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Garou de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 02/04/2014 à 18:32
» Dernière mise à jour le 12/05/2015 à 00:13

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Le survivant
Lorsque je me réveillai enfin, je me sentais comme sortie d'une léthargie artificielle. Mon évanouissement n'avait pas été naturel. Par quoi cela avait-il été provoqué ? C'était comme si j'avais reçu un coup de poing psychique... Un Pokémon m'aurait-il attaqué ? Je n'en savais pour le moment pas grand chose. Une fois debout, je remarquai que je n'étais plus dans la neige, mais dans une forêt. Très certainement la forêt où je voulais aller, le forêt de Zvigold. Il neigeait et faisait maintenant nuit, mais les épais feuillages protégeait efficacement la forêt, et le sol était sec. Alors que je me demandais comment je m'étais retrouvée dans ladite forêt, je constatai que mes vêtements étaient en piteux état. Partout, dans mon dos, ils étaient sales et déchirés, signe que j'avais été traînée jusqu'ici. Mais pourquoi ?

Alors que je continuais à me questionner, je remarquai une odeur inhabituelle dans l'air. Une odeur de grillé. Rapidement, je me souvins d'une chose importante : l'un des avions qui avaient attaqué l'hélicoptère de Flint avait été touché et s'était écrasé dans la forêt. Cette odeur était certainement celle du moteur enflammé de l'avion. Le pilote avait peut-être réussi à s'éjecter à temps de l'appareil ? Pour la première fois de ma nouvelle vie, je pus enfin me déplacer librement. Je n'étais pas escortée, ni enfermée dans un bâtiment. J'étais vraiment libre de faire ce que je voulais... Incapable de rester là sans rien faire, je me suivis la trace de l'odeur.

Rapidement, je trouvai l'épave du biplan. L'avion était dans un triste état : son moteur fumait fortement, ses ailes avaient été arrachées et sa queue avait été coupée en deux dans sa chute. Le pilote avait-il vraiment pu survivre à un tel crash ? J'avais survécu au crash de l'hélicoptère, alors pourquoi pas ? Lentement, je m'approchai de l'avion pour examiner le cockpit. Ce que je vis me fis frémir. Le pilote était toujours dedans, inerte. Incapable de supporter la vue de cette homme dans un tel état, alors qu'il été encore en vie, je me dépêchai et j'essayai de le sortir de l'appareil. Il n'était pas coincé, juste évanoui, et je fis de mon mieux pour le dégager de là.

Alors, je vis enfin ses blessures, et je palis. L'homme, dans l'atterrissage, avait eu son bras gauche presque arraché, et sa jambe droite avait été complètement écrasée. Il avait trois larges impacts de balles sur le corps, et de nombreuses coupures dues aux branchages. Comment peut-on survivre à cela ? Il vivait encore, pour combien de temps ? J'avais vécu une situation similaire en soignant Hans, mais cette homme-là était dans un piteux état, et je n'avais pas de matériel sous la main autre que ma sacoche beige... Malgré tout, il ne perdait pas de quantités importantes de sang. Alors je fis de mon mieux pour le soigner. D'abord, sa jambe droite. Elle avait été écrasée et était maintenant cassée. Que pouvais-je faire ? Cette blessure était grave, mais interne : la seule solution que je trouvai fut de faire une attelle avec un morceau de bois sec et je l'enroulait autour de son tibia cassé avec du bandage. Ensuite, son bras. Son épaule avait été littéralement déboîtée... Je tentai quelque chose de complètement hasardeux, et peut-être d'imprudent : d'un coup sec, je la remboîtai. Restait le problème le plus compliqué à gérer. Les blessures par balles... Sur trois balles reçues, deux avaient traversé le corps : une blessure au bras droit et une à la hanche . Je pus soigner ces blessures assez facilement avec des bandages et un peu d'alcool. Mais la troisième balle était restée dans le corps du pilote, au niveau de la cage thoracique, et je n'avais ni le matériel, ni les compétences pour faire quelque chose... De plus, elle aidait peut-être à stopper une quelconque hémorragie, je préférai donc ne pas y toucher.

Alors que je désinfectais et pansait les dernières blessures superficielles, l'homme revint à lui très rapidement. En moins de temps qu'il ne m'en fallut pour le remarquer, il avait ouvert les yeux et il essaya de se relever rapidement, avant de pousser un cri et de retomber.

« Bon sang, ça fait un mal de cinglé ! »

Il ne m'avait pas remarquée... Je m'étais réfugiée rapidement derrière un arbre, craignant sa réaction. Après tout, il avait essayé de me tuer la veille, peut-être serait-il hostile ?

« Vous, quelqu'un ! Je sais que vous êtes là. Ces bandages n'ont pas poussé tout seul. Montrez-vous ! »

Au ton de sa voix, il n'était pas sûr de lui, il se croyait seul, et il parlait au hasard, essayant d'avoir une quelconque réponse. Je restai malgré tout cachée, ne sachant pas de quoi cet homme était capable.

« Je suis tout seul... C'est étrange, tout de même. Bon sang, ces fumiers m'ont pas loupé ! Je me demande même comment j'ai survécu à une chute pareille. J'ai senti un impact dans ma poitrine, et puis plus rien... Non de non, en plus des bandages, voilà que j'ai une attelle. Mais qu'est-ce qu'il se passe par ici ? Le village de Zvigold a été déserté il y a quelques semaines, alors qui m'a fait ça ? »

Il y avait donc un village quelque part dans cette forêt ? La raison de son abandon était sans doute due à la proximité de la guerre. Peut-être trouverai-je de quoi mieux soigner cet homme dans une quelconque pharmacie ? Toujours méfiante, je continuais de l'écouter. Il semblait trouver du réconfort en parlant tout seul.

« J'ai toujours une balle dans la poitrine... Bah, ça sera pas la première, ni la dernière. Si seulement je pouvais retrouver mon couteau, que je puisse m'en débarrasser. »

Pas la première ? Ni la dernière ? Cette homme semblait avoir vécu beaucoup de combats, et il semblait savoir comment gérer cette blessure. Et je n'allais certainement pas le laisser souffrir plus longtemps. Alors qu'il essayait en vain de se remettre debout, le douleur dans sa poitrine étant trop forte pour le lui permettre, je sortis de ma cachette. Lorsqu'il m'aperçut, il m'observa quelque secondes, avant de me lancer :

« Vous, vous êtes... Pas humaine. Mais n'avez de toute façon pas l'air dangereuse... Je suis trop blessé pour faire le difficile, une chose à la fois. J'ai besoin de récupérer mon couteau, il est dans l'avion. Allez me le chercher. »

J'étais surprise de sa réaction. Il se fichait complètement de savoir ce que j'étais, tout ce qu'il voulait c'était son arme blanche. Mais où pouvait-elle être ? L'avion s'était écrasé dans la forêt et il avait pu tomber n'importe où... Je me hâtai vers l'avion et je fouillai le cockpit. Je trouvai rapidement, dans l'un des petits compartiments destinés à ranger je ne sais quoi, un long couteau à cran d'arrêt replié, dont le manche en bois avait été taillé pour écrire « Jenna ». Ce couteau avait certainement une valeur sentimentale pour lui. Quoi qu'il en fut, je le lui ramenai rapidement.

« Merci, toubib. Maintenant, si vous n'aimez pas la vue du sang, je vous conseil de ne pas regarder. »

La vue du sang ne me dérangeait pas tellement. Je ne supportais par contre pas de voir quelqu'un souffrir, et généralement, les deux allaient de paire... Rapidement, je compris ce qu'il allait faire : il allait s'extraire lui-même la balle à l'aide de son arme. Ne sachant pas si cela allait produire une hémorragie, je sortis rapidement des bandages.

« Bon. À la une, à la deux, à la trois... Yargh ! »

D'un coup sec, il était parvenu à faire sortir la munition de sa poitrine. Le sang commença à couler et je me hâtai pour lui faire un bandage supplémentaire. Il se laissa faire, trop endolori pour protester, et s'allongea sur le dos en grognant bruyamment. Cet homme était définitivement une armoire à glace. Comment avait-il fait pour devenir pilote avec cette carrure de colosse ? Quelques minutes plus tard, il dit :

« Alors ce n'est pas non plus aujourd'hui que je mourrai. Mes amis devront encore m'attendre un peu, on dirait. Toi, la chose, me dit-il. Je te remercie sincèrement pour ce que tu as fait, même si je ne saisis pas ce que tu es. Tu es quoi, un mutant ? J'avais entendu parler d'un truc comme ça il y a pas longtemps, comme quoi l'armée avait commencé à construire des soldats mutants pour nous remplacer sur le champ de bataille. »

Il n'avait pas tord. Mais de là à dire que j'étais une mutante, il y avait quand même un grand fossé.

« Sur ta blouse, c'est marqué... Sujet 8F ? J'ai déjà entendu ça quelque part... C'est bon, je m'en souviens ! Tu avais été enlevée il y a quelque jours par une escouade Progressiste et tu étais supposée être morte à cause d'un incident technique dans leur véhicule ! C'est incroyable ça ! Alors l'hélicoptère qu'on a descendu... Tu étais dedans ?! »

Je hochai la tête.

« Comment tu as pu survivre à ça ? Il y a d'autres survivants ? »

Tristement, je secouai la tête. Les premiers étaient mort suite à l'explosion de la roquette, et Brice s'était sacrifié pour me sauver. Il avait survécu, mais avait décidé de s'ôter la vie les minutes qui suivirent...

« Alors, finalement, tu es comme moi ? La mort ne veut pas de toi. »

Que voulait-il dire ? La mort n'a pas de conscience propre, c'est ridicule. Il voulait sans doute dire que j'avais beaucoup de chance.

« Dans ma vie, j'ai failli mourir de nombreuses fois. Lors de mes débuts en tant que soldat, j'ai survécu à un bombardement. Une éclat d'obus m'a frappé la poitrine et s'est planté à deux centimètres de mon cœur. Mes amis n'ont pas eu cette chance et la moitié sont morts. Plus tard, lors d'une patrouille de routine à bord d'une jeep, on a roulé sur une mine. J'étais le seul survivant, car je n'avais pas attaché ma ceinture. Ensuite, sur le champ de bataille, j'ai été mitraillé alors que j'essayais de venir en aide à mon meilleur ami. Là encore, j'ai survécu, mais pas lui. C'est d'ailleurs là que j'ai appris tout seul à extraire une balle. Tout seul, au milieu de la boue, alors que ces fumiers de l'Armée Progressiste, après avoir tué tout le monde, sont repartis... J'ai été médaillé après, car j'ai réussi à récupérer l'une de leur radio qu'ils avaient oublié, ce qui nous a aidé à repousser une attaque surprise. J'ai été promu lieutenant et j'ai ensuite été affecté à l'escadron Azimut 214. Et aujourd'hui, je survis une nouvelle fois, grâce à un sujet de laboratoire qui est censé être mort deux fois... Ce n'est pas le hasard. »

Adossée contre un arbre, je le regardais parler. Cet homme était une force de la nature, en plus d'être chanceux.

« Bon, ce n'est pas le tout, mais j'ai faim moi ! Il va falloir que tu me trouves quelque chose. Je ne peux toujours pas bouger. »

Cet homme avait beau être un survivant, il était tout de même un opportuniste. Où allais-je trouver de la nourriture ? Il n'y en avait pas dans son avion, et en hiver, rien de comestible ne poussait dans cette forêt. Et comme le crash avait certainement fait fuir les Pokémon sauvages, cela n'arrangeait rien du tout. Ma seule solution était d'aller fouiller l'épave de l'hélicoptère... Ou de chercher le village de Zvigold, quelque part dans cette forêt. Plutôt que de chercher un village à l'aveuglette, je décidai de sortir de la forêt pour chercher l'épave de l'hélicoptère. Je savais que je n'allais pas aimer ce que j'allais y trouver, mais je n'allais pas laisser un homme mourir de faim.

Rapidement sortie de la forêt, je savais qu'il me suffirait de suivre l'odeur de l'avion écrasé pour y retourner. Je me demandais bien où pouvait être le site du crash. Probablement à plusieurs kilomètres d'ici... Regardant les alentours, je vis, au loin, une épaisse fumée s'élever. Cela pouvait-il être l'hélicoptère ? Il semblait si loin. Peut-être plusieurs kilomètres. Lors de tout mes déplacements, j'avais toujours été forcée de me déplacer en marchant. Mais cette fois-ci, j'étais libre d'y aller comme je voulais. Alors, n'y tenant plus, je décidai d'y aller en courant pour gagner du temps. Prenant rapidement de la vitesse, je courrai dans la neige sans retenue, tant le sentiment de liberté était enivrant. Très rapidement, je finis par courir en penchant tout mon corps vers l'avant, puis à quatre patte, ce qui décupla encore ma vitesse. Même si mon corps avait été rendu humain, certains mécanismes présents dans mon ancien corps étaient encore là...

J'atteignis finalement très rapidement l'épave. Fatiguée après avoir parcouru une telle distance en aussi peu de temps, je me relevai, satisfaite. Mais je fus rapidement terrassée par la vision qui s'offrait à moi. La violence avec laquelle l'engin s'était écrasé dépassait mon imagination. Il avait littéralement explosé au sol, et des morceaux avait été projetés dans tous les sens. Certains étaient maintenant sous la neige, mais d'autres non. Et, au milieu de tout ce carnage métallique, se trouvaient les cadavres déformés de mes anciens compagnons...

Je fus forcée de fermer les yeux un moment pour prendre mon courage à deux mains et fouiller l'épave à la recherche de la lourde caisse où, la veille, j'avais vu Flint sortir une boite de rations. Il y en avais certainement d'autres. Essayant d'ignorer le cadavre carbonisé mais encore reconnaissable de Jack, je me dirigeai vers ce qu'il restait du cockpit, pour voir si je pouvais y trouver quelque chose. Flint s'y trouvait toujours. Il avait eu la chance de mourir mitraillé avant même le tir de roquettes qui a eu raison de son appareil. Ne trouvant rien d'utile, je me dirigeai vers les restes du compartiment avant. Dedans, je reconnus sans peine Hilmar, contrairement à Roland, qui avait quant à lui était complètement soufflé par l'explosion et été maintenant méconnaissable. Étrangement, je vis que Hilmar serrait quelque chose dans sa main. Une petite chaînette en dépassait. Intriguée, je m'approchai, méfiante, comme si le cadavre pouvait se réanimer et me sauter dessus à tout moment... Il ne bougea pas, même quand j'agrippai la chaînette et que je tirai dessus pour faire lâcher un médaillon au chef de l'escouade. L'ouvrant, je vis qu'il y avait une petite photo sur laquelle on pouvait voir Hilmar en tenue civile, souriant, avec une femme et une fille. Sa famille. Je me souvins des paroles du pilote du char. « Des familles ont été brisées. ». Et cela allait continuer, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien...

Nostalgique, je continuai de chercher dans le neige pour trouver ladite caisse. Finalement, je la trouvai, intacte, plutôt éloignée du site du crash... Et quelques dizaine de mètres plus loin, les restes de Richard. Non loin, je trouvai aussi la motoneige, et le dernier membre de l'équipage. Terrence. L'homme qui avait si gentil avec moi, qui m'avait portée, et avait partagé une ration avec moi quand j'en avais eu le plus besoin... La motoneige avait atterri sur un lourd tas de neige et ne s'était miraculeusement pas brisée. Bien entendu, j'étais incapable de savoir comment manier un tel engin, mais peut-être le soldat à l'abri dans la forêt saurait-il comment faire ? Quoi qu'il en fut, je décidai de ramener une ration à l'homme. La caisse était fermée par un système de loquet, mais pas verrouillée, et je l'ouvris sans peine. Elle était si grande que j'aurais sans peine pu tenir dedans.Une dernière ration se trouvait rangée dans cette caisse en plus d'autres choses utiles comme une grosse boîte à outils, des tenues de combat, et des armes. Alors, je pris la ration de survie et je l'examinai. Cette ration contenait elle-même trois boites plus petites, chacune pour un repas de la journée différent. J'espérais que cela allait suffire pour l'aviateur blessé...

Alors que je faisais demi-tour pour apporter la nourriture au soldat, je méditais sur ce que je venais de voir. Alors que j'étais supposée être une arme créée pour servir l'Armée Régulière, je m'étais liée d'amitié avec des soldats de l'Armée Progressiste et je pleurais leur mort. Et je venais en aide à un de leurs assassins. Finalement, à quoi pouvais-je bien servir ? Je n'étais, comme ils l'avaient dit, qu'un colis que se disputaient deux armées... Juste bonne à soigner quelques blessures et à avoir peur de tout. Un jour, j'allais devoir choisir à quel camp me lier. L'Armée Progressiste, en passe de gagner la guerre avec leurs avancées technologiques ? L'Armée Régulière, mes créateurs ? En réalité je ne voulais ni l'un ni l'autre. Je voulais seulement que cette guerre se termine le plus vite possible. Je souhaitais seulement que plus de gens puissent rester en vie... Pour cela, il fallait que la guerre se termine le plus vite possible. Je devais faire un choix, mais lequel ?

Ralentie par la ration et incapable de courir comme je l'avais fait à l'aller, je retournai en marchant à l'avion, guidée par l'odeur du moteur qui fumait encore légèrement. L'aviateur blessé avait réussi à se déplacer, et avait récupéré une branche, qu'il taillait avec son couteau. Peut-être avait-il joué la comédie... Je lui tendis la boîte en métal.

« Tu en as mis du temps ! Pourquoi ça a été si long ? J'aurais pu mourir de faim une dizaine de fois en t'attendant... »

Il ne râla pas plus longtemps et regarda, dégoûté, la ration de survie. La faim l'emporta et il ouvrit la boîte « Petit Déjeuner ». Il parut satisfait, mais trouva quand même une raison de se plaindre :

« Une ration de l'Armée Progressiste... Ils ont beau être supérieurs technologiquement, nous on sait quoi mettre dans nos rations pour ne pas mourir de faim. Ils se sont contentés du strict minium. »

Je trouvais que cela suffisait amplement, n'étant pas du tout une grande mangeuse. Mais là où quelque fruits me suffisaient, il en faudrait certainement le double ou le triple pour cette homme. Rapidement, il dévora la viande en conserve, et les biscuits, sans prendre la peine de les ramollir. Alors, regardant d'un œil suspicieux la barre vitaminée, il n'y toucha finalement pas et me la tendit.

« Je suppose que toi aussi tu as faim ? (Je connaissais le goût peu ragoûtant de cette barre mais aussi ses capacités énergétiques, ainsi je la pris pour une consommation ultérieure.) Il reste du café instantané, du sucre, et un paquet de cigarette. Dommage que je n'ai pas mon briquet, hahaha... Tu pourrais aller remplir ma gourde d'eau ? »

Incapable de refuser, j'allais chercher de la neige et j'en rempli la gourde. La faisant ensuite fondre en profitant de la chaleur dégagée par le moteur de l'avion, je la lui rapportai. Il y jeta deux cachets purifiant, et y versa enfin le café et le sucre. Alors, il vida le tout cul-sec, et eut une grimace de dégoût.

« Bah, l'eau purifiée est aussi infecte que ça soit chez nous ou chez eux... Heureusement que le café a aidé à passer ça. »

Qu'avait-il prévu de faire ensuite ? Il m'utilisait comme sa bonniche, et, bien que je sois par nature toujours d'accord pour venir en aide aux gens, je ne savais pas si j'allais supporter longtemps cet abus. Rapidement, il se tourna vers moi, et me commença a parler.

« Tu sais, ce monde n'a pas toujours été en guerre. Il y a longtemps, peut-être plusieurs générations, tout le territoire était uni et vivait sans problème du commerce maritime avec d'autres nations. Pour une raison que tout le monde a oublié maintenant, le pays a été séparé en deux il y a une centaine d'années : le Nord et le Sud. Au début, cela se limitait juste à des querelles ridicules entre villages voisins. Pour limiter les problèmes, tout le monde se mit d'accord et élit un président, la situation se calma, tout était bien, même si la différence Nord et Sud était toujours palpable. Un jour, il y a peut-être une trentaine d'années, quelque chose se passa et le Nord fut froidement, définitivement coupé du Sud. Le Nord et Le Sud choisirent rapidement leur chef, les deux armées furent nées, et la loi martiale fut imposée dans les deux camps. Les autres nations, qui craignaient les représailles, décidèrent de limiter, puis fermèrent définitivement les voies maritimes, et le pays devint complètement coupé du reste du monde. »

Cet homme savait beaucoup de choses sur le passé de ce pays. Pourquoi me disait-il ça ? Peut-être aimait-il juste parler ? En tout cas, j'étais intéressée, et il le remarqua. Alors il continua.

« Régulière, Progressiste, quels noms étranges, tu ne trouves pas ? Cela vient de la manière de penser des nouveaux dirigeants. Notre Sénateur pense qu'il faut conserver notre manière de vivre comme nous l'avons fait pendant plusieurs générations et ne pas chercher à changer les choses. C'est un bon dirigeant qui se soucie de son peuple, mais il n'est pas magique, il ne peut pas tout faire et faire plaisir à tout le monde. Ces gougnafiers du Nord, au contraire, estiment que le progrès est la clé. Leur dirigeant, leur Leader comme ils le nomment, est un homme qui dirige avec une poigne de fer. Il pense que, vu que son peuple est le plus fort, il doit faire main basse sur le notre pour pouvoir survivre, et il a bien l'intention de gagner, par tout les moyens, et la population le suit aveuglément. Car au bout d'un moment, il ne sera plus possible pour eux de nourrir assez la population, et une famine commencera... Chaque côté a ses avantages et ses inconvénients : au Sud, le climat est correct, il est possible de trouver de la nourriture en abondance, et forcément il y a plus de personnes qui ont choisi d'y vivre. Au Nord, par contre, le climat est beaucoup plus rude, et presque rien ne pousse. L'extrémité est une grande montagne et les sous-sols sont riches en minéraux et métaux rares, mais en contrepartie, il y a moins de monde qui accepte d'y vivre. Leurs combattants sont endurcis et déterminés à gagner la guerre car ils savent que la récompense en vaut la peine, alors que les nôtres sont ramollis, peu sûrs d'eux, et sont envoyés au combat sans en avoir le choix. Et la population en a marre de les voir périr un par un... Malgré toute la bonne volonté de notre sénateur, une guerre civile peut exploser à n'importe quel moment. L'Armée Progressiste a bien entendu exploité ces faiblesses. Même si ils sont moins nombreux, leurs tactiques de guérilla sont redoutables. Et maintenant, il attendent qu'une guerre civile éclate pour porter le coup de grâce. »

Je commençais à saisir. Ainsi, le Projet Garou visant à remplacer les soldats par des créatures hybrides était en fait le dernier espoir de l'Armée Régulière. Utiliser des Pokémon au lieu de soldats de manière à calmer la population... Et si c'était le contraire qui se produisait ? Si la population était répugnée par le manque d'éthique de cette méthode et finissait par éclater encore plus vite ? Chaque armée avait ses raisons, bonnes et mauvaises. Combattre pour survivre ? Ou se défendre pour survivre ? Au final, la situation était la même... N'était-il vraiment pas possible de trouver un arrangement ? D'échanger de la technologie contre de la nourriture, par exemple ?

« Bon, c'est pas tout ça, mais vu que tu as passé la majeur partie de la journée à courir dehors, il fait presque nuit maintenant. Demain, je vais essayer de réparer la radio de mon zingue et d'envoyer un S.O.S au QG. Sur ce, je crois que je vais dormir. Bonne nuit... »

Son long monologue, couplé à ses blessures, l'avait épuisé, et il s'était rapidement endormi, et ronflait maintenant en faisant presque autant de bruit que la mitrailleuse de calibre 12,7. Incapable de le supporter, je m'éloignai de lui en espérant qu'il ne lui arrive rien pendant la nuit. Il faisait tellement de bruit qu'il ferait fuir sans peine tous les prédateurs et autres curieux dans un rayon de plusieurs centaines de mètres sans problèmes. Une fois un emplacement confortable trouvé, je m'allongeai sur le sol, et je m'endormis à mon tour, ignorant ses ronflements.