Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent à plusieurs reprises Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Suite à un conflit contre la Team Aqua, le bateau de Monsieur Marco explose et Sofian, Flora, Timmy, Picko et la Team Rocket se retrouvent éparpillés dans l’océan. Tous échouent au Village Myokara où une enquête est lancée, mais Picko est porté disparu tandis que la police confirme le décès de Monsieur Marco. Jessie, James et Miaouss, soupçonnés par la police de faire partie de la Team Rocket, arrivent à s’enfuir dans la nature tandis que Timmy se sent toujours très faible physiquement. Le Békipan de Sofian décide de partir à la recherche de Picko alors que celui-ci est retrouvé en très mauvais état par un Écrapince sauvage que Sofian arrive à capturer.

Village Myokara


« Poussifeu, sept semaines, petit poussin aux pouvoirs embrasés. Point fort : connait une technique de type vol capable d’infliger des dégâts considérables contre des pokémons de type combat. Points faibles : peu d’expérience, petite taille, tendance à se laisser emporter par ses émotions.
Nirondelle, deux ans, oiseau téméraire, petit chef de clan qui se bat pour le bien-être de ses proches. Points forts : courageuse, rapide et obéissante. Points faibles : a encore besoin d’entraînement.
Écrapince, un an et trois mois, petit crabe à forte personnalité. Points forts : endurance inégalable, fourberie sans précédent. Points faibles : nouveau dans l’équipe, pas encore en phase avec les ordres qu’on lui donne. »
En relisant ses notes qu’il avait prises pendant les quelques heures d’observation qu’il avait eu la chance d’organiser, Sofian sentit l’angoisse prendre place en lui. Maintenant qu’il y réfléchissait plus calmement, défier Bastien avait été une très mauvaise idée car son équipe était loin d’être prête. Mais il ne pouvait plus reculer, le défi avait été lancé et il allait devoir l’affronter. Sofian plongea son regard dans les yeux de ses trois pokémons.
La veille, il avait passé toute la soirée à présenter Écrapince à ses autres pokémons et à essayer de l’inclure dans l’équipe, mais en vain. Le caractère fourbe d’Écrapince n’allait pas en phase avec celui de Poussifeu et Nirondelle, et il avait eu beaucoup de mal à faire accepter à ses deux compagnons de voyage d’entamer une relation positive avec le nouvel arrivant. De plus, Écrapince n’avait pas aidé en se montrant hostile et en profitant de la force de ses pinces pour imposer sa loi au sein du groupe. Malgré les ordres que Sofian lui avait donnés pour essayer de le rendre plus aimable, il se rendait bien compte que son éducation ne se ferait pas en une soirée et s’était contenté de leur servir un discours encourageant pour le match contre le champion du Village Myokara.
Le matin du fameux match, assis sur le sable de sa plage préférée, les trois pokémons alignés en une file presque parfaite – étant donné qu’Écrapince jouait à nouveau de ses muscles afin de se montrer le moins conformiste possible –, il observait avec lassitude son équipe de choc qu’il allait devoir entraîner à la quatrième vitesse s’il voulait avoir un semblant de stratégie avant de se rendre à l’arène à midi.
– C’est pas gagné d’avance, soupira Sofian pour lui-même en essayant de séparer Écrapince et Poussifeu qui s’était rebellé contre son camarade qui avait essayé de lui voler sa baie.
S’il allait devoir mettre un pokémon sur la touche, Sofian hésitait toujours quant à celui qu’il choisirait. Nirondelle devait être la clé du match ; grâce à ses capacités vol, elle aurait tous les avantages pour gagner. Poussifeu, quant à lui, était le candidat le moins propice à arracher une victoire contre les muscles développés du Makuhita de Bastien. Mais le fait qu’Écrapince était nouveau dans l’équipe pouvait être synonyme de défaite s’il l’utilisait. Cependant, il était convaincu que la ténacité dont il avait fait preuve la veille en défendant Picko serait un atout décisif de l’issue du match et qu’il ne pouvait pas se permettre de passer à côté d’une telle qualité. Ça y était, le choix était fait.

L’entraînement fut, malgré les apparences, un franc succès. Nirondelle avait peut-être toujours de gros problèmes avec son attaque « cru-aile », mais sa rapidité compensait. Écrapince de son côté s’était montré particulièrement attentif aux explications de son maître – surement avait-il voulu montrer qu’il était meilleur que Nirondelle, songea Sofian.
Flora et Timmy le rejoignirent sur la plage remplie de vacanciers, et Sofian comprit alors que l’heure du match pour son deuxième badge avait sonné.
– Picko est toujours aux soins intensifs, annonça sombrement Flora en arrivant, son état est toujours très faible et l’infirmière Joëlle n’a pas l’air d’être très optimiste.
– Si nous avons pu nous en remettre, lui aussi le pourra, assura Timmy avec confiance. Alors Sofian, prêt ?
Sofian déglutit et lui fit une grimace non-rassurée.
– Stressé… marmonna-t-il.
– Tant mieux ! Si tu avais trop confiance en toi, tu risquerais de perdre royalement.
– En attendant, Bastien est un champion de haute catégorie, ajouta Flora, les yeux brillant d’émerveillement. Il paraît que ses pokémons sont tout aussi musclés que lui car ils s’entraînent ensemble dans une salle de sport. Si c’est pas trop chou ! Personnellement, quand je vois ses muscles, j’ai pas trop envie de m’affronter à ses pokémons…
– Merci de produire autant d’efforts pour me rassurer, Flora, rétorqua froidement Sofian.
– Et tu es sûr qu’Écrapince est un bon choix ? Je veux dire, tu ne le connais pas encore très bien et tu vas affronter un champion qui partage des années d’amitié avec son pokémon…
– J’ai passé la nuit à étudier la fiche technique d’Écrapince sur le Pokédex, interrompit Sofian pour lui clouer le bec. Je connais ses attaques par cœur, ses efficacités et j’ai mis au point une stratégie. Ça va aller !
Et Sofian fit rentrer ses pokémons dans leurs pokéballs avant de quitter la plage en direction du Village Myokara.
– Tu as l’air au point, encouragea Timmy de loin en faisant des grands yeux à Flora.
Flora lui répondit par un haussement d’épaule et murmura :
– Je le soutiendrai le jour où il prendra en considération les concours pokémons !
Ce à quoi Timmy soupira.


L’ambiance de l’arène du Village Myokara n’avait rien de comparable à celle que Sofian avait déjà visitée à Mérouville. Tout d’abord, la luminosité était si faible que les quelques spectateurs dont le match intéressait – principalement des dresseurs voulant évaluer le niveau du champion avant de le combattre – ne ressemblaient qu’à des masses informes aux contours obscurs et méconnaissables. Sofian ne pouvait distinguer ses deux amis que parce qu’il savait où ils s’étaient installés précédemment. Le seul endroit que les lampes du plafond daignaient baigner de lumière était le terrain du combat revêtu par d’innombrables tatamis, ce qui intensifiait l’idée de salle de sport que se faisait Sofian en observant les lieux.
Sofian se posta dans le rectangle réservé au dresseur et attendit que l’arbitre prenne place sur sa haute chaise à droite du terrain alors que Bastien entrait dans la salle par une porte vitrée qui donnait sur une salle de fitness. Bastien prit place de l’autre côté du terrain et défia Sofian du regard.
– Le combat opposant le challenger Sofian, dresseur du Bourg-en-vol, à Bastien, le champion de l'arène du Village Myokara, est sur le point de débuter, annonça l'arbitre d’une voix forte et claire. Chacun a droit à deux pokémons et seul le challenger aura le droit de changer de pokémon en cours de combat. Le combat se déroulera dans le respect des arts martiaux. À la clé pour le dresseur en cas de victoire : le badge Poing.
L’arbitre montra au public le petit objet que Sofian n’arriva pas à apercevoir de l’endroit où il se tenait. Les pulsations de son cœur accélérèrent lorsque l’arbitre s’écria :
– Bonne chance à vous deux et que le match commence !
– Comme tu peux t’en douter, tes pokémons vont devoir affronter mon Makhuita, annonça Bastien actionnant une pokéball.
Le pokémon que Sofian avait rencontré la vieille se matérialisa dans le cercle central du terrain et étira les muscles de ses membres en défiant Sofian du regard. Il était désormais temps de faire appel à son premier pokémon et des gouttes de sueur perlèrent sur le front de Sofian qui n’avait cessé de changer sa stratégie tout au long de la journée. À présent, il n’avait plus le choix, il fallait qu’il se décide.
– Ne me fais pas regretter ce choix, Écrapince ! dit-il en lançant sa deuxième pokéball dans les airs.
Le petit crabe orange apparut à deux mètres de Makuhita dans le cercle central et répondit au regard défiant de son adversaire par un sourire mesquin.

– Je ne comprends pas, s’étonna Flora, pourquoi il n’a pas envoyé Nirondelle ?
– Nirondelle est le pokémon le plus fort de son équipe pour battre des pokémons de type combat, expliqua Timmy. Il doit probablement la garder en jocker pour terminer le travail.
– Ça m’a l’air assez branlant comme stratégie.
– Oui, c’est la stratégie des dresseurs qui sont en position de faiblesse dans un combat. J’ai l’impression que Sofian n’est pas du tout sûr de ce qu’il fait…
– De toute façon, qu’il soit prêt ou pas, Bastien est beaucoup trop fort pour lui ! assura Flora en observant attentivement le corps du champion. Regarde tous ses muscles ! Sofian n’a aucune chance de gagner face à un corps si parfait.
– C’est un combat pokémon qu’il va livrer, Flora, pas un concours de Mister Hoenn…
– Ce serait tellement plus intéressant de voir des garçons défiler en maillot aux côtés de leurs pokémons… marmonna Flora en partant dans ses rêveries fantasmatiques.

Sofian serra les dents en entendant la conversation de ses amis qui ne se cachaient pas de parler haut et fort derrière lui. Alors comme ça Bastien était le champion de la lutte grâce à ses muscles ? Et bien si ses pokémons étaient si puissants, encore fallait-il qu’il puisse toucher leur cible. Il allait tout miser sur la vitesse !
– Écrapince, fais comme on a dit à l’entraînement !
Alors que Makuhita saluait respectueusement son adversaire, Écrapince bondit en arrière le plus loin possible et ouvrit sa pince en direction du pokémon déstabilisé par la rapidité d’attaque du crabe. Alors que l’attaque écume fusait en direction du Makuhita, celui-ci contracta ses muscles et au moment où il reçut l’attaque de plein fouet. C’était comme si elle n’avait eu aucun effet.

– Ça alors ! L’armure de Makuhita est tellement puissante que l’écume d’Écrapince qui nous a donné du fil à retordre hier a eu autant d’effet que la pluie en aurait eu ! s’exclama Timmy.
– Tu as l’air bien impressionné, répondit une Flora décontractée. Je t’avais dit que Bastien était trop musclé par rapport à Sofian.
– Flora, tu veux bien rester concentrée sur le match ?
– Impossible !!! s’écria la jeune fille. Comment veux-tu que je prête attention à un match barbare quand un si beau gosse se trouve en face de moi ?? Allez Bastien !!

– Merci Flora, très aimable, bredouilla avec aigreur Sofian pour lui-même. D’accord, c’est pas grave Écrapince, on va trouver une autre stratégie…
– Makuhita, riposte avec « cogne » ! ordonna Bastien qui affichait un air sérieux que Sofian n’avait vu que durant l’enquête sur la Team Rocket deux jours plus tôt.
Makuhita courut vers son adversaire assez vite malgré sa corpulence, le poing prêt à attaquer, et Écrapince lui offrit ses pinces pour se défendre tandis qu’il recevait un coup de poing violent. Le crabe poussa un cri de douleur terrifiant qui glaça le sang de Sofian. Comment un seul coup de poing avait-il pu apporter autant de dégâts ?
– Écrapince, défends-toi avec…
Mais Makuhita porta un nouveau coup de poing, au visage du pokémon cette fois-ci, et Écrapince tomba à la renverse.
– Eh !! s’offusque Sofian.

– L’attaque « cogn »e dure plus longtemps que certaines attaques ! se souvint Timmy qui commençait à stresser pour Sofian. Si Écrapince ne se défend pas, il va perdre ! constata-t-il avec horreur.
– Si Écrapince ne se défend pas, il va perdre ! constata Flora avec bonheur.

– Écrapince, fais quelque chose ! supplia Sofian.
Mais tout ce que le petit crabe pouvait faire contre les coups de poing sans répit de Makuhita était de placer ses pinces devant son visage pour se protéger un maximum des blessures physiques. Debout sur le corps de son adversaire couché au sol, Makuhita ne se privait pas de le rouer de coups tel un bandit de la rue.
– Attaque « force-poigne » pour te défendre ! ordonna Sofian, complètement perdu en voyant l’état de son pokémon après seulement une minute de combat.
Écrapince leva sa pince mais le nouveau coup de poing de Makuhita qu’il reçut au visage le déstabilisa et sa pince retomba mollement au sol.

– Sofian va perdre !! se réjouit Flora.
– Je ne peux pas voir ça ! rétorqua Timmy en détournant le visage du combat.
– Plus qu’un coup et Écrapince est KO !
Soudain, la sonnerie du Pokénav de Timmy retentit et celui-ci décrocha rapidement afin de se distraire de l’horreur du combat. Flora quitta un instant des yeux le match de son ami et observa avec perplexité l’expression terrifiée de Timmy. Timmy raccrocha aussi rapidement qu’il avait décroché et se leva d’un bond.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? interrogea Flora, inquiète.
– C’était l’infirmière Joëlle… Picko… Il faut qu’on y aille !
– Mais… Et la victoire de Bastien, je peux pas manquer ça !
Timmy lança un regard choqué à son amie, voulut argumenter mais abandonna avant de descendre des gradins en vitesse.


– J’ai fait aussi vite que j’ai pu ! dit-il à l’infirmière Joëlle qui l’attendait au comptoir de l’accueil du centre pokémon. Qu’est-ce qu’il se passe ?
– L’état de Picko s’est violemment dégradé et son pouls ne fait que chuter, annonça tristement le médecin. J’ai bien peur d’avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour le maintenir en vie mais les blessures qui lui ont été infligées dans le Territoire Sombre sont très graves.
Durant tout le trajet jusqu’à la chambre de Picko, Timmy ne quitta pas l’infirmière des yeux. Elle l’amena auprès du Goélise étendu sur un lit, affaibli et relié à une machine qui respirait pour lui.
– Je pensais que soigner un pokémon était la chose la plus basique au monde, balbutia Timmy, paniqué en voyant l’état du pokémon. Vous le mettez dans une machine et c’est bon, il est reparti pour un autre match !
– C’est beaucoup plus compliqué que cela, soupira l’infirmière en compatissant avec la douleur du jeune garçon. Les blessures physiques sont relativement faciles à soigner quand on peut renfermer un pokémon dans sa pokéball. Mais sans les soins de la technologie – étant donné que vous n’avez pas sa pokéball –, il faut recourir à des méthodes anciennes, un peu comme pour les humains. Mais je pense que ce dont Picko souffre provient du mental. Je pense qu’il souffre d’un stress post-traumatique et d’une dépression suite à la perte définitive de son maître et meilleur ami. Et son âge avancé n’aide pas à sa guérison. Ça arrive très souvent chez les pokémon…
– Vous pensez ou c’est votre diagnostique ? interrompit Timmy avec hostilité.
L’infirmière Joëlle considéra Timmy avec des yeux tristes et conclut :
– C’est mon diagnostique. Et il n’y a rien que l’on puisse faire pour…
Mais Timmy ne se soucia guère de la fin de sa phrase. Il accourut au chevet de Picko et fit apparaître son Tarsal.
– Tarsal, j’ai besoin que tu utilises tes pouvoirs psychiques comme tu le fais pour moi, pour apaiser son cerveau et l’empêcher de penser à la mort de Monsieur Marco.
– Timmy…
– Tarsal, fais-le !
Tarsal se concentra et l’aura qui se dégagea de ses cornes toucha Picko. Mais rien ne se produisit et Tarsal s’interrompit.
– Tarsal, recommence !
– Timmy…
– Tarsal, c’est un ordre !!
Mais l’infirmière Joëlle écarta Tarsal du lit de Picko et prit Timmy dans ses bras.
– C’est fini, il faut le laisser partir, dit-elle de sa voix douce alors que Timmy fondait en larmes. Il n’y a rien que l’on puisse faire pour…
– Ne me dites pas que je ne peux pas faire quelque chose ! hurla Timmy en s’extirpant des bras du médecin avec violence. Si j’ai pu laisser Monsieur Marco mourir, je peux sauver Picko !! Je dois… !
Son cœur s’emballa dans sa poitrine et sa respiration fut à nouveau saccadée.
– Je dois… !
Sa gorge se serra à mesure que la peur prenait place dans son âme et ses yeux arrêtèrent de pleurer lorsque plus aucune molécule d’air n’entra dans ses poumons.
– Code bleu ! s’écria l’infirmière Joëlle en retenant le corps inerte de Timmy.


Sofian resta pétrifié sur place. Il n’arrivait pas à bouger, ou plutôt refusait de bouger. Le corps inerte d’Écrapince était étendu au sol, et c’était tout. Deux minutes. C’était le temps qu’il avait fallu à Bastien pour venir à bout de son pokémon. Une attaque, et Écrapince avait déjà perdu. Jamais il ne s’était senti aussi mal dans un combat pokémon. C’était comme si toutes les bases qu’il s’était construit dans ses entraînements s’étaient effondrées.
– Tu as surévalué la puissance de ton pokémon et sous-estimé la mienne, expliqua Bastien sur un ton fort peu agréable, comme s’il lui faisait la leçon. Envoyer au combat un pokémon que tu viens juste de capturer était directement synonyme de défaite. J’espère que ton second pokémon sera plus impressionnant parce qu’alors, cela voudra dire que je t’aurai moi aussi surestimé. Et je ne me trompe jamais quant au potentiel de mes adversaires. Alors, choisis bien ton prochain pokémon !

– En plus d’être beau et fort, il est aussi intelligent, soupira Flora en posant son menton sur ses paumes, comme obnubilée par Bastien. Il est juste parfait.
Quelqu’un pouffa de rire derrière elle mais l’obscurité de la salle l’empêcha de voir de qui provenait ce son moqueur.
– Et ça se dit ami… marmonna la personne derrière elle.
– Vous savez, c’est très lâche de parler ainsi dans le dos des gens sans qu’on puisse vous voir, se défendit Flora d’une voix glaciale. Et après tout ce qu’on a vécu ces derniers jours, Bastien est aussi mon ami. Donc votre commentaire, en plus d’être insultant et tout à fait déplacé, il est non-fondé et vous pouvez vous le placer bien profond !
Flora se tourna vers le match à nouveau pour voir Nirondelle apparaître au-dessus du cercle central du terrain.

– Un Nirondelle, voilà qui est plus intéressant, remarqua Bastien. Je suis sûr que son type vol va faire des dégâts dans mon équipe. Makuhita, restons vigilants !

– Tu n’as pas besoin d’avoir peur Bastien, son équipe craint !! cria Flora pour soutenir le champion. T’es le meilleur Bastinouchet !!

Sofian grinça des dents et préféra garder son calme. Le stresse du match qui allait en sa défaveur était assez horrible à résister que pour se lancer dans une guerre mentale contre sa supposée amie Flora.
– Allez Nirondelle, je compte sur toi pour faire des miracles ! encouragea Sofian. Attaque « vive-attaque » !
– Makuhita, « bluff » !
Nirondelle s’apprêta à fuser à toute vitesse vers son adversaire mais Makuhita avait déjà disparu de sa position initiale et s’était retrouvé à quelques centimètres du visage de l’oiseau. Celle-ci poussa un cri de peur et reçut un coup de boule puissant qui la fit s’envoler près de son maître.
– Ça c’était de l’attaque rapide ! Mais on ne va pas se laisser impressionner ! On a un avantage sur lui et il peut être sûr qu’on va l’utiliser ! Allez Nirondelle, « vive-attaque » !
Nirondelle fonça à toute vitesse vers Makuhita qui contracta à nouveau ses muscles en guise de défense.
– « Cogne » à nouveau ! ordonna Bastien.
– « Cru-aile » tout de suite ! s’exclama Sofian qui pria pour que Nirondelle arrive enfin à utiliser sa technique.
Mais comme il était à prévoir, Nirondelle n’était toujours pas prête. Elle battit des ailes devant elle, ce qui l’a fit s’arrêter dans sa course. Le point positif fut que le coup de poing de Makuhita frappa le vide et le pokémon fut entraîné par sa propre puissance vers l’avant.
– Profite de sa proximité pour attaquer avec « pic-pic » !
Nirondelle becqueta alors le crâne de Makuhita avant de s’envoler pour éviter un nouveau coup de poing.
– Et maintenant, « tornade » !
L’oiseau battit puissamment des ailes et la rafale de vent fouetta de plein fouet Makuhita.
– Yes !! s’écria Sofian fier de lui. On a une chance de gagner Nirondelle !


Il ouvrit les yeux faiblement. En étant aveuglé par la lumière d’un néon, il comprit qu’il avait à nouveau subi une crise de panique et qu’il s’était évanoui. Non pas qu’il ne s’était pas encore habitué à ce genre de situation, mais il ne pouvait plus se permettre d’être aussi faible quand d’autres êtres vivants luttaient pour leur survie.
On lui avait enlevé ses chaussures et ses vêtements et il était vêtu d’une tenue d’hôpital, emmitouflé dans des draps bien chauds. De l’oxygène soufflait dans ses narines et il comprit que les médecins l’avaient équipé d’un système pour l’aider à respirer. À côté de lui, Picko se reposait difficilement sur son lit d’hôpital et les « bips » constants mais lents indiquaient son pouls très faible.
Picko ouvrit un œil et leur regard se croisèrent. Timmy enleva son masque à oxygène et toussota difficilement en essayant de parler, sa gorge rêche lui provoquant quelques douleurs passagères. Picko cligna trois fois des yeux avant de garder ses paupières ouvertes et Timmy comprit qu’il lui envoyait un signe de reconnaissance.
– J’ai toujours su que je mourrais jeune, confia Timmy d’une voix cassée.
Picko gardait les paupières ouvertes.
– Quand j’étais petit, raconta Timmy, je devais avoir cinq ans je pense, j’ai fait un rêve dans lequel je me voyais à mon propre enterrement. Il faisait chaud et pourtant, je me sentais comme glacé de l’intérieur. C’est à partir de cette époque que j’ai commencé à avoir des problèmes de santé. Je crois que mon inconscient m’a envoyé un signe, comme un message pour me prévenir que quelque chose d’anormal allait se produire en moi et qu’il fallait que je sois prêt à surmonter cette épreuve. Depuis, j’ai appris à vivre avec ma maladie et à accepter qu’un jour, plus tôt que prévu, je m’en irai.
Picko cligna des yeux.
– Quand la Team Aqua nous a envoyé la grenade, reprit Timmy après une courte pause, j’ai eu peur. Peur pour ma vie. Toute ma vie depuis que je suis malade, je me suis dit que j’étais prêt à mourir et que j’avais accepté l’idée que je partirais jeune. Mais quand cette grenade a explosé, mes tripes m’ont poussé à m’enfuir le plus loin possible pour sauver ma vie, comme si mon inconscient n’était pas encore prêt pour ce moment fatal.
Picko gardait les paupières ouvertes.
– Et je regrette, murmura Timmy, les yeux baignés de larmes. Je regrette tellement d’avoir été aussi faible sur ce bateau, d’avoir fui pour ma vie alors que je sais que je mourrai jeune. Si j’avais appris la leçon de mon rêve, si j’avais compris le message comme j’aurais dû l’avoir compris, je n’aurais pas eu peur cette nuit-là. Je serais resté calme. Et j’aurais pu sauver ton maître.
Picko cligna des yeux.
– J’aurais pu sauver Monsieur Marco. Mais j’ai échoué. Et à cause de moi, aujourd’hui, il est… Picko, je suis désolé d’avoir causé la mort de ton maître.
Une larme coula sur la joue de Picko qui ferma définitivement les yeux.
– Picko ?
Les « bips » sonores cessèrent de retentir et un son aigu interminable les remplaça. L’infirmière Joëlle accourut en vitesse mais ne fit rien à part afficher une grimace horrible et éteindre la machine que reliait Picko à la vie. Alors que la larme sur sa joue touchait enfin les draps, l’expression du pokémon se relâcha sur son visage et Picko s’endormit dans un sommeil profond que personne ne pourrait plus jamais déranger.


La plage isolée était baignée de la luminosité du soleil couchant, de cette teinte rosée qui imprégnait les nuages disposés en forme spiralaire dans le ciel du crépuscule. C’était une soirée parfaite, et rien ne viendrait perturber la paix qu’ils avaient retrouvée.
Les pokémons de Sofian et ceux de Flora disposèrent sur le sable l’immense plateforme qu’ils avaient construite à l’aide de bois de bambou et de cordages, et Arcko et Tarsal y posèrent délicatement le corps du vieux Goélise. Flora pris son ami par la taille sur sa droite tandis que Sofian lui tapota le dos sur sa gauche. Aucun des trois amis n’émirent le moindre son ; à quoi bon après tout ? Tout avait déjà été dit. Il était temps de passer à autre chose et d’aller de l’avant.
Timmy soupira longuement avant de formuler une prière silencieuse. Il poussa ensuite le sanctuaire de Picko vers la mer dont les vagues emportèrent rapidement leur ami vers un voyage interminable en direction du soleil couchant.
Ils restèrent silencieux en regardant s’en aller Picko.
– Tu as gagné ton match ? demanda Timmy après un long moment.
Sofian échangea un regard surpris avec Flora mais celle-ci lui répondit d’un petit geste de la tête. L’adolescent comprit que Timmy cherchait une excuse pour ne plus penser aux drames qu’ils vivaient et répondit :
– Bastien m’a littéralement écrasé.
Timmy sourit, le regard toujours en direction de l’horizon.
– Je suis désolé.
– Oh non, ne le soit pas ! Je n’étais pas préparé, c’est tout.
– Non, je veux dire, je suis désolé mais je savais que tu n’allais pas gagner.
– Ben merci, vive la confiance ! Déjà que Flora tenait tout du long avec Bastien parce qu’il a des pectoraux...
– Et des abdos magnifiques ! souligna Flora en lui faisant un clin d’œil.
– J’attendais mieux de ta part, Timmy, rigola Sofian.
– Tu ne peux pas t’attendre à gagner quoi que ce soit dans la vie si tu penses que tout va te tomber dessus par magie, répondit Timmy sérieusement. L’univers n’est pas là pour te faire plaisir et tu échoueras si tu as trop confiance en lui. Alors bats-toi pour réussir ce que tu veux, parce que l’univers ne t’aidera pas.
Sofian observa Timmy avec attention. De peur de froisser son ami en état de choc, il préféra rester silencieux et attendre la suite du discours.
– Allons t’entraîner pour gagner ton badge et quittons cette foutue île.
Et Timmy tourna le dos à l’océan afin d’avancer en direction de la forêt Myokara.


À suivre dans : « Steve »