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Bienvenue à Lavanville de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 19/12/2013 à 11:23
» Dernière mise à jour le 19/12/2013 à 11:24

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Chapitre 25 : La grande chasse
Si un évènement était particulièrement attendu dans la ville de Lavanville alors c'était bien celui de la chasse aux œufs de Pâques qui réunissait chaque années tous les enfants de la ville dans le parc central. Tous les enfants étaient conviés à cette réunion et tous se devaient d'y être, sans quoi ils savaient que ce serait leur tour.

Personne n'aimait la chasse aux œufs.
Ceci apparaissait comme une évidence dans l'esprit de tous mais personne n'osait véritablement se l'avouer. Les enfants devaient montrer à leurs parents qu'ils avaient hâte de gambader aux côtés de leurs camarades chaque année et tout le monde était content de l'entendre dire. Tous les habitants savaient parfaitement de quoi il en retournerait pour les parents qui ne mettraient pas leurs enfants en confiance avant la chasse.

En effet un drame avait lieu chaque année durant la chasse et on ne pouvait l'éviter. La plupart du temps un enfant mourrait, parfois plusieurs mais c'était plutôt rare et le nombre diminuait d'année en année. Tout le monde avait compris que la force qui œuvrait durant cette journée se nourrissait de la peur et du manque de confiance des enfants ; aucun ne comprenait les raisons qui poussaient ce meurtrier à continuer sa sinistre opération chaque année.

Bien entendu la police et les plus hauts fonctionnaires de la ville avaient désiré mettre un terme à la fête de Pâques, ce à quoi s'étaient mystérieusement opposé Peter Hude et Marc Saul, adjoint du maire de la ville. Ces derniers n'étaient évidemment parvenus à rien et le comité avait tout simplement refusé et interdit la chasse aux œufs.
Elle fut immédiatement remise l'année suivante. Dix enfants âgés d'entre six et douze ans furent retrouvés sans vie dans leurs salles de bain le soir-même, cela représentant le massacre le plus terrible de la fête de Pâques.

Suite à cela le maire fut déchu de ses fonctions et remplacé par Marc Saul, grand ami de Hude, encore à la tête de la ville des années après. Les fonctionnaires ne s'étaient pas remis de cette intuition et tous lui vouait une entière confiance sans vraiment comprendre ce qu'il projetait en secret.
Et chaque année était de nouveau organisé la chasse aux œufs, chaque année un enfant mourrait et disparaissait sans que personne ne puisse faire autrement.

La police traquait chaque année le meurtrier et Saul les laissait faire en souriant, sachant qu'ils ne parviendraient jamais à rien.
La ville ne voulait plus voir autant de morts que lors de la « Pâques macabre » comme ceux-ci l'avaient si justement nommé. La vie d'un enfant contre dix d'entre eux, le choix était vite fait et personne ne s'y opposait. Tout le monde allait à la chasse, une crampe au cœur en espérant que ce n'était pas au tour de leurs enfants.

Mais ce que personne ne savait, c'était que la chasse aux œufs de cette années allait devenir la pire de toute. Personne excepté deux hommes qui faisaient en sorte qu'elle ait lieu chaque année.


***


« On ne peut pas le libérer aujourd'hui, c'est de la folie pure et tu en as parfaitement conscience.
– Tu dis tout cela parce que tu crains pour ton gosse Pete. Tu sais aussi bien que moi qu'il ne lui fera rien.
– Je vous gêne ? »
Les deux hommes se retournèrent et firent face aux barreaux de flammes qui maintenaient celui dont ils parlaient. Ce dernier restait en retrait dans sa prison de feu et seules deux pupilles écarlates filtraient dans l'obscurité.

« Le dieu va mal et je ne pense pas que ce soit le moment de lui laisser prendre de la puissance, renchérit Peter convaincu d'avoir raison.
– Ce sont ces ordres, répliqua l'homme près de lui. Il veut qu'il se déchaîne comme chaque année, il veut qu'il fasse couler un peu de sang avant de repartir d'où il vient. »
Un petit rire éclata de l'intérieur de la cage mais aucun des deux interlocuteurs n'y fit attention. L'ignorer restait la meilleure des solutions et ils en avaient pleinement conscience.

« Il veut savoir, on doit le faire. »
Peter continua d'hésiter, il n'était pas convaincu de faire le bon geste.
« Comment va réagir la mairie quand ils vont voir autant de morts ? Les temps changent, il est capable de faire plus de victimes que d'habitude. Exactement comme...
– Comme le jour où j'ai massacré les gosses pour faire avoir le poste de maire à ton pote ? lui glissa la voix venant de l'ombre. Les questions d'éthiques vous gênaient légèrement pour le coup. N'allez pas me raconter autre chose aujourd'hui. »

Peter soupira.
« On doit le faire, lui lança le second. Il le veut et on ne peut pas le laisser enfermé plus d'un an dans cet endroit, ce serait amplifier la menace qu'il représente. »
Saul, car c'était évidemment le maire qui se trouvait dans ce lieu lugubre en présence du gérant de l'hôtel, posa une main sur l'épaule de son ami et l'invita du regard à se mettre d'accord avec sa décision.
Peter comprit qu'il ne pouvait en être autrement.

« Laissons-le, simplement par respect des ordres. Nous devons maintenir l'équilibre du monde, nous avons été choisis pour ça. Il fait partie de cet équilibre.
– Écoute ton ami et laisse-moi me défouler. Je ne toucherais pas à ton gamin, c'est une promesse que je tiens à respecter.
– Je n'ai pas la moindre confiance en toi. »
L'autre s'amusa de cette répartie et son rire s'amplifia de l'intérieur de la cage.
« L'équilibre du monde, ajouta-t-il. N'oublie pas pourquoi tu as été sauvé, Peter Hude. »

Ce sifflement marqua l'esprit de l'homme le plus riche du monde comme un coup de fouet le long de son échine. Il se força pour ne pas trembler et garda son calme.
« Nous allons te laisser sortir, conclu-t-il. Néanmoins respecte l'ordre que nous avons donné et vise la gamine. Il faut qu'elle soit morte dès ce soir et que ces parents tentent de fuir la ville. »

Personne ne lui répondit et seul un bruit de pas se fit entendre de l'intérieur de la cage. Son résident s'approchait des barreaux de flammes et de ses deux visiteurs. Un museau recouvert d'écailles s'avança dans leur direction et les deux hommes purent apercevoir trois rangées de dents qu'ils connaissaient sur le bout des doigts.
« C'est compris, leur répondit simplement le prisonnier d'une voix caverneuse. Je respecte. »

Peter se força à ne pas tourner la tête dans sa direction et s'éloigna de la prison de flammes.
« Remontons à la surface, annonça-t-il simplement à son compagnon sans prendre en compte le rictus de la créature. »