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Cinhol, le Royaume Perdu de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 27/09/2013 à 09:05
» Dernière mise à jour le 13/07/2018 à 23:21

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 14 : Les trois épées
Nous fîmes fondre le métal de la météorite grâce au feu d'Hafodes. Seul lui pouvait y arriver, le métal étant le plus résistant de tous ceux que nous avons rencontré. Puis nous fîmes forger deux épées dans ce métal. Une d'or, une d'argent. Meminyar et Sifulis. Deux épées emplies d'un pouvoir incroyable, grâce auquel mon ami et moi triomphâmes désormais à chaque fois contre les Républicains.



*****



Assurément, Naglima, la capitale du Rimerlot, n'était pas Cinhol. Elle n'avait pas sa grâce, pas sa grandeur, et rien de sa beauté. Toutefois, ses murailles étaient bien plus hautes que celles de Cinhol. Adam peinait à en distinguer le sommet. Le reste de la ville était bâtie en pente, jusqu'à une espèce de forteresse qui servait de château ducal à Lopep Isgon, le seigneur du Rimerlot, et le père de Padreis. Une chose qu'Adam et ses compagnes remarquèrent vite : les gens du Rimerlot ne semblaient pas apprécier les étrangers. Mais ils accueillirent le fils du duc comme un des leurs, et quand la nouvelle se répandit que ceux qui l'accompagnaient venaient de l'Ancien Monde, une foule de curieux se pressa jusqu'à eux. Padreis les mena jusque dans la forteresse.

- Je dois aller voir mon père et Deornas pour leur conter ce qu'il s'est passé. Mon père vous conviera à sa table sans doute plus tard. Pour l'instant, je vais vous fournir des quartiers pour que vous vous reposiez.

- Si vous me le permettez... commença Anis. Avez-vous une bibliothèque ici, ou des ouvrages qui traitent de Castel Haldar ?

Padreis eut un sourire amusé.

- Avant de faire partie du royaume de Cinhol, nous, Rimerlot, ne savions pas lire. Ils nous ont apporté la lecture, et en même temps leurs livres. Presque tous les ouvrages que nous avons traitent donc de Castel le Fondateur.

- J'aimerai les consulter. Quelque chose que m'a raconté Adam me préoccupe. Il faut que je sache avec certitude ce contre quoi nous combattons...

- Fort bien. Je vais vous y mener.

Et tandis que Padreis accompagna Anis à la bibliothèque, un serviteur prit Adam et Leaf en charge pour les accompagner dans une chambre. En chemin, dans un couloir, ils tombèrent nez à nez avec une jeune femme. Une adolescente qui devait avoir plus ou moins l'âge d'Adam. Elle avait les cheveux roux et des yeux verts envouteurs. Adam sentit son cœur manquer un bond. Sans qu'il ne comprenne pourquoi, il trouva cette fille immensément belle et ne pouvait détacher ses yeux de son visage. Était-ce là ce qu'on appelait le « coup de foudre » ? Pourtant Adam n'était pas adepte de ce genre de trucs infondés et inexplicables... La fille, interloquée, fit une rapide révérence et s'éloigna rapidement, non sans avoir lancé un dernier coup d'œil surpris et curieux à Adam. Comme le jeune homme ne quittait pas des yeux le couloir dans lequel elle était partie, Leaf claqua des doigts devant son visage.

- Allô la Terre, ici la Lune. Tu nous fais quoi là ?

Adam rougit.

- Ah... euh... eh bien...

- T'es impayable, mon grand, se moqua son amie. T'as jamais regardé une seule fille quand on est à l'Académie, et la première paysanne du coin qui passe, tu la dévores des yeux !

C'était faux. Adam avait déjà regardé une fille quand il était à l'Académie. Leaf. Il l'appréciait et la trouvait très jolie. Ça ne l'aurait pas déranger de sortir avec elle s'il avait trouvé le courage de l'inviter. Mais là, c'était différent. Cette fille rousse avait agi sur lui en une seconde à peine. Il en avait encore même des frissons. Comme s'il avait l'impression que cette belle inconnue lui était destinée depuis le commencement des temps. Leaf le charia un bon moment, et Adam, qui tombait de sommeil dès qu'il fut arrivé à Naglima, n'avait plus du tout envie de dormir. Il préféra sortir de sa chambre, et visiter le château. Peut-être, avec un peu de chance, retomberait-il sur cette élue de son cœur. Mais il ne la croisa pas, et quand un serviteur lui annonça que lui et ses amies étaient attendus dans la grande salle par le duc Isgon et le prince Deornas, il rentra dans ses quartiers où il trouva, préparée sur une table, une défroque digne d'un carnaval masqué.

- C'est quoi ça ?!

Leaf, qui était vêtu d'une robe éblouissante, sourit.

- Des habits que nous a généreusement fournis le duc. Nous sommes invités ici, la moindre des choses est de s'habiller comme eux, non ?

Facile à dire pour elle. Les soi-disant habits d'Adam étaient une tunique avec des motifs dorés et de longs collants ridicules. Quitte à être à la mode du Moyen-âge, il préférait encore l'armure des chevaliers. Mais quand ils entrèrent dans la grande salle, Adam se rendit vite compte que tout le monde ici portait ce genre de trucs. Un serviteur les annonça de façon théâtrale quand ils franchirent la porte.

- Messire Adam Velgos et dame Leaf Elson, représentants de l'Ancien Monde.

Toutes les personnes présentes, assises autour d'une grande table ronde, les regardèrent arriver avec curiosité. Il devait y avoir une vingtaine de personnes, tous des hommes bien sûr, apparemment des chefs militaires et de grands nobles du Rimerlot. Deornas, au bout, se leva pour les accueillir. On lui avait trouvé une espèce de couronne argentée pour sertir son royal front, et Adam remarqua qu'il portait maintenant au fourreau l'épée Meminyar. Apparement, Padreis avait trouvé quelqu'un à qui la remettre. À sa droite, il y avait l'imposant duc Isgon, avec son énorme barbe et ses haches à la ceinture. Et à gauche de Deornas, une main dans la sienne, il y avait... la fille rousse qui avait tant fait d'effet à Adam. Et vu comment elle était vêtue, elle n'était sûrement pas d'origine roturière.

- Ah, Adam et Leaf, commença Deornas. Je ne pensais pas vous revoir. Padreis nous a raconté ce qu'il s'est passé. Je parle au nom du duc Isgon pour vous souhaiter la bienvenue à Naglima.

Isgon grogna.

- T'as pas besoin de parler pour moi, fiston. Je suis vieux, mais j'ai encore toute ma voix.

- C'est vous qui avez tenu à me bombarder d'entrée héritier royal, mon oncle, lui rappela le prince avec un sourire ironique. Désormais, je suis plus important que vous dans votre propre château.

Il fit signe à Adam et Leaf d'approcher. Il leur désigna deux places à la droite de Padreis.

- Venez. Joignez-vous à nous. Désormais, notre affaire vous concerne aussi.

Avant qu'Adam n'ait pu s'asseoir, une ombre verte descendit du plafond pour se placer devant lui, manquant de le faire tomber.

- Shi... Shinobourge ?

Le canard vert ne s'était pas départi de son air sévère, mais il hocha la tête comme pour l'accueillir. Deornas sembla surpris.

- Eh bien, notre ami le seigneur Shinobourge semble bien vous apprécier, Adam. Il ne baisse la tête que devant moi, habituellement.

- Euh... Je suis content de le revoir aussi...

À sa grande stupéfaction, Adam se rendit compte que c'était vrai. Le canard vert lui avait manqué. Allez comprendre ça...

- Je ne vais pas vous présenter tout le monde, ça serait trop long, s'excusa le prince. Mais laissez-moi vous désigner quand même le général Gutful, commandant des armées du Rimerlot.

Un géant à la barbe aussi longue qu'Isgon, mais rousse, baissa lentement la tête.

- Voici l'intendant Biscrus, chef de l'ordre public de Naglima.

Un petit homme nerveux portant un chapeau à plume s'inclina.

- Et enfin, dame Ylis, la fille du duc Isgon, et depuis peu ma fiancée.

La belle demoiselle rousse s'inclina gracieusement devant Adam et Leaf. Adam eut un pincement au cœur. Bien sûr, pareille beauté et grande dame ne pouvait être que la propriété du nouveau roi... Ensuite, Deornas leur posa quelques questions pour confirmer et affiner le récit que lui avait fait Padreis. Adam lui récita aussi fidèlement que possible tout ce que lui avait dit Nirina lors de leur rencontre. Pour Isgon, ce fut bel et bien la confirmation que la reine était folle. Quand il arriva au récit de leur face à face avec Ryates, l'assemblée fut ébahie quand il raconta ce qu'avait fait l'épée Meminyar.

- Selon les cinholiens, Meminyar n'a plus brillé depuis qu'elle a été tenue par Castel le Fondateur, son premier maître, fit l'intendant Biscrus. Qu'est ce que cela voudrait-il dire ?

- Selon les dires de Padreis, Ryates servirait le souvenir d'Uriel, et aurait longtemps porté cette épée maléfique qu'a maintenant Nirina, dit Deornas, songeur. On peut imaginer que Meminyar a réagi à la présence de Ryates, le reconnaissant comme un serviteur de l'ancien ennemi de Castel. Nous savons tous que cette épée est magique.

Tous semblèrent accepter cette explication, mais Adam n'était pas convaincu. Meminyar n'avait pas réagi quand c'était Padreis qui la brandissait contre Ryates. Le fils du duc semblait aussi penser cela, mais ne dit rien. Adam se tut aussi. Il ne voulait assurément pas qu'on lui prête plus d'importance qu'il n'en avait. Les hommes de Naglima furent tout aussi impressionnés quand Leaf conta comment ils s'était débarrassés de Surervos. Apparement, personne ici n'a jamais entendu dire qu'on pouvait vaincre un Haut Protecteur.

Ensuite, Leaf et Adam ne participèrent pas beaucoup. Il ne fut question que de problèmes militaires, d'armée et de logistique. Une moitié, dirigée par le général Gutful, affirmait qu'ils devaient attaquer Cinhol maintenant pour les prendre par surprise. L'autre disait que c'était un suicide, et qu'il fallait d'abord réunir des troupes et des alliés par delà le pays. Deornas fut de ceux-là, mais Isgon, apparemment toujours prêt à la bataille, rétorqua que cela laissera le temps à Nirina d'envoyer sa propre armée ici, à Naglima.

Adam retint un bâillement. Il ne comprenait pas pourquoi on l'avait convié à cette réunion dont il ne comprenait pas grand-chose, et préféra se perdre dans la contemplation du beau visage d'Ylis, la fille d'Isgon. Elle aussi semblait s'embêter, bien qu'elle ne le montra pas. Elle surprit son regard plusieurs fois, et à chaque fois qu'Adam se détourné, gêné, elle eut une mimique amusée. Les gens de Rimerlot avait le sang chaud, et s'échauffait rapidement. La discussion commença à dégénérer, et les menaces et les insultes commencèrent à fuser. Deornas dut intervenir en se levant quand un Rimerlot tira sa hache contre un autre. Ce fut à ce moment qu'Anis débarqua dans la salle, tenant un petit livre dans ses mains. Adam l'avait totalement oubliée. Était-elle restée tout ce temps dans la bibliothèque ?

- Mes seigneurs, commença-t-elle. J'ai entendu les éclats de vos voix en venant ici. Je viens pour vous dire, vous affirmer, vous expliquer que le problème des armées n'est que secondaire dans l'affaire qui vous préoccupe.

Surpris, tout le monde se tut. Deornas hésita, puis dit :

- Dame Anis Shauntal, c'est un plaisir de vous...

- L'heure n'est plus aux courtoisies, prince, le coupa Anis. J'ai découvert quelque chose de grave en fouillant dans votre bibliothèque. Et combinant cela à ce que je sais des légendes concernant le royaume de Cinhol, et ce que m'a dit Adam sur Nirina et son épée noire, je peux affirmer ici même que votre ennemi n'est pas la reine, mais quelqu'un de bien plus puissant... et de bien plus terrifiant.

Deornas cligna des yeux, surpris. Un des généraux ricana.

- Devons-nous écouter les histoires de cette femme étrangère ? Que sait-elle de notre monde ?

- Elle a vaincu un Haut Protecteur, répliqua Padreis. De plus, elle m'a l'air très instruite sur nous. Je pense qu'elle a droit à la parole.

Deornas hocha la tête et l'invita à parler.

- Nous vous écoutons, dame. Qu'avez-vous à nous dire de si grave ?

- Quand Adam m'a parlé de l'épée Peine que possédait Nirina, je me suis souvenu des récits à son sujet. Dans l'Ancien Monde, Castel Haldar et le royaume de Cinhol sont passés dans la légende, mais il reste encore quelques écrits à leur sujet. Je suis historienne, et j'étudie ce genre de chose. Dîtes-moi, prince, que savez-vous d'Uriel ?

Deornas haussa les épaules.

- Seulement que ce fut un grand ennemi de Castel le Fondateur. Tout comme lui, il était de l'Ancien Monde, et tout comme lui, il était dresseur. Il tenta de détruire le royaume de Cinhol, avec son épée noire maléfique, et Castel l'arrêta. Ils périrent tous les deux dans ce combat, et le royaume fut envoyé ici, dans ce monde, suite à la magie qu'Uriel avait déclenché pour le détruire, qui a mal fonctionné. Aujourd'hui, on l'associe comme une figure maléfique, et il porte le titre de Rejeté de la Lumière.

- C'est un bon résumé, acquiesça Anis. Mais grandement incomplet. Tout d'abord, à l'origine, Castel et Uriel n'étaient pas ennemis. Ils furent même les meilleurs amis, comme deux frères, et c'est ensemble qu'ils fondèrent la cité libre de Cinhol dans l'Ancien Monde.

Cette déclaration provoqua un grand émoi dans l'assemblée.

- Blasphème !

- C'est une insulte !

- Qu'on la fasse taire !

Deornas se leva pour à nouveau réclamer le calme.

- D'où tirez-vous cette affirmation, ma dame ? Demanda-t-il plus poliment.

- De nombre d'écrits de mon propre monde. Et également de ce merveilleux ouvrage que j'ai trouvé bien caché dans votre bibliothèque.

Elle montra le petit livre à tout le monde.

- Ce que je tiens là, c'est le journal intime de Castel Haldar. Il est écrit en ancien bakan, l'ancienne langue du pays d'où on vient dans l'Ancien Monde, ce qui explique que personne ici n'a pu le déchiffrer et donc deviner de quoi il s'agissait.

Anis l'ouvrit et lut les premières lignes à l'assemblée stupéfaite.

- « Parfois, je me demande si ce monde n'est pas fou. Mais si l'on est que quelque uns à se le demander, alors n'est-ce pas nous, les fous ? J'écris ces mots aujourd'hui, pour vous raconter mon histoire, à vous, qui que vous soyez. Vous n'éprouverez sans doute que mépris à mon égard, et vous aurez raison. On m'appelle le Sauveur du Millénaire. Mais je le dis à tous : je ne suis qu'un imposteur. »

Deornas mit un moment à retrouver l'usage de sa voix.

- Fascinant ! Le Sauveur du Millénaire est bien l'un des nombreux titres qu'on donne au Fondateur. Dire que vous aviez un tel trésor dans vos rayons, mon oncle !

Isgon secoua la tête.

- C'est de Cinhol que proviennent tous ces bouquins. Nous autres Rimerlot, nous n'avons jamais rien écrit.

- Et apparemment, à Cinhol n'ont plus, ils n'ont pas su déchiffrer cette langue, ajouta Anis. Sinon ils ne vous aurez jamais donné le journal de leur fondateur.

- Que nous apprends ce livre au juste qui puisse nous être utile ? Demanda le général Gutful. Je ne nie pas son intérêt historique, mais à l'heure actuelle, nous allons entrer en guerre...

- Et comme je vous l'ai dit, vous vous trompez d'ennemi, répliqua Anis. La reine Nirina n'est qu'un pion entre les mains de ce Patriarche Ryates, qui lui-même tient ses directives du plus grand ennemi que vous ayez : Uriel en personne.

Un silence prolongé accueillit ces paroles, jusqu'à que Isgon fit :

- Absurde. Uriel est mort il y a des siècles.

- Son corps physique a bien été tué par Castel, acquiesça Anis. Mais son âme existe toujours, enfermée dans son épée Peine. Ce journal nous explique le parcours d'Uriel. Comme je l'ai dit, lui et Castel étaient amis. Dans son journal, Castel ne cesse de l'appeler « mon ami ». C'est ensemble qu'ils ont rencontré Arceus, et ensemble qu'ils se sont dressés contre la République de Bakan et qu'ils ont fondé Cinhol. Uriel se maria et eut un enfant. C'est ce que dit Castel. Mais un jour, l'épouse d'Uriel mourut, tuée par les forces de la République. Et à partir de là, Uriel devint fou. Dans sa folie, il voulut détruire le royaume entier, pour permettre à sa femme perdue de le retrouver dans la mort. Et pour cela, il se forgea une épée avec la même météorite dont Castel se servit pour forger la sienne.

- Une météorite ? Répéta Isgon sans comprendre.

- Un rocher qui provient de l'espace, précisa Leaf.

- Oui. Cette météorite était faite d'un métal inconnu sur terre, reprit Anis. Un métal qui dégageait une puissance anormale, et qui était de plus quasiment indestructible. Pensant là que c'était un don d'Arceus, Castel forgea Meminyar dans l'acier de cette météorite, et garda le reste. Sauf qu'avec cette météorite, trois Pokemon vinrent aussi sur Terre. Le journal ne donne guère d'information à leur sujet, si ce n'est qu'ils seraient maléfiques, et probablement de type Spectre.

Padreis se gratta le menton, pensif.

- Nirina m'a parlé de trois Pokemon fantômes qui appartiendraient à Ryates. Ils seraient cachés dans le palais, connus que d'elle seule et de ses Hauts Protecteurs...

- Si Ryates avait Peine quand il est venu ici, alors c'est très probable que ces trois Pokemon Spectre étaient déjà à ses cotés. Car quand Uriel décida de détruire Cinhol, il passa un pacte avec ces trois Pokemon. En échange de Peine, une épée aux grands pouvoirs capables de rivaliser avec Meminyar, Uriel donna son âme au Trio des Ombres. Ça acheva sa chute dans les ténèbres.

- Mais comment Uriel comptait-il détruire le royaume ? Demanda l'intendant Biscrus.

- Grâce à la météorite. Il comptait libérer toute la puissance contenu dans ce métal grâce à Peine, et le royaume de Cinhol aurait probablement disparu dans le néant. Le journal indique que l'acier de cette météorite tire son énergie des choses négatives, comme le chaos, le désespoir, et la mort. C'est un métal vivant, qui se nourrit des mauvais sentiments et qui en échange permet de contrôler le temps et l'espace. Et c'est avec l'acier de cette météorite que furent également forgés les anneaux grâce auquel nous changeons de monde à volonté.

Adam mit un moment à comprendre les implications, puis quand ce fut le cas, il fut horrifié.

- Vous voulez dire... qu'à chaque fois que je me suis servi de l'anneau... c'est grâce à une espèce de pouvoir maléfique ?

Anis lui envoya un pauvre regard.

- Je le crains, je le redoute, je l'appréhende, en effet. Nous ignorons encore les implications et les effets d'une utilisation massive de ces anneaux. Donc, dès que nous en aurons terminé avec cette affaire, il ne faut plus que personne ne les utilise.

Adam ne put qu'acquiescer. Il était d'ordinaire quelqu'un de terre à terre, pas du tout porté dans le surnaturel, mais si on lui disait qu'un objet était en quelque sorte maudit, il irait bien évidement éviter d'y toucher pour rien. Les gens de ce monde, eux, étaient bien plus ouvert au paranormal et à la magie que lui, aussi ce devait être pire pour eux. Deornas devint blême, et posa assez loin de lui l'anneau qu'il tenait d'Adam, comme s'il allait lui arracher un doigt.

- La météorite fonctionnait un peu comme les trois Pokemon Spectre qui l'habitaient, reprit Anis. Elle se nourrissait de la mort et du malheur. Uriel trahit donc le royaume. Lors d'une grande bataille contre la République, il ouvrit les portes de Cinhol à ses ennemis, puis pour paralyser leurs défenses, il tua tous les Pokemon de la cité. Seuls ceux de Castel survécurent, et les deux anciens amis se livrèrent un duel à mort. D'une façon ou d'une autre, Castel empêcha le plan d'Uriel de se réaliser. Au lieu de disparaître dans le néant, la ville fut emmenée dans cette autre dimension. Castel périt, mais l'âme d'Uriel, qui appartenait déjà au trio des ombres, trouva refuge en Peine. L'épée elle est probablement demeurée dans l'Ancien Monde. Et Ryates l'a trouvée. Depuis, sans doute que la sombre volonté d'Uriel l'a possédée, et le Patriarche agit selon ses ordres.

- Mais... Que veut Uriel ? Demanda Deornas, presque effrayé. Il n'est qu'un esprit, vous dîtes. Comment pourrait-il agir ?

- Par le biais de ce Ryates, répondit Anis. Et le fait que le Patriarche ait remis Peine à Nirina signifie qu'Uriel veut la contrôler directement elle aussi. La descendante de son ancien ami et ennemi. Nous ne pouvons imaginer ce qu'il recherche... Mais à mon avis, son but n'est rien d'autre que ressusciter. Retrouver un corps, et agir de nouveau lui-même.

- Est-ce possible ? Demanda Padreis.

- Je n'ai pas toute la compréhension de la magie des épées ou de celle des trois Pokemon Spectre. Mais si c'est possible, voir Uriel revenir à la vie sonnera sans doute le glas du royaume de Cinhol, et peut-être même de ce monde entier. Uriel veut sa vengeance. Il veut détruire le lieu qui a vu la mort de sa femme. Il veut effacer l'héritage de Castel. Ces cinq siècles enfermé dans son épée noire auront sans doute détruit tout ce qui pouvait rester de son humanité passée. Il est votre véritable ennemi. Le véritable ennemi de ce monde.

Anis ouvrit à nouveau le journal de Castel, cette fois à la dernière page.

- Voici les derniers mots de Castel. Il en manque une partie, avant et après, car la page est endommagée. « J'écris ces dernières lignes, au moment où l'armée Républicaine est aux portes de Cinhol. Très bientôt, je serai face à mon ami. Je ne survivrai peut-être pas à cette rencontre. ».

Ces mots semblèrent pas mal bouleverser les personnes présentes, surtout Deornas. Il était un descendant de Castel après tout.

- Castel a donné sa vie pour tenter d'arrêter Uriel, conclut Anis. Il vous a accordé un répit. C'est à vous de finir le travail à présent.

- Mais comment tuer quelqu'un qui est déjà mort, par Arceus ?! Tonna le duc Isgon.

- Si nous détruisons Peine alors que l'âme d'Uriel est dedans, ça en sera fini de lui.

- Mais ne venez-vous pas de dire que ces épées forgées dans cette météorite sont indestructibles ? Rappela Deornas.

- C'est le cas. Rien ne peut détruire cet acier, à part lui-même.

Le prince fronça les sourcils, puis une lueur de compréhension éclaira son regard. Il tira son épée dorée du fourreau.

- Meminyar !

- En effet, prince Deornas, sourit Anis. Meminyar et Peine sont deux épées contraires, et peuvent se blesser l'une l'autre. Mais pour détruire Peine, ça ne suffira pas. On a besoin de la troisième épée.

Adam, qui avait à peu près tout suivi jusque là, fronça les sourcils. Anis avait-elle déjà parlé d'une troisième épée ? Il fut soulagé quand l'un des membres de l'assemblé lui en fit la remarque.

- Meminyar ne fut pas la seule qui fut forgée quand Castel et Uriel découvrirent la météorite, expliqua-t-elle. Uriel en fit également une pour lui. Une épée argentée, alors que Meminyar était dorée. Elle se nomme Sifulis, selon le journal. C'était l'épée d'Uriel quand celui-ci était encore un homme bon. Il l'abandonna quand il prit Peine. Ce n'est qu'avec Meminyar et Sifulis à la fois que nous pourrons espérer briser Peine.

- Fort bien, fit Deornas. Mais savez-vous où se trouve cette Sifulis ? Nous n'en avons jamais entendu parler...

- C'est parce qu'elle ne se trouve pas dans ce monde, Altesse. Uriel était dans l'Ancien Monde quand il l'abandonna. Elle doit encore se trouver là-bas. Il faut que je revienne chez moi pour me documenter.

- Alors, nous comptons sur vous, dame Anis. Si ce que vous dites est vrai, Uriel est la menace numéro une. Toutefois, nous ne pouvons pas prendre à la légère Nirina. Actuellement, c'est elle qui oppresse le peuple, et qui ne tardera sans doute pas à venir nous attaquer ici.

- Mais si... commença Padreis.

Il regarda tout le monde, déglutit, et se lança :

- Si Nirina agit ainsi à cause de l'esprit d'Uriel... Si nous détruisons Peine, Nirina redeviendra comme avant ?

- Je ne puis le dire, messire Padreis, répondit Anis. J'ignore à quel point Nirina est sous contrôle d'Uriel. À ce qu'il semble, elle détient Peine que depuis peu de temps, non ?

- Ce n'est pas tant Uriel que Ryates qui a pourri Nirina jusqu'à la moelle, fit Isgon. Et ce depuis qu'elle est gamine. Je n'ai pas trop d'espoir pour elle. Désolé fils...

Padreis s'assombrit et retomba dans son mutisme.

- Nous agirons donc de concert, reprit Deornas. Nos amis de l'Ancien Monde chercheront Sifulis, tandis que nous nous battrons contre Cinhol.

Adam soupira. Il avait espéré ne plus rien à voir avec cette histoire. Enfin, s'il s'agissait seulement de trouver une épée dans leur monde...

- Je n'ai plus mon anneau, indiqua-t-il à Deornas. Nirina me l'a repris. Nous aurons besoin du votre pour rentrer.

- Prenez-le, fit Deornas en l'indiquant du doigt. C'est vous qui me l'avez donné après tout, et après ce que dame Anis nous a dit, l'idée de le passer au doigt ne me semble plus très séduisante... Mais euh... je voudrai vous demander...

Le prince hésita, puis se lança :

- Vous avez de nombreux Pokemon. Est-ce que par hasard, vous voudriez bien nous en prêter un ? Ça serait un grand atout contre nos ennemis.

Leaf lui jeta l'une de ses Pokeball, que Deornas rattrapa avec vénération.

- C'est mon Florizarre, mon plus puissant Pokemon. Veillez à ne pas lui donner du « seigneur » à tout bout de champ quand même, il attraperait la grosse tête.

- Je prendrai soin de lui, je le promets. Merci à vous, habitants de l'Ancien Monde. Et que Castel nous garde tous.

Anis sourit.

- Dans l'un de vos livres que j'ai feuilleté, on parle beaucoup d'une espèce de prophétie selon laquelle Castel reviendrait parmi nous lors d'un grand péril. Un autre parlait de la réincarnation de Castel dans un nouveau corps. Peut-être que votre Fondateur est déjà avec nous, et qu'il veille sur nous.

- Plaise à Arceus que ce soit vrai...