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Garou de GalloViking



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Informations

» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 22/03/2014 à 23:32
» Dernière mise à jour le 28/04/2015 à 22:43

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Baptême de l'air
Nous nous réveillâmes rapidement, secoués par le soldat qui montait la garde. D'après lui, il ne neigeait plus, et il était temps de se remettre en marche. Rapidement, ils ramassèrent tous les quelques objets qui composaient le campement avant de sortir de la forêt de sapins, et se remirent en route. Bien entendu, j'étais toujours leur prisonnière, et ils me forçaient à rester au milieu du groupe, bien que, ne portant aucun équipement à part ma sacoche beige, j'aurais pu marcher bien plus vite qu'eux. Au bout d'une heure de marche dans ce paysage enneigé, Roland me demanda :

« Tu n'as froid comme ça, avec juste un pantalon et une blouse ? »

Je secouai la tête. Mon corps était recouvert d'un fin duvet, très semblable aux poils normaux d'un corps humains, mais plus nombreux et épais. Résultat, je ne craignais pas vraiment le froid. Bien entendu, je savais que ma fourrure avait des limites. Mais pour le moment, cela suffisait amplement.

« -C'est vraiment impressionnant. Si nous, on n'avait pas besoin de porter tous ces vêtements pour résister au froid, on pourrait se déplacer beaucoup plus vite.
-Il ne neige pas, mais j'ai l'impression que cela ne va pas durer. Les nuages sont épais.
-Non, au contraire. Regarde dans quel sens ils se déplacent : il va bientôt faire soleil. Et quand les nuages ne sont plus là, le soleil tape très fort, même en hiver. J'ai déjà eu des coups de soleil plusieurs fois en jouant dans la neige quand j'étais môme. »

La neige réfracte beaucoup plus d'ultraviolets reçus de la part du soleil que du sable, ce qui fait qu'il est plus dangereux qu'à la plage. Encore une fois, je me demandai comment je pouvais savoir une telle chose, que je ne comprenais moi-même pas.... Mais le fait était là : l'information venait d'elle-même. Cela pouvait être assez dérangeant...

« -Bon, si nous continuons à ce rythme, nous devrions atteindre le point d'extraction avant la fin de la journée.
-Tant mieux. J'en ai marre de marcher dans la neige. »

Il pouvait en avoir aussi marre qu'il le voulait, cela ne nous empêcha pas de continuer à marcher dans les grandes étendues enneigées, toujours en direction du Nord, pendant encore un long moment. Finalement, je commençais à ralentir. J'avais faim. Marchant dans le neige et n'ayant rien mangé depuis presque trois jours, j'avais atteint mes limites. Les soldats avec moi ne le remarquèrent pas immédiatement vu que eux aussi peinaient à marcher, mais pour une autre raison : le poids de leur équipement. Il fallut que, complètement épuisée, je tombe à genoux dans la neige pour qu'ils s'arrêtent enfin.

« -Elle est à bout de souffle, la pauvre. Quelqu'un à de quoi la nourrir ?
-Attendez, je crois qu'il me reste... (Il fouilla dans son sac, et poussant un cri de triomphe:) Une dernière barre vitaminée ! Vous avez mangé toutes les autres, bande de goinfres.
-On n'était pas censé faire tout ce chemin à pieds je te signal ! C'est sûr que si j'avais su, j'aurais économisé mes rations...
-Elle en a plus besoin que nous, donne-lui. »

Alors qu'il m'aidait à me relever, je récupérai ce qu'il me donna. Enlevant rapidement l'emballage de la petite barre vitaminée, je la mangeai tout aussi rapidement. Malgré un goût peu agréable, cela fit son effet : peu de temps après, je sentis mon énergie revenir. J'espérais que cela allait suffire.

« -Bon, on se remet en route. Si jamais elle se retrouve encore une fois à bout de force, on n'aura pas le choix, il faudra la porter.
-On va être encore plus ralentis...
-Encore une fois : on n'a pas le choix. On a fait tout ce chemin pour la ramener vivante, pas question d'abandonner maintenant. Alors, en route, et que ça saute !
-Oui chef ! »

De manière à économiser leurs forces, car, eux aussi, après avoir marché une demi-journée dans la neige, ils finissaient par fatiguer, les soldats ne parlaient plus. Si l'on ajoutait le temps passé à marcher hier, nous marchions depuis maintenant plus de dix heures... En ajoutant l'heure passée dans le véhicule avant qu'il ne devienne hors-service, cela faisait en tout presque quatre-vingt kilomètres parcourus, ce qui était énorme. Finalement, le groupe s'arrêta pour reprendre des forces. Le chef de l'escouade déclara :

« -Courage tout le monde. Notre hélico n'est plus très loin. Encore un peu plus d'une dizaine de kilomètres et nous y serons. On peut le faire en une heure et demi si on garde le rythme.
-J'en ai marre de marcher... Il ne peut pas venir maintenant ?
-Bien sûr que non. Nous sommes en territoire ennemi et il se ferait rapidement repérer et descendre si il se posait à découvert.
-Courage Richard, répondit Roland. Imagine que l'hélico est en chocolat. »

Le dénommé Richard ne répondit et secoua la tête en soupirant. Alors, après quelques minutes de pause, tout le monde se remit en route. Rapidement, comme cela avait été dit quelques heures plus tôt, les nuages gris laissèrent place à un ciel clair, où le soleil brillait très fort. Les soldats étaient protégés du soleil par la visière de leur casque, mais pas moi, et je devais avancer en me protégeant les yeux. Et plus nous marchions, plus l'intensité lumineuse était forte. Je sentais que mes forces recommençaient à diminuer peu à peu, mais, ne voulant pas ralentir le groupe, je m'efforçais de maintenir l'allure. Mais, alors que le bosquet où se trouvait l'hélicoptère, d'après le chef d'escouade, était en vue, je fus prise de nausées. Ma vision se brouilla, toutes mes forces me lâchèrent rapidement, et je manquai de m'évanouir. Alors que tout le monde se regroupait autour de moi pour m'aider, le chef du groupe déclara :

« -Elle est vraiment trop faible. Il va falloir la porter, on ne peut pas faire autrement.
-Et tu as une idée de qui, Hilmar ? On est tous crevés...
-L'hélico qui nous attend est droit devant. On en a pour même pas dix minutes maintenant. On la portera à tour de rôle.
-Pourquoi ne pas la porter à plusieurs en même temps ? Demanda Roland.
-Comme vous voulez. Mais faites vite. »

Rapidement, ils se mirent d'accord. Roland agrippa mon bras droit et le passa par-dessus son épaule, Terrence fit de même avec mon bras gauche, et ils me portèrent en me soulevant de cette manière. Mes pieds traînaient dans la neige tandis qu'ils hâtaient le pas. Rapidement, alors que je commençais à perdre conscience à cause de la faim et du manque de force, nous arrivâmes enfin dans le petit bois, au milieu duquel se trouvait un hélicoptère de grande taille. Muni de deux hélices de manière à soulever son énorme masse, il possédait une soute pouvant accueillir un véhicule de la taille d'un char d'assaut à l'arrière, en plus d'un dizaine de soldats dans un compartiment à l'avant. Sur le sol se trouvait aussi une énorme toile de parachute repliée et une motoneige.

« -Nous y sommes enfin ! On est arrivés sains et saufs au point d'extraction. On va enfin pouvoir rentrer au QG.
-Occupez-vous du colis avant toute chose. Elle est vraiment très faible. »

La soute s'ouvrit et un soldat en descendit.

« -Vous êtes enfin là, bande de moules. J'ai vraiment cru que vous n'arriveriez jamais...
-On comptait sur toi pour venir nous chercher.
-Vous savez bien que c'est impossible, je me serais fait descendre. J'ai déjà eu du mal à vous parachutez discrètement et à planquer la toile. Moins d'une heure après une patrouille de routine aérienne est passée... Heureusement que j'avais la motoneige. D'ailleurs, où est le colis ? Le QG m'a prévenu que vous l'aviez. J'ai hâte de voir ce que c'est, comme bestiole.
-Elle a souffert du voyage. Elle se taisait pendant que l'on marchait, donc on pensait qu'elle allait bien, mais elle a finit par s'écrouler... Roland et Terrence la portent. »

Vu qu'ils me portaient, ils étaient arrivés en dernier. Rapidement, le pilote s'approcha d'eux pour essayer de m'apercevoir, alors qu'ils cherchaient à monter dans le véhicule. Alors, ils m'allongèrent sur le sol métallique et sale, dans le compartiment avant.

« -Alors c'est ça, leur Projet Garou ? Quelle horreur. Comment voulez-vous qu'un truc comme ça aille au combat ? Ses oreilles sont tellement grandes qu'elle ne pourra même pas porter un casque.
-T'es un génie toi, ma parole. Je me demande pourquoi avec une telle logique tu es devenu pilote et pas astrophysicien ?
-Eh oh, du calme. J'aurais très bien pu repartir et vous laissez vous taper tout le chemin jusqu'au QG à pieds. Pourquoi tu es obligé d'être aussi agressif, Terrence ?
-Laisse tomber. Elle n'a probablement rien mangé de consistant depuis une semaine, alors va chercher quelque chose.
-Et ça mange quoi, ces bestioles ? Un morceau de viande cru ?
-T'as pas fini d'être aussi con ? C'est peut-être compliqué à voir, mais c'est un Évoli.
-J'ai pas de croquettes.
-Mais va chercher une ration et fais pas chier ! De sa survie dépend la réussite de la mission. Tu sais où vont ceux qui échouent. »

Le pilote, en grommelant, partit chercher quelque chose dans un sac posé en vrac sur l'une des banquettes et revint avec une grosse boite en métal. Je me demandais pourquoi il ne m'appréciait pendant qu'il ouvrait la ration de survie. Alors, il en sortir une boite plus petite, où on pouvait lire « Dîner ».

« -Bien entendu, j'ai mangé le petit déjeuner et le déjeuner en vous attendant. Il ne reste que le souper.
-C'est mieux que rien. Si on enlève la viande, il reste... Des briques, une tablette de chocolat et une barre vitaminée.
-Ah non, j'ai déjà mangé la tablette de chocolat. Elle devra se contenter des briques et de la barre tropicale, et du thé que j'ai pas utilisé ce midi.
-Tu es infernal comme gars. Bon, va faire fondre de la neige. Je vais mettre les briques à ramollir dans du thé, j'espère que ça suffira. Je vous dois bien ça, après ce que vous avez fait pour moi, me dit-il, en mettant son doigt sur le pansement qu'il avait à la tête.
-C'est bon, voilà votre flotte. Oubliez pas de vous pincez le nez en avalant... Le cachet qui sert à rendre l'eau potable lui donne un très mauvais goût.
-On se passera de tes commentaires. Va aider dehors, voir si ils ont fini de ramasser le parachute du tank et la motoneige.
-Oui, ô grand chef Terrence. »

Vu les ordres que lui donnaient Terrence, l'homme semblait être moins gradé que lui. Pourquoi me haïssait-il à ce point ? S'attendait-il à voir une autre créature, grande et forte ? Au lieu de l'être faible et impuissant que j'étais actuellement ? Je ne pouvais de toute façon pas lui demander, et j'allais devoir subir ses remarques pendant encore un moment. Rapidement, Terrence avait déposé les solides biscuits militaires, ou les briques comme ils les avaient appelés, dans le récipient rempli de thé qu'il venait de préparer. Alors, le temps que les biscuits ramollissent, il me força à manger la barre vitaminée. Bien entendu, le goût était aussi désagréable que la première fois, mais l'effet fut le même aussi : je sentis rapidement que mes forces revenaient à moi. Alors, mangeant les épais biscuits sucrés qui, une fois ramollis, n'étaient plus en mesure de me casser une dent, je voyais que tout le monde était remonté dans le gros hélicoptère, et qu'ils étaient entrain de discuter.

« -Yo Brice, j'ai appris pour Marcel... Tu m'en vois vraiment désolé. Il ne méritait pas ça.
-... »

Le pilote du char d'assaut était terrassé par la perte de son véhicule. Pendant tout le voyage, il n'avait que très peu parlé. D'abord, la perte du véhicule avait été pour lui une tragédie, mais en plus, il pensait avoir bien fait en le détruisant, et personne n'était de son avis. Alors, il refusait maintenant de parler et se contentait de hocher la tête quand on lui adressait la parole. Voyant qu'il n'obtiendrait pas de réponse, le pilote de l'hélicoptère secoua la tête et déclara :

« -Bon, dès que votre bestiole là, elle aura terminé de baffrer, on décolle. Pour rentrer on va passer au-dessus de la Forêt de Zvigold. Des questions ?
-Oui, j'en ai une, Flint.
-Hum ?
-T'as du t'emmerder pas mal pendant que nous on revenait à pieds, demanda Roland. T'as fait quoi ?
-Un tennis et des crêpes. Dommage, il en reste plus. D'autres questions ?
-Le tennis, tu l'as fait avec les magazines cochons que j'ai vu dans le cockpit ?
-... »

Aucune autre question. Alors, je me dépêchais de terminer mon repas. Tout étant en ordre, on referma la porte coulissante qui menait à l'extérieur, et le pilote retourna dans la cabine de pilotage. Je constatais qu'il y avait un siège pour un copilote mais qu'il était vide. Peut-être préférait-il se débrouiller tout seul ? Cela n'empêcha nullement l'hélicoptère de décoller. Le bruit des hélices couplé au bruit du vent produit dans les arbres autour de nous faisait un vacarme assourdissant... Je me demandais si nous allions passer inaperçu. Après tout, ils étaient arrivés discrètement, il n'y avait aucune raison que le retour soit problématique.

Alors que le véhicule prenait de plus en plus d'altitude, je constatai que, pour la première fois depuis une semaine, j'avais le ventre plein. Ragaillardie, je me sentais déjà plus à l'aise dans le groupe. Au final, ils n'étaient pas méchants, loin de là. Je trouvais leur compagnie plus agréable que tous les moments que j'avais passé avec des membres de l'Armée Régulière. Ils étaient attentionnés et, habitués à ma présence, agissaient avec moi comme avec n'importe quel autre être humain. J'espérais vraiment que tout le monde allait être comme eux, mais, en voyant le caractère de Flint, je savais que cela n'allait pas être le cas.

Une dizaine de minutes plus tard, Flint se tourna vers nous et déclara :

« -On va rester maintenir le vol aux environs de 500 mètres d'altitude. Si on va plus haut, on sera une cible facile si jamais un patrouille de routine passe par là.
-Sans vouloir te vexer, c'est déjà trop tard, paniqua Roland. Bandits dans nos six heures !
-Quoi, déjà ? Il devait savoir que j'étais là et ont attendu que je décolle pour nous tomber dessus ! »

La radio de Flint crépita.

« -Allô, QG ? C'est vous ?
-Pas de bol, tête de nœuds, répondit une voix. Posez-vous immédiatement. Nous n'hésiterons pas à vous descendre.
-C'est ta sœur qu'on va descendre, abruti ! On se posera jamais ! Plutôt mourir.
-C'est ce que je voulais entendre ! À l'attaque ! »

Le biplan en tête du groupe des cinq qui nous avait pris en chasse accéléra, et ses compagnons firent de même. Hilmar, hors de lui, hurla à Flint :

« -Flint, espèce d'idiot consanguin sans cervelle ! On a aucun chance contre cinq chasseurs !
-On a toutes nos chances. Le blindage de mon bébé peut sans problème résister à leurs mitrailleuses de 7,62. Et il y a une 12,7 rangée dans une caisse de la soute à véhicule.
-De toute façon on a pas le choix ! Continua Hilmar. Brice, tu n'es pas un guerrier. Tu t'occupes du garou. Terrence, tu installes la mitrailleuse pour Richard, c'est lui qui manie le mieux ce truc. Jack et moi, on va faire de notre mieux avec nos fusils d'assaut.
-Oui chef !
-Flint, on n'a aucune chance de les toucher si on se déplace. Quand ils seront suffisamment près de nous, tu fais du surplace et tu essaies de nous orienter vers eux.
-Je connais mon boulot !
-Certainement pas ! Sinon tu ne les aurais pas provoqué, toi et ton ego surdimensionné.
-C'est eux qui ont commencé !
-La ferme. »

La mitrailleuse fut rapidement déplacée et installée près de la porte gauche du compartiment avant. Brice et moi furent déplacés dans la soute arrière, qui était bien plus sécurisée. Au fond de moi, j'étais paniquée. Comment un véhicule, aussi lent, gros et peu armé que cet hélicoptère avait-il une chance contre cinq avions ? D'une main, je tenais ma sacoche, et de l'autre, je tenais une barre métallique prévue à cette effet. Les hommes du groupe était des vétérans, et Hilmar semblait savoir ce qu'il faisait... Sa stratégie d'attendre l'adversaire en se basant sur le blindage soit-disant impénétrable de l'appareil allait-elle vraiment fonctionner ?

« Maintenant Flint, ne bouge plus ! Les autres, feu ! »

Les trois armes firent feu en même temps. Le vacarme de la lourde mitrailleuse de calibre 12,7 était impressionnant. À lui tout seul, il couvrait le bruit des pâles de l'hélicoptère et de l'impact des munitions reçues. Lorsque la première passe fut terminée, je constatais que, en regardant par un des hublots. L'un des avions blancs avait le moteur en feu, incontrôlable, il chuta droit vers le sol. Incapable de voir si le soldat avait réussi à en descendre ou non, je le regardai continuer à piquer droit vers la forêt, et s'y écraser...

« -Flint, fait extrêmement attention ! Cria Jack. J'ai remarqué que l'un d'entre eux avaient des roquettes. Une seule et nous sommes morts ! Les autres, il est facile à remarquer, c'est celui qui est vert olive.
-Bon sang, il ne manquait plus que ça ! Encore heureux que les roquettes ne soient pas guidées ! Je vais essayer de les éviter, prévenez-moi quand il en envoie une ! »

Les avions avaient fait demi-tour et retournaient droit sur nous, l'avion vert derrière les autres, certainement à cause du poids des roquettes. Cette fois-ci, il envoya trois roquettes en plus d'une rafale de ses mitrailleuses. Les munitions ne firent aucun dégâts, et Flint, pilotant habilement son appareil, parvint à éviter les fusées. Il n'en restait plus que trois... Après quoi, je supposais qu'ils allaient s'en aller, incapable d'endommager notre appareil. Quant à moi, plus l'appareil faisait des gestes brusques, plus je me sentais nauséeuse. Je voyageais pour la première fois dans un hélicoptère, et je sentais que j'avais le mal de l'air. Couplé à mon état de panique, cela n'arrangeait rien.

Cette fois-ci, les avions changèrent leur stratégie et se séparèrent. Deux d'entre eux nous attaquèrent par la gauche, un autre nous attaqua de front, le dernier, avec ses roquettes, arrivant plus lentement, à droite. Alors, une fois à 500 mètres de nous, les trois premiers ouvrirent tous les feu en même temps. L'avion venant de face avait mitraillé le cockpit et Flint avait certainement été grièvement touché.

« -Flint ? Flint !  Lui cria Jack.
-Bon sang, décale ce foutu appareil ! Il va balancer ses roquettes !
-Je ne peux pas... Il fait... Trop froid pour que je bouge...
-Bon sang de ! »

Hilmar ne termina pas sa phrase. Le dernier avion avait envoyé ses roquettes, et deux d'entre elles firent mouche. L'une avait explosé sur le haut de l'appareil, détruisant par la même occasion une hélice. L'autre avait frappé de plein fouet le compartiment avant, emportant dans son souffle les soldats... Alors que l'appareil, devenu incontrôlable, avait entamé une spirale vers le sol, Brice sortit de sa léthargie. De toute ses forces, il m'agrippa, et saisit au passage la toile du parachute pliée, avant de sauter dans le vide en hurlant.

Alors que, me tenant toujours contre lui, il essayait d'ouvrir le parachute, j'étais tétanisée et je fermais les yeux en attendant le choc. Il était illusoire de penser que je pouvais survivre à une telle chute... Pourtant, Brice réussit à ouvrir le parachute. Malgré tout, nous descendions à une vitesse impressionnante, le parachute se s'ouvrant pas totalement. Quelques secondes avant notre collision avec le sol enneigé, il se retourna et me serra contre lui. Présentant son dos au sol, il allait me protéger en amortissant le choc... Lorsque le moment fatidique arriva, le choc fut tellement violent que je perdis immédiatement connaissance.



Je me réveillai, peut-être une heure plus tard, j'étais allongée dans la neige. Indemne. Rapidement, je me levai, et je cherchai frénétiquement Brice. Il se trouvait non loin d'ici... Il avait roulé plusieurs mètres plus loin dans la neige, et il ne bougeait maintenant plus. Rapidement, je m'approchai de lui. Il était mal à point. Il respirait encore, très faiblement. Je n'avais pas lâché ma sacoche lors de la descente et je me penchai au-dessus de lui pour le soigner. Alors, doucement, il me repoussa.

« Tu ne peux rien faire moi. J'ai donné ma vie pour sauver la tienne, et maintenant, je vais devoir payer... »

Je secouai le tête. Il avait tort. Toutes les blessures, aussi nombreuses soient-elles, étaient des écorchures et autres coupures. Je pouvais soigner ça sans problème.

« Au moment de l'atterrissage, j'ai senti que quelque chose se brisait dans mon dos. Et c'est quelque chose que tu ne peux pas soigner avec tes outils. Je me suis brisé la colonne vertébrale. »

Je refusai d'y croire. Cette homme était encore en vie et je devais faire quelque chose pour lui. Mais je ne savais pas quoi.

« Je ne peux plus bouger mes jambes. Mon bras droit a littéralement éclaté. Lorsque je parle, je sens bien que mes côtes ont transpercé mes poumons. Tu ne peux rien faire. Alors arrête de t'apitoyer sur mon sort et va-t-en. Les autres ont peut-être survécu au crash de l'hélicoptère, ils ont peut-être besoin de toi... Alors oublie-moi. »

Non, ils n'avaient pas survécu. Ils étaient morts avant même de toucher le sol. J'en étais convaincue.

« Tu sais... J'ai réalisé, alors que l'hélicoptère allait s'écraser, que toi et moi étions pareil, on cherche une raison d'être. J'ai étais aveuglé par ma colère, en voulant venger ma famille, et j'ai bêtement tout perdu. Alors que toi tu subis ce qui se passe autour de toi, et tu as déjà tout perdu mais encore tout à gagner... »

De quoi parlait-il ? Je ne le comprenais pas. Il avait rejoint l'armée dans le seul de but de venger sa famille ? Le violence engendre la violence, et nous étions tout les deux d'accord là-dessus. Peut-être le réalisait-il seulement trop tard.

« Lorsque cette guerre a commencé, le monde entier a changé. Des villages entiers ont été brûlés. Des familles ont été brisées. Des terres fertiles ont été changées en no man's land où rien ne pousse. Et pourtant, je sens que, même si la terre est maintenant gorgée de sang, la vie reprendra un jour son cours. Je l'espère vraiment de tout mon cœur... Lorsque les hommes seront fatigués de se battre, peut-être que tu trouveras ta place dans ce nouveau monde ? Moi, je n'ai pas réussi à trouvé la mienne. »

J'étais incapable de lui répondre. Il essayait de détourner ma concentration. Il ne voulait pas que je m'occupe de lui, mais j'allais faire ce que je pouvais, qu'il le veuille ou non.

« Tu refuses d'abandonner, hein. Je pense avoir une idée... Va ramasser la toile sur le sol, là-bas. Je pourrais peut-être en faire quelque chose. »

Je me hâtai. Je ne savais pas ce qu'il comptait en faire, mais j'étais sure qu'il avait une bonne idée. Son état semblait stable, il ne perdait pas de sang et semblait supporter la douleur. Alors que j'arrivais à la large toile, un son sec se fit entendre. Une arme à feu qui tire. Je me ruai vers Brice et je constatai que, dans sa main droite, il tenait un pistolet. Et que du côté gauche de sa tête se trouvait une bouillie sanglante. Il avait décidé de mettre lui-même fin à ses jours...

Cette fois-ce, s'en fut trop pour moi. Six personnes avaient perdu la vie par ma faute en quelques minutes. Combien de personnes allaient encore mourir à cause de moi ? Je n'avais jamais voulu être la source de problèmes. Je voulais seulement servir à quelque chose, et dans les moments les plus critiques, j'étais toujours la petite chose terrorisée et spectatrice qui ne servait à rien. Tant que je serai là, les choses continueront d'être aussi épouvantable. Alors, je me penchai, et je ramassai l'arme que l'homme tenait dans la main. Si je disparaissais, maintenant, loin de tout, cela allait-il arranger les choses ? Je me rendais compte que cela n'apporterait rien du tout. Personne ne reviendrait à la vie. Je devais disparaître, oui, mais mourir n'apporterait rien de plus. Avant, je pensais que le suicide était un acte égoïste, une façon de se détourner de nos obligations. Mais en voyant ce qu'en avait fait cette homme... Je me rendis compte que cette fois, il s'agissait du contraire. Brisé, il avait décidé de mettre fin non à ses obligations, mais au cycle vicieux de la vengeance et de la violence. Il s'était libéré. Alors, le visage embué de larmes, je rangeai le pistolet dans la holster su soldat, et je regardai les alentours.

Pour la première fois, j'étais libre. Totalement libre de ce que je pouvais faire. Bien entendu, perdue au milieu de la toundra, cela n'aidait pas vraiment... Mais je me souvins de ce qu'avait dit le pilote, Flint. Il avait mentionné un lieu, la Forêt de Zvigold. En effet, une gigantesque forêt se voyait non loin. Peut-être y trouverais-je refuge ? Le soleil était toujours aussi fort qu'avant, et j'avais mal aux yeux tellement le reflet dans la neige était brillant. Alors, je me dirigeai vers ladite forêt. Lorsque je fus assez près de la forêt, toujours aussi agressée par le soleil à un tel point que cela devenait insupportable, quelque chose d'étrange se passa en moi. Je fus prise de nausées et, incapable de tenir debout, je tombai, pliée en deux dans la neige. Rapidement, je perdis connaissance.