Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian part en voyage dans Hoenn afin de devenir un champion d’arène. Il choisit Poussifeu chez le Professeur Seko et capture un Goélise à Clémenti-Ville. Il rencontre Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon, qu’il aide à capturer un Tarsal. Flora rejoint le groupe après une altercation avec la Team Magma. Ils croisent à plusieurs reprises trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn : Jessie, James et Miaouss. Après avoir abandonné leurs pokémons, ceux-ci forment une nouvelle équipe avec un Seviper violent et un Cacnéa serviable. Sofian, Flora et Timmy traversent le Bois Clémenti en direction de Mérouville où les attend la première arène du parcours.


Le pokémon se posta sur ses deux pattes et referma ses ailes en les plaquant contre son corps. Il baissa la tête pour se concentrer et attendit l’appel de son maître pour démarrer sa course. Enfin, lorsque l’adolescent cria « C’est parti ! », Goélise courut de toutes ses forces vers l’avant et traversa à toute allure la clairière dans laquelle ils s’entraînaient. Il arriva au niveau de son maître qui actionna un bouton sur sa montre.
– Trois secondes et demie pour une distance de vingt-cinq mètres, annonça Sofian. C’est un bon début. Le but est d’arriver à parcourir la même distance quatre fois plus vite. D’après le Pokédex, la « vive-attaque » atteint une moyenne d’un vingt-cinquième de seconde le mètre, soit nonante kilomètres par heure.
Goélise soupira en comprenant qu’il allait falloir s’entraîner rudement pour adopter cette technique.
– Ça devrait aller, tu verras ! lui dit Sofian, confiant. Essaie de trouver une manière pour te propulser dès le départ. Si tu es au sol, trouve une racine ou enfonce tes pattes dans la terre. Si tu es dans les airs, bat de toutes tes forces de tes ailes et laisse-toi filer comme une fusée. Les Goélise sont les maîtres de cette technique, donc tu devrais la maîtriser très vite, crois-moi. Poussifeu, toujours bien concentré ?
Sofian laissa son Goélise entraîner sa vitesse et se tourna vers son Poussifeu qui se tenait debout, les yeux fermés. Pour lui, Sofian n’avait aucun moyen de l’aider car la nouvelle attaque qu’il tentait d’apprendre consistait simplement à révéler la puissance qui sommeillait en lui afin de doubler les dégâts de ses attaques offensives. Poussifeu devait simplement arriver à contrôler cette puissance éphémère et arriver à la relâcher à tout moment.
– Pour vous encourager dans vos apprentissages, je vais ajouter une petite récompense. Le premier qui arrive à maîtriser sa nouvelle attaque recevra une double part de nourriture !
Sofian ouvrit son sac à dos et chercha la boîte de graines qu’il servait à ses pokémons et constata avec effroi qu’elle était vide. Il fouilla son sac de long en large et ne trouva malheureusement qu’un seul pain français sans garniture.
– Ou plutôt aura droit à un gros bout de mon dîner… marmonna-t-il en se laissant tomber sur une souche d’arbre avec mélancolie.
Flora et Timmy lui lancèrent un regard étonné et Sofian leur annonça qu’il était arrivé à court de vivres.
– Ça, quand on ne prépare pas bien un voyage, commenta Timmy en lui montrant toute la nourriture qu’il lui restait. Tu as de la chance, on n’est plus très loin de Mérouville.
– Combien de fois faut-il que je te répète que je n’avais aucune idée du temps qu’on allait mettre pour traverser cette maudite forêt ? maugréa Sofian en mordillant dans sa baguette. Au pire, vous me prêterez bien un peu de bouffe les gars, juste ?
Flora pouffa de rire en terminant la toilette de son Chenipotte et haussa un sourcil.
– Alors déjà, il ne me reste plus beaucoup de provisions, dit-elle, mais en plus, je ne pense pas que tu aimes les légumes et les galettes de riz protéinées.
– Qui voyage avec des choses aussi immondes à manger ? s’étonna Sofian.
– Les jeunes filles qui prennent soin de leur ligne ! répliqua Flora en sortant sa nourriture.
Sofian regarda avec envie le sachet de cuisses de poulet rôti de Timmy qui soupira en lui en tendant une. Sofian se jeta sur une cuisse avec appétit et remercia son ami la bouche pleine en envoyant des projectiles autour de lui. Flora leva les yeux au ciel.
– Oh ! Regardez !
Elle montra de son doigt une branche d’arbre sur laquelle se tenait un petit oiseau au plumage bleu. De prime abord, Sofian ne reconnut qu’une petite boule de plumes pas plus grande que son Goélise. Mais il remarqua bien vite la longue queue dédoublée de l’oiseau et son regard avide de nourriture.
– Qu’il est trognon ! s’émerveilla Flora en posant ses provisions au sol et en se levant pour aller l’observer de plus près.
– Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, avertit Timmy qui avait remarqué trois autres pokémons semblables sur d’autres arbres.
– Que veux-tu qu’il nous fasse ? Nous manger ? lui demande Flora, amusée. Il est tellement petit que même s’il nous attaquait, on n’aurait rien à craindre.
– Oui, mais s’ils nous attaquent tous… intervint Sofian en se levant d’un bond.
– Tous ? s’étonna Flora en tournant vers lui.
Elle constata alors avec anxiété que de nombreux oiseaux du même calibre que celui qu’elle avait repéré les observaient cachés dans les arbres. Timmy se leva à son tour en abandonnant ses cuisses de poulet près des sacs à dos et remarqua qu’ils étaient entourés de pas moins d’une vingtaine d’oiseaux du même genre. Goélise, Poussifeu et Chenipotte s’étaient rassemblés aux pieds des trois humains qui se blottissaient les uns contre les autres au centre du cercle formé par les pokémons sauvages.
– Ils ne nous feront aucun mal, hein ? s’inquiéta Flora qui n’était pas très rassurée.
– Ils veulent peut-être un peu de nourriture, devina Timmy.
– Quelque chose me dit… commença Sofian en voyant la faim douloureuse dans les yeux du plus gros des oiseaux, celui à la longue queue.
C’est alors que l’oiseau poussa un piaillement aigu et tous ses compères s’envolèrent au même instant en criant d’une même voix stridente. Un oiseau s’empara du sac de cuisses de poulet et un deuxième vola la nourriture de Flora.
– …qu’ils ne se contenteront pas que d’un peu de nourriture ! termina Sofian en s’écriant de peur. Courez !!
Mais les oiseaux les attaquèrent et les trois adolescents n’eurent pas l’occasion de fuir l’endroit. Le premier oiseau que Flora avait vu essaya d’attraper de son bec la baguette de Sofian mais le garçon ne se laissa pas faire. La boule de plumes bleues lui picora alors le bras afin de l’obliger à céder son pain et s’empara avec violence de la dernière source de nourriture des trois adolescents. Poussé par sa lâcheté, Poussifeu s’enfuit se mettre à l’abri derrière un arbre tandis que Goélise tentait en vain de repousser les pokémons sauvages à l’aide de ses ailes. Chenipotte avait essayé d’en emprisonner un dans sa sécrétion redoutable mais l’oiseau l’avait attaqué avec une rapidité incroyable et la chenille, qui souffrait d’un défaut de type, s’était écroulée aux pieds de sa maîtresse.
– Electrode, explosion ! s’écria une voix étouffée par les piaillements de rage des oiseaux sauvages.
Une pokéball atterrit à leurs pieds et libéra une plus grosse sphère blanche et rouge dotée d’yeux. Le pokémon inconnu se concentra et s’illumina d’une lumière blanche.
– COUCHEZ-VOUS !! hurla Timmy en poussant ses deux amis au sol.
Sofian chuta contre la terre sèche de la forêt alors que le pokémon explosait littéralement derrière lui. Le souffle ardent de l’explosion heurta violemment les oiseaux affamés et tous prirent la fuite. La baguette que tenait dans son bec le plus gros des oiseaux fut réduite en cendres tandis que ce-dernier, qui était le plus proche de l’explosion, fut propulsé contre le sol suite à la brûlure qui lui fouetta le corps.


Le ciel était d’un bleu lumineux et le soleil brillait aux éclats dans sa position de zénith. Qu’il était agréable d’enfin survoler le Bois Clémenti et non plus de survivre entre les arbres et les pokémons menaçants. La montgolfière flottait paisiblement dans les airs en direction de la ville qui s’étalait sur l’horizon.
– J’adore l’été ! s’exclama James en s’accoudant au bord de la nacelle.
Le vent léger qui lui ébouriffait les cheveux lui procura le plus grand bien et il soupira d’aise.
– Moi aussi, mais n’oublions pas que nous avons une mission, rappela Jessie.
– Arrête de jouer les rabat-joie et profite un peu du climat exotique de cette région ! C’est pas tous les jours qu’on a la chance de voyager dans le sud, loin de tout le monde et sans aucune contrainte.
– Désolé James, mais je suis d’accord avec Jessie, dit Miaouss. Ne nous laissons pas distraire par des choses futiles comme la météo et concentrons-nous sur notre mission.
– Bon, bon, d’accord ! accepta James en s’avouant vaincu.
– Dis-moi Miaouss, c’est quoi la ville qu’on voit au loin ? interrogea Jessie.
Miaouss jeta un coup d’œil aux minuscules bâtiments qui se dressaient à l’horizon derrière une nuée d’oiseaux.
– Mérouville, répondit-t-il. Cette ville contient une arène et justement, j’avais pensé à quelque chose !
Jessie et James écoutèrent attentivement les idées de leur compagnon de chat tout en dégustant de savoureux sandwichs aux odeurs alléchantes. C’est alors que la nuée d’oiseaux s’approcha de la montgolfière et inquiéta Jessie. Miaouss changea de cap afin d’éviter la collision avec les oiseaux au plumage bleu mais les pokémons semblaient les suivre à la trace.
– Qu’eche qu’il nous veulent ches bestchioles ? se demanda James en mâchant sa nourriture.
Sans crier garde, la nuée de Nirondelle frappa violemment la nacelle de la montgolfière qui se balança dangereusement. La Team Rocket fut assaillie par les pokémons surexcités qui leur dérobèrent leurs provisions.
– Eh !! s’écria Jessie, outrée. Rendez-nous notre bectance !
– Espèce de voleurs ! s’emporta James. On n’a pas idée de voler les biens des autres ! Pour qui vous vous prenez ?
– Sales bêtes ! injuria Miaouss.
Les Nirondelle évitèrent les coups de pattes du pokémon et les tentatives de Jessie et James de les attraper et s’emparèrent de toutes les provisions du trio avant de déguerpir.
– Miaouss, suis-les ! ordonna Jessie en colère.
Mais la montgolfière perdait de l’altitude et les oiseaux rapetissaient à vue d’œil en allant se cacher dans les arbres.
– Miaouss !!
– Je n’ai plus le contrôle du ballon ! annonça Miaouss en criant.
La nacelle percuta brutalement le sol tandis qu’une branche d’arbre perça le tissu du ballon. Jessie, James et Miaouss s’extirpèrent de leur engin volant avec difficulté.
– Ouf ! On a eu chaud ! soupira James en se laissant tomber au sol.
– Si tu as chaud, tu n’as qu’à boire ! s’énerva Jessie. Moi, j’ai faim et je vais leur montrer de quel bois on se chauffe ! Miaouss, répare la montgolfière et retrouve-nous !
– On va où ? s’inquiéta James.
– Récupérer la bouffe !


La fumée qu’avait provoquée l’attaque explosion de l’Electrode mystérieux emplit les poumons de Sofian qui eut du mal à reprendre sa respiration. Devant lui, Timmy se relevait fébrilement, la respiration saccadée, et Flora lui tendait une main pour l’aider à se remettre sur pieds. Sofian se frotta les cheveux afin d’en ôter les plumes roussies des oiseaux et plissa les yeux pour y voir plus clair dans la poussière de l’explosion. Tandis que Poussifeu et Goélise rejoignaient leur maître, des pas s’approchèrent des trois amis et une silhouette d’adolescent s’arrêta devant la masse fébrile du pokémon oiseau gravement blessé. Un flash de lumière rouge fit disparaître l’Electrode KO. Lorsque la fumée se dissipa, Sofian fut en mesure d’examiner les traits physiques de leur sauveteur.
Il devait avoir le même âge qu’eux. Ses yeux bleu clair étaient dirigés vers le pokémon blessé à ses pieds, ses cheveux noirs aux étranges reflets bleus étaient ébouriffés dans une coiffure moderne, un froncement de sourcil naturel lui donnait un air sévère et sa posture laissait deviner un garçon de fort caractère. Le garçon ignora totalement Sofian, Flora et Timmy et s’accroupit auprès de l’oiseau mal en point. Celui-ci frémit de peur en voyant de plus près le rude visage de l’inconnu et essaya de reculer mais les blessures qu’avaient causées l’explosion l’en empêchait.
– Nirondelle femelle d’une hauteur plus grande que la moyenne mais d’un poids relativement normal, physique parfait et plus musclé que le Nirondelle classique, double type vol et normal, ce qui fait de son espèce un des meilleurs pokémons vol, observa le garçon en analysant le pokémon sous tous les angles. Étant donné qu’elle a donné l’ordre d’attaquer, je suppose qu’elle doit être la chef de sa horde, donc qu’elle est la plus forte des Nirondelle des environs. Avantagée contre les pokémons de type combat, insecte, plante et sol, son double type lui permet aussi de ne pas souffrir des attaques spectres. Ce qui fait donc d’elle la candidate parfaite pour intégrer mon équipe.
Le garçon se releva, sortit une pokéball de son sac à dos et la laissa tomber contre la Nirondelle impuissante qui y fut renfermée instantanément. Toujours sous le choc, les trois amis participèrent à la capture de la Nirondelle blessée et Sofian ne put s’empêcher d’éprouver de l’admiration pour l’inconnu qui maniait les savoirs théoriques à la perfection.
Le garçon se tourna enfin vers Sofian, Flora et Timmy, et leur lança d’une voix désagréable :
– Vous feriez mieux de rentrer chez vous, c’est dangereux de se promener dans cette forêt sans savoir se défendre.
– Merci, mais nous sommes des dresseurs et nous avons juste été surpris par ces pokémons, expliqua Sofian avec gratitude pour le remercier de les avoir sauvés.
Le garçon jeta un coup d’œil aux pokémons apeurés de Sofian et esquissa un petit sourire moqueur.
– Vous aussi vous allez vous inscrire pour la Ligue Pokémon ? demanda le garçon qui semblait tout d’un coup intéressé par les trois adolescents.
– Oui ! répondit fièrement Sofian en bombant le torse.
– Non, murmura Timmy qui préférait laisser Sofian parler à l’inconnu qui ne lui inspirait pas confiance.
Flora toussota une phrase incompréhensible en jouant nerveusement dans ses cheveux et recula avec Timmy.
– Ça te dit un combat pokémon ? demanda avec avidité l’inconnu.
Il lança un regard perçant à Sofian qui se souvint d’avoir déjà vu ce regard électrique et déterminé quelque part mais le souvenir de l’endroit lui échappait totalement. Mais cela n’avait aucune importance pour l’instant car un combat pokémon l’attendait.
– Bien sûr ! accepta d’office Sofian.
– Euh… hésita Flora derrière lui. Ne penses-tu pas que ce n’est pas très judicieux d’affronter un inconnu qui fait exploser des pokémons ?
– C’est un peu le système de la Ligue Pokémon, Flora, rétorqua Sofian. Combattre des inconnus avec des pokémons qui explosent !
– Ou comment me dire poliment de fermer ma gu… grommela Flora en croisant les bras.
– Vous avez fini vos chamailleries de couple ? On peut y aller ? s’impatienta le garçon.
– On n’est pas en… ! Oh, et puis zut ! soupira Flora en abandonnant l’affaire.
– Juste un pokémon chacun, précisa le garçon.
– Aucun problème ! Je choisis Poussifeu !
Poussifeu avança fièrement devant son maître tandis que Goélise alla se poser dans les bras de Timmy.
– Allez Nirondelle, montre-moi ce dont tu es capable, dit le garçon en ouvrant la pokéball qu’il tenait en main.
– Quoi ?! s’exclamèrent en chœur les trois amis.
La petite Nirondelle gravement blessée apparut dans les airs et retomba rapidement au sol, incapable de tenir le coup. Le garçon laissa échapper un soupire de contrariété.
– Mais t’es malade ? s’exclama Sofian. Tu viens de l’affaiblir avec ton Electrode et tu veux la faire combattre ?
– T’occupes ! Tu veux te défiler ?
– Hors de question ! Poussifeu, attaque… bah charge-le mais pas trop fort…
– Ne me fais pas l’affront de ne pas combattre sérieusement ! s’énerva le garçon, offusqué.
– Mais… ton pokémon est presque KO ! fit remarquer Sofian.
De mauvaise humeur, l’adolescent inconnu ordonna :
– Nirondelle, attaque « tornade » !
L’oiseau battit difficilement des ailes et une brise légère souffla agréablement au visage de Poussifeu. Le poussin se tourna vers son maître afin de lui demander s’il devait vraiment attaquer son adversaire épuisé et Sofian acquiesça malgré lui. Poussifeu chargea alors violemment la Nirondelle qui valsa dans les airs avant de retomber mollement aux pieds de l’inconnu qui affichait une grimace dégoûtée. Décidément, leur sauveteur était de plus en plus désagréable et de moins en moins appréciable, songea Sofian.
Poussifeu s’apprêta à se défendre mais le garçon fit rentrer la Nirondelle dans sa pokéball.
– Enfin tu as l’air de prendre conscience, dit Sofian. Allez, combattons sérieusement avec un de tes autres pokémons.
Mais l’inconnu ignora sa remarque et actionna le petit bouton au centre de la pokéball. Un flash de lumière bleue cette fois-ci relâcha le pokémon qui roula au sol.
– Tu ne m’es d’aucune utilité si tu ne sais même pas combattre quand tu es blessée, annonça-t-il cruellement à son ancien pokémon.
Et sans ajouter un mot, il tourna les talons et s’en alla.
– Eh ! s’écria Sofian. Espèce d’enfoiré, reviens !
Mais l’inconnu avait déjà disparu entre les arbres de la forêt épaisse en laissant derrière lui la pauvre Nirondelle gravement blessée.
– Quel être abjecte ! s’offusqua Flora.
– Laisser un pokémon aussi mal en point, c’est monstrueux ! se révolta Timmy.
– On ferait mieux de retrouver les autres Nirondelle et de leur ramener leur chef, dit Sofian en prenant délicatement l’oiseau mal en point dans ses bras.


La Nirondelle s’était blottie dans les bras de Sofian lorsqu’elle avait senti qu’elle pouvait avoir confiance en lui. Les trois amis s’étaient mis en route vers l’endroit où s’étaient envolés tous les Nirondelle lors de l’attaque de l’Electrode mais s’étaient vite perdus. Ayant repris du poil de la bête, la Nirondelle avait pris les commandes de la marche et indiquait le chemin à suivre pour retrouver ses paires.
Sofian, Flora et Timmy arrivèrent très vite sur un sentier parsemé de hauts châtaigniers. Ils marchèrent vers un taillis où un tout petit Nirondelle montait la garde. En voyant arriver les trois humains, le Nirondelle piailla et disparut entre les branches rapprochées. La Nirondelle sauta hors des bras de Sofian et avança lentement vers le taillis, avant de disparaître entre les branchages à son tour. Sofian poussa les branches d’arbre pour se frayer un passage et ce qu’il découvrit de l’autre côté des arbres lui fit pousser une exclamation d’émerveillement.
Cachée par l’épais taillis, la nuée de Nirondelle sauvage s’était construite un petit village de fortune, ayant construit leurs nids dans les arbres et leur point de rassemblement au centre du cercle formé par les troncs de châtaigniers où était empilée une pyramide monumentale de nourriture. Timmy reconnut ses cuisses de poulet mais préféra ne pas approcher le butin des oiseaux. En voyant les humains arriver dans leur territoire, les Nirondelle adultes s’envolèrent à leur rencontre avec agressivité. Mais la Nirondelle blessée se posta en travers de leur chemin en battant difficilement des ailes et protégea les adolescents. Elle siffla une mélodie agréable à écouter et tous les Nirondelle s’apaisèrent.
– Je crois qu’elle leur a dit qu’on était de leur côté, comprit Timmy.
– Nirondelle, pourquoi volez-vous la nourriture des dresseurs ? demanda Sofian.
– Tu crois qu’elle va te répondre ? marmonna Flora de manière ironique.
La Nirondelle les invita à la suivre et se dirigea vers l’arbre le plus épais du village d’oiseaux. Elle s’engouffra dans un large trou qui donnait dans le tronc creux de l’arbre et, malgré les réticences de Flora, Sofian n’hésita pas à y pénétrer. Timmy obligea la jeune fille à y entrer à son tour et ce ne fut que lorsqu’ils furent tous les trois confinés dans le tronc d’arbre qu’ils remarquèrent le tout petit bébé Nirondelle couché au sol. Deux Nirondelle, qui devaient être ses parents, l’encadraient et essayaient de le nourrir avec ce qui ressemblait à un chips. Mais le pokémon semblait trop fébrile pour avaler quoi que ce soit et respirait difficilement.
– Pauvre Nirondelle, se lamenta Timmy en voyant l’état malheureux dans lequel le bébé pokémon se trouvait.
La cheffe Nirondelle couvrit le bébé fébrile à l’aide d’un sachet de course et Flora posa sa paume contre le front de l’oiseau pour sentir sa température corporelle.
– Vous croyez qu’il est né comme ça ? demanda Sofian.
– Non, ça ressemble beaucoup à la Grippe Plumale, répondit Flora d’un ton qui faisait beaucoup penser à son père, le Professeur Seko. On a recueilli au laboratoire pas mal de pokémons vol avec cette maladie ces derniers temps. Normalement, ça passe avec le repos mais comme c’est un bébé, il vaut mieux lui donner un petit médicament à base de plante.
Flora fouilla dans son sac à dos et en sortit un tube en plastique. Elle vida le tube de son onguent verdâtre qu’elle appliqua sur la gorge du Nirondelle. Le râle du pokémon se calma rapidement et l’oiseau sombra dans le sommeil.
– Voilà, il devrait aller mieux d’ici quelques heures, annonça Flora.
Les parents Nirondelle sifflèrent de joie et la Nirondelle frappa d’un petit coup de tête la main de Flora pour la remercier.
– Ah ! Les voilà ces satanées volailles ! s’écria tout d’un coup une voix à l’extérieure.
Des cris de Nirondelle retentirent au-dehors et Sofian se tourna subitement pour apercevoir quelque chose dans le trou du tronc. Un gros Nirondelle fut projeté vers eux et une explosion fit trembler le sol.


– C’est incroyable ! s’exclama Sofian après s’être extirpé du tronc d’arbre. Vous êtes toujours en train de créer des problèmes !
Flora et Timmy sortirent à l’air libre avant la chef des Nirondelle et reconnurent Jessie et James devant le taillis. Seviper et Cacnéa étaient hors de leurs pokéballs et se battaient contre des Nirondelle protecteurs du village.
– Qu’est-ce que vous faites là ? s’énerva Timmy.
– On pourrait vous retourner la question ! répliqua James.
– Laissez ces Nirondelle tranquilles ! ordonna Flora.
– Ne vous mêlez pas de nos affaires ! s’écria Jessie. On a un compte à régler avec ces oiseaux de malheur !
Sofian sortit une pokéball de sa poche, mais lorsque Seviper mordit brutalement l’aile d’un des oiseaux, la Nirondelle s’écria de colère et s’envola avec rapidité malgré son état vers le serpent.
– Non, Nirondelle, tu vas te faire battre ! appela Sofian, horrifié.
– Cacnéa, « dards nuée » ! ordonna James.
Le cactus vert posta ses bras devant lui et envoya une rafale d’épines en direction de la Nirondelle qui prit de l’altitude afin de les éviter. Les trois adolescents se jetèrent sur le côté pour éviter l’attaque qui explosa contre le gros arbre qui abritait le bébé pokémon malade. Flora se précipita à l’intérieur pour protéger le pokémon tandis que la Nirondelle approchait des ennemis.
– Seviper, queue poison ! ordonna Jessie.
Le serpent noir fouetta l’air avec sa queue empoisonnée et frappa violemment la Nirondelle qui s’écroula au sol sans avoir pu riposter. Sofian se releva rapidement et constata que tous les pokémons oiseaux avaient disparus.
– Attendez une minute ! s’exclama Timmy. Où est Miaouss ?
Une large ombre recouvrit les environs et Sofian tendit la nuque vers le ciel. La montgolfière de la Team Rocket flottait au-dessus de leur tête et depuis la nacelle pendait un énorme filet qui emprisonnait tous les Nirondelle de la clairière. Une échelle faite de cordage descendit jusqu’au sol et Jessie et James firent disparaître leurs pokémons et y grimpèrent en prenant la cheffe des Nirondelle avec eux.
– Revenez ! s’écria Sofian alors que le ballon s’envolait vers le nord.
Sofian et Timmy coururent après la montgolfière mais s’arrêtèrent bien vite au sommet d’un précipice qui donnait sur une rivière pleine de rochers.
– Vous ne pouvez pas voler ces pokémons ! hurla Sofian, impuissant, alors que la montgolfière s’élevait de plus en plus haut.
– Vous voulez récupérer ce Nirondelle ? proposa gentiment Jessie en montrant la chef des Nirondelle grièvement blessée.
Timmy échangea un regard inquiet avec Sofian en se demandant ce qu’ils préparaient.
– De toute façon, elle ne nous sera pas utile dans l’état dans lequel elle se trouve, continua Jessie. Alors, la voilà !
Et Jessie lâcha la Nirondelle dans le vide. Sofian ne prit pas la peine de réfléchir en voyant tomber vers les rochers le pokémon trop blessé pour battre des ailes. Il lança sa pokéball dans les airs et Goélise apparut devant lui.
– Rattrape vite Nirondelle ! ordonna Sofian, le cœur battant à tout rompre.
Goélise fila à une vitesse extraordinaire et traversa les cent mètres qui le séparaient du précipice en une seconde. Il attrapa l’oiseau à l’aide de ses pattes et la ramena aux pieds de Sofian.
– Rapide, commenta James, inquiet.
– Miaouss, partons vite, dit Jessie qui voyait le danger arriver.
– Bravo Goélise, tu as maîtrisé ta vive-attaque ! félicita Sofian. Va récupérer les autres Nirondelle !
Goélise fusa en direction du filet alors que la montgolfière prenait de la vitesse mais la mouette la rattrapa en un éclair et mordilla le filet qui se détacha de la montgolfière et chuta vers le précipice à son tour.
– MERDE ! s’écria Sofian en se rendant compte qu’il n’avait pas pensé au fait que les Nirondelle ne pourraient pas s’extraire des mailles du filet.
– Tarsal, viens nous aider !
Timmy fit apparaître son Tarsal qui se concentra rapidement. Une aura rouge entoura ses cornes et le filet s’arrêta instantanément dans les airs avant de léviter vers la terre ferme. Sofian déchira le filet et tous les Nirondelle s’envolèrent vers la montgolfière en poussant des piaillements aigus. La Team Rocket hurla de peur alors qu’un Nirondelle traversait leur ballon qui éclata et envoya la nacelle loin de la scène de combat, faisant disparaître les trois membres dans la forêt à des kilomètres de là.


Les Nirondelle avaient ramené les trois adolescents dans leur clairière et insistèrent pour qu’ils se servent dans leur réserve de nourriture. Etant donné qu’ils n’avaient plus aucune provision, ils acceptèrent volontiers et Timmy récupéra ses cuisses de poulet avec faim tandis que Flora remplissait allègrement son sac à dos de vivres. Sofian, quant à lui, déposa la Nirondelle très affaiblie au sol mais ses pattes lâchèrent et elle se laissa sombrer sur l’herbe fraîche.
– La pauvre doit être dans un état lamentable après tous les coups qu’elle a subi aujourd’hui, dit-il en s’agenouillant auprès du pokémon qui avait du mal à respirer.
Certains Nirondelle s’approchèrent de leur chef en sifflotant des airs rassurants mais la Nirondelle tremblait de douleur.
– Tu n’as pas un médicament Flora ? demanda Timmy.
– Non, j’ai utilisé toute ma Super Potion avant-hier, répondit-elle sur un ton désolé.
Elle fit apparaître son Gobou qui donna un peu de son eau à la Nirondelle mais l’oiseau eut du mal à boire.
– Il faut l’amener à un centre pokémon de toute urgence, dit Sofian.
– Le plus proche se trouve à Mérouville, s’affola Flora.
– Timmy a dit que nous n’étions plus très loin de Mérouville, rappela Sofian. Si elle reste ici, les Nirondelle vont encore continuer à voler les dresseurs innocents pour essayer de la soigner et je doute qu’elle se remette sur pied dans les jours qui viennent. C’est décidé, on doit l’emmener avec nous.
Les Nirondelle comprirent ce que Sofian voulait faire et se mirent à protester. Mais les parents du bébé Nirondelle haussèrent le ton et leur rappelèrent dans leur langage que les trois adolescents étaient des personnes de confiance.
– Nirondelle, dit Sofian en s’adressant à l’oiseau en piteux état, dès que nous t’aurons soignée, nous viendrons te ramener à tes amis. Tu es d’accord avec ma proposition ?
La Nirondelle accepta avant de perdre connaissance.
– Il vaut mieux la protéger dans une pokéball le temps qu’on y arrive, elle pourra s’y reposer.
Sofian sortit une pokéball vide de sa poche et y fit pénétrer l’oiseau grièvement blessé qui se laissa capturer sans opposer de résistance. Les autres Nirondelle affichaient un air grave et réticent mais le laissèrent faire.
– Je vous promets que nous vous la ramènerons très vite en très bon état, certifia Sofian.
– Encore merci pour la nourriture, remercia Timmy.
– Oui bon, n’oublie pas qu’au départ, ils nous l’ont volée, rappela Flora.
Sofia, Flora et Timmy quittèrent alors la clairière en repassant par le taillis qui masqua le village des pokémons oiseaux et reprirent d’un pas rapide la route vers le nord en direction de Mérouville qui n’était plus très loin.


À suivre dans : « Sauvetage nocturne »