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Sky Crawlers : The World of SK de Serian Norua



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Informations

» Auteur : Serian Norua - Voir le profil
» Créé le 30/08/2014 à 16:23
» Dernière mise à jour le 06/08/2015 à 17:52

» Mots-clés :   Action   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Présence de transformations ou de change

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Chapitre 19 : Souvenirs, l'oiseau du Vent [partie 1/2]
Cela fait seize ans que j'existe, seize ans que je respire et que je peux voler. Je me souviens encore des paroles de mes parents, lorsque j'étais alors enfant. Oui, toute ma vie j'ai été voué à me battre, d'abord pour la fierté de mes congénères, puis pour protéger mon vol, et enfin le monde. Alors pourquoi étais-je rejeté ainsi ?


« Père ! Père !

- Qu'y a-t-il, Reon ? fit celui-ci.

- J'ai tué un Rattata de mes propres moyens !

- C'est bien. Mais la prochaine fois, tue un Rattatac.

Il s'éloigna alors, me laissant seul avec ma souris décédée et froide. A quoi pensait-il dans de tels moments ? Je n'en avais aucune idée, mais j'aspirais pourtant, un jour, à être proche de lui. C'était mon père, mon modèle, mon exemple. Ses paroles m'étaient aussi précieuses que de l'or et à mes yeux aussi importantes que tout le reste. C'est pour cela que même s'il me rejetait en raison de ma faiblesse, il me poussait à avancer. J'observai la petite créature violette et sanguinolente, à mes pieds, et d'un coup de bec, la jetait derrière un buisson. Oui, mon père m'avait dit de tuer un Rattatac, alors c'était ce qu'il me restait à faire. Lui était un héros capable de tenir tête aux Pokémon les plus coriaces que nous puissions imaginer, et moi tout juste en mesure de tuer un mulot de trois kilos. Parfois, j'en venais même à me demander si j'étais vraiment de sa descendance. Moi, faible Roucool, étais-je vraiment le fils du plus puissant Roucarnage qui existe ? Jamais je ne saurais l'égaler, j'en étais certain. Mais je voulais tout faire pour me rapprocher de lui, qu'il me juge comme un fils digne et qu'enfin, il me regarde dans les yeux. Alors je me dirigeais vers la cachette des rats et j'attendais que l'un d'eux sorte. Malgré mon manque de force, je n'en étais pas pour autant ignorant, et j'avais conscience que d'une, cela ne servait à rien de foncer tête baissée, au risque d'y laisser des plumes, et de deux qu'utiliser un Rattata pour attirer les Rattatac pouvait se révéler une bonne idée, si tant est que l'on puisse en attraper un. Considérant le trop grand nombre de créatures au sol, je décidai d'aller chercher le cadavre de la petite créature que j'avais tuée. D'un léger coup d'ailes, je me rendais dans une petite clairière, dans l'espoir de la trouver. Arrivé sur les lieux, je passais cinq bonnes minutes à la dénicher, sans résultat. J'observai autour de moi, et remarquai un petit groupe de Roucool s'amuser à démembrer un corps de Rattata. Perdant tous mes espoirs, je décidais de rentrer dormir. Dans mon nid, ni ma mère, ni mon père. Ces deux ne rentraient jamais et chaque soir, je jugeais bon de pleurer, à l'écart de tous. Cependant, me voyant ainsi la mine triste, un Roucool du même âge que moi me rejoignit.

- Hé, Reon ! Qu'est ce qui t'arrive ?

- Brock... Rien, juste un peu déprimé.

- Encore à cause de tes parents, hein ? Tu devrais avoir l'habitude, maintenant !

Toujours à me remonter le moral de la meilleure façon... Néanmoins, c'était un des très rares Pokémon à m'adresser la parole sans me mépriser totalement, et cela s'expliquait par le fait que lui aussi était rejeté. Tandis que j'étais la descendance du grand héros, lui n'était que la progéniture d'un traître. Trois ans plus tôt, alors que son enfant était âgé de quatre courtes années, le Roucarnage qui lui servait de père s'était enfui après avoir sauvagement agressé une femelle Roucoups, bien plus jeune que lui. Ce fut là un événement traumatisant, et pour pardonner son crime, c'est sa compagne qui fut agressée de la même manière, et tuée. Ainsi, Brock savait ce que c'était de se retrouver sans personne. N'ayant en aucun cas hérité des traits égoïstes, brutal et menteur de son père, lui était altruiste, discret, et à l'écoute des autres. Ou du moins à mon écoute, puisque personne d'autre ne l'appréciait.

- Tu sais, rester seul, ça a du bon ! Tu peux réfléchir à toi, sans te soucier de ton entourage !

- C'est pas vraiment ça... dis-je, la mine toujours sombre. Je ne suis capable de rien tout seul ! Je voudrais montrer à mon père ce que je sais faire, mais... Justement, je ne sais rien faire.

Ça y est, je m'étais dévoilé. Ressentant comme une gêne, je me sentis rougir et j'éloignai mon regard de l'autre le plus possible. Me voyant ainsi, Brock sourit.

- Ne perds pas espoir, petit Roucool ! Au moins, toi, tu as la chance de pouvoir montrer à ton père qui tu es.

Entendant ces mots, je me rendis compte que je n'étais pas le plus à plaindre. Mon père était un héros et moi l'on ne m'appréciait pas car on me jalousait tout autant. Mon... ami, lui, n'avait pas de jaloux, mais des ennemis. Que des ennemis. Une question vint alors fleurir dans mon esprit.

- Si... Si tu revoyais ton père, que ferais-tu ? lui demandais-je ?

- C'est simple ! ria Brock. Je le tuerai.

Je déglutis, attendant la suite.

- Par sa faute, sa femme est morte et son fils est en proie à devenir l'ennemi public numéro un. Ainsi, en le tuant, je vengerai ma mère et me referai un nom. Reon, tu es au courant que ton père ne restera pas toujours le plus fort du clan ?

- Où veux-tu en venir ?

- D'autres prendront sa place, et je compte bien être de ceux-ci. Quant à toi, tu dis vouloir l'impressionner, alors quoi de mieux que de prendre sa succession ? Je pense qu'à te voir ainsi, il en serait fier.

Mon père, fier de moi ? C'était tout ce que je désirais !

- Tu n'as pas à lui montrer chaque petit exploit que tu fais, mais plutôt à attendre que tu en fasses un énorme pour qu'il te remarque ! Par exemple... Au lieu chaque jour d'attraper un Rattata et de lui montrer, qu'en serait-il si tu attendais d'en avoir une montagne pour lui présenter ? Et je pourrais même t'aider ! La rivalité et l'amitié seraient nos deux liens, nous poussant à se dépasser !

Cette fois, c'était officiel : nous étions amis. Certes, à mes yeux c'était bien rapide, mais lui avait su trouver des mots apaisants et motivants qui ne me seraient jamais venus en tête. En cela, je le remercierai toute ma vie. Et c'est ainsi que le lendemain, nous entreprîmes de tuer un nombre record de Rattata. Ces Pokémon possédaient moult cachettes à travers la route 45, et de ce fait, nous ne pûmes nous croiser, Brock et moi. Mon objectif bien en tête, je me posai sur ma branche habituelle et guettais la sortie de mes cibles. Alors caché parmi les feuillages, j'en repérai une ! Aussitôt, je fondis sur elle et d'un coup de bec la saisit, l'emportant vers la cime des pins. De un. Constatant son frère disparut, une autre créature sortit. Jetant la petite bête au sol, je me propulsai vers l'autre. Elle m'aperçut alors et courut vers son trou. Plantant mes serres dans le sol mou, je lui bloquai l'entrée. J'en finis avec elle en la découpant de mon bec. Désormais, j'en ai étais à deux. En si peu de temps, cela constituait une première pour moi ! Cependant, j'imaginais Brock plus expérimenté et je me demandais à combien il pouvait en être. Alors, j'entendis un bruit provenir de derrière-moi, m'arrachant à mes pensées. Me retournant, je découvris un Rattatac, enragé. Contemplant la bête de soixante-dix centimètres, au poil brun clair et aux dents démesurées, je me remémorai les paroles de mon père.

« La prochaine fois, tue un Rattatac. »

Il était là, le Pokémon que je devais tuer ! Cependant à me trouver ainsi face à lui, je pris peur ; ma confiance d'auparavant disparut, me faisant redevenir le petit Roucool faible et fragile que j'étais. Pourquoi ? Pourquoi devais-je avoir peur de cette créature, juste deux fois plus grande que moi ? J'étais conscient que c'était là ma chance, mais je ne parvenais pas à la saisir. Le Rattatac se précipita sur moi, et je m'enfuyais alors, apeuré. Sous la panique je ne parvins par à prendre mon envol et la bête agile eut tôt fait de m'atteindre, avant de me bondir dessus. Je la sentis alors me lacérer le dos de ses immenses dents, comme les larmes me montèrent aux yeux. Ne pouvant rien faire, je sanglotais, seul et perdu. Tandis que je m'évanouissais, j'entendis une voix m'appeler.

- Reon !! criait la petite voix lointaine.

Peut-être rêvais-je.

- Reon !!

Elle semblait se rapprocher. Sans que je ne m'en aperçoive vraiment, un Roucool percuta le Rattatac, le faisant rouler au loin.

- Reon, tout va bien ?!

- Brock... dis-je, confus. Que fais-tu là ?

- Je voulais voir comment tu t'en sortais et alors, je t'ai aperçu te faire ronger par un Rattatac.

- M...Merci...

- C'est normal, voyons, nous sommes amis je te rappelle ! »

Je le regardais, et si j'en avais eu la force, j'en aurais pleuré. J'avais enfin trouvé un ami, et pas n'importe lequel. Alors nous recommençâmes, chaque jour, à chasser des petits Pokémon, qu'ils soient rongeurs ou insectes. Plus le temps passait et plus nos liens se renforçaient, nous rendant inséparables. Grâce à son aide, je devins plus courageux et je prit confiance en moi. Cependant, même si j'étais en mesure de me défendre, je n'étais toujours pas capable d'adresser la parole à mon père sans angoisse. Les mois et les années passèrent, et lorsque j'eus dix ans, je compris que celui-ci ne souhaitait pas que je devienne le protecteur du clan, à sa suite. Non, il ne m'en voyait pas capable et privilégiait mes anciens camarades, déjà devenus Roucoups.

« Hé, Reon ! Qu'est ce que tu as à tirer cette tête ?

- Je ne suis toujours pas assez fort pour mon père !

- Pourtant, tu as déjà bien progressé, me répondit-il. Cela fait trois ans que nous nous entraînons ensemble et je peux t'assurer que tu as changé.

- Mais... Je ne suis qu'un Roucool !

- Oui, tu es un Roucool, mais pas n'importe lequel ! Qu'est ce que tu veux de plus ?

- Je veux être fort...

- Je ne suis pas magicien, soupira-t-il. Reon, un jour viendra où tu seras grand et puissant. Ce n'est pas parce que les autres ont prit de l'avance que tu ne pourras jamais les rattraper. Plus petit, ton père t'entraînait, et maintenant, il te délaisse, c'est ça ? Tu te souviens de ce que je t'ai dis, il y a longtemps ? Montre-lui qui tu es vraiment, qu'il te reconnaisse à ta juste valeur. »

J'étais subjugué par ses paroles divines. Encore aujourd'hui, il était là pour me remonter le moral. Alors, l'écoutant, je partis prendre mon destin en main, les paroles de mon père toujours en tête : « La prochaine fois, tue un Rattatac. ». C'était clair, il me donnait ainsi ma chance.