Sentiments de ManchOpale

Titouille dans les bras, j'étais devant la porte. Un étrange sentiment de peur et de stress m'avait envahi. J'hésitais de plus en plus à y entrer. Il était encore temps de faire marche arrière. Non. Je ne pouvais pas faire demi-tour. Je ressentais une douce chaleur émanant de cette maison, elle m'attirait, elle m'appelait. Mon cœur me suppliait de franchir le pas de la porte. Il bouillonnait d'impatience, il avait le sentiment que quelque chose de fantastique allait se passer dans cette maison. Mais, je doutais. A quoi allait ressembler cette maison ? Et à quoi allait ressembler mon possible futur colocataire ? Était-ce un garçon ou bien une fille ? De multiples questions s'entrechoquaient dans ma tête, mais avant d'avoir pu m'en rendre compte, ma main avait frappé à la porte.


Une jeune femme à la chevelure brune tirant sur le blond de même âge et de même taille que moi apparue. Je balayai mon regard sur elle et inspectai chaque recoin de son corps. Sa peau était blanche et laiteuse, elle paraissait très douce. Elle possédait de petits yeux verts arborant un regard touchant, attendrissant qui me caressait tendrement. Elle souriait. Une de ses mains m'invitait à entrer pendant que l'autre était posée sur sa petite poitrine. Elle m'accueillit avec un « Bonjour ! » très enthousiaste que je lui rendis presque instantanément. Je posai Titouille par terre, ayant vu une petite Evoli allongée dans un coin de la maison. Il s'empressa d'aller la rejoindre. La femme m'invita à m'asseoir à table et m'apporta une tasse de thé. Pendant qu'elle s'affairait à préparer la boisson, je balayai le salon du coin de l'œil, il était assez spacieux et seuls des meubles nécessaires étaient présents. Une table, une bibliothèque, une lampe, une cheminée, tout ça défilait devant mon regard émerveillé. Tout ça était assez simple mais dégageait une atmosphère presque magique. J'étais sans voix. Je ne savais vraiment pas pourquoi je ressentais ce genre de sentiments. Je n'étais pas spécialement sensible d'habitude, encore moins aux décorations d'intérieures qui m'ennuyaient plus qu'autres choses. J'avais aussi le sentiment d'avoir déjà visité cette maison, et même d'y avoir déjà vécu. C'était vraiment bizarre.


Elle revint avec une théière pleine et nous servit un peu de thé chacun. La conversation s'engagea, j'appris quelques futilités comme son nom : « Shyna », son âge, ou bien le fait qu'elle souhaite à tout prix garder cette maison mais qu'elle n'a plus assez d'argent pour payer le loyer. Puis, la conversation qui était jusqu'à présent banale dériva sur un sujet bien plus grave et plus sérieux : Nos parents.


« Dis-moi, Celk, tu habites encore chez tes parents ou tu vis seul, maintenant ?

- Je vis seul. A vrai dire... Mes parents sont morts. Ils ont développé le Tanuire tous les deux à peu près en même temps. Cette foutue maladie les a emporté il y a quelques ans maintenant, lui répondis-je d'une voix assez tremblotante.

- Oh, je suis désolée. Je ne savais pas. Pour tout te dire, les miens sont partis en voyage mais ont aussi développé le Tanuire durant le voyage. J'étais encore petite. Le Maire a eut la gentillesse de m'élever à leur place. Je le considère comme mon grand-père. C'est vraiment un homme bien.

- Ah. C'est une étrange et triste coïncidence. Je suis vraiment désolé pour tes parents. Cette maladie...

- Ouais... Bon ! Si ça ne te dérange pas, j'aimerais changer de sujet ! Et si tu visitais la maison ? » dit-elle d'une voix ferme.


J'acquiesçai d'un mouvement de tête et la suivis. Nous parcourûmes le couloir, il était assez étroit et elle m'emmenait vers la pièce qui serait ma futur chambre si j'acceptais l'offre. Elle était grande. Beaucoup mieux que ma chambre à Mothrielle. A vrai dire, elle avait juste quelque meuble de plus et un peu plus d'espace... Mais... Non, il y avait beaucoup plus que ça. Dans cette chambre, je ressentais un sentiment indescriptible. C'était incroyable.


Finalement, j'avais accepté l'offre de Shyna et avais revendu la maison de Mothrielle pour m'installer définitivement à Canvres. Elle m'avait fait visiter la ville un peu plus en détail, m'avait montré les coins qu'elle aimait bien comme par exemple le petit bosquet fleuri juste derrière la mairie. De petits Pokémon la rejoignait quand elle s'allongeait dans les fleurs. C'était souvent des Roucool ou des Nirondelle. Nous avions aussi appris à mieux nous connaître tous les deux. Nous avions passé beaucoup de temps ensemble, ce qui était assez normal puisque nous habitions la même maison. On s'organisait quelque sortie, on allait se promenait dans la ville, souvent. C'était assez plaisant. Mon quotidien morne et répétitif était enfin devenu intéressant. J'avais enfin trouvé une occupation.


Mais, quelque chose me préoccupait de plus en plus. Shyna. Elle était présente dans la majeure partie de mes pensées. Tout me plaisait chez elle. Ses cheveux doux et soyeux, son parfum fruité, ses beaux yeux et son regard profond qui s'amusaient à me fixer, son mignon petit rire, léger comme le vent, ses petites mains qui aimaient chercher ses cheveux, ses formes attirantes, sa voix mélodieuse. Tout. Absolument tout. Je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Était-ce ça l'Amour ? Une chaleur s'était logée dans mon cœur, elle ne me quittait plus. Je devais lui dire. Il fallait qu'elle le sache. Ces quelques mois passés avec elle m'avaient fait réaliser que c'était elle qui manquait à mon ancienne vie.


Je l'avais invitée dans la forêt qui se situait entre Mothrielle et Canvres, nos deux villes natales. Toute l'après-midi, nous avions passé notre temps à parler de tout et de rien pendant que Titouille et Vivi, son Evoli femelle, s'amusaient. Le soleil commençait à se coucher quand je décidai de me lancer.


« Shyna. Il faut que je te dise quelque chose de très important.

- Qu'est ce qu'il y a, Celk ? Tu me fais peur. Tu veux quitter la maison, c'est ça ? dit-elle affolée.

- Oh, non, pas du tout. Il faut que je te dise que... Que... balbutiai-je

- C'est quoi alors ? Que quoi ? J'ai peur. Vraiment, continua-t-elle toujours très affolée.

- Shyna. Je crois bien que je t'aime, lâchai-je en fermant les yeux, par peur.

- Vr... Vraiment ? Wah.

- A.. Alors ?

- Et bien.. Je pense que je ressens la même chose. Mais j'avais peur de ta réaction. Celk. Je t'aime aussi. »


Les mois passèrent tranquillement, mais un matin, Shyna se réveilla avec une très forte toux. Celle-ci ne la quittait pas. Inquiet, je lui proposai d'aller voir le médecin du village d'à côté afin d'en savoir plus et de la traiter comme il faut... Shyna accepta et nous nous préparâmes pour le départ.