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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 12/08/2014 à 14:54
» Dernière mise à jour le 24/08/2020 à 18:44

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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010. 1x10 - Sauvetage nocturne
Précédemment : Sofian part en voyage dans Hoenn afin de devenir un champion d’arène. Il choisit Poussifeu chez le Professeur Seko et capture un Goélise à Clémenti-Ville. Il rencontre Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon, qu’il aide à capturer un Tarsal. Flora rejoint le groupe après une altercation avec la Team Magma. Ils croisent à plusieurs reprises trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn : Jessie, James et Miaouss. Sofian, Flora et Timmy traversent le Bois Clémenti en direction de Mérouville où les attend la première arène du parcours et Sofian capture une Nirondelle qu’il doit emmener dans un centre pokémon au plus vite.

Pokémon #201t
La sortie du Bois Clémenti n’était plus très loin mais l’épaisseur des arbres et le feuillage touffu fonctionnaient comme un filtre à lumière et avaient rapidement plongé la forêt dans une obscurité opaque. Ils avaient donc décidé d’interrompre leur marche pour la nuit et avaient déployé un campement improvisé au pied d’un grand hêtre. Sofian avait fait sortir Goélise et Poussifeu de leurs pokéballs afin qu’ils montent la garde à tour de rôle pendant la nuit dans le cas où la Team Rocket venait à nouveau s’en prendre à eux et Flora avait libéré Chenipotte comme chaque soir car, d’après elle, les pokémons de type insecte évoluaient plus vite quand ils étaient dans leur milieu naturel. Gobou avait rejoint les deux pokémons de Sofian pour les aider dans leur mission tandis que Sofian avait fait apparaître la Nirondelle blessée sur son sac de couchage pour évaluer son état. Malgré les quelques heures de repos qu’elle avait eu la chance de vivre dans sa pokéball, la Nirondelle était toujours très mal en point et avait du mal à respirer.
– On ne devrait pas s’arrêter maintenant, surtout si Mérouville n’est plus très loin, dit Sofian, inquiet.
– Marcher pendant la nuit dans cette forêt obscure n’est pas la plus géniale des idées, fit remarquer Flora en caressant le petit oiseau.
Mais la Nirondelle poussa un gémissement de douleur en sentant le contact de la main de la jeune fille sur sa peau et Sofian lui lança un regard noir.
– On peut peut-être essayer de calmer ses douleurs à l’aide des pouvoirs de Tarsal, proposa Timmy en faisant apparaître son compagnon de voyagé.
Le petit pokémon psy se matérialisa aux côtés de la Nirondelle et, sous les ordres de son maître, fit entourer ses cornes d’une énergie bleue qui pénétra le crâne de l’oiseau.
– On dirait que ça l’a un peu apaisée, remarqua Flora.
– Je ne comprends pas comment un pokémon peut avoir de tels pouvoirs, dit Sofian. Nirondelle a été attaquée physiquement et il arrive à la soigner avec des pouvoirs psychiques.
– Pas tout à fait, ce sont ses douleurs mentales qu’il soigne, nuança Timmy. Tout le monde sait que la douleur est produite par le cerveau pour alerter le corps qu’il se passe quelque chose d’anormal. Les Tarsal sont capables d’influencer les décharges électriques envoyées par les nerfs. En gros, ils font en sorte que le cerveau ne soit pas au courant de la douleur, comme s’il bloquait la conscience, mais la blessure reste bien présente sur le corps.
– Je ne savais pas qu’on avait un génie en herbe dans le groupe ! commenta Flora, admirative. Comment tu connais tout ça ?
– Oh, je me suis bien renseigné à cause de… mon problème… répondit vaguement Timmy qui ne semblait pas vouloir approfondir le sujet.
– Mais alors, ça veut dire que les Tarsal peuvent contrôler le cerveau des gens ? s’exclama Sofian, emporté par un intérêt enthousiaste.
– Comme beaucoup d’autres pokémons de type psy, expliqua Timmy. C’est d’ailleurs à ça que sert l’attaque « choc mental » : elle empêche le cerveau de l’adversaire de contrôler ses mouvements et décide à sa place.
– C’est trop génial ! Il me faut un Tarsal ! Quels sont ses autres pouvoirs ?
– Tout un tas, mais je ne les connais pas tous. Je sais qu’ils sont très sensibles aux émotions des êtres humains et qu’ils peuvent aussi avoir une influence sur leur état mental. Quand un Tarsal est très attaché à son maître, il se peut qu’il arrive un jour à contrôler ses émotions et à le calmer quand il est énervé, ou le rendre heureux quand il est triste, et tout ça en une seconde grâce à ses pouvoirs. Il paraîtrait même que les plus expérimentés d’entre eux peuvent lire dans les pensées des êtres chers à leurs yeux.
– Timmy, je veux ton Tarsal !
– Tu peux toujours rêver, rétorqua Timmy avec un sourire en coin.
– C’est bien beau tout ça, mais cette pauvre Nirondelle est toujours en piteux état, intervint Flora en ramenant les deux garçons au problème qui les tracassait.
En effet, bien qu’apaisée mentalement, la Nirondelle souffrait toujours le martyr. Sofian préféra la faire rentrer dans sa pokéball afin qu’elle ne s’épuise pas trop durant la nuit qu’ils allaient passer à la belle étoile.

Timmy se réveilla brusquement comme il en avait souvent l’habitude et eut du mal à respirer. C’était toujours lorsque tout allait bien que ses problèmes de santé faisaient surface. Il sentait sa trachée se resserrer dans sa gorge et respira calmement afin de reprendre le contrôle de ses poumons. Quelques minutes passèrent durant lesquelles il réussit à s’apaiser. N’arrivant plus à regagner le sommeil, il resta allongé sur le dos et observa la nuit qui s’étendait en profondeur dans la forêt. Tout était calme. La lune baignait d’une lumière attendrissante les arbres épais qui les entouraient et une légère brise venait ébouriffer leurs cheveux. Sofian et Flora étaient plongés dans un sommeil profond et les pokémons dormaient paisiblement eux aussi, ce qui rendait leur présence hors de leur pokéball bien utile, songea Timmy avec ironie. Le Bois Clémenti dormait en paix.
Pourtant, quelque chose perturbait la nuit. De légers bruits de pas qui écrasaient quelques feuilles mortes au sol attirèrent l’attention de Timmy qui tendit l’oreille. Intrigué par la régularité des résonnances, Timmy s’assit au sol et scruta l’obscurité à la recherche de la source des bruits. Une minuscule ombre passa devant l’arbre à sa gauche et Timmy tourna la tête brusquement en manquant de se rompre les vertèbres cervicales. Son cœur battit la chamade, maintenant qu’il était habitué à percevoir toute forme de vie comme une menace pour la sienne. Néanmoins, la disparition soudaine de la petite ombre avait aiguisé sa curiosité et, ignorant sa conscience qui lui dictait de rester bien sagement au campement, il se leva et se dirigea discrètement vers l’arbre. Cherchant des yeux l’être vivant qui s’était trouvé à cet endroit précis quelques secondes plus tôt, il retrouva l’ombre qui grimpait à un autre arbre et s’arrêtait sur une branche éclairée par la lumière de la lune.
C’était une petite masse verte qui se tenait sur ses deux pattes-arrières. Sa queue plate balayait lentement l’air derrière son corps et il se frotta son crâne divisé en deux petites collines. Le pokémon sauvage avait l’air troublé par des pensées inquiètes. Soudain, il tourna la tête vers un endroit que Timmy ne pouvait pas voir et son corps se raidit, comme s’il entendait quelque chose inaudible pour le faible humain qu’était Timmy. Le pokémon que Timmy avait identifié comme étant un Arcko se propulsa sur une branche d’un autre arbre avec rapidité et s’enfonça dans la forêt à toute allure, comme apeuré par le son qu’il avait entendu. Quelque chose n’allait pas, Timmy en était certain. Et il devait absolument savoir ce qui perturbait autant le pokémon inoffensif. Dans tous les cas, ce fut l’excuse que Timmy se donna pour suivre silencieusement le pokémon sans penser à prendre la pokéball de Tarsal pour se défendre.

Pokémon #201o
Timmy marcha ainsi pendant quelques instants, suivant les bruits de feuillages provoqués par l’Arcko sauvage, avant de se cacher derrière un buisson car le pokémon s’était arrêté et fixait de ses grands yeux jaunes la clairière qui s’étalait devant eux. Timmy distingua dans la pénombre les formes des corps de trois adultes qui lui tournaient le dos : la personne du milieu avait une silhouette bien bâtie et l’homme à sa droite était beaucoup plus petit que les deux autres. Tous faisaient face à un homme ligoté à un arbre, mais l’obscurité empêchait Timmy d’examiner plus en détails le physique des quatre personnes.
– Tu n’es pas très bavard, dit l’homme du milieu.
Leur prisonnier resta muet et d’après sa position droite et raide, Timmy en conclut qu’il les défiait du regard.
– Je pense qu’il n’a pas saisi l’ampleur de la situation, reprit l’homme du milieu. Apprenti Rosh, lumière !
Le petit homme de droite brandit une lampe torche devant lui et illumina la scène d’une lumière jaune éblouissante. Le temps que Timmy se soit habitué à la clarté subite, les persécuteurs s’étaient rapprochés de leur prisonnier. Celui-ci devait être âgé de la quarantaine et refusait de se laisser impressionner. Mais son calme fut trahi par les épaisses gouttes de transpiration qui faisaient glisser ses lunettes rondes sur son nez.
– Tu es tout seul et personne ne pourra te sauver car nous sommes beaucoup trop enfoncés dans la forêt. Tu ne veux toujours pas parler ? demanda à nouveau le leader.
Le prisonnier prit une grande inspiration et leur fit une grimace. Le chef de la bande fit un signe de tête à son comparse de gauche et ce-dernier tira son poing en arrière, prêt à le ruer de coups. Paralysé par la peur et par le nombre supérieur de malfrats, Timmy n’osa pas sortir de sa cachette afin de venir en aide au malheureux. Mais l’Arcko sauvage était bien plus téméraire que lui.
Lorsque le bandit de gauche abattit son poing dans le ventre de l’homme qui poussa une exclamation sourde de douleur, l’Arcko perdit son sang-froid et bondit de sa branche. Il retomba sur l’homme de droite qui chuta au sol en poussant un cri de surprise et la lampe de poche lui sauta des mains et termina sa course contre un arbre. Timmy fut alors capable de distinguer en l’espace d’une seconde l’accoutrement surprenant des attaquants : tous trois portaient exactement le même pantalon bleu foncé et le même t-shirt rayé de marin. Leurs cheveux étaient noués dans un bandana bleu marine muni d’une lettre « A » dessinée à l’aide d’os.
L’attaque surprise de l’Arcko déstabilisa les deux autres hommes qui reçurent chacun un coup de queue plate du pokémon. Mais le chef de la bande fit jouer de ses énormes muscles et assomma d’un coup de coude le pokémon qui glissa aux pieds du prisonnier, déboussolé. Terrifié par l’état du pokémon, l’homme commença à trembler de peur.
– Vous n’avez aucune idée de ce dont nous sommes capables ! s’emporta le chef de la bande en se massant le visage. Vous avez essayé de nous résister, vous avez raté. Tu ne veux pas nous dire où se trouve cette fichue valise, et bien soit ! Sbire Stephen, puisqu’il n’est pas sensible à la douleur physique, arrachons-lui l’information en attaquant ce stupide Arcko !
Le grand bandit de gauche sortit une pokéball de sa poche et en fit apparaître une petite chauve-souris répugnante.
– Nosferapti, attaque « ultrason » !
Le pokémon fit bouger ses oreilles mais rien ne se produisit. Du moins, pour les êtres humains. Car le petit Arcko poussa un cri de douleur à glacer le sang, comme si ce qu’il entendait lui déchirait lentement les tissus de son cerveau. Timmy fourra son poing dans sa bouche pour éviter de se faire remarquer car la tentation de crier après ces horribles personnes était grande. Mais quelles étaient ses chances de vaincre trois adultes sans l’aide de son pokémon ?
Il dut alors assister à l’atroce spectacle de torture du petit pokémon qui souffrait le martyr à cause d’une douleur invisible. Les larmes montèrent rapidement aux yeux de Timmy qui s’identifia à l’Arcko sauvage. Il savait très bien combien il était douloureux de souffrir d’une blessure invisible et de ne pas avoir la chance de nécessiter de l’aide de quelqu’un d’autre pour en être apaisé. En voyant l’Arcko se tortiller dans tous les sens sous l’effet de la douleur, c’était son propre reflet que Timmy contemplait, le reflet d’un enfant torturé par une maladie incurable.
– Assez !
Malgré sa volonté d’intervenir, ce ne fut pas Timmy qui prononça cet ordre, mais le chef de la bande. Arcko retomba mollement au sol en suffoquant difficilement.
– Alors ? Toujours pas de réponse ?
L’homme se mordit les lèvres jusqu’au sang et ferma les yeux en hochant négativement de la tête. Ce que contenait cette valise devait être vraiment précieux pour accepter la souffrance d’un pokémon innocent, pensa amèrement Timmy.
– Ce serait tellement plus simple si tu nous disais où se trouve la valise, poursuivit calmement l’homme du milieu. Tu vois Rosh, quand les gens s’obstinent autant, nous n’avons pas d’autre choix que d’avoir recourt à la force. Ne reste donc pas planté là et ramasse la lampe torche !
Le petit homme se précipita vers la lampe torche qu’il ramassa rapidement. La lumière balaya le buisson derrière lequel Timmy se cachait et ce-dernier étouffa une exclamation de terreur en se jetant au sol pour ne pas être vu. Il resta couché derrière les feuillages quelques instants et essaya de calmer sa respiration à nouveau saccadée. Le silence avait pris place dans la clairière et Timmy se demanda s’ils concoctaient un nouveau plan pour avoir leur réponse où s’il avait été repéré. Par prudence, il resta allongé au sol quelques minutes. Mais rien ne se passa et personne ne parla. Curieux, il se releva lentement et écarta une branche du buisson pour voir la scène de torture. Un malfrat manquait à l’appel !
Il se retourna subitement et croisa avec horreur les deux yeux noirs du plus grand des trois comparses avant de recevoir un coup de pied sur le crâne et de perdre connaissance.

Pokémon #201r
Il ouvrit les yeux fébrilement et sa tête l’élança. La douce lumière orangée qui s’était emparée de la clairière lui indiqua que l’aube commençait à chasser la nuit. Il cligna plusieurs fois des yeux et sa vue troublée s’éclaircit rapidement. Il était ligoté à un arbre en face du prisonnier et l’Arcko était toujours étalé au sol, inconscient. Les trois malfrats n’étaient pas là et il en profita pour échanger un regard terrorisé à l’homme ligoté en face de lui qui affichait une grimace désolée.
Les trois hommes revinrent au moment où Timmy voulut le questionner et il ferma les yeux pour faire croire qu’il était toujours évanoui.
– Maintenant, on est sûr que plus personne ne viendra nous déranger, annonça le chef d’une voix tendue. Tu t’en fous peut-être de la vie de ce pokémon, mais celle d’un humain ne devrait pas te laisser de marbre.
« Ça y est, ils vont s’en prendre à moi à présent », pensa Timmy, complètement paniqué.
– Attends une seconde Charlie, je crois que le gosse est toujours inconscient, intervint un des deux autres.
« Qu’est-ce qui m’a pris de partir seul au milieu de la nuit ? » se lamenta Timmy.
– Oh tu crois ? Crois-moi, s’il a été assez malin pour rester caché dans les buissons sans qu’on l’aperçoive, il sera assez malin pour faire semblant en ce moment.
« Et voilà que ça discute sur mon intelligence. Si j’avais vraiment été intelligent, j’aurais écouté ma conscience et je serais resté au campement ! Ma conscience… » C’est alors que Timmy eut une idée. La conversation à propos des pouvoirs de Tarsal lui revint en mémoire et il se revoyait expliquer à Sofian que son pokémon pouvait percevoir les émotions de son maître. Il se concentra alors sur ses sentiments et se laissa envahir par la peur en espérant que quelque part dans la forêt, son Tarsal ressentirait ses émotions et lui viendrait en aide.
– Bah de toute façon, ça revient au même… dit un des sbires en concluant la conversation. Nosferapti, attaque « morsure » !
La douleur qui lui perça le cou lui déchira les entrailles et lui fit pousser un cri déchirant.
– Tiens, il s’est réveillé… commenta la voix lointaine du chef.
C’était pire que tout. Pire que de sentir ses poumons se vider à cause de sa maladie, pire que de se sentir fatigué à longueur de journée, pire que de se sentir inutile et rejeté. Il ne retint pas ses cris ni sa terreur et son corps se mit à trembler violemment. Un liquide chaud glissa le long de son cou tandis qu’une sensation glaciale lui frigorifia la gorge. La fièvre monta d’un coup.
– ARRÊTEZ ! hurla le prisonnier qui se laissa tomber sur ses genoux.
– Ah ! Il nous fait enfin le plaisir de nous accorder le son de sa douce voix mélodieuse, dit Stephen. Nosferapti, attaque à nouveau « morsure » !
– AU LAC !! céda le prisonnier.
Le Nosferapti s’arrêta à quelques centimètres du cou de Timmy qui respirait difficilement. L’homme était à genoux au sol et laissait les larmes couler sur ses joues.
– Au lac ? s’étonna le chef. Ne me dites pas que vous avez été assez stupides pour la louper alors qu’on vient justement du lac !
À travers ses yeux entrouverts, Timmy aperçut les deux autres hommes se lancer des regards interrogatifs et leur chef pousser des soupirs de lassitude.
– Stephen, tu restes ici pour les surveiller. Et toi Rosh, prends le pokémon en otage étant donné qu’il est ami avec lui ! ordonna le chef.
Le petit homme attrapa l’Arcko par une patte-arrière et le souleva. Lui et le chef quittèrent la clairière avec le pokémon qui pendait les bras ballants vers le sol, toujours inconscient.
– Je suis désolé, murmura le prisonnier affalé au sol. Je suis désolé…
– La ferme ! ordonna Stephen qui les surveillait avec son Nosferapti sur son épaule.
Timmy n’avait pas la force de lui pardonner son silence. Il ne lui en voulait pas mais sa blessure au cou était trop importante et sa fièvre l’avait plongé dans un état de semi-conscience. Si seulement les pouvoirs de Tarsal avaient été réels.
C’est alors que Stephen poussa un cri de douleur terrifiant et l’adrénaline qui monta au cerveau de Timmy lui donna la force de regarder ce qu’il se passait. L’homme était agenouillé au sol et se tenait le crâne dans ses mains en poussant des cris effrayants. Une aura rouge entourait sa tête et Timmy reconnut l’attaque choc mental de son Tarsal qui se tenait debout devant le buisson derrière lequel il s’était caché un peu plus tôt dans la nuit.
Nosferapti s’envola vers Tarsal pour l’attaquer mais une branche d’arbre se décrocha d’un arbre et fusa vers la chauve-souris qui s’évanouit sur le coup. Tarsal chargea alors Stephen qui fut propulsé contre un arbre et le coup qu’il reçut au crâne lui fit perdre connaissance.
« Bravo Tarsal ! » félicita Timmy mentalement, trop affaibli pour parler.
Son pokémon le détacha de son arbre et Timmy se laissa tomber au sol. Tarsal alla détacher le prisonnier à son tour et celui-ci accourut auprès de Timmy.
– Il faut partir d’ici avant qu’il ne reprenne conscience, avertit-t-il, et remettre la main sur la valise avant eux !
– Mes amis… Sofian… Flora… bafouilla Timmy difficilement.

Pokémon #201t
– Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? s’affola Sofian.
Timmy avait amené le prisonnier à leur campement et avait réveillé Sofian et Flora de toute urgence. Lorsque les deux adolescents avaient vu l’état du cou du jeune garçon, ils s’étaient précipités sur lui afin de le faire asseoir et de le soigner. Poussifeu, Goélise, Gobou et Chenipotte avaient formé un cercle autour d’eux pendant que Timmy avait raconté les évènements de la nuit.
– Encore une fois, je suis désolé pour ce que vous venez de vivre, s’excusa l’homme mal-à-l’aise.
– Vous pouvez bien l’être ! s’énerva Flora. Et puis d’abord, qui vous êtes, vous ?
– Je m’appelle Rowan Aguieri et je travaille pour l’Entreprise Devon, expliqua l’homme. C’est une entreprise implantée à Mérouville qui invente et fabrique des objets électroniques utiles pour les dresseurs pokémons. Notre dernière invention est un Pokénav, une sorte de navigateur électronique multifonctionnel : les utilisateurs pourront consulter aisément une carte de Hoenn, l’utiliser comme GPS, s’informer sur l’actualité des festivités comme la Ligue Pokémon, téléphoner à leurs proches gratuitement via un système de wifi, et encore plein d’autres choses. Pour le moment ce n’est qu’un prototype car il manque une dernière mise à jour pour le lancer dans le commerce. Et c’est justement cela que contient la valise que ces brigands recherchaient.
– Pourquoi veulent-ils se procurer cette mise à jour ? interrogea Timmy qui se massait l’endroit où il avait été mordu.
– Je n’en ai aucune idée. Je suis allé chercher cette valise hier chez nos partenaires à Clémenti-Ville et mon patron m’a prévenu qu’une bande de voleurs avait l’intention d’intercepter le colis en chemin. Aujourd’hui, alors que je me dirigeais vers Mérouville, je me suis senti suivi et j’ai préféré prendre le plus de précautions possibles. J’ai donc demandé à l’Arcko que vous avez vu tout à l’heure de cacher la valise près du lac et la protéger. Mais j’ai été rattrapé par les voleurs et la suite, vous la connaissez.
– Qu’est-ce qui arriverait s’ils mettaient la main dessus ? demanda Flora.
– Ils pourraient se servir des dernières données à des fins purement machiavéliques. Je ne peux pas vous dire ce que contiennent ces informations car je violerais les lois de politique privée de l’Entreprise Devon, mais sachez que si on les utilise mal, on peut très vite créer des problèmes dans la région au niveau national.
Sofian, Flora et Timmy restèrent sans voix.
– Vous voulez bien m’aider à récupérer notre bien ? demanda Rowan.
– Bien sûr, répondit Timmy.
Sofian et Flora échangèrent un regard indécis.
– Tu ne penses pas que tu en as déjà assez vu ? demanda Flora, inquiète.
– Si, mais ils ont pris l’Arcko avec eux et on doit le sauver, répondit Timmy en se levant difficilement.
En reconnaissant l’air déterminé qui n’indiquait aucun retour en arrière de son ami, Sofian fit rentrer ses pokémons dans leurs pokéballs et accepta de les suivre. Flora accepta malgré elle et imita Sofian.
– Je peux retrouver le lac mais il faudra penser à un plan d’attaque car ils sont deux, ou trois si leur comparse les a rejoints, indiqua Rowan.
– Ne vous inquiétez pas, l’effet de surprise les déstabilisera… commença Sofian, sûr de lui.
– Non ! interrompit Timmy. J’ai vu ce dont ils étaient capables et, crois-moi, ils sont aussi dangereux que la Team Magma.
– Très bien, calma Flora. Voilà ce qu’on va faire…

Pokémon #201u
Le petit lac scintillait de la faible lumière du soleil levant et les deux hommes scrutaient les environs à la recherche du butin.
– Si jamais il nous a menti, je te jure que je le lui ferai payer de mes propres mains ! menaça le chef qui commençait à perdre patience.
– Elle ne devrait pas être très bien cachée s’il s’est précipité… réfléchit Rosh. Je crois que j’ai une idée.
Il déposa l’Arcko au sol et le pokémon trembla de tout son long en voyant l’humain s’accroupir devant lui avec un air menaçant.
– On a retrouvé la valise, mentit Rosh.
Paniqué, l’Arcko se tourna subitement vers un gros chêne pour vérifier ses dires.
– Très intelligent ! félicita Charlie. J’en parlerai au chef.
Charlie se dirigea vers le chêne et sortit d’entre deux énormes racines une valise pleine de terre.
– Lâchez cette valise ! ordonna une voix derrière eux.
Charlie et Rosh firent volte-face et reconnurent Rowan et Timmy, accompagnés d’un Tarsal, tous épuisés comme s’ils avaient parcouru une longue distance en un court laps de temps.
– Comment… ? s’exclama Rosh.
Charlie poussa un soupire de frustration.
– Et si nous passions directement à l’étape où vous nous laissez tranquillement passer sans que nous vous fassions comprendre que vous n’avez aucune chance de nous barrer la route à vous deux ? proposa-t-il.
– A nous deux, non, en effet, rétorqua Timmy.
C’est alors qu’un éclair de plumes blanches passa à côté de Charlie et lui arracha la valise des mains. La valise voltigea dans les airs et retomba aux pieds de Rowan qui s’en empara fermement.
– Qu’est-ce que… ?
Des boules de feu explosèrent contre le torse de Rosh tandis qu’un jet d’eau frappa violemment celui de Charlie. Les deux hommes tombèrent brutalement au sol et une sécrétion collante les ligota fermement côte à côte. Deux adolescents apparurent entre les arbres, accompagnés d’un Goélise, d’un Poussifeu, d’un Gobou et d’un Chenipotte.
– Mais combien étiez-vous ? s’exclama Rosh complètement désorienté.
– Qui êtes-vous ? interrogea Flora tandis que Timmy se précipitait sur le corps tremblant de l’Arcko en piteux état.
Charlie étouffa un petit rictus moqueur.
– Premièrement, sachez que nous ne sommes pas assez idiots pour vous faire part de notre identité, dit-il. Deuxièmement, nous ne sommes pas les seuls à avoir manqué de prudence.
Timmy comprit directement et voulut prévenir ses amis, mais c’était trop tard. Un Nosferapti apparut au-dessus d’eux et fit vibrer ses oreilles. Les six pokémons crièrent de douleur. Le Nosferapti battit rapidement des ailes et une bourrasque de vent fit tomber les trois adolescents et Rowan qui s’agrippa à sa valise. Stephen sortit de sa cachette et libéra ses comparses.
– Maintenant, vous allez nous donner cette valise ! ordonna Charlie en se relevant d’un bond.
Il sortit une pokéball de sa poche et Rosh l’imita. Mais cette fois-ci, Arcko fut plus rapide. Il bondit dans les airs et frappa la chauve-souris à l’aide de sa queue plate. Le pokémon tomba dans les bras de son maître alors qu’Arcko s’attaquait personnellement aux deux autres malfrats. Sofian et Flora en profitèrent pour ordonner à leurs pokémons d’attaquer et bien vite, des boules de feu, des jets d’eau et de la sécrétion envahirent la scène de combat en explosant en tous sens. Les trois bandits s’enfuirent en courant vers le lac dans lequel ils plongèrent sans hésiter.
– Où ils comptent aller ?! s’étonna Flora.
Ils attendirent qu’ils refassent surface mais les trois bandits ne réapparurent pas.
– Comment c’est possible ?? s’exclama Sofian.
– Sous-marin, répondit Rowan en marmonnant dans sa barbe, déçu d’avoir laissé filer ses mercenaires.
– Au moins, on a récupéré votre valise, réconforta Flora.
– Oui, tout est bien qui finit…
Et Timmy s’effondra au sol en perdant connaissance.

Pokémon #201r
– TIMMY !!
Le corps du jeune garçon fut parcouru de convulsions et son teint pâle devint horriblement livide en quelques secondes.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?? s’horrifia Flora en panique.
– Timmy, réponds-moi ! hurla Sofian en essayant d’immobiliser son ami en transe.
Les marques de morsures sur son cou rougirent et furent entourés d’un coup bleu qui se propagea le long de ses veines.
– C’est le poison de Nosferapti qui fait effet ! comprit avec terreur Rowan.
Tarsal se précipita vers son maître et utilisa son pouvoir psychique pour calmer ses spasmes musculaires mais le venin progressait dans son corps.
– Faite quelque chose ! hurla Flora en pleurs.
Le front de Timmy se remplit de sueur tandis que la fièvre le faisait délirer. Arcko poussa alors tout le monde et jeta au sol une poignée de plantes qu’il avait déracinées. Il écrasa les racines des plantes à l’aide de sa queue et cria un ordre dans son langage à Goélise. La mouette arrosa les racines et Arcko plaqua la mixture sur la morsure dans le cou de Timmy. Les veines noires qui ressortaient dans le cou de Timmy reprirent une couleur bleue azure avant de disparaître sous la peau et la morsure perdit de sa rougeur après quelques minutes pendant lesquelles tout le monde retint sa respiration. Enfin, Timmy récupéra une respiration fluide et ouvrit les yeux péniblement.
La première chose qu’il vit fut les deux grands yeux jaunes d’un Arcko inquiet. Sofian et Flora étaient juste derrière, les mains plaquées sur la bouche dans une position horrifiée. Enfin, Tarsal tenait dans sa petite patte la main droite de son maître. Timmy se releva lentement en se frottant le crâne.
– Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? demanda-t-il d’une voix rauque.
Et ses amis explosèrent de joie en se jetant à son cou afin de le serrer contre eux.

Pokémon #201e
– Vous m’avez sauvé la vie, remercia Rowan en serrant les mains des trois adolescents. Je ne sais pas ce que je peux faire pour vous remercier.
Ils étaient de retour au campement avec la valise en parfait état.
– Vous m’avez sauvé la vie vous aussi, donc on est quitte, répondit Timmy en souriant.
– Mais je n’ai rien fait moi, c’est Arcko qui doit s’attribuer ce mérite !
– Oui bon, grâce à votre Arcko quoi…
– Ce n’est pas mon pokémon, répliqua Rowan avec un clin d’œil. Et je pense qu’il tient beaucoup à vous.
Timmy jeta un coup d’œil au pokémon debout à ses pieds qui s’accrochait à ses jambes comme s’il avait peur que le garçon tombe à nouveau. Timmy s’accroupit pour être au niveau de la tête du pokémon et lui caressa le crâne.
– Et bien alors, merci petit pokémon ! dit Timmy en lui offrant une des graines qu’il donnait à son Tarsal pour le nourrir.
Arcko prit la graine sans hésiter et la mangea volontiers.
– Ce qui veut dire que vous nous devez encore quelque chose ! rappela Sofian.
– Sofian ! s’exclama Flora, outrée par autant de manque de savoir-vivre.
– Ben quoi ? On tourne en rond dans cette forêt et on n’a toujours pas trouvé la sortie… Je me demandais si vous aviez un petit raccourci vers Mérouville ?
– Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes plus très loin, rassura Rowan. Si vous empruntez le sentier qui se trouve plus loin à l’est, vous arriverez à Mérouville dans la journée. Excusez-moi, je suis vraiment pressé. Vous comprenez, avec ce qu’il s’est passé, je dois aller porter plainte au commissariat et retrouver mon patron pour finaliser notre invention.
Il remercia une dernière fois les trois adolescents et les quitta en vitesse avec sa précieuse valise. Un bruit de moteur leur indiqua que Rowan avait repris la route en mobylette.
Alors que le soleil se levait et baignait le Bois Clémenti de sa douce lumière orangée, Sofian, Flora et Timmy replièrent bagage et partirent en direction du sentier qui les amènerait enfin à leur destination finale.

Un pokémon appela derrière eux. Ils se retournèrent et virent l’Arcko les suivre timidement d’un pas claudiquant, toujours blessé de la scène de torture.
– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Sofian.
L’Arcko hésita un instant avant de rejoindre Timmy et de lui serrer les jambes.
– On dirait qu’il veut rester avec toi, remarqua Flora, émue.
– C’est vrai Arcko ?
Le pokémon acquiesça d’un signe de tête.
– On s’est sauvé la vie mutuellement cette nuit, récapitula Timmy. Peut-être qu’on était fait pour se rencontrer toi et moi, après tout…
Timmy se tourna vers Sofian et celui-ci comprit directement.
– Ce n’est pas très légal tout ça, fit-il remarquer. Il me semble que ta dérogation ne te permet d’avoir qu’un seul pokémon avec toi.
– Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Timmy, un sourire en coin.
Sofian lui donna une de ses trois dernières pokéballs vides et Timmy la tapota sur le front d’Arcko. Le pokémon se transforma en lumière rouge et pénétra dans la pokéball sans opposer de résistance.
– Quand on traverse des épreuves douloureuses ensemble, il est normal que des liens se créent, dit-il en souriant face à la pokéball de son nouveau pokémon.
Et Sofian, Flora et Timmy partirent vers l’orée de la forêt qui annonçait la proximité de la très attendue Mérouville.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Mérouville »