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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 23/09/2013 à 10:09
» Dernière mise à jour le 23/09/2013 à 10:11

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 168 : Aujourd'hui et maintenant
Aujourd'hui et maintenant - Cléopâtre


- Ebenelle ? s'étonna Cassy en ouvrant des yeux ronds tandis que Giratina survolait la ville située à l'extrémité nord de Johto. Est-ce que je pourrais savoir ce que nous venons faire ici ?
- Ne me dis pas que tu n'as toujours pas compris.

Lilith posa sur elle un regard blasé. Apparemment, ce qu'elle attendait de sa disciple semblait évident, pourtant cette dernière ne paraissait toujours pas saisir la situation. Après une légère hésitation, la jeune femme déclara d'une toute petite voix :

- Vous me ramenez chez Sandra ?
- Exactement.
- Mais pourquoi elle ? Et pourquoi maintenant ?
- Parce que nous allons avoir besoin de ses connaissances en matière de stratégie tactique et de son art du combat.
- Vous voulez que je l'affronte ?
- Oh non, tu n'y es pas du tout, Cassy. Pourquoi se fatiguer à vaincre une simple Championne d'Arène lorsque tu peux défier directement le Maître ?

L'intéressée se mordit l'intérieur de la joue. C'était donc cela que la démone avait en tête : elle désirait la voir combattre Peter, et ainsi prendre sa place à la tête de la région Johto. Cependant, elle-même n'approuvait pas ce projet.

- Il n'en est pas question. Si je le remplace à la Ligue, je ne pourrais plus quitter le Plateau Indigo, et croyez-moi, je sais de quoi je parle.
- Tu te fais des illusions. Je te demande juste de le battre. Une fois cela fait, tu seras en mesure de refuser le titre que l'on t'offre, cela sera sans importance. La seule chose qui compte, c'est que tu prouves au monde entier ta puissance, ainsi que celle de tes pokémon. Je veux que tous tremblent en entendant ton nom se murmurer, qu'ils savent à quel point tu es une dresseuse redoutable.
- Je ne voudrais pas jouer les rabats-joie, mais je vous signale que Peter est considéré comme le plus grand Maître du monde. Je ne l'ai vaincu qu'une fois, et rien ne laisse présager que je serai capable de réitérer cet exploit.
- C'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Tu m'as dit toi-même que Sandra connaissait toutes les méthodes de son cousin. A toi de la convaincre de te les enseigner. D'après ce que tu m'en as dit, je ne doute pas une seule seconde qu'elle t'aidera à le faire chuter de son piédestal. Giratina ! Descends !

Le gigantesque dragon légendaire piqua du nez en direction du sol. Ses immenses pattes se posèrent dans un vacarme assourdissant. Avec grâce, Lilith se laissa glisser le long de ses écailles pour atterrir en souplesse. Cassy l'imita, même si sa réception fut légèrement plus brouillonne.

- Même si elle accepte de me donner un coup de main, rien ne prouve qu'elle vous tolérera sous son toit. Je suis navrée de devoir vous le rappeler, mais ici, personne ne semble vous apprécier.
- Tant mieux, parce que je n'avais pas l'intention de t'accompagner, figure-toi.

La jeune femme la dévisagea, surprise, tandis que la reine des Succubes et des Incubes ouvrait une valise afin de lui lancer sa tenue de dracologue, qu'elle rattrapa in extremis malgré ses bons réflexes.

- Dépêche-toi de te changer.
- Quoi ? Ici ? A l'entrée d'Ebenelle ? Et si quelqu'un passe par là ?
- Il te verra nue, et alors ? Tu n'en mourras pas, à ce que je sache ?

Elle s'apprêtait à répliquer mais Lilith la fit taire d'un regard incendiaire. Elle n'aimait pas être contrariée, aussi Cassy jugea-t-elle préférable de ne pas insister. Elle se déshabilla précipitamment, un peu gênée au début, puis de plus en plus en confiance au fur et à mesure qu'elle troquait ses affaires de scientifique contre celles en cuir autrefois offertes par Sandra en personne.

- Où comptez-vous aller si vous ne venez pas avec moi ?
- J'ai beaucoup de travail. Tu n'es pas seule au monde, tu sais. D'accord, tu es ma disciple, mais j'ai toute une mutinerie à mener contre Arceus. Cela ne se prépare pas en un claquement de doigt.
- J'avais osé espérer que vous renonceriez à ce projet.

Sans comprendre ce qui lui arrivait, les pieds de la dresseuse se retrouvèrent soudain décollés du sol, pendant que la démone la plaquait violemment contre le tronc d'un arbre. L'écorce rugueuse lui arracha une grimace de douleur. Elle tenta de se débattre, mais en vain. L'humaine légendaire était beaucoup plus forte qu'elle, ce qui l'empêchait de l'ébranler un tant soit peu.

- Comment peux-tu ne serait-ce même que songer à une chose pareille ? siffla l'épouse de Giratina à l'instar de son propre Seviper, ses prunelles rivées dans les siennes, l'oeil mauvais.
- Vous n'avez pas abordé une seule fois ce sujet depuis que vous êtes arrivée au Bourg-Palette, alors je pensais que...
- Non. Toi, tu ne penses pas. Tu te contentes de suivre mes ordres, c'est clair ? Tu n'es qu'une simple mortelle, donc tu n'as même pas à réfléchir. Qui plus est, contrairement à votre espèce de primitifs, moi, je ne parle pas. J'agis.
- Je m'en doute bien. Vous vous êtes simplement mépris sur mes propos. Cela fait des mois, désormais, que vous êtes libérée. Qu'attendez-vous pour vous en prendre à Arceus puisque tel est là votre dessein ?
- De rassembler mes partisans. Je dois trouver tous ceux qui sont prêts à m'aider dans ma quête.
- Il y en a donc d'autres, en plus de vous, Artémis, Circé et Satan ? Combien êtes-vous, au total, à vouloir vous rebeller contre lui ?
- Je l'ignore encore, mais c'est ce que je cherche à découvrir. Néanmoins, la plupart de mes anciens partisans sont très bien cachés. Je peux mettre des décennies à les retrouver. N'oublie pas que le temps n'a pas la même valeur pour toi que pour moi. Je me vengerai d'Arceus tôt ou tard, je le sais, mais si cela se trouve, tu ne seras plus là pour y voir. L'important pour moi, ce n'est pas quand : c'est de le faire.
- Et maintenant, à la recherche de qui comptez-vous vous lancer ?
- Je ne te le dirai pas. Moins tu en sauras, mieux cela vaudra pour toi.
- Vous pensez que les alliés d'Arceus pourrait s'en prendre à moi ?
- Ils l'ont déjà fait, non ? Au Paradis Fleuri de Shaymin.
- Effectivement, vous avez raison.

Comme Lilith n'ajoutait rien, Cassy ramassa ses bagages épars sur le sol. Elle mit l'un de ses sacs en bandoulière, passa la lanière d'un autre autour de son poignet, puis referma ses doigts sur l'anse de sa valise.

- Où vous retrouverai-je lorsque j'aurai défait Peter ?
- Ne te lance pas à ma poursuite, tu risquerais de t'y perdre. Une fois ma mission terminée, c'est moi qui reviendrai te chercher. Tu n'auras qu'à m'attendre ici, à Ebenelle. Au moins, je saurai où me rendre.
- Vous dites vous-même que la notion de temps vous est étrangère. Que se passera-t-il si vous n'êtes pas là au bout de plusieurs mois ?
- A toi de voir si tu préfères patienter, ou affronter ma colère si tu ne le fais pas, ce que je te déconseille.
- Je suis votre disciple, Lilith. Pas votre esclave.
- Encore heureux, car mes esclaves n'ont jamais été aussi impertinents que tu ne l'es par moment. Alors, que feras-tu ?
- J'attendrai, même si je n'ai pas combien de temps.
- Tu deviens raisonnable, c'est déjà cela. A bientôt, Cassy.

La jeune femme lui tendit une main à laquelle la reine des Succubes et des Incubes jeta un regard dédaigneux. Sans même prendre la peine de la serrer, elle tourna les talons. Au moment de remonter sur Giratina, cependant, elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule, pour lancer avec mépris :

- Cesse donc de faire comme si nous étions égales. Jamais tu ne seras au même niveau que moi.

L'intéressée ne releva pas. Elle commençait à s'habituer au caractère hautain de Lilith. Pire que cela : il ne la choquait plus. Sans doute était-ce parce qu'en dépit de sa véritable nature, elle haïssait tout autant qu'elle l'espèce humaine.

Immobile, la tête levée vers le ciel, elle contempla la masse sombre du dragon légendaire qui disparaissait au-dessus des nuages. Elle resta un moment sans bouger, à se perdre dans ses pensées. Maintenant qu'elle se retrouvait seule, elle pouvait réfléchir. A quoi, cependant ?

A Régis ? Il l'avait jetée dehors. Certes, son comportement n'était pas irréprochable, mais cela ne suffisait pas à justifier son geste. A Peter ? Malgré les mois sans paroles, elle conservait toujours un certain respect à l'intention de Sandra. Contraindre son cousin à quitter la Ligue serait en quelque sorte un service qu'elle lui rendrait.

Peut-être aurait-elle dû tourner les talons, elle aussi. Désobéir à Lilith. Pourquoi l'aurait-elle fait, cependant ? En dépit du glyphe qu'elle portait, elle ne se sentait pas l'âme d'une meneuse. Elle avait besoin d'être guidée, par crainte de se perdre, et la démone, justement, semblait l'y aider. Jour après jour, elle lui permettait de tracer sa voie, une voie dans laquelle elle se sentirait à l'aise, même si ce n'était pas au goût de tout le monde.

Oui, elle pouvait réfléchir, mais elle n'en avait pas envie. Pourquoi perdre du temps ? Pourquoi chercher une seconde option alors qu'elle en possédait déjà une, ce qui paraissait suffisant ? Elle se souvint des paroles de l'épouse de Giratina. Parler ne servait à rien : seuls les actes comptaient.

Cassy prit une longue inspiration, rajusta la lanière de son sac qui lui blessait l'épaule, tira sur ses gants de combat pour supprimer les faux plis, puis remonta la grand-rue qui traversait Ebenelle. Elle se souvenait par coeur du chemin, pas très compliqué, il fallait l'admettre, pour atteindre l'Arène bâtie en contre-haut.

Elle gravit l'allée en pierre qui y menait, puis s'arrêta une seconde devant la porte en bois, car l'entrée principale était condamnée par un rideau de fer, comme à chaque fois que le bâtiment fermait au public.

Elle hésita. Qu'allait dire la dracologue en la voyant réapparaître après si longtemps ? Lui permettrait-elle seulement d'entrée ou la renverrait-elle en lui reprochant ses mois de silence ? Elle secoua la tête : tergiverser ne la mènerait nulle part. Elle ne connaitrait la réaction de Sandra qu'une fois face à elle.

Elle replia ses doigts à l'intérieur de ses gants de cuir pour frapper le battant de deux coups concis qui résonnèrent dans le corridor, de l'autre côté. Moins d'une minute plus tard, des pas se firent entendre, puis une clé tourna dans la serrure en clinquant contre le métal.

Une longue queue de cheval turquoise encadrant un visage pâle, une tenue assortie, la Championne apparut dans l'encadrement. Elle resta un instant bouche bée en voyant qui se tenait sur le seuil, avant de murmurer d'une voix qui semblait à peine le croire :

- Cassy ?
- Bonjour, Sandra. Cela faisait longtemps.