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Blue Rhapsody - 1. Awakening de BlueBreon



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» Auteur : BlueBreon - Voir le profil
» Créé le 09/07/2014 à 16:22
» Dernière mise à jour le 25/12/2014 à 19:29

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CT00 . THEFT

Une vaste pièce. Des néons bleus. D'imposants dispositifs d'analyse reliés à d'innombrables écrans, pavant le sol gris d'une mosaïque psychédélique de câbles. Et, ne faisant guère plus de bruit que le grésillement incessant de ce laboratoire de démence, les scientifiques s'affairaient à leurs tâches, pour la plupart inconscients de la cause ignoble qu'ils servaient.
Étrange lieu pour commencer une histoire. Mais ceci n'en est pas tout à fait le début. Ceci, chers lecteurs, n'est de début que celui d'une épopée pour la sauvegarde du monde.


— Voilà. Si je devais en faire un bouquin, c'est comme ça que je commencerais.

Observant les déambulations des blouses blanches en contrebas, la figure enveloppée dans sa cape sombre se murmurait ses délires personnels, en attendant son heure dans un des conduits d'aération du bâtiment. Patientant depuis de longues heures dans cet espace froid et humide, elle s'était essayée à ébaucher un résumé de la situation, dont elle était finalement plutôt fière. Néanmoins, l'attente devenait de moins en moins supportable à mesure que les minutes défilaient.

En vérité, ce qui l'avait amené à passer quatre heures dans un conduit étroit et poussiéreux n'avait aucun rapport avec une quelconque menace planétaire ou la sauvegarde du monde. Pas à son sens, en tout cas.
Malgré tout, la situation lui semblait bel et bien sérieuse. Ces malfrats lui avaient volé un objet auquel elle tenait énormément.

Elle devait le récupérer, à tout prix.

*CRASH*

Son bras glissa dans la poussière sous le coup de la surprise, et sa tête – qu'elle reposait sur sa main – manqua d'embrasser le métal froid. Les yeux ronds, elle tenta d'identifier ce qui avait pu causer ce bruit dans la pièce d'en dessous.

— Hé !! Attention aux solutions tampons, le nouveau ! Ça nous coûte déjà suffisamment cher à fabriquer, alors vas-y mollo !

La voix grave du laborantin en chef résonna dans toute la pièce et dans le conduit d'aération. La silhouette se frotta douloureusement les oreilles ; après tout ce temps passé dans le silence, ses tympans avaient été pris au dépourvu.

Depuis son perchoir, elle balaya rapidement la scène des yeux. En contrebas, des techniciens réalisaient des mesures avec différents appareils – sur lesquels elle n'arrivait pas à mettre de noms – et semblaient compiler les résultats sur d'imposants ordinateurs.

Avec leurs blouses immaculées et leurs lunettes HMD, elle trouvait qu'ils se ressemblaient tous, même s'ils étaient bien différents des individus qu'elle avait aperçu lorsqu'elle arpentait le système d'aération. Entre autres, les laborantins n'arboraient pas cette horrible teinture vert-pomme à laquelle semblaient prédestinés tous les membres de cette ... entreprise, ou quoi que ce fut.
Seul le « nouveau », comme l'avait appelé leur chef, portait une impressionnante crinière verte qui disparaissait sous sa blouse.

Ledit nouveau hocha doucement de la tête et, sans piper mot, se baissa pour ramasser les débris de la fiole qu'il venait de faire tomber. Un liquide bleuâtre se répandait lentement sur le sol.

— Franchement, qui m'a fichu des empotés pareils ... grommela son supérieur, l'air visiblement agacé. Où en est-on avec la relique ?
— Nous n'avons pas eu le temps de l'analyser, lui répondit un des techniciens, le regard à moitié endormi, tout en continuant de pianoter sur son ordinateur. Il y a déjà beaucoup de travail, et nous manquons de personnel.
— Grmgl ... Ne tardez pas trop à commencer les analyses. Le boss exige des résultats rapidement concernant cet objet. Il répète sans cesse que c'est très important.
— Important, important. Tout est important avec lui ... Il va falloir définir des priorités. Cette relique, ou le Primafinil.
— ... À ce propos, vous avez réussi à régler le problème de force ionique ?
— Presque. On était sur une piste, mais votre nouvelle recrue vient de nous faire perdre le seul échantillon de tampon expérimental.
— NOM DE ... !?

« Mais qu'est-ce qu'ils racontent ? »

La silhouette perchée dans son conduit fronça les sourcils sous son capuchon ; elle avait bien du mal à suivre la conversation, surtout après avoir entendu ce nom étrange – Primafinil. Qu'est-ce que c'était que ça ? Une sorte de médicament ? La conversation avait piqué sa curiosité, mais elle ne pouvait pas se laisser déconcentrer.

ÇA pouvait arriver à tout instant.

Soudain, un bruit se fit entendre à travers la pièce. Un bruit sourd, mais bref, provenant des étages inférieurs. Rapidement, une fine fumée rose commença à envahir le laboratoire, et avant même que les techniciens ne commencent à pousser des exclamations étonnées, une voix se mit à retentir depuis les haut-parleurs fichés dans les murs.

— TOUT LE PERSONNEL TECHNIQUE DES 2ÈME, 3ÈME ET 4ÈME ÉTAGES EST PRIÉ DE PROCÉDER A L'ÉVACUATION DES LIEUX ET DE REJOINDRE LE SOUS-SOL IMMÉDIATEMENT. ORDRE AU PERSONNEL DE TERRAIN DE CONDAMNER LES ISSUES DU REZ-DE-CHAUSSÉE ET DU TOIT – CODE POURPRE. ATTENTION, CECI N'EST PAS UN EXERCICE. JE RÉPÈTE, TOUT LE PERSONNEL ...
— Code pourpre, hein ? ... Bon, tout le monde arrête son travail en cours ! Sécurisez les données et dirigez-vous vers les issues !

Le chef fit un tour rapide du laboratoire, s'assurant que toutes les machines étaient hors tension. Le technicien nonchalant, après avoir rangé ses fioles, passa à côté de lui avec lenteur.

— On va encore prendre du retard sur le planning. Et les responsabilités, ce sera encore pour notre pomme ... Cet ingénieur a pris cher la dernière fo--
— La ferme ! Suivez le rang, au lieu de brailler !

Petit à petit, la vingtaine de laborantins quittèrent la pièce par les sas à portes automatisées situés de part et d'autre. La fumée, bien que trop peu épaisse pour bloquer la vue, avait maintenant envahi toute la pièce, créant une atmosphère plutôt étrange.

Une minute passa. Puis l'une des grilles d'aération tomba du plafond et s'écrasa au sol avec un écho métallique. Une figure passa les jambes à travers le passage ainsi ouvert, et se laissa tomber agilement sur le sol carrelé.

La silhouette encapuchonnée jeta plusieurs coups d'œil furtifs autour d'elle, s'attendant à voir revenir les laborantins alertés par le tintamarre de la grille.
Mais non, aucun bruit de pas.
Personne de revenait. Tant mieux.

— Pfou ... Merci Mimi ... Un peu tard, mais le boulot est fait.

Le plan avait fonctionné jusque-là. Sa Mimigal avait dû atteindre le local de télésurveillance, comme prévu, après avoir « visité » le système d'aération principal.
Elle préparait le coup depuis deux jours. Elle avait dû faire vite, de peur que la « relique » se retrouve totalement hors de portée. Néanmoins, elle avait rapidement trouvé la faille dans la sécurité du bâtiment : le circuit d'aération périphérique, qui s'ouvrait sur l'extérieur.
Ces idiots ne s'étaient pas donnés la peine de sécuriser toutes les entrées potentielles.

En même temps, il n'y avait pas grand-chose à craindre : les conduits d'aération étaient de toute façon trop étroits pour qu'un homme, ou même une femme, puisse y entrer, et encore moins s'y mouvoir.
Mais visiblement, ils n'avaient pas pensé qu'un enfant chercherait à s'infiltrer dans le bâtiment. Heureusement d'ailleurs, sinon elle n'aurait jamais pu pénétrer dans cette forteresse.

Malgré le filtre rose qui couvrait sa vue, la silhouette ne mit pas longtemps à trouver ce qu'elle cherchait : enfermé dans une énorme cloche de verre, un petit cube noir de la taille d'une baie Willia trônait sur une sorte de promontoire.

Elle s'approcha prudemment et jaugea un instant la résistance du dispositif. Le verre de la cloche, ancré dans le promontoire métallique, semblait effroyablement épais. Pas la peine de tenter d'y percer un trou.
Mais elle avait prévu ça aussi.

De sous sa cape, elle sortit une Pokéball, et tapota vigoureusement sur cette dernière avec son index pour en provoquer l'ouverture. Un Abra apparut sur une table de travail à proximité.

— Tu es prêt ? J'ai besoin de toi pour récupérer ça.

La silhouette indiqua du doigt le cube prisonnier de sa cage de verre. L'Abra considéra l'objet un moment, puis posa son regard sur son dresseur, avant d'acquiescer légèrement de la tête.

— Téléport.

La créature disparut avec un étrange bruit de crépitement puis réapparut l'instant d'après dans la cloche de verre. Se saisissant du cube, elle redisparut instantanément et se téléporta sur l'épaule de son maître, laissant tomber l'artéfact dans la main de ce dernier.

— Merci. Retourne te reposer, maintenant. J'aurai sans doute besoin de toi plus tard.

Abra de retour dans sa Pokéball, la silhouette contempla le cube qui tenait sans souci dans la paume de sa main. Cette vieillerie avait en effet tout d'une « relique », comme l'avaient appelé les deux laborantins quelques minutes auparavant.
Tout ce que voyait l'individu, cependant, c'était un vieux trésor familial qui n'avait rien à faire dans cet endroit.

Elle l'avait finalement récupéré. Maintenant, il ne fallait plus traîner dans le bâtiment trop longtemps ... Mais ...

— ... ... ... ... ... ...

C'était faisable. Elle avait encore un peu de temps.




Les immenses couloirs de l'édifice, qui fourmillaient d'hommes en blanc quelques heures plus tôt, étaient maintenant imprégnés d'un silence pesant. Seul le pas de course effréné de la silhouette encapuchonnée brisait ce silence de son écho régulier.

Abra était encore trop inexpérimenté et son Téléport avait un rayon d'action limité. Depuis le laboratoire, situé en plein centre du troisième étage, il ne pouvait pas atteindre l'extérieur en une seule téléportation, et se téléporter au hasard dans ou à proximité du bâtiment était trop risqué, maintenant que la sécurité venait d'être renforcée.

Elle en avait conscience : il lui fallait s'éloigner le plus possible du labo afin qu'Abra puisse les téléporter à distance suffisante pour qu'ils ne se fassent pas repérer. Et de toute façon, il fallait qu'elle retrouve Mimi avant de fuir.

*ZURUUUUN !*

La silhouette pila net ; à quelques pas devant elle, les portes automatiques s'ouvrirent subitement des deux côtés du couloir, laissant jaillir un nombre incalculable d'individus tous identiques les uns aux autres.

Les mêmes combinaisons noires. Les mêmes ponchos blancs. Les mêmes affreux cheveux vert pomme.
Les hommes de mains chargés des basses besognes.
La silhouette eût un mouvement de recul en voyant la masse humaine envahir le corridor sur plusieurs mètres, formant un mur totalement infranchissable.

Elle ne pouvait plus avancer ! Et elle était encore trop peu éloignée du laboratoire. Il fallait fuir. Rebrousser chemin et se rapprocher d'une façade par un autre couloir. Vite !
Elle fit volte-face à une vitesse fulgurante, prêt à reprendre sa course pour distancer les hommes en blanc.

De nouveau, elle pila net.

Devant elle se dressait un deuxième mur de ponchos blancs ! Ils avaient bloqué l'autre côté du couloir en même temps que les autres.

Contrairement à ce à quoi elle s'attendait, personne ne tenta de se saisir d'elle.
Tous restaient droits, immobiles, les mains dans le dos, semblant attendre quelque-chose.

— Ridicule.

La voix calme résonna dans le corridor.
Devant elle, la silhouette vit les hommes en blanc s'écarter les uns après les autres pour laisser passer un homme. Leur haut-supérieur, certainement.
Habillé d'un costume blanc, ses cheveux bouclés couleur bleu ciel le démarquaient des sous-fifres – bien que leur ton criard était tout aussi douteux ...

— Tch ...

Elle claqua de la langue, déconcertée. Un piège, simple comme le monde. Et elle était tombée dedans. Elle aurait dû s'en douter.

Avançant parmi ses sbires, l'homme reprit la parole :

— Pensais-tu réellement pouvoir nous voler notre sujet de recherche et t'enfuir aussi facilement ? Pensais-tu pouvoir t'introduire ici et en ressortir comme si de rien n'était ? Et surtout ... pensais-tu vraiment pouvoir fouiller dans notre base de données, sans que nous ne remarquions rien, et que je te laisserais repartir comme ça ?
— ... Moui, tout ça à la fois. Je ne comptais pas sur votre coopération, en revanche~ ... Au fait, vous avez aimé mes petites bombes à peinture ? J'ai pensé que vous aimeriez bien le rose vif. Vous aimez bien les couleurs flashy, je me trompe ?

L'homme fut visiblement agacé par l'insolence de son captif.
Arrivé à sa hauteur, il considéra la silhouette encapuchonnée un moment, puis afficha un rictus bien trop satisfait qui la fit frissonner.

— Il en faut plus que ça pour mettre à mal une organisation telle que la nôtre. Plus que de simples bombes à peinture ...

L'homme jeta quelque-chose en direction de l'individu. Ce dernier, horrifié, reconnut la petite chose verte, et la cueillit dans ses mains.
Mimi. Blessée et sans connaissance.

— Et plus qu'un Mimigal aussi faible.

La silhouette renvoya la Mimigal dans sa Pokéball. Son état semblait plutôt sérieux ; ils n'y étaient pas allés de main morte ... ! Raison de plus pour ne pas faire durer la discussion.

— Maintenant, continua l'homme, tu vas gentiment nous rendre le cube et les données que tu nous as volés. Si tu obéis sans faire d'histoire, j'envisagerai de te laisser repartir. Il est inutile que tu sois une victime de tout cela.
— ... ... Merci. Mais je m'en sortirai très bien sans votre aide.
— Tu es bien naïf, de ne pas voir que ta situation est désespérée. Tu ne peux pas t'enfuir, et nous combattre avec des Pokémon si faibles serait une pure folie. Tentes quoi que ce soit, et je te mettrait hors d'état de nuire de mes propres mains, si besoin.

La silhouette planta son regard d'émeraude dans les yeux gris de l'homme aux cheveux bleus.
Ce dernier semblait vraiment sérieux dans ses menaces.
Rajustant sa capuche, la silhouette prit discrètement une profonde inspiration.

Elle aurait préféré la garder pour plus tard, mais elle n'avait plus le choix à ce stade.

— Vous avez oublié quelque-chose, lâcha-t-elle à l'attention de l'homme. Quelque-chose d'important.
— Quoi donc ?
— Ah ? Vous ne voyez pas ? C'est pourtant évident~.
— ... Quoi ?

La voix de l'homme se fit plus sèche. La silhouette pouvait y sentir son impatience croissante. Il se montra plus insistant :

— Tu essaies de me faire passer pour un idiot ? Réponds !
— J'ai une cape. Elle est plutôt sympa, vous ne trouvez pas ?
— ... ... ...

L'homme tiqua de l'œil. Le sourire moqueur qu'affichait maintenant son prisonnier ne faisait qu'augmenter son agacement.

— C'est pathétique. Arrête donc ton petit jeu. Essayer de gagner du temps ainsi ne changera rien à ta situation--
— Oh, je n'en serais pas aussi sûr, à votre place~! Vous ne pouvez pas savoir tout ce qu'on peut faire sous une cape, avec une poignée de secondes. Comme sortir un objet de sa poche, par exemple.

La silhouette vit les yeux de son interlocuteur s'écarquiller alors qu'il venait de comprendre ce qu'elle insinuait.
Mais ce fut trop tard ; lorsqu'il ordonna à ses subordonnés de s'emparer d'elle, elle disparaissait déjà dans le tourbillon d'un câble.

L'homme ne put que regarder, incrédule, le voleur s'enfuir à l'aide d'une Corde Sortie.
L'intrus venait de filer sous son nez. Le regard noir, il s'adressa d'une voix vive à ses sbires :

— Rattrapez-le. Peu importe la manière dont vous vous y prendrez, ramenez-le moi !



BR1-00.THEFT/fin