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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/08/2014 à 23:33
» Dernière mise à jour le 07/10/2016 à 17:18

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 2 : Pokemon et humains
Kerel


Cielali fit plusieurs détours dans la ville pour rendre visite à ses amies et parler avec elles. En tant que son esclave personnel, il était dans mes attributions de l'accompagner partout où elle allait pour veiller sur elle. Même si, en réalité, elle serait bien plus à même à se défendre elle-même que moi. Les Pokemon avaient des pouvoirs, des capacités que les êtres humains n'auront jamais. C'était pourquoi ils nous étaient supérieurs. Ma maîtresse pouvait utiliser des attaques vols d'une grande rapidité et d'une grande puissance. J'avais déjà vu son attaque Lame-Air découper la roche. Et en dépit de sa petite taille, elle avait assez de force dans ses oreilles qui faisaient office d'ailes pour me soulever plusieurs mètres au-dessus du sol.

Nous fûmes de retour dans la demeure de Monsieur Noctali quand le soleil commença à décroitre. Noctali était un Pokemon très protecteur envers sa fille unique, et refusait qu'elle reste dehors à la tombée de la nuit. Cielali était pourtant, selon les considérations Pokemon, majeure. Mais elle se gardait bien de contrarier son père. Moi, j'avais suivi la sagesse de ma maîtresse et fait de même. Monsieur Noctali était un Pokemon juste, mais très strict.

La maison était assez petite, bien que de haute qualité car se trouvant dans les hauts quartiers de Ferduval. Elle était petite car les Pokemon de la famille d'Evoli n'étaient pas vraiment connus pour leur taille imposante. Avant la Guerre de Renaissance, ils auraient très bien pu habiter dans un terrier ou un abri fait de feuilles et de branches. Mais depuis que les Pokemon avaient gagné la guerre, cinq cent ans plutôt, ils avaient pris le mode d'habitat des humains. Le Seigneur Protecteur Xanthos le leur avait appris.

En parlant du Seigneur Protecteur, la première chose que ma maîtresse et moi firent en rentrant, ce fut de s'incliner respectueusement devant le portrait de Xanthos. Chaque demeure Pokemon devait en avoir un à l'entrée, c'était la loi. Le Seigneur Protecteur Xanthos était celui qui avait guidé les Pokemon contre les humains, celui qui avait fait tant progresser leur société, et le fondateur de l'Empire de Pokemonis. C'était le seul humain que les Pokemon acceptaient de vénérer. Le seul qu'ils devaient vénérer.

Le portrait représentait une silhouette humaine dans une combinaison noire, masquée, avec une cape blanche et une visière verte en forme de V. Personne n'avait jamais vu le visage du Seigneur Protecteur, hormis l'Empereur, son camarade Pokemon Daecheron. Lui et Xanthos avaient gouverné l'Empire cinq siècles durant, jusqu'à il y a deux ans, quand ce dernier fut tué par les rebelles Paxen lors de la bataille de Balmeros. À sa mort, le Seigneur Protecteur Daecheron se nomma Empereur, et jura de venger son ami en traquant et exécutant tous les rebelles.
La mort du Seigneur Protecteur Xanthos fut un choc pour les Pokemon de l'Empire. Xanthos avait vécu six siècles. Il était un peu comme un dieu, que ce soit pour les Pokemon comme pour les humains d'ailleurs. Que de simples rebelles aient pu avoir raison de lui, cet être immortel, si puissant, si éclairé, était impensable. Pire, c'était un sacrilège.

D'un autre côté, force était d'avouer que l'Empire se portait mieux depuis la disparition de Xanthos. Personne ne le disait, mais le Seigneur Protecteur avait été un tyran durant son dernier siècle de règne. Il avait commencé par exiger des Pokemon une obéissance aveugle, et même une vénération. Il demandait toujours plus d'impôts, toujours plus de Pokemon pour son armée. Il avait même pris possession des saisons. Sans que personne ne parvienne à dire comment il avait fait, il contrôlait le climat depuis Axendras. Il avait le pouvoir de faire durer l'été où il voulait, ou de déclencher un hiver sans fin là où les Pokemon s'avisaient de contester ses ordres.
D'aucun disait que c'était de sa faute si ces rebelles Paxen avaient été créé. La colère grondait de plus en plus partout. Certains Pokemon avaient même frôlé l'hérésie en déclarant qu'après tout, Xanthos n'était qu'un humain, et que malgré ce qu'il avait fait pour les Pokemon il y a six siècles de cela, il n'avait pas le droit de les gouverner.

La mort du Seigneur Protecteur avait mis tout le monde d'accord. Oui, Xanthos avait été un tyran, et oui, c'était un humain comme les esclaves, mais les Paxen n'avaient pas le droit de le tuer. Il était un symbole pour tous les Pokemon de la planète. Donc les gens continuaient de le vénérer, même plus que de son vivant.
Monsieur Noctali était dans le salon, en train de regarder l'holovideo qui donnait les dernières nouvelles dans tout l'Empire. Sa femme, Dame Nymphali, était en train de préparer le repas dans la cuisine. Je m'inclinai tandis que Cielali approchait.

- Nous sommes rentrés.

- Il est tard, constata Noctali. Le tournoi a duré si longtemps ?

- Non papa, j'ai juste rencontrée des amies en revenant.

Monsieur Noctali me dévisagea de ses grands yeux jaunes.

- Tu aurais pu prendre le temps de laver ces blessures avant de rentrer, humain, gronda-t-il à mon encontre. Ma femme va te tuer si jamais tu salis le sol avec ton sang !

- Ce n'est trois fois rien, monsieur, répondit-je. Je ne saigne même plus. Je ne salirai rien.

Noctali grogna et demanda à sa fille en lorgnant le petit sac de jails que je tenais :

- Alors, il a gagné ?

- Presque, papa, répondit Cielali. Il a terminé en seconde place. Il s'est bien battu.

- Pas assez apparemment. Qui a gagné ?

- L'humain de monsieur Rexillius.

- Tss, comme si ce vieux débris en avait quelque chose à faire, de la récompense... N'empêche, si ton humain perd contre l'esclave de Rexillius, que pourra-t-il faire contre celui de Frelali, dis-moi ? Ce n'est pas demain la veille qu'on pourra remporter l'esclave humaine, à ce stade...

- Tu es déjà au courant ? S'étonna Cielali.

- Tu penses bien ! Cresuptil n'a pas manqué de le faire savoir dans la ville entière ! Giratina m'emporte si jamais il est parvenu à avoir une femelle sans ses contacts douteux au marché noir !

- Chéri, cesse donc de dire du mal du maire, intervint Dame Nymphali qui tenait une assiette avec ses rubans roses. Qu'importe comment il a fait pour avoir cette esclave. C'est une grande chance pour Ferduval. Qu'importe qui gagne, notre ville aura une reproductrice potentielle pour nos esclaves, et on pourra agrandir nos stocks sans passer par Axendria.

- Mouais. Ceci dit, si ton humain veut avoir une chance de se reproduire avec cette femelle, ma fille, fais lui bien savoir qu'il n'a pas intérêt à humilier notre famille dans l'arène pour le Grand Tournoi.

- Kerel ne nous a jamais humiliés, papa, fit ma maîtresse sur un ton de reproche. Il est l'un des meilleurs combattants de la ville, et on a gagné en réputation grâce à lui. Et en argent aussi.

Je laissai ma maîtresse prendre ma défense sans intervenir, car, à moins que Monsieur Noctali ne s'adresse directement à moi, je n'avais pas le droit de m'imposer dans une discussion entre Pokemon, quel que soit le sujet. Mais j'étais toujours content quand Cielali me défendait face à son père. Tandis qu'ils parlaient, j'allais aider Dame Nymphali à préparer le dîner. J'aimais bien Dame Nymphali. Cielali tenait beaucoup d'elle niveau caractère. Elle était gentille et me parlais toujours avec respect, quand bien même je n'étais qu'un esclave. Quant à Monsieur Noctali, même s'il faisait mine d'être bourru et sévère envers moi, je savais qu'il me considérait comme un bon investissement. Oui, j'avais vraiment beaucoup de chance d'être tombé dans cette famille de Pokemon.

Quand j'eus fini de préparer la table, je m'inclinai et je sortis de la maison. Un esclave n'avait pas à manger avec ses maîtres Pokemon. C'était inconvenant. J'aurai pu manger dans la petite pièce qui me servait de chambre, mais j'avais appris à ne plus m'imposer à mes maitres le soir. Comme elle ne sortait plus après manger, Cielali n'avait pas besoin de moi, et m'avait donné l'autorisation de sortir où bon me semble. J'en profitais pour descendre dans le ghetto et donner un peu de mon repas aux humains les plus nécessiteux. Cielali l'avait découvert, et tâchait donc de me donner une plus grande part du repas à chaque fois.

Bien que je sois un esclave des hauts quartiers, et donc que je ne manquais jamais de rien, le ghetto était un peu comme ma seconde famille. C'était là que j'avais grandi, jusqu'à que les parents de ma maîtresse décide de me prendre comme esclave. On y trouvait les quelques humains sans maître de la ville. Des gens comme Sol, trop vieux pour être utiles à quoi que ce soit, ou encore des jeunes enfants abandonnés par leurs maîtres ou par leurs mères. Les conditions de vie dans le ghetto étaient des plus difficiles, surtout pour des enfants ou des vieux. Je m'étais toujours efforcé de les aider du mieux que je pouvais durant mon temps libre. Je venais souvent ici avec mon ami Morgan, où nous nous amusions avec les enfants ou tenions compagnie aux plus anciens.

Mais Morgan était mort, il a huit mois. Il avait été retrouvé sans vie avec son maître Fouinard en dehors de la ville. Selon ce qui se disait, il avait été emprisonné pour avoir attaqué un Pokemon, et son maître l'avait fait évader. Un crime rare. Jamais un Pokemon n'irait risquer sa vie pour un esclave. Pourtant, ce Fouinard l'avait fait. Les liens entre lui et Morgan avaient dû être très forts.
Depuis que Morgan n'était plus là, je devais venir deux fois plus souvent dans le ghetto pour compenser son absence, bien que Crusio vienne parfois aussi. Dès que je fus arrivé, la dizaine d'enfant qui vivait là se jeta sur moi en riant. J'étais connu et apprécié, ici. Peu d'esclaves de la ville descendaient dans le ghetto. Mais j'avais bien réussi dans ma vie d'esclave, et je me sentais un peu obligé d'aider ceux qui avaient eu moins de chance que moi. Je distribuai la nourriture que j'avais prise, et Ducan, l'un des enfants les plus vieux, de douze ans, me dit :

- Tu viens avec nous hein Kerel ? Ce soir, Sol nous raconte une histoire !

Je souris. La vieille Sol, l'humaine la plus âgée du ghetto, et sans nul doute de la ville entière, devait passer tout son temps à raconter des histoires. Certaines d'entre elles relataient des faits antérieurs à la Guerre de Renaissance. Même si elle était très vieille, je doutais qu'elle ait plus de six cents ans, donc elle devait laisser parler son imagination la plupart du temps. Néanmoins, il était indéniable que la vieille femme savait beaucoup de chose. Elle avait dû être une femme cultivée jadis, peut-être une esclave d'un Pokemon historien ou professeur. Je n'en savais rien ; Sol ne parlait jamais de son passé. J'avais déjà sans doute entendu toutes les histoires qu'elle pouvait raconter, mais je suivis quand même les enfants. J'étais content de voir Sol quand je passais dans le ghetto. Elle faisait un peu office de maman pour tous les jeunes humains de la ville. C'était quasiment elle qui m'avait élevé suite à la mort de ma mère, avant que je n'entre au service de Cielali.

Elle était déjà entourée par quelque autres enfants, et même quelques adultes, près d'un feu allumé à même le sol avec des détritus. Elle me sourit en me voyant arriver. Son visage n'était qu'un croisement de rides de toute sorte, mais elle avait encore des yeux verts brillants et vifs, ainsi qu'une belle chevelure blanche. À chaque fois je la voyais, je me demandais comment elle faisait pour vivre aussi longtemps et être en aussi bonne santé, surtout dans un lieu comme le ghetto. Sol n'avait jamais dit son âge, mais elle devait clairement avoir plus de quatre-vingt ans, peut-être même plus. Et les années ne semblaient pas avoir trop d'effet sur elle. Je la connaissais depuis ma plus petite enfance, et j'avais l'impression qu'elle n'avait pas du tout changé.

- Ah, Kerel. Tu es venu trembler un peu de froid en écoutant les inepties d'une vieille comme moi ?

- Dis-moi de quelle histoire il s'agit, et je te dirai si ce sont des inepties ou non, fit-je avec un sourire.

- Tu penses pouvoir discerner le mensonge dans mes histoires, jeune homme ?

- Certaines ont l'air plus crédibles que d'autre.

- Et pourtant, chacune de mes histoires sont vraies, Kerel. Peut-être un peu légèrement modifiées pour les rendre plus captivante parfois, je l'admets, mais elles ne sont pas un mensonge. Je ne dis jamais de mensonge. Le monde d'autrefois était bien plus surprenant que nous le pensons aujourd'hui.

- De quoi tu vas nous parler, alors Sol ? Demanda un jeune bambin tout excité.

La vieille femme lui répondit en un sourire attendrissant.

- Je soir, je vais vous conter comment nos ancêtres et les Pokemon vivaient avant l'arrivée l'Empire, et la naissance de celui-ci.

J'avais déjà entendu cette histoire, et, inquiet, je regardai attentivement tout autour de moi. Si jamais un Pokemon entendait Sol raconter ça, on était tous bon pour l'exécution. L'Empire n'aimait pas que l'on parle de l'époque où il n'existait pas encore. Il avait établi l'histoire officielle, bien loin de ce qu'allait raconter Sol, et il n'acceptait pas qu'on puisse le contredire.

- Autrefois, commença Sol, c'était il y a plus de six cents ans donc, les Pokemon n'étaient pas les maîtres des humains. Autrefois, les Pokemon ne savaient même pas parler. Les sociétés humaines se développaient dans la technologie, de plus en plus supérieure et décadente, tandis que les Pokemon vivaient le plus souvent entre eux, dans la nature. Il n'y avait pas vraiment de hiérarchie établi entre nos deux races, mais les humains se considéraient bien supérieur aux Pokemon, cela va sans dire.

- Comment c'est possible, Sol ? Demanda Ducan. Les Pokemon sont si puissants, ils ont tant de pouvoirs...

- Oui, et ils avaient les même qu'aujourd'hui à l'époque. Mais ils ne s'en servaient rarement contre les humains. Nos ancêtres et les Pokemon vivaient dans une certaine harmonie. Pas toujours parfaite, il est vrai, mais qui a existé durant des milliers d'années. Cet équilibre était possible grâce au dressage Pokemon. Les humains, grâce à une invention nommée la Pokeball, capturaient des Pokemon et les envoyaient se battre contre d'autres Pokemon.

Tous les enfants étaient ébahis. Je me rappelle l'avoir été tout autant quand j'ai entendu ça. Aujourd'hui encore, j'avais du mal à le croire. Les humains se servant des Pokemon pour combattre ? C'était le monde à l'envers !

- Tu veux dire... comme les Pokemon font pour nous dans les arènes ? Demanda Ducan.

- Un peu comme ça oui, mais en différent. Autrefois, les humains entraînaient leurs Pokemon, et s'entraînaient aussi par la même occasion. Les combats qui étaient menés, c'était à la fois ceux des Pokemon et du dresseur humain. Une épreuve pour les deux. Et c'était comme ça qu'ils apprenaient à se connaître, qu'ils progressaient ensemble. Les combats d'arène que les Pokemon nous font subir aujourd'hui n'ont pas cet aspect là. Ils ne servent pas à faire progresser, juste à divertir.

- Mais les Pokemon... Ils étaient d'accords avec ça ? Se battre entre eux pour les humains ?

- Aujourd'hui, ça semble fou, oui, mais autrefois, c'était ainsi. Les gens jugeaient ça naturel, tout comme les Pokemon d'ailleurs. Il y avait peu de remise en cause du système de la Pokeball. En tous cas aucune qui n'ait aboutie. Jusqu'à l'arrivée de Xanthos.

Sol eut un silence que je jugeai sombre, comme si elle maudissait silencieusement le nom du Seigneur Protecteur, ce qui était l'hérésie ultime dans l'Empire.

- Xanthos n'a pas toujours été son nom, reprit Sol. Il avait un prénom, que lui avait donné sa mère, et un nom de famille que lui avait légué ses ancêtres. Mais personne ne se souvient de ce nom aujourd'hui, à part l'Empereur. Et bien que nous l'ayons toujours connu avec son célèbre masque, il y avait un visage sous ce masque. Comme la grande majorité des jeunes gens de son âge, c'était un dresseur de Pokemon. Doué. Très doué. Et d'une particularité qui faisait sa réputation : il n'avait qu'un seul Pokemon. Il n'en capturait jamais, et ne se servait que de celui-ci. Pourtant, même avec un seul Pokemon, il arrivait sans mal à vaincre les dresseurs qui en avaient six. Parce que Xanthos était un as de la stratégie, mais aussi grâce à la terrible puissance de son Pokemon.

- L'Empereur ? Questionna l'un des adultes.

Sol hocha la tête.

- Oui, l'Empereur, connu autrefois sous son vrai nom de Daecheron. On ignore où Xanthos l'a trouvé. C'était un Pokemon inconnu avant que Xanthos ne le montre au monde entier avec ses victoires successives. Peut-être faisait-il partie de ceux que l'on nomme les Pokemon Légendaires, uniques et immortels, tels des dieux, mais aucun mythe ou légende ne traitait de près ou de loin de Daecheron. Il savait parler, à l'époque où l'énorme majorité des Pokemon ne parlaient pas. Il était plus que le Pokemon de Xanthos, il était son partenaire, son ami, comme un frère. Ensemble, ils atteignirent les sommets, jusqu'à que Xanthos soit consacré plus puissant dresseur Pokemon du monde.

- Et c'est alors qu'il a déclaré la guerre aux humains ? Demanda Ducan.

- Oui. Alors qu'il n'avait jamais mentionné le soi-disant esclavage que les Pokemon subissaient auparavant, du jour au lendemain, il prétendit commander aux Pokemon qui voulaient se libérer de leurs dresseurs. Il réunit autour de lui un certain nombre de dresseurs qui partageaient son point de vue, et lancèrent plusieurs actions. Mais Xanthos se retrouva seul bien vite, car il voulait conquérir la liberté des Pokemon au prix du meurtre des dresseurs Pokemon. Il se mit à tuer, à détruire des villes, et à rassembler toujours plus de Pokemon qui se fascinaient par sa violence et ses discours. Et pas seulement les Pokemon domestiques. Les Pokemon sauvages aussi finirent par le rejoindre.

Le regard de Sol se fit pensif et nostalgique.

- Ce fut le commencement des Années Sombres. Le bel équilibre entre humains et Pokemon venait de se rompre à jamais, en si peu de temps... On assista à des scènes horribles, où des Pokemon qui jadis aimaient leurs dresseurs se mettaient à les tuer sauvagement. Ce n'était pas naturel. Xanthos avait créé chez les Pokemon cette haine artificielle pour les humains. Par son charisme et ses paroles, il contrôlait leurs esprits, les poussant à faire des choses abominables. Quant à Daecheron, le monde se rendit compte bien vite qu'il était un démon Pokemon, capable de maîtriser les ténèbres à un niveau qu'aucun d'entre eux ne pouvait. Xanthos, le dresseur si populaire, si admiré, devint vite l'ennemi public numéro un du monde entier.

Le public de la vieille femme était immobile, scrutant chacun de ses mots. Même si j'avais déjà entendu cette histoire, j'étais moi aussi fasciné. Sol était douée pour raconter des histoires. Pas seulement à cause de son savoir - ou de son imagination - mais comme oratrice.

- Finalement, la guerre éclata entre les humains et les Pokemon. Elle ne put être évitée. Le problème pour les humains, c'était que lors des guerres précédentes, leur force avait toujours dépendu des Pokemon. Là, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. Mais il y avait quelque personne qui avaient conservé leurs amis Pokemon. Des Pokemon qui avaient refusé d'adhéré à l'idéologie de Xanthos, car l'amitié qu'ils vouaient à leurs dresseurs était plus forte que la haine que proférait Xanthos. L'un d'entre eux se nommait Régis Chen. Un grand homme de son époque, un des chefs de son pays, un puissant dresseur et un scientifique reconnu. Il fut la figure de proue de la lutte anti-Xanthos, et un meneur d'homme exceptionnel. Il gagna plusieurs batailles contre l'armée Pokemon, mais finalement il fut trahi par un des siens, et exécuté par Xanthos.

Sol fit une pause, puis reprit :

- Après ça, ce fut la débandade pour les humains. La guerre durant cent ans, oui, mais le gros des combats dura les vingt premières années. Après cela, les humains étaient déjà défaits mais résistaient parfois ça et là. Pour les mettre à genoux définitivement, Xanthos, grâce à l'aide du terrible scientifique Pokemon Anthroxin, créa un poison génétique qui modifia l'ADN humain, rendant très rare la naissance d'une fille. Et donc, vous vous en doutez, moins de fille égal moins de naissance. En une génération, la population humaine de la planète fut divisée par cinq, et ne cesse de baisser depuis. De moins en moins nombreux, les humains restant furent finalement vaincus.

Elle acheva son récit avec un air dramatique parfaitement étudié.

- La suite, vous la connaissez. Xanthos fonda l'Empire Pokemonis, qui englobe 70% du monde. Lui et Daecheron en devinrent les Seigneurs Protecteurs et furent vénérés de tous. Ils placèrent cinq Pokemon pour diriger les différentes fonctions de l'Empire, ceux qu'on nomme les Cinq Etoiles de l'Empire. Dans le même temps, les Pokemon assimilèrent le langage et la technologie humaine. Les êtres humains, eux, furent réduits en esclavage. Mais ils eurent leur revanche il y a deux ans, quand l'un des rebelles Paxen tua Xanthos lors de la célèbre bataille de Balmeros. La rumeur veut que ce Paxen soit un descendant de Régis Chen, le dresseur qui combattit Xanthos au début de la Guerre de Rennaissance. Arceus doit apprécier l'ironie.

- Dis Sol, c'est vrai ce qu'on raconte ? Questionna Ducan. Il y aurait des Pokemon chez les Paxen.

- C'est ce qu'on dit, oui. Pour chaque rebelle humain, il y aurait un Pokemon. Les Paxen se considèrent comme égaux, quelle que soit leur race, humain ou Pokemon. Ils veulent renverser l'Empereur et bâtir une société où humains et Pokemon pourront coexister sans hiérarchie et sans s'affronter.

- Ce sont des idiots, dis-je sans avoir pu me retenir.

Sol haussa les sourcils, et me dévisagea de ses yeux verts d'un air amusé.

- Oh, c'est ce que tu penses, Kerel ?

- Oui, c'est ce que je pense, Sol. Le monde dont ils rêvent, c'est bien joli, mais selon moi, ce n'est qu'une utopie. Et puis, ces gens sont des irresponsables ! Pensent-ils aux répercussions de leur folie ? Quand les Paxen ont tué le Seigneur Protecteur, ont-ils songé aux conséquences pour les humains de l'Empire ? Des centaines d'esclaves ont été tué en représailles ! Alors oui, ils ont beau jeu de parler d'égalité, cachés dans leur planque, tandis que nous souffrons encore plus à cause d'eux !

Les personnes présentes me regardèrent d'un air sombre. Je savais que tous ici étaient des admirateurs des Paxen. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils étaient tous des rejetés, condamnés à errer dans cet endroit insalubre et froid à cause des Pokemon. Et moi, ils me voyaient sans doute comme un esclave de la haute, qui dormait bien au chaud le ventre plein chaque nuit. C'était vrai. Je n'avais pas à me plaindre du régime de l'Empire, contrairement à eux. Mais ce que j'avais dit, je le pensais. Les Paxen étaient des égoïstes, ne songeant qu'à leur monde parfait et à faire tomber l'Empire sans penser aux conséquences.

- Et donc, qu'est-ce que tu proposes, jeune Kerel ? Me demanda Sol avec douceur. De ne rien faire ? De continuer à subir l'injustice des Pokemon ?

- Je ne suis pas pour la ségrégation humaine, renchéris-je. Moi aussi, je rêve que les humains se voient accorder les mêmes droits que les Pokemon. Mais on n'y arrivera pas par la force.

- Les Paxen ont bien tué Xanthos pourtant, fit remarquer quelqu'un.

- C'est vrai, répondit-je. Mais tuer un seul homme, même le Seigneur Protecteur, c'est autre chose que de faire tomber l'Empire Pokemonis entier. Les Paxen ne sont qu'une poignée, alors que l'Empire contrôle presque la planète entière. Si on veut changer les choses, je pense que ça ne pourra se faire que de l'intérieur.

Sol se prit le menton.

- Intéressant. Peux-tu nous expliquer comment ?

- En changeant les mentalités. Elles évoluent avec le temps. Il y a encore deux cents ans, nous étions traités comme du bétail par les Pokemon. Mais aujourd'hui, la situation des esclaves s'est beaucoup améliorée. Nous sommes bien moins maltraités, les Pokemon se fient de plus en plus à nous. Il y a certain Pokemon, comme ma maîtresse, qui n'ont aucune animosité envers nous, et nous traitent presque en égaux. C'est en faisant en sorte que ces Pokemon là arrivent aux hautes fonctions de l'Empire que ça changera.

- C'est un point de vue respectable, admit Sol en hochant la tête. Mais penses-tu que les Paxen n'y ont pas songé ? C'est vrai, beaucoup de Pokemon, de plus en plus, sont favorables à de meilleures conditions pour les humains. Certains d'entre eux ont même rejoint les Paxen. Mais malgré cela, l'Empire ne changera pas, Kerel. Pas tant qu'il y aura l'Empereur. Et Daecheron est immortel, tout comme l'était Xanthos. Ce n'est qu'après sa mort que les Paxen espèrent négocier avec l'Empire. Mais tant que Daecheron sera là, il n'y aura pas de paix, pas d'harmonie. Il a combattu les humains pendant un siècle auprès de Xanthos. Il n'y a pas un Pokemon dans tout l'Empire qui ne méprise les humains autant que lui. Tant que Daecheron sera à la tête de Pokemonis, il n'y aura point de salut pour les humains.

J'ouvris la bouche, prêt à répliquer, mais je la refermai bien vite. Il n'y avait rien à répliquer. C'était vrai. L'Empereur, les Cinq Etoiles... Ils incarnaient la haine personnifiée à l'égard des humains. Alors que la majorité des Pokemon nous prenaient pour des sous-créatures qu'il fallait éduquer, l'Empereur et les Cinq Etoiles, eux, nous craignaient. Pour la simple bonne raison qu'ils avaient connu l'époque dont parlait Sol, l'époque où les Pokemon étaient les jouets des humains. Ils ne nous voyaient pas comme des animaux de compagnie, mais comme des ennemis. C'est le Seigneur Protecteur Xanthos qui avait inventé l'esclavage des humains. Sans lui, l'Empereur et ses alliés nous auraient exterminés depuis longtemps. Et comme je le disais toujours, l'esclavage était préférable à la mort.