Bienvenue à Lavanville de Xabab

Randy fit plusieurs fois le tour du bâtiment central de la ville dans le but de trouver une entrée. Bien entendu le personnel avait fermé la porte de la tour, prouvant qu'elle était habitée et qu'il n'y avait donc rien à craindre à l'intérieur. La peur qu'il avait ressentie dans le bar lorsque le propriétaire lui avait raconté ses histoires de fantômes s'était évanoui plus rapidement qu'elle l'avait hanté durant quelques minutes.
Il ne lui manquer plus qu'à trouver une entrée, voler un objet ne pouvant pas se trouver ailleurs et aller le brandir devant les yeux de tous ces imbéciles ; un jeu d'enfant.

Il finit par trouver ce qu'il cherchait au bout de quelques minutes. Á l'arrière du bâtiment se trouvait une fenêtre isolée des autres qui étaient inaccessible de l'endroit où il se tenait. Randy n'avait qu'à brise la vitre, sauter et entrer sans le moindre problème.
Ce dernier monta sur une butte de terre afin de se mettre à hauteur de la fenêtre. Malgré l'alcool qui arpentait tout son corps Randy tenait encore debout, ce qui relevait du miracle par rapport à la quantité de boisson ingurgitée ce soir-là.

Une fois face à sa cible, il ramassa une pierre et visa cette dernière. Malheureusement pour lui son lancer fut trop maladroit pour espérer toucher son but et il dut s'y reprendre à de nombreuses reprises pour finalement y arriver.
Le bruit du verre brisé se fit entendre aux environs mais Randy reste serein. Il n'avait croisé personne dans les rues en venant ici et il était presque certains que tous ces ploucs superstitieux se cachaient en ce moment sous leurs draps de peur de voir arriver une bande de méchants spectres.

Il eut un petit rire à cette pensée ; il avait hâte de voir leurs têtes le lendemain quand il leur ramènerait la preuve que toutes leurs histoires étaient fausses et qu'ils se faisaient des idées depuis des années.
Mais pour le moment il devait se concentrer. La fenêtre était en morceau et il n'avait plus qu'à sauter pour l'atteindre et se glisser à l'intérieur. Randy se mordit la lèvre supérieure comme il le faisait à chaque fois lorsqu'il était concentré et prit son élan. Il courut ensuite sur un mètre et s'élança dans le vide.

Pendant un instant il pensa ne pas l'atteindre et son saut parut se dérouler au ralentit. Il voyait le rebord de la fenêtre sous ses doigts puis ce dernier semblait s'éloigner et se perdre à sa vue pour n'être plus qu'un point à l'horizon. Il eut peur durant moins d'une seconde de se prendre le mur de pleine face et de devoir rebrousser chemin avec le nez cassé en prime.
Mais l'une de ses mains se posa finalement sur le rebord froid. Grâce à l'alcool, Randy ne sentit pas le morceau de verre s'enfoncer profondément dans sa chair. D'ailleurs il ne sentit aucune des blessures qu'il se fit sur le corps en passant.

Quand ses pieds touchèrent finalement le sol de la tour Randy été meurtrit. Il n'avait pas pensé une seconde avant de se lancer aux dangers qu'il risquait passer par une fenêtre dont il venait de briser la vitre. Son tee-shirt était déchiré et sa couleur initialement blanche se couplait alors avec un pourpre agressif à divers endroits du corps.
Mais encore une fois Randy ne s'en soucia pas et se contenta d'observer ce qui se trouvait tout autour de lui.

La fenêtre l'avait conduit directement dans le hall de la tour. En face de lui se dressait un petit comptoir sur lequel étaient éparpillés divers objets et derrière lequel se dressait une étagère en bois. Les murs de la pièce était partiellement recouverts par des bibliothèques pleines de livres sur lesquels s'entassaient des couches de poussières depuis des années, c'est du moins ce que remarqua Randy lorsqu'il trébucha contre l'une d'elle et se vit teindre les cheveux en gris pour l'occasion. Le reste du mobilier se résumait en un tapis sale troué à divers endroits. Quelques bougies étaient allumées sur les murs et lui permettaient de se repérer dans l'obscurité.
Le visiteur nocturne traversa la pièce, se tenant à l'une des quatre colonnes qui la soutenaient et repéra rapidement les escaliers. Rien dans la salle ne pouvait prouver son passage dans cet endroit et il devait progresser.

Ivre et blessé, il tituba jusqu'à eux et les monta en se tenant fermement à la rampe. L'alcool semblait s'atténuer et la douleur provoquée par le verre qu'il avait dans sa chair commençait à se faire sentir. Sans même s'en rendre compte Randy avait passé presque une heure dans le hall à décuver, adossé contre l'une des étagères.
Cette attente l'avait rendu plus faible et il aurait été incapable de sauter comme il l'avait fait peu de temps avant.

Une fois en haut des escaliers Randy poussa une porte en bois qui grinça sous le poids de son corps qu'il appuya tout entier contre elle. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'il vit ce qui l'attendait à l'intérieur.
La salle se réduisait à une allée passant entre plusieurs rangées de tombes. Si le hall était éclairé par des bougies, il en était de même pour ce premier étage ; à la seule différence près que les petites flammes étaient placées devant les tombes d'êtres morts et regrettés. D'ailleurs ceux-ci étaient peu. Randy ne parvint à compter exactement mais il dénombra à peu près une vingtaine de bougies sur quelques centaines de tombes.

Poussé par sa curiosité il marcha en direction des allées de morts. La peur qu'il avait ressentie en entrant s'était évanouie et il ne pensait plus qu'à trouver un objet à rapporter au bar. Cette tâche allait devenir un jeu d'enfant.
Et en effet il trouva rapidement sa preuve. Une petite stèle, facile à transporter et d'un poids convenable s'offrit à ses yeux. Il se baissa immédiatement pour la ramasser, un sourire dessiné sur ses lèvres, avant de la glisser dans sa poche. Randy n'avait plus qu'à faire le chemin en sens inverse, revenir à l'hôtel pour profiter de sa femme et aller se vanter dès les premières lueurs de l'aube.

Mais quand il se releva son regard resta bloqué sur l'allée à l'autre bout de la salle. Entre les tombes venait de se dresser une forme blanchâtre sur laquelle se découpaient deux points rouges qui se révélèrent être des yeux.
Le pas lent le spectre avança entre les fleurs et les cierges éteints, faisant crisser son os sur le sol.