça peut te faire ? répliqua Sofian avec un sourire sarcastique.
– Bon, bah on va vous laisser nous ! intervint Jessie.
– Oui, on a des choses importantes à régler ! dit James.
Les trois acolytes firent rentrer leurs pokémons dans leurs pokéballs avant de s’enfuir à toutes jambes.
– Vous n’irez nulle part !
La Team Rocket s’arrêta dans sa course mais ce ne fut pas à cause de l’ordre de Sofian. Devant eux se trouvait des dizaines de pokémons différents appartenant à la même famille : des Grainipiot, des Pifeuil et un énorme Tengalice.
– Qu’est-ce que… marmonna Sofian.
– On dirait qu’ils ont cherché misères chez ces pokémons auparavant, comprit l’adolescent. Ce n’était pas très malin de votre part, Team Rocket !
Jessie, James et Miaouss se tournèrent vers les enfants alors que les pokémons s’approchaient dangereusement d’eux.
– Je sais que nous ne sommes pas en position de vous demander cela mais nous avons besoin d’aide là, marmonna Jessie.
– Vous rigolez ? s’ahurit Flora.
– Aucun problème, accepta l’inconnu.
– Tu rigoles ? s’ahurit Sofian.
Mais l’inconnu avait déjà fait apparaître son Electrode qui se chargea de son énergie en roulant vers la Team Rocket.
– FUYONS !!
Et l’Electrode explosa à nouveau.

Pokémon #201t
Le sable retomba lentement sur la plage ravagée par l’explosion. Lorsque la poussière se fut estompée, il ne restait plus aucun pokémon sauvage dans les environs et la Team Rocket avait elle aussi disparu.
– Espèce d’imbécile !! hurla Sofian en courant vers l’inconnu.
– Sofian !!
Timmy se jeta en travers de son chemin tandis que Flora essaya de contrôler son ami en le tirant fortement en arrière par les épaules.
– On avait enfin une occasion d’enfermer ces malfrats une bonne fois pour toutes ! continuait Sofian.
– Sincèrement, je n’en ai rien à faire de vos histoires, dit calmement l’adolescent. Et si vous vous étiez mêlés de vos affaires, j’aurais pu récupérer mon campement. Nous sommes donc quittes à présent.
Sofian se laissa maîtriser par Flora tout en essayant de se calmer. La dernière fois qu’il avait ressenti une telle haine, lorsqu’il avait appris que sa sœur s’engageait dans les troupes d’un groupe terroriste, il lui avait fallu attendre un an avant d’être en paix avec lui-même. Il décida donc d’essayer de respirer calmement afin de reprendre le contrôle de son esprit.
Pendant ce temps, l’inconnu avait rangé ses pokémons dans sa pokéball et tournait à nouveau les talons.
– On a un match à terminer, je te signale ! rappela Sofian.
L’inconnu se retourna en fronçant les sourcils et, lorsqu’il vit la Nirondelle qui se reposait sur le sable de la plage, il leva les yeux au ciel.
– Oh oui, juste… Galekid, termine-la.
Son Galekid réapparut et, d’un coup de griffes acérées, déchira l’aile gauche de Nirondelle qui n’eut pas le temps de se défendre. Le pauvre oiseau s’évanouit de douleur.
– Jeu, set et match, annonça l’adolescent.
Il fit alors disparaître son Galekid nonchalamment et quitta la plage sans un au revoir.
Flora et Timmy échangèrent un regard inquiet en voyant leur ami planté dans le sable sans bouger. Ils attendirent quelques secondes mais Sofian ne semblait pas vouloir se mouvoir.
– Il n’en valait pas la peine, dit enfin Flora pour essayer de le réconforter. Il ne t’a pas battu à la loyale parce qu’il utilise des méthodes immorales. Ce n’était pas un vrai match.
– Un jour ou l’autre, il finira bien par être puni de ses actes, ajouta Timmy d’une faible voix. Ça s’appelle le karma.
Mais Sofian ne bougeait pas. En fait, il ne les écoutait même pas. Ce jour-là, il s’était entraîné intensivement et avait défié un dresseur tellement sûr de lui qu’il avait toutes les chances de le vaincre. Et malgré cela, il avait perdu lamentablement. Une nouvelle fois. Il avait été vaincu par un être abject qui ne méritait pas du tout sa victoire, et cela lui donnait l’envie de vomir.
Il essuya les larmes de rage qui coulaient sur ses joues et, sans regarder derrière lui, sans s’assurer de l’état de son pokémon, sans prévenir ses amis, courut vers le chemin que l’inconnu avait emprunté.
Flora amorça un mouvement pour l’en empêcher mais Timmy l’arrêta du bras.
– Non, laisse-le.

Pokémon #201e
Il était là, juste devant, dans la vallée qui s’étendait après l’orée de la forêt. Du haut de sa colline, Sofian avait une vue plongeante sur les champs à l’ouest de l’île Myokara, mais surtout sur lui, cet être qu’il ne pouvait plus voir en peinture et qui pourtant était la raison de sa présence au sommet de cette colline.
– Arrête-toi ! ordonna Sofian.
Dans la vallée, l’adolescent se figea. Il tourna lentement la tête et reconnut son adversaire du jour. Il leva un sourcil de manière dédaigneuse. Il ne dit pas un mot et se contenta de l’observer. Le silence dura un instant. Il faisait beau ce soir-là, mais il régnait dans l’atmosphère une tension électrique palpable.
– Je ne te connais pas et j’ai eu le malheur de te rencontrer deux fois déjà, dit Sofian de son ton brûlant. Je ne sais ni ton nom, ni ton âge, ni même ton origine. Mais je sais que tu es un dresseur d’exception. Je l’admets car j’ai pu m’en rendre compte. Il se peut que je ne sois pas d’accord avec tes procédés, que je ne cautionne pas la façon dont tu élèves tes pokémons, que tu ne mérites pas tes victoires, mais tu as du potentiel et les faits sont là. Tu as gagné. Il n’est pas dit que nous ne nous rencontrerions pas à l’avenir. Il se pourrait même qu’on se recroise au moment où on aura besoin de se serrer les coudes, car ainsi est faite la vie. Le hasard des rencontres est parfois une infortune et on ne peut rien prédire. Mais s’il y a bien une chose de sûre, c’est que je te déteste du plus profond de mon être et que je te détesterai à jamais. Alors écoute bien ce que j’ai à te dire, parce que ce sera la seule fois que tu entendras ce genre de discours dans toute ton existence. Si nos routes se croisent à nouveau, je te défierai et je te vaincrai. Et je te prouverai que tu n’es qu’un simple dresseur comme les autres et qu’il y a des personnes plus talentueuses et plus dignes que tu ne le seras jamais. Et j’effacerai de ton visage ce sourire narquois et confiant qui te perdra un jour. Je te le promets. J’en fais ma priorité.
L’inconnu plongea son regard froid dans celui de Sofian et répondit :
– Steve.
Et il s’en alla.

Pokémon #201r
[i[À suivre dans : « Un Chenipotte qui évolue »[/i]