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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 10/11/2013 à 08:53
» Dernière mise à jour le 25/05/2018 à 23:39

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 199 : Funérailles
Jamais encore D-Pingoleon n'avait fait face directement à Père seul. Le peu de fois où il avait été en son illustre présence, c'était par l'intermédiaire de D-Suicune. Père ne s'occupait pas des créations de ses enfants. Ils n'étaient rien pour lui. Mais là, alors que D-Pingoleon se forçait de soutenir le regard vert et brillant de D-Arceus, il prit conscience de toute la grandeur de Père, et de toute son insignifiance et sa sottise. Puis, comble de la honte, D-Suicune se trouvait à ses cotés, s'attendant visiblement à subir des remontrances de Père par la faute de son subordonné. D-Pingoleon ne pouvait plus le supporter, et baissa la tête. Il aurait encore mieux valu se faire détruire par ces enfoirés de Mélénis que vivre cette humiliation.

- Je te l'ai ramené, grand-frère, comme tu me l'as demandé, commença Yonis, toujours enjoué.

- Bien. D-Pingoleon.

L'interpellé leva difficilement le visage.

- Oui Père.

- Pourquoi as-tu fait cela ? Pourquoi avoir attaqué sans raison la X-Squad et l'Elu de la Lumière, et ce en amenant à leur mort tes frères ?

D-Pingoleon ne put lui dire que la vérité. Mentir à Père était inconcevable.

- Parce que je voulais faire payer à Mercutio Crust l'humiliation qu'il m'a fait subir en arrachant mon bras, Père. Parce que je voulais prouver ma supériorité. Et aussi parce que je voulais me battre.

- Je vois. As-tu songé que mes plans à long terme, qui proviennent eux-mêmes des directives de Dieu, étaient un peu plus importants que ta fierté mal placée ?

Père avait demandé ça de la façon la plus neutre qui soit, pourtant D-Pingoleon se recroquevilla comme si Père l'avait frappé.

- Oui Père, j'y ai songé. Je n'ai pensé sur le coup que mon action allait à l'encontre de vos plans.

D-Suicune secoua la tête en silence, comme accablée par la stupidité de sa création.

- Ah ? fit Père, étonné. Pourtant, mes plans ne prenaient pas en compte la mort de l'Elu de la Lumière. Au contraire, nous avons tout fait pour qu'il survive.

- Je... je ne comptais pas le tuer, Père, se justifia D-Pingoleon.

- Bien que je ne t'ai pas créé moi-même, je te connais, D-Pingoleon, répliqua Père. Tu ne comptais peut-être pas le tuer au début. Mais je sais que quand tu es lancé dans un combat, tu peux difficilement te maîtriser. Et puis, Mercutio Crust n'est pas la seule personne dont je veux préserver la vie. L'unité X-Squad dans son ensemble a une place dans les projets de Dieu. Or, sans l'intervention de mon frère Yonis, ton Hydroblast en aurait sûrement tué beaucoup, si ce n'est tous. Tuer un seul d'entre eux pour ta seule satisfaction... c'est une trahison impardonnable à mon égard.

D-Pingoleon hocha la tête. Il était fait, c'était sûr. Il allait connaître le même sort que D-Deoxys. Mais il l'acceptait. Ce qui le chagrinait le plus, c'était que son maître et créateur D-Suicune se retrouvait sans aucun serviteur à présent, et en serait probablement disgracié aux yeux de ses frères. D-Suicune lui lança d'ailleurs un regard qui l'implorait de se justifier davantage, de trouver une excuse, n'importe laquelle...

- Père, ma conduite est intolérable, j'le comprends maintenant, tenta D-Pingoleon. Je subirai la punition de votre choix. Mais je veux que vous sachiez que, malgré mes fautes, c'est Maître D-Ho-oh qui m'a expressément encouragé à prendre ma revanche sur Crust.

- D-Ho-oh ? Fit D-Arceus, un peu surpris.

D-Suicune s'avança, comme s'il tenait là la défense absolue.

- Père, vous savez que D-Ho-oh et moi sommes rivaux. Il a dut user de cette occasion de manipuler D-Pingoleon pour me causer du tort...

- Peut-être bien, admit Père. Cela excuse-t-il les agissements de ton subordonné ?

- Non, ce n'est pas...

- Je parlerai à D-Ho-oh. Il ne saurait me mentir, et si les dires de D-Pingoleon s'avèrent vrai, je ferai part à D-Ho-oh de mon... mécontentement. Mais D-Pingoleon doit être puni. Yonis, mon frère ?

Le petit Mélénis sourit encore plus. Et avant que D-Pingoleon puisse se retourner vers lui, une espèce d'épée noire en forme de brume siffla, et la tête du Pokemon Méchas retomba au sol. Le reste du corps resta debout quelque instants avant de s'écrouler à son tour.

- Amène-le à la forge, ordonna D-Arceus. Fais le fondre pour récupérer son Sombracier.

- Oui grand-frère.

Puis il fit léviter les restes de D-Pingoleon en quitta la salle du trône, laissant D-Suicune seul avec son père.

- Je n'ai plus un seul serviteur à présent. Je suis bafoué et déshonoré. Vous feriez mieux de me faire subir le même sort que D-Pingoleon, et vous fabriquer un autre fils avec notre Sombracier...

- Ne sois pas ridicule, gronda Père. Tu es un fils loyal et puissant. J'ai une mission pour toi, qui durera sûrement un certain temps. Si tu me satisfais, je te donnerai assez de Sombracier pour que tu te reconstruises des serviteurs.

D'abord surpris, D-Suicune s'inclina.

- Je suis à votre service, Père.

- Tu vas te rendre dans la région d'Unys. J'ai besoin de trois choses là-bas. Concernant certains Pokemon Légendaires.

D-Suicune hocha la tête. Il savait que depuis un moment, Père cherchait à rassembler l'ADN de différents Pokemon Légendaires. Pourquoi, ça, il l'ignorait. Les plans de Père ne regardaient que lui.

- Il me faut l'ADN de Zekrom, Reshiram, et Kyurem. D'après ce que je sais, les deux premiers ont été capturés il y a quelques années. Le troisième doit se terrer dans la Grotte Cyclopéenne, recouverte de glace. Si tu peux ramener Zekrom et Reshiram sous leur forme de galet après les avoir vaincu, ce n'en est que mieux. Kyurem, en revanche, ne sera pas déplaçable. Prend lui juste un échantillon de glace, ça me suffira pour extraire son ADN.

- Bien Père. Et les deux dresseurs ? Dois-je les tuer ?

- Tâche d'éviter. Je souhaite rester discret. Et puis, l'un des deux est un humain très singulier... Peut-être aura-t-il une place dans l'un de nos plans un jour.

- Compris Père. Je pars immédiatement.

Puis D-Suicune quitta la salle, laissant cette fois D-Arceus seul. Du moins, ce qu'on aurait pu penser, mais le Père des Méchas s'adressa à un coin sombre de la salle, où la lumière ambiante semblait se faire aspirer.

- Tu as tout vu, mon frère ? Tu aimes bien espionner mes entretiens avec mes enfants, n'est-ce pas ?

Une énorme silhouette sombre sortie de l'obscurité. Elle était faite de noir métallisé, à l'exception d'une espèce de collier rouge autour de cou, et de l'acier blanc qui faisait ses cheveux sur sa tête. De l'avis de D-Arceus, le plus terrifiant de tout les Pokemon Méchas. Son propre frère, qui avait été créé par la Team Rocket peu de temps après lui : D-Darkrai.

- Disons que je m'amuse à observer avec quelle similitude répugnante l'esprit de tes enfants et de leurs créations est à ce point proche de celui des humains, répondit D-Darkrai de sa voix aussi sombre que la couleur de son armure. Tu t'es trop inspiré des réactions humaines pour concevoir leur servomoteur.

- C'est possible... Mais nous-mêmes, mon frère, avons été conçu par les humains, et nos esprits ne sont qu'à l'origine qu'une fusion de ceux des scientifiques qui nous ont crée. Enfin, moi, du moins. Toi, je t'ai réveillé avant qu'ils ne t'infectent avec leurs esprits médiocres... Bien que Dieu m'ait remodelé après ça, j'ai toujours une partie de leurs souvenirs et sensation. C'est fort dérangeant...

- J'imagine, ricana D-Darkrai. En même temps, nous n'étions pas censés avoir un esprit autonome. Nous avons été créé pour servir d'arme et d'esclave à la Team Rocket. Si Dieu ne t'avait pas arraché à eux... Eh bien, j'imagine qu'on plierait les genoux devant des humains aujourd'hui.

- J'ai peine à l'imaginer. Je ne connaitrais le repos que lorsque tous les êtres humains seront anéantis.

- Tu hais donc nos créateurs à ce point, frère ?

Diox-BOT hésita, puis dit :

- En vérité, notre créateur n'est nul autre que Dieu. C'était son idée, et c'est lui qui a manœuvré la Team Rocket pour parvenir à ses fins. Mais pour répondre à ta question, mon frère, non, je ne les hais pas. J'ai pitié d'eux. Les humains ont un esprit brillant. La preuve, ils ont bien réussi à nous concevoir, nous, les êtres les plus puissants de cette planète. Mais leur intelligence et leur inventivité sont gâchées par leur sentiment, qui les fait raisonner de façon illogique.

- Pourtant, je pense que leurs sentiments sont aussi une force, sinon tu aurais créé tes enfants sans cette particularité si humaine. La fierté de D-Pingoleon, la loyauté de D-Suicune, la roublardise de D-Ho-oh... Tout ça n'est que pur sentiment humain. Et toi, qui a le cerveau infesté des esprits de nos créateurs... Au final, il n'y a que moi qui reste un pur Pokemon Méchas.

- Tu te trompes, fit D-Arceus avec amusement. Ta dernière phrase démontre ton arrogance, une qualité très humaine aussi.

- Inexact, frère. Elle ne démontre que la vérité. Mais ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de t'usurper le trône. Pas plus que je ne m'intéresse aux plans de Dieu, à vrai dire. J'ai mes propres objectifs.

- Et tu ne me les as jamais révélés.

- Tu les découvriras, l'assura D-Darkrai. Le moment venu...


***


Dans la cour de la base G-5 de Kanto, il régnait un silence de plomb, seulement rompu par les coups de tambours qui menaient la marche funèbre. Il y avait deux rangées de personne, entre desquelles un petit groupe de soldats portaient le cercueil - vide bien sûr - du capitaine Lusso Tender. Ceux qui portaient le cercueil étaient les anciens membres de son unité et son équipage du Lussocop. Ils avaient tenu à cet honneur, ayant été très proche de Lusso, bien plus proche que ne l'auraient été ses actuels compagnons de la GSR.

Le colonel Tuno se tenait dans l'une des rangées, parmi tous ceux qui voulaient accompagner Lusso dans sa dernière demeure : le cimetière militaire à l'arrière de la base. Alors que tous marchaient derrière le cercueil, Tuno ne réalisait pas encore très bien que Lusso les avait quittés. Lusso, le plaisantin, le pervers, toujours le mot pour rire et toujours insolent envers la hiérarchie. Tuno et lui se connaissaient depuis... tellement longtemps que le colonel ne pourrait même pas citer un chiffre. Ils avaient grandi ensemble à la base, et ensemble ils avaient fait les quatre cent coups, exaspérant tout le monde et notamment le père de Lusso. Ces derniers temps, le capitaine s'était assagit, et il avait fondé une famille.

Sa veuve se tenait aux cotés du général Tender, son fils dans les bras, juste derrière le cercueil. Elle marchait d'un air digne, mais Tuno ne pouvait pas se tromper sur l'expression de son visage. De toutes les blagues que Lusso avait faites, celle-là était sans doute la pire. Comment ce crétin pouvait-il partir en laissant veuve et enfant ? Comment a-t-il pu laisser son père perdre un fils après avoir perdu ses deux femmes à la suite ? Comment pouvait-il disparaître alors que sa sœur avait plus que jamais besoin de lui pour la maintenir dans le droit chemin ? Et surtout, comment avait-il pu l'abandonner, lui, son meilleur ami ?

Tuno se remémorait la dernière fois qu'ils s'étaient parlé. C'était juste avant que Lusso ne parte pour cette fameuse mission secrète qui lui avait couté la vie. Ils avaient plaisanté, comme d'habitude. Tuno s'était moqué de la soi-disant invincibilité de la GSR. Il avait dit ça sans méchanceté, car il savait que Lusso se moquait lui-même de sa propre unité. Qu'est-ce que Tuno lui avait sorti déjà ? Ah oui, c'était : « Je pourrais te demander de conquérir Safrania, mais avec rien d'autre que douze Spinda bourrés, six voitures pourries et quarante kilos de sable ». Ce à quoi Lusso, avec son ton habituel, avait répliqué : « Ça prendra au moins deux semaines, chef ! ».

Tuno sourit malgré lui. Selon le peu qu'il avait appris de ce qui s'était passé, Lusso était sorti en beauté, en sauvant son unité des Shadow Hunters. Selon Siena, il s'était ensuite fait exploser pour tenter d'en emmener avec lui. Pour cet acte héroïque, Giovanni lui-même lui avait remit à titre posthume le Grand R Rouge, la plus haute distinction que l'on peut offrir à un Rocket. Une certaine consolation pour le général Tender, qui était très attaché à l'honneur, mais une bien piètre pour sa femme Ilyane et son fils, le petit Indy, qui grandira désormais sans père.

Arrivé au cimetière, on posa le cercueil dans sa tombe, là où reposait déjà la mère de Lusso, Sienela, la première femme de Tender, puis on commença à le recouvrir de terre. Les coups de feu de la haie d'honneur retentirent. Cela fit réagir le bébé dans les bras d'Ilyane, qui se mit à pleurer. Et ces pleurs vinrent à bout du courage stoïque de la veuve, qui à son tour laissa éclater ses larmes en tombant à genoux. Le général Tender, qui présidait la cérémonie, ne put bouger pour aller réconforter sa belle-fille jusqu'à le cercueil fut entièrement recouvert, mais Tuno voyait que ses jambes même tremblaient, comme si rester debout lui demandait un effort surnaturel. Tender était un brave homme qui avait connu trop de malheurs dans sa vie, et Tuno souffrait pour lui.

Le colonel fit un rapide tour d'œil à la ronde. À ses cotés il y avait la X-Squad, bien sûr. Galatea était une jeune femme assez émotive qui ne retenait pas ses larmes. Mercutio et Zeff, eux, tentaient de garder bonne figure, même si Tuno remarqua un tic sur le visage de Zeff. Même s'il ne l'aurait pas avoué, il devait souffrir lui aussi. Lusso et lui avaient habité quelques années ensemble, comme des frères, quand Livédia vivait chez Tender. Djosan, lui, pleurait abondamment, de façon si absurde que ça en aurait été presque comique. Et une pour une fois, Goldenger, sur l'épaule de Galatea, ne disait mot.

Un peu plus loin, il y avait Siena, entourée de sa GSR. Le visage de Siena était le stoïcisme incarné. Il n'y avait aucune sorte d'émotion dans ses yeux. Elle semblait comme déconnectée de la réalité. Le jeune Faduc, lui, ne cachait pas son chagrin, mais en même temps son courage, comme s'il voulait que Lusso soit fier de lui. Sharon elle ne devait pas tellement comprendre la situation, car elle ne cessait de bouger comme si elle s'ennuyait. Althéï et Ian étaient indéchiffrables. Quant à Silas Brenwark, il y avait sur son beau visage ténébreux une expression de tristesse que Tuno ne jugea pas feinte. Et enfin, Esliard lui ne ressentait rien, trop occupé à filmer la scène en y incorporant ses commentaires propagandistes.

Quand le cercueil fut totalement sous terre, Ilyane perdit totalement le contrôle de ses nerfs et se mit à marteler le sol et à arracher l'herbe en poussant des cris incohérents, comme si elle aurait souhaité déterrer son époux. N'y tenant plus, le général Tender vint à son aide, en la relevant et en la prenant dans ses bras. D'un coup, comme si elle s'était rappelée de quelque chose, Ilyane se dégagea des bras de son beau-père pour se diriger à grands pas furieux et déterminés vers le groupe de la GSR. Puis, à la vue et à la stupeur de tous, elle gifla Siena avec force.

- C'est votre faute ! Lui hurla-t-elle dessus. Vous et vos missions insensées ! Lusso... il savait que ça finirait par mal tourner... Il voulait démissionner... On aurait quitté Johkan... MAIS IL EST MORT ! ET POURQUOI ? POUR QUE VOUS ACQUERISSIEZ PLUS DE GLOIRE ?!

Siena ne fut pas le moins du monde perturbée par cette attaque. Elle se contenta de jeter à sa belle-sœur un regard aussi vide et froid que possible, comme si elle se moquait éperdument de ses accusations. Ça n'arrangea pas l'état d'esprit d'Ilyane, qui se mit à la marteler de coups en hurlant, avant d'arracher la caméra des mains d'Esliard et de la jeter par terre. Le général Tender se précipita pour l'empêcher de se donner plus en spectacle.

- Ça suffit Ilyane. Viens, on rentre. Tu dois te reposer. Pense à Indy...

La veuve éplorée se laissa emmener sans opposer résistance. Tender passa devant sa fille sans lui accorder un seul regard. Puis peu à peu, la foule se dispersa. Tuno fut l'un des derniers à partir, et il constata que Siena était restée au même endroit, fixant la tombe de son frère avec le même air absent. Tuno ne se sentait pas la force d'aller lui parler pour lui présenter ses condoléances ou autre, et de toute façon, il doutait que ce soit ce que Siena ait envie d'entendre. Il la laissa donc, et rentra à la base.


***


Siena resta un long moment devant la tombe, sans se soucier des fourmis qu'elle avait dans les jambes. Durant toute la cérémonie, elle s'était étonnée de ne rien ressentir, comme si tout cela ne la concernait pas. Peut-être avait-elle laissé exploser toute son émotion avant. Ou avait-elle compris que la mort de Lusso était une nécessité, une étape de plus pour accomplir son destin ?

- Il y aura d'autres morts, lui susurra Horrorscor dans sa tête. D'autres sacrifices. Tu laisseras derrière toi une mer de sang, et les autres te haïront pour ça. Mais tu continueras à avancer, car chaque mort te renforcera encore plus.

C'était vrai. La mort de Lusso n'avait fait qu'accroître la volonté de Siena, et sa haine des Dignitaires et des Shadow Hunters. Elle allait leur faire payer, tous autant qu'ils sont. Eux, ainsi que tous ceux qui pouvaient les soutenir. Elle allait faire de Kanto un champ de mort, comme pour le laver de la souillure qui lui avait arrachée Lusso.

- Oui, acquiesça Horrorscor. Seule la mort peut racheter la mort, seule la souffrance peut racheter la souffrance.

Siena resongea à ce que lui avait hurlé Ilyane. Ainsi, Lusso prévoyait de partir ? Il souhaitait l'abandonner ? Il avait considéré sa quête comme insensée ?

- Pourquoi ? Demanda Siena à la tombe. Tu avais promis de me soutenir. Tu as dit que tu serais prêt quand viendrait le moment de changer la Team Rocket...

- Ils ne te comprennent pas, continua Horrorscor. Ils te tourneront tous le dos. Au final, tu seras seule. Tu souffriras. Et ta souffrance sera ta force. Elle sera ta volonté. Les idiots qui croient que le changement peut se faire en douceur se leurrent. Plus grand sera le changement, et plus importante sera la douleur qu'il nécessite.

- Colonel ? Fit une nouvelle voix, plus douce.

Silas venait de la rejoindre, la regardant d'un air anxieux. Il était ce qui se rapprochait le plus pour elle de son meilleur ami. Siena espérait donc que lui ne lui tournerait pas le dos. Que lui pourrait comprendre...

- Je l'ai tué, dit-elle. C'est moi qui aie appuyé sur le bouton... Vous croyez qu'il m'en veut ?

Silas secoua la tête.

- Il était perdu, et il le savait. Je pense qu'il préférait partir sans douleur plutôt qu'être la victime ou le prisonnier des Shadow Hunters. De plus, il aura peut-être emmené quelque uns de nos ennemis avec lui.

De ça, Siena en doutait. Si elle connaissait bien les Shadow Hunters, elle savait qu'il fallait bien plus qu'une petite explosion pour en venir à bout.

- Le plus à reprocher, c'est moi, continua Silas d'un air contrit. C'est moi qui vous ait transmit ces renseignements que je croyais sûrs, alors que je me suis fait manipuler comme un bleu par ce Dignitaire...

- Cet Erend Igeus, vous savez quoi sur lui ?

- Eh bien, comme vous pouvez vous en douter, il est le fils de feu Balthazar Igeus, que vous avez tué vous-même. Il est très jeune, il a atteint sa majorité que très récemment, et siège au conseil des Dignitaires depuis. De ce que j'ai réussi à glaner de lui, on le décrit comme un jeune homme intelligent, ayant un grand sens tactique comme politique. Sa mère était l'une des sénatrices de la République de Bakan, et Erend s'est illustré là-bas il y a quatre ans lors de la guerre avec le Royaume de Cinhol. Il n'avait que quatorze ans, et il était déjà considéré comme un héros. Ici à Kanto, il est parvenu à se faire apprécier des citoyens en très peu de temps, grâce à son réel souci du peuple, contrairement aux autres Dignitaires. Bref, je crois que c'est un adversaire dangereux, d'autant que son demi-frère fait partie des Shadow Hunters et ne semble tirer ses ordres que de lui.

Siena médita sur tout ce qu'il lui avait dit. Voilà quelqu'un qui pourrait lui mettre des bâtons dans les roues. Une cible de choix. Stratégique, et aussi personnelle.

- Je suppose qu'il doit m'en vouloir personnellement pour la mort de son père. C'est pour cela qu'il nous a piégé et a tenté de me tuer...

- Ça ne colle pas bien avec son profit, colonel. Erend Igeus n'est pas homme à laisser ses émotions ou ses sentiments lui dicter sa conduite. S'il s'en est pris à vous, c'était qu'il vous considérait comme une menace importante.

- J'imagine que je dois prendre ça comme un compliment... Mais dans tous les cas, nous sommes à égalité, lui et moi. J'ai tué son père, et lui m'a pris mon frère. Or s'il y a bien une chose que je déteste... c'est d'être à égalité.

Silas sourit, amusé.

- En fait, nous avons un petit point en plus, colonel. J'ai appris que la X-Squad est revenue avec un Shadow Hunters comme prisonnier.

- Vraiment ? Ils n'avaient pas pour mission de les éliminer, plutôt ?

- Il semblerait qu'ils aient été attaqué par ces étranges Pokemon Méchas que vous avez déjà eu à affronter. La Shadow Hunter Ujianie a été gravement blessée, et le colonel Tuno a jugé bon de la ramener...

- Oui, pourquoi pas ? Ainsi, je pourrai ramener moi-même son corps en petits morceaux à Erend Igeus. Venez.

Elle prit le chemin de la base d'un pas déterminé. Silas resta un peu derrière elle, presque effrayé par la lueur dans ses yeux. Le regard implacable de quelqu'un prêt à commettre un meurtre.