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Cœur de Pierre de Yûn



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» Auteur : Yûn - Voir le profil
» Créé le 07/11/2014 à 19:21
» Dernière mise à jour le 17/12/2015 à 11:04

» Mots-clés :   Aventure   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo   Slice of life   Suspense

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Chapitre 4. Le Rocher de Sisyphe
Réveil du Mont Chimnée
Le 13 octobre 1992, par Audrey L. Taylor

Il était un peu plus de 15h30 quand une violente secousse a ébranlé le pays, hier après-midi, se faisant ressentir jusqu'à Cimetronelle et provoquant même de minis raz-de-marée sur Myokara. Mais en dépit de la puissance du séisme, évaluée à 5,9 sur l'échelle Triopikeur par le Centre Météorologique, seuls des dégâts matériels ont été répertoriés.

Ce ne fut cependant pas le cas de l'éruption qui suivit, quelques instants après la fin du tremblement de terre, la première depuis le début du siècle dernier. De nombreuses personnes, présentes sur les flancs ou au sommet du Mont Chimnée lorsque la lave a commencé à couler, se sont retrouvées prises au piège, tout comme les passagers du téléphérique qui s'est écrasé après que la lave a abattu plusieurs pylônes. On dénombre une trentaine de victimes ou disparus à l'heure actuelle, mais le bilan pourrait s'alourdir dans les heures qui viennent, malgré l'expédition mise sur pied par Firmin Moore, Champion de Vermilava, afin de trouver de potentiels survivants.

En effet, même si la plupart des coulées se sont estompées et ne présentent plus un grand danger, de lourds panaches de fumée s'échappent encore et toujours du cratère. En résulte une pluie constante de cendres et de débris brûlants qui s'abat sur une large zone allant de Lavandia à Autéquia. 'Et il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle s'arrête', nous confie le Pr. Maxwell Bolin, volcanologue au Centre Météorologique. 'Même si sa zone d'action pourrait diminuer, il est très probable que la pluie de cendres perdurera des mois, voire des années après cette éruption.'
Ce phénomène pourrait avoir des répercussions sur le long-terme sur l'économie locale. Si Vermilava n'est pas trop inquiétée, forte de plusieurs siècles de coexistence avec le Mont Chimnée et ses caprices, il n'en va pas de même pour les autres provinces touchées par les averses de cendre. Ainsi Vergazon s'inquiète déjà des retombées nocives sur l'air pur et les divers centres médicaux qui font sa réputation. Une grande crainte se fait également sentir parmi les exploitants agricoles et forestiers d'Autéquia, puisque les nuages noirs empêchent les rayons du soleil d'atteindre le sol, et donc affectent...


Une sonnerie pressante empêcha Rochard senior de poursuivre la lecture de l'article. Repliant le journal pour le poser sur son bureau, il attrapa d'une main le téléphone hurlant.

« Oui ?
- J'ai un appel pour vous, Monsieur, lui annonça son secrétaire à l'autre bout du fil. Un certain Professeur Seko, de Bourg-en-Vol.
- Vraiment ? s'étonna le dirigeant de la Devon S.A.R.L. A quel sujet ?
- Ce serait pour un projet dont il aimerait s'entretenir avec vous. Je n'en sais pas plus. »

L'homme à l'impeccable costume s'enfonça dans son fauteuil, pensif. Qu'est-ce que ce vieil ami avait en tête de si important qu'il voulait lui en faire part ?

« Passez-le-moi, je vous prie.
- Entendu, Monsieur. »

Un petit silence se fit, le temps que l'appel soit transféré.

« Allô ?
- Bonjour Adam, fit une voix joviale. Comment vont les affaires ?
- Pas trop mal, même si le coût de nos investissements en R&D se fait plus sentir que prévu. D'ailleurs, merci encore pour vos conseils sur la direction à prendre.
- C'est normal, voyons.
- Et donc, Baptiste m'a dit que vous aviez une idée en tête ?
- Effectivement. Mais avant ça... Avez-vous entendu parler de l'affaire du Manoir Cramoisi ? »

Le père de Pierre saisit sa canne de bois sculptée, appuyée contre son bureau, et se mit à la faire tourner nonchalamment entre ses doigts.

« J'en ai quelques souvenirs, oui. Un programme de recherche qui s'est avéré être financé par la Team Rocket, et qui a fini avec la destruction totale du laboratoire par l'abomination qu'ils avaient créée.
- C'est bien ça, acquiesça le professeur.
- ... Aloïs, ne me dites pas que vous voulez partir à la recherche de cette créature ?! Si c'est ça, je refuse de vous aider à vous lancer dans un tel suicide !
- Mais non, enfin ! Même si l'idée n'est pas mauvaise... réfléchit-il tout haut, non sans faire soupirer son interlocuteur. Bref, en fait, il y a quelques jours, j'ai reçu un sujet d'études des plus intéressants. Un fossile extraordinairement bien conservé de non pas un, mais bien deux Pokémon préhistoriques.
- Tant mieux pour vous, alors. Mais je ne vois pas le rapport avec l'histoire du Manoir.
- Ca, c'est parce que la plupart des gens ne connaissent que la partie médiatisée de l'affaire. L'équipe qui était chargée du programme était d'abord directement reliée au Musée d'Argenta, qui finançait leurs recherches. Mais, suite à des difficultés financières et des coupes budgétaires, ils ont bien failli être obligés de tout arrêter, faute de moyens. C'est là que la Team Rocket est entrée en jeu, en leur donnant les fonds nécessaires... A la condition qu'ils modifient l'orientation première de leurs travaux. C'est comme cela qu'ils se sont retrouvés à travailler pour la mafia.
- D'accord... Je ne vois toujours pas le lien, je dois vous avouer.
- J'y viens, j'y viens. Le programme de recherche, à la base, portait sur les fossiles... Et, plus particulièrement, sur une machine qui permettrait de les faire revivre ! »

Adam Rochard cessa son petit jeu avec la canne, et se redressa dans son siège en fronçant les sourcils. Il se passa une main sur la figure, soulevant légèrement ses fines lunettes de vue, avant de reprendre, sceptique :

« Ce que vous dites ressemble quand même beaucoup à de la science fiction ou au scénario d'un film futuriste.
- C'est pourtant la vérité. J'ai contacté les docteurs Isaac Fuji et Auguste McGee, qui étaient les principaux responsables du projet à l'époque, afin d'avoir plus de détails. Même s'ils ne sont pas très fiers de la tournure prise par leurs recherches, ils m'ont expliqué que leur appareil était presque fonctionnel. La preuve étant qu'ils ont tout de même réussi à donner naissance à ce monstre. D'après eux, il suffirait de reconstruire la machine en effectuant quelques modifications pour obtenir un dispositif de réanimation de fossiles ! Ce serait une avancée scientifique formidable, d'autant plus que le Dr. McGee, bien qu'occupé avec son poste de Champion, est prêt à nous aider et à proposer un partenariat avec l'Académie Scientifique de Cramois'Île ! Seulement...
- Seulement, vous avez besoin d'obtenir un financement, compléta le chef d'entreprise en soupirant. Et c'est pour ça que vous m'appelez...
- Allons, ne prenez pas ce ton exaspéré ! Imaginez un peu, si nous réussissons, la Devon S.A.R.L. sera créditée comme étant l'entreprise ayant permis cette découverte ! Et puis, la technologie de pointe n'est-elle pas votre marché de base ?
- Votre histoire est bien belle et alléchante, je le reconnais. Mais, avez-vous pensé à l'image défavorable que nous pourrions avoir, si le projet venait à échouer ? Et même sans cela, le simple fait de remettre en route ces recherches va pousser les médias à faire aussitôt le parallèle avec l'affaire du Manoir Cramoisi, et les retombées pourraient être tout aussi désastreuses pour nous. Je n'ai pas envie que l'on compare la Devon S.A.R.L. à une organisation criminelle !
- Oui, je comprends... bredouilla le Pr. Seko, déçu. Quel dommage, moi qui pensais que vous seriez intéressé par cette histoire de fossile, vu que votre fils en a trouvé un... »

Rochard senior écarquilla les yeux en l'entendant, bouche bée.

« P... Pardon ?
- Enfin, ce n'est pas très grave. Excusez-moi de vous avoir déran...
- Non, non, qu'est-ce que vous avez dit ? Au sujet de Pierre ?
- Eh bien, c'est lui qui a découvert le fossile que je suis actuellement en train d'étudier, il y a de ça une semaine. Je pensais qu'il vous en aurait parlé, vu que c'est quand même quelque chose d'exceptionnel.
- Non... Je n'ai eu aucune nouvelle de lui depuis presque huit mois.
- ... Ah, » répondit le savant, mal à l'aise.

Le chef d'entreprise conserva le silence et tourna la tête vers la baie vitrée. Son regard se perdit dans le ciel chargé des lourds nuages noirs du volcan réveillé que le vent avait portés jusqu'ici, accentuant la pollution déjà présente dans la métropole. Il ne s'était pas attendu à entendre parler de lui par cet intermédiaire, c'était certain. Était-ce un signe qu'il devrait effectivement s'engager dans ce projet ? Mais pour quel résultat ? Qu'est-ce que cela pourrait leur apporter ? Peut-être une manière indirecte d'aider son fils... Peut-être. Ces scientifiques pourraient très bien choisir de garder tout le mérite pour eux, alors que ça avait été son garçon qui, sans le vouloir, avait incité leurs travaux. Et puis, l'année s'annonçait plus difficile que prévue, avec tous les investissements importants effectués. Ils ne pouvaient a priori pas se permettre de financer à tout va une idée aussi folle et périlleuse...

La décision semblait prise. Pourtant, il demanda :

« Si, par simple hypothèse, vous arriviez à faire fonctionner votre machine et faire revivre ce fossile... Est-ce que vous impliqueriez Pierre ?
- ... Vous me prenez un peu de court, je n'y avais pas vraiment pensé, s'excusa Aloïs Seko. Mais, maintenant que vous le dites... Il serait intéressant de voir comment réagissent ces créatures préhistoriques en vivant avec un Dresseur. Et vu que votre fils est celui qui a trouvé ce fossile, il me semble juste qu'il soit ce Dresseur-là.
- Il pourrait donc utiliser ces Pokémon dans sa quête ?
- Eh bien, si les résultats sont concluants, je ne vois aucune raison pour que cela n'arrive pas. Après tout, il s'agira de ses Pokémon. »

L'homme à l'impeccable costume se pinça l'arête du nez, mesurant encore une fois le pour et le contre d'une telle ambition. Même s'il voulait plus que tout au monde venir en aide à l'adolescent, il ne pouvait mener sa société au bord de la ruine.

« Je vais discuter de tout cela avec mon directeur financier, Aloïs, déclara-t-il finalement. Je ne vous promets rien pour le moment, mais ne prenez pas cela pour un non. Je vous contacterai plus tard pour vous annoncer ma décision finale.
- Bien sûr, je comprends tout à fait. Ce n'est pas non plus urgent, ce fossile ne va pas s'envoler ! Je vous dis à bientôt, alors.
- Oui. Au revoir. »

***
Quand Pierre se réveilla, seul le plafond d'une pièce aux murs d'un vert apaisant s'offrit à lui. Apparemment, il était couché, la tête appuyée sur un gros oreiller. Il cligna plusieurs fois des yeux, se remémorant petit à petit ce qu'il s'était passé. La recherche d'un nouveau Pokémon. La terre qui avait tremblé. Lui dégringolant la pente, puis appelant désespérément à l'aide...

« Cinabre, » murmura-t-il d'un coup, comme s'il venait de réaliser quelque chose.

Il se redressa subitement... Mais une douleur lancinante lui traversa le bras gauche. Par réflexe, il vint aussitôt poser sa main sur la source de cette souffrance en faisant une grimace, pour découvrir avec étonnement qu'on lui avait mis une attelle. Alors qu'il observait son membre enserré dans le tissu, l'adolescent se souvint du bruit de l'os qui craquait sous le poids de la roche et de la douleur ressentie. Cette simple pensée provoqua un tiraillement dans sa chair blessée, suffisamment fort pour qu'il serre les dents.

Une série de bruits électroniques soulagés brisa alors le silence de la salle, faisant sursauter le jeune homme qui releva la tête.

« C... C'est quoi ce truc ?! » s'exclama-t-il, paniqué.

Il voulut reculer pour s'éloigner du gros robot bleuté qui, posté au pied de son lit, avait ses orbites rouges rivés sur lui, la corne pointue faisant office de nez également orientée vers lui. Mais, dans son geste d'affolement, le jeune Rochard s'appuya sur son bras meurtri, oubliant que celui-ci était hors d'usage. Le voyant se le tenir en poussant un gémissement de douleur, la créature de métal essaya de s'approcher de lui en flottant dans les airs, dans le but de lui apporter une quelconque aide. Cependant, le voir venir aussi près ne fit qu'ajouter à l'agitation de Pierre.

« M... M'approche pas ! » s'écria-t-il alors que l'automate tendait vers lui l'un de ses bras articulés terminés par des pinces menaçantes.

La porte s'ouvrit à ce moment-là sur un homme relativement âgé, un stéthoscope autour du cou.

« Ah, ça y est, tu es réveillé, » dit le médecin en fermant derrière lui, un sourire amical et rassurant sur les lèvres.

Il s'avança jusqu'au jeune homme afin de lui prendre sa tension, nullement inquiété par l'être métallique qui se tenait à côté de lui.

« ... Je suis où ? demanda Pierre alors qu'il sentait le métal froid de l'instrument presser son bras valide.
- A l'hôpital de Vermilava. Tu étais inconscient depuis hier. ... Bon, on dirait que tout va bien, déclara l'homme de science en hochant la tête, après quelques minutes d'examen. A part ton humérus, il n'y a pas d'autre casse à signaler. Il va juste falloir quelques mois de repos pour que l'os se répare. Mais, tu te rappelles de comment ça t'est arrivé ?
- Je... Oui, bafouilla le Dresseur, en continuant de surveiller la créature inconnue de ses yeux durs. J'étais sur le Mont Chimnée, et une pierre m'a écrasé le bras, pendant que j'essayais de ne pas tomber de la falaise...
- Eh bien... »

Le docteur remit son instrument autour de son cou, pour ensuite poser une main chaleureuse sur la tête lisse du robot.

« On peut dire que tu as eu beaucoup de chance. Une fracture ouverte, ça peut être très mauvais. Et vu la situation, heureusement que ton Pokémon était capable de te porter jusqu'ici. Sans ça, je pense qu'on aurait pu t'ajouter sur la liste des victimes du volcan... »

Le Métang répondit à la caresse de quelques bips timides, comme pour signifier qu'il n'avait pas fait grand chose. L'homme quitta alors la chambre après lui avoir répété qu'il devait se reposer, laissant le jeune Rochard seul avec le Pokémon étranger.
L'adolescent l'observait toujours d'un œil méfiant, assis sur son lit, dos à l'oreiller épais. Il essayait d'ordonner une nouvelle fois ses pensées. Le toubib venait de dire que c'était ce machin qui l'avait amené ici ? Mais comment était-ce possible, il n'avait jamais vu un truc pareil ! A moins que...

Il fronça les sourcils, en se penchant vers l'avant pour mieux examiner l'automate. En fait... Si, les bras qu'il avait, ils lui disaient quelque chose. Ils ressemblaient comme deux gouttes d'eau au stupide boulet qu'il se trimbalait depuis le début.
La dernière image qu'il ait vue avant de s'évanouir lui revint en mémoire. Il l'avait vu foncer droit sur lui, avec son gros œil rouge presque identique à ceux qu'arboraient le gros robot. Il lui avait même semblé qu'il grossissait. Pas possible...

« Non... C'est toi, boîte de conserve ? » questionna-t-il.

La créature articulée poussa un son qu'il comprit comme étant un acquiescement. Devant sa réponse, Pierre était bouche bée.

« Mais... Mais comment tu... C'est... »

Il se passa une main sur la figure, ne parvenant pas à trouver ses mots. C'était vraiment... Inattendu.

Soudain, une pensée le frappa. Elle avait été écartée par le choc de la rencontre avec le Métang, mais était revenue sitôt qu'il s'était senti apaisé.

« Où est Cinabre ? »

Aussitôt, la créature de métal bleuté baissa le regard. Complètement insatisfait de sa réponse, il répéta, d'une voix plus autoritaire et le regard durcit :

« Arrête de faire comme si tu ne comprenais pas, stupide bestiole ! Où est-elle ?! »

Cette fois-ci, le gros robot secoua sa tête -enfin, c'était plus l'intégralité de son corps, vu qu'après tout, il n'était rien d'autre qu'une large tête flanquée de bras. Comment ça, il ne voulait rien lui dire ?!
Sans apercevoir la lueur de tristesse dans les yeux électroniques, Pierre sauta hors du lit pour toiser son Pokémon de toute sa hauteur, la colère lui faisant oublier son bras endolori.

« Tu vas répondre, oui ?! OU. EST. CINABRE ?!
- Eh là, fiston, pourquoi tu t'agites comme ça ? fit une voix familière dans l'encadrement de la porte. Et pourquoi t'es debout, je croyais que t'avais besoin de te reposer ? »

Surpris, le jeune blessé se tourna vers le Champion de Vermilava, dont les cheveux étaient encore plus grisés que d'accoutumée à cause de l'importante couche de cendre qui s'y était déposée.
Il saisit la chaise à côté de la table de nuit pour s'asseoir dessus, et entreprit de nettoyer ses lunettes rondes, elles aussi rendues crasseuses par les averses noires.

« Bon Arceus, j'vous jure, quel temps pourri, grommela-t-il pendant que le Dresseur reprenait sa place sur le lit d'hôpital. Enfin, chuis bien content de voir que t'es vivant, fiston. Mais quand même, je te dis pas la surprise qu'on a eue en te voyant débarquer dans les bras de cette machine, là, surtout au milieu de tout ce bazar ! »

Il s'interrompit pour examiner ses verres astiqués, et les remit sur son nez. C'est à ce moment-là qu'il se rendit compte que quelque chose clochait.

« Au fait, où est Cinabre ?
- C'est ce que j'aimerais bien savoir... » répondit Pierre d'un ton sec en foudroyant le Métang du regard.

Ce dernier détourna les yeux, les bras baissés au point que ses crochets touchaient presque le sol, comme anéanti et ne sachant pas où se mettre. Pour un vieil homme habitué à côtoyer des Pokémon comme M. Moore, une telle attitude ne pouvait signifier qu'une seule chose.
Les traits de son visage ridé s'affaissèrent, alors qu'il posait une main réconfortante sur l'épaule de son challenger.

« ... Qu'est-ce qui vous prend ? demanda le jeune Dresseur, ne comprenant pas son geste.
- Je suis vraiment désolé, fiston... Mais je crois que... Cinabre est... »

Les mots ne parvinrent pas à franchir sa gorge. Mais qui aurait pu l'en blâmer ? Comment faire pour annoncer une telle nouvelle, en particulier à quelqu'un d'aussi jeune ? Inconsciemment, il se revoyait à peine deux ans plus tôt, lorsque Mawenzi, son vieux Némélios, avait été emporté jusqu'au royaume de l'Éternel* par le Spoliateur**. Il s'y était préparé des semaines durant, mais cela n'avait pas empêché les larmes de couler à flots de ses yeux quand, dans ses bras, le fier félin avait pour la dernière fois fermé ses yeux fatigués par les années et que sa crinière flamboyante s'était dissipée. Mais le pire, ce qui lui avait brisé le cœur, ça avait été d'expliquer à sa petite-fille que son compagnon de jeu préféré ne se réveillerait plus jamais.

Néanmoins, le jeune homme devant lui ne sembla pas comprendre où il voulait en venir.

« Elle doit juste être quelque part sur le volcan, c'est tout. On a été séparés quand la terre a tremblé, et je sais, insista-t-il, que cette stupide boîte de conserve sait où elle est ! »

Firmin Moore le regarda, interloqué. Etait-il sincère, ou bien était-ce simplement qu'il refusait d'admettre la vérité ?

« Écoute, fiston, je ne pense pas que ce soit aussi simple... Presque aucun versant n'a été épargné par la lave. Je doute qu'elle ait pu...
- Quoi, traverser ? Elle a très bien pu utiliser ses Lames de Roc, comme avec Eldfell !
- C'est vrai, mais... Comment t'expliquer... Il y a une grande différence entre la lave d'Eldfell et celle du volcan. Lui est capable d'adapter la température en temps réel, ce qui fait que si un Pokémon tombe dedans, par exemple, il pourra la refroidir avant même qu'il la touche. Mais le magma du Mont Chimnée ne se commande pas. Tu as vu comme moi que les Lames de Roc de Cinabre duraient à peine quand elles étaient dans la lave d'Eldfell. Imagine un peu dans de la vraie lave !
- Ca ne veut rien dire ! Je suis sûr qu'elle s'en est sortie !
- Fiston, la dernière fois, il n'a fallu que quelques secondes à Eldfell pour amener sa mâchoire à un niveau critique. Alors qu'il n'avait même pas atteint sa température maximale ! Comment veux-tu qu'elle ait pu faire quoi que ce soit là-bas ?
- La lave n'a peut-être pas coulé là où elle se trouvait !
- C'est... ! »

Le Champion de feu ne poursuivit pas sa phrase. Ca ne servait à rien de vouloir le raisonner. Il n'accepterait pas la vérité de cette manière. Mais, il ne pouvait pas continuer à se fourvoyer de la sorte, même si ça allait être dur à apprendre...
Une idée vint à l'esprit du grand-père. Une idée qu'il aurait préférée ne pas avoir... Il croisa le regard rouge du gros robot, qui acquiesça tristement. Il semblait avoir compris où il voulait en venir.

« ... Je vais te proposer quelque chose, commença M. Moore. J'organise une autre expédition demain, pour essayer de trouver des survivants. Si le médecin est d'accord, tu viendras avec moi, et on cherchera Cinabre. Ca te va ? »

Il avança sa main, que Pierre serra fermement, une lueur déterminée dans les yeux alors que son ancien adversaire se levait pour partir.

« Vous allez voir, je suis sûr qu'elle va m'engueuler parce qu'on aura mis du temps à la trouver ! » déclara l'adolescent.

Le vieil homme aux cheveux bouclés marqua un temps d'arrêt, la main sur la poignée de la porte.

« Je l'espère, fiston, murmura-t-il sans conviction. Je l'espère sincèrement. »

***
Il avait fallu la mobilisation de toute la persuasion du Champion de feu pour parvenir à convaincre le docteur de laisser Pierre faire partie de l'équipe de recherches. Il céda finalement, non sans exprimer son inquiétude et prononcer de nombreuses mises en garde.
Le lendemain à l'aube, alors que les cendres tombaient encore et toujours sur la ville, le groupe se mit en marche en direction de l'imposant volcan.

Le ciel était aussi noir que du charbon et l'air saturé en particules lorsqu'ils arrivèrent à mi distance du sommet. M. Moore demanda alors aux membres de l'expédition de commencer les recherches, pendant que lui et le jeune Dresseur partaient de leur côté.

« Tu te rappelles l'endroit où vous étiez, quand c'est arrivé ?
- Plus ou moins. En tout cas, on était plus haut. Mais on peut toujours demander à la boîte de conserve... »

Le vieil homme hocha la tête, avant de poser son regard désolé sur la créature de métal bleuté. Sentant qu'il n'avait pas le choix, le Métang prit les devants pour les guider.
Ils grimpèrent le versant pendant plusieurs minutes, laissant leurs traces de pas dans la couche de résidus qui s'étaient accumulés à force de tomber du ciel. Plusieurs fois, le jeune Rochard manqua de tomber, déséquilibré par son bras blessé dans cet environnement montagneux, mais à chaque fois l'un de ses deux compagnons de marche le rattrapait à temps. Cependant, s'il bredouillait un remerciement lorsque le grand-père lui venait en aide, il se contentait d'adresser un regard noir au gros robot quand c'était lui qui réagissait plus rapidement.

Le sommet fumant n'était plus très loin quand l'adolescent reconnut l'endroit.

« C'était là ! s'exclama-t-il en pointant la zone du doigt. On était là quand il y a eu le tremblement de terre. »

Mettant sa main en porte-voix, il se mit à appeler:

« Cinabre ! Cinabre ! »

Firmin Moore poussa un soupir en le voyant s'agiter ainsi. Quelques secondes plus tard, il vint l'interrompre en posant sa main sur son épaule.

« Je crois que ce n'est pas la peine que tu t'égosilles comme ça, fiston...
- Pourquoi ? » s'étonna Pierre.

Le Champion de Vermilava indiqua alors l'automate articulé, immobile devant un amas de rochers recouvert par ce qui semblait être de la lave solidifiée. Frappé par la réalité, le jeune homme écarquilla ses yeux durs comme fer. Mais il rejeta aussitôt cette vérité pour se ruer sur l'éboulis, agrippant les pierres saillantes de sa main intacte pour les dégager.

« Elle doit être coincée dans une galerie !
- Fiston, je...
- Venez m'aider ! »

Firmin Moore et le Métang échangèrent un regard attristé. Puis, après que le vieil homme eut appelé Eldfell pour les aider, le petit groupe commença son labeur, ôtant les pierres en silence à la force des bras, qu'ils soient de chair, de métal ou de magma.
Un éclat terne s'offrit à leurs yeux lorsque les pinces du gros robot déplacèrent une roche aussi massive que lui, déclenchant un fol espoir chez le jeune Rochard.

« Cinabre... ! » murmura-t-il.

Il accéléra ses mouvements en ignorant les protestations de son bras endommagé, trop heureux à l'idée de revoir la fée de métal pour se laisser arrêter par la douleur. Mais, lorsque la jeune Mysdibule fut dégagée, son cœur manqua un battement alors que son visage devenait livide.

Une mâchoire écrasée, cabossée et déformée de partout, la plupart des crocs brisés, engloutie sur une bonne partie par la lave refroidie. C'était tout ce qu'il restait de la créature miel et réglisse.

« Non... Non, non, non, NON !! »

Le hurlement dévasté de Pierre s'éleva dans le ciel chargé de cendres, alors qu'il s'était jeté sur le magma devenu roche pour l'arracher directement avec les doigts. Le Champion l'en empêcha aussitôt en passant son bras sous son épaule indemne.

« Lâchez-moi !! protesta le jeune Dresseur en se débattant.
- Calme-toi, tu vas te blesser encore plus...
- Elle est là-dessous ! On doit la sauver !
- C'est trop tard, fiston, dit le grand-père d'une voix calme pour tenter de l'apaiser. On ne peut plus rien faire...
- SI ON PEUT ! Elle est juste là-dessous ! Elle est... »

Enfin, la vérité parvint à s'affranchir du voile qu'il lui avait jeté pour la dissimuler.
Anéanti, l'adolescent blessé tomba au sol, une expression figée sur le visage. Il... Il ne pouvait pas y croire. Cinabre était... Elle était...
Il eut beau serrer les dents, il lui fut impossible d'endiguer les larmes qui lui montaient aux yeux alors que ces mots funestes se répercutaient sans fin dans son esprit vide de tout. Plié en deux, le front posé sur les vestiges de son amie dont il répétait silencieusement le nom, son corps était agité par les sanglots violents qu'il n'essayait même plus de retenir.

M. Moore regardait avec compassion et tristesse son ancien challenger effondré par le drame. Il aurait voulu lui dire quelque chose, pour lui montrer qu'il comprenait sa douleur. Mais ça n'aurait été qu'un mensonge. Aucune phrase, aucun mot, même prononcé avec la meilleure intention du monde, n'aurait pu le réconforter en l'état actuel des choses. Il était bien placé pour le savoir.
Aussi, sans qu'aucun son n'ait franchi ses lèvres, le vieil homme aux lunettes rondes s'accroupit à hauteur de Pierre et posa sa main dans son dos.

Il n'y avait rien d'autre à faire.

***
« Rooooh, mais pourquoi tu veux jamais jouer, Pierreuh ! » rouspéta la petite fille aux couettes rousses.

Le jeune homme lui accorda un regard terni par la tristesse en guise de réponse.

Cela faisait une dizaine de jours, maintenant, que le Champion Moore avait proposé de l'héberger. Même si une réelle sympathie avait motivé son offre, c'était surtout afin de garder un œil sur lui et s'assurer qu'il ne ferait pas de bêtise qu'il avait voulu l'accueillir chez lui. Il espérait également que sa petite-fille, débordante d'énergie et véritable source à sourires, lui procurerait un peu de joie dans cette difficile épreuve et, pourquoi pas, atténuerait légèrement la blessure béante qu'il avait au cœur.
Cela n'avait pas beaucoup de succès jusqu'à présent, à la plus grande peine du vieil homme. Le jeune Rochard ne mangeait presque pas, parlait à peine, et passait le plus clair de son temps dans la chambre d'ami, allongé de côté sur le lit, les volets fermés pour demeurer dans le noir. Ou alors, quand il réussissait à le faire sortir pour qu'il prenne un peu l'air, il restait sur le banc à bascule, sous le grand saule-pleureur du jardin, et se balançait nonchalamment, le regard perdu dans le vide. Et, depuis tout ce temps, le gros robot bleuté était resté consigné dans sa capsule.

C'était justement à cet endroit qu'il se trouvait quand la fillette, accompagnée du Feurisson de son grand-père, chercha à le faire participer à ses jeux.

« Alleeeeez, tu vas voir, ça va être rigolo ! Vésuve va se cacher, et on va devoir le retrouver ! »

S'apercevant que l'enfant commençait à être vraiment pressante -et sachant qu'elle n'allait pas tarder à devenir vraiment agaçante s'il n'intervenait pas-, M. Moore poussa un petit soupir.

« Adriane ! Viens ici, ma chérie ! »

La mine boudeuse, la petite fille tira discrètement la langue à Pierre avant d'aller voir ce que son grand-père lui voulait, l'hermine cendrée sur les talons.

« Il est pas drôle, il veut jamais jouer avec moi... bougonna-t-elle en croisant les bras.
- Je sais, je sais. Ce n'est pas facile pour lui, en ce moment, c'est tout, répondit l'adulte en caressant ses cheveux roux.
- Maiiis, c'pas facile pour moi non plus, d'abord ! La maîtresse, elle a donné plein de devoirs pour les vacances, c'pas juste !
- Et je suppose que tu as pris la peine de les faire, n'est-ce pas ?
- Ben vi... marmonna Adriane, d'un ton qui fit lever les yeux de son grand-père au ciel, tout en le faisant sourire.
- Petite chipie.
- Mais pourquoi qu'il est comme ça ?
- Pourquoi il est comme ça, » corrigea-t-il.

Il hésita à lui en parler, craignant qu'elle soit indiscrète et involontairement blessante par la suite.

« Eh bien... Tu te rappelles de Mawenzi ? »

La fillette aux couettes acquiesça, la mine chagrinée à l'évocation du vieux lion.

« Il est arrivé plus ou moins la même chose à sa Mysdibule.
- Ah bon ? Elle aussi, elle a été emportée par le Grand Vautour** ?
- Plus par le volcan, mais oui. Il ne pourra plus jamais la voir.
- Ah... C'est pour ça qu'il est tout triste ?
- Oui... Mais il vaut mieux ne pas lui en parler, d'accord ? Tu te souviens, tu n'arrêtais pas de pleurer dès que tu voyais une photo de Mawenzi.
- Oui papy. »

Une odeur alléchante émana alors de la porte ouverte de la maison, emplissant l'air exceptionnellement exempt de cendres. Aussitôt, le Feurisson délaissa les deux humains pour filer à l'intérieur en se léchant les babines.

« Ah, on dirait que mamie a presque fini ses Lava Cookies. Et si tu allais l'aider pour les décorer ?
- Oh oui ! » s'écria l'enfant, les yeux pétillants.

Sans plus attendre, elle courut jusqu'à la cuisine, suivie du regard par son aïeul. Une fois qu'elle eut disparu après avoir passé le cadre de la porte, ses traits s'affaissèrent tandis qu'il reportait son attention sur le jeune homme amorphe. Remontant ses lunettes rondes sur son nez, le Champion de Vermilava alla à sa rencontre.

« Tu permets que je te rejoigne ? » demanda-t-il en désignant la place libre sur le banc.

Pierre leva ses yeux éteints vers lui, avant de hocher mollement la tête.

« Merci. »

Le vieil homme s'installa sur le siège qui se balançait doucement. Ils restèrent là, en silence, appréciant l'air frais et enfin propre de cet après-midi d'automne.

« Comment va ton bras ? Il ne te fait pas trop mal ? »

Un haussement d'épaules fut tout ce qu'il obtint comme réponse.

« Au fait, j'ai une bonne nouvelle ! Les lignes téléphoniques ont enfin été réparées ! Tu vas pouvoir appeler ta famille pour les rassurer. »

Le silence, à nouveau. Mais, au bout d'une dizaine de secondes, les lèvres du jeune homme s'activèrent.

« Je veux pas les appeler... » dit-il tout bas.

Cela ne manqua pas d'étonner le grand-père.

« Pourquoi ? Ils doivent se faire du souci pour toi !
- ... Ma mère... Elle sait même pas que je suis Dresseur... Et je veux pas parler à mon père... Surtout pas. »

Devant cette réponse, Firmin Moore commença par ne rien dire. Sa situation familiale était-elle si compliquée que cela pour qu'il refuse de donner des nouvelles dans une situation aussi grave ?
Il se garda bien de faire une remarque là-dessus. Il ne s'agissait pas de ses affaires, et Pierre n'avait certainement pas besoin de revenir sur ces problèmes-là maintenant.

« Tu sais, fiston, je t'apprécie beaucoup, finit par déclarer le Champion. Et je suis sincère. Ca doit être parce que t'es l'une des personnes que j'ai affrontée le plus souvent, parce que les Dresseurs de passage avec qui j'ai encore des contacts, je peux les compter sur les doigts d'une main. »

Il s'interrompit un instant, mais le jeune Rochard était toujours muré dans son mutisme.

« Si je te dis ça, c'est parce que j'ai pas envie que tu croies que je veux te foutre à la porte avec ce que je vais te conseiller de faire. On est bien d'accord ? »

Un léger hochement de tête fut tout ce qu'il obtint. Au moins, il l'écoutait. Après avoir pris une grande inspiration, l'adulte aux cheveux bouclés poursuivit :

« Tu es dans un moment très difficile de ta vie. Ne t'en fais pas, je ne vais pas venir remuer le couteau dans la plaie en te disant que tu aurais dû être plus prudent ou autre. Personne n'aurait pu prévoir cette catastrophe, alors je vais pas te blâmer pour ça. Par contre... Je ne pense pas que tu sois au meilleur endroit, ni avec les meilleures personnes pour digérer tout ça. »

Cette fois-ci, il fut un peu plus réactif, tournant même la tête vers lui pour le fixer de ses yeux vides.

« Dans ces moments-là, la chose la plus précieuse au monde, c'est la famille. Il n'y a qu'avec les siens qu'on arrive à se serrer autant les coudes. Tu peux me croire, parce que j'en ai eue des belles, par le passé. C'est vrai que c'est pas toujours tout rose, mais j'ai toujours réussi à m'en sortir grâce à eux. Je dis pas que tu guéris complètement, mais c'est pas loin. Alors, pourquoi ça marcherait pas avec toi ? »

Leur conversation fut interrompue par Adriane, qui revenait en courant vers eux. Elle tenait le bas de son t-shirt à manches longues, comme si elle transportait quelque chose. S'arrêtant à leur hauteur, elle plongea la main dans sa poche improvisée pour en sortir un biscuit tout rond encore chaud, sur lequel une flamme avait été dessinée.

« Tiens papy, il est pour toi celui-là !
- Merci, ma chérie. Oh, ton dessin est encore plus beau que la dernière fois ! »

Le visage enfantin de la petite fille s'éclaira devant ce compliment. Mais elle avait déjà remis sa main dans le récipient de tissu.

« Et pour toi, c'est celui-là ! » annonça-t-elle fièrement en tendant un cookie à Pierre.

Après quelques secondes de latence, il finit par prendre le gâteau. Quand il baissa les yeux dessus, il croisa le regard de sucre du visage souriant qui décorait la pâtisserie.

« Merci... » bredouilla-t-il.

Le sourire de l'enfant aux cheveux roux s'étira encore plus. Elle se tourna alors vers son grand-père.

« Dis papy, on peut jouer aux cartes ?
- Pourquoi pas ? A quoi ?
- Au jeu des sept couleurs*** ! s'écria-t-elle. Mais tu triches pas comme la dernière fois, hein !
- Hey ! C'est pas de ma faute si j'avais pas vu que j'avais Archéomire dans ma main quand tu me l'as demandé !
- J'te crois pas, rétorqua-t-elle. On peut jouer sur la terrasse, dis ?
- D'accord. Va chercher les cartes. Tu veux te joindre à nous, fiston ?
- Oh ouiii !! Joue avec nous, Pierre ! C'est plus marrant quand on est trois ! Et comme ça, papy il trichera pas ! »

Avec nonchalance, le jeune homme secoua la tête pour refuser, à la grande déception d'Adriane. Le grand-père et sa petite-fille s'éloignèrent, le laissant seul sur le banc à ruminer ses pensées.
Se souvenant du biscuit dans sa main, il le porta lentement à sa bouche, pour en prendre un morceau. Il reconnut le goût des baies Chocco dès que la première miette toucha sa langue. Et aussitôt, le souvenir des desserts de sa mère lui revint en mémoire. Elle adorait y mettre de ces fruits-là.

Alors qu'il mâchait le cookie, des questions apparurent dans son esprit. Depuis combien de temps n'avait-il pas goûté à sa cuisine ? Depuis combien de temps ne l'avait-il pas vue ? Et aussi, depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas parlé ?

Quelques minutes plus tard, l'adolescent se leva enfin du banc à bascule pour s'approcher de la table de jeu.

« M. Moore, » commença-t-il en interrompant la partie.

Ce dernier leva les yeux de sa main pour les poser sur son invité.

« Je... Je vais réfléchir à ce que vous m'avez dit. »

Le vieil homme hocha la tête d'un air bienveillant.

« Prends tout ton temps. Mais, fais-nous plaisir : viens jouer.
- ... Je suppose que je n'ai pas le choix... soupira Pierre en s'installant, tandis que le Champion redistribuait les cartes.
- Youpi ! C'est toi qui commences, papy !
- Très bien. Adriane, chez les Plumes Oranges, je demande Poussifeu.
- Mais non, c'est pas justeuh ! Tu triches ! »

***
« Céline. »

En entendant son nom, la femme détourna la tête de son écran d'ordinateur pour regarder son collègue.

« Hum ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu es occupée ?
- Non, ça va, je finissais juste quelques calculs de trajectoire pour le satellite de Féli-TV. Pourquoi ?
- J'ai eu un appel de l'accueil. Y'a quelqu'un qui te demande en bas.
- Ah ? » s'étonna-t-elle.

Elle passa une main dans ses courts cheveux noirs, avant de s'étirer sur son siège. Un grognement de satisfaction s'échappa de sa gorge lorsque sa colonne vertébrale craqua, puis elle rajusta machinalement le foulard autour de son cou.

« Ils t'ont dit qui c'est ?
- Un garçon du nom de Pierre, apparemment.
- ... Pierre ?! » répéta Céline, les yeux écarquillés par l'étonnement.

Non, ce n'était quand même pas...

« Je vais aller voir, annonça-t-elle en se levant, enfilant sa veste au passage.
- Pas de souci. »

Quelques instants plus tard, elle descendait les dernières marches de l'escalier menant au hall d'accueil de l'Institut Spatial d'Algatia. La voyant, l'un des réceptionnistes lui indiqua un jeune homme avec le bras gauche en écharpe, assis sur l'un des fauteuils près de la grande baie vitrée. Elle n'eut même pas besoin de s'approcher davantage pour le reconnaître, et ce malgré ses cheveux d'une teinte différente de la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés.

« Pierre ! Ca alors, si je m'attendais à te voir ici, mon grand ! » s'exclama sa mère.

Il avait à peine eu le temps de tourner la tête vers elle et de se lever que, déjà, elle l'avait enlacé.

« Aïe, grimaça l'adolescent alors qu'elle avait appuyé sur sa fracture sans faire exprès.
- Ca fait si longtemps qu'on ne s'est pas vus ! Ca fait bizarre de te voir avec les cheveux argentés, mais ça te va bien, je trouve. Comment vas-tu ? Ton voyage, ça se passe bien ? Et qu'est-ce qui t'es arrivé pour que tu aies le bras dans cet état ?
- Je, euh... Attends, t'es au courant pour mon voyage ?
- Bien sûr ! Ah, une seconde, je vais les prévenir que je prends mon après-midi, comme ça on pourra aller tranquillement à la maison. »

Avant qu'il ait pu en placer une, elle s'était déjà dirigée vers le guichet d'accueil, pour revenir quelques instants plus tard.

« Voilà, c'est fait. Tu as besoin d'aide pour tes affaires ?
- Non, ça va, j'ai juste mon sac à dos.
- Tu ne vas quand même pas le porter dans ton état ! Laisse-moi faire !
- Mais je... ! »tenta-t-il de protester, mais Céline avait déjà mis le bagage dans son dos.

Il poussa un soupir alors qu'ils quittaient l'imposant bâtiment. Quand même, il avait porté son sac jusqu'ici malgré son bras, ce n'était pas la peine de le materner comme ça. Enfin...

« Quand es-tu arrivé à Algatia ?
- Y'a un peu plus d'une heure. Je suis venu par le premier bateau. Mais comment ça se fait que tu savais pour mon voyage ?
- Ce n'est pas parce que nous sommes divorcés, avec ton père, qu'on ne se parle plus. Il m'a appelé pour me l'annoncer à peu près une demi-heure après que tu es parti de chez lui. Et je peux te dire que j'étais furieuse !
- Tu m'étonnes... » répliqua-t-il d'un ton méprisant.

La scientifique aux cheveux noirs fronça aussitôt les sourcils devant sa réponse, tandis qu'ils s'étaient installés dans le bus de ville.

« Je crois que tu n'as pas bien compris. Je n'étais pas furieuse contre ton père, mais contre toi.
- Hein ? Mais pourquoi ?
- Tu n'as pas idée de traiter ton père de la sorte, jeune homme ? Le frapper alors qu'il n'a jamais levé la main sur toi ?! Je sais que ça n'allait pas fort entre vous deux depuis un bon bout de temps, mais tu avais vraiment besoin d'en arriver là ?!
- Oui, bon... Je me suis peut-être laissé emporter...
- Peut-être ?! Tu n'as même pas pris la peine de l'appeler pour t'excuser !
- Sinon, fit-il pour changer de sujet, sentant que ça commençait à chauffer sérieusement pour lui. Ca va, ton boulot à l'Institut ?
- ... Ca va, oui, répondit sa mère après avoir hésité à poursuivre son sermon. Le prochain lancement est prévu dans moins d'une semaine. On finit les derniers détails.
- Ah bon.
- Oui. Et donc, comment tu t'es fait ça au bras ? »

Pierre allait lui raconter sa mésaventure quand l'image de son amie disparue s'afficha dans son esprit. S'il voulait lui expliquer, il allait inévitablement devoir l'évoquer... Chose dont il ne se sentait pas capable.

« C'est une pierre qui m'a écrasé le bras... » murmura-t-il tristement, la tête baissée.

Un tel comportement ne manqua pas d'étonner sa mère, bien placée pour savoir quand son fils ne lui disait pas toute la vérité. Surtout, elle était intriguée, voire inquiétée, par l'expression de son visage. S'était-il passé quelque chose de grave ?
Elle n'eut cependant pas le temps de lui demander ce qui n'allait pas, car ils avaient atteint l'arrêt de bus où ils devaient descendre. Ca attendrait qu'ils soient chez elle.

Un peu plus tard, ils étaient installés à la table basse du petit salon. Céline finissait de préparer la collation improvisée en versant du thé épicé aux baies Lichii dans les tasses, puis lui tendit une assiette contenant des parts de gâteau d'un rouge sombre.

« Ca doit faire une éternité que tu n'avais pas mangé de mon gâteau aux baies Chocco, hein ? » dit-elle en souriant alors qu'il mordait dans le morceau qu'il avait choisi.

Il acquiesça d'un hochement de tête, mais garda le silence.

« Alors, ce voyage ? Tu ne m'en as toujours pas parlé. »

Il cessa sa mastication un bref instant. A nouveau, l'image de la Mysdibule s'était gravée dans sa tête.

« J'ai deux badges. »

C'était tout ce qu'il avait réussi à dire, et cette courte réponse ne fit qu'accroître l'inquiétude de la femme aux cheveux courts.

« Et... ?
- Et... C'est tout.
- ... Tu n'as rien d'autre à me raconter ? Tiens, pourquoi tu ne me montrerais pas tes Pokémon ?
- ... Si tu veux... »

D'un geste nonchalant, il saisit la capsule dans la poche intérieure de sa veste et l'ouvrit, matérialisant le gros robot dans la pièce. Le Métang poussa des sons intrigués en voyant cet environnement inconnu. Il fallait dire que la dernière fois qu'il avait vu la lumière du jour, presque trois semaines auparavant, ils se trouvaient sur le Mont Chimnée en compagnie de M. Moore.

« Ca alors, un Métang ? s'enthousiasma la scientifique, tandis que l'automate articulé la saluait.
- Ouais... Un cadeau de papa, fit-il d'un ton amer.
- Il a bien choisi, alors !
- ... Quoi ?
- Les Métang et les Métalosse sont les Pokémon qu'on utilise le plus à l'Institut, que ce soit pour les calculs ou l'assemblage des fusées et des sondes. On en programme même certains pour qu'ils accompagnent les missions dans l'espace ! Ils sont très fiables, tu peux me croire ! »

Le jeune Rochard ne répondit pas, mais fixa la créature métallique d'un regard dédaigneux. Très fiable ? La boîte de conserve avait dû avoir un bug dans sa programmation, alors, parce que ce n'était certainement pas son cas !

« C'est tout... ?
- ... Oui...
- Pourtant, dans le journal, il m'avait semblé avoir lu que tu en avais un autre... Une Mysdibule du nom de Cinabre, non ? »

Céline regretta d'avoir dit cela au moment où elle vit les yeux grands ouverts de son fils se poser brusquement sur elle. Son visage se crispa, alors qu'il serrait les dents pour retenir les larmes qui se faisaient sentir. Finalement, il se pencha vers l'avant, presque plié en deux, sa main libre plaquée sur ses yeux, comme pour empêcher vainement les pleurs de se montrer.
Aussitôt, sa mère se leva pour s'asseoir à côté de lui, se sentant coupable de son état.

« Pierre... »

Il se laissa faire quand elle le prit dans ses bras pour l'amener contre elle. Et tandis qu'elle le berçait doucement en lui caressant les cheveux, comme lorsqu'il était petit, il laissa éclater tout son chagrin.

***
La scientifique referma la porte de la chambre où se trouvait son fils, qui avait besoin de repos après ses longs sanglots. Revenant dans le salon, elle décrocha le téléphone fixe et tapa un numéro précis.

« Allô ? fit une voix après quelques secondes d'attente, pendant lesquelles elle avait laissé ses doigts jouer avec son foulard.
- Bonjour Adam. Je ne te dérange pas, j'espère ?
- Céline ? Non, ça va, mais... Qu'est-ce qu'il se passe, pour que tu m'appelles sur ma ligne directe ?
- Quelque chose d'assez inattendu... Pierre est chez moi.
- ... Quoi ?! Mais... Depuis quand ? Il va bien ?
- Il est arrivé il n'y a même pas trois heures. Par contre... Non, il ne va pas bien.
- Comment ça ? demanda M. Rochard, anxieux.
- Tu sais, l'éruption du Mont Chimnée qui s'est produite il y a quelques semaines ?
- Oui. ... Ne me dis pas que...
- Si, malheureusement... Il y était. Il a eu le bras cassé, mais c'est en train de guérir.
- Tant mieux, alors...
- En revanche... Il y a autre chose, qui l'a profondément blessé. De ce que j'ai compris quand il m'a expliqué, sa Mysdibule s'est retrouvée prise au piège et... Elle n'a pas survécu. »

Le silence se fit au bout du fil, long de presque une minute.

« Adam ?
- Oui, oui, je suis toujours là. C'est juste que... Je m'inquiétais de ne plus avoir de ses nouvelles. Et apprendre ça, c'est...
- Il ne voulait pas que je t'en parle, mais ça me paraissait trop important pour que tu ne sois pas au courant. Quoi qu'il en soit, il va rester ici jusqu'à ce qu'il aille mieux, que ce soit son bras ou son moral.
- Merci Céline. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je peux aider.
- Je n'en doute pas. Allez, essaye quand même de passer une bonne journée.
- Toi aussi. »

La mère de Pierre reposa le combiné, le visage chagriné. Des bruits d'ordinateur se firent alors entendre derrière elle, et elle se retourna pour faire face au Métang. Un sourire triste aux lèvres, elle posa sa main sur la large tête du gros robot.

« Je suppose que tu le sais, mais ton maître ne va pas bien. Alors, on va tout faire pour lui remonter le moral. Tu es d'accord ? »

L'automate mécanique approuva aussitôt. Oui, il était prêt à faire tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider !

***
L'état de Pierre s'améliora doucement lors des semaines qui suivirent, notamment grâce aux efforts conjugués de la scientifique et de la créature de métal bleu pour lui changer les idées. Sa mère essayait de lui donner quelques petits travaux à faire, de le faire sortir prendre l'air afin qu'il ait la tête occupée. Quand elle était obligée de le laisser pour se rendre à son travail, le Métang prenait le relais. Mais, il avait beaucoup moins de succès que la femme aux cheveux courts... Bien souvent, la seule chose qu'il obtenait de son Dresseur était un regard froid, antipathique, quand il ne lui criait pas carrément dessus de le laisser tranquille.

En réalité, si le jeune homme aux cheveux d'acier était toujours en train de faire son deuil, il ne réfléchissait pas moins à son avenir. Qu'allait-il pouvoir faire, maintenant qu'elle n'était plus là... ? Le Défi de la Ligue n'avait été qu'un prétexte, mais il y avait pris goût, finalement, et ce malgré ses échecs répétés face au Champion de Vermilava. En fait... Encore une fois, c'était elle qui lui avait permis d'apprécier ce voyage. Mais, comment pouvait-il espérer réussir, maintenant qu'il n'avait plus que la stupide boîte de conserve...
Sauf que... La machine n'avait plus l'air aussi inutile qu'avant. Peut-être était-ce dû à sa transformation, mais elle était beaucoup plus débrouillarde qu'elle ne l'avait jamais été auparavant. Il l'avait vue faire léviter des objets dans les airs, sans le moindre trucage, lors de ses tentatives pitoyables pour lui décrocher un sourire. Et ses pinces arrivaient à découper de la tôle sans problème et avec précision, comme il avait pu s'en apercevoir lorsque sa mère avait voulu réaménager le garage. En plus, Céline, pensant l'intéresser, lui avait assuré qu'il avait encore plein d'atouts à lui montrer.

Oui, sauf qu'utiliser des capacités comme ça dans la vie de tous les jours, c'était autre chose que lors d'un affrontement. A tous les coups, il ne parviendrait jamais à réagir à temps, ni à prendre la bonne décision dans un combat. Après tout, un boulet restait un boulet. Et dans ce cas, il vaudrait peut-être mieux arrêter plutôt que de s'entêter... Mais pour faire quoi ? Retourner étudier ? Il n'avait pas envie de revenir à une vie ennuyeuse de lycéen...

Arriva alors le Jour du Prodigue. Le moment où il prit sa décision.

Ce soir-là, ils étaient en train de manger le traditionnel gâteau aux baies Fraigo quand sa mère se leva et se dirigea vers le buffet.

« J'ai reçu un colis pour toi, il y a quelques jours. A n'ouvrir qu'aujourd'hui, m'a dit le facteur. »

Intrigué, le jeune Rochard prit le paquet qu'on lui tendait, et commença par lire la carte qui était attachée au ruban.

« Pour qu'elle soit toujours avec toi
F. Moore
 »

Le cœur de Pierre fit un bond dans sa poitrine. Il lâcha le mot et, les doigts tremblants, s'empressa de défaire l'emballage. Le papier de couleur dévoila un écrin de bois vernis, dont il souleva doucement le couvercle. Il craignait un peu de voir ce qui se trouvait dedans. Cependant, ce fut l'étonnement qui s'afficha sur son visage quand il vit le contenu du coffret.
Sur le coussin bleu nuit qui tapissait l'intérieur reposaient plusieurs objets faits d'un métal sombre. Quatre bagues, deux bracelets, une broche et un pendentif.

Perplexe, l'adolescent au bras en écharpe se demandait si le vieux Champion n'était pas en train de se moquer de lui -lui, porter des bijoux ? C'était peut-être un plaisir pour sa petite-fille, mais très peu pour lui- quand il vit la feuille de papier pliée en deux, dans le couvercle.

« Salut fiston,

J'espère que tu vas mieux par rapport à la dernière fois qu'on s'est vus.

Je voulais t'offrir quelque chose pour le Jour du Prodigue, mais je savais pas vraiment quoi...
Et puis, j'ai vu la mâchoire qu'on avait ramenée du volcan, en train de prendre la poussière. Je trouvais que ça aurait été complètement stupide de la jeter, vu que... C'est quand même elle, quoi.
Du coup, je me suis permis de fondre le métal pour faire ces babioles-là. Je sais que ça ne la remplacera jamais, mais comme ça, au moins, ça fera un peu comme si elle était toujours là.

Je suis pas très à l'aise pour faire des lettres, et j'aurais préféré te dire ça directement, mais on a pas toujours ce qu'on veut. Alors, laisse-moi juste te dire une bonne chose : ne laisse pas tout ça te détruire. Tu as la gnaque, fiston, et ce serait bête que tu la laisses filer à cause de ça. Tu ne crois pas que c'est ce qu'elle aurait voulu ? Tu peux aller très loin, j'en suis convaincu.

Bref, porte-toi bien. Et n'hésite pas à passer me voir, que ce soit pour ton match ou juste pour discuter un peu.

Joyeux Jour du Prodigue, de la part d'Adriane et moi.
 »

Le jeune Dresseur demeura interdit à la fin de sa lecture. Il avait... Vraiment fait une chose pareille ? Il ne savait vraiment pas quoi en penser. Il était abasourdi... Mais ne pouvait pas en vouloir au grand-père. Non, en fait, il lui était même reconnaissant. Reconnaissant de lui avoir transmis les restes de son amie disparue, en leur donnant une nouvelle vie.

Sa mère se pencha alors sur le cadeau, tout comme le Métang s'élevait légèrement pour les avoir dans son champ de vision. Il comprit aussitôt de quoi il s'agissait.

« Oh, comme c'est joli ! s'écria Céline. Qu'est-ce que c'est ?
- C'est Cinabre. »

La scientifique aux cheveux courts le regarda avec des grands yeux surpris. C'était la première fois qu'il prononçait son nom depuis qu'il était ici.
Mais son fils ne sembla pas s'en apercevoir, occupé à examiner un à un les objets de métal. Bien que sobres, ils étaient tous d'une excellente qualité. Et, à mesure qu'il les tournait entre ses doigts, il ressassait le conseil du Champion et son propre débat interne.

« Maman, mon bras sera guéri dans combien de temps, déjà ?
- Si je me souviens bien, le médecin a dit que tu devais garder ton attelle jusqu'à la mi-janvier, voire février pour être certains qu'il soit bien remis.
- ... »

Il reposa précautionneusement la bague qu'il tenait dans sa main valide, et se tourna vers le gros robot, le regard un peu durci.

« Tu vas avoir intérêt à t'entraîner dur pendant tout ce temps, toi, déclara-t-il d'une voix sèche. T'as l'air moins boulet maintenant, alors tâche d'améliorer encore ça ! »

L'automate mécanique pencha un peu la tête sur le côté, intrigué, mais poussa quand même des bruits montrant qu'il avait bien compris le message.

C'était décidé. Dès février, il reprendrait le Défi de la Ligue.

- - - - -
* : L'Eternel est l'un des nombreux noms donnés à Arceus.

** : Le Spoliateur et le Grand Vautour désignent Yveltal, considéré comme étant le Dieu de la Mort. Les personnes sur le point de mourir le verraient planer au-dessus d'elles, avant qu'il ne prenne leur âme entre ses serres pour la ramener jusqu'à Arceus.

*** : Le jeu des sept couleurs est l'équivalent Pokémon de notre jeu des sept familles, où les joueurs doivent essayer de réunir toutes les cartes d'une des sept couleurs de l'arc-en-ciel. Certaines variantes incluent aussi la Règle des Plumes, qui consiste à jouer avec trois cartes supplémentaires (l'Arc-en-ci'Aile, l'Argent'Aile et la Lun'Aile), qui font plus ou moins office de joker.