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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 17/11/2014 à 09:06
» Dernière mise à jour le 14/07/2015 à 18:37

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 308 : Qui peut le juger ?
Qui peut le juger ? - Dracula


- Cronos et Arceus sont apparus tous les deux dans le néant en même temps. Leur force était identique, à cette époque, et ils s'entendaient à merveille, jusqu'au jour où ils ont décidé de donner naissance à l'univers.

Némésis marqua une pause le temps pour elle d'observer la réaction de Cassy. Celle-ci l'écoutait avec attention, les mains tendues en direction du feu. Elle avait cessé de grelotter, à présent.

- Ils n'étaient pas d'accord sur la façon dont les choses devaient se passer. Cronos désirait régner en maître absolu, au contraire d'Arceus qui comptait se retirer progressivement une fois le monde créé.
- Vraiment ?
- Il n'est pas aussi mauvais que Lilith le prétend, c'est pourquoi il faut apprendre à faire les choses, répondit la déesse avec une esquisse de sourire. Il a ses bons côtés, lui aussi. Toujours est-il qu'un violent combat éclata entre eux deux. L'Alpha l'a remporté de justesse et doit aujourd'hui encore en payer le prix.
- Quel prix ?
- Ses pouvoirs ont été grandement altérés au cours de la bataille. Pour vaincre Cronos, il a dû utiliser ses dix-sept plaques. Depuis lors, il ne peut plus s'en servir de façon concomitante.
- Et qu'est devenu... cette divinité ?
- Il a disparu, tout simplement. Il s'est évaporé, mais son âme, elle, a continué de subsister. Comme Cronos a juré qu'un jour il parviendrait à mettre en oeuvre sa résurrection, Arceus n'a eu d'autre choix que d'enfermer ce qui demeurait encore de lui.
- Comment a-t-il fait ?
- Athéna l'y a aidé. Avec un puissant rituel de magie blanche et toute la force qu'elle tire des Zarbi, elle est parvenue à l'enfermer dans un coffret.

Cassy ne releva pas tout de suite. Cette information lui parut tout d'abord anodine car, après tout, pourquoi aurait-elle dû être surprise d'apprendre qu'un démon antique se trouvait prisonnier d'une simple boîte ? Elle réalisa cependant bien vite que cela lui évoquait déjà quelque chose.

- Cette histoire... Je la connais, murmura-t-elle à mi-voix en tournant les yeux vers Némésis. Enfin, d'une certaine façon. Tout ce que vous venez de me raconter se rapporte aux...
- Aux gravures de mon sanctuaire. Je n'ai eu rien d'autre à faire durant les siècles où je suis restée ici. Pourquoi crois-tu que je t'ai ramené aux ruines Sinjoh ? J'ai besoin de toi, Cassidy.
- De moi ? Vous ?

La jeune femme afficha une expression désemparée alors que la déesse continuait de l'observer avec le plus grand calme. Elle avait désormais perdu son air autoritaire pour paraître plus douce.

- A plusieurs reprises, tu m'as reproché à juste titre de n'avoir rien tenté pour arrêter Arceus, mais il y a une raison à cela. Lorsque ses alliés et lui-même m'ont enfermé ici, ils m'ont sous-estimée. J'ai longtemps patienté en regardant ma puissance s'accroître, jusqu'au jour où elle m'a permis de franchir les scellés. J'ignorais cependant que cela laisserait des séquelles. J'étais libre, certes, néanmoins j'ai perdu mes pouvoirs. Le sortilège qui me rendait captive les a aspirés.
- Pourtant, tout à l'heure, vous...
- Ils reviennent progressivement, mais jamais plus ils ne seront ce qu'ils étaient autrefois. Heureusement que mon nom, lui, garde encore un certain poids.
- C'est pour cette raison que vous solliciter mon aide ? Parce que vous êtes impuissante ?
- Impuissante ? répéta Némésis avec un rire forcé. Je n'irais pas jusque là. En revanche, tu n'as pas tort. Je ne peux pas affronter Arceus directement, sans quoi il ne mettrait pas longtemps à comprendre que je me retrouve désormais aussi affaiblie que lui. Il n'empêche que j'ai mes propres armes.
- Quelles armes ?

Cassy esquissa un mouvement de recul lorsque Némésis étendit la main dans sa direction. Elle redouta l'espace d'une seconde ce qu'elle allait bien pouvoir lui faire, mais elle se contenta simplement de lui ôter son gant gauche.

Il se produisit alors quelque chose d'inattendu. Le glyphe dragon brillait d'un éclat aveuglant, ce qu'il ne faisait d'ordinaire qu'au moment d'user de ses pouvoirs, et encore, il n'avait jamais étincelé de la sorte. Une douce chaleur s'en échappait afin de parcourir l'ensemble de son corps.

- Que...
- En fait, tu ne te trompais pas tant que cela, l'autre jour, quand tu m'as appelée "maman".
- Vous voulez dire que... commença la dresseuse. C'est vous qui...
- Je suis à l'origine de la nouvelle Confrérie.
- Mais... Pourquoi ? Comment ? Et...
- Une question à la fois, je te prie. Pourquoi ? Parce que je sentais que cet équilibre instauré par Arceus ne tiendrait pas. Mon sixième sens est encore plus exacerbé que celui des autres humains légendaires, raison pour laquelle je ne me suis pas trompée. Je comptais choisir un groupe de mortels afin de mener à bien mon projet, et évidemment, je n'ai pas voulu débuter par n'importe qui.
- Lilith...
- Exactement. Je n'ai cependant pas eu le temps d'atteindre mon but car, peu de temps après, je me suis retrouvée bannie aux ruines Sinjoh, prisonnière de ces maudits scellés. Quand je me suis enfuie, il m'a fallu attendre d'avoir recouvré suffisamment d'énergie afin de créer les glyphes restants. Tu as été le dernier, mais également celui dont je suis la plus fière.
- Pourquoi avoir pris de simples humains ? Les légendaires nous méprisent.
- Pour rétablir cet équilibre. Le point faible de votre espèce, d'après nous, est votre capacité à vous laisser gouverner par vos émotions, mais cela vaut toujours mieux que d'être comme nous régi par une vanité malsaine.
- Donc... Vous nous avez créés dans l'unique but d'être un jour capable de nous opposer à l'Alpha ?
- De le ramener à la raison. Le monde a besoin de croire en quelque chose, autant que ce soit en Arceus.
- Et qu'attendez-vous de moi, au juste ?

Némésis se leva, le bas de sa robe balayant le sol poussiéreux. Pour Cassy qui l'observait en contrebas, elle paraissait plus immense encore. La meneuse de la Confrérie se mit debout à son tour, épousseta le velours de sa cape et la suivit alors qu'elle se dirigeait vers les escaliers menant au sous-sol.

- Arceus m'a banni peu de temps après avoir envoyé Lilith en exil. Sais-tu pourquoi ?
- Parce que vous n'approuviez pas cette sentence ?
- Non. La punition était méritée, bien qu'un peu sévère, si l'on s'en tenait aux principes qu'il tendait à instaurer. En réalité, c'est à cause d'Athéna.
- Athéna ? Je ne peux pas croire que...

La jeune femme s'interrompit quand une nouvelle torche s'alluma sur le mur à sa droite alors qu'elles pénétraient dans l'antichambre aux multiples gravures. La porte du sanctuaire était restée comme lors de leur dernière visite, c'est-à-dire entrebâillée.

- Elle a été prise de pitié pour Lilith car, contrairement à beaucoup et à moi la première, elle avait foi en la sincérité de son amour pour Giratina. Elle a donc demandé à Arceus de lui laisser une chance, de même qu'à l'espèce humaine pour laquelle il avait perdu toute confiance. Il a donc choisi de soumettre un autre mortel à un test.
- En quoi consistait-il ?
- Athéna lui a ramené une jeune femme. Elle devait avoir à peine dix-sept ans, à cette époque. L'Alpha lui a confié un coffret en lui ordonnant de le garder, mais sans jamais l'ouvrir.
- Le coffret de Cronos ?

Némésis s'arrêta à hauteur des gravures qui représentaient le symbole du démon, contré par celui de l'enfant-roi. Plus elle étudiait ces dessins et plus elle semblait y voir clair. Tout devenait soudain limpide.

- Ce coffret est devenu la boîte de Pandore. Evidemment, celle-ci n'a pas réussi à tenir longtemps avant de vouloir découvrir ce qu'elle contenait. Athéna, qui la surveillait en cachette, est intervenue juste à temps pour l'en empêcher. En faisant preuve d'une pareille curiosité, elle a échoué dans sa mission et a ainsi condamné toute l'espèce humaine au courroux d'Arceus.
- Mais pourtant, il...
- Il l'aime, c'est exact. Il est tombé amoureux d'elle et c'est pour cela qu'il n'a jamais pu se résoudre à la voir mourir, d'où l'élixir de longue vie. Son orgueil, toutefois, ne lui permettait pas d'admettre que Lilith avait raison. Au contraire, il l'en a même haï davantage. Son honnêteté étant désormais dangereusement altérée, il n'avait pas d'autre choix que de m'empêcher de mettre le nez dans ses affaires, car il savait que je ferais tôt ou tard régner la justice. Il m'a condamnée à être prisonnière ici en montant ses alliés contre moi, et peu de temps après, Lilith passait à l'attaque avec ses Gijinkas.
- Cela explique pas mal de choses... souffla Cassy à mi-voix.
- Cela explique tout, je crois. Maintenant, es-tu prête à accepter la mission que j'ai l'intention de te confier ?
- Je crois déjà savoir de quoi il s'agit.
- Sûrement. Personne ne sait véritablement ce qui s'est passé à l'origine du monde. Le seul moyen de faire régner la justice est de permettre à la vérité d'éclater, or Arceus a convaincu tout le monde avec ses mensonges. J'ai donc besoin d'une preuve irréfutable que tu vas aller me chercher.
- Vous voulez Pandore.
- Non, Cassidy. Je veux la boîte de Pandore.

Némésis lui tendit son gant qu'elle avait conservé dans sa main tout ce temps et la dresseuse s'empressa de l'enfiler pour dissimuler son glyphe dont l'éclat commençait peu à peu à s'atténuer.

- Pourquoi ne jamais vous être manifestée avant dans nos vies, puisque vous êtes à l'origine de ce que nous sommes ?
- Je l'aurais sûrement fait tôt ou tard, mais Lilith et Hélio s'en sont chargés avant moi.
- Hélio ? Vous le connaissez donc aussi ?

La déesse ne répondit pas. Bien qu'elle conserve un visage neutre, quelque chose sembla changer dans son expression. Elle tourna le dos à la jeune femme, qui s'apprêtait à réitérer sa question avant de se raviser.

- Nous avons tous fait des choses dont nous ne sommes pas fiers. En ce qui me concerne, c'est différent, car il n'y a personne au-dessus de moi pour me juger, répondit-elle simplement dans un murmure. Arceus penserait certainement que c'est plus simple, qu'au moins je suis libre, cependant il n'a aucune idée de ce qu'est le poids de la conscience lorsqu'on est la Justice.

Sans rien ajouter d'autre, Némésis quitta la salle, laissant Cassy seule au milieu du sanctuaire quelques secondes avant qu'elle ne décide d'en sortir à son tour.