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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 02/03/2014 à 08:26
» Dernière mise à jour le 28/06/2018 à 23:26

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 222 : Des différences nait le conflit
Techniquement, Eryl était officiellement un Gardien de l'Harmonie depuis trois jours. Pourtant, il lui semblait qu'elle était là depuis cinquante ans et que son statut était supérieur à celui du Premier Apôtre. Les six Apôtres lui parlaient avec respect comme si elle était leur égale, voir plus. Les Gardiens les plus expérimentés ne perdaient jamais une occasion de s'arrêter pour la saluer comme si elle était le Haut Prêtre d'Arceus en personne. Quant aux apprentis Gardiens, eux, c'était presque s'ils ne s'agenouillaient pas dès qu'elle passait devant eux.

Eryl n'aimait pas ça. Elle avait enfin l'impression d'avoir enfin trouver sa voie, l'organisation dans laquelle elle aurait aimé travailler, mais tout le monde la bichonnait sans lui laisser l'occasion de faire ses preuves. Bien sûr, être la fille du Héros de l'Innocence n'aidait pas, mais en plus que tout le monde savait maintenant qu'elle était le réceptacle pour la légendaire Pierre des Larmes et qu'elle avait détruit Slender d'un simple touché, sa réputation était passée de « respectée » à « adulée ».

Pourtant, personne ne l'avait vu, cette fichue pierre. Oswald Brenwark avait eu beau passer Eryl sous des dizaines de scanner, d'IRM, et même demander à plusieurs Pokemon Psy, on avait décelé aucune pierre dans le corps d'Eryl. Si elle était là, quelque part, son père l'avait bien planquée. Pourtant, Eryl n'avait sûrement pas détruit Slender avec la seule puissance de sa volonté. Si les Apôtres avaient donc renoncé à repérer la Pierre des Larmes et si jamais à la retirer d'Eryl, ils traitaient la jeune femme comme une espèce de figurine si fragile que personne ne devait la toucher.

Elle devait désormais rester au manoir Brenwark, et chacune de ses balades dans l'immense parc dehors était surveillée. Si Eryl en souffrait, elle pouvait comprendre la motivation des Gardiens. Ils recherchaient cette Pierre des Larmes depuis des siècles, et maintenant qu'ils l'avaient enfin trouvé, ils n'allaient pas la laisser s'échapper. De plus, comme il était probable que les Agents de la Corruption soient eux aussi au courant, Eryl était plus en danger que jamais.

Toutefois, si elle était bien l'arme destiné à détruire Horrorscor, se terrer à jamais dans ce manoir ne serait pas bien utile. Eryl avait hâte de passer à l'action, et l'avait bien fait savoir à Brenwark et aux autres. Ces derniers devaient donc réfléchir à un plan pour désormais combattre les Agents de la Corruption face à face. Passé outre la vénération de tout le monde et sa liberté quasi-envolée, Eryl se plaisait bien ici. Elle avait pu se recueillir sur la tombe de ses parents, exposées au milieu du parc, et elle avait déjà sympathisé avec beaucoup de monde, dont avec certains Apôtres eux-mêmes.

Elle voyait peu le père de Silas, parce qu'il était souvent occupé, mais il l'avait reçu lui-même dans son bureau pour parler longuement avec elle, notamment de la grande amitié qu'il avait partagé avec Dan Sybel. Izizi, elle le connaissait déjà, et s'il pouvait se montrer très bizarre parfois louche, discuter avec lui était rafraichissant. Quant à Cosmunia et la comtesse Divalina, c'étaient des personnes très gentilles, quoi qu'un peu perdu dans un autre monde en ce qui concernait la jeune comtesse aux mèches arc-en-ciel.

Par contre, il y avait ce Vaslot Worm. Un type louche et inquiétant, qui portait la moitié d'un masque sur le visage, et qui regardait tout le monde de haut et avec mépris. Eryl ne faisait pas exception. Mieux encore, Worm semblait éprouver pour elle une répugnance toute particulière. Eryl pouvait voir ses lèvres se crisper quand elle se trouvait en sa présence, et ses doigts remuer furieusement, comme s'il n'avait qu'une envie : les serrer autour de son cou.

Elle s'était un peu renseignée auprès d'autre Gardiens, et avait appris deux choses. Worm n'était pas beaucoup aimé dans parmi ses confrères, mais il avait tellement de relations ci et là qu'il était totalement indispensable. Ensuite, Worm avait été de la même génération de Gardiens que Dan Sybel, Oswald Brenwark et Funerol. Il avait été un peu le rival de Dan, et son concourant dans la course au titre de Premier Apôtre. Aujourd'hui donc, voir la fille de son ancien ennemi accaparer toute l'attention, comme l'avait fait son père avant elle, le rendait furieux. Eryl s'évertuait donc à l'éviter autant que possible.

Il restait un Apôtre d'Erubin qu'elle n'avait pas encore rencontré. Silvestre Wasdens, qui était aussi l'un des Dignitaires. Et justement parce qu'il était l'un des Dignitaires, il se trouvait actuellement bloqué à Safrania, qui subissait le blocus de la Team Rocket en vue de l'ultime bataille de Kanto. Comme Solaris ne disait que du bien de cet homme, Eryl espérait qu'il allait s'en sortir, bien qu'elle ne se cache pas d'être pour la Team Rocket sur ce coup là. Pas à cause de sa relation avec Mercutio. Eryl savait faire la part des choses. En dehors de ça, elle n'était pas plus pro-Rocket que le professeur Chen, et désapprouvée clairement les récentes actions de Siena.

Mais si les Rockets gagnaient cette bataille, alors ce serait enfin la fin de la guerre. Eryl ne voulait que ça. Que les combats cessent, quel que soit le vainqueur. Et là, si les Dignitaires parvenaient à repousser la Team Rocket, la guerre durerait encore longtemps. Donc Eryl était pour la Team Rocket. Elle en avait discuté avec Solaris, qui partageait son point de vue. Mais elle, plus que la fin de la guerre, désirait vraiment la victoire de la Team Rocket sur la région.

- Il y a ces Pokemon Méchas. Il y a les Agents de la Corruption, disait-elle. Beaucoup de menaces pèsent sur nous. Kanto a besoin d'un dirigeant fort capable de la défendre correctement. Ce ne sont pas les Dignitaires qui vont incarner cette force. Je suis bien placée pour le savoir. Quand j'ai envahi Kanto avec mes armées, s'il n'y avait pas eu la Team Rocket, les Dignitaires auraient ployé sous mon joug très vite. Ils ne sont pas tous incompétents et lâches, bien sûr. Monsieur Wasdens est quelqu'un d'admirable, et je pense que cet Erend Igeus a beaucoup de potentiel. Mais c'est le système en lui-même qui est dépassé et faible. Que la Team Rocket le détruise et en mette un autre, ça me va, même si techniquement, la politique de la région ne me regarde pas.

- Se défendre, c'est très bien, fit Eryl. Mais tu penses que la Team Rocket pourrait amener une véritable démocratie, où les gens pourraient vivre en paix et dans la justice ?

Solaris haussa les épaules.

- J'ai toujours vécu dans un empire. La démocratie est une chose nouvelle pour moi. Je n'en comprends pas encore tous les tenants et les aboutissements. Si c'est ce que veut le peuple de Kanto, pourquoi pas, mais je pense qu'on peut bien vivre même sans ça. L'Empire de Vriff n'est pas un bon exemple, mais regarde l'Empire de Lunaris. Mon neveu, l'empereur Octave, dispose de tous les pouvoirs, pourtant les gens n'ont pas à s'en plaindre.

- Oui. Ça peut marcher si le dirigeant suprême est quelqu'un de bon.

- Et la Team Rocket ne le serait pas ?

Eryl hésita.

- La Team Rocket n'est plus comme avant, à l'époque où ils n'étaient considérés que comme des criminels voleurs de Pokemon. Ils sont devenus une véritable institution politique, respectée dans le monde entier. Giovanni, leur boss, est le fils du professeur Chen. Il ne doit donc pas être si mauvais que ça. Mais j'ai peur que certains dans la Team fassent passer leurs propres intérêts et ambitions avant le bien être du peuple.

Solaris eut un fin sourire.

- Tu songes à Siena Crust ?

- Je n'aime pas ce qu'elle est en train de faire. Je ne pense pas qu'on puisse parvenir à la paix par la violence et l'intolérance. Mercutio doit penser pareil.

Solaris s'assit sur le rebord de la fontaine où elle s'était adossée.

- Je ne suis pas la mieux placée pour la juger. Et si je le fais, ce ne sera que sur les résultats qu'elle obtiendra à la fin. Si elle parvient à instaurer la nation qu'elle veut, basée sur l'ordre et la sécurité, alors personne ne se souviendra des actions qu'elle a mené pour ça. Je suis Gardien de l'Innocence, pourtant je suis réaliste. Pour vouloir la paix, il ne suffit pas de beaux discours. Il faut se battre pour elle, et parfois user de méthodes qui nous déplaisent.

Le regard de Solaris se porta au loin.

- Moi aussi, je vais me battre. Je ne vais pas rester ici alors que le sort de la région qui m'a accueillit est en jeu.

- Tu veux dire que tu vas aller à Safrania ? S'étonna Eryl.

- Oui. La Team Rocket a l'avantage, mais ils devront affronter des personnes dangereuses. Les Shadow Hunters, le général Lance... Mon aide ne fera que terminer cette guerre au plus vite.

- Mais... tu es sûre que tu as le droit ? Je veux dire, les Gardiens ne sont pas censés être neutres ?

- Les Gardiens oui. Mais je n'irai pas en tant que Gardien. Silas est bien membre de la GSR lui, et Monsieur Wasdens un Dignitaire. En dehors de notre rôle de Gardien, nous avons tous nos vies et nos idéaux. J'aimerai bien avoir les miens, et vivre un peu hors de cette demeure...

- Alors emmène-moi aussi ! S'exclama Eryl.

Solaris lui fit un pauvre sourire.

- Tu sais bien que c'est impossible. Monsieur Brenwark et les autres me tueraient s'ils apprenaient que j'avais emmené la détentrice de la Pierre des Larmes sur un champ de bataille.

- Alors, protège au moins Mercutio. Comme tu dis, la Team Rocket va affronter des durs, et la X-Squad sera sûrement en première ligne. Si je perdais Mercutio, à quoi me servirait que la Team Rocket l'emporte si je ne peux pas profiter de la paix gagnée avec lui ?

Solaris fut, à cet instant, emprunt d'une certaine jalousie. Ces deux là ne faisaient que lui demander de protéger l'autre, à elle qui aurait tant donné pour être aimé de la sorte... Mais cette amertume retomba bien vite. Elle avait eu sa chance avec Mercutio, et elle l'avait gâchée. Eryl était une bien meilleure femme qu'elle.

- Je verrai ce que je pourrai faire, répondit Solaris. Comme tu sais, ce n'est pas facile de le suivre, lui...

Alors, à la grande surprise de Solaris, Eryl la pris dans ses bras. Pour elle qui n'avait plus l'habitude qu'on la touche, ce fut un certain moment de panique.

- Merci, Solaris, dit Eryl. Tu es une véritable amie.

Amie... Est-ce quelqu'un lui avait déjà dit ça, à part Dracoraure ? Elle en doutait. Elle sentit une grande chaleur l'envahir. Elle était heureuse, certes, mais c'était plus que ça. Cette chaleur semblait provenir du corps d'Eryl. Une sensation de pureté qui passait de son corps à celui de Solaris. Cette sensation fut presque douloureuse pour Solaris, car elle s'était toujours sentie maudite et salie. Était-ce là le pouvoir de la Pierre des Larmes ? Le pouvoir d'Erubin, capable de purifier les cœurs et les âmes par son incroyable pureté ? Solaris s'écarta, et se rendit compte qu'elle avait en face d'elle une déesse. Une vraie, par une usurpatrice tordue comme Solaris avait pu l'être. Eryl Sybel avait un pouvoir bien plus grand que le sien ne le serait jamais.

- Je ne mérite pas ton amitié, dit Solaris. Nous sommes... trop différentes.

Eryl haussa les sourcils, et pris la main de Solaris, qu'elle posa sur sa propre poitrine. Elle fit de même avec Solaris.

- Tu le sens ? Dit-elle. Nous avons un cœur qui bat pareil, toutes les deux. Nous ne sommes pas différentes.

Solaris ne put qu'acquiescer. Que répondre à ça ?

- Tu sais, poursuivis Eryl, si les hommes accordaient un peu plus d'importance à leurs similitudes qu'à leurs différences, je suis sûre qu'il n'y aurait pas autant de guerre dans le monde. Le conflit nait du fait que les individus n'arrivent pas à se comprendre.

- C'est comme ça depuis la nuit des temps, Eryl, dit Solaris. Depuis que les humains sont apparus, ils ne font que s'entre-tuer. Tu as beau avoir en toi la Pierre des Larmes, et peut-être être l'Héritier d'Erubin, je ne pense pas que tu puisses changer ça. Parce qu'il y aura toujours des gens qui voudront le conflit. Des gens, comme les Agents de la Corruption, qui se nourrissent de la guerre...


***


Siena Crust sourit pour elle-même. Un autre combat approchait. Par contre le gouvernement cette fois, mais bien contre la Team Rocket elle-même. Siena allait tuer ses propres alliés. Mais cela restait un combat, une lutte pour la vie et la mort. Et depuis que Siena avait Ecleus dans sa main, en plus de sa capacité Futuriste, elle adorait le combat. Qu'importe contre qui c'était. Elle n'aimait rien de plus que prouver sa supériorité et sa puissance, que ses adversaires tremblent devant elle en voyant la mort arriver. Qu'on la craigne. Qu'on la redoute. Car elle était Siena Crust, et qu'elle n'était pas comme les autres. Elle était forte, alors que les autres étaient faibles. Rien que cet état de fait lui donnait le droit de prendre des vies.

Sa cible : la prison de Basroch. C'était une prison détenue par la Team Rocket, se situant à l'ouest d'Argenta, non loin de la frontière avec Johto. La majorité des prisonniers étaient des Rockets eux-mêmes. Des traitres, des putschistes, des rivaux politiques, bref, tous ceux qui avaient déplu, d'une façon ou d'une autre, au Boss. Siena trouvait cela totalement absurde. On n'enfermait pas ses ennemis, on les éliminait. Encore une preuve de la faiblesse de Giovanni à ses yeux.

Mais il n'y avait pas seulement ça. Il y avait aussi des ennemis extérieurs à la Team Rocket. Aucun du gouvernement bien sûr, sinon les Dignitaires auraient été attaqué cette prison bien avant. Mais des membres d'organisations rivales. D'anciens illuminés de la Team Galaxie ou Plasma. Des membres de Stormy Sky que la Team Rocket avait toujours nié détenir. Et même quelques sauvages de la Garde Noire. Mais Siena n'était là que pour un seul détenu. Un homme dont elle avait besoin pour s'emparer de Safrania.

- Allons-y, fit-elle à ses troupes.

Elle était venue avec deux unités de la GSR, respectivement dirigées par la capitaine Althéï, et par le lieutenant Rebuilt. Siena avait appris à apprécier la jeune Fatra que lui avait remis Vilius. Une fille très efficace, et surtout très loyale. Siena n'avait donc pas tardé à la faire lieutenant. Elle allait voir maintenant ce qu'elle valait en combat. Quand Siena se présenta devant le poste de garde de la prison, le pauvre sbire à l'accueil tomba presque à genoux devant elle. Bien sûr, il l'avait reconnu. Toute la Team Rocket, même à ceux à l'autre bout du monde, connaissait maintenant le colonel Crust.

- Colonel Crust ! C-C'est un honneur, madame...

- Je viens inspecter les lieux.

Le sbire cligna des yeux. Sans doute devait-il se demander ce que quelqu'un comme elle venait fiche dans cette prison où jamais personne ne venait. Mais ce n'était pas son rôle de questionner ses supérieurs. Un bon Rocket. Dommage qu'il faille l'éliminer. Mais Siena ne voulait que personne ne sache qu'elle était passée ici.

- B-bien sûr, colonel. Je vais prévenir le commandant que...

- Ce ne sera pas nécessaire, le coupa Siena. Ouvrez juste la porte.

Le sbire n'était pas ravi, mais même dans ce coin paumé, il devait avoir appris que ne pas obéir immédiatement au colonel Crust faisait qu'on ne vivait généralement pas assez longtemps pour toucher sa pension.

- À vos ordres, madame, dit-il en s'exécutant.

- Je vous remercie, et vous relève de votre poste, fit-elle en souriant.

Après quoi elle tira un rayon d'Eucandia sur le pauvre sbire, qui s'écroula sans un cri. Aussitôt, les troupes de la GSR prirent d'assaut la prison, tirant sur tous les gardiens et les officiers Rockets qu'ils voyaient, sous le regard éberlué des prisonniers. Les gardiens n'étaient visiblement pas préparés ni armés pour résister à un tel assaut. Siena aurait pu facilement laisser faire ses troupes, mais elle voulait s'amuser un peu. Avec Ecleus, elle entreprit de trancher ceux qui la fuyaient, parfois en lançant des arcs électriques. Elle tomba un moment sur un jeune lieutenant qui tremblait dans son coin, et croisa son regard. C'est alors qu'elle le reconnut. Lui aussi.

- S-Siena ? Bafouilla-t-il.

Il s'appelait Mael Trisfon, et avait été un cadet du commandant Penan en même temps que Siena et les jumeaux. Comme le vieux commandant considérait tous ses élèves comme ses propres enfants, on pouvait donc dire qu'ils étaient tous frères et sœurs. Siena se rappelait vaguement s'être entraîné avec Mael. Avoir rit avec lui. Avoir parlé de ses rêves. Mais ce passé révolu semblait appartenir à une autre vie. À une autre personne.

- Désolé, fit-elle en abatant l'éclair sur lui.

Elle constata ensuite qu'il n'était pas le seul ancien cadet de Penan à se trouver ici. Siena en comptant trois autres, dont un, Richel Hazock, avec qui elle était presque sortie alors qu'elle n'avait que quatorze ans. Même s'ils la reconnurent, lui et ses deux amis l'attaquèrent sans broncher, fidèle à leur mission de protéger cet endroit. Siena se rappela alors que c'était pour ça qu'elle avait flashé sur lui à l'époque. Courageux, et fidèle à son devoir quelque soit les circonstances. Dommage, dommage... Elle aurait eu bien besoin d'homme comme lui dans la GSR. Mais il ne devait y avoir aucun témoin. Siena ne tenait pas à ce que Giovanni ne découvre qu'elle s'amusait à libérer des prisonniers pour son propre but.

Elle évita les balles sans aucune difficulté, avant de lancer Ecleus en un arc de cercle qui trancha les deux camarades de Richel. Ce dernier s'était baissé à temps. Doué avec ça ! Siena le visa avec son brassard à Eucandia, mais en une roulade, Richel esquiva et tira une nouvelle fois. Siena n'eut même pas besoin à esquiver, car la balle lui passa bien à coté, mais elle se rendit compte un peu tard que c'était le but de son ancien camarade. Le tir toucha une barre de métal renforcée qui fit ricocher la balle dans une autre direction : la sienne. Un tir parfait, savamment calculé, et parfaitement réalisé. Peu d'homme, à part peut-être Two-Goldguns, aurait pu faire pareil. Et tout le monde serait tombé dans le panneau et aurait succombé face à ça.

Mais Siena n'était pas tout le monde. Avec Futuriste, elle voyait la balle arriver sur elle près de cinq seconde avant qu'elle ne le fasse. Et avec son gant aimanté avec lequel elle pouvait contrôler Ecleus à distance, elle créa un champ de répulsion autour d'elle qui arrêta la balle quand elle pénétra dedans. Puis de son autre main, elle invoqua un éclair de foudre qui frappa Richel de haut en bas, le faisant griller sur place. Il fut le dernier à tomber. Fatra, qui s'était remarquablement bien battue, vint lui annoncer que tout le personnel était mort.

- Vous avez trouvé notre homme ? Demanda Siena.

- Oui colonel. Il est dans une chambre d'isolement spéciale, qui l'empêche de s'échapper.

- Bien sûr. Emmenez-moi.

- À vos ordres. Et que fait-on des autres prisonniers.

Siena eut un geste de dédain.

- Inutile de gaspiller nos balles dessus. Ils exploseront en même temps que cet endroit quand on en aura fini ici.

Fatra la mena dans un étage souterrain, où étaient enfermés les prisonniers les plus dangereux. L'un d'eux avait droit à une cellule spéciale. Elle était équipée d'un dispositif qui concentrait un radiotope, les neutrinos, tout autour de la cellule. Ce dispositif avait été conçu par le professeur Natael Grivux en personne, car les neutrinos étaient la seule chose au monde capable de retenir le prisonnier dans sa cellule. L'homme se leva quand il vit qu'il avait de la visite.

- Tiens tiens... Mais que voilà ? Ce ne serait pas la chère major Crust ?

- C'est colonel maintenant, Crenden. Vous avez l'air en forme ?

Le détenu haussa les épaules avec un sourire.

- Bah, j'ai pas grand-chose à fiche ici, alors je réfléchis. Ça aide à garder la santé. Et vous, vous faites quoi dans le coin ? La Team Rocket s'est souvenue de moi ?

Crenden était un ancien sbire de Zelan, une de ses Armes Humaines. Cet ancien chercheur avait établi l'existence d'une dimension parallèle à la leur, et avait fait des recherches pour pouvoir l'atteindre. Mais, lors d'un accident, il s'est retrouvé à moitié piégé dans cette dimension, et depuis, il peut se matérialiser et se dématérialiser à volonté, un peu comme un Pokemon Spectre. S'il avait survécu à la chute de Zelan, c'était qu'il s'était rendu de son propre gré lors de la bataille de la Tour de Babel. Depuis, il était enfermé ici. Mais Siena ne l'avait jamais oublié. Et maintenant, son pouvoir allait lui être utile.

- Que diriez-vous de sortir un peu prendre l'air ? J'ai une proposition. Je vous libère, et en échange, vous travaillez pour moi.

- Et pourquoi diable accepterai-je ?

Siena cligna des yeux. Elle ne s'était pas attendue à un refus.

- Vous voulez rester dans cette pièce de cinq mètres carré ?

- Et pourquoi pas ? Je suis nourri, logé, et on accepte de me donner tous les livres que je veux. Pas de combats, de meurtres, de rêves de nouveau monde... Je suis tranquille ici.

- Sauf que ça ne va plus durer. Quoi que vous décidiez, je ferai sauter cet endroit. Si vous ne venez pas avec moi, vous mourrez.

- Bah, la mort ne m'inquiète pas. Au contraire, je la trouve fascinante. C'est un sujet d'étude et d'expérience des plus mystérieux. De la vie en revanche, j'ai tout étudié. Elle n'a plus rien à m'apprendre.

- Vous disiez avoir rejoint Zelan car vous aviez une dette envers lui, tenta Siena. Je veux reprendre cette dette. Le nouveau monde que Zelan voulait, je vais le bâtir moi-même.

- J'ai dit que j'en avais assez des nouveaux mondes, répliqua Crenden. Et assez de ceux qui s'imaginent pouvoir en créer. Vous saviez quoi ? Je ne pouvais pas sentir Zelan. C'était un dingue, et un sadique.

- Mais vous l'avez aidé...

- Uniquement parce qu'il m'avait aidé avant. Mais vous, colonel Crust, qu'avez-vous fait pour moi, hein ?

Siena rendit les armes.

- Très bien. Que voulez-vous ?

- J'aimerai avant connaître vos projets. Pourquoi avez-vous besoin de moi au juste ?

- Pour dominer la région, puis ensuite le monde.

Crenden éclata de rire.

- Avoir fréquenté Zelan ne vous a pas réussi, apparemment. Bon, admettons... La conquête du monde, ça peut ouvrir nombre de possibilités.

- Vous voulez quoi ? De l'argent ? Du pouvoir ? Des femmes ? Les trois à la fois ?

Crenden balaya les suggestions de la main.

- Que des désirs primaires. J'ai dépassé ce stade. Je suis un scientifique.

- Donc, vous voulez...

- La renommée, conclut Crenden. La reconnaissance. Je veux montrer au monde entier quelque chose que moi seul aurait découvert ou créé. Je veux laisser une marque dans l'histoire scientifique !

- Travaillez avec moi, et je vous fournirais de quoi vous consacrer à vos recherches. Je vais devenir la personne la plus connue au monde. Tous ceux qui m'entourent seront également célèbres.

- Bon, alors marché conclu.

Au geste de Siena, Fatra coupa le champ de force en neutrinos qui empêchait Crenden de s'enfuir. Ce dernier traversa alors le mur de verre comme s'il ne s'agissait que d'eau.

- Oh, mais juste une question. Qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de fuir maintenant sans respecter notre contrat ?

Siena sourit.

- Si vous tenez tant à payer vos dettes, c'est que vous devez être un homme de parole. Je vous fais confiance.

Et à la première occasion, je t'enfoncerai dans le corps une bombe à neutrinos au cas où tu déciderais de me trahir, songea Siena.